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L'errance de trop. [PV Law]

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Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 15 dimanche 05 décembre 2010, 18:34:56

Non mais, il aurait bien trouvé quelque chose pour se sortir du pétrin, hein. Du genre.. Frapper la brute quand elle se serait trop approchée, ou autre. Se dépatouiller au dernier moment c'est assez son genre - et sur ce point-là il reste fort constant. Mais non, il faudra la main tendue inespérée d'une jeune fille à qui il venait d'offrir un verre d'eau. Enfin, offrir.. Il ne l'a pas payé et, pour le coup, ne le paiera pas. La manoeuvre relevait de l'amateurisme, mais il faut admettre qu'elle est efficace, puisque l'agresseur se retrouve à terre, et Law sera tiré vers le dehors, bénéficiant soudain de toutes ses facultés pour marcher, ou presque. En bref, heureusement qu'elle était là.

Qu'est ce qui pousserait une jeune inconnue à l'aider ? Merde, il allait l'agresser dans cette ruelle. Il ne l'a fait, bon. Mais il comptait le faire ! Pourquoi avoir risqué sa vie pour sauver un criminel de Nexus ? Dans sa tête, le fait qu'il ait été un tant soit peu sympathique ne devrait pas le rattraper comme ça. Pfeuh. Les faibles natures servent décidemment bien Law.

Celui-ci s'appuie contre le mur et souffle. Pfouh, que c'était bon. Et soudain, voilà qui brouille ses pensées, la tarte (d'amateur, encore) qu'elle lui assène sur un joue, ramenant le polyglotte à une réalité un peu plus dure que ses bons vieux souvenirs d'il y a à peine 5 minutes. Tss.. Allez, on arrête de ressasser le passé, et on en revient au présent.
Il attendit qu'elle eut fini de parler, avant de la saisir brutalement par la gorge. Une envie assassine animait son regard.


Je t'avais dit de partir !

Ce n'est pas tellement ça qu'il lui reproche en vérité, c'est plutôt d'avoir osé le frapper. Mais non, il ne fera pas cas. Il la relâche bien vite, et ses traits se radoucissent.

Pardon. Excuse-moi.. Je voulais pas. Je supporte mal qu'on me mette un taquet comme ça.

Ce n'est pas comme si il venait de s'en prendre d'autres. Il est confondu, et se sent un peu coupable sur le coup. Il se rattrape en passant à autre chose ; jaugeant sa mâchoire avec application. Il regarde encore ailleurs, pour ne pas avoir à supporter un regard qu'il imagine triste, défait, peiné. Bref, il fait l'air de rien, comme l'humain bien entraîné sait si bien le simuler.


Non.. Ca va bien.. Wo, c'était marrant quand même, non ? Moi ça faisait longtemps que j'avais pas fait une petite baston tranquille chez un de mes grands amis !

Souriant, le jeune homme se détache du mur, baissant ensuite le regard vers le sol. Et.. Oh.

Ta main ! Qu'est ce que t'as fait à ta main !?

Il se saisit de son poignet et le lève vers lui. Il l'engueule, là, et proprement. On dirait une maman sévère qui vient de voir son fils revenir du foot avec un short sale et le genou ensanglanté. La tenant toujours fermement, il tentera de faire une réparation de fortune : D'abord, il tente de capter la moindre lumière pour voir si il n'y a pas de bout de verre planté. Si c'est le cas, il tentera de l'enlever avec extrème délicatesse. Puis il sort un mouchoir blanc de sa poche, sans motif brodé, parce que Law c'est pas le genre à avoir un mouchoir avec ses initiales cousues dessus par sa maman, 'faut pas déconner, et l'applique sur la blessure. Ensuite, il plonge sa main dans sa manche. Il en sort.. une lame. Il veut la tuer ? Non, il passera celle-ci dans sa botte, longeant sa jambe. Et sans fourreau s'il vous plaît. Peu lui importait. Les doigts s'insinuent de nouveau dans la manche, et après quelques manipulations, il en sort une longue lanière de cuir. Avec celle-ci, il fera des allers-retours autour du pansement improvisé. Un noeud, et c'est calé !

Essaye de remuer ta main même si ça fait mal. Tant pis si tu pisses le sang, il vaut mieux pas que ça se referme, c'est un coup à avoir des saloperies à vie coincée dans ta peau. Allez, viens.

Il s'enfonce alors dans la ruelle où elle les avait emmené. Son chemin ?... Un autre casino.
(...)
Quelques déambulations plus tard, silencieuses sur ordre de Law. L'établissement était à la limite des bas-fonds.. Il avait tout ce que le précédent avait, mais en mieux. Plus d'espace, plus de luxe, plus de clients, plus d'animation, plus de propreté, plus de sécurité, et surtout.. C'était le domaine de Law.
Quand celui-ci entra, tout le monde le saluait chaleureusement, en particulier les employés. D'ailleurs, l'une d'elle lui fit remarquer qu'il avait du sang sur la lèvre. Il touchait : Ha, oui, en effet. Bon, ça ira pour l'instant, ce n'est pas une grave hémorragie.
S'arrêtant en plein milieu de l'établissement, il s'arrêtait, et murmura sur le ton de la confidence :


Au fait, moi c'est Law. Tyler c'est mon identité pour tout le monde, publique j'ai envie de dire, ce qu'il y a marqué sur les documents officiels. Quand je joue aux petits malfrats dans la rue, je suis Wodan. Quand je passe des annonces anonymes pour trouver des clients, je suis Klaus. Hm, bref. En vrai, c'est Law. Law tout court. Mais appelle-moi Tyler, devant tout le monde c'est mieux, tu comprends ?

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 16 dimanche 05 décembre 2010, 19:30:32

Pourquoi l’avoir aidé ? Est-ce qu’elle l’avait sorti du pétrin ou bien est-ce qu’elle n’avait fait que lui apporter d’autres ennuis ? Mais surtout, pourquoi elle s’en souciait ? Des questions qui passaient en boucle dans l’esprit d’Andrea, qui aurait préféré ne pas être mêlée à tout cela. Dans la mesure du possible. Et sur l’instant, Wodan ne faisait pas partie du possible qu’elle était prête à laisser derrière elle. Altruisme stupide ou fond de curiosité qui demeurait, qui sait ? Toujours est-il qu’en ce moment, elle pestait plus contre son instinct qui l’avait obligé à secourir un homme dont elle ne connaissait même pas le vrai nom que contre celui-ci. Quoique. Elle lui en voulait plus de s’être comporté avec flegme et assurance que de l’avoir mise dans une situation peu confortable. Parce que ça, ça ne la dérangeait pas. Andy préférait encore mourir de peur à en faire une crise de nerfs plutôt que de rentrer chez elle et retourner brutalement à son quotidien vide, où son esprit se barricadait derrière des protections qui ne laissaient filtrer aucune émotion. Tout plutôt que ça. Même une bagarre, même la violence, même les emmerdes. Emmerdes qui continuaient apparemment. Wodan ne sembla pas particulièrement apprécier le traitement qu’elle venait de lui infliger, et il lui fit bien vite comprendre.

Tout à coup, sa gorge fut privée d’air. Celui-ci passait avec difficulté au travers de la poigne assurée et imposante de l’homme au regard soudainement assombri, presque dangereux. Andrea faillit se reprendre pour le petit lapin en guise de proie de choix, mais maintenant qu’elle avait vu à quel point Wodan pouvait se montrer stupide et qu’avec elle il n’avait jamais été réellement violent, la peur était moins présente. Bien qu’elle ne put s’enfuir totalement, à cause des yeux effrayants fixés dans ceux de la jeune femme. Celle-ci se vit proprement réprimandée pour sa présence, et ne put lui répondre qu’elle avait bien fait de rester, trop occupée qu’elle était à tousser et à reprendre sa respiration alors qu’il la lâchait enfin. Pliée en deux, Andy avait porté ses paumes à con cou et le massait délicatement, tentant de vérifier s’il n’avait pas été déformé sous la poigne de Wodan. Levant les yeux, elle n’y croisa pourtant pas ceux de son interlocuteur, trop occupé qu’il était encore à l’esquiver. Mais cette fois-ci, Andy ne tenta pas de récupérer le visage de son compagnon, le laissant fuir si cela lui plaisait. Elle venait quand même de se prendre une leçon qu’elle n’appréciait guère. Et si Andrea le pensait toujours stupide dans les situations comme celle qui venait de passer, elle ne savait pas qu’il imaginait parfaitement les traits de son propre visage. Déçue, elle l’était. Pas parce qu’elle n’avait pas droit aux remerciements qu’elle n’attendait même pas, non. Parce qu’il ne supportait pas une simple claque, parce que la frustration et les réprimandes étaient de trop dans son monde, parce qu’il s’était aventuré trop loin dans la domination pour comprendre son geste. Ce fut assez froidement qu’elle lui répondit donc, la voix encore un peu rauque.

- Je te pardonne pour le geste, mais pas pour le principe. Tu aurais dû accepter ma gifle, tu la mérites.

Mais lui était déjà ailleurs, et Andrea n’eut pas le plaisir de se voir une seconde fois collée au mur par la puissance de son bras. Et s’il ne comprenait pas pourquoi elle avait fait cela, eh bien tant pis. De toute façon, il rigolait déjà de la situation et la voyait avec un détachement qui laissait la jeune femme sans voix. A cet instant, Andrea hésita franchement à partir. Ses traits se fermèrent, elle pinça les lèvres et se contenta de hausser des sourcils réprobateurs au mot « marrant ». Elle n’avait pas trouvé ça drôle. Stimulant, passionnant, délicieux pour elle mais pas franchement amusant. Et qu’il ne le reconnaisse pas montrait bien que les deux personnes qui se faisaient face n’appartenaient pas au même monde. L’un vivait dans cette ambiance chaque jour, se complaisait dans la violence et qui sait jusqu’où il allait. Andrea ne voulait pas le savoir. Sa gorge se noua tout de même après cette constatation, sans qu’elle sache bien pourquoi. La silhouette en face d’elle semblait tout d’un coup floue, et le ton qu’il prit pour reprendre la parole très lointain. Ce ne fut que lorsqu’il prit d’office sa main qu’elle comprit le sens de sa précédente intervention.

