[FINI] Opération séduction [PV : Aoki Kou]

Le parc de Seikusu était relativement grand. C’était un parc municipal si immense qu’il disposait même d’un petit bois, une grosse tâche de verdure dans cette ville immense. New-Yorkaise de base, Félicia y voyait là son « Central Park ». Elle y traînait depuis maintenant une bonne heure, avançant tranquillement, et le soleil commençait à amorcer sa courbe descendante sur la ville. Les familles commençaient à rentrer des aires de jeux, après y avoir apporté leurs enfants, et les couples se promenaient. Seule et solitaire, Félicia les observait de temps en temps, éprouvant des pensées nostalgiques assez irritantes, se rappelant ses promenades, du temps où elle était mariée. En soi, elle ne regrettait pas vraiment son divorce, Flash ayant été un boulet plus qu’autre chose dans sa vie, et, si l’absence de ses filles lui manquait parfois, elle se sentait relativement bien en étant libre. Félicia n’était pas vraiment une très bonne mère… Ou, du moins, essayait-elle de se persuader que c’était mieux ainsi. Sa famille était sur un autre continent, et elle ne risquait désormais plus de mettre leur vie en danger comme elle avait pu le faire autrefois.

*Si j’étais aussi sereine, se sermonnait-elle, je ne regarderai pas ces couples en me disant que je suis vieille, ni ces enfants jouer en me disant que ma vie est un échec… Diable, j’ai encore le physique d’une étudiante, et me voilà à craindre que ma vie ne soit déjà gâchée ! Ma pauvre fille, tu as besoin de te reposer !*

Assise sur un banc, Félicia observait le défilé anonyme des gens et des individus, jusqu’à sentir quelque chose frotter contre ses bottes. La nuit n’étant pas encore tombée, la Chatte Noire était aux vestiaires, et seule Félicia Hardy tenait la scène. Sa longue chevelure blonde était nouée en une délicate queue-de-cheval, et, en revenant chez elle après sa journée de boulot au lycée, elle s’était comme d’habitude arrêtée dans le parc, sortant une cigarette, avant de se promener. Ce parc lui rappelait beaucoup Central Park, son ancienne existence, et y aller la faisait autant souffrir que sourire. Ce petit quelque chose poilu se mit à émettre de légers miaulements. C’était un chat de gouttière à la fourrure brune et aux poils blancs, manifestement affamée. Dans un léger sourire, Félicia attrapa ce chat errant. Généralement, les chats errants fuyaient le contact des étrangers, mais Félicia n’était pas la Chatte Noire pour rien. Les chats ne la craignaient pas, loin de là, et elle s’empara du chat, se mettant à le caresser, le faisant ronronner.

« Je sais ce que tu as, mon minet, dit-elle. Tu as des besoins bien plus terre-à-terre que moi, toi… Je vais voir ce que je peux faire… »

Se redressant, Félicia relâcha le chat, qui se reçut élégamment sur ses pattes. Il portait un collier usé, signe, soit qu’il avait été abandonné, soit qu’il avait été fugué. Malheureusement, Félicia ne comprenait pas encore le langage des chats, ni ne parvenait à lire leurs pensées, et elle se demanda si elle n’allait pas l’adopter… Avant de se dire que seules les vieilles filles s’entouraient de chats. Dans son cas, elle n’adoptait pas vraiment les chats, c’était plutôt le contraire. Les chats allaient et venaient dans son appartement, et elle marcha, les talons de ses bottes claquant sur les graviers. Fort heureusement, Félicia n’en était pas encore au stade de se demander si les hommes la trouvaient belle et séduisante. Elle était une belle blonde dans la force de l’âge, et portait ce soir une courte jupe avec un débardeur. Quand on était prof de sport, il n’y avait que deux manières d’appréhender le métier : rester le cul vissé sur un banc en s’ennuyant toute la journée, ou choisir d’être plus active, comme le faisait Félicia. Elle portait donc un débardeur, et avait choisi de le conserver, remplaçant son pantalon par une jupe.

Félicia traversa le parc jusqu’à arriver près d’un stand de glaces, et autres sucreries. Le chat continuait tranquillement à la suivre, restant près d’elle. Le vendeur venait de donner à un enfant un cône en glace, quand Félicia s’approcha, cherchant ce qui pourrait bien faire plaisir à un chat. Sûrement pas des sorbets, ni même un beignet. Elle opta donc pour un sandwich comprenant des boulettes de viande, allant s’asseoir sur un banc à proximité. Elle écartela le sandwich, le chat sautant sur ses genoux, et commença à faire le tri à l’intérieur. Elle le regarda en souriant, tout en jetant un regard machinal vers le vendeur de glaces, qui accueillait d’autres enfants.

« Parfois, j’aimerais être comme toi, petit chaton… Tu ne dois pas avoir une vie bien palpitante, mais ça, après tout, tu t’en fous, hein ? »

Elle haussa les épaules, continuant à lui gratter l’échine, mais le chat se moquait bien des caresses de Félicia. Elle regarda à nouveau le vendeur, et essaya de se rappeler à quand remontait sa dernière partie de jambes en l’air. Le fait qu’elle mette un peu de temps avant de trouver la réponse était en soi une réponse à part entière, et elle se décida de régler ça, continuant à fixer l’échoppe.

*Grosse ou mince, vieille ou jeune, la première personne qui vient commander une glace, j’essaie de la séduire…*

Manque de pot, la première personne qui vint fut justement une femme dans la force de l’âge, et suffisamment enveloppée pour qu’on la croie enceinte d’une portée de triplés.

« Hum… Disons que c’était mon joker… Ça sera pour la prochaine, hein, minou ? »

Et une journée de bâclé et pas trop rapidement mais pas trop tard non plus. Dernièrement, Aoki n'était pas surchargé de travail, les quelques oisillons qu'elle devait avoir sous son aile étaient pour la plupart en repos et le peu qui travaillait étaient en train de faire les boutiques pour quelques essaies en chanson pour la plupart. Trouver les vêtements que les producteurs demandaient, c'était important! Logiquement, c'était sa tâche à elle mais en ce moment, la mode chez les réalisateurs était de laisser libre cours à l'imagination de ses jeunes. Qu'ils imposent leur style, leur goût, qu'ils pensent par eux-même, pas besoin de manager, de producteur, de parent pour savoir ce qui était bon ou pas! À eux de trouver leur voie! Bien que cette pratique était idiote dans quatre-vingt-dix pour cent des cas, certains ne manquait pas de goût! Mais bon, libre à ses réalisateurs stupides de foutre en l'air leur carrière! Aoki saura rattraper ses petits au vol, mais pas ceux qui tenaient et dirigeaient la caméra... De plus, c'était par un beau soleil d'après-midi qu'elle pouvait partir sans avoir le moindre remords. Elle laissait tout de même son portable de travail allumé pour pouvoir aider ses petits au cas où une brillante idée leur viendrait à l'esprit comme lui demander conseil malgré tout.

Quittant son bureau en le refermant à clé, elle ne manqua pas de saluer ses collègues encore en train de travailler, ses différentes secrétaires et associer. Quand elle quittait le travail ainsi, tout savait que demain risquait d'être agréable en sa compagnie, si rien de grave n'arrive entre-temps bien sur. Certaines ne manquaient pas de récolter quelques points de bonne conduite en rajoutant un petit mot gentil à ses salutations afin de mieux être vu par la demoiselle. Empruntant l'ascenseur, elle descendit les vingt-trois étages du building et quelques dernières salutations avant de pouvoir mettre le nez dehors. Ha le temps merveilleux, la température ni trop froid, ni trop chaud, idéal! Au lieu de rentré tout de suite, pourquoi ne pas en profiter pour se balader un peu? Elle en profita donc pour faire quelques détours. Déjà, pas de bus, de métro ou quoi que ce soit, à pied, c'était tout aussi charmant! Elle fit un petit saut à ses endroits favori, le centre commercial ou elle fit un peu de lèche vitrine, un petit café en terrasse pour profiter du beau temps, puis un petit tour au parc avant de rentrée chez elle! Ça semblait parfait! Voir des enfants jouer avec leurs amis ou avec leur parent, c'était si charmant!

