La jeune Da'Vere, et son protecteur, venaient de quitter le dernier village qui les avaient accueillis. Ils voyagaient beaucoup. En particulier parce que la jeune femme était avide de connaissance et cherchait des livres rares à se mettre sous la dent. Depuis le temps, d'ailleurs, ils en avaient acquis énormément. La somme d'or qu'elle avait semblait illimitée. Henree se demandait d'ailleurs d'où elle la tenait, où elle la cachait, etc... Pour transporter ce trésor de connaissance, ils avaient fait l'acquisition d'un chariot et de deux juments de trait. En plus d'un étalon à côté. Et encore, le chariot commençait à être rempli. Des bouquins partout. Presque plus de place pour les provisions. Heureusement, les juments étaient robustes, et elle pouvaient traîner sans peine ce lourd chargement. Le plus souvent, c'était Cloé qui conduisait le chariot. Henree aimait se balader sur l'étalon. Immense bête, avec la robe d'un noir d'encre, aux muscles puissants... Une bête de guerre. Qui convenait parfaitement au guerrier. Même les yeux de l'étalon semblaient aussi effrayants que ceux du colosse. L'iris était fait d'or liquide on avait l'impression, ce qui tranchait avec l'obscurité de sa robe. Cloé en avait peur elle-même. Elle refusait de l'approcher plus que nécessaire, et elle avait failli faire une crise d'hystérie quand son garde du corps lui avait proposé de le monter pour aller plus vite. Car c'était la première chose qu'ils avaient acquise. Une monture. Henree n'avait pas insisté, mais n'avait pas caché son hilarité.
Cela faisait trois heures qu'ils parcouraient ainsi les landes désertes et brûlées par le soleil, qu'ils ne croisaient pas âme qui vive. Pas l'ombre de la queue d'un chat, d'un loup, ou de l'aile d'une mouche. Et puis, alors que la journée touchait à sa fin, Henree -qui avait une vue perçante- remarqua la silhouette de ce qui pourrait être un village. Il confia un long poignard à Cloé, qui regarda l'arme avec de grands yeux apeurés, et lui indiqua comment s'en servir en cas d'attaque. Pendant le temps où il irait en repérage, il ne craignait pas trop pour sa vie, mais on ne sait jamais. Il laissa donc la jeune femme conduire le chariot alors qu'il élançait l'étalon au triple galop. Non seulement pour lui faire prendre de l'exercice, mais pour se rapprocher au plus vite de ce qui lui semblait être un village.
Et au bout d'une petite demi-heure, alors que l'étalon ralentissait près des murailles du village, le guerrier aperçut une forme à terre. Jetant un regard derrière lui, il vit le chariot qui se rapprochait lentement mais sûrement. Il estima le trajet jusqu'ici à une heure, et se dit qu'il ne pourrait rien arriver de trop grave s'il la laissait cinq minutes de plus sans surveillance. Après quoi, il arrêta l'étalon, démonta, et s'approcha de la forme évanouie. Il prit son pouls, en premier lieu, et une fois rassurée -elle vivrait- il la souleva dans ses bras. Il remonta à cheval, son fardeau dans les bras ne semblant pas le gêner d'un iota, et pénétra dans le village à la recherche d'une auberge. Il allait prendre une chambre pour que cette inconnue puisse se reposer, et appellerais un médecin car elle semblait blessée. Il prendrais ensuite une chambre pour lui et Cloé, et irait la rejoindre le temps que le médecin examinerait la jeune femme inconsciente.
L'auberge ne fut pas difficile à trouver. Tout en réservant deux chambres, Henree discutait avec l'aubergiste. Il se renseignait pour un médecin. Mais malheureusement, le seul qu'il y avait ici venait de mourir de vieillesse. Le guerrier soupira. Il installa la jeune femme dans l'une des chambres, verrouilla la porte pour qu'elle ne risque pas de visites indésirables, puis reprit son étalon pour aller chercher Cloé. Il la croisa à mi-chemin du trajet. Elle semblait dans ses pensées. Il l'accompagna jusqu'au village, l'informant qu'il avait réservé une chambre pour eux deux. Et il lui raconta aussi qu'il avait trouvé une jeune femme inconsciente ayant besoin de soin, mais qu'il n'y avait plus de médecin dans ce village.
La bonté de la jeune fille était telle qu'à peine arrivée à l'auberge une vingtaine de minutes plus tard qu'elle laissa Henree s'occuper de trouver un endroit pour le chariot et les chevaux, après avoir prit ses affaires (herbes et potions en tout genre), et se précipita jusqu'à la chambre qu'il avait mentionnée. Il lui avait passé la clé. Soucieuse de l'état de santé de cette jeune inconnue, Cloé déverrouilla la porte, ignorant si la jeune femme était réveillée ou non.