Ah oui, sa main. Le truc qui faisait mal, à en irradier le bras. Cette douleur qui se réveillait alors qu’Andy n’en avait pas franchement l’habitude. Et comme une enfant, elle se laissa faire bien gentiment. Les remontrances et la voix mécontente de Wodan lui parvenaient difficilement, concentrée qu’elle était sur le mal de chien que cela faisait. Elle ne s’était pas loupée, et cette simple coupure pourtant bénigne lui donnait une raison de plus de laisser tomber cet étrange compagnon qui n’avait rien de bon pour elle. Mais elle ne put s’y résoudre, alors qu’il pansait avec précaution sa blessure, avec la dextérité d’un habitué. Deuxième serrement au cœur. Troisième, quand Andrea vit la lame que son interlocuteur cachait dans ses vêtements. N’était-il que ça, ne pouvait-il que se résumer à la violence qu’elle avait vue ? Andrea préférait croire à la maladresse non feinte dans ses gestes, à sa spontanéité difficilement contrôlable, à ses paroles parfois dures, et d’autres incroyablement attentionnée. Ainsi, le sermon qu’il lui passait en ce moment même sonnait comme une douce rengaine à son oreille, et Andy voulait embrasser cette hypothèse sans doute pleine d’illusions qu’elle se faisait sur le personnage. Et ces pensées lui permirent de ne pas sentir l’irradiation de la douleur pendant qu’il s’appliquait à la soigner, avant de lui demander de mobiliser son poignet et ses doigts. Ce qu’elle fit immédiatement. Le sang ne coulait pas beaucoup, mais sa peau piquait et Andrea sentait à chaque instant une lame s’enfoncer encore et encore dans sa main, comme si le verre crasseux ne cessait de se briser.

Puis quand il l’entraina à sa suite, elle se laissa trainer. Après son accès de colère, Andrea retombait platement, quelque part entre la déception de s’être trompée et l’espoir de ne pas l’avoir fait. Elle aurait voulu l’arrêter, lui offrir une seconde claque et lui expliquer pourquoi il devait cesser cette attitude détachée, lui faire accepter son geste, lui faire comprendre. Et ce sans savoir pourquoi, encore une fois, cela lui tenait à cœur. La différence entre deux êtres est-elle nécessairement l’explication du désir de faire changer l’autre ? Mais Wodan changé serait-il encore le même ? Andrea ne put s’empêcher de soupirer alors qu’elle empruntait encore d’autres rues, d’autres passages. Elle ne les voyait même plus, et c’est le moral beaucoup moins haut qu’elle repartait. Ses pensées la rongeaient, elle aurait souhaité redevenir comme à l’ordinaire, vide de toute émotion. Parce qu’un cœur qui se serre fait parfois bien plus mal qu’une coupure en plein milieu de la paume.

Ce ne fut que devant un autre établissement qu’elle cessa enfin de se tourmenter, d’autant plus que le silence imposé par Wodan n’avait pas aidé à la faire songer à d’autres choses plus agréables. C’était … pareil. En différent. Le même type de services proposés, sûrement. Et la simple vue d’un espace moins glauque et apparemment plus sécurisé, au vu des salutations que Wodan recevait de toutes parts suffit à Andrea pour la faire retrouver son envie de découverte, chassant quelque peu l’épisode déjà oublié. Et alors qu’elle s’apprêtait à suivre son guide en traversant la salle, celui-ci s’arrêta, effleura la lèvre suite à une remarque qu’Andy n’avait pas entendue, trop occupée qu’elle était par l’animation environnante, et lui adressa la parole. Et ce qu’il dit la surprit une fois de plus. Law, Tyler, Wodan, Klaus. Law. Etait-ce une réalité ou encore un moyen de se justifier face à la conversation qu’elle avait entendue ? Cherchait-il encore à fuir ? Andrea planta son regard dans celui de … Law, admettons, et chercha sa réponse sur un visage qu’elle ne sondait que très difficilement. Où était le réel, où commençait le rêve du mensonge ? Après tout, c’est lui qui un peu plus tôt lui avait dit que mentir était primordial dans son monde.

Elle voulut répéter ce nom, mais c’était apparemment déconseillé et elle voulait bien comprendre pourquoi. Et pourtant, pour s’assurer qu’une chose est réelle il faut parfois se l’entendre dire. Alors Andrea, sans quitter son interlocuteur des yeux, répliqua, elle aussi dans un murmure.

- Ça me semble clair. Simplement … tu me le dis uniquement parce que je sais que Wodan et Tyler sont des faux ? Tu pourrais en inventer un autre.

Mais Andrea posait cette question plus par dépit que par réelle envie de savoir. Il pouvait encore lui mentir. Puis, voulant redescendre son chapeau sur son front et l’empêcher une fois de plus de la fixer, Andy se rendit compte qu’elle avait perdu celui-ci dans leur fuite. Ses cheveux blonds étaient alors libérés sur ses épaules, lui donnant une apparence fragile qu’elle détestait. On aurait dit une poupée, poupée qui n’avait rien à faire ici. Alors, fouillant dans ses poches elle en ressortit un élastique étiré jusqu’à la corde et remonta sa tignasse en un chignon fragile, laissant échapper de nombreuses mèches bouclées récalcitrantes. Et maintenant ? On efface tout, et on recommence ? Andrea avait du mal à oublier, mais revenir vers le but principal de leur entrée dans le précédent établissement ne lui posait pas de problème. Découverte, vivre, encore et toujours. Sentir, éprouver. Des mots d’ordinaire bannis de son vocabulaire.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 17 lundi 06 décembre 2010, 10:35:01

La confiance. C'était au moins une chose que l'on pouvait donner à Law sans craindre qu'il ne la trahisse. Car Law avait des principes bien à lui : Dealer, d'accord. Vendre le corps d'une fille, d'accord. Employer des esclaves, d'accord. Violer, torturer et tuer, d'accord ! Mais négliger les espoirs que quelqu'un a mit en soi, jamais. C'est connu dans son entourage qu'on peut lui remettre n'importe quel secret, lui demander n'importe quel service, et compter sur lui quand il dit qu'on peut compter lui, et que jamais il ne faillisse à ce pacte. L'amitié, c'est de la confiance tacite ; aussi, après les évènements qui viennent de se dérouler, Law n'a qu'une envie : Qu'Andrea devienne son amie, pour qu'elle puisse lui faire confiance.
Il se tournait vers elle lorsqu'elle émettait subitement ses doutes. Il reste perplexe : Comment lui prouver la véracité de ses dires ? Lui présenter des documents officiels ? Non, trop aisément falsifiable.. Tiens ! Il voit, en la personne d'un type en costume impeccablement taillé posté à une table de Black Jack, la solution à son problème identitaire.


Suis-moi !

Il saisit le bras d'Andrea et l'emmène se faufiler parmi la masse de clients, la relâchant pour poser la main sur l'épaule du type, et le retourner. Dans ce costume, un homme à l'air très serein, calme, posé, même pas surpris de l'irruption de Law dans ses affaires.

-Isaac, je te présente... Andrea. Andrea, voilà Isaac.

L'hébreu adresse un salut poli de la tête à ce qu'il pense être une nouvelle employée, ou quelque chose du genre.

-Isaac.. Quel est mon nom ?
-"... Tyler Raine ?"
-Nan nan nan, mon vrai nom.
-"Pas Tyler Raine ?"
-Mais non, crétin, mon vrai de vrai.
-"Je dois le dire, vraiment ?"


Là, il pataugeait carrément dans la soupe, le pauvre administrateur, le bloc-note en main, où étaient griffonées des dizaines de lignes écrits très petit, à la va-vite. Pour changer, son supérieur lui en faisait voir de toutes les couleurs.

-Ouiiii.. Mon vrai nom, celui que mes parents m'ont donné à ma naissance.
-"Euh... L... Law ?"


Triomphal, le trentenaire se retournait vers la jeune fille, avec un sourire des beaux jours, désignant Isaac de la main, comme pour signifier qu'il n'avait pas menti, et que son second venait de le prouver.

-"Mais.. Je ne suis pas censé ne pas le dire ?"
-Mais là ça compte pas, je t'ai demandé de le dire.
-"J'ai pensé que vous vouliez que je dise ce que je dis d'habitude."
-Oui mais là non. Tu devais dire mon vrai nom.
-"Il est convenu depuis longtemps que je ne dois pas le dire."
-Là, tu devais le dire. Et tu l'as dit, donc, je suis très fier de toi. Va me chercher Fu.


Abasourdi, ses yeux finissaient par se détourner, et ses pas avec. Il s'éloignait sans trop comprendre : Il avait arrêté de tenter d'assimiler clairement la logique de son patron, mais là, il devait admettre que le Boss avait fait fort. Bien content de sa réussite, Law balayait les tables du regard, trouvant deux places libre à une autre table de carte.

Tu aimes le 21 ? Enfin, le Black Jack. C'est connu sur ton monde je crois. Tu sais, c'est un jeu où il faut faire 21 avec les cartes, sans dépasser. Si tu fais moins de 21, tu dois espérer que la banque fasse moins que toi encore. Si c'est le cas, tu remportes la mise. Si tu dépasses 21, t'as perdu. Si la banque dépasse 21, elle a perdu. Tu tentes ? Viens, j'te montre.

Il va donc caler ses fesses sur le siège, salué hypocritement par les autres joueurs autour de la table. Le croupier fini le tour de jeu, et ramène les cartes à lui, pour redistribuer une donne. Law l'arrête avant qu'il ne commence.

-Hey. File-moi des jetons.
-".. Pardon Monsieur ?"
-T'as vu qui je suis ? Des jetons. 50 de 10 pour moi, et 50 de 10 pour elle.