Marchant dans le parc de Seikusu, Aoki profita du grand air, un petit vent de liberté en cette journée rayonnante qu'elle pensait ne pas avoir vécu depuis bien longtemps. Trop longtemps! Elle observait tout ce qui se passait et aujourd'hui, tout semblait charmant! Les petits moineaux, les gens qui promenaient leur chien, les personnes âgées qui donnaient quelques graines à des piafs, cela était si agréable après tout ce qu'elle endurait au quotidien, il faut renouvelé ce genre de chose! Elle aurait pu en profiter pour sortir Rex au parc? Ce pauvre toutou devait en avoir marre des mêmes parcours? Peut-être en soirée ou demain? Elle n'était pas loin du parc en plus. Voyant bon nombre de personne passée avec une crème glacée, son ventre semblait soudainement en réclamer une! En cette journée, elle jurait avoir retrouvé ses dix ans! Sauf qu'elle n'était pas tout le temps le nez dans les études! Elle fit la queue pour finalement pouvoir en commander une à la vanille, son parfum préférer. Avant de quitter ce petit stand, son regard se porta sur une jeune femme blonde qui avait un chat sur ses genoux et soudain, elle fit le rapprochement avec son rêve cette nuit? Un chat noir qui la traquait sans pour autant lui vouloir du mal, juste que le félin la suivait partout, où qu'elle soit. Aoki sourit doucement à cette jeune femme avant de s'installer sur un autre banc pour déguster sa glace en finissant cette journée avec surement, de nouvelles bonnes surprises. Comme quoi elle avait raison! Sa sonnerie de portable lui signalait qu'un de ces petits avait besoin de ses conseilles. Deux minutes ont suffi pour remettre ce dernier dans le droit chemin. Au moins, ça sera une erreur en moins à corriger.

La personne en question se présenta plus rapidement que ce que Félicia aurait cru. Alors qu’elle caressait le chaton, elle vit une mystérieuse blonde prendre une glace, avant de s’asseoir sur un banc. Elle observa brièvement Félicia, et cette dernière sentit ses instincts de féline se réveiller rapidement. Elle reporta son attention sur le minet se tenant près d’elle.

« Tu en penses quoi, mon chaton ? »

Il répondit en émettant quelques vibrations sonores, de délicieux ronronnements, alors que Félicia caressait son dos. Visiblement, le chat avait l’air d’accord… Elle reporta son attention sur la mystérieuse femme, qui était crochée avec son téléphone portable. Elle espérait que ce ne soit pas une espèce de quelconque petit ami, ressentant à cette idée une curieuse bouffée de jalousie, sentiment d’autant plus curieux qu’elle ne connaissait même pas le nom de cette belle dame ! Néanmoins, Félicia n’adulait pas les chats pour rien. Un chat était un animal propriétaire par excellence, et Félicia ne faisait guère exception, ce qui, pour ses ex’, notamment son ancien mari, avait parfois pu la rendre assez possessive.

*Il ne reste plus qu’à l’aborder, maintenant… songea Félicia. Reste à savoir comment faire… Bonjour, vous allez bien ?! Excusez-moi, j’ai perdu mon fils, vous pouvez m’aider à le retrouver ?! Je suis journaliste d’investigation, j’ai des questions à vous poser ! … Non, tout est nul.*

Draguer, ce n’était pas facile pour Félicia. Elle savait comment réagir quand on la draguait, ce qui était l’hypothèse la plus fréquente, mais l’inverse n’était pas vrai. Elle essaya de se rappeler les tentatives de drague, multiples, dont elle faisait l’objet, que ce soit quand elle était étudiante, ou même maintenant, mais les tentatives de séduction étaient généralement minables. Son regard se porta alors sur le chat qui l’avait adopté, et un sourire éclaira soudain les lèvres de Félicia.

« Peut-être que tu vas servir à autre chose que manger, toi, finalement… »

Curieux, le chat la regarda, et Félicia lui sourit. Si elle ne pouvait pas communiquer avec les chats, ses instincts de félin permettaient de leur faire comprendre des idées assez simples, et c’est ce qu’elle fit. Félicia ne tarda pas à se relever, et retourna voir le marchand, commandant cette fois-ci, à son tour, une glace. Lorsqu’elle se retourna, ce fut pour voir que son chat n’était pas sur le banc, mais avait bondi vers la jeune femme. Il s’était frotté à sa jambe, en quête d’un câlin, et un sourire amusé éclaira les lèvres de Félicia. Sans vraiment attendre, le chat se mit à bondir sur la femme, et renversa d’un coup de queue sa glace. Le cône heurta le banc.

« Zico ! s’exclama Félicia, inventant sur le coup un nom au chat. Mais qu’est-ce que tu fais, vilain chat ?! »

Se rapprochant, Félicia vit le chat, qui portait donc désormais le nom provisoire de Zico, bondir pour se faufiler entre les jambes de Félicia, les oreilles basses.

« Veuillez pardonner mon chat, Madame, lâcha Félicia. Il est du genre à bondir sur tout ce qu’il trouve attirant… »

Après une journée plutôt bien pour le moment, Aoki avait fait un saut au parc afin d'avoir un peu plus de tranquillité et de paix. Elle en avait chez elle mais au parc, c'était tout autre chose quand même. Chaque chose était différente, ce n'est pas comme si elle serait rentré chez elle et qu'elle aurait entamé un livre ou s'occuper de ses animaux, ici, ce n'était que de l'improvisation! Dégustant sa glace, son regard se porta rapidement sur une jeune femme avec un chat avant d'avoir deux minutes de travail en conseillant une de ces futurs petite vedettes avant de retourner à rien. Observant ce qui se passait autour d'elle en dégustant doucement sa douceur sucrée à la vanille. Elle fut juste un peu surprise par un minou qui se frotta d'abord à sa jambe, c'était bien celui avec la jeune femme? Ha oui, elle commandait une glace, ce dernier devait être en manque d'affection et avant même qu'elle ne lui fasse signe de montée sur elle, ce dernier le fit sans attendre son autorisation. Le chat est un animal noble après tout, d'où il doit avoir l'autorisation de quelqu'un pour savoir quoi faire? Seule sa maitresse ou son monstres – ses, dans quelques cas – pouvait lui dire quoi faire. Mais en montant, sa queue cogna son cône qui se renversa sur le banc, juste avant que sa maitresse n'intervienne pour l'enguirlander. Et la complimentait! Quelle journée! Elle se contenta juste de sourire un peu plus en guise de remerciement.

« Ça ne fait rien, j'ai une aussi chez moi donc je sais ce que c'est puis je pense que ça doit être un signe pour surveiller ma ligne. »

Dit-elle en regardant sa glace qui aura plus servi pour le banc plutôt que pour elle mais ça ne fait rien. Non pas qu'elle ait besoin de surveiller ce genre de chose mais elle savait qu'en mettant le nez dans ses petites choses, c'était difficile de dire stop. Elle avait bien entendu le compliment mais elle ne préférait pas y faire attention pour le moment. Autant discuter un peu avec elle pour faire connaissance. Elle avait beau être charmante, c'était peut-être une imbécile finie? Et puis ce n'est pas une simple glace gâchée qui allait faire pencher la balance de cette journée vers le mauvais.

« Et si je peux vous corriger, ce n'est pas madame mais mademoiselle plutôt. Ne me dites pas que j'ai l'air vielle, je risque de prendre la mouche! »

Son sourire était assez gêné. Seuls les enfants l'appelait généralement madame mais pour eux, elle ne disait rien. Après tout, pour eux, un enfant de douze ans, c'était vieux alors une demoiselle de vingt-cinq ans, qu'est-ce que c'était dans leur petite tête? Son regard se portait de nouveau sur le chat qui continuait de zigzaguer entre les jambes de la jeune femme comme pour se faire pardonner.

« Vous devez drôlement bien vous entendre avec votre animal pour pouvoir sortir avec lui, sans la moindre laisse. Si j'oserais faire ça, la mienne serait trop effrayée et risquerais de s'enfuir je ne sais où? »

Kumaneko, le simple fait de la penser dehors, ne serait-ce que dans ce parc, elle serait terrorisée ou trop paniquée pour rester en place. Un chat d'appartement après tout! Aoki n'empêchait pas la jeune femme de prendre place à côté d'elle, non pas sur la glace mais sur le côté propre. Peut-être que cette jeune femme avait une sorte de lien très fort avec les félins, comme certains ont un certain feling avec les gens, les chiens, les serpents et ainsi de suite? Elle pouvait très bien avec ce genre de don après tout.

