Silencieusement, Kara regarder Tessou partir, pour retourner coucher sa fille. La vue de ce petit être chaud et doux qui gargouillait dans ses bras l’avait troublé. Le bébé était tout rond, chauve, adorable, et visiblement en très bonne santé. Kara était troublée, ce qui était assez curieux. Elle avait vu des créatures bien plus étonnantes que de simples petits bébés, et, pourtant, tenir ce petit être chaud était une expérience encore plus incroyable que celle de voler dans le ciel, de sentir le vent caresser ses cheveux. Entre ses mains, elle avait tenu la vie en formation, la plus belle des choses que l’être humain puisse faire : procréer, se renouveler, donner naissance à la vie. Supergirl en était perturbée, tout en continuant à se demander où diable était le père de cet enfant. Évidemment, elle avait noté son absence, mais elle savait que les bébés ne se faisaient pas seuls. Elle n’osait pas poser la question, et laissa Tessou reprendre la conversation.
*Elle ne m’a pas invité dans son foyer sans raison... Cette femme a un poids lourd sur le cœur, n’importe qui peut le sentir...*
Tessou voulait s’exprimer, dire des choses, et elle finit par parler, lentement, lui exprimant qu’elle avait de plus en plus peur de son métier, de continuer à affronter des types, de risquer sa vie, et, surtout, de mettre en danger l’éducation de sa fille. Kara comprit donc qu’il n’y avait pas de père. Il était parti, et, visiblement, ne comptait pas revenir... Elle craignait qu’il ne soit mort, et n’osait pas poser la question. Le deuil était une chose terrible, et elle ne voulait pas amener Tessou à se rappeler de mauvais souvenirs.
« Je ne veux pas qu'elle grandisse en connaissant ses parents que sur des photos, en habitant chez mes parents, chez sa tante ou pire, chez des inconnus ! Je veux rester auprès d'elle, je lui souhaite tout ce qu'il y a de meilleur mais... j'ignore la direction à suivre dans mon travail... Si j'en change, je n'aurais pas tenu la promesse que je lui ai faite... »
Sa promesse ? Kara pencha légèrement la tête. Les deux femmes s’étaient rassises sur le canapé, et, pendant quelques secondes, Kara ne dit rien. Ce dilemme ne s’appliquait pas vraiment à elle. Les balles rebondissaient contre son corps, et elle pouvait détruire des chars d’assaut avec ses poings. Elle n’avait rien à craindre de simples tueurs ou de vulgaires Yakuzas, contrairement çà cette femme. De plus, l’insécurité était en train d’augmenter à Seikusu, avec la hausse des mutants et des supers-criminels. De simples policiers n’étaient pas armés pour faire face à une telle menace. Kara hésita donc un peu, tête baissée, se frictionnant les mains, avant de lui répondre, en pesant attentivement ses mots :
« Vous avez vécu une scène traumatisante, et je comprends que cette aventure vous amène à vous remettre en cause, Tessou... »
Kara se mordilla les lèvres, réfléchissant lentement. Elle ménagea une courte pause, avant de reprendre.
« J’ai décidé de porter ce costume pour aider mon prochain, parce que je dispose de pouvoirs surpuissants, et que je ne me voyais pas les gaspiller en vivant comme une Terrienne normale... Je voulais représenter un symbole, un rempart pour protéger la société contre ses exactions et les menaces à cette dernière, qu’elles émanent de l’intérieur de la société, ou de l’extérieur... Une tâche difficile, qui m’a amené à souffrir énormément, à risquer de mourir à plusieurs reprises... J’ai même été hypnotisée une fois, et contrainte de me battre contre mes propres amis... »
Elle soupira lentement, avant de la regarder, et de prendre chacune de ses mains dans la sienne.
« Tout ce que je peux vous conseiller, c’est de faire ce qui vous semble être le mieux. Éduquer une fille est un devoir tout aussi important qu’être policière, si ce n’est plus. De plus, si vous envisagez d’agir en ayant la peur au ventre, vos ennemis le sentiront, et cette peur vous desservira. »
Le pire ennemi, c’était toujours soi-même. Si Tessou avait peur en intervenant, ses adversaires le sentiront. Kara hésita un peu, se mordillant les lèvres.
« Bien sûr, je peux vous protéger, mais même moi, malheureusement, je ne peux pas être partout... Je crois bien que, si j’étais à votre place, et si j’avais une fille aussi adorable que la vôtre, j’hésiterais beaucoup, avant de retourner risquer ma vie... »