Ne voulant surtout pas contrarier son supérieur, celui-ci obéit, sortant de la banque les sommes demandées. "Petites mises", murmure le polyglotte à ce qu'il pense être une sorte d'apprentie, une novice qui va apprendre le frisson du jeu. Petites, oui, car ici, on est bien plus habitué à voir défiler des très, très gros montants. Quoique le Black Jack n'est pas l'endroit où on brasse le plus d'argent..
Après avoir aligné devant chacun d'eux 5 petites piles de disques verts entouré par un anneau blanc et noir, où trône sur chaque face le logo de ce qui semble être l'établissement de Law, il commence à distribuer. D'un geste, le grand patron signifiait à son employé que pour le premier tour, Andrea n'aurait pas le droit d'avoir de jeu. Tout les autres sont servis. Chacun mise en conséquence. Un type joue à côté d'eux. Un 7. Il demande une carte. Un 6. Il demande une carte. Un 9. Score total 23. Eliminé. Le croupier passe à Law, qui rajoute encore des jetons. Il est à 8. Carte. 5. Carte. As. Carte. 6. Soupir de soulagement.


L'as vaut à la fois 1 et 11. Là, en l'occurence, si il vaut 11, je dépasse 21. Donc évidemment, il compte pour 1. Mon score, là, est à 20. Je prends pas de carte. J'attend que la banque joue à son tour.

Le croupier finit le tour des autres, puis aligne ses propres cartes. Un Roi et un 8. 18. Il félicite les joueurs gagnants, dont Law, et leur rend leur mise, doublée cette fois-ci.

Voilà. C'est aussi simple. Il suffit d'avoir le feeling. Jamais dépasser 21. Allez, essaye.

Nouvelle donne distribuée, en attendant ce fameux "Fu". Law s'engage dans une discussion un peu plus sérieuse. Il appréhende la réaction de sa partenaire de jeu.. Il espère juste qu'elle ne va pas se crisper, se renfermer, se mettre en rogne, ou sceller définitivement l'espoir qu'il a qu'il puisse l'aider, rien que pour la remercier de passer une soirée plus agréable que d'habitude.

Tu sais.. Comme je te disais, moi aussi j'ai des dettes. Je les règle. Mais parfois, les gens à qui je dois quelque chose ne méritent pas que je leur rende. Alors je.. je m'arrange pour que les comptes soient remis à zéro d'une façon qui me serait plus profitable. J'ai peut-être de quoi régler tes comptes à toi, si tu voulais bien me dire ce que je pourrais t'offrir.. Et j'ai bien compris que ce n'était pas l'argent ton problème.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 18 lundi 06 décembre 2010, 15:05:10

Manifestement, il avait parfaitement assimilé les reproches qu’Andrea avait placés dans sa voix. Ceux de la déception du mensonge, mais d’autres bien plus profonds encore qu’il ne devait même pas imaginer. Savait-il au moins pourquoi elle était réellement mortifiée par son attitude ? Ce n’était pas le mensonge, pas la tromperie ni même le reste, pourtant si énervant. C’était cette défense, cette volonté constante de devoir s’éloigner avant de se rapprocher. D’être toujours dans le retrait, dans la méfiance, pour seulement tenter d’effacer les premiers doutes par la suite. Etait-il allé si loin pour ne ressentir que cette peur d’être approché ? Qu’il avance des raisons de sécurité, elle s’en fichait. Andy se doutait bien que s’il avait besoin de se protéger, c’est que les raisons étaient solides. Et, bien qu’elle ne veuille en aucun cas savoir ce qu’il faisait pour en avoir besoin, elle le regrettait. Jouer avec les gens qu’il côtoyait était-il aussi simple que de manier les cartes ou les pions dans une partie ? Andrea faillit lui poser la question. Elle en brûlait d’envie, de savoir s’il était véritablement trop aveugle pour voir l’essentiel, pour voir l’illogisme dans son rapport aux autres. Avec ses représentations à elle, la jeune femme arrivait sans se soucier de juger, sans craindre de rejeter. Son regard se faisait toujours plus lourd à mesure qu’elle se rendait compte que Law avait pris la plus longue route pour arriver à un bonheur fragile et éphémère.

Est-ce que quelqu’un l’attendait au moins, au bout ? Y avait-il une personne patiente prête à panser ses blessures comme il l’avait fait pour elle ? Celles de son corps, celles de son âme, qu’importe. Andrea doutait de cette présence, elle ne voyait pas cette chaleur commune à ceux qui ont un port d’ancrage fort en émotion. Peut-être se trompait-elle, sans doute le cachait-il aussi bien que le reste. Et pourtant, cette pensée était d’une tristesse sans nom. Parce qu’Andrea avait ce même vide, parce que seuls les bons souvenirs de quelques années d’études lui permettaient de se raccrocher à son quotidien, de revenir toujours au même point, en sécurité. Son port à elle s’était effondré voilà maintenant deux ans, et elle savait bien qu’il en découlait un état chez elle un peu étrange. Ce qui l’avait poussé à suivre Law n’importe où, ce qui l’obligeait inconsciemment à rester. Sensation aussi pure que l’alcool qui coure dans les veines, vous renverse quelques neurones au passage et fait de vous un pantin soumis entièrement aux ressentis de votre corps, aux manœuvres délirantes de votre esprit. Quelque chose dont on a pas l’habitude, exprimé avec une violence inouïe qui perce la raison, les barrières d’éducation et piétine ce qui survit encore. Son alcool, c’était la peur, la découverte, l’inconnu ou l’adrénaline. Son coma éthylique, le déversement d’émotions qui la prenait doucement à la gorge depuis quelques temps, ce soir. Quelque chose de différent à chaque instant, qui ne retombait jamais totalement. Quelque chose qui hurlerait que tout est voué au changement, et qui plongerait Andrea dans un rêve éveillé où plus rien n’a la même saveur.

En tous les cas, elle fut au moins rassurée sur un point. Car elle ne croyait pas Law aussi torve et manipulateur que cela, car il était difficile d’envisager que la surprise du dénommé Isaac était feinte. Le pauvre homme semblait perdu lorsque Law lui demanda, après avoir trainé la jeune fille à sa suite, son véritable nom. Law, donc. Andrea le répétait en boucle, alors qu’elle adressa un sourire de remerciement à ce même Isaac, un peu déstabilisé par ce qu’on lui demandait. Sans doute son premier sourire de la soirée, mais peut-être pas le dernier. Simple signe de remerciement spontané, étant donné qu’Andy était heureuse de pouvoir enfin être sûre d’une chose à propos de l’homme qui lui faisait visiter la ville par moyens interposés. Son sourire ne mourut cependant pas tout de suite, et il glissa jusqu’au visage de son interlocuteur principal, fière qu’elle était d’avoir réussi à dévoiler une première couche. De toute façon, que pouvait-elle faire de son nom réel ? La jeune femme ne connaissait ici personne, ne pouvait que le garder pour elle et en savourer le côté apparemment très précieux qui lui était attribué. Alors en retour, Andrea pouvait bien lui offrir un petit sourire de remerciement. Il suffirait, sans doute, d’autant plus que son visage n’était manifestement pas fait pour ça.

Et puis c’était trop attendrissant de voir les efforts déployés par Law pour lui prouver une vérité, au moins une. Il tenait manifestement à ce qu’elle ne se trompe pas trop sur lui, et cette constatation l’intriguait. Que pouvait-il bien trouver d’intéressant dans une gamine perdue envers laquelle ses premières intentions n’étaient pas les meilleures ? Encore cette question, redondante dans l’esprit d’Andy qui ne parvenait pas à mettre la main sur une explication plausible. Quand bien même, elle finirait sans doute par lui demander directement. Se prendre la tête ? Très peu pour elle. Après tout, la jeune fille n’y était pas allée de main morte pour lui tenir tête dans les pires moments, elle n’allait pas le faire dans les autres.

Mais eut-elle le temps de s’arrêter, de répondre, d’acquiescer ? Non, et à peine celui de sourire. Voilà que son hôte l’emmenait déjà vers une partie plus creusée de son univers, celle qu’il lui avait promis en premier lieu. Le monde du jeu, des paris, de l’argent. Les paillettes et leurs revers, bien qu’Andrea était presque sûre qu’elle n’apercevrait ce soir que la partie principale, qui fait briller les yeux en donnant envie de revenir. Essayer, encore et encore. Croire. En s’installant à la table, Andy sentit d’ailleurs nettement les relents du jeu émaner des concurrents. Le 21, hein. Oui, elle en connaissait vaguement les règles pour y avoir joué dans des heures perdues lors de vacances passées avec son frère. Mais elle laissa Law lui expliquer, histoire de ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Car il y a le jeu ludique, l’affrontement manquant de sérieux entre des individus cherchant plus l’amusement que quelconque autre profit. Et puis il y a LE jeu. Celui qui prend aux tripes, celui qui avale l’argent et le rend à sa guise. Le monde du hasard, du bluff et de l’intimidation. La stratégie, le combat. Et pourtant, pourtant Andrea ne sentit rien de tout cela lorsque son compagnon d’un soir lui fit une démonstration qu’elle suivit avec attention. Encore une fois, attendrissant de le voir tenter de lui apprendre, de lui expliquer les bases et de la faire rentrer un pied à l’intérieur du plateau de jeu. Comme un gosse, un peu. Andy dut d’ailleurs réprimer toute réflexion de sa part, et elle se contenta de lui répondre avec des yeux brillants d’excitation.

- Je veux jouer. C’est exactement ça.