Le plan de Félicia avait l’air de se dérouler plutôt bien... Bon, parler de plan, c’était sans doute assez exagéré. Le plan initial consistait à aborder la jeune femme, mais, maintenant, Félicia allait devoir y aller à l’improvisation, en suivant une ligne directrice simple. Ne pas faire comme Flash. Quoiqu’il arrive, ne pas faire comme Flash. S’il y avait bien un séducteur raté, c’était bien son ex-mari. Zico se glissa entre les pattes de Félicia, frottant sa queue contre ses jambes. Sa gêne passagère disparut assez rapidement, le chat étant visiblement content de retrouver sa maîtresse improvisée. La jeune femme ne tarda pas à répondre à Félicia, sur un ton incitant à la conversation, ce qui rassura Félicia. Elle n’était donc pas aussi mauvaise que ça. Il ne restait plus qu’à espérer que cette jeune femme ne soit pas fidèle si jamais elle était avec un homme. Elle doutait toutefois de cette alternative. A cette heure, généralement, le petit ami n’était pas loin, et une femme ayant envie de revoir son chéri ne traînerait pas dans le parc, mais plutôt chez elle.

*Voilà qui règle la plupart de mes problèmes...*

La jeune femme parla alors de Zico.

« Vous devez drôlement bien vous entendre avec votre animal pour pouvoir sortir avec lui, sans la moindre laisse. Si j'oserais faire ça, la mienne serait trop effrayée et risquerais de s'enfuir je ne sais où ? »

Ah, ça... Elle n’était pas loin de la vérité, et la réalité était même encore plus incroyable qu’elle ne l’imaginait. Félicia se permit de sourire avant d’attraper Zico, qui poussa un petit miaulement, avant de ronronner sous les caresses de la jeune femme.

« Je crois que j’ai un feeling naturel avec les chats, avoua-t-elle en souriant. Ils doivent me trouver à leur goût, je suppose... Je vous présente en tout cas mes excuses, Mademoiselle, mais je tiens à vous conseiller une chose. »

Félicia hésitait à s’asseoir, se disant que ce serait sans doute allé trop vite. Elle essaya encore de chasser dans sa tête le réflexe « Flash Thompson ».

« Je crois que votre diététicien vous fait marcher, s’il vous met au régime. Sous mon regard de prof, je ne pense pas que vous ayez besoin d’un quelconque régime... Un peu comme toi aussi, hein, mon beau ? » fit-elle en reportant son attention sur le chat.

Qui aurait pu croire que séduire puisse être si compliqué ? Félicia se devait toutefois d’avouer qu’elle avait rarement eu des aventures sentimentales heureuses. Entre un absentéiste, un autre qui était devenu un vampire, et un looser, elle avait été plutôt bien servie du côté des garçons ! Avec les filles, ça avait généralement duré un peu plus longtemps...

*Allons, Félicia, ne fais pas ta vieille, tout se passera bien !*

Aoki qui finissait sa journée ensoleillé semblait devoir la partager avec une jeune femme blonde qui était venue se balader dans le parc avec son chat Zico, si sa mémoire est bonne? Cette rencontre n'avait eu lieu que grâce à ce matou qui venait de renverser sa glace, sans ça, elle ne se serait contenter que d'un petit sourire pour la saluer, rien de plus. Pour le moment, ce n'est qu'une discussion sans vraiment avoir une importance capitale, elles parlaient de chat, tout à fait innocent comme discussion après tout. Selon elle, elle avait un certain feeling avec les félins, ceci expliquait donc surement cela mais la jeune femme se contentait de garder le sourire en l'écoutant parler, jusqu'à même garder un petit rire en bouche lorsqu'elle parlait de régime. C'est qu'elle avait dit ça naturellement mais elle était loin d'en avoir vraiment un.

« Vous savez, je ne disais que comme ça. Je ne suis pas de régime mais j'essaie juste de faire attention. Une fois que je plonge dans ce genre de petite douceur, c'est bien difficile de m'arrêter! »

Néanmoins, dans sa phrase, elle avait retenu un petit quelque chose qui avait attiré son attention. Ce n'était peut-être pas le cas, peut-être travaillait-elle à son propre compte mais si c'était vraiment ce dont elle pensait, ça serait un bon moyen de briser la glace? Devenir plus que de simples connaissances qui ont abordé comme sujet, les chats et les régimes! C'est vrai que ce n'est pas top! Si un jour elles venaient à se revoir en se quittant juste après, ha oui, le fille au chat avec qui j'ai parler de régime! Il y a mieux comme souvenir. C'est pour cela qu'elle se décida d'aborder le sujet, si ça marche tant mieux, sinon tant pis! Mais qui ne tente rien n'a rien!

« Vous êtes professeur de gym ou quelque chose comme ça je suppose alors? Par hasard, vous ne seriez pas dans l'école de Seikusu? J'ai une amie qui y travaille aussi alors peut-être que vous la connaissez? Yamagachi Hitomi, professeur d'anglais, une jeune femme un peu plus grande que moi, rouquine aux cheveux longs. »

Quoique juste rouquine aurait pu suffire, il ne devait pas avoir beaucoup de professeur rousse dans cette école. Oui, dire qu'elles ne se sont recroisé que depuis quelque temps, des amies de l'époque de leurs dernières années d'école. Ça ressemblerait presque au genre de situation dans les séries télé, deux amies qui se perde de vue pour se retrouver plus tard, dans la même au même endroit, une coïncidence quoi! Si le début de cette rencontre avait été banal et qu'elles avaient un peu raconté ce qu'elles avaient vécu durant leur séparation, la suite lui avait laissé de bons souvenirs, incapable de penser faire ça avec son amie, ni elle peut-être d'ailleurs? Cette journée restera marquer à jamais dans leur esprit.

« Oups, pardonnez-moi, je parle, je parle mais j'en oublie les bases. Je m'appelle Aoki Kou, et vous? »

La jeune femme était de bonne humeur et donc aussi charmante que sympathique avec les autres. Oui, suite à une mauvaise journée, elle aurait surement dévisager la jeune femme au chat et l'aurait totalement ignoré elle et son matou. Elle aurait même été capable de l'envoyer balader avant de perdre patience. Une chance donc pour elle qu'elle l'ait croisé en ce beau jour!

La conversation finit par aborder des terrains familiers, passant de chat et de gastronomie pour en arriver sur les activités professionnelles. Si on devait faire une série d’étapes sur le processus de la drague, Félicia estimait qu’elle était plutôt en bonne voie. Ceci étant dit, elle n’y connaissait toutefois pas grand-chose dans ce domaine, mais avait le sentiment de plus en plus persistant qu’elle y arrivait, qu’elle ne s’en sortait pas trop mal. La femme se présenta comme s’appelant Aoki, et Félicia répondit. Elle ne lui avait pas parlé d’Hitomi, pour la simple et bonne raison qu’elle n’en avait pas eu le temps.

« Félicia… répondit-elle rapidement. Félicia Hardy, et… Oui, je travaille bien au lycée… En tant que prof’ de sport ; c’était si évident ? glissa-t-elle avec un léger sourire. Quant à Hitomi… Je la connais, mais sans plus… »

Hitomi Yamagashi… Difficile de ne pas la croiser. Elle n’avait pas la réputation sulfureuse d’autres collègues, comme une professeur de sciences et vie, Mlle Isley, une rouquine qui avait la réputation d’être la prof’ la plus paradoxale qui soit, celle qui, tout en parvenant à être l’une des profs’ les plus sévères qui puisse exister, parvenait toujours à conserver son poste, après avoir été menacée à plusieurs reprises par des commissions disciplinaires et des associations de parents d’élèves. Il y avait des gens qui avaient une bonne étoile… Quant à Hitomi, Félicia la connaissait surtout parce qu’elles avaient plusieurs classes en commun, l’occasion de se voir lors des conseils de classe. Une femme plutôt bien roulée, du point de vue de Félicia. Elle imaginait volontiers ses élèves la draguer.

