C’était la phase critique de son opération. Silencieusement, Ivy ne laissait pas sa nervosité l’envahir, alors qu’elle penchait l’éprouvette renfermant le liquide vers la solution. C’était une expérience chimique assez infernale, qu’elle réalisait tranquillement dans son petit laboratoire, au milieu de plantes et de végétaux affamés. L’objectif de cette solution était simple : renforcer la protection naturelle de ses plantes adorées, les rendre plus endurantes aux agressions extérieures, comme la pollution. Un travail qu’elle effectuait depuis des années, et dont elle avait connu, à Seikusu, de singuliers progrès. Maintenant qu’elle ne cherchait plus à transformer les hommes en plante, ou les plantes en hommes, Ivy pouvait se consacrer à des recherches plus nobles, des recherches qui n’étaient pas susceptibles de provoquer l’ire du SHIELD, et des justiciers qui protégeaient la ville. Bien sûr, ceci ne l’empêchait pas de procéder à des rapts, mais ils ne duraient jamais plus de quelques jours, et les « victimes » ne s’en plaignaient jamais. Ivy les capturait pour les enfermer dans ses plantes, et les transformer, en affinant leur sensibilité à la nature. Puisque personne ne s’en plaignait, personne ne pouvait la poursuivre en justice... Et puis, généralement, ses cobayes oubliaient ce qui leur était arrivé, se réveillant tout simplement dans le parc de la ville, hagards, et voyant différemment la Nature. C’était la manière d’Ivy pour amener progressivement les mentalités à évoluer sur le sort cruel qui était réservé à la Nature.
Poison Ivy continuait à travailler, lentement, tout en tournant sa tête vers le tentacule qui filait sous sa machine. De la vapeur s’en échappait parfois, quand elle rajoutait de l’eau chaude, afin de lutter contre l’acidité de la substance. Du tentacule, un liquide verdâtre avec des tâches blanches s’échappait par intermittence, alors que, dans son dos, la plante qui émettait cette substance gémissait à l’intérieur. C’était une plante-cocon, et Pamela ne s’en faisait pas trop pour l’hôte contenu à l’intérieur. Elle s’appelait
Seika, et c’était une lycéenne extrêmement perverse, assignée au service d’Ivy depuis qu’elle avait fait la rencontre du Cercle*, il y a quelques mois.
Elle avait de plus en plus chaud, et attrapa une autre substance, violette, mais constata que l’une de ses éprouvettes était vide.
*
Merde !*
Cette éprouvette-là comprenait une sorte de sève végétale, et la plante se trouvait dans sa salle de cours. Si elle se permettait une telle expérience, c’était parce qu’elle avait fini tous ses cours. Le Jeudi après-midi, elle n’avait que deux cours, lui laissant donc tout le reste de la journée pour peaufiner ses expériences. Ivy remit sa blouse, afin de ne pas choquer quelqu’un qui passerait par là, puis sortit de son laboratoire, s’avançant dans la salle silencieuse. Elle traversa les rangées de tables, et arriva à côté de son bureau, où trônait une belle petite plante verte. Elle s’en rapprocha, et entreprit de prudemment récoler la sève, effectuant un travail de chirurgien, extrêmement précis et pointilleux, afin de récolter la sève de la plante. Ivy s’y appliquait, et ne vit donc pas une curieuse lycéenne regarder par la fenêtre de la porte, avant de l’ouvrir subitement.
Surprise, Pamela se redressa. Elle vit une lycéenne dans une tenue extrêmement provocante, et n’en crut pas ses yeux. Ce maquillage blanc, ce masque autour de ses yeux, cette chevelure blonde avec deux longues couettes...
Non !
«
Harley Quinn ?! » s’exclama une Ivy interloquée.
Surprendre Pamela était un exercice difficile, et peu de gens pouvaient s’enorgueillir d’avoir réussi à la surprendre. Batman l’avait fait, en survivant à l’effet de ses spores, la neutralisant à chaque fois qu’elle avait tenté de purifier Gotham. Et, dans un autre registre, Harley Quinn, ou plutôt Harleen Quinzel, l’avait fait. Dans une tenue de lycéenne qui lui allait comme un gant, Harley Quinn se tenait face à Pamela Lilian Isley. Harley éclata alors de rire en la regardant, avant de s’affaler sur une chaise, dans une position des plus sensuelles, devant une Pamela médusée sous l’effet de la surprise. Mais que fabriquait-elle ici ?!
*
Je n’hallucine pas... Son entrée n’a pas du être discrète, mais elle n’a jamais été connue pour sa discrétion, après tout.*
Aux dernières nouvelles, Harley avait été libérée d’Arkham lors d’une évasion massive de détenus et de criminels, qui avaient semé le trouble dans Gotham. Les rapports de police et les reportages mentionnaient la présence d’une «
bunny girl » responsable de l’évasion, et qui aurait fait tourner en bourrique les policiers, ainsi que Batman et ses compères, dans une nuit infernale d’émeutes et de rapports de force musclés entre le GCPD et les criminels évadés. Ivy ignorait si Harley avait été parmi les prisonniers. Elle aimait énormément Harley, mais elle détestait la passion obsessionnelle que cette dernière vouait au Joker, ce taré psychopathe qui se jouait d’elle, alors que cette petite biquette était incapable de l’admettre.
Elle se mit à lui parler, sur ce ton fort, direct, clair et moqueur, que Pamela aimait tant. Il faut bien dire que, entre la Poison Ivy de Gotham, l’un des plus dangereux criminels de la ville, et la Pamela Isley de Seikusu, il y avait une grande marge de différence, qu’on peinait à expliquer. Ceci semblait troubler Harley, et Ivy, elle, secoua lentement la tête, ressortant de sa surprise. S’écartant de la chaise, Harley entreprit ensuite de grimper sur son bureau, dans une pose des plus sensuelles, qui excita Ivy.
«
Hum... Harleen... Je ne m’attendais pas vraiment à te voir par ici... »
Ivy la regarda, fronçant légèrement les sourcils, et tendit un doigt. Sa peau beige se mit à se modifier, devenant pâle, verdâtre, renforçant ses ongles verts. Un doigt grossit, s’allongea, formant un long tentacule qui se rapprocha de la femme, s’enroulant autour de son cou gracieusement.
«
Et, si je suis heureuse de te voir, tu devrais savoir que même toi, tu te dois de respecter la politesse... Comment oses-tu entrer ici, rire, sans même m’embrasser ? »
Disant cela, Pamela relâcha le tentacule, et se pencha vers Harleen, s’asseyant sur le rebord du bureau, et l’embrassa, ses lèvres vertes se glissant contre les siennes, les embrassant chaudement et tendrement. Le baiser fut bref, et Ivy se releva ensuite.
«
Rassure-toi, ce n’est pas parce que je suis prof’ que j’ai oublié qui je suis. »
Elle défit alors lentement sa blouse, et la laissa tomber sur le sol, révélant, dessous, son habituel corset vert sexy, tandis que sa peau était devenue verdâtre.
«
Que me vaut l’immense joie de croiser ma petite Harleen ici, hum ? Et... Belle tenue. »
Harleen n’avait pas l’âge requis pour être une lycéenne, mais, comme elle était très immature, Ivy était sûre qu’elle pouvait se faire passer sans réel problème pour une lycéenne.
* : Cf. RP «
Un cours insoutenable »