Et Ophélie entra !
Le voilà, le signe, le seul, l'unique, la belle et mince Ophélie, frêle et terriblement naïve Ophélie. Dans l'entrée, sa silhouette se dessinait. Le soleil derrière elle, Ophélie était auréolée de lumière, et son sourire doux restait ancré sur ses lèvres. Elle avait vu ce temple en voyageant un peu, et avait repris sa forme normale, celle d'une Lynx aux couleurs chaudes et très légèrement habillée. Ce temple pouvait très intéressant pour y implanter sa religion et ses fidèles, si elle en trouvait des nouveaux. Pour l'instant, elle n'avait pas vraiment cherché, mais elle voulait avoir de nouveaux pouvoirs et les catacombes de MorteDame ne suffisaient pas à lui fournir le nombre de fidèles suffisants. Elle comptait donc aller chercher ailleurs. En arrivant près de l'église humaine, elle entendit des paroles. Quelqu'un était déjà là ? Elle était censée être abandonnée cette église ! On avait été plus rapide qu'elle, c'était cela ? Elle n'entra pas tout de suite, restant à lentrée de l'église pour entendre les paroles de l'homme qui habitait déjà les lieux.
Un fidèle d'un autre Dieu. Un prêtre, peut-être ? Elle pouvait voir pour le ramener à son culte, ça serait bien d'avoir un prêtre de son côté. Le Seigneur Till. Elle ne connaissait pas du tout, du tout ce Dieu. Il n'était pas du tout connu, c'était quoi ça, encore ? Un faux dieu ? Un charlatan qui essayait de faire croire en une religion qui n'existait pas pour récupérer, bijoux, argent, et dotes ? Ca y ressemblait. Et Ophélie détestait les gens comme ça ! Elle décida d'écouter encore un peu. La voix de l'homme était fiévreuse, il paraissait sûr de lui, totalement fou de cette religion. Un signe ? Il voulait un signe ? Il paraissait vraiment fou, en fait. Ca serait sans doute plus simple de le ramener dans le droit chemin, s'il était fou, de lui dire que prier pour un Dieu inexistant et qui n'apparaissait pas sur l'Olympe ne servait à rien et qu'il fallait rejoindre son culte à elle, Déesse des Morts et Mère des Morts-Vivants ! Une fois cela fait, il pourrait prier pour une Déesse qui avait besoin de lui et qui lui apporterait autant de signe qu'il voulait, trois fois par jours, comme les produits laitiers.
Elle entra, donc, tout jolie, tout simple, tout innocente, pénétrant dans l'église comme une concubine qui entrerait dans la chambre de son Roi, maîtresse de son territoire et certaine de sa prochaine victoire. Un sourire aux lèvres, ses voiles l'entourant doucement, froufroutant agréablement, elle fit un signe à l'homme pour qu'il se relève. Un signe de la main, un signe de supériorité. Elle était le signe. Elle s'approcha doucement, restant tout de même à une distance raisonnable pour l'instant. Et enfin, Ophélie ouvrit la bouche pour expliquer sa présence et ce qu'elle voulait de lui. Et pour cela, elle n'allait certainement pas hésiter à insulter sa religion, puisqu'elle se pensait dans son bon droit.
" - Oh, Prêtre. Vous voilà à la recherche de signes qui peut-être ne viendront jamais. Je vous vois en transe devant un Dieu qui n'est rien. Votre Seigneur Till ne vous répondra pas, jeune inconnu car il n'existe pas. Si on vous a dit que ce Dieu était réel, on vous a menti. Moi, Déesse des Morts, je peux vous dire qu'il n'existe pas et que vous priez pour une fausse entité. Rejoignez plutôt le rang de mes fidèles, les signes seront plus fréquents et plus vrais que ceux d'un usurpateur de religion. Je me présente à vous pour vous remettre dans le "droit chemin" et pour que vous arrêtiez d'user votre salive pour un faux Dieu. Je suis Ophélie, Mère des Morts-Vivants et Déesse de la Mort."
Elle s'était rapprochée au fur et à mesure de son discours, calme et doux, posé comme sa voix d'enfant immature. Elle lui sourit enfin, lui tendant la main comme dans un simulacre de bonté divine. Je te tends la main pour que tu viennes avec moi, rejoins moiiiiii. Elle ne paraissait pas effrayée d'insulter ainsi un autre Dieu devant son prêtre. Incorrigible enfant. Elle avait un peu penché la tête sur le côté et attendait une réaction de la part du jeune homme, patte ouverte vers lui pour qu'il l'attrape.