SHA
Les bandits étaient terrorisés par ce qu’il y avait dans le palais. Il fallait dire qu’ils avaient entendu des cris abominables provenant de l’intérieur des bâtiments, le genre de chose qui vous retournait l’estomac, et vous donnait envie de fuir à toutes jambes. Ils cherchaient, à vrai dire, un autre endroit pour installer leur camp, un endroit où ils ne risquaient pas de se faire attaquer la nuit par des monstres. S’agissait-il de djinns ? Normalement, les djinns apparaissaient plutôt dans la forêt, et ces mauvais esprits étaient généralement invoqués par quelqu’un. Heckté savait que cette femme était redoutable, et essayait de négocier, pour éviter de pénétrer dans le temple. Une stratégie hasardeuse, connaissant le tempérament de Miléna et des Kuro Yume. Il risquait surtout de se faire tuer. La tempête continuait à menacer, et Miléna, à la surprise de Sha, demanda alors, en regardant le Guide, le droit de poser une question à l’Ombre. La Déesse intervint rapidement, et le temps, autour de Miléna, se figea, tandis que des voiles d’ombre se mettaient, comme lors du premier Sentier, à l’envelopper. L’Ombre ne tarda pas à apparaître, sous sa forme divine, long corps noirâtre aux formes fines et élancées. Flottant en l’air, elle se mit à descendre vers Miléna, une colonne d’ombre s’échappant de ses interminables cheveux, constituant la boule d’ombre qui les enveloppaient toutes les deux. Miléna posa sa question sans que Sha ne l’y invite, les deux femmes n’ayant pas vraiment ce genre de familiarités en tête pour communiquer entre elles.
«
Concernant la Voie, est-ce que je dois aider les sorcières que je rencontre ou bien il se peut que je doive en affronter certaines, me mettre en travers de leur projet ? »
Sha se permit une réponse assez complète, répondant rapidement :
«
Le culte des sorcières n’est pas un culte uniforme. Les sorcières ne sont pas des écolières qui se tiennent la main pour s’entraider. Ton objectif, pour traverser la Voie, est de trouver la Clef qui permet de passer au prochain Sentier. C’est à toi de voir comment y parvenir. Tu es libre, Miléna, libre d’atteindre ton objectif comme tu le sens. La Clef, quoiqu’il arrive, ne peut être détruite, car elle appartient à la fois à cette dimension, et à une autre. »
Sha ménagea une petite pause. Elle avait beau se poser la question, elle n’arrivait pas à saisir l’origine de la haine de Miléna. Qu’avait donc bien pu faire l’Ombre ? Ou, plutôt, qu’avait-elle bien pu ne
pas faire ? Car, si elle avait fauté, c’était assurément par abstention. Le culte des sorcières, comme elle le disait, n’était pas uniforme. Il était donc difficile pour Sha d’entendre les prières de ses croyantes, surtout que ces dernières n’effectuaient aucun réel rite. C’était d’autant plus difficile que les prières adressées à Sha devaient être des prières émotionnelles, motivées par la passion, par des sentiments forts. En somme, c’était assez fluctuant, surtout que Sha avait été scellée pendant des siècles, et avait vu sa puissance décroître énormément.
«
Pour te répondre, si tu estimes devoir le faire, tu peux supprimer une sorcière. »
Elle aurait aimé en dire plus, mais les termes du contrat étaient clairs. Elle ne devait pas trop en dire, afin que Miléna ne soit pas influencée. Neferti, car il s’agissait d’elle, était une sorcière redoutable, bien plus dangereuse, en un sens, que le Chaman que Miléna avait vaincu. En effet, contrairement à lui, elle savait rationaliser sa magie. L’affronter serait difficile, mais il n’y avait aucune autre solution.
