La lapine blanche était électrique : se dandinant sur place, elle leur balançait un flot d'informations plus ou moins utile selon le point de vue qu'on utilisait pour les aborder. C'était en effet toujours utile pour un esclave d'en connaître un peu plus sur son maître - pour au moins éviter de lui déplaire, ceci entraînant la punition inévitable et l'humiliation qui allait avec. D'un autre côté, absorber toutes ces informations avait un côté barbant qui était surtout ressenti par la moins patiente des deux compères - et je vous laisse imaginer laquelle. Anko comptait de toutes façons sur Chako pour lui rappeler ce qu'il était bon de faire ou non. Elle ne s'intéressa vraiment au discours de Blanche, que lorsque celle-ci vint l'allumer :
« Avec moi, il n'y aura pas de jalouses, je savourais autant ce petit morceau tenace comme ce petit morceau tendre~ ♥ »- Quand tu veux, chérie, souffla la chatte, sans baisser les yeux.
Il était étrange de constater que cette nouvelle situation ne dérangeait pas la chatte. Mais celle-ci savait voir les avantages de sa situation, et si être l'esclave de ces mystérieuses propriétaires signifiait s'amuser de temps en temps avec de telles beautés, elle pouvait bien jouer au caniche pendant quelques temps. Chako pensait à peu près la même chose, mais c'était différent : pour quelqu'un qui se tenait aussi bien devant ses maîtres, l'esclavagisme était l'assurance d'un toit et d'un couvert, ce qui lui suffisait amplement. Du moment qu'elle restait en compagnie de son amie, il n'y avait donc aucun problème.
L'immaculée tournait autour des deux terranides, semblant avoir des idées en tête. Anko l'observait d'un air méfiant, et Chako ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Elles appréhendaient toutes les deux les projets de cette étrange terranide, si pleine d'idées et de (bonnes ?) intentions. Mais celle-ci se contenta de leur donner de plus amples renseignements sur Yuka et Yuko, permettant de se faire une bonne idée sur les personnages. La mention du SM intéressa particulièrement les deux demoiselles.
- Chako adore se prendre des fessées, précisa la neko en regardant sa camarade.
Je pense que je me suis assez fait casser la gueule cette semaine, j'adorerais les voir s'acharner sur toi, un peu.-
Je... oui, je prendrais sa part ! Intervint la inu, sans aucune gêne.
Je ne veux pas qu'elle souffre davantage. Vous n'imaginez pas ce que notre précédent propriétaire nous faisait faire... dieu merci, nous sommes là, maintenant.Ce n'était peut-être pas mieux, cela dit. Mais au moins, on leur témoignait un minimum d'humanité, dans cette maison. En témoignait Blanche qui prit le temps de porter Anko dans ses bras : un petit poids, mais si peu d'esclavagistes prenait le temps de traiter leur marchandise de cette manière... Chako le constata et sourit, contente de se retrouver ici. Elle écarta une mèche du visage de son amie, gênée par tant de soins.
*
Elles quittèrent peu à peu les vestiges sombres des sous-sols, pour gagner la surface, qui était plus éclairée et... qui avait plus de gueule, il fallait bien l'avouer. Apparemment, les deux esclaves s'étaient retrouvées chez des sortes d'aristocrates - en témoignait les portraits accrochés sur les murs, les riches tapisseries, et tous ces détails qui constituaient le cœur du luxe même. L'inu et la neko jetaient des coups d’œil partout, le souffle coupé par tant de beauté. Elles n'osaient imaginer faire partie de ce monde qui n'était pas du tout le leur, à la base.
La chambre où donnait la porte était du même acabit. Elles furent surtout impressionnées par la taille du lit. On est vite soufflé par pas grand-chose quand la meilleure couchette qu'on puisse trouver est un carton desséché, mais n'importe qui aurait admiré ce grand lit à baldaquin, qui invitait aux meilleurs délices.
Et finalement, ces deux magnifiques jeunes femmes, qui leur souriait avec douceur. Chako admirait leurs longs cheveux dorés, leurs traits si princiers, leur prestance. Anko ne pouvait s'empêcher de se demander si les formes qu'on devinait sous leur chemises de nuit suivraient cette vision angélique.
L'une donna l'ordre de poser la chatte sur ce lit, et dés que ce fut fait, celle-ci s'étala de tout son long sur les draps de soie, oubliant sa nudité qui de toutes façons ne l'avait jamais gêné. Sa queue frétillait dans tous les sens comme celle d'un chien, et elle s'assit en laissant échapper un soupir d'aise.
Chako s'assit de façon plus gracieuse, remarquant le collier au cou de l'une de ses nouvelles propriétaires. Elle n'osa rien dire, de peur de créer un malaise, et quitta rapidement des yeux l'étrange artefact.
Yuka et Yuko étaient de ces personnes qui n'hésitaient pas à être tactiles, et leur premier contact fut rapide. Anko observa la jeune femme lui prendre la main avec une certaine perplexité. Leur regard à son égard laissait penser à de la pitié, du moins selon elle, et elle fut vite encline à démentir cette idée :
- Ça va, j'suis pas en sucre. J'ai connu pire... j'viens de la rue, après tout, haha !Elle se vantait comme un homme qui chercherait à ne pas vouloir se faire plaindre. Quand on connaissait un minimum la chatte, on savait en effet qu'elle n'aimait pas être en position de faiblesse.
- Oh, et puisque vous demandez, j'avoue que je serais pas contre de quoi grapiller un peu... pas toi, Chako ?- Oui, ce serait vraiment gentil de votre part... nous n'avons rien mangé depuis des jours...- HAA-haah, n'exagère pas, héhé !La neko jeta un regard furieux à sa compagne, qui ravala ses paroles. Elle savait à quoi Anko pensait : la dernière fois qu'elles avaient laissé entendre qu'elles avaient faim, on en avait profité pour les torturer avec cette idée... la méfiance, ça se développait vite.