Nom, Prénom : Cindy Terreur.
Âge : 23 ans.
Sexe : Féminin.
Race : Mi-humaine, mi-déesse.
Orientation sexuelle : Hétérosexuelle.
Situation de départ : Expérimentée.
Le clair de lune jette une lumière blafarde, sur ma peau déjà très pâle. Je n'ai pas vu le jour depuis... Oh. Depuis bien longtemps. J'ai été confinée dans un cachot pendant près de vingt ans. Et la première chose que je vois en sortant, c'est cette sphère ronde, pleine, laiteuse. Les étoiles, à côté, paraissent moins lumineuses. Mon regard céruléen se perd dans la toile nocturne parcourue de diamant étincelants. Mais il ne faut pas que je traîne. Ils sont à mes trousses.
Je remonte le bas de ma jupe, déjà déchirée et salie par le temps, par la poussière (entre autres choses). Mes jambes, fines et athlétiques, sont découverte, et la fraîcheur nocturne me surprend. Je me met à courir, à petites foulées. Je sens les muscles de mes cuisses jouer. Cela fait si longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de courir sur de grandes distances... D'avoir couru tout court, d'ailleurs. Je reconnais la tension familière qui fait pulser mon sang, mes muscles...
J'accélère.
Mon corps souple bouge en cadence. Les manches de ma robe, déchirées, flottent sur mes bras qui ont une mécanique régulière, presque contre mon corps, pour ne pas me ralentir. J'essaie de garder un souffle régulier, mais ma cage thoracique semblent ne pas tenir compte de mes efforts, et ma poitrine se lève et s'abaisse dans une cadence de plus en plus irrégulière. Je n'ai plus l'habitude de courir. Et j'ai du mal à reprendre mes marques.
Je finis par m'arrêter, après une grosse demi-heure, en nage. Je passe une main sur mon buste, sur la naissance de mes seins, et je remarque que la transpiration colle ma robe usée contre mon corps, soulignant la courbe de ma poitrine, de mes hanches, de mes fesses... Je me sais belle, mais tout de même. C'en est presque indécent.
Je m'appuie contre un tronc d'arbre. J'ignore l'écorce qui me gratte la peau, et je lutte pour reprendre ma respiration. Il faut que je me remette en route. Je passe finalement ma main dans mes cheveux. Une crinière noire. Souple. Mais humide de transpiration. Au loin, j'entends des cris, des aboiements. Un frisson de peur me parcours l'échine. Mes cheveux s'enflamment. Des flammes bleues, comme mes yeux, qui ne me brûlent pas, pourtant. Merde. Calme-toi Cindy. Calme-toi...
Une inspiration après, la lueur de mes cheveux s'éteint, et ils redeviennent de jais. Déterminée, je reprends mon chemin. Doucement d'abord. Je marche, le long de la route rocailleuse. Je sens mes muscles qui tirent, mais il faut que je m'éloigne d'ici tant que je peux. Aussi loin que je peux. Je ne dois pas faiblir, ou les cachots redeviendront ma seule demeure.
J'essaie de reprendre ma course. Je peine à démarrer. Mais je refuse d'abandonner. J'ai toujours été comme ça. Déterminée. Bornée. Têtue. Peu importe le qualificatif. Certains, dans d'autres contextes, appellent ça la patience. Moi, je dis juste que je suis simplement déterminée à ne pas céder à l'impatience. Chacun sa manière de voir. J'ai toujours eu une vision plutôt négative de moi. Je suis trop impulsive, trop irrascible, trop changeante. Je ne me souviens pas d'une fois où j'ai pensé "
Oh, j'ai été courageuse, sur ce coup-là". Non. Je me dis juste "
Ah putain, heureusement que j'ai pas céder à la trouille".
Je suis peut-être négative, mais l'une de mes rares qualités, c'est d'être à même de garder mon sang-froid dans n'importe quelle situation. Si j'écoutais la petite voix de ma conscience, elle me dirait de paniquer en entendant les aboiements des chiens derrière moi. Mais non. Je continue. Je suis en proie à des crampes, j'ai peur de retourner dans ce cachot, mais je continue. Toujours.
Jusqu'à ce que je tombe dans un trou, que je dégringole. Je m'érafle les coudes, les genoux, le visage. Je me fais mal, et je tombe toujours. J'entends la terre qui roule, qui suit ma route.
Je heurte une paroi dure. J'en ai le souffle coupé. La terre qui me suivait me tombe dessus, et je crache le peut que j'ai accidentellement aspiré. Je me roule en boule, attendant la fin. Quand plus rien ne tombe, je redresse doucement l'échine. Je ne vois rien. Je suis dans le noir complet. J'avance à tâtons. Je m'érafle un peu plus les genoux. Quand j'essaie de me redresser, je me cogne. Merde.
Je rampe donc, dans un boyau de terre dont je ne vois pas la fin. Je rampe, jusqu'à ce que mes muscles crient grâce. Jusqu'à ce que ma vision se voile, et que je m'évanouisse.
* * *
La première chose que je sens, en reprenant conscience, c'est une douche chaleur. Je suis couchée dans une fourrure, ou quelque chose comme ça. J'ai soif. Ma langue passe sur mes dents pointues, et j'ouvre les yeux. Une lueur orangée se dégage en face de moi, et je me frotte les yeux pour mieux voir. C'est un âtre. Les flammes dansent et le bois crépite joyeusement.
