[
HRP – Pour les besoins de ma réponse, je vais faire brièvement jouer Hiei, en faisant sorte qu’il attaque Calamité quand ce dernier attrapera Miléna. Si cette intervention te dérange, n’hésite pas à me le signaler, et j’éditerai en conséquence !]
Le Guide les regarda partir, sans rien penser, sans rien dire. Ce n’était pas son rôle. Il n’était ni triste pour Miléna, ni heureux. Il se contentait d’accomplir son rôle, et disparut, tandis que le trio marchait vers Gorgolha. Un peu de neige commençait lentement à tomber, mais ils étaient encore trop bas pour que la neige tombe vraiment, et recouvre entièrement le passage. Plusieurs sentinelles vinrent attaquer les trois Kuro Yume, et ces dernières se défendirent, avant d’attaquer le village, Miléna utilisant sa magie pour se battre. Un gong ne tarda pas à résonner, avertissant d’une attaque. Les barbares et les guerriers se reposaient dans la partie de la ville qui se situait sous la grotte, Hiei, Miléna, et Misha n’affrontant que des sentinelles ou des femmes qui étaient en train de surveiller leurs enfants en train de jouer. On entendit des cris de rage, des hurlements, et, finalement, les Kuro Yume prirent en otage des enfants, calmant ainsi le jeu. Ils avaient beau être forts, contre tout un clan, les Kuro Yume n’avaient aucune chance.
Tous les barbares de Gorgolha déferlaient. Des guerriers massifs, énormes, furieux, lourdement armés. Quant à leurs femmes... Seules les esclaves étaient frêles et douces, mais elles se trouvaient dans la caverne, dans des enclos. Les femmes barbares étaient robustes, massives, nerveuses, avec de la fourrure, des tatouages. Elles tenaient des haches, des gourdins, des épées, et les guerriers du clan approchaient massivement, tenant d’énormes boucliers, ou des haches à deux mains. Miléna avait capturé un gosse qui semblait terrorisé, et menaçait de le tuer si elle n’obtenait pas des informations.
Un léger moment de flottement plana, alors que les barbares se mettaient lentement en position, leurs regards haineux et furieux toisant les trois agresseurs. Si seulement Miléna avait songé à écouter plus attentivement le Guide, elle aurait su que les barbares ne connaissaient pas la pitié. Elle aurait su que trahir leur Dieu était pour eux le pire de tous les crimes. Elle aurait su qu’ils n’hésitaient pas à sacrifier les leurs, car leur fierté était à la hauteur de leur cruauté et de leur folie. Elle aurait su, en définitive, qu’attaquer de front un clan de tueurs nés était suicidaire. Les barbares étaient maintenant autour des trois Kuro Yume, et se mirent alors à frapper sur leurs boucliers, tout en poussant des cris de rage et de provocation.
«
HOU ! HOU ! HOU ! HOU ! HOU ! HOU ! »
Les cris se répercutaient violemment, les armes en fer s’entrechoquant sur les boucliers. Un immense Barbare était en train de s’approcher. Il avait une longue chevelure noirâtre, de longs tatouages, et portait une épée et une longue lance, les barbares s’écartant prudemment sur son passage. Il était le champion du clan, il était un Barbare qui avait été formé par Jür-Günd, un tueur impitoyable qui avait massacré à lui tout seul, à mains nues, une meute de loups sauvages. Il s’appelait
Calamité, et il s’avançait vers les ennemis, tout en attrapant une hachette qui avait servi à découper de la viande.
Calamité Calamité visa soigneusement, tandis que les barbares se mirent à rigoler. Les Kuro Yume devaient maintenant comprendre que quelque chose ne clochait pas, mais ils étaient encore loin de leur surprise.
«
Pour notre Dieu, nous mourrons avec plaisir ! Aaaaah ! »
Et la hachette s’envola, et alla se planter entre les deux yeux de l’enfant que Miléna tenait, et tous avaient alors hurlé, même la victime :
«
HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!! »
Un cri de guerre terrifiant, qui donnait l’impression que toute la montagne grondait de rage. La hachette se planta bien, et l’enfant cessa de crier. Alors, les Barbares utilisèrent leurs frondes. Un énorme caillou atteignit Miléna sur l’arrière du crâne, et d’autres volèrent. Les enfants, nombreux, en balançaient en rigolant. A chaque fois que la sorcière tentait d’envoyer un sort magique, un caillou venait s’écraser sur son visage, sur ses mains. La situation se calma quand Calamité s’était rapproché des Kuro Yume. Les frondes cessèrent alors, et l’immense main du géant attrapa Miléna à la gorge, l’étranglant en la soulevant comme un fétu de paille. Calamité était indéniablement né sous le bon regard des Dieux, et les sages du clan avaient dit qu’il était fils des Dieux lointains. La femme était frêle. Il aurait pu briser ses os avec ses doigts. Il la souleva en l’air, serrant son cou, le broyant... Et sentit alors une petite démangeaison au niveau de son dos.
Tournant la tête, Calamité vit un autre asticot qui avait planté dans son dos son épée. Le sang se mit à dégouliner, et Calamité réagit en conséquence. Il frappa avec sa main libre la tête d’Hiei, envoyant ce dernier voler sur plusieurs mètres. Bien des historiens, quand ils analysent les mythes antiques, estiment que ces derniers sont généralement des récits historiques mystifiant d’anciens héros ancestraux, dont il ne restait plus aucune trace écrite d’eux que les légendes. Si tel était vrai, alors les Kuro Yume se tenaient sûrement devant l’homme qui, bien des millénaires après, serait connu comme étant Hercule. Les Kuro Yume ne pouvaient pas le savoir, mais Calamité était atteint d’une maladie génétique excessivement rare, si rare que les anciens avaient dit qu’il était béni des Dieux. Il était incapable de ressentir la moindre douleur physique. Il était atteint d’un syndrome appelé «
analgésie congénitale », et qu’on appelait ici un don des Dieux.
