Shizuka n’était pas une femme totalement idiote ou écervelée. Elle savait comment la politique fonctionnait, et elle savait qu’elle n’avait aucun rôle au sein du Temple de la Lune. Certes, elle y avait passé ses nuits durant son enfance, mais elle n’avait aucune ascendance noble. La guérisseuse edorassienne n’était qu’une roturière, et, si elle sortait avec Hinata, si elle se rapprochait d’elle, Shizuka savait que les gens jaseraient, remettant en cause ses compétences, au profit de sa plastique, la traitant avec dédain et avec jalousie. Et, si la guérisseuse pouvait le supporter, elle ne voulait surtout pas que ceci nuise à la réputation de la Princesse. Hinata avait tout simplement trop souffert dans sa vie pour qu’on continue encore à l’embêter ! Mais, d’un autre côté, Shizuka n’avait pas vraiment envie que leur amour soit caché... Il y avait un côté romantique là-dedans, bien sûr, mais elle se connaissait suffisamment pour savoir qu’elle n’arriverait jamais à le cacher. Shizuka ne savait tout simplement pas mentir, et, alors que son esprit aurait pu commencer à paniquer, elle sentit les lèvres de la Princesse se poser sur elle. Tiquant, Shizuka cligna des yeux, et répondit au baiser de la jeune femme, y répondant, entrouvrant les lèvres, en soupirant.
Dans son dos, ses marques violettes se mirent à nouveau à luire, répondant aux runes magiques du harem. La guérisseuse ne pouvait pas le voir, mais elle pouvait le sentir. Les runes étaient puissantes, et avaient senti que deux femmes amoureuses se tenaient ici, et les aidaient à se détendre. Shizuka sentit ses joues rougir, et, sans pouvoir se l’expliquer, elle trouva tout simplement ce baiser merveilleux, idyllique... Elle gémit, se blottissant un peu contre le corps de la Princesse, en sentant ses seins se tendre, ses tétons se mettre à pointer. Lorsque le baiser se rompit, elle resta contre elle, et écouta ensuite Hinata lui expliquer que sa propre mère s’était mariée avec un homme qui n’avait rien de noble, et que, plus généralement, leur histoire était similaire à celle d’Illyn et de Madoka.
*En plus heureuse, oui, je l’espère...*
La comparaison fit sourire Shizuka, qui s’écarta un peu d’Hinata, conservant néanmoins ses mains dans les siennes. Madoka et Illyn... C’était une histoire dont elle avait entendu parler à l’académie, en suivant les cours d’Histoire. Madoka avait été une Reine maudite, et dont le règne, éphémère, avait néanmoins été marqué par un sens profond de la justice. Elle avait beaucoup lutté contre les maladies, et avait permis de faire connaître Edoras au reste du monde, en permettant de singulariser l’État de Tekhos. Madoka avait ouvert ses frontières aux réfugiés et aux victimes d’épidémies, tout en utilisant des fonds et ses moyens à la lutte contre les maladies infectieuses. On estimait que son action avait permis de sauver bon nombre de vies, ce qui faisait que, suite à sa mort, l’Ordre Immaculé avait choisi de la canoniser, estimant qu’elle était une Sainte. C’était une femme extrêmement populaire à Edoras, surtout chez les guérisseuses, car, devant l’impossibilité de soigner son mal, elle avait énormément amélioré la recherche médicale et les fonds alloués à l’académie, tout en menant des politiques publiques importantes en vue de la lutte contre l’insalubrité. Et, pour ne rien arranger, la disparition mystérieuse d’Illyn avait achevé de faire du règne de Madoka un règne légendaire. Pour beaucoup, il était admis qu’Illyn avait été tuée par des nobles edorassiens ne supportant pas l’influence positive de la femme, et le fait qu’elle puisse les gouverner, alors qu’elle était une elfe.
Comparer leur couple à ce couple fit donc à nouveau rougir Shizuka, qui sentit peser sur ses maigres épaules une responsabilité écrasante. Serait-elle à la hauteur de ce qu’on attendait d’elle ? Elle se permettait d’en douter... Mais Shizuka douterait toujours d’elle-même, de toute façon. En revanche, ce dont elle doutait de moins en moins, c’était de son envie... Son regard glissait du visage de la Princesse, afin de s’attarder sur des parties plus intimes de son anatomie, glissant sur des zones plus sensibles, plus... Vaseuses. Sa première cible venait de la belle poitrine de la Princesse, que Shizuka avait du mal à ne pas observer, tout en se sermonnant de le faire.
Hinata lui confia alors qu’elle l’aimait, et que c’était la seule chose qui comptait. Shizuka se mordilla à nouveau les lèvres, sentant ses oreilles en feu.
« O-Oui, c’est... C’est vrai… »
Son cœur palpitait lourdement dans sa poitrine, rythmé à toute allure. Elle tremblait sur place, peinant à se calmer, peinant à se contrôler. Ses émotions étaient confuses, ses pensées troublées... Et son trouble fut encore plus fort quand Hinata lui fit une suggestion... INCROYABLEMENT perverse !! Shizuka écarquilla les yeux sous la surprise, et sa bouche s’ouvrit alors en grand, comme si elle ne savait plus quoi dire. Elle observait la Princesse avec hébétude, sans trop savoir quoi dire, ni même quoi penser. Est-ce qu’elle avait bien entendu ?! Elle observa le lit, en joignant ses deux mains devant sa poitrine, refermant la bouche...
Elle vit son corps nu, sous celui d’Hinata, cette dernière caressant sa joue, leurs yeux se regardant, un sourire sur le coin des lèvres. Des lumières rouges dansaient le long de leurs formes nues et en sueur. Les couvertures étaient défaites, et, autour d’elles, on les regardait, on les observait... Avalanche de sourires, puis de mains qui s’approchaient, et de baisers, de caresses... Elle vit des corps magnifiques les écarter, des mains caresser ses hanches, des langues filer sur sa cuisse, et elle gémissait, elle gémissait... Oh, si elle pouvait gémir ! Oh oui, oui, ouiiii, ouiiiii !!
Shizuka secoua la tête en revenant à la réalité, et regarda la Princesse. Elle rougissait à nouveau, et se mordilla les lèvres, sentant la raison revenir à elle, chassant de telles pensées...
« Princesse, vous... Tu... Euh... »
Ne sachant pas quoi dire, elle sauta alors contre Hinata, et enlaça ses bras autour de son cou, pour un nouveau baiser, plein de fougue et de passion.
Parfois, un baiser valait mille mots.