« Il n’y a pas de friction entre elle et moi, jugea bon de préciser Félicia. C’est juste que nous sommes assez nombreux au lycée, et je n’ai pas vraiment eu l’occasion de parler avec elle… Mais, sans indiscrétion, pourquoi me demander si je la connais ? Vous travaillez aussi au lycée ? »

Félicia doutait qu’Auoki Kou soit professeur. Non pas qu’elle prétendait connaître l’ensemble du personnel, mais elle avait plutôt une bonne mémoire visuelle, et, à la rentrée, l’établissement réunissait tous les professeurs, afin de leur transmettre des instructions, leur prodiguer des conseils, et leur dévoiler le calendrier de l’année scolaire. Or, Félicia se souvenait de ne pas avoir vu cette belle petite blonde sur place.

*Est-ce qu’elle… ? songea-t-elle alors. Non, c’est stupide… Si c’était sa petite amie, elle aurait commencé par l’appeler Hitomi… Quoique… Hum… Félicia ! Arrête d’être idiote !*

Étrangement, à l’idée qu’Aoki puisse être prise, qui plus est par une collègue, Félicia sentit une bouffée de jalousie s’emparer d’elle. Féline, elle sentait ce sentiment de possession propre aux félins s’emparer d’elle. Dans une certaine mesure, elle en venait presque à considérer Aoki comme sa ‘‘proie’’. Bien sûr, elle ne comptait pas la dévorer, mais son amour-propre serait blessé si jamais elle devait échouer parce qu’il y avait déjà quelqu’un. Son amour-propre… Et sans doute autre chose.

Aoki changeait enfin un peu de sujet avec la jeune femme au chat, cela avait commencer très banalement avec comme sujet de discussion, les chats et la nourriture – qui n'est pas franchement géniale – mais elles changeait un peu de sujet et c'était mieux. Pas sur qu'elles ne parlent que de ça mais de chose et d'autres, ça va aider. Comme elle était professeur de gym au lycée de Seikusu, elle devait la connaître. Hitomi n'était pas le genre de femme à lui raconter des bobards, pas à elle en tout cas. La jeune femme blonde commençait à se poser des questions sur le pourquoi, parlait-elle de cette femme-là? C'est vrai que si on est curieux, on est en droit de se poser des questions? Le lien d'amitié, d'intimité, la vie privée, tout ça quoi. Mais Aoki était toujours célibataire même si elle ne refusait pas une aventure de temps en temps. Et ce qui s'est passé le jour de leurs retrouvailles resteront entre elles seulement et ce garder sera à jamais scellé. Aoki caressa un peu la tête du chat qui trainait sur le banc entre les femmes même s'il était surtout avec sa maitresse.

« Non, il n'y a rien entre nous si vous voyez ce que je veux dire. Nous nous connaissons depuis la fac donc nous somme des amies de longue date et nous avons repris contact il y a peu. Je suis loin d'être professeur. Enfin si dans un sens mais pas comme vous mademoiselle Hardy ou encore Yamagachi, je suis manager et je m'occupe de jeunes talents. Cela va dans tous les genres de la musique à la carrière de comédien, je suis sur que certains de mes clients sont d'ailleurs dans le lycée. Je dois dire que nous manquons pas de travaille et notre tranche d'âge est souvent celle des lycéens/collégiens. »

La jeune femme restait souriante et aimable comme toujours quand son humeur le veut. À la façon dont elle l'avait dit, en étant assez malin, on savait qu'elle avait goûter le fruit défendu en compagnie d'une femme auparavant et même souvent. Ce chat qui ronronnait rendait la situation plus agréable. Les ronronnements rendaient toujours les atmosphères plus calmes et plus détendues. La magie des félins! Elle ignorait comment allait finir cette journée mais elle sentait que ça allait plutôt bien finir? Simple pressentiment. La vie suivait son cours dans le parc, les enfants jouaient entre eux et les couples se baladaient. Certains ne faisaient que couper par le parc pour se rendre plus vite de l'autre coter, comme elle d'habitude mais pas aujourd'hui.

« À votre nom, Hardy, je dirais que vous êtes américaine non? À moins que ce soit anglaise? Serait-ce trop demander de savoir ce qui vous a fait quitter votre pays pour venir ici? Pardonnez-moi si je me montre trop curieuse mais c'est dans ma nature je crois. Puis les jolies blondes, ça ne court pas les rues par ici! »

Elle ponctua cette fin de phrase par un sourire gênée en étouffant un tout petit rire. Un petit compliment ne fait pas de mal puis c'était vrai après tout. Les autres blondes ne sont que des teintures, pour son cas, c'est naturel même si ses cheveux sont plus proches du châtain clair que du blond. Peut-être l'habitude de son métier qui faisait qu'elle se montre toujours curieuse avec les autres, vouloir tout savoir quitte à creuser un peu dans la vie privée des autres. Elle savait toutefois poser ses limites et quand c'était trop personnel, elle disait elle-même stop. Pour sa question, elle faisait peut-être fausse route, elle avait peut-être toujours vécu ici bien que ses parents sont originaires d'un autre pays? C'était à elle de voir ce qu'elle allait lui raconter.

Zico semblait hésiter entre les deux blondes, et finit par revenir près d’Aoki. Cette dernière lui offrit quelques caresses, et le chat se frotta contre elle en ronronnant, sa queue se redressant ainsi que son museau. Le petit chat se rapprocha des jambes et des cuisses de la belle blonde, et alla se nicher dessus, exigeant des caresses. Félicia l’observait distraitement, tandis qu’Aoki lui parlait. Félicia en profita enfin pour s’asseoir à côté d’elle, la conversation devenant suffisamment intime pour le permettre. Aoki se présenta comme un manager recherchant des jeunes talents. Est-ce qu’elle travaillait pour une agence de téléréalité   ?

Félicia l’écoutait silencieusement, alors que la jeune femme la rassurait sur ses relations entre elle et Hitomi. Une simple camarade de promotion… Bon, sur une échelle de menaces potentielles, Hitomi descendit de quelques barreaux, mais Félicia restait toujours prudente. Entre la grande amie de confiance et la petite amie, il y avait un pas qu’on franchissait souvent sans prévenir ! Aoki lui demanda ensuite pourquoi elle était venue ici, ne se trompant pas, tout en lui affirmant qu’elle était plutôt belle. Félicia rougit poliment en souriant, avant de se demander si elle devait ou non lui dire la vérité, ou mentir… Le S.H.I.E.L.D. s’était chargé de son anonymat, ainsi que Luke Cage, en lui disant de ne jamais parler de son passé, et sûrement pas à une inconnue dans un parc. Néanmoins, Félicia se disait qu’Aoki méritait sûrement le détour. De toute manière, elle n’avait pas grand-chose à craindre… Bien sûr, elle ne comptait pas lui dire qu’elle était une ancienne criminelle qui avait travaillé pour le compte de Wilson Fisk, avant d’essayer de le doubler, et avait manqué mourir, mais elle pouvait sans doute lui dire qui elle était, et ce dont elle était capable.

« Et bien… Votre intuition ne vous trompe, Mlle Kou. Je viens effectivement des Etats-Unis, et je suis depuis plusieurs mois à Seikusu… Mais je ne crois pas être la seule blonde qui vaille le coup d’œil dans cette ville, glissa-t-elle rapidement, à l’intention d’Aoki. En tout cas, je crois que mon chat vous trouve à son goût… Et je ne peux que le comprendre. »

Elle estimait cette opération de drague digne d’une série américaine pour adolescents, mais c’était tout ce dont elle se sentait capable de sortir ! Zico ronronnait tendrement, et Félicia enchaîna rapidement.

« Quant… Quant à mes raisons d’être venue ici, et bien… C’est assez long et compliqué. Vu que vous n’avez pas sourcillé en entendant mon nom, j’en déduis que les Hardy ne vous disent rien… Il y a quelques années, ma mère était l’une des plus grosses fortunes de New York… Elle avait hérité de son mari une fortune colossale… Mais il y a eu des problèmes… Enfin, c’est une longue histoire, et je ne veux pas vous embêter avec ça, surtout pas sur un banc… Si vous voulez tout savoir, il me faudra plus de temps pour tout vous expliquer… Un dîner me semblerait être le plus adapté, mais je ne tiens pas à vous forcer… »

D’emblée, Félicia venait carrément de lui proposer un rencard, et elle en rougit légèrement. Même sous cette forme normale, elle était parfois aussi désinvolte et franche que quand elle était la Chatte Noire. Aoki lui avait dit qu’elle était belle, après tout, et cette simple phrase signifiait beaucoup. Elle regarda donc Aoki en s’asseyant sur le banc, et glissa nonchalamment une main sur Zico, caressant ce dernier, sa main étant du coup assez proche du corps d’Aoki, la rapprochant de cette dernière.

