Bien sûr, il y avait des points positifs à vivre sur Terre, mais il y en avait également des négatifs. Pour une Amazone comme Donna, une vie paisible et sans approches belliqueuses, c’était un peu comme une tarte sans sucre, un couscous sans son harissa ou une politicienne de droite sans son sel. Guerrière née, elle avait besoin de cet élan d’adrénaline, elle avait besoin de ressentir la peur de la mort, la souffrance des blessures, elle avait besoin d’exprimer complètement et intégralement son caractère pour vivre heureuse. L’adrénaline, c’était sa cam et rien de mieux que Terra pour snifer sa dose mensuelle. Donna enfilait son armure, son épée dans son fourreau qui était fixé à sa ceinture, son bouclier ficelé à du cuir au niveau du dos et son fouet magique enroulé, accroché à sa hanche gauche. Terminant cette session d’apprêt, elle faisait passer sa cape par-dessus ses épaules.
Dans Seikusu, elle cherchait puis traversait un portail au hasard.
La voilà en Ashnard, à la capitale. Les banderoles étaient hautes, les musiciens jouaient, l’alcool coulait à flot, les visiteurs étaient nombreux alors que les odeurs se mélangeaient. Miam, la pisse d’orque et la transpiration des matamores en armure. Tout ce que la matriarche aimait ! Putain... ça sentait tellement fort le médiéval que même son nouveau shampoing à la vanille n’y faisait rien, nota bene, la prochaine fois prendre du feebreze à l’Himalaya pour vaporiser ceux qui s’approcheront d’elle. Soit, pour aujourd’hui elle s’en accommoderait. De toute façon, elle n’était pas une petite tapette d’humaine et ça n’allait pas être les tendances barbares et rustres des Ashnardiens qui allaient l’empêcher de distribuer des raclées.
Elle était droite, elle était fière, elle était forte. C’était une femme matriarcale, charismatique qui n’appréciait pas les hommes et dans un endroit aussi rempli de testostérones, qu’est-ce qu’on trouvait le plus ? Des hommes. Plus elle marchait dans l’allée principale, en se frayant difficilement un chemin, plus l’Amazone regrettait sa venue ; d’autre part, elle savait qu’elle trouverait forcément ce qu’elle cherchait malgré les multiples désagréments. L’impatiente se mêlait au dégout qui se mêlait à la colère, mélange alchimique très explosif. Donna était nerveuse, une vraie bombe à retardement.
La guerroyeuse entrait dans une taverne au hasard. Elle ne connaissait rien ni personne et se baladait à l’aveugle. Son entrée provoqua une vague de regards indiscrets. Elle ne le savait pas encore, mais les nombreux candidats inspectaient et analysaient déjà leurs futurs possibles adversaires. Tout était à la tension. Sur un air solennel alors que le silence pesait, Donna marchait et claquait ses talons renforcés contre le parquet en bois de la bâtisse, marchant à une allure normale vers le comptoir alors que tous ses pas brisaient les murmures des Ashnardiens.
- « Bonjour. »
Déclarait-elle sobrement, sans aucune animosité dans le ton ou le regard. La neutralité marquait son passage. Et puis, les habitués semblaient intrigués. Voyant qu’elle ne cherchait pas vraiment les problèmes, tous se remettaient à boire, à rire et à boire avec brutalité.
- « Qu’est-ce qu’il se passe ? L’ambiance m’a l’air un peu spécial. Ou bien est-ce un jour normal en Ashnard ? »
Le propriétaire était un petit homme vert qui se tenait debout sur le comptoir. C’était sûrement un homme et pourtant il était vêtu comme une femme et parlait comme une femme. Son apparence était androgyne et il ne mesurait pas plus d’un mètre. Sa peau était blanche, il était taillé menu et avait des cheveux courts blancs, la coupe au bol.
- « Si tu veux des infos, faut payer. » C’était hautain et distant, nullement accueillant.
- « Je n’ai rien. » Protestait-elle en fronçant les sourcils.
- « Pas d’or, pas de beau nain. »
- « De beau nain ? » L’incompréhension.
- « Tu as un problème contre les nains ?! » Lui, il cherchait les emmerdes.
- « Seulement contre ceux qui demandent si j’ai un problème contre eux. » Et s’il continue, il va les avoir.
- « PAS D’OR PAS D’INFOS ! C’est pas en me provoquant que je vais t’aider, garce ! » Il sautait sur le comptoir, surement pour combler son manque de virilité et se grandir.
Impulsivement, Donna frappa de son pied dans un grand coup qui faisait frémir la maison. Elle avait une force quasi-divine. La femme déclarait.
- « Je cherche une personne pour un duel à main nue. Si je perds, j’accepte de rendre un service. Si je gagne, je veux une bourse d’or bien remplie et des informations. »
Elle balayait la salle de son regard bleuté, attendant un ou une courageux(se)