Ça, ça qu’elle cherchait. Une forme de déclic, un changement total et entier qui mettait sur le tapis bien plus de choses que de simples rondelles de plastiques peintes. Merveilleux jetons de mise aux couleurs attirantes, tapis si doux au contact et ambiance si sérieuse et détendue à la fois … Andrea retrouvait des couleurs, retrouvait des sensations disparues après leur fuite du précédent casino. Puis tout à coup, quand on posa la première carte devant elle, un frisson. Qui se multiplia bien vite, comme si elle pouvait bouillir d’impatience. Elle perdait même le contrôle de ses muscles, qui dansaient ainsi le long de son dos … puis tout s’arrêta. Ce pouvoir qui l’alimentait, c’était électrifiant. Tenir les cartes, regarder son jeu. Miser, tenter de réfléchir, puis abandonner. Se laisser porter par son instinct, agir sans plus penser. A quoi cela servait-il ? Andrea devait simplement additionner, soustraire, croiser les doigts. Face à Seiji, elle perdait souvent. Faute d’audace, défaut de prise de risque. Annihilation totale de sa capacité à prendre des initiatives, la jeune femme n’avait jamais compris comment jouer vraiment. Ici, maintenant, c’était bien différent. Comme une drogue, Andrea buvait les hésitations de chacun, se délectait de sa propre incertitude, du pari qu’elle faisait parfois sur une seule carte. Et puis, la chance du débutant faisait son office, parfois, bien qu’elle ne mise jamais beaucoup, mal à l’aise de participer avec quelque chose qui n’était pas à elle. Même si Law ne lui en voudrait probablement pas …

Un 9.

Et voilà qu’il reprenait la parole. Andy pensait l’écouter d’une oreille, mais les premiers mots et surtout le ton qu’il employa suffit à la tirer de sa concentration. Un instant, les cartes dans ses mains ne signifiaient plus rien et seules comptaient les phrases qui venaient s’écouler dans son oreille sans qu’elle parvienne à en saisir le sens. L’aider ? Lui offrir quelque chose ? Il était soudainement gentil. Etrange constatation, alors qu’Andrea se souvenait encore d’une paume serrant violemment sa gorge. Et les mots se perdaient désespérément, sans prendre de logique, sans s’harmoniser entre eux pour créer quelque chose de tangible, de réel. Carte.

Un 8.

Coup de chance, coup de jeu ? Une carte, encore. Peu importait de perdre, gagner était la seule chose importante, et il lui suffisait d’avoir un quatre, ou moins. Ne pas s’arrêter maintenant, ne pas perdre. En demandant clairement une carte, encore, au croupier, Andrea sentit encore ce délicieux frisson le long de son échine. Ce qui n’avait rien de particulier ni d’exceptionnel pour tous les gens rassemblés autour de cette table allumait quelque chose dans son regard, la rendant intérieurement fébrile alors que son regard était figé dans un masque impassible que seuls ses yeux pouvait trahir, pour qui sait y lire. Incertitude, serrement au cœur, les deux pour des raisons différentes l’un de l’autre. Carte.

Un 3. Bingo.

Tournant un visage un peu interloqué vers Law, elle lui répondit enfin. Elle avait gagné son pari, même minime, de ne pas sauter au premier tour, alors elle pouvait bien prendre le temps d’enfin répondre à ce discours inattendu qui venait de lui rendre une claque, pourtant pas physique, en compensation de celle qu’Andrea lui avait administrée un peu plus tôt.

- M’aider ? Pourquoi t’en soucier, si nous ne sommes même pas originaires du même monde ?

Ce n’était pas méchanceté, juste surprise. Encore trop de découvertes sur lui. Et pour faire un premier pas et tenter d’approcher dans sa direction, la jeune femme reprit à voix basse afin que les autres ne l’entendent que peu.

- Mais puisque tu y tiens … tu le fais déjà. Ici, maintenant, le jeu, la bagarre, les menaces. Ça me fait vivre. Je crois que j’ai simplement besoin de ça, de m’évader et de profiter de tout ce que je ne connais plus. Ce qui m’arrive depuis que tu m’as adressé la parole. Parce que la source du mal, je crois que personne ne peut y remédier.

Ah, et la banque avait perdu. Mais à vrai dire, ce n’était plus trop ça qui capturait le regard d’Andrea, qui fixait le bois de la table avec un air consciencieux. Allait-il encore l’envoyer bouler ou son questionnement était-il sincère ? En tous les cas, elle venait d’avouer qu’elle n’était plus rien, et sans intérêt. Pas forcément super pertinent, à placer dans une conversation …
Tomorrow comes to take me away
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>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
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Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 19 mardi 07 décembre 2010, 09:51:26

De la fierté paternelle. C'est un peu ce qu'il ressentait en constatant la victoire d'Andrea, alors que lui, sur le même tour, faisait un nul avec son 19. Son sourire s'étirait, bienveillant, fixant Andrea à son tour, portant dans son regard tout l'espoir qu'il portait de la voir gagner encore, et se contenter de ces petits plaisirs qui, apparemment, étaient tout, sauf son lot quotidien. Alignées une à une, les cartes qu'elle avait abattues étaient un fabuleux coup de chance, quoique fort statistique, et au-delà du simple hasard, il y avait du courage : à 17, elle avait osé prendre une nouvelle carte, un pari des plus risqués mais qui avait payé puisqu'elle arrachait au propre établissement de Law un peu d'argent. À cette pensée - qu'elle venait de le "voler", en quelques sortes -, il fit une petite grimaçe. Paradoxe de plus. Il venait de venir en aide à une jeune fille pour qu'elle fasse perdre de l'argent. Distreyant. La somme importe peu : Ce qu'il veut, c'est lui faire un peu plaisir. Et apparemment, ça marche.

Il s'attache, en fait. Tout simplement. Law n'a jamais eu trop d'amis. Ni d'amour. Il se targue d'avoir toujours marché tout seul, par la force de ses bras, et de sa tête, s'être élevé, grandit, comme peu de gens peuvent se vanter d'avoir réussi. À chaque palier atteint, il entamait un nouvel escalier. Les corridors étroits et sombres, parsemés d'embûches étaient des complications qu'il avait l'habitude de traverser. Sans personne.
Alors, maintenant qu'il regarde quelqu'un comme un être humain, et non comme un employé, un adversaire, ou un client - trois catégories quasi immuables pour trier tout ceux qui ne sont pas lui, soit le reste du monde -, ça lui fait tout drôle. Comme un chaton qui découvrirait la neige, un matin d'Automne, hasardant ses coussinets contre la substance pure et froide, qui lui gèle les pattes, qu'il remuera en l'air à chaque pas pour se débarasser de l'eau solide qui reste fixé à ses poils. Il se tournera vers son propriétaire, et semblera l'interroger du regard. Quid ? Qu'est ce que c'est ? Pourquoi est-ce là ? Pourquoi est-ce froid ?
Les pensées se réveillent quand Andrea lève la voix.

Là encore, le manuel des Castors Juniors est clair à ce sujet. Si tu as un problème, résouds-le. Si quelqu'un que tu apprécies à un problème, résouds-le. À vrai dire, Law ressentait un peu de peine à savoir qu'il ne peut pas lui apporter son assistance dans l'épongement de sa fameuse dette.


Je peux remédier à tout.. sauf si ça vient de toi. Et c'est apparemment le cas.

Donc, lui aussi était impuissant. Euh ? Retour sur image. Il venait de dire qu'il ne pouvait rien faire ? Non, ce n'était décemment pas son genre. Rendez-nous le vrai Law !! èé. Auparavant, même face à cette situation, il aurait annoncé que "quelque chose était possible". Le pire, c'est qu'il le pense. Il n'a pas envie de forcer Andrea à résoudre ses propres incertitudes. Tout ce qu'il pouvait faire, c'est l'aider un peu. Et en d'autres situations, il l'aurait secouée, en lui disant que son avenir est dans ses mains, qu'elle devait se bouger le cul, elle saisit tout ce qui l'ennui à bras-le-corps pour qu'ils disparaissent. Bon, histoire de ne pas rester passif, il tentera de prodiguer un conseil, tout de même.

Aucune guerre n'a jamais été gagnée par l'inaction. Je ne peux peut-être pas définitivement régler ton problème mais.. je ne sais pas, peut-être.. peut-être puis-je le rendre moins pénible.

Une nouvelle partie était commencée. Law décidait de recourir à ses quelques capacités de manipulation de carte. Sans même avoir besoin de toucher le jeu, c'était un valet noir qui apparaissait, suivi d'un as rouge. "Black Jack !" s'exclame discrètement un voisin. Law reste détaché, alors qu'il vient de forcer le destin à aligner la meilleure combinaison de tout le jeu.

Tu veux rester ici cette nuit, peut-être ? Voire un petit peu plus.

Un certain Isaac paraissait, un peu plus loin, conversant avec un asiatique avec une singulière tenue de médecin, blouse serrée au niveau de la taille, tablier dont le style faisait penser à ceux des bouchers, et petites lunettes de sadiques. Hm. Agréable. 

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 20 mardi 07 décembre 2010, 15:47:57

Pas facile de se douter qu’un plaisir est partagé quand on a pas l’habitude de le côtoyer. Andrea était tellement hermétique au déferlement qu’un sourire pouvait faire naître à l’intérieur de soi qu’elle ne remarqua même pas l’attitude de Law. Trop plongée dans ses propres ressentis, il était bien plus important de saisir cette douce chaleur qui se répandait dans toute sa poitrine pour irradier jusque chaque muscle de son visage. Tenter de garder près de soi l’enivrante mais éphémère sensation de satisfaction. Pour un détail peut-être, mais qui avait le mérite d’exister. Et c’est bien dommage qu’en cet instant, Andy ne se montre pas d’avantage tournée vers l’extérieur comme elle l’était en temps normal. Parce que le plaisir d’un hôte encore difficile à cerner aurait pu fortement contribuer à son plaisir d’être ici. Après tout, la jeune femme avait pour credo de se nourrir de l’apparent bonheur de ceux qui l’entouraient, pour espérer le ressentir à son tour. Et maintenant que c’était le cas, Andrea ne parvenait plus à se concentrer sur autre chose. Cette simple effervescence, cette tension dans le cœur au moment de demander encore une carte, ce banal jeu de casino réveillait petit à petit de vieux souvenirs. L’époque où elle y avait déjà joué, avant bien avant son anniversaire de fin de lycée. Le temps qui berçait ses sourires innocents.