Avoir un chat dans sa manche, c’était l’arme suprême des dragueurs ratés !

Cette journée avait bien commencé et elle semblait bien se dérouler pour deviner qu'elle allait aussi bien se finir! Une bonne journée de travail pour finir plus tôt, une balade dans un parc, une rencontre qui semblait pas si anodine que ça! Et pourtant, rien ne laissait vraiment présager ça. Un matou qui s'approche d'elle, qui lui gâche sa glace, puis de fil en aiguille, voilà que les présentations se faisaient que la rencontre avançait doucement vers un lien d'amitié, voire plus? C'est vrai que Félicia allait plus vite qu'elle pour lui lâcher quelques petits compliments dissimuler entre deux phrases et Aoki suivait dans ce jeu bien qu'elle était un peu plus lente. La drague n'était pas son fort ou plutôt sa spécialité. Elle a déjà dragué mais avec l'aide de l'alcool, rarement au naturel comme ça, dans un parc en plus. Il y a un début à tout après tout! La drague, c'était plutôt les autres qui tournaient autour d'elle plutôt que l'inverse. Puis sans vouloir paraître étrange et perverse, c'est plutôt elle qui prenait le dessus sur les autres quand elle le pouvait. Le pouvoir du statut hiérarchique en somme. Un patron, un supérieur, douce te gentille comme une rose. Un employé plus bas sur l'échelle de l'entreprise, c'est la laisse autour du cou et le pied à lécher! Alors quand il s'agit d'inconnue qui ne travail pas avec elle ou qui ont une chance d'aller sur ce chemin, comment réagir? C'est là la véritable question!

Après un nouveau compliment, elle pouvait comprendre son chat et devait peut-être même l'envier un peu? Qu'importe, pour le moment le fameux Zico semblait loin de feuler vers elle. Comme elle l'avait dit, le nom Hardy ne lui disait rien? Peut-être le nom d'une chanteuse européenne non? Elle n'était pas une spécialiste en musique autre que ce qui marche plutôt bien au Japon mais il lui semblait avoir entendu ce nom un jour? Peut-être en France? Mais elle ne semblait pas en être de la famille puisqu'elle disait être américaine. Donc, mauvaise pioche! Mais au lieu de s'éterniser sur des détails insignifiants ou intéressants, elle ne voulait pas s'étaler dessus et avoua qu'il serait mieux de pouvoir en discuter autour d'une table avec un diner. Elle n'y allait pas par quatre chemins au moins! Vaut mieux ça que comprendre de travers ou se tromper. Elle n'avait rien de prévu ce soir, c'était une bonne journée alors pourquoi pas continué ainsi! Elle continua de caresser le chat, n'hésitant pas à caresser la main de Félicia parfois.

« Une idée plutôt bonne mademoiselle Hardy. Alors soit, disons ce soir, autour de vingt heures et... hum? »

Elle ne pouvait pas viser le luxe, elle n'en avait pas les moyens mais elle ne pouvait pas non plus viser les restaurants familiaux. Il y avait un juste milieu. Un endroit calme, sympathique où la nourriture est bonne. Pas au point quand même d'accepter n'importe qui, une tenue correcte? Il y avait bien ça, surtout dans le quartier où il y a tout un tas de restaurants.

« Pourquoi pas « Chez le grand Chef »? C'est plutôt bon, nous serons au calme puis ça serait l'occasion pouvoir vous mettre un peu plus en valeur? Pour moi de même! Si cela vous conviens, c'est parfait. Comme j'y vais quelques fois, je connais quelques personnes, nous aurons une table facilement. Qu'en dites vous? »

Jonglant sur deux terrains, elle caressait ce gentil matou, passant sa main un peu sur la sienne aussi sans pour autant aller trop vite. Ce n'est pas du rentre dedans, quelques petits messages? À voir si elle pouvait être libre ce soir et ainsi, elles partiront pour se rejoindre quelques heures plus tard. Le temps de se faire belle, séduisante et attirante.

La main d’Aoki, comme le nota rapidement Félicia, ne se contentait pas que de caresser le pelage de Zico, qui ronronnait tendrement, mais glissait aussi sur sa main. Le cœur de la prof’ s’emballait. Aoki était une femme assez belle, et elle eut plusieurs flashs, l’imaginant dans son lit, à caresser son dos, ronronnant contre elle… Oui, elle devait lui faire de l’effet. Cette idée était particulièrement gratifiante.

Aoki lui proposa de la retrouver ce soir, à un restaurant qui s’appelait « Chez Le Grand Chef ». Elle en avait entendu parler. Ce n’était pas un restaurant où elle avait coutume d’aller. Il fallait y aller au moins en couple, et les prix, sans atteindre ceux d’autres restaurants, étaient tout de même assez élevés. A dire vrai, quand on parlait à Félicia de « restaurants », il s’agissait plutôt des McDo, où elle allait assez souvent. Pour un rendez-vous romantique, il fallait toutefois viser au-dessus. Le fait qu’Aoki affirme y aller assez souvent indiquait que Félicia avait probablement affaire à une femme assez aisée. Tant mieux ! La Chatte Noire aimait l’argent, après tout.

« J’en dis que c’est une très bonne idée ! Je vais vous donner mon numéro de portable… »

Ceci fait, Félicia ne tarda pas à quitter le parc. Son cœur était tout emballé, rebondissant furieusement dans sa poitrine. Zico, de son côté, s’était mise à la suivre, prenant le métro avec elle. Il sentait combien cette nouvelle Maîtresse était fébrile. Nerveuse, Félicia en avait les mains qui tremblaient.

*Mon Dieu ! Je me comporte comme une lycéenne ! Ressaisis-toi, Félicia ! Ce n’est pas la première fois que tu as droit à un rancard !*

La Chatte Noire était aussi très fière de ce qu’elle avait accompli. Après tout, c’était elle qui avait pris l’initiative de courtiser Aoki, et elle s’en était plutôt bien sortie. Aoki lui avait même invité à dîner ! Pour autant, la partie n’était pas encore jouée, et Félicia, alors qu’elle prenait une douche pour se détendre dans son appartement, songea à tout ce qu’il fallait faire, ou ne pas faire. Une chose était sûre : elle allait devoir lui parler de son passé, et elle espérait que cela ne ferait pas fuir Aoki… En même temps, elle ne comptait pas d’emblée lui dire qu’elle était une ancienne criminelle aux supers-pouvoirs qui ne pouvait plus revenir sur le territoire américain, sous peine d’être pourchassée par les super-tueurs du Caïd. Il fallait jouer la chose un peu plus finement.

Nerveuse ? A peine ! Félicia avait peur de ne pas être à la hauteur, et s’observait devant le miroir, cherchant la meilleure robe à mettre parmi celles qu’elle avait. Elles avaient toutes été achetées avec de l’argent sale, naturellement, mais il était inutile d’en dire plus à Aoki sur le sujet. Dans son appartement, plusieurs chats miaulaient, filant par la fenêtre, ou revenant. La Chatte Noire n’avait pas vraiment un animal de compagnie, mais les chats venaient fréquemment la voir, sentant bien que cette humaine n’était pas comme les autres. Félicia hésitait, soit à porter une robe courte, soit une robe longue. Elle trouvait que la robe longue ferait bien trop prétentieuse. Bon à utiliser si elle devait impressionner quelqu’un, ou si elle sortait dans un grand restaurant… Mais, d’un autre côté, la courte risquait de mal passer, de la faire passer pour une femme dépravée. Avec la longue, elle aurait ressemblé à une espèce de prédatrice sexuelle autoritaire et prête à fondre sur sa proie.

*La courte ou la longue ? Il faut bien que je me décide !*

Elle se retourna vers les chats qui la regardaient, certains se partageant sonr lit, ou mangeant dans les gamelles entreposées sur le balcon.

