Ronald s’avança à travers quelques coursives, rejoignant rapidement les jardins à l’arrière. La belle Suki semblait émerveillée devant un tel endroit. Il fallait bien admettre que l’intérieur était à la fois luxueux et majestueux, se composant de grandes pièces, d’énormes tableaux, de lustres imposants... Le Palais d’Ivoire respirait de vie, et ils visitèrent un peu les halls et les pièces en allant vers les jardins. Situés à l’arrière, ceux-ci s’étalaient sur toute une bande, avec, à gauche et à droite, des remparts. Ces derniers se terminaient toutefois devant des rochers délimitant la fin de la falaise, et, tout au bout, il y avait un kiosque, avec, derrière ledit kiosque, une petite plateforme en bois suspendue au-dessus de la mer, faisant office de terrasse d’observation. C’était un très bel endroit, très aéré, où on aimait bien manger le soir ou le midi, en installant les tables de banquets le long de la pelouse centrale. Il y avait des parterres de fleurs, des buissons et des arbustes magnifiquement bien entretenus, quelques fontaines, et, naturellement, des gardes et des torchères le long des remparts.
Le Paladin humait l’air frais, quand la jeune femme avoua qu’il était préférable que, le jour du concert, il ne pleuve pas. Ronald sourit, légèrement amusé.
« Ce serait préférable, en effet. Un orchestre sous la pluie, ça a un charme particulier, mais, pour le public, il vaut mieux éviter d’attraper des pneumonies. »
Tout en parlant, il rejoignait le kiosque, au fond. C’était ici qu’on pouvait installer le concert.
« On peut aménager les lieux pour faire des artifices, ou des effets de lumière, ce genre de choses, que ce soit à partir des remparts, ou même depuis ce kiosque. Le faire briller, par exemple, selon vos souhaits... Comme vous le voyez, il y a de la place, mais nous utiliserons des amplificateurs sonores. »
On utilisait ces appareils lorsque les généraux faisaient des discours devant leurs troupes, afin que les soldats puissent tous les entendre. Ça n’avait rien de particulièrement sorcier, car il suffisait d’enchanter des objets pour amplifier et diffuser les ondes sonores. Ronald décrivait ainsi les lieux, quand une voix résonna dans leur dos. Ronald en était en effet à présenter la mer, en disant que le bruit des vagues et de la marée posait toujours problème, quand une douce voix fluette l’interrompit dans le cours de ses explications.
« Vous vous transformez en guide touristique, Messire Langley ? »
Surpris, ce dernier se retourna vers la jeune femme, et courba alors l’échine en mettant la main sur son plastron :
« Majesté, je... Je ne m’attendais pas à ce que...
- À ce que je me promène dans mon château ? » répliqua la jeune femme en souriant, une lueur amusée.
Elle tourna la tête vers Suki, et lui sourit alors.
« Bonsoir, Madame. Je m’appelle Elena Ivory, et je suis ravie de voir une nouvelle tête. Messire Langley vous a engagé comme garde du Palais ? »