«
Eh, la belle au bois dormant est réveillée ? »
Une voix pleine de bonhommie me fait sursauter. Une voix d'homme. Je tourne la tête un peu trop brusquement. Mon cou craque, et je grimace.
«
Hola, doucement petite étincelle. Tu vas te rompre une vertèbre à bouger comme ça. Tiens-toi tranquille. »
Il s'approche, et je peux voir qu'il est grand, cet homme. Plutôt baraqué. Je devine un regard noisette, et une peau tannée. Il place ses grandes mains sur mes épaules, et ses doigts glissent dans mon cou, dans un massage qui me fait perdre mes moyens. Il appuie sur divers points névralgiques, et un craquement se fait entendre. Quelle agréable sensation... Mon cou se débloque, et je repose ma tête sur l'oreiller moelleux.
«
Alors, flammèche. Qu'est-ce qu'un joli minois comme toi viens foutre sous terre ? »
Je tousse un peu avant de parler à mon tour.
«
Qui êtes-vous ? »
Il rit. Un grand rire franc, communicatif, qui me tire un sourire.
«
Eh, poulette, réponds d'abord à la mienne. »
Je soupire. Et je réponds.
«
Je fuis.
— Intéressant. Moi, je suis le grand forgeron d'Hadès. Et tu fuyais quoi, étincelle ?
— Question-réponse ? D'accord. Des types peu fréquentables. Et vous, pourquoi vivez-vous sous terre ?
— Parce que tu crois que l'enfer d'Hadès se trouve où ? Je travaille au plus près de mon employeur, gamine. Et donc... Qu'est-ce qui fait que ces types peu recommandables te poursuivent ?
— Je me suis enfuie. Et on parle bien d'Hadès, le dieu des morts et tout ?
Exact. Pourquoi tu t'es enfuie ? »
Parler ainsi, avec un parfait inconnu, me paraissais presque irréel. Pourtant, ma langue se déliait sans efforts.
«
J'en avais marre d'être captive. Tu t'appelles comment ?
— Joe. Pourquoi ils te retenaient ?
— 'Sais pas. Ils m'ont capturée, un jour. Il y a longtemps. J'ai été arrachée à ma famille. Pourquoi tu veux savoir ?
— Par curiosité. Combien de temps es-tu restée captive ?
— Plusieurs années. Dix. Quinze peut-être. Qu'est-ce que tu comptes faire de moi ?
— Enfin une bonne question. Mon chef m'a demandé de prendre soin de toi. Quel est ton nom, petite ?
— Cindy. Cindy Terreur. Qu'est-ce qu'Hadès peut bien me vouloir ? C'est un dieu, je suis une pauvre gamine...
— Quel nom impressionnant. Tu devrais demander ça à ton padre...
— Hein ? »
Sa réponse m'étonna tellement que je me recoinçais une vertèbre. Il rit, et me la débloqua encore.
«
Mon père, il est mort. Depuis ma naissance... Ma mère m'a élevée seule. Avant de rencontrer ce type. Ce soi-disant mécène...
— Ah. Et bien, tiens-toi bien. Ton père arrive, gamine. »
J'ouvre de grands yeux. Mes cheveux s'enflamment, dans ma panique et ma surprise.
«
Eh, t'enflammes pas, Terreur. »
Heureusement que ces flammes ne brûlaient rien. Elles étaient juste décoratives. Je pris une grande inspiration, et fermais les yeux pour essayer de me calmer. Je les rouvris quand une main fraîche se posa sur mon épaule. Devant moi, un homme encore plus grand que Joe. Il avait un sourire de dents pointues, comme les miennes. Il avait un regard aussi bleu que le mien. Une peau aussi pâle que la mienne. Et ses cheveux, aussi enflammés que les miens il y a deux secondes.
«
Tu as les traits de ta mère...
— Pa- Papa ?
— En flamme et en os, chérie.
— Mais... Tu... Je croyais que... Sérieusement ?
— Que j'étais mort ? Je le suis, d'une certaine façon. Je suis le dieu des morts, oui.
— Vraiment ?
— Oui. »
* * *
Trois mois que j'avais retrouvé mon père. Trois mois que je vivais au milieu des morts, et des gardiens de l'enfer. Joe m'apprenais à forger. Je l'aimais bien. Il était comme un oncle pour moi. Des fois, je repensais à ma mère. Elle était amoureuse de cet homme, ce mécène qui disait que c'était une peintre exceptionnelle. De cet homme, qui m'avait faite enlever, parce qu'il ne voulait pas de la progéniture d'un autre. De celui qui avait pris peur, une nuit, quand j'étais allée trouvée ma mère avec mes cheveux flamboyants.
J'ai vite compris, avec l'aide de mon père, qu'il m'avait faite emprisonnée par ces "chercheurs". Qu'il m'avait vendue. Pour qu'ils m'étudient à leur guise. Durant toutes ces années, je n'ai été qu'un cobaye. Pourquoi mes cheveux brûlaient soudainement ? Pourquoi mes blessures guérissaient si vite ? Pourquoi je ne semblais pas vouloir mourir, même en étant presque vidée de mon sang ? Ces questions resteraient sans réponses pour eux. Pas pour moi. Parce qu'après tout, je suis la fille d'un dieu. Alors, quoi de plus normal ?
DC ? Yup. Je met la liste.
- Camille Temple ;
- Cindy Terreur ;
- Catalina Taylor ;
- Calliope Tick ;
- Cassandre Trésor ;
- Christy Torres ;
- Charis Trident ;