« Aidez-moi, vous ! Tâchez d’être utiles ! »

Les chats se contentèrent de miauler, et elle soupira, avant d’appeler un taxi. Elle referma le combiné, et décida d’opter pour la courte. Une délicate robe, assez sexy selon elle. Elle se contempla à l’intérieur, passant ses mains sur ses hanches, et se transforma. La robe ne se déchira pas, fort heureusement, mais Félicia serait moins comprimée sous sa forme normale. Quand elle prenait sa forme de Chatte Noire, ses muscles se tendaient, son corps grossissait légèrement, notamment au niveau de sa poitrine.

Elle hésita ensuite à se maquiller, et rejeta cette idée. Sans, ce serait mieux. Elle glissa autour de son cou un collier qu’elle avait volé dans une bijouterie, parachevant le tout en s’asseyant sur le lit pour enfiler des sandales lacées.

« Bon… Ça ne m’a pas l’air si mal… »

Elle continua à s’observer pendant le miroir, jusqu’à ce que l’interphone sonne. Le chauffeur était arrivé. Elle s’était adressée à une compagnie offrant des taxis assez luxueux, et ne fut pas déçue en voyant sa carrosse : une Alfa Romeo qui était également noire, sans la mention « TAXI » sur le toit. Elle se glissa à l’arrière, et le chauffeur la regarda à travers le rétroviseur.

« Où dois-je vous déposer, Mademoiselle ?
 -  Vous connaissez le restaurant « Le Grand Chef » ?
 -  Le restaurant européen ? Oui, je connais…
 -  Conduisez-y moi, je vous prie…
 -  Croyez-en mon expérience ; il va fondre en larmes. »

L’Alfa Romeo démarra rapidement, et Félicia sourit légèrement, se mordillant les lèvres. En l’occurrence, c’était plutôt « elle », mais sa vie privée ne le regardait pas. La voiture fila rapidement dans le centre-ville de Seikusu, rejoignant un long boulevard avec de nombreux restaurants. « Le Grand Chef » était dans une petite rue pavée longeant l’une de ces avenues, un peu reculé. Il y avait à proximité un grand parking à plusieurs niveaux, et l’Alfa Romeo s’arrêta là. Le chauffeur sortit pour ouvrir la porte de Félicia, qui en sortit, émerveillée et un peu émue.

« N’hésitez pas à me rappeler, si jamais vous désirez rentrer chez vous… Peu importe l’heure, je ne serais pas très éloigné. »

Le remerciant poliment, Félicia quitta le parking par un escalier ouvert menant droit près du restaurant. On montait par un perron se découpant en deux escaliers. Le restaurant avait l’allure d’une espèce de maison européenne avec un toit triangulaire. Il y avait surtout des couples, mais la terrasse se trouvait à l’arrière, avec un petit jardin. Félicia entra rapidement, regardant une horloge dans un coin. 21:05. Ce n’était pas trop tard ! Elle s’approcha des serveurs. Un majordome en costume s’approcha, droit comme une barre en acier.

« Mademoiselle, je vous souhaite la bienvenue !
 -  Merci…
 -  Pardonnez-moi à l’avance, mais… Seriez-vous Mlle Hardy ?
 -  Co… Comment le savez-vous ? s’étonna cette dernière.
 -  Secret professionnel, répondit le serveur sur un ton énigmatique. Mlle Kou a réservé une table. Veuillez me suivre, je vous prie… »

Félicia hocha la tête, se sentant légèrement nerveuse. Elle avait l’impression que des milliers d’yeux la dévisageaient, et elle ne pouvait s’empêcher de se demander si on l’observait pour se moquer d’elle, ou parce qu’elle était belle. Félicia suivit le majordome vers la table, ignorant si cette dernière serait à l’intérieur, ou dans le jardin…

*Je suis sûre que tout se passera bien, alors, détends-toi !*

Pour son plus grand bonheur, Félicia avait accepté le rendez-vous, elle avait même donné son numéro de portable, toujours utile en cas de retard ou même pour un futur rendez-vous si celui-ci se passait bien. Qui sait? Aoki se leva en même temps que la jeune femme et la quitta d'un petit signe de la main en quittant le parc pour retourner chez elle où elle pourra se changer et mettre quelque chose qui la mettrait plus en valeur pour ce rendez-vous. Mais quoi? Sur le chemin, elle y réfléchissait déjà mais elle n'avait pas deux robes qui rendraient le choix plus simple. Elle en avait quand même une dizaine, c'est qu'avec ses nombreux rendez-vous galants ou pour affaire, elle avait dû se faire une garde-robe pour pouvoir mieux séduire ses clients pour accepter de prendre une de ces petites stars pour une émission, un tournage, un reportage, bref, de quoi les pousser un peu en haut de l'affiche. Après un peu de marche, elle était enfin chez elle où ses deux animaux de compagnie l'accueillaient comme toujours avec le même entrain. Quelques petites caresses pour ses deux-là et à elle la tranquillité. Aoki était le genre de femme à aimer prendre une douche le matin mais pour l'occasion, une deuxième ne lui ferait pas de mal. Pour une fois que son rendez-vous n'était pas pour affaire, autant se faire plaisir et mettre le paquet!

Se dirigeant vers la douche, elle y avait passé une bonne trentaine de minutes avant de ressortir aussi propre que possible. Par chance, elle n'était pas d'une pilosité monstrueuse et avait déjà pris rendez-vous chez son esthéticienne deux jours auparavant donc autant dire que si la soirée s'annonçait encore mieux, elle n'avait pas de problème de ce côté-là. Sur son lit, toutes ses robes, laquelle serait la mieux pour ce soir? Après quelques hésitations surtout entre la rouge sexy et la noire élégante, elle avait opté pour cette dernière. Elle n'était pas une fille de joie après tout! Elle pouvait la porter bien sur mais dans ce restaurant et pour une première fois, il y avait mieux. Elle ne sortait la rouge que pour des occasions spéciales, quand les clients semblaient déjà peut emballer par le sujet. Elle mit donc la robe noire sans mettre de soutien-gorge sinon cela se verrait mais par contre, elle n'en oublia pas de mettre une culotte de même couleur que la robe. Noir, avec un peu de dentelle, c'était charmant! Pour ce qui était du maquillage, elle n'en avait pas abusé mais mit juste un peu. Autour des yeux avec un peu de rouge à lèvres rose clair, cela se voyait à peine. Cela était suffisant. Pour les chaussures, là aussi, elle en avait des tonnes mais elle n'était pas embêtée pour le choix.

Afin de se rendre un peu plus belle encore, elle mit un collier autour du cou mais pas n'importe quels bijoux. Pas dans le sens qu'il coute une petite fortune mais disons qu'il avait une grande valeur pour elle. Un petit cœur, simple mais c'était le seul cadeau qu'elle avait eu de la part d'un de ses amants, le premier à vrai dire. Celui avec qui elle avait vu les choses en grand, ses premières fois avec lui aussi. Pour finalement être plaqué par ce goujat! Si elle avait tout jeté de cette ordure, elle avait quand même gardé ce bijou, la seule chose qu'elle ait gardé. Son geste l'avait touché la première fois. Elle était enfin prête! Avec un peu d'avance mais ce n'était pas grave. Elle avait fait appel à un taxi avant de se rendre là-bas la première. Il fallait bien avoir une table pour elles quand même sinon tout ça n'avait servi à rien. Après quelques minutes en voiture, elle était arrivé à destination et fut bien accueillie par le type de l'accueil avec qui, elle avait rapidement eu une table pour elle et son invité. Elle lui fit une petite description de la jeune femme qu'elle attendait afin d'être conduit à sa table dans un petit jardin. Elle prenait son mal en patience et ne s'inquiétait pas pour sa compagne, elle n'allait pas tarder...

Et quand elle arriva enfin, ouah! Elle était bien mieux dans cette robe! Enfin, ça se comprenait aussi que ce n'était pas le genre de chose qu'on met pour sortir dans un parc. Elle était très belle dans cette tenue mais un détail la surprenait quand même... sa poitrine... elle n'était pas si grosse avant? Non pas que c'était exagérer mais dans le métier d'Aoki, elle voyait souvent des femmes en petites tenues et voyait donc quand il y avait rajout ou non? Et là, ça semblait un peu plus gros? Non pas que ça la dérange mais bon, le souci du détail avec sa profession. Un petit sourire pour l'accueillir avant de commencé par les compliments!

