Pour Hardos et Harmony, les choses se passèrent plutôt bien dans les jours qui suivirent. Hardos continua à suivre sa formation, et Mélinda nota un léger rapprochement entre lui et Matsuya, ce qui ne manqua pas de l’amuser. Comme quoi, il fallait croire que le valeureux guerrier, résolu à ne pas s’approcher trop près du harem, était en train de succomber doucement aux tentations de ce dernier. Quant à Harmony... La jeune femme se sentait encore proche de Mélinda, qui venait la voir chaque jour, mais ne s’amusa plus à jouer avec sa nervosité et sa timidité comme au début. Au-delà de ça, Mélinda avait aussi un emploi du temps très chargé, ce qui faisait qu’elle ne pouvait pas passer autant de temps qu’elle le voulait avec Harmony, laissant le soin à la jeune fille de se rapprocher des autres membres du harem. Harmony put ainsi constater que, au-delà du sexe, les membres du harem étaient très proches entre eux.
Rapidement, en réalité, Harmony se retrouva à s’occuper des bébés du harem. Mélinda n’avait pas que des courtisanes ou autres prostituées, mais aussi de multiples enfants, fils et filles de ses esclaves. Elle entretenait ainsi, dans le quartier dévolu aux esclaves, une agréable nurserie, où on nourrissait les bébés et les enfants. Élever des enfants dans un harem semblait être une gageure, mais c’était bien le cas. On rassura Harmony sur le fait que les enfants étaient, certes formés sexuellement, mais ne passaient à la pratique qu’en ayant atteint la majorité sexuelle. Ils baignaient dans une ambiance sexuelle qui ferait d’eux de très bons esclaves ensuite. En tout cas, personne ne se plaignait de cette situation, surtout les esclaves venant d’autres demeures. Harmony apprit ainsi que Mélinda Warren faisait partie des esclavagistes les plus appréciés, et que, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, certaines personnes choisissaient volontairement de devenir esclaves. Terra était un monde dangereux, hostile, et, quand on avait pas les moyens d’assumer cette liberté, l’esclavage était une bonne manière de s’épanouir, dans un environnement sûr et agréable.
Entre-temps, le jour fatidique approchait, celui où, enfin, Hardos et Harmony allaient pouvoir être séparés l’un de l’autre. Il avait fallu du temps, non seulement pour que Samara soit prête, mais aussi pour qu’elle réunisse les différents ingrédients. Avant le rituel, Samara eut un entretien avec Hardos, et avec Harmony, à l’académie magique. C’est là qu’elle s’assura de leur consentement, tout en leur expliquant les subtilités du rituel à venir.
« Je n’ai encore jamais fait ça, prévint-elle d’emblée. Et, s’il y a bien quelques livres théoriques sur la schizophrénie magique, ou sur la dissociation d’âmes, je n’ai pas peur de vous dire que vous allez être des cobayes. »
La question la plus délicate à trancher fut celle de savoir quelle âme se déplacerait. Samara montra ainsi, aussi bien à Hardos, qu’à Harmony, un corps sans vie.
« Il a été façonné par la magie et par l’alchimie, expliqua-t-elle. C’est un corps sans vie, dans lequel l’un de vous deux se rendra. »
Généralement, on utilisait ce procédé pour créer des Homoncules, mais, ici, ce corps servirait à abriter, soit Hardos, soit Harmony. Les deux se dévouèrent, mais Samara opta pour Hardos, qui avait l’air plus résolu qu’Harmony. On dota donc le corps d’un sexe masculin, accélérant par la magie sa croissance. Créer un corps était un exercice difficile, et Samara avait dû s’aider de plusieurs assistants. Le corps était finalement fin prêt le jour du rituel.
Ce jour-ci, donc, Harmony se réveilla. Il fallait que ce soit avec Harmony, car le rituel consisterait à extraire la personnalité et l’âme d’Hardos pour la glisser dans le corps nouvellement créé. Si le rituel présentait, somme toute, peu de risques pour Harmony, c’était beaucoup plus délicat pour Hardos. Le corps pouvait présenter des imperfections, Hardos pouvait ne pas réussir à s’y habituer, perdre la raison... Ou le rituel pouvait tout simplement échouer.
Ce matin précis, quand Harmony se réveilla, elle eut la surprise de voir que Mélinda était déjà debout, et lui souriait doucement, caressant d’une main sa joue et son visage.
« Tu as bien dormi, ma chérie ? Aujourd’hui, c’est le grand jour... »
Mélinda ne le montrait pas, mais elle était relativement nerveuse. Rien, en effet, ne lui garantissait que le rituel allait fonctionner...