Celui-ci l’était évidemment beaucoup moins. A la fois débarrassé de toute dimension profonde et habité par bien plus que la découverte, un geste ordinaire peut se charger de sens. Parce que c’était le premier depuis longtemps qu’Andy se permettait le luxe de s’offrir. Parce que c’était toujours pour les autres, jamais pour elle, et que découvrir l’égoïsme était quelque chose d’assez singulier. Imaginez qu’on vous fasse toujours vous sentir au service du bien être des gens, pliée à leurs humeurs changeantes et spectatrice de leur destinée. Puis tout d’un coup, quelqu’un vous prend par la main et vous jette au milieu d’eux. Au même rang, à la même place. Dans un univers où le cœur s’emballe, où les yeux scintillent, où les mots prennent du sens et font écho à quelque chose en vous. Quelque chose de profondément enfoui, d’oublié. Et bien en toute fatalité, il ne reste qu’une alternative : en avoir plus, toujours plus. Alors que les mises évoluaient sur le plateau de jeu suite à son petit exploit personnel, Law insista, comme si l’aider lui tenait réellement à cœur. Il fallut donc bien retenir un autre sourire, afin que ceux-ci ne la fassent pas passer pour une petite écervelée inconnue du monde. Ce qu’elle était. D’un raclement un peu difficile de la gorge, Andy répondit avec hésitation, comme pour bien choisir ses mots.

- Quelqu’un de ma famille m’a beaucoup aidée et je dois simplement faire quelques minimes choses pour le remercier. Ce n’est ... pas grave.

Les derniers mots eurent du mal à passer, et Andrea espéra que Law ne le remarque pas, ou bien s’appesantisse sur autre chose. Déjà, elle en avait trop dit et la dernière phrase pourtant si vraie et évidente jusqu’à présent sonnait comme faux. Cette simple difficulté de prononciation remettait en cause tout le raisonnement de la jeune femme, et ça il n’en était pas question. Ce n’était pas grave, rien n’était grave. La sensation de malaise qui la prenait en rentrant chez elle chaque soir n’était pas due à Seiji, certainement pas.

Tu parles.

Du moins ne voulait-elle pas se l’admettre à elle-même. Et si elle avait buté, c’était simplement qu’Andy ne souhaitait pas que son interlocuteur ne devine, ne la regarde autrement. Elle aimait les yeux qu’il posait sur elle, avec beaucoup plus de prévenance qu’auparavant. Et y lire de la pitié ou du dégoût serait bien trop difficile à admettre. Law devenait quelqu’un d’appréciable, et pour une fois qu’Andrea se sentait bien avec une personne, vraiment, elle ne comptait pas le laisser la fuir par sa faute. Rien ne servait de lui dire une vérité qui ne lui plairait pas, rien ne servait de lui imposer sa vie, aussi facilement qu’on parle du beau temps. Et puis c’était difficile à comprendre. Trop, sans doute. Andrea n’allait pas lui avouer qu’elle n’était qu’une coquille vide depuis deux ans, prête à se remplir de toutes les émotions qui n’étaient jusqu’ici pas les siennes. Alors rapidement, elle embraya à sa suite.

- Je te l’ai dit, tu m’aides déjà beaucoup.

Ces mots furent prononcés alors que la jeune femme posait une paume rassurante sur la main de Law, comme pour lui promettre la vérité et le remercier déjà, sans plus de paroles. Mais elle ne put rester que quelques instants à vouloir le persuader de son rôle dans la bonne soirée qu’elle passait envers et contre tout, puisque le jeu redémarrait enfin. Reprenant son poignet, Andy fixa de nouveau son regard sur le tapis pour suivre la partie. Qui ne dura pas, et son propre jeu ne l’intéressa même pas. Il suffisait de voir Law gagner avec panache pour s’amuser d’un rien. Elle l’aurait presque applaudit avec humour si sa main gauche ne la lançait pas encore un peu, malgré le bandage bienfaiteur de son compagnon de soirée. Se contentant alors d’une moue appréciative et d’un hochement de tête, elle perdit bien vite la nonchalance que ses traits affichaient à la proposition de Law.

Rester ? Ici ? ... Elle avait le droit, vraiment ? Andy lui aurait presque sauté au cou de soulagement. Elle ne pensait plus à rentrer depuis déjà un moment, et le fait de demeurer dans un rêve simplement un peu plus longtemps était déjà beaucoup. Le plus, par contre ... La jeune femme ne pouvait pas se le permettre. Abandonner Seiji quelques heures ne serait pas trop grave, mais il fallait bien que la réalité la rattrape un jour ou l’autre. Et puis, plus sérieusement, elle n’avait rien à faire ici. Andrea ne collait pas dans le décor, et elle gênerait bien vite. Sans doute cette proposition n’était-elle que politesse. Ou peut-être pas. Dans tous les cas, Andy ne pouvait se permettre de fuir indéfiniment. Bien que la fuite se trouve plutôt, sans qu’elle veuille le réaliser, dans un retour au point de départ. Mais à trop se sentir vivante, la sensation s’échapperait encore. Et puis Andrea avait peur. Peur de ne pas savoir quoi lui répondre, peur de refuser autant que d’accepter. Un moment, elle resta silencieuse comme concentrée sur tout autre chose que les cartes volant devant ses yeux. Puis ceux-ci se relevèrent pour croiser le visage encore interrogateur de Law. C’était ... difficile, d’imaginer pourquoi il lui proposait cela. Difficile parce qu’imprévu, parce qu’illogique. Et c’était ça qu’elle aimait, tout en angoissant de ne pas savoir comment l’aborder. Sa voix se fit un peu incertaine alors qu’elle répondait toutefois.

- Je vais déranger. Et puis il ne faut pas trop faire attendre ceux qui comptent sur vous, non ?

Silence, un instant. Andrea ne répondait pas à la question. Et son sourire revint percer avec persévérance les barrières solides de ses angoisses pour pointer le bout de son nez et tenter de lui redonner un baume au cœur. La soirée n’était pas terminée, peut-être avait-elle le droit de prendre quelques heures pour elle, encore. Alors c’est rapidement qu’elle ajouta, comme si la proposition s’était déjà envolée.

- D’accord, je veux. Mais seulement si tu me dis pourquoi tu me le proposes.

En fait, Andrea commençait à apprécier Law. Malgré sa brutalité, malgré leurs univers totalement opposés, malgré la divergence de leurs points de vue. Et elle ne voulait pas que ses rares espérances d’amitié se disloquent à cause de faux espoirs. S’il avait voulu être poli, si c’était seulement pour ne pas qu’elle ne se fasse crever dans la rue, si c’était pour toute autre raison comme celles évoquées, elle refuserait. Tout simplement, Andy voulait savoir ce que lui pensait, tant elle échouait encore à le comprendre ne serait-ce qu’un peu. Et voir s’il pouvait être sincère, aussi. Et tout ceci dans la plus totale ignorance des gens les entourant, y compris ceux auxquels Law pouvait attribuer son attention.
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Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 21 mardi 07 décembre 2010, 18:49:30

Intéressant.
"Quelqu'un de ma famille". Cela expliquerait qu'elle veuille le couvrir. Le comportement des gens est bien étrange quand on touche à la famille : C'est précieux, c'est sacré. Pis encore si on les côtoie. Mais quelle importance ? Quel intérêt ? Pourquoi faudrait-il absolument sacrifier son âme pour sauver ceux qui partagent nos gènes ? Law n'a jamais été impliqué concernant ses proches, sauf ses parents qui l'ont élevé, et ont eux-même fait don de leur temps et de leur argent pour qu'il puisse vivre. Hormis ceux-là, ils peuvent tous mourir, comme tout les autres. C'est à peine si il accorderait à un cousin ou une grand-mère un vague sourire. C'est à dire, moins que l'un de ses clients, et beaucoup moins qu'à un larbin.
Alors, Law serait ravi de laminer personnellement le visage de son frère si il savait que c'était lui qui causait ces maux d'esprit à la petite Andrea dont il se fait un devoir personnel de lui rendre la vie plus légère.

S'apprête-t-il à répondre, ainsi qu'à miser, que l'hébreu toussote derrière eux, manifestant sa présence accompagné de l'asiatique, et de ses talents médical.


Oh, euh. Andrea, je te présente le Docteur Fu, qui s'occupe de.. de tout ce qui rentre dans ses compétences de Docteur. Docteur, c'est sa main.

La quarantaine, et l'air franchement nerveux, il pose une petite sacoche de cuir brun au sol et s'accroupit, pour tendre une main tremblotante et le bandage de fortune qu'avait fait Law, et le défaire. Un nouveau tour de jeu s'engage à table, sans que Law et Andrea n'y soit convié, bien évidemment. Du matériel de soin sorti de tout l'attirail qu'il trimballe, histoire d'extraire les éventuels morceaux de verre restants, appliquer un désinfectant "maison" qui ne pique presque pas - avouons que c'est suspect -, et y appliquer des bandes de tissu médical, constituant un pansement bien plus sain et présentable que les vagues soins de Law.

Donc, je disais. Le seul qui compte sur moi ici, c'est Isaac. D'ailleurs, habituellement, je compte sur lui pour ne pas compter sur moi. Mais il ne m'écoute pas. Tss.

Terminant son oeuvre, Fu se relève et remet correctement ses lunettes sur son nez, se tournant vers le patron pour toucher sa mâchoire. Ce dernier fit un geste pour dégager le contact chevrotant du professionnel.

-"C'est pas très beau tout ça. Un coup ?"
-Une formalité. Ca saigne pas, donc c'est pas grave.


L'asiatique grimaçe, examinera un court instant la paume d'Andrea qu'il venait de couvrir de ses attentions, puis salue le juif et s'éloigne. Aussitôt, Law fait signe à son adjoint de se pencher vers lui.

-J'ai fait un tour chez Melios. J'ai fichu une branlée à trois de ses gars. Enfin, moi deux, et elle s'est occupée du troisième alors qu'il allait me régler mon compte. Bref. Il est possible qu'il tente de revenir à la charge. Pendant que ses hommes viendront ici, ils ne seront pas auprès de lui. On en profites pour lui faire manger ce qu'il mérite. Dis à.. Sibrand de s'en charger.
-"Bien. Chef, il faudrait.."
-Pas maintenant.
-"C'est t..."
-Pas maintenant.


Exaspéré, mais tentant de garder son légendaire calme, l'administrateur s'enfonçait dans la foule, marchant jusqu'au fond de la salle, et la partie réservée au personnel sans rajouter le moindre mot. Law se retourne vers la partie.

