Ces derniers temps, Irys avait eu fort à faire. Une des caches qu'elle utilisait pour conserver sa fortune, acquise durant sa vie de mercenaire, avait disparue. Plus précisément, une catastrophe naturelle l'avait engloutie, ainsi que son contenu. Il ne s'agissait pas d''une somme d'importance, mais l'événement avait mit en évidence un problème que la mercenaire avait laissé de coté. Il lui avait fallu faire un choix, entre rester ainsi, ou conserver sa fortune avec elle. Chose peu aisée quand on passe son temps sur les routes. Irys n'avait d'autre choix que de changer sa fortune en un élément transportable.
Il existait un système, peu employé car jugé à risques, qui permettait de transformer une quantité colossale d'argent en un objet pas plus grand que la main : le bon au porteur. Ce système, relativement nouveau, permet à une personne d'aller donner son argent dans un établissement spécialisé, en échange d'un tel bon. Ce bout de parchemin, d'apparence anodine, permet ensuite à son possesseur d'aller récupérer la somme d'argent associée, et ce dans n'importe quel établissement de même type. Irys n'était pas très sure de vouloir utiliser cette méthode, un parchemin, même spécialement traité, restant fragile. Mais entre ça et le risque de perdre sa fortune à petit feu, elle avait tranché.
Récupérer l'argent, réparti dans des caches aux quatre coins de Terra, avait été en soi une épopée. Outre les dangers inhérents au voyage, la mercenaire avait du devenir invisible pour ne pas être engagée, ce qui l'aurait détournée de la mission qu'elle s'était fixée. Compter ensuite chaque pièce, et éditer chaque bon, avait prit là aussi un temps fou. Irys s'était alors rendu compte pour la première fois de l'étendue de ses ressources. De quoi vivre comme un roi, ou en l'occurrence, une reine, pendant quelques années. Finalement, la semi-démone repartit avec en poche une cinquantaine de feuilles, aux valeurs oscillant de 10 milles à 250 milles. Bien évidemment, Irys ne comptait pas les conserver ainsi, et avait investit dans un étui spécial, fermement scellé pour le rendre hermétique, qu'elle conservait à même le corps via un corset adapté acheté pour l'occasion.
La mercenaire déambulait donc dans les rues de Nexus. D'ordinaire, elle rechercherait un emploi, mais la somme qu'elle transportait émoussait sa volonté. Sans vraiment y faire attention, elle se retrouva sur la place publique, où se tenait une vente d'esclaves. Ce genre de chose n'attirait pas Irys, mais, faute de trouver mieux à faire, elle décida de rester et regarder un peu.
La semi-démone confessait volontiers son manque de connaissances dans le domaine, mais à observer le déroulement des ventes, elle put distinguer la marche à suivre.
Visiblement, tous les esclaves n'étaient pas semblables. Certains étaient vendus pour leurs capacités dans tel ou tel domaine, d'autres comme combattants, et évidemment, nombre de femmes vendues pour leurs attraits. Sinon, l'acquisition se faisait sur un système d'enchères. Un prix était annoncé, puis ceux souhaitant acheter l'esclave proposaient une nouvelle somme, jusqu'à ce que plus personne ne puisse proposer plus. La plus haute mise remportait alors la vente, et l'esclave.
Parmi les acheteurs, les nobles formaient la majorité. Rien de bien étonnant, le prix d'un esclave étant souvent hors de portée des bourses des gens de classe moyenne. Quelques autres vendeurs d'esclaves se tenaient également là, bien qu'Irys ne comprenne pas exactement pourquoi.
Estimant en avoir assez vu, elle allait partir, quand la prochaine esclave à venir se présenter retint son attention. Une jeune fille, d'une beauté saisissante, se tenait droite sur l'estrade. Irys ignorait qui avait choisi la tenue et les accessoires, mais de toute évidence, celle-ci connaissait son affaire sur la mise en valeur de quelqu'un. Tout en elle reflétait la grâce, associée à une certaine fragilité. Étrangement, ces mots firent écho dans l'inconscient d'Irys, remontant les souvenirs de ses parents, et sa mère en particulier. Elle secoua la tête.
Toujours était-il que cette esclave avait capté son attention. La mercenaire repensa à cet argent, tout cet argent, qui ne lui servait pas tant que ça. Autant s'en délaisser d'une partie...
La vie de mercenaire est rude, et Irys, depuis quelques temps, commençait à souhaiter avoir un compagnon à ses cotés, quelqu'un avec qui échanger, discuter, rire, … Ses oreilles captèrent le discours de présentation du vendeur, ainsi que les commentaires des potentiels acheteurs. Le futur de la jeune fille ne s'annonçait pas rose...
Le prix de départ fut lancé. Il y eu quelques petites tentatives, puis une voix annonça un prix. Rapidement, une autre renchérit. Irys ne sut pas trop pourquoi, mais elle entra dans la danse.
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