Depuis le toit, Rouge avançait en mode accroupie, longeant certains obstacles pour éviter le regard circonspect du garde. Il n’y en avait qu’un dans le coin, et elle tenait, dans la mesure du possible, à éviter un affrontement. Rouge s’avançait donc vers l’une des gaines de ventilation, quand elle entendit du bruit. Surprise, elle tourna rapidement la tête, mais comprit que ce n’était pas pour elle. Un rival ? Sûrement.
« Halte là... entendit-elle. Haut les mains qui êtes vous ? »
Elle se tenait près de la gaine, et vit que l’agent de sécurité pointait son pistolet tranquillisant sur un homme. Cet homme fit alors preuve d’une très grande rapidité, assommant le garde, le laissant étalé sur le sol. Rouge fronça les sourcils, et l’homme sembla alors le remarquer. Elle se tint prête à un éventuel combat, mais l’homme choisit, non pas de l’attaquer, mais de la narguer.
« Bonsoir... Il faut un temps parfait pour aller emprunter des objets précieux n'est-ce pas ? »
Il s’en alla ensuite, emportant l’uniforme de l’agent. Rouge s’avança lentement vers le rebord du toit. L’homme avait fait un saut de cinq mètres, et se reçut parfaitement sur le sol. Ce n’était donc pas un humain normal, et elle le vit approcher des escalators de la pyramide de verre, déguisé en vigile. Elle n’était pas sûre que l’infiltration de cet homme risquait de fonctionner longtemps, car il y avait certains dispositifs de sécurité importants dans le musée. Peu lui importait... Son objectif était de se rendre à l’entrepôt, et elle retourna près de la gaine, utilisant l’un des gadgets de Torino pour l’ouvrir. Il s’agissait, comme dans les films, d’un petit dispositif laser incorporé à son poignet. Elle fit sauter les supports de la grille, et se laissa descendre dans le conduit, descendant lentement, utilisant ses ailes pour ralentir sa chute.
Elle atterrit au milieu d’une série de conduits, et s’avança lentement. Étant de petite taille, elle pouvait plus facilement avancer dans ces espaces réduits, et voyait, depuis certaines grilles, des ventilateurs en train de tourner, ou des couloirs avec des gardes. Il y avait un bon personnel de sécurité, et elle consultait le plan holographique offert par Torino, afin de se diriger vers l’entrepôt. Elle suivait ainsi le long des conduits, jusqu’à devoir en descendre, étant bloquée par un ventilateur. Elle utilisa encore son dispositif laser, et atterrit dans une petite pièce sombre. Elle ne se tenait pas près des galeries, mais dans la section administrative. Rouge s’avança près de la porte, l’ouvrit, et s’engagea rapidement dans un couloir blanc et carrelé. Elle entendit des bruits sur sa droite, et vit une grande porte menant à l’un des garages.
« Dépêchez-vous d’amener la caisse ! » entendit-elle un homme parler.
Rouge rebroussa chemin, ouvrant une autre porte, et traversa une sorte de petit laboratoire aux lumières éteintes, probablement l’une des parties du musée où on devait analyser les pièces qui étaient récupérées. Elle trouva ensuite un escalier de service, et le descendit, puis approcha d’un couloir, où elle s’arrêta, interdite. A gauche comme à droite, elle remarquait d’étranges capteurs, et enfila ses lunettes, les programmant sur un monde de vision spéciale, qui lui permit de voir une série de lasers. Si elle passait par là, les lasers détecteraient qu’elle n’appartenait pas au personnel autorisé, et l’alerte serait déclenchée.
Se mordillant les lèvres, l’agent secret opta donc pour trouver un moyen de désactiver les lasers, et partir sur sa droite, se rapprochant d’une porte. Elle resta derrière elle, et utilisa un autre de ses gadgets. Elle fit passer sous la porte un petit cube, très fin, qui lui permit de voir l’intérieur de la pièce. C’était une salle de surveillance, avec un agent de sécurité qui se tenait près des ordinateurs, probablement en train de lire une revue. Rouge récupéra son appareil, et entrouvrit lentement la porte. Elle produit néanmoins un petit bruit qui amena le garde à se retourner.
« Qui va là ? »
Rouge pesta, et ouvrit rapidement la porte, déployant ses ailes pour foncer sur l’homme. Son pied décrivit une courbe en l’air, et frappa l’agent à la tête, envoyant sa tête s’écraser sur le rebord de son bureau. Il tomba sur le sol, gémissant, et Rouge leva bien haut son pied, et l’abattit en plein sur la tête du garde, l’assommant pour la nuit. Ce faisna,t et sans perdre de temps, ellepianota sur les claviers, et parvint à désactiver les lasers. Elle récupéra le badge du garde, sortit rapidement de la salle de contrôle,e t se dépêcha d’aller ouvrir la porte de stockage menant à l’entrepôt.
L’entrepôt était sombre, éclairé par quelques néons, et comprenait énormément de caisses et de cartons. Ils étaient tous marqués, et Rouge retourna sur sa tablette tactile, et obtint l’un des fichiers joints fournis par le GGT pour l’aider dans sa mission : le relevé d’immatriculation des cartons. Elle consulta la liste, jusqu’à trouver le code qui l’intéressait : « B-023 ». Elle savait que les cartons étaient rangés par galeries, et chercha donc l’emplacement correspondant à ce que, administrativement parlant, on appelait la galerie B. Elle utilisait ses ailes pour se déplacer, et finit par trouver les cartons... Lorsque la porte s’ouvrit.
Utilisant instantanément ses ailes, Rouge se dissimula derrière des cartons, regardant par des interstices pour voir un garde s’avancer. Qu’est-ce qu’un garde fabriquait ici ? Et pourquoi n’y avait-il pas l’alerte ? Le seul chemin menant à la salle de stockage passait près du poste de sécurité, et un garde aurait du noter que le vigile s’occupant des lasers faisait la sieste. Il y avait quelque chose de louche, et Rouge vit l’homme s’avancer, observant les cartons. Il agissait de manière étrange, et elle comprit qu’il devait s’agir de l’homme qu’elle avait aperçu.
Il se rapprochait d’elle, et elle réfléchit sur la meilleure manière de l’aborder. Il était vif et puissant, elle l’avait vu à l’œuvre, et un combat n’était pas spécialement requis. Rouge disposait d’un court laps de temps avant de se faire remarquer. Elle réfléchit donc assez rapidement, et finit par se dresser, atterrissant avec ses ailes sur l’un des cartons, toisant l’homme depuis sa hauteur.
« En règle générale, je n’aime pas la concurrence, mais je devrais pouvoir faire une exception. Ton déguisement ridicule ne tiendra pas longtemps si on se fait repérer, alors je te conseille de me laisser prendre ce que je cherche. »
Un néon éclairait le corps de Rouge, qui avait ôté ses lunettes, et portait donc sa tenue habituelle, en latex.