Bon.. J'en étais où.. Ha. Pourquoi je fais ça ? Parce que je comptais te violer dans la rue, finalement je vais le faire ici. C'est plus confortable, et beaucoup moins risqué pour ma peau. Ca va, je plaisante..

L'ironie et la dérision sont des moyens d'auto-défenses inconscients, à ce qu'il paraît. Il veut sûrement garder ses sentiments de faible pour lui. Se montrer attaché ? Protecteur ? Conneries. Il voulait qu'on le voit comme un carnassier. Il s'agissait alors de la jouer fine : En dire, mais pas trop. Si le fauve ose courber l'échine parce qu'il est devant sa femme, un autre, plus féroce que lui, n'hésiteras pas à lui déchiqueter la nuque. Là où la loi du plus fort règne, Law se doit de se dresser de toute sa stature, imposant, fier, et de rugir à tout rompre, jusqu'à ce que tous s'inclinent et se soumettent. Une main de fer.. dans un gant de fer.

Je fais ça parce que tu as l'air mieux ici que là-bas. Et comme je t'aime bien, je voudrais que tu restes ici.

Bon, ben, foiré. Il a montré ses sentiments. Il n'a plus qu'à se pendre désormais. Du moins c'est ce qu'il pense. Il se concentre de nouveau sur le jeu. À moitié. En voulant se procurer une combinaison semblable à l'autre, il se donne deux as identiques. Euh ? Les gens autour de la table regardent cela fort bizarrement. Un problème dans le jeu de carte ? .. Oui, sans doute. D'ailleurs, c'est ce qu'il va avancer. La magie, sorcellerie et toutes ses conneries, ça demande au moins un peu de concentration.

Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas dans le jeu. Disons que tout les joueurs remportent trois fois leur mise, pour la peine. (Et, se retournant vers Andrea) Tu as envie de faire quelque chose de particulier ? Ici ou ailleurs. C'est toi qui voit. C'est pour savoir si.. Enfin.. Je ne sais pas, dis-moi ce que tu voudrais faire.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 22 mardi 07 décembre 2010, 21:25:59

Heureusement, heureusement que Law n’avait pas relevé sa première remarque. Parce qu’elle avait eu envie de lui dire tout en le regrettant instantanément, parce qu’il était hors de question qu’il apprenne quoi que ce soit à ce sujet, maintenant que son esprit avait repris ses directives. Andrea n’allait pas se laisser aller à la nostalgie. Surtout qu’en étant là ce soir, c’était pour oublier. Oublier ce qui la retenait chez elle, ce souvenir qui l’appelait en lui ordonnant de rentrer. Et tout compte fait, la jeune femme préférait tirer un trait sur cette discussion et en oublier les détails. Le masque de bonheur feint lui seyait finalement mieux. Sans savoir qu’elle était passée à deux doigts de la confiance aveugle, de la définition même de l’amitié qui est d’ouvrir son cœur, Andy se renfermait une fois de plus sur elle-même. Les mots qui n’étaient pas loin,  et qui auraient même pu s’exprimer autrement étaient retournés se cacher au plus profond de son cœur. Celui-ci qui continuait de ne pouvoir cicatriser tant que personne ne la prendrait en main pour la mener vers un autre chemin, bien plus sain et adéquat.  Quand on a perdu la notion de normalité sur tout ce qui nous concerne de près, il est difficile de s’en sortir seule. Lorsque les sentiments de répulsion, de dégoût et de tristesse ont soudainement cessés tout simplement d’exister, il n’est pas évident de les apprivoiser de nouveau pour les comprendre et leur faire une place.

La morale n’était qu’une institution, et là-dessus elle unirait très certainement beaucoup de monde dans la salle. Il était facile de porter un jugement de valeur, de condamner l’autre sans même se questionner soi-même. Il n’y a jamais de tout noir ou de tout blanc, alors la morale ne pouvait être qu’un lointain concept vers lequel tendre quand on a tout à perdre et qu’on a besoin à en crever d’un idéal. Alors oui, Law ne lui jetterait pas la pierre. Quoique, il fallait une certaine dose de compréhension et de tolérance dans le mauvais sens pour accepter sans broncher un tel type de révélations ... qu’Andy ne voulait de toute façon pas faire. Hors de question. Seiji était loin, et ici il ne la trouverait pas. Ici, elle était libre. Comme si on lui avait brutalement collé deux paires d’ailes dans les omoplates en la poussant du haut d’une falaise pour lui apprendre à voler. Elle se démenait tant bien que mal, pataugeait souvent dans l’incompréhension. Mais jusqu’ici, aucune chute libre n’était à déplorer. Elle était libre. Et blessée, accessoirement.

Un homme de petite taille qui lui rappelait décidément plus son environnement habituel fit irruption devant elle, accompagné d’un Isaac que la jeune femme connaissait déjà. Par réflexe, elle tendit sa main au médecin qui vint à sa rencontre et lui prit d’office l’avant-bras, l’empêchant de continuer à jouer. Law l’accompagna galamment dans son inactivité tandis que le dénommé Fu s’agitait autour de sa main endolorie. Andrea ne la sentait plus tellement jusqu’à présent, mais dès que la plaie se retrouva à l’air, elle fut agressée par une atmosphère pas des plus saines. Dans un geste réflexe de rétractation, la blessée se vit retenir le poignet vers son médecin attitré pour le moment. Tandis qu’il refaisait avec soin un pansement qui ressemblait d’avantage à quelque chose que le précédent, Andrea se rendit compte qu’elle n’avait presque plus mal, alors même qu’il venait au contact des chairs endolories. Quand Fu eut finit son office, Andrea lui lança un « Merci » avant que le doc’ se retourne vers Law sans plus la regarder. La jeune femme sut avant même que sa nouvelle connaissance ouvre la bouche que Fu n’obtiendrait pas ce qu’il désirait. Bingo, un médecin d’écarté, un. Bien sûr, ce n’était pas une égratignure qui allait ternir l’image du téméraire Law qui affronte trois grosses brutes comme il offrirait une poignée de main. Peut-être plus facilement, en fin de compte. 

S’en suivit une conversation entre le maître et le second, qu’Andrea ne voulut même pas écouter, se repenchant rapidement vers sa main ornée d’un tout nouveau bandage, propre et rutilant. Moins amusant que le précédent. Tout comme ce qui suivit. Ah ah. Très amusant, le cynisme détaché qui faisait que lui rappeler ce qu’il était et ce à quoi il avait pensé en la croisant. Andrea fit mine de ne rien laisser paraitre, mais ses lèvres se pincèrent inconsciemment, son expression devenant plus dure. Elle savait qu’il ne le pensait pas. Mais le dire était ridicule, loin d’être drôle et tout à fait inapproprié. Simplement pour lui montrer sa position à elle par rapport à la sienne à lui ? Andrea le savait, elle avait bien compris au fil du temps que son statut était celui de n’importe qui. A peine plus intéressante, du fait peut-être de sa provenance étrangère à cette ville. Une curiosité qu’on aime à cajoler quelques instants. Et Law ne faisait encore aucun pas vers elle. Il restait loin, tentant de fuir toute question difficile ou regard réprobateur. Qu’elle ne manqua pas de lui lancer d’ailleurs, et sa phrase suivante n’arrangea que peu la situation. Ce fut sans doute pour cela que sa réponse parut d’une banalité déconcertante, prononcée sur un ton assez froid.

- Tu ... ouais, difficile de savoir avec toi. On va dire que je prends l’option qui m’arrange, donc pas la première évidemment.

En fait, qui d’elle ou Lui faisait le plus de chemin vers l’autre ? Andrea lui avait tant reproché son attitude, ne faisant que voir les maladroits défauts mis en exergue par une habitude apparemment limitée et des manières qui laissaient à désirer. Elle, qui imaginait très bien ce qu’était ce sentiment, cette notion de rapprochement, ne faisait rien pour. Se contentant de juger et de regretter qu’il ne fasse pas plus d’efforts ... Andrea se rendait compte qu’elle n’en faisait aucun. Abject comportement qui lui aurait bien valu une claque ou deux. Elle eut envie d’effacer ses paroles, de les faire oublier rapidement et de passer à autre chose. Il ne devait pas retenir ça, tout comme elle tentait de ne pas se focaliser sur tout ce qu’elle ne préférait pas savoir sur lui. C’est donc plus timidement qu’elle tenta de rectifier le tir sans paraitre trop paradoxale.

- Bon, c’est d’accord alors. Je reste un peu, curiosité oblige.

Curiosité sur lui, bien sûr. Sur ce qui l’entourait, ce qu’il maniait avec tant d’adresse, ce dans quoi il baignait sans même s’en rendre compte. Un monde à la fois merveilleux et oppressant pour la demoiselle aux yeux sans cesse écarquillés. Cet homme au bar, qui boit tranquillement un liquide translucide qui ne semble pourtant pas être de l’eau. Cette femme au décolleté impressionnant qui la regardait la fixer d’un œil étrange. Cet homme qui triche honteusement au jeu ... Hum. Andrea jeta un regard en coin à Law qui s’en tirait par une pirouette des plus maladroites. Alors comme ça, le jeu et le goût du risque, hein. Ou la triche. Il ne manquait pas d’air, tiens. Andy savourait d’autant plus ses prises d’initiatives, quitte à tout perdre. Elle au moins gardait cette sensation qu’elle avait tant voulu retrouver. Et lui, était-il déjà blasé de cette ambiance qui électrifiait chacun des sens d’Andrea ? Elle n’en avait jamais assez, il lui fallait en apprendre beaucoup plus. Ce qui induit l’idée qui suivit. Faire un pas vers lui, oui mais comment ? Le mettre à l’aise tout en lui faisant comprendre qu’elle s’intéressait, qu’elle voulait le découvrir ... Prendre son pied en ouvrant toujours d’avantage les yeux sur ce qui l’entourait, se délecter de toutes petites choses ... Idée.

