«
Tu veux sacrifier ton âme ? ricana la voix de
Mr. Scratch, qui semblait avoir repris des forces.
Ah ! La bonne blague ! Crois-tu donc que l’âme d’une petite catin dévorée par la luxure ait la moindre valeur ?! C’est la fin du spectacle, ma salope !! »
Tout autour d’Aoki, les tentacules noirs se rapprochaient, prêts à la briser en mille morceaux, tandis que la plage se recouvrait de Possédés. Totalement encerclée, Aoki était faite. Et, parmi les Possédés, il y avait Félicia, qui avançait en tête, et bondit devant Aoki, ses griffes démesurées semblant luire malicieusement.
«
Pourquoi luttes-tu, Aoki ? Rejoins-moi, et soyons eeeenseeeeemble... Viiiennnsss !! »
La partie semblait être terminée, car même la protection magique du
torii était en train de s’estomper. La fin, donc... Les Possédés se rapprochaient dangereusement, et, alors que tout espoir semblait perdu... Un air de guitare électrique résonna brusquement, et, dans l’obscurité du ciel, un cône lumineux jaillit alors, et frappa la mer. Une voix grave se mit alors à parler, tandis que les Possédés, éminemment surpris, se retournèrent sur place :
« Deep in the ocean of darkness,
In the mirror of light,
Balance becomes a stranger,
And in your fantasies,
He rides a storm on your peace... »
Et, quand la mystérieuse voix termina, des fusées rouges explosèrent devant la plage, sur l’eau, en même temps qu’un rugissement de musique endiablée. Une scène de concert apparut alors, flamboyant de mille feux, et les guitares électriques se mirent à rugir. Au sommet de la scène, des têtes de dragon se mirent à cracher des gerbes de feu, des feux d’artifice éclatant dans tous les sens. L’homme qui avait parlé apparut alors, au milieu de la scène, tenant un micro dans la main, et termina son introduction :
« Beyond the shadows he settled for more, there is a miracle illuminated... »
Aoki se souviendrait peut-être de cette musique, qui avait été la seule à figurer au festival de rock, avant que
Mr. Scratch ne déclenche les hostilités. Les frères Anderson se livraient à leur ultime représentation, et «
Balance Slays The Demon », musique ô combien de circonstance, se mit à rugir, sous l’accompagnement d’explosions pyrotechniques et de rugissements lumineux époustouflants.
Odin Anderson se mit à rugir dans son micro, comme si la vieillesse n’avait plus aucun effet sur lui, et chacune de ses notes était comme une rugissement insupportable pour les Possédés :
« Deep in the ocean of darkness,
In the mirror of light,
Balance becomes a stranger,
And in your fantasies
He rides a storm on your peace,
Wake up and smell the danger. »
Une véritable débandade dans les rangs des Possédés, qui étaient en train de se disperser, cherchant vainement à attaquer la scène de concert, mais se heurtant à ce déchaînement de lumière. C’était comme si la scène reproduisait la force des milliers de spectateurs qui avaient dansé en se déhanchant sur cette chanson nerveuse. Des nuées de corbeaux noirâtres se ruèrent alors dans tous les sens, hurlant furieusement la rage ancestrale de l’Ombre Noire.
Odin entama alors le
leitmotiv de cette chanson :
« Ever the light casts a shadow,
Ever the night springs from the light. »
Et, au fur et à mesure qu’il chantait, depuis le sommet de la scène, des feux d’artifices s’envolèrent, et explosèrent violemment contre les nuées de corbeaux, les dispersant dans tous les sens.
«
Ce n’est pas possible ! Vieux boucs décatis, DISPARAISSEZ !! »
La voix infernale de
Mr. Scratch retentit tout autour d’Aoki, déformant le sol. Le sable autour d’elle explosa, libérant des tentacules qui fusèrent dans tous les sens vers la scène, où Odin enchaîna sur le refrain, en finissant à genoux en hurlant, sa voix résonnant dans toute la région :
« In the end, it's never just the light you need,
When balance slays the demon, you'll find peace,
In the end, it's never just the dark you seek,
When balance slays the demon, you'll find peace,
Find the peace. »
Tor reprit alors la dernière phrase
a cappella, ce qui déclencha une véritable sphère de lumière autour de la scène, remontant le long de la plage, écrasant les forces de
Mr. Scratch en mille morceaux.
