«
Si on m’avait dit que je coucherais Chikaku avec ma souveraine... »
Le ton amusé d’Aiko exprimait tout le caractère ubuesque de ce moment. Hinata avait été chercher Chikaku, et la Princesse surprit ensuite Aiko en lui avouant ne pas savoir ce qu’était une grenouillère. Néanmoins, cette dernière n’alla pas chercher plus loin. Il était possible que, avec la mort de sa petite sœur, Hinata ait banni de son vocabulaire tout ce qui évoquait le monde enfantin.
«
Et bien, c’est son pyjama... Il existe aussi des grenouillères pour adultes, mais on les trouve surtout pour enfants. »
Pour le lui montrer, Aiko ouvrit un placard, et lui montra les grenouillères. Il y en avait par exemple une
en forme de panda, mais Aiko opta pour une grenouillère rose, et retourna vers Chikaku, qui était posée sur le lit, et clignait des yeux. Aiko était surprise, ce qu’elle ne manqua pas de signaler à la souveraine.
«
D’habitude, elle chouine toujours pour continuer à regarder ses dessins animés... Je crois que votre présence la calme, Hinata. »
C’était un compliment sincère, étonnant Aiko. Elle se rapprocha donc, et entreprit de déshabiller Chikaku, en la couchant sur le ventre, retirant, l’un après l’autre, tous ses vêtements. Heureuse qu’on s’occupe d’elle, Chikaku piaillait et gesticulait dans tous les sens, puis Aiko demanda à Hinata de bien vouloir tenir Chikaku, le temps qu’elle lui passe son pyjama. Elle glissa les pieds, puis remonta l’ensemble, les bras, et termina par la capuche, la posant sur sa tête, avant de refermer l’ensemble. Aiko agissait calmement et avec dextérité, telle une mère habituée à ce genre de choses. Fort heureusement, Chikaku avait passé l’âge des couche-culotte, n’offrant ainsi plus à ses parents (ou à Shunya) des « cadeaux » nocturnes.
La grenouillère était donc mise, et, contrairement aux Nexusiens, la grenouillère d’Edoras avait une capuche, destinée à protéger les cheveux et le visage du froid.
«
Vous voyez, Hinata, c’est un simple pyjama intégral... Vous voulez la tenir ? »
Une question dont la réponse était tellement évidente qu’Aiko avait déjà soulevé Chikaku par les aisselles, avant de la tendre vers Hinata. Chikaku se retrouva logée contre ses bras, gazouillant joyeusement, atteignant un capital «
kawaï » terrifiant dans sa petite tenue rose ! Sa capuche, en effet, était une capuche-neko, avec deux oreilles pointues. Mine de rien, Aiko commençait à plutôt bien se faire à l’idée de changer Chikaku avec Hinata Kaguya, la souveraine d’Edoras. Peut-être que, demain matin, en se réveillant, elle croirait avoir réveillé ? Mais, si elle n’était pas si surprise, c’est aussi parce qu’elle savait, depuis longtemps, que Shunya était une femme exceptionnelle.
*
Depuis cette fameuse nuit...*
Les pensées d’Aiko se rembrunirent un peu en songeant au passé. Est-ce qu’Hinata serait suffisante pour lutter contre le traumatisme de sa fille ? À bien des reprises, Aiko avait failli craquer, en expliquant à Shunya pourquoi elle n’arrivait pas à oublier cette soirée, et pourquoi elle était la seule guérisseuse de l’académie à avoir, sur le dos, un glyphe magique. Cependant, Mamoru était également ferme sur le sujet. Le temps viendrait, mais, maintenant, Aiko était sûre qu’il se rapprochait. Le temps où la vérité, aussi dure soit-elle, serait enfin révélée...
Sortant de ses pensées, elle grimpa à l’étage, dans la chambre de Chikaku... Où Shunya, sa belle Shunya, était là, et se mit à sourire, en voyant qu’Hinata portait Chikaku. Le beau bébé semblait tout calme.
«
Woow... Hinata, tu as ensorcelé Chika-chan ? -
Impressionnant, non ? J’ai rarement vu Chikaku aussi calme... -
C’est le pouvoir légendaire des Kaguya... » sourit Shunya.
Chikaku avait un lit de bébé, et Shunya brancha un petit appareil, un «
babyphone ». Si jamais elle se mettait à pleurer, les pleurs déclencheraient une alerte dans la chambre de Shunya.
Son lit de bébé comprenait beaucoup de jouets... Ainsi qu’un chat. Un délicat chat blanc,
Neige, qui était le chat de la famille.
«
Chika-chan adore les chats... Je te raconterais quelques anecdotes un jour... Mais, pour le moment, il faut la coucher. Tu te sens capable de le faire ? Ou... Si tu préfères qu’elle dorme avec nous, moi, ça ne me dérangera pas. »
Et ça ne dérangera pas non plus Chikaku, loin de là !