Andrea se leva, réajusta sa chemise noire en remontant légèrement les manches longues sur ses avant-bras afin de masquer les traces de sang séché ayant perlé de sa blessure. Elle jeta un regard alentours puis reposa ses yeux curieux sur Law. Elle debout, lui assis, elle paraissait tout d’un coup plus grande et assurée qu’en réalité. Ce qu’elle voulait faire ? Aucune idée, mais elle ne tenait pas en place. D’un ton pressé et une pointe de supplique dans la voix pour tenter d’amadouer son hôte, Andy lui demanda d’un ton plein d’espoir :

- Visiter. Ce que tu veux, mais apprendre ce qu’est ce monde qui me fait oublier le reste. Tout ce qui t’es évident et banal. Possible ?

Elle l’espérait, en tout cas. Du moment que le temps s’arrête et lui laisse profiter un maximum d’une errance imprévue qui l’avait fait tomber dans la boue pour découvrir tant de choses déjà chères à son cœur.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 23 mardi 07 décembre 2010, 23:01:00

Perplexe. Il était perplexe. Il était doué en relations humaines, quand il fallait prendre l'ascendant sur son adversaire. Là, il était clairement question de se comporter d'égal à égal. Et tout de suite, c'est un poil plus dur. Il se perd dans ses techniques de combat. Se réveler ? Non, nous avons déjà éliminer cette solution. Avancer ? Au risque de se brûler.. Pas l'idéal. Reculer ? Non, malheureux ! La fuite n'est pas une option chez toi. Voyons, Law, tu affrontes tes problèmes de face, sans ciller. Hm. Ne surtout pas défendre. Se défendre trop longtemps, c'est lâche. Bon, il reste quoi.. L'esquive. Mouarf, pas l'idéal. Bon. Tentons l'attaque. Il ne reste plus que ça. L'estoc, c'est ce qu'il préfère. Une attirance perverse pour le coup porté de la pointe d'une lame ou d'un poing, pour perforer les chairs, briser les os, faire reculer, opposer toute sa force à celle de l'autre. On va faire ça. D'abord, jouer avec l'arme de l'opposant.

Tu fais le bon choix en restant ici. Tu verras.. Il y a de quoi faire sur Nexus. Mais.. De là à savoir si ça te plaira..

Voilà. Et un joli pas sur le côté. Testons le jeu de jambe d'Andrea, histoire de voir.


Je vais te montrer un objet que j'ai acheté il y a très longtemps. Je m'en suis servi très peu.. Pourtant, il m'a coûté une blinde. Je pense que tu aimeras.

Il posait ses deux pieds à terre et s'éloignait vers le fond de la salle. Il constatait Isaac descendant l'escalier avec une bande de molosse. Il lui fit signe qu'il montait dans ses quartiers à son tour.. Quand, devant Law, paraissait un couple. Deux gros bourgeois de bonne famille, avec des tenues luxueuses dont Andrea n'avait pu voir l'apparence que dans des oeuvres de fantasy. La femme portait une robe blanche avec pléthore d'enjolivures dorées inutiles, onéreuses et aggressives au regard. L'homme, une tunique rouge et noir, avec de très larges manches, une cape avec un blason, et beaucoup de bijoux en argent. Le patron s'immobilise.. Et leur sourit. Politesses d'usage. Courbette devant Monsieur, baisemain à Madame.

-Merci de me faire l'honneur de votre présence. Comment allez-vous ?
-"Bien, merci. Ma femme et moi avions un peu d'argent à perdre..."
-Et moi j'ai beaucoup d'argent à perdre. Prenez-le moi plutôt que de me donner le vôtre.
-"Pourvu que vous soyez dans le vrai."


À grands renforts de gestes élégants et de sourires forcés, Law effectuait une parfaite démonstration d'hypocrisie commerciale.

-Votre fille va bien ?
-"Plutôt, oui.  Mais depuis sa défaite ici, elle ne veut plus revenir."
-Quel dommage. Ecoutez, je dois y aller, quelques affaires urgentes, vous-même savez ce que sont les responsabilités.


Après les salutations pour clore, Law passait son bras autour des épaules d'Andy pour l'emmener plus loin en vitesse. Il presse le pas. Il n'a décidemment pas envie de se livrer à ce genre de cirque toute la soirée. Etait-ce si évident qu'il détestait faire ça ? Il dépasse le groupe d'Isaac et le salue, puis monte les marches que l'administrateur vient de descendre. Engouffrement dans un dédale de couloirs.
Ces couloirs respirent le luxe, beaucoup de bois, des peintures, des tapisseries, des chandeliers tout les mètres. C'est chaleureux, mais peut-être qu'Andrea ne se sent pas à l'aise dans ce genre d'atmosphère. Law s'en fout : Tout ce qui lui importe, c'est qu'ici, entre ces murs inviolables, il est en sécurité absolue.
Des servantes les croisent, des clients qui entrent et sortent de quelques chambres les accompagnant, libidineux flambeur lorgnant ostensiblement sur leur croupe. À la vue de Law, ce sera un sourire poli, et à Andrea à côté, juste un regard dédaigneux. Affligeant.
Double-porte gardée passée sans problème. L'ambiance est la même, sinon que les couloirs sont un peu plus étroits, moins éclairés, et plus aucun intrus ici : Uniquement quelques rares hommes bien bâtis pour faire la surveillance.
Une salle. Il s'arrêtait devant.


Je crois que c'est là.. Non, en fait, j'en suis sûr, mais je ne sais pas vraiment si c'est là-dedans.


La porte s'ouvre.
Une salle des coffres. Avec, donc, des coffres. Des coffres anciens, tout carrés, en bois très solide, renforcés de métal aux encoignures, doublé à l'intérieur d'un solide blindage, sans aucune serrure.. Donc, sans moyen apparent de le verrouiller.


Ces trucs ne sont censés s'ouvrir qu'à ma volonté. Bon.. Ca marche pas à chaque coup.

Il passe en détail, un par un, tout ces inviolables receptacles à trésors. Et.. Enfin. C'est celui-là. Il se penche dessus, et l'ouvre. À l'intérieur, une cassette recouverte de cuir noir, qu'il extrait. Hop, celui-ci aussi est ouvert. À l'intérieur, un objet.. Et bien.. magique.
C'était une enchevètrement sphérique de fins anneaux d'or. Flottant en son sein, une petite boule blanche lumineuse. Law détournait le regard, pour l'offrir à Andrea. Il la forçait à le prendre.


Observe-le bien.. Et pense.. pense.. pense à ce que tu désires le plus.

Quelques secondes après avoir plongé ses yeux dedans, ce qui est dans son esprit (et donc, Law l'espère, "ce qu'elle désire le plus") se matérialise. Si elle a autre chose en tête, alors il apparaîtra tout pareil, remplaçant la salle des coffres par la vision de son esprit. Si jamais elle pense à quelque chose de trop abstrait pour être matériel, alors il apparaîtra sous forme de symboles et d'allégories.
Le voilà, son coup d'estoc. Zou !

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 24 mercredi 08 décembre 2010, 07:40:51

Bon, manifestement elle avait le droit de demander à voir quelque chose de plus. Quoi que ce soit, Andrea serait sans doute comblée puisqu’elle ne voulait que s’abreuver d’images et de sons qui lui étaient inconnus. Alors si ça lui plairait, eh bien il faudrait attendre pour le voir. Mais pas longtemps, puisque Law prenait son impulsion et quittait déjà la table de jeu sans un regard en arrière. Andy, elle, s’attarda quelques secondes afin de hocher la tête en direction des autres participations. Une manière détournée de dire merci et bonne chance à la fois. Chance. Ce qu’elle avait touché du bout du doigt et ce que Law maitrisait. Comme tout le reste ici, sans doute. Pauvre petite naïve ignorante, Andrea ne s’était pas douté que la reluisance d’un monde où tout le monde peut tenter sa chance n’est parfois que poudre aux yeux. Pour elle, il y avait véritablement ce risque, cet espoir permanent, envers tout et contre tous. Evidemment, Andy n’était pas stupide au point d’imaginer qu’un jeu d’argent, quel qu’il soit, soit totalement exempt de fraudes et autres contournements à la pratique habituelle. Mais quand même, dommage.

Et l’autre qui était déjà parti, laissant encore en plan la jeune femme qui prenait le temps de savourer chaque instant, même celui du départ, en présence de ce qu’elle découvrait. Se retournant et pressant le pas pour rattraper son guide de la soirée, Andrea arriva peu avant que son compagnon ne croise les premiers clients qui allaient lui adresser la parole. Un homme et une femme aux habits étranges qu’elle ne voyait jamais portés dans la réalité, d’avantage dans le monde imaginaire des films médiévaux. Ils se tenaient là, à sentir bon et à étaler leur richesse sur leurs vêtements, dans leurs sourires et jusque dans leur intonation de voix. Et malgré ça, Law courbe l’échine devant eux. Andrea faillit laisser s’échapper un éclat de rire qu’elle contint avec mal devant l’attitude ridiculement empli de bonhomie  d’un homme fier et impitoyable. Le revers de la médaille, les obligations mondaines et courtoises pour tout homme d’affaire qui veut garder ses clients dans sa compagnie. Classique, et pourtant tellement inattendu de sa part. Baissant les yeux pour ne pas croiser le regard charmé des clients et laisser son hilarité prendre le dessus, Andrea jetait de simples coups d’œil aux expressions, forcées tant bien que mal, de Law.

Mais manifestement, il ne compte pas s’attarder et c’est sans attendre que son hôte reprit la route, l’enserrant dans une prise qui l’obligea à accélérer la cadence en même temps que lui. Entrainée encore et encore, Andrea se laissa faire jusqu’à la naissance d’un dédale de couloirs. Un endroit qu’elle n’aima instantanément pas. La jeune femme ne s’y sentait pas tant en décalage que cela, mais il lui était difficile de supporter la vue des fioritures et autres décorations qui parsemaient le chemin que Law et elle empruntaient. Rien de chaleureux pour elle, plutôt un décor factice de théâtre qui cache bien d’autres choses sans vouloir se l’assumer aux yeux des autres. Une protection bien maigre contre la réalité des faits, encourageant les visiteurs à ne pas penser à la simplicité et la laideur de leur but en venant ici. Car bien qu’Andrea ne sache pas ce qu’il se passait entre ces murs, elle se doutait que ce n’était pas un simple salon de thé. Et alors qu’elle jetait des airs réprobateurs à ce qui l’entouraient, les visiteurs le lui rendaient bien et la fixaient avec une expression hautaine où filtrait une animosité certaine et un dédain impérieux. Avant d’aller plus loin, Andrea glissa dans un sourire moqueur :

- Tu fais ça très bien, te faire respecter. Dommage qu’il faille en faire des tonnes avec certains.