« FIND YOUR PEACE !!
OH YEEEAAAAHHHH !!! »
C’était un spectacle époustouflant, comme une apothéose grandiose. Les Possédés revenaient sans cesse, avant de disparaître, explosant sur place devant les vagues d’énergie lumineuse que la scène était en train de produire. Les frères Anderson se livraient à leur ultime prestation, et elles dépassaient tout ce qu’ils avaient jamais pu faire. Après le sacrifice de Zane, c’était à leur tour. Jadis, ils avaient empêché l’Ombre Noire d’utiliser Alan Wake pour se réincarner dans ce monde, en lui indiquant la marche à suivre à travers une chanson, «
The Poet And The Muse ». Cette fois, «
Balance Slays The Demon » rugissait pour sauver Aoki. Sa prière n’avait peut-être pas réussi à faire sortir Amaterasu d’
Amano-Iwato, mais elle avait réveillé les frères Anderson, qui puisaient dans leurs ultimes forces pour offrir ce combat d’anthologie, comme l’ultime combat entre la Lumière et l’Ombre.
La musique se poursuivait, et, alors qu’elle approchait de la fin, et que la scène commençait à s’enflammer, l’homme qui les accompagnait, celui qui avait ouvert la chanson, la termina, parlant au milieu d’un déchaînement chaotique :
« I see not, yet nothing could be worse
Than the shades my mind calls herein,
Alone, in my own wake
The unraveling of reasons schemed »
Et, dès le dernier mot, les ultimes notes explosèrent, comme des coups de tonnerre, provoquant des explosions lumineuses.
Mr. Scratch était là, face à ces explosions, qui survinrent à chacune des sept ultimes notes, en deux séries : une de quatre, puis une de trois... Et, à la dernière note, la scène toute entière explosa violemment, aveuglant même Aoki.
Le silence revint à nouveau dans la plage, et, perçant les nuages, des constellations se formèrent alors... Puis une intense lumière résonna alors dans le dos d’Aoki. L’entrée de la caverne était en train de scintiller furieusement, des rayons s’échappant, l’un après l’autre, du mur... Puis ce dernier explosa alors violemment, dans une gerbe aveuglante de lumière, et une silhouette se dessina derrière, se découpant lentement dans l’ombre de la lumière. Une silhouette indiscernable, mais il n’y avait nul besoin de la voir pour savoir de qui il s’agissait.
Amaterasu venait de se réveiller.
L’une après l’autre, les constellations se fondirent, disparurent, formant des traînées d’étoiles qui rentrèrent dans le corps de la silhouette qui sortait lentement de sa prison éternelle... Et, quand la dernière étoile arriva, la lumière aveuglante entourant la Déesse explosa brusquement...
Et la Déesse apparut alors, étincelante, magnifique, d’une blancheur immaculée, balayant en quelques secondes tous les doutes d’Aoki. Elle avait pris une forme spéciale, se matérialisant sous l’apparence... D’
Okami ! Et, tout en rejoignant Aoki, elle lui lécha la joue, et reporta ensuite son attention sur l’eau.
La mer dans laquelle les Anderson avait apparu se mit à bouillonner dangereusement, et s’ouvrit en deux,
tandis qu’une énorme masse était en train d’en émerger. Elle remontait lentement, sorte d’immense sphère noirâtre et rougeâtre, renversant l’eau tout autour d’elle, tout en se mettant à flotter dans les airs. Elle était la négation de toute forme de vie, de toute forme d’amour, et même de haine, comme si
Mr. Scratch n’avait été qu’une déformation d’elle-même, une perversion de ce que, réellement, cette créature était. Elle s’élevait lentement, s’entourant d’un mur de feu.
Il n’y avait plus de
Mr. Scratch, cette fois, ni même d’Ombre Noire. Il y avait la chose se trouvant derrière l’Ombre Noire, qui remontait lentement, face à Amaterasu, qui se mit à gronder, son poil se hérissant sur place face à cet adversaire, qu’elle avait déjà affronté jadis, en des temps lointains...
Yami !