«
Ai-je correctement répondu à ta question ? Ou désires-tu d’autres précisions liées à cette dernière ? »
Ce qu’elle faisait n’était pas une faveur, mais une autre clause du contrat : s’assurer que la participante de la Voie avait bien compris la réponse. Visiblement, Miléna était en proie au doute à l’égard de Neferti. C’était une sorcière, après tout, et on avait parfois tendance à considérer qu’il existait une coutume de solidarité entre sorcières. Mais, comme toujours, la réalité était toujours plus nuancée.
LIZARIA
Deux succubes ensemble, ça faisait des étincelles. Deux démones de la Luxure qui se disputaient, ça ne pouvait finir qu’à travers une séance de sexe torride. Les succubes, après tout, n’existaient que pour les passions, surtout le sexe. Elles étaient les démones les plus sympathiques des Enfers, les plus attirantes, mais toutes n’étaient pas aussi innocentes que Lizaria. Le proverbe le disait bien : «
Les succubes sont trésors aux mortels interdits ». Quand une succube vous séduisait, il y avait deux chances sur trois pour que ce soit, soit pour vous dévorer, soit pour aspirer votre énergie vitale, soit pour vous offrir à son maître. Il était rare qu’une succube daigne laisser un amant en vie, à moins que cet amant ait été exceptionnel. Lizaria elle-même avait déjà tué les hommes qui n’avaient pas su lui faire plaisir. C’était une femme très exigeante, et un homme qui n’arrivait pas à faire plaisir à une femme ne méritait pas le droit de vivre. C’était aussi simple que ça.
Pour l’heure, Lizaria était très excitée, laissant volontiers Gurin jouer avec ses fesses. La petite succube se cramponnait toujours contre elle, manquant l’étouffant, leurs poitrines se caressant l’une contre l’autre. Gurin retourna la narguer, lui avouant qu’il faudrait un individu impartial, afin d’apprécier leurs performances. Lizaria rougit, la fusillant du regard.
Ex-succube de Sha ?
Perdre ?! Non, mais pour qui cette garce se prenait ? Quelle salope !
«
Je... » commença à répondre Lizaria.
Elle n’en eut pas le temps, car Gurin, la Kuro Yume, vint l’embrasser, absorbant sa lèvre inférieure, la mordillant. Un soupir de plaisir traversa le corps de Lizaria, qui posa ses mains sur les joues de la femme, glissant sur ses épaules, avant de répondre à son baiser, attendant que Gurin le rompe pour aller saisir la lèvre supérieure de cette dernière. Les deux succubes s’embrassèrent ainsi assez longuement, pendant plusieurs minutes, Lizaria poussant quelques soupirs, remuant son postérieur pour mieux apprécier les mains de Gurin posées dessus. Dans sa tête, elle se demandait qui voir. Myra était sans doute la meilleure option, mais la prostituée personnelle de Sha devait sûrement être occupée. Il restait Kiriko, l’une des plus proches de Sha, mais la Celkhane était sûrement occupée à s’entraîner. Tout en embrassant Gurin, Lizaria éludait les possibilités se présentant à elle, pour espérer trouver le candidat idéal, la sorcière la plus à même de pouvoir les départager. Rien ne lui venait malheureusement à l’esprit, et elle était de plus terriblement excitée. Comment réfléchir dans de telles conditions ? Elle termina son baiser, et frotta son nez contre celui de Gurin, décidant de ne penser qu’à une seule chose : s’occuper de cette petite salope de succube !
«
Je te ferais jouir et jouir sans arrêt, pute des Enfers... Tu vas découvrir tout mon talent, ce doigté légendaire qui m’a valu de recueillir la semence de la divine Sha. Je te baiserai tellement, et avec tellement d’entrain, que tu finiras allongée à mes pieds, à implorer ma clémence, à supplier que je calme mes ardeurs à ton égard ! »
Elle lui lécha la joue en disant ça. Un individu ferait bien par passer par là, Kuro Yume, sorcière, ou garde. Le reste, dans le fond, était sans importance. Elle voulait dresser cette traînée qui se moquait d’elle, et prétendait la remplacer, que ce soit vrai ou non, dans le cœur de sa Déesse !