Simple réflexion sans autre but que de couper le brouhaha des passages autour d’eux. Tintamarre qui se calma bien vite alors que Law et Andy se dirigeaient vers une autre partie de l’établissement, gardée sérieusement et au calme le plus profond. Les murs les entouraient maintenant de plus près, comme pour les prévenir de ne pas aller trop loin pour ne pas se retrouver coincer. Puis ce fut une porte comme les autres, devant laquelle le maître des lieux s’arrêta. Derrière, une salle dont le sol était jonché de coffres, de malles de bois peint et enjolivé d’une certaine couche de protection, sans aucun moyen pour les ouvrir. Là, Andrea mettait un pied dans un monde encore plus étrange, celui de la magie. Plus rien ne réussissait à l’étonner concernant cette ville, mais c’est sûr qu’elle ne s’attendait pas à ce que Law la manie avec autant de normalité. Etait-ce chose commune ici-bas ? Sans avoir de réponse à sa question muette, Andy regarda son guide se saisir d’un coffre de taille réduite et en extraire un objet qu’elle ne vit que lorsqu’il lui mit dans les mains.

Apparemment, le pulse lumineux de la bille immaculée entouré de cercles dorés était supposé avoir un rapport avec ce qu’elle désirait le plus. En réfléchissant un instant, Andy eut pu se douter de la suite, puisque Law s’empressa de ne pas regarder l’objet avant de le lui mettre dans les mains sans qu’elle puisse le refuser une seconde. C’était alors presque évident ce qui allait lui arriver, si seulement elle n’avait pas ignoré totalement l’existence d’objets  magiques. On ne se prépare pas à ce qu’on ne connait pas suffisamment. Ceci-dit, Andrea se serait sûrement fait la réflexion qu’il lui aurait été plus précieux de voir ce à quoi Law pensait, elle qui ne pouvait une seconde imaginer ce qu’il avait dans le crâne. Mais comme elle ne devina rien, Andrea laissa son regard se faire happer par l’artefact pour ne plus en bouger.

Ce qu’elle désire le plus ? A cet instant, c’est simple. Ce n’est pas Seiji. En temps normal, son souhait le plus cher serait de le voir enfin sur le point de déménager avec sa future femme, s’en allant très loin d’elle. Ou un retour en Finlande aux cotés de sa mère, dans la même optique de fuite. Mais ce soir, alors qu’Andrea a enfin réussi à oublier son frère et les tourments qu’il lui cause, c’est bien autre chose qu’elle désire. Amusant de voir comme l’esprit fait de priorités des choses éphémères qui ne demeurent qu’un temps, mais avec force dans les envies d’une jeune femme. En fait, plus qu’amusant, il est absolument passionnant de décrypter, ou ne serait-ce que tenter d’imaginer ce que notre cerveau fabrique seul. Des images qui n’existent pas se créent juste pour nous parfois, des souvenirs sont tronqués, la volonté n’entrant que partiellement en jeu. Peut-on maîtriser les rêves ? Pas plus qu’on ne maîtrise la magie lorsqu’on y connait rien. Et la magie de la genèse d’images sorties tout droit d’un cerveau tournant à plein régime où celle qui sort d’un artefact, c’est la même contrainte à maîtriser. Difficile, impossible, la conscience s’attachant à rejeter quelque chose que l’inconscient se fait alors un plaisir de mettre sur le devant de la scène.

Si bien que lorsque les couleurs se mélangent pour s’imposer à elle, Andrea ne sait pas trop ce qu’elle va voir. Elle espère juste ne pas croiser un visage qu’elle n’aimerait pas. Se compromettre. Avoir trop de détails dans cette expérience qui l’emporte aussi bien mentalement que physiquement. Comme transportée ailleurs, Andy ne fait plus attention qu’à ce qui se forme devant elle. Une silhouette. A première vue, elle ne reconnait pas la personne qui lui tourne le dos. Puis le contour se précise, l’ombre se retourne et ... la jeune femme n’en sait pas plus. Car c’est un visage vide qui lui apparait. Pas de trou noir, pas d’effacement, juste le néant. Rien. Pas de traits, pas d’expression. Et au fur et à mesure que les yeux de la spectatrice Andrea s’accommodent, c’est une chevelure blonde qu’elle voit coiffer ce vide. Ses cheveux. Et tout d’un coup, l’identité de cette silhouette inquiétante lui parait évidente. La révélation la prend à la gorge comme la main de Law l’a fait plus tôt dans la soirée, lui coupant la respiration. C’est elle, et à la fois personne.

Andrea est devenu une sorte de fantôme sans âme ni émotions, sans visage pour les exprimer. Tout est parfait chez elle, sauf cette tache noire d’inexistence qui vient tout gâcher. Incompréhension, d’abord. Est-ce qu’elle désire le plus en ce moment, s’horrifier devant ce qu’elle est devenue ? Mais un instant, le paysage se brouille. Quelqu’un arrive. De totalement différent, même de la réalité. Car son esprit invente ce qu’elle voit avec le cœur, aussi le monde et ses représentations n’ont de réel que ce qu’Andrea veut bien leur prêter. Un manteau vole, un coup de poing part. Andy voit son autre elle-même se faire projeter au tapis et disparaitre. Le propriétaire du poing se retourne, et encore une fois l’envie est trop floue pour que la jeune femme puisse reconnaitre celui qui vient de lui coller un coup. Et à mesure que son esprit turbine, modifiant ses souhaits et se mettant d’accord avec le reste de son corps sur le scénario auquel elle a réellement envie d’assister, la scène devient plus nette. L’action se répète encore et encore, et à chaque fois Andrea distingue mieux l’inconnu. A chaque fois, il se redresse un peu plus pour enfin finir, alors que le coup parti est si réel que la véritable Andy doit se frotter la joue pour se sentir intacte, par évoluer. La silhouette du vainqueur se retourne, tend la main et son visage s’illumine d’un sourire très doux.

Et là, Andrea réalise vraiment que ce n’est qu’un souhait. Parce que Law ne sourit pas comme ça.

Eh oui, c’est Law qui vient de donner une bonne leçon à celle qu’elle est tous les jours. C’est Law qui tente malgré elle de la pousser un peu vers le haut pour la sortir de ce néant affectif. Lui qui l’aura menacée, mise en danger, fait fuir, jouer, se blesser et tout cela sans savoir que c’était le meilleur des remèdes. En somme, c’est un peu ce qu’il s’est passé ce soir. Sauf que pas du tout, puisque le néant est toujours là quelque part en elle et que personne ne se retourne pour lui sourire de cette manière et l’inviter elle à venir dans le monde réel, à mettre un pied dans la joie et le plaisir spontané. Personne n’assomme sa réflexion d’un simple étirement de lèvres pour lui demander d’arrêter de penser et de simplement profiter de ce qu’elle ne connait plus. Et là, alors que la scène se répète sans qu’elle y accorde encore beaucoup d’attention, trop surprise de désirer à ce point qu’il la sorte de là, Andrea se rend compte d’un minuscule petit détail.

Law, le vrai, est là aussi.

- Et merde.

Comme il y a plusieurs heures de cela, un juron prononcé en une des deux langues maîtrisées par Andrea. Laquelle ? Impossible à dire. De toute façon, les deux auraient exprimé exactement le même sentiment. Bon, c’est le moment de se montrer un peu pitoyable et d’assumer de retomber un peu si elle ne veut pas se faire cracher à la figure qu’elle peut toujours rêver. Il n’allait sans doute pas apprécier ce qu’il avait pu voir aussi, alors quand les pots se brisent un à un on essaye au moins d’en sauver un.

- Non en fait c’est pas ce que tu crois ... Plutôt une association d’idées. Ou alors ton objet ne marche pas.

Cling. Echec critique.
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Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 25 mercredi 08 décembre 2010, 10:34:41

Le moment de la découverte est toujours quelque chose de délicieux. Pour la première fois, faire quelque chose, subir quelque chose. Pas n'importe quoi. Pas goûter des céréales, pas utiliser une perforeuse. Quelque chose de grand, comme sauter d'une falaise pour plonger dans des flots déchaînés, parler devant des centaines de gens. Jouer dans un casino ? Se battre ? .. Et utiliser la magie. Oui, c'est toujours les quelques secondes qui précèdent ce déniaisement qui sont fabuleuses. En l'occurence, Law aura pu sentir une véritable tension en remettant l'objet à Andrea, en la voyant tenir cette chose qui ne lui était que d'une piètre utilité, car il avait vite compris pourquoi les anciens possesseurs s'en étaient successivement débarassés. Apparemment, quelques pièces d'or leur avait semblées plus utiles que ce bibelot mystique.

Donc, la matérialisation de sa volonté la plus immédiate. Etrange. C'est elle qu'elle voit ? En effet. Les contours se précisent.. Mais pas les traits. Il doit y avoir une signification à cette malice. Ne se trouve-t-elle pas assez jolie ? Non, c'est sûrement plus profond. Peut-être est-ce qu'elle se considère sans âme ? Law l'a trouvée assez passive, malgré quelques relans d'un caractère bien trempé et passionné, elle ne faisait que suivre sans broncher les aléas de la volonté du tortionnaire de Nexus. Est-ce que, sans s'en rendre compte, le polyglotte ne faisait que manipuler une poupée ? Ca y est, il se posait des questions. Son attention voguait entre la vraie et la fausse. Et puis, une autre apparition. Le manteau ? La frappe ? Dans son