Moriane Timothy Latimer. C’te pétasse était la fille de l’une des plus vieilles et plus blindées familles de la haute. Une gonzesse qui vous regardait de tellement haut qu’en fait elle vous voyait même pas. Je les avais en horreur, elle et les siennes. Tous ces parasites des hauteurs qui bouffaient nos ressources et respiraient de l’air non recyclé. Des gens qui comprendrait pas ce que c’était que là misère même si on la leur foutait sous le nez. Des imbéciles. Mais des imbéciles puissants et égomaniaques, une des pires combo qu’on puisse imaginer dans une personnalité. J’adorais leur rendre la monnaie de leur pièce. Alors quand Mrs. Smith m’avait proposé 20.000 en cash pour enlever la petite arriviste gâtée à ses garde du corps, j’avais sauté pour l’occasion. Il était probable que Mrs. Smith était, ou bossait pour, une rivale de la gosse Latimer, mais bon, si j’avais l’occasion de foutre un peu le boxon dans les blocs de luxes, j’allais pas faire la fine bouche sur le commanditaire. Et 20.000, c’est 20.000, on crache pas dessus dans mon milieu. Evidemment la gamine serait protégée comme pas deux et ça allait surement pas être du gâteau, mais il sera toujours temps de négocier un petit bonus quand j’aurais la cible entre les pognes.
J’avais choisie d’agir le soir, au moment de son retour de ce qu’elle appelait son boulot. Elle se déplaçait avec tout un cortège et l’arrivé d’autant peuple causait assez d’agitation pour que des failles de sécurité apparaissent. Pas biens grosses mais suffisantes pour moi. Je savais me faire discrète mais j’étais loin d’être une putain de ninja, la clé ça serait la rapidité. J’avais hacké la matrice locale et obtenue les plans de la piaule de ma cible, plus deux jours d’observations qui m’avaient appris les mouvements des gardes à ce moment-là de la journée. Quand le vit la bagnole qui tournait au coin, j’activais mon affichage RA
* qui partis pécher dans la grid
* de l’immeuble et dans mon datajack
* les infos dont j’avais besoin. Résultat ? J’avais tout sous les yeux. Un fine ligne verte évanescente qui me montrait ma trajectoire idéale, les patrouilles et position estimée des gardes et le timing à respecter. Il faudrait que je m’occupe de 4 gonzes sur le trajet, 6 si jamais j’avais un contretemps et devait passer par la route alternative. Mais j’aurais pas de contretemps, Charlie était une pro et ces mecs me verrait jamais venir.
Quand le compteur qui s’affichait en haut de mon champ de vision se lança, moi aussi. 10 mètres en ligne droite, traverser la rue, glisser sous la porte du garage qui se referme. Rouler, se redresser, lancer le coude en arrière dans la tête du premier garde, lui éclater le nez et l’envoyer dans les pommes, continuer sur ma lancée et finir le pied dans le larynx de la deuxième pour interrompre le cri d’alerte, tourner sur soit même et toper les deux émetteur radio qu’ils ont lachés avant le trigger de l’alerte de l’homme mort. 5 secondes pour désactiver les émetteurs, modèles standard, rien de difficile. Courir deux mètres, sauter, frapper un coup dans la plaque du faux plafond, la 5ème à gauche depuis l’entrée, et s’infiltrer dans le conduit d’aération. Continuer, pas perdre le rythme, c’est un peu étroit mais je passe juste, comme prévu. Les deux premières sécurités son là pour empècher la petite vermine, rats et insectes, et un simple dataspamming
* depuis le commlink
* que ces enculés m’ont collé dans la tête suffit à les jammer. Le troisième checkpoint du conduit est plus prévu pour arrèter les vermines comme ma gueule, les balèzes et énervés. C’est un laserwall Athéna Industries, un modèle récent dont j’ai pas la moindre idée des spec softwares, et encore moins hardwares. Le passer serait trop long, trop risqué. Pas grave, j’avais pas prévu de le faire.
