Félicia regarda donc Aoki enfiler la combinaison, louchant sans vergogne sur ses formes. Quoi de plus naturel ? Aoki était belle, et il était donc normal qu’on l’observe, qu’on la mate. Félicia ne voulait pas en perdre une miette, et, silencieusement, elle observait le spectacle. Aoki enfila la combinaison sans trop de difficulté, tandis que, répondant à ses questions, Félicia lui expliqua qu’elle se chargerait de sa formation... Autant dire qu’Aoki bénéficierait littéralement d’une promotion-canapé, car sa formation serait des plus sommaires. Il faudrait lui apprendre quelques rudiments de combat, et, surtout, lui en dire plus sur le SHIELD. Elle lui expliqua que sa formation ne serait pas particulièrement excessive, vu qu’elle ne rejoindrait pas vraiment le service actif. Autrement dit, elle n’aurait pas besoin d’aller au camp, ou de s’entraîner dans les écoles spécialisées du SHIELD. Elle pourrait donc rester à Seikusu, mais, pour ça, il fallait, bien entendu, qu’elle accepte... Une acceptation qui, en réalité, ne faisait désormais aucun doute pour Félicia. Elles n’auraient pas ce genre de conversation si Aoki n’était pas attirée. Il y avait quelque chose d’effrayant dans le SHIELD, avec sa puissance, son influence, et son culte du secret. L’organisation était une sorte de variante moderne du Big Brother orwellien, et l’opinion de Félicia était très partagée à son sujet. Si elle admettait la nécessité de cet organisme, elle en voyait aussi les défauts. Une structure qui vivait autant en-dehors des cadres légaux avait forcément son kilo de linge sale dans les placards.
Aoki enfila la combinaison, et Félicia lui assura qu’elle était magnifique... Le fait est qu’elle avait encore envie de lui faire l’amour, et qu’elle savait que c’était réciproque pour Aoki. Malheureusement, la Japonaise semblait tenir à aller à cette maudite réunion, mais se permit tout de même de lui poser une question intime : savoir si elle avait déjà couché avec des agents du SHIELD. Cette question amena sur les lèvres de Félicia un léger sourire vorace.
«
Il me faudra du temps pour tout te raconter, Aoki... »
C’était évidemment une confirmation, mais, comme il y avait la fameuse réunion, Félicia ne pouvait pas tout lui dire. Les deux femmes sortirent ensemble, main dans la main, la Chatte Noire se dirigeant vers la salle de réunion. Avec sa combinaison noire moulante, Félicia passait difficilement inaperçue, les hommes se retournant sur son passage, ce qui, naturellement, n’était pas du tout pour la déranger. Qu’on l’admire, elle n’en demandait pas plus ! Il était toujours gratifiant de savoir qu’on était encore
physiquement désirable.
En chemin, Aoki, visiblement curieuse, lui posa de nouvelles questions, portant désormais sur la réunion à venir :
«
Tu penses que ce soit une bonne chose si je donne un coup de main dans cette affaire? Le fait que je sois proche de Kanzaki pourrait justement signifier de me laisser un peu en dehors de ça, non ? Même si ce tueur et cette Ombre n'ont peut-être aucun lien... je suis sûre du contraire... -
Nous avons affaire à une menace qui semble nous dépasser, Aoki. Toute aide supplémentaire est évidemment la bienvenue. Tu connaissais Kanzaki, et ce tueur en a après toi... Ou après moi. »
Il les avait déjà attaqués, mais, pour l’heure, il était difficile de déterminer qui était sa cible, et il était encore plus difficile de déterminer
pourquoi ce tueur voulait les tuer. Félicia s’était fait de nombreux ennemis au cours de son existence, mais aucun qui était capable de manipuler les ombres et les objets, ou de transformer les gens en zombies. Plus elle y pensait, et plus elle avait tendance à trouver ça sacrément flippant. Cet ennemi était puissant.
Le duo rejoignit la salle de réunion après avoir grimpé un escalier, s’enfonçant dans des couloirs plus chaleureux que les couloirs gris métalliques. Il y avait de nombreux sas de sécurité, et Félicia se livrait à chaque fois à un contrôle rétinien, jusqu’à rejoindre une double porte en bois avec le logo du SHIELD, porte qui coulissa à son arrivée. La salle de réunion était là, se composant d’un bureau ovale. Il y avait
Lloyd Dawkins, un agent haut placé au sein du SHIELD, anciennement membre du SWAT,
Norman Jayden, un ancien agent du FBI, qui, après avoir arrêté un redoutable tueur en série, avait du quitter le FBI. C’était un mutant, portant en permanence des lunettes noires, car ses pouvoirs étaient liés à ses yeux. Il officiait comme avocat à Seikusu, mais était aussi, en parallèle, un agent du SHIELD, et était l’agent de probation de Félicia. Il avait déjà rencontré Aoki, dans ce qui semblait alors être une autre vie.
D’autres personnes se trouvaient ici, comme Natalia Romanov, une femme à la longue chevelure rousse, Rachel Hawkes, et d’autres individus. Un ordinateur portable était dans un coin, relié à un vidéoprojecteur.
«
Mesdames, les salua Lloyd.
Je vous en prie, asseyez-vous. »
La réunion ne tarda plus à commencer. Koenig était également là, et Lloyd commença par récapituler les choses.
«
Voici notre principal suspect : Alan Wake », fit-il en mettant une diapositive représentant l’écrivain.
Il résuma brièvement sa biographie, en indiquant que Wake avait été un écrivain à succès, avant de connaître le syndrome de la page blanche, et différents déboires, notamment liés à son penchant à l’alcoolisme, un penchant qui l’avait parfois amené à être poursuivi en justice pour avoir frappé des journalistes. En pleine chute libre, il avait choisi de prendre des vacances à Bright Falls, probablement guidé par sa femme, Alice. Cette dernière voulait qu’il se ressource, mais aussi qu’il suive une thérapie assurée par le docteur Emil Hartman, connu pour avoir écrit un essai, «
The Creator’s Dilemma », dans lequel il y expliquait ses méthodes pour stimuler la créativité artistique.
«
Wake est actuellement suspecté d’avoir provoqué la mort de plusieurs personnes. »
La dernière en date s’appelait Kanzaki, et c’est à ce moment que Lloyd donna la parole à Aoki, après avoir indiqué que l’Ombre Noire avait cherché à la tuer.
«
Que pouvez-vous nous dire sur Kanzaki, Miss Kou ? Ou sur cet homme qui vous poursuit ? Vous n’avez aucune idée de ses motivations ? »