« Vous êtes tout en beauté Félicia. Cette robe vous va à ravir. »

Elle ouvrit la carte en face d'elle pour l'examiner. L'idée d'en apprendre plus sur son histoire à propos des Hardy n'était pas la raison de sa venue ici, elle lui avait proposé alors pourquoi pas! Après elle n'était pas journaliste ou curieuse à ce point, elle voulait passer une bonne soirée en compagnie de sa charmante amie. Plutôt future amie, elle ne la connaissait pas assez pour la qualifier d'amie.

« Voulez-vous de suite passer une commande ou un bon petit verre de vin pourrait vous détendre un peu? Vous me semblez un peu nerveuse? »

Elle garda un petit rire pour elle pour la taquiner un peu. C'était mignon mais Aoki n'était pas d'humeur à vouloir la mordre! Quoiqu'elle n'était pas un fauve avec des crocs acérés, elle était plutôt du genre à vouloir mettre une laisse et un collier aux autres quand elle était de mauvaises humeurs mais comme là, c'était le contraire.

« Vous avez déjà diné dans ce genre de restaurant? À vrai dire, c'est la première fois pour moi que je ne dine pas pour affaire ici, vous avez l'honneur d'être la première à m'avoir invité sans parler argent. »

Autant commencer à parler de tout et de rien, ça allait la détendre un peu.

En voyant Aoki, deux choses firent indiscutablement plaisir à Félicia. Un grand plaisir, même ! La première chose, ce fut le regard assez attentif qu’elle accorda à la poitrine de Félicia. Avec sa robe, il fallait dire que ses seins se voyaient mieux. Dans le parc, elle avait après tout été en tenue de sport, dans un débardeur qui n’épousait pas ses seins. Elle aurait peut-être du se sentir gênée qu’on mate ainsi ses seins, mais, en réalité, elle aimait cela. Surtout en présence d’Aoki. N’était-ce pas, dans le fond, la plus belle preuve qu’elle plaisait à la jeune blonde ? La seconde chose, celle qui amena Félicia à sentir son cœur battre follement dans sa poitrine, ce fut le collier d’Aoki… Un collier en forme de cœur ! Fallait-il y voir un message subliminal, une invitation ?

*Je ne savais pas que la séduction était un art si compliqué !* songea-t-elle.

Félicia s’assit en face d’Aoki, lui souriant sans ménagement.

« Je vous retourne le compliment, Aoki. Vous êtes exquise. »

Félicia reçut ensuite du serveur la carte de l’apéritif. Un beau dépliant, qui comprenait surtout les vins. C’était un lieu très luxueux, ici. Dans un sens, un tel endroit rappelait à Félicia son ancienne vie, avant qu’elle ne fasse l’objet d’un programme de protection du S.H.I.E.L.D., et ne se retrouve à Seikusu. A Manhattan, elle avait une petite fortune, et dînait fréquemment dans ce genre d’endroits. Un passé assez révolu, maintenant. Aoki proposa de commander du vin, et Félicia hocha la tête, afin qu’elle se détende. Félicia s’empourpra assez légèrement. Nerveuse, elle ? Mais pas du tout ! Enfin si, un peu, mais pas de quoi en fouetter un chat non plus ! Difficile d’avouer à Aoki que c’était son premier rencard depuis des mois… Et encore, elle ignorait si c’était, pour Aoki aussi, un rencard, même si son collier en forme de cœur semblait aller dans ce sens.

« Et bien… Je prendrais bien un peu de vin, oui… Pourquoi pas… Hum, voyons… »

Elle n’y connaissait quasiment rien en matière de vins et d’œnologie, et prit donc la chose qu’elle prenait depuis des années dans ce genre de restaurants. Elle regarda la carte, et fut sauvée en voyant qu’il y avait un vin estampillé « grand cru Saint-Émilion ». Un vin rouge.

« Je vais prendre le grand cru de Saint-Émilion… »

Aoki lui posa ensuite une autre question, et Félicia sourit légèrement. La première fois qu’elle ne venait pas ici pour affaires… Une autre perche tendue, et Félicia comptait la saisir, celle-là, tant elle était grosse ! Elle se sentait rassurée. Chaque seconde qui passait l’amenait de plus en plus à réaliser que, oui, Aoki devait apprécier le contact de Félicia. Qu’elle l’apprécie, c’était un bon début, mais ce n’était pas uniquement ce que Félicia voulait. Elle voulait aller encore plus loin ! Elle lâcha donc :

« Et bien… Quand j’étais à New York, j’allais souvent dans des restaurants de ce genre, mais, depuis que je suis à Seikusu, je dois bien dire que mes critères ont plutôt bien baissé… Me retrouver dans un tel restaurant, c’est… Grisant… Surtout en ta compagnie ! On peut dire que je viens dans un restaurant comme ça rien que pour toi. »

Il était relativement inutile de dire à Aoki qu’elle passait son temps à manger dans les fast-foods. Ce ne serait pas vraiment un beau moyen de la séduire ! Félicia la regarda donc, observant son collier, et finit par dire à son tour :

« Très beau collier… » nota-t-elle alors.

Une chance qu’elle apprécie Aoki. Elle aurait autrement pu le lui voler ! Certes, ce collier ne valait pas grand-chose, mais elle aimait bien le motif… Il était… Assez explicite. Bien plus que son collier de perles, en tout cas.

« Pardonne donc ma nervosité… Je n’ai plus l’habitude… » se défendit-elle.

Il y avait d’autres raisons qui expliquaient sa nervosité, mais elle ne pouvait tout de même pas dire à Aoki de but en blanc : « Ce qui me rend nerveuse, c’est imaginer ma tête entre tes seins, ou te dire que je suis une ancienne cambrioleuse de haut niveau qui a failli mourir au moins vingt fois au cours de sa vie ! » Mieux valait temporiser…

Maintenant qu'elle était avec Félicia, la soirée pouvait enfin débuter. Elle avait patienté que sa nouvelle amie débarque ici de commander quoi que ce soit hormis de l'eau. Durant son attente, elle pensait à la tenue qu'allait porter la jeune femme, ce qu'elles allaient manger et surtout ce qu'il pouvait ce passé ensuite? Lors de leur rencontre au parc, elle n'avait pas eu ce genre d'idée, se disant juste qu'elles allaient discuter et faire connaissance mais après tous ses petits compliments échangés, son avis sur Félicia avait changé. Et en la voyant arrivée dans cette robe qui la rendait bien valeur, inutile de dire qu'elle avait bien envie de continuer la soirée chez elle ou chez Félicia si elle le désirait. Aoki faisait tout pour qu'elle se détende, elle ne lui voulait pas de mal après tout, loin de là même! À son compliment, elle ne fit que sourire un peu plus en l'observant, deux femmes exquises dinant dans un restaurant, de quoi questionner certains clients sur la suite des évènements. Invitant son amie à se détendre avec un peu de vin, elle la laissait choisir sans guider ses pas puis fermait le menu en choisissant la même chose. C'était un bon choix après tout, surtout qu'elle préférait le vin rouge au blanc. Parlant un peu de son ancienne vie à New York, la manager écouta ses paroles attentivement avant de lui décrocher un petit sourire.

« Eh bien, je suis donc la seule à avoir l'honneur d'être avec toi dans un restaurant depuis ton arrivée? Hum hum, intéressant... »

Ce petit mot pourrait la faire réfléchir un peu sur ce qu'elle voulait dire vraiment. Elle avait l'honneur d'être avec elle, c'était donc rare et il y avait peut-être plusieurs raisons à cela? Pas le temps, qu'elle était exigeante, qu'elle avait fait une exception, bref, ça ne manquait pas d'idée tout ça. Elle complimenta ensuite ce qu'elle portait autour du cou et la jeune femme le toucha du bout des doigts pendant que Félicia s'excusait à cause de sa nervosité, c'était mignon! Ce collier avait certes une histoire qui n'était pas des plus charmantes mais elle se sentait d'humeur à en parler, ne serait-ce que pour attendre le vin qui ne tarderait pas.

« Ce collier est un des seuls cadeaux que j'ai gardé, un cadeau d'une relation je précise. Le premier cadeau de mon premier petit copain. »

Le vin arrivait et le serveur déboucha la bouteille devant elles en servant deux verres en laissant la bouteille avec elles. Aoki le remercia d'un signe de la tête avant de reprendre.