Je prends un conduit secondaire sur la droite, encore plus petit, je me déboite une épaule pour y rentrer. Avancer de 18 mètres, arriver à une grille qui donne sur un couloir, juste avant une porte de sécurité. Attendre 12 secondes, 17 si elle s’arrête pour mater la secrétaire de l’entrée. Non, 12, madame a décidé d’être sérieuse ce soir, tant mieux pour moi. Ouvrir la grille, tomber bas sur mes appuis, redresser brusquement pour filer un coup d’épaule montant juste sous le menton, mode uppercut. Deux cracs, sa mâchoire qui se déboites, mon épaule qui se remboîte. Je lui colle un coup de boule gratuit pour être sûr de la finir et je plaque sa main sur la plaque d’identification de la porte. La porte s’ouvre, je balance madame sur sa collègue et je tends le bras. Le holster intégré s’ouvre, éjecte mon Lightfire 75 dans ma main, deux déclics, pas un bruit. La collègue de madame titube et s’effondre gentiment, deux fléchettes plantées dans la carotide, les mains encombrée par la première belle au bois dormant. Pourquoi je les bute pas ? Parce que j’ai pas envie de finir ennemie public numéro 1, voilà pourquoi. Un boulot propre et qui fait pas de vague, c’est ça qui assure une longue carrière dans le milieu des ombres, pas les bains de sangs gratuit.
Avec ces deux-là j’ai atteint mon quota de 4, et je suis dans les temps. J’ai plus qu’à doser la gamine jusqu’aux yeux et à l’embarquer dans la minutes et personne comprendra ce qu’il vient de se passer avant au moins deux heures, le moment de la relève. Un job dans du velours quoi. Il me reste 45 secondes dans l’entre dans la chambre de la cible, et 43 quand je finis de lui vider l’hypodermique dans le bras. Et v’là t’y pas que débarque une putain de danseuse en tenue de cosmonaute qui me braque avec un flingue zarbi d’un modèle que j’ai jamais vu, un PAN
* que mon commlink reconnait pas, et qui me demande pour qui je bosse avec une voix de robot. Une putain de débutante ! Elle saurait qu’on pose pas de question sinon. Mais je peux en profiter. Je laisse passer 3 secondes, le genre de blanc qu’on voit dans les holos quand ce genre de truc se produit. Juste le temps de laisser les vérins hydrauliques dans mes jambes se comprimer. Je me retrouve les jambes un peu pliées mais c’est une position de combat à main nue classique, mes mains sont en position de garde, j’espère qu’elle notera rien de spécial. J’ouvre la bouche pour parler, et je relâche le premier vérin, le droit. Je passe de l’arrêt à 50km/h instantanément, amorce un mouvement rotatif et relâche le deuxième vérin pour propulser mon pied gauche dans son bide. J’ai pas prévu de la buter, je sais même pas qui c’est, je veux juste la sonner pour me barrer avec ma cible, j’identifierai la danseuse plus tard. Le temps semble se ralentir quand mes réflexes câblés s’activent, accélérant mon temps de réaction, et alors que je suis en plein coup de pied rotatif je tends les mains vers la gamine Latimer. Avec un chuintement elles se détachent et sont éjectées de mes poignets, le nanocable se déroulant derrières elles.
J’attrape les épaules de ma cliente au moment où devrait se produire l’impact de mon pied dans les côtes de la concurrence, si tout c’est bien passé.
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RA : Réalité augmentée.
Grid : Réseau internet/informatique local.
Datajack : Implant cérébral capable de stocker des données numériques.
Dataspamming : Innonder un appareil de données pour le surcharger et le faire dysfonctionner.
Commlink : Appareil, ici cyberimplanté, réunissant les fonctions d'un ordinateur et d'un téléphone.
PAN : Personal Area Network, réseau local composé par les appareils que porte/utilise un individu.