Diana ne tarda pas à regarder que, outre la sage-femme, il y avait aussi Ayane, qui bondit rapidement de son fauteuil. Wonder Woman ne put s’empêcher de sourire en voyant les grosses cernes sous les yeux de la femme, et son état de panique résiduelle évidente. Elle était dans tous ses états, et parla rapidement, précipitamment. Un vrai moulin à paroles qui commença par lui parler d’une femme enceinte, puis finit par dire qu’elle n’avait tué personne, phrase qui interloqua la sage-femme. Ensuite... Elle s’écroula sur le lit, et se mit à dormir, instaurant un léger silence circonspect dans la pièce. Diana, qui n’avait pas eu le temps de placer un mot, tendit sa main, et caressa délicatement les cheveux de la jeune femme. La sage-femme ne tarda pas à parler, précisant certains détails, en prenant Ayane pour sa «
fille ». Diana ne releva pas cette information, et hocha la tête, en la voyant lui présenter une fiole qui pourrait permettre de soigner le soldat.
«
Merci à vous. Et à l’alchimiste Flumenol... Pourrais-je le voir en personne, pour le remercier ? -
Oh, mais je n’ai fait que mon devoir », intervint une voix vieille sur la gauche.
Diana entendit des bruits de pas, signe qu’une personne tombait un escalier, puis un rideau s’écarta, et elle put apercevoir l’alchimiste
Flumenol, qui avait tout du stéréotype du vieil érudit, avec une pipe à eau et une longue barbe blanche, et des lunettes en croissant pendouillant sur un long nez autour d’un visage parcouru de rides. Il s’approcha lentement, et rejeta sa pipe.
«
Pour de vieux os comme moi, avoir la possibilité de soigner une aussi jeune et belle femme, c’est une grande chance. »
Il sourit, comme pour indiquer le caractère humoriste de sa répartie. Diana, elle, se fit juste la réflexion qu’il devait être aussi un peu pervers sur les bords, avec l’âge. Flumenol s’avança un peu, silencieux, et Diana, elle, continuait à reprendre ses forces, recouvrant peu à peu ses forces.
«
Ce qui m’étonne, c’est l’origine de ce poison. Ayane... C’est ça ? Oui... Ayane, donc, a parlé d’un serpent... Mais je ne connais aucun serpent dans la région qui ait le pouvoir de statufier les gens. De mémoire, je me souviens du venin du Basilic, un serpent légendaire qui avait ce pouvoir dans certaines contrées équatoriales... Mais ici... Vous êtes mon premier cas. -
Il faut bien un début à tout... -
Oui, oui... Mais un empoisonnement... Ça suppose une infraction criminelle, n’est-ce pas ? Je n’ai pas envie qu’on apprenne qu’un basilic se promène dans la région... »
Diana se tut un peu. Elle ne pouvait pas dire que c’était Ayane qui l’avait mordu, ou cette dernière se réveillerait dans une cage... Et, visiblement, la jeune femme s’était démenée pour elle. Elle, qui disait ne s’attacher à personne, avait veillé sur elle jusqu’à ce que Diana se réveille, sans même dormir. Comment interpréter cela ? Bizarrement, Wonder Woman n’était pas aussi surprise que cela. Elle ne connaissait pas Ayane depuis longtemps, mais elle avait déjà pu remarquer que cette dernière aimait se réfugier dans les mensonges et les rumeurs, et qu’elle devait probablement aussi se mentir à elle-même, comme une sorte de moyen d’autodéfense.
«
J’ai été mordue par un serpent, alors que j’effectuais une mission pour le compte des Dieux. -
Oh... -
C’est ce qui explique que je n’ai pas été transformée en statue vivante... Mais je sais que ce soldat est encore en vie. Le... Le système sanguin est ralenti quand on est transformés en statue, mais on existe encore... -
Plus ou moins... »
Wonder Woman soupira.
«
Écoutez, si vous avez besoin d’argent, je... -
Non, non... Je veux juste m’assurer que rien de fâcheux n’arrivera encore. »
Flumenol était effectivement intelligent. Il se doutait bien que cet empoisonnement n’était pas anodin, qu’il n’avait pas été provoqué par un serpent trouvé dans la nature. Et Diana, elle, avait déjà perdu trop de temps.
«
Je partirais demain matin avec Ayane... Et je puis vous assurer que ce basilic n’attaquera plus personne. »
Son regard croisa celui de l’alchimiste... Puis Flumenol hocha lentement la tête, et s’écarta, choisissant, fort judicieusement, de ne pas insister. C’était à son avantage, une décision sage et réfléchie. Il aurait eu tort d’insister, tort de vouloir en savoir plus. La sage-femme partit également, en lui souriant, et Diana resta allongée, caressant le visage d’Ayane.
«
Repose-toi, ma belle... »
Ensuite, elles iraient réparer les erreurs commises par Ayane. Le chemin du retour allait être beaucoup plus rapide, maintenant que Diana avait récupéré sa vitalité, et donc l’usage de ses pouvoirs.