«
Vous avez du cran, pour des gringalets. Khorne vous a envoyé à nous pour éprouver notre loyauté envers lui. Du sang pour le Dieu du Sang ! -
DU SANG POUR LE DIEU DU SANG ! DU SANG POUR LE DIEU DU SANG !! reprit la foule, en poussant des rugissements hystériques.
-
Du sang pour le Dieu du Sang ! Du sang pour le Dieu de la Bataille ! Du sang pour Khorne, DU. SANG. POUR. KHOOOOOORNE !!!!! -
KHOOOOOOORNE !!!!!!! KHOOOOOOOOOOOOOOORNE !!!!!! KHOOOOOOOOOOOORNEEE !!!!!! »
Et Calamité poussa un hurlement de rage. La Voie modifiait légèrement la réalité, car le dialecte des barbares était aisément compréhensible. Il balança alors Miléna sur le sol, et l’écrasa avec tout son poids, un pied en milieu de son dos. Calamité sortit alors l’une de ses dagues, et s’ouvrit le torse avec, laissant son sang ruisseler sur son torse. Il poussa un rugissement, brandissant son poignard ensanglanté dans le ciel. Pour les Kuro Yume, la fin était venue.
Ce fut à ce moment qu’une voix résonna. Elle parlait dans un dialecte ancien, et les barbares l’écoutèrent. L’homme était chauve, avait une longue robe noire, et n’était rien de plus qu’un prêtre du Chaos. L’un des prêtres du Dieu maudit, Khorne. Le prêtre du Chaos parla à Calamité, et ce dernier grogna, tout en cessant de broyer le dos de Miléna. Les blessures de l’immense Barbare avaient déjà cicatrisé, ce qui montrait que ce dernier avait des compétences magiques, notamment des facultés régénératrices. Il était béni des Dieux, et finit par pousser un nouveau rugissement, puis pointa son épée vers Miléna.
«
Du sang pour le Dieu du Sang ! Khorne a parlé ! Nous vous mettons à défi ! Choisissez votre champion, et il m’affrontera dans l’arène en hauteur ! Ce combat décidera de votre sort. Si vous échouez, nous vous massacrerons tous. Si vous tentez de fuir, nous vous massacrerons tous, et vos corps seront offerts en offrande à Khorne ! Vous avez dix minutes pour choisir votre champion ! Si vous arrivez à vaincre notre champion, alors nous vous mènerons à Jür-Günd. »
Et, sur ce, les Barbares s’éloignèrent. Personne ne vint pleurer le cadavre de l’enfant, et le prêtre du Chaos offrit un regard noir et sinistre à Miléna, avant de sourire, révélant des dents noirs et pourris. Miléna allait-elle ressentir le frisson que toutes les sorcières ressentaient en le voyant ? Allait-elle comprendre ? Allait-elle avoir une réminiscence de son passé, revoir le bûcher et le feu, avec le prêtre qui jetait son enfant au feu ? Allait-elle comprendre ce qu’était la Voie ? Et que le pire ennemi d’une sorcière se tenait devant elle ? Le prêtre du Chaos n’engagea pas la conversation, et partit, se volatilisant.
«
Il semblerait que votre petite approche rapide n’ait pas été si efficace que cela lâcha alors le Guide en les rejoignant.
La Déesse vous avait pourtant prévenu, je crois, que la Voie serait difficile. Les individus que vous affrontez ne sont pas de simples gardes pétochards. Ce sont des Barbares, des créatures de légende. Même les Spartiates s’inclineraient devant eux. Je vous conseille sérieusement de commencer à réfléchir, et à cesser de laisser votre impulsivité et votre rage vous guider. Le premier Sentier n’est pas terminé que vous avez déjà attiré à vous Eliphas. »
Eliphas... Le prêtre noir... Le Guide regarda alors Miléna.
«
Oui, Miléna... Eliphas... Ce nom ne doit rien te rappeler, mais il doit t’effrayer, n’est-ce pas ? Vous le croiserez encore, et, si vous n’êtes pas capables de réfléchir, Eliphas vous massacrera. »
Le Guide s’avança. Une tempête de neige se levait, et il contemplait le cadavre de l’enfant.
«
Croyez-en mon conseil. Quand on veut faire quelque chose, il faut le faire à fond, et ne pas s’arrêter à mi-chemin. Cette Voie, c’est votre voie. Ce guerrier impitoyable sera votre prochain adversaire, et vous ne le terrasserez pas avec un simple sort magique. »
Le Guide se permit alors de faire ce qu’il n’était pas supposé faire. Néanmoins, les vieilles habitudes avaient la vie dure, et il était, pour le coup, franchement déçu. Il les avait mis en garde, il leur avait dit que ce clan était solidement gardé, et, malgré ses avertissements, ils avaient foncé dans le tas sans se poser de questions, avec cette arrogance propre aux sorcières, cette arrogance qui avait jadis causé leur perte, cette croyance saugrenue que la magie les protègerait de tout, et les rendait invincibles.
«
J’ignore ce que votre Déesse peut vous trouver pour vous accorder une telle confiance. »