« J'ai tout jeté de ce qu'il avait pu m'offrir une fois séparé, vêtements, bijoux, photo, tout sauf ceci. Cela devait être le plus beau cadeau qu'un homme m'ait fait. À l'époque où il m'aimait vraiment... »

Avant de se jeter dans les bras de la première pouf qu'il avait vu une fois que sa « petite amie » lui ai offert sa virginité. Un salaud de première oui! Mais ça, elle n'était pas obligée de le savoir. Dégustant une toute petite gorgée de vin, Aoki semblait ravi de ce choix et déposa le verre sur la table, continuant de vouloir discuter avec elle.

« Mais tout cela est de l'histoire ancienne et j'ai appris à ne pas craquer au moindre « je t'aime » de la part de quelqu'un. »

Replaçant une de ses mèches derrière son oreille, la jeune femme observa Félicia avec un petit sourire et un regard aguicheur. Un coude sur la table, la tête posée dans la main, elle se demandait ce à quoi elle pouvait penser d'elle? Dur en amour? L'objet de leur séparation? Pourquoi n'avoir gardé que ce petit bijou qui ne valait pas tellement chère alors qu'elle avait surement mieux parmi tous les colliers et les bagues offertes par ce même homme un peu plus tard.

« Et toi Félicia? As-tu eu le coup de foudre pour quelqu'un un jour? Au point que malgré la haine ou l'amour que tu lui portes aujourd'hui, tu ne puisses te séparer d'un objet? »

Elle aurait pu simplement lui demander si elle avait eu une relation sérieuse auparavant ou un petit objet comme elle qu'elle gardait en souvenir mais autant faire les deux en même temps.

Le serveur ne tarda pas à venir, apportant ce que les femmes avaient demandé : une bouteille de vin. Professionnel, il montra à chacune des deux femmes l’étiquette de la bouteille. Un léger sourire éclaira les lèvres de la Chatte Noire, et il la déboucha alors devant elles, en expert, avant de remplir les verres à pied à la manière des serveurs de ce type de restaurant. La bouteille remonta rapidement, versant le vin dans le verre, sans qu’une seule goutte ne dépasse. Le serveur se retira ensuite avec un sourire poli, et Félicia contempla son verre. Elle se surprit à légèrement rougir quand Aoki se contenta de dire que le fait qu’elle soit la seule à avoir traîné Félicia dans un tel restaurant soit « intéressant ». A dire vrai, le dernier restaurant auquel Félicia avait été, avant celui-là, était un fast food à proximité du lycée. Un McDonald’s où des lycéens l’avaient convié pour essayer de la séduire. Contrairement à bon nombre de ses collègues, Félicia n’avait aucun problème à nouer des liens avec ses élèves, mais, là encore, contrairement à d’autres, elle n’avait pas encore été jusqu’à partager son lit.

Aoki lui parla ensuite de quelque chose qui troubla légèrement Félicia. Son passé... L’origine de ce collier, un petit ami qu’elle avait aimé avec passion, avant qu’il n’y ait la rupture. Félicia ne demanda pas de plus amples explications sur les causes de cette rupture. Elle comprenait. Les hommes étaient tous des lâches... Mais les femmes aussi, dans un certain sens. Félicia se demanda si, au fond d’elle, Aoki n’était pas toujours amoureuse de ce premier amoureux... Comme elle avec Morbius... Mais, à bien y réfléchir, ce n’était pas tant de Morbius que Félicia était toujours amoureuse, mais de ce que ce dernier avait fait naître, et qu’elle n’avait retrouvé avec personne, et qu’elle ne retrouverait plus jamais : une espèce d’idéalisme fiévreux, de surpuissance à l’idée d’être, non seulement amoureuse, mais aussi unie avec quelqu’un, unie pour la vie. L’union fait la force, disait-on... Avec Morbius, elle s’était crue invincible, elle avait cru qu’elle pouvait survivre à tout, tant qu’elle continuerait à l’aimer. Oui, avec lui, elle avait compris en quoi l’amour initial avait un zeste de folie, car elle était devenue folle, complètement déraisonnable.

Félicia sortit de ses pensées lorsqu’Aoki lui demanda si elle n’avait pas connu l’amour également. Un léger sourire se contenta d’éclairer les lèvres de la Chatte Noire. Retrouvant ses esprits, elle consentit à donner quelques explications à cette dernière. Un juste retour des choses... Faisant rouler entre ses doigts le verre de vin, elle parmla donc :

« Et bien... On peut dire ça, oui... C’était même un sacré coup ! lâcha-t-elle avec un léger sourire. Mais ce n’était pas mon premier petit copain... Ou fiancé, devrais-je dire... Mes premières relations, je les ai eu à la fin du collège. Mais bref... Inutile de revenir trop loin... Il s’appelait Morbius... Michael Morbius... Il avait un charme fou... Il venait d’Europe de l’Est, après tout, et... Bref, je l’ai follement aimé, et c’était réciproque... »

Elle soupira lentement. Inutile de trop en dire, mais elle devait quand même aller jusqu’au bout :

« Malheureusement, il y a eu des complications... »

En parler ne dérangeait pas vraiment Félicia, mais elle se voyait mal dire à Aoki que Morbius était devenu un vampire. Il fallait trouver un moyen de dire ça sans passer pour une cinglée... Les vampires et autres créatures fantastiques étaient certes monnaie courante à Seikusu, mais Félicia ignorait si Aoki le savait.

« Disons que Morbius a rencontré des problèmes, et qu’il a du quitter New York... J’avais pensé le suivre, mais cette nouvelle vie que ça impliquait... C’était trop pour moi... Il m’arrive parfois de dire que c’était une erreur de ne pas l’accompagner... Mais c’est assez rare. »

Devenu vampire, Morbius avait voulu rester seul, afin de lutter contre sa maladie. Félicia avait hésité à le suivre, à plaquer tout New York, et elle avait commencé par le suivre. Morbius avait fait équipe avec Blade pour chasser d’autres vampires, mais elle avait rapidement compris que cette vie n’était pas la sienne. Être constamment sur les routes, dormir dans des cloaques, et avoir comme petit ami un vampire assez particulier, et comme confident un chasseur de vampires fanatique... Non, ce n’était pas pour elle ! Elle avait fini par partir. A New York, elle avait pleuré comme une madeleine pendant une semaine dans sa salle de bains.

« Il y en a un autre, ensuite... Également un scientifique... Mais ça n’a pas marché... Sur ce coup-là, c’est lui qui était trop lâche... »

Peter Parker. L’éternel énigme Parker, alias le Tisseur. A côté de ses pompes, il n’avait jamais compris que son alter ego, Spider-Man, était en réalité ce qu’il était vraiment. Un super-héros était quelqu’un de très schizophrène, et dont l’existence amenait à se demander qui était dominant chez lui : le costume, ou la personne qui était dessous ? Pour Félicia, le doute n’était pas vraiment permis. Dans la phase qui avait suivi sa rupture avec Morbius, elle était devenue à part entière la Chatte Noire, et elle avait tenté de convaincre Spidey que, dans le fond, Peter importait peu, et se sacrifiait en permanence devant l’Homme-Araignée. Il n’avait pas compris, et c’était lui qui avait rompu. Même aujourd’hui, Félicia en conservait une certaine rancœur.

« Et, pour conclure la saga des coups de cœurs brisés, le dernier était un sportif... Il a tenu bien plus longtemps que les autres, vu que nous avons été mariés, mais, là encore, ça n’a pas marché... »

Elle hésitait à dire à Aoki qu’elle était mère de famille. Il y avait là de quoi faire fuir n’importe qui ! Elle se contenta donc d’attraper son verre de vin.

« Je propose de trinquer aux petits copains idiots ! »

Félicia but une gorgée, et ajouta ensuite, avec un léger sourire :

« C’est bien pour ça que je préfère me tourner vers l’autre sexe, maintenant... »

C’était un demi-mensonge. Félicia n’était pas devenue une lesbienne convaincue, mais avoir une petite amie n’était pas pour la déranger maintenant.

« Quant aux objets, non, je n’ai rien conservé de mes précédents ex’... A part deux choses, mais elles sont irremplaçables... »

Le serveur arriva à cet instant, confirmant ce talent inné que les gens avaient pour débarquer lors des situations impromptues :

« Désirez-vous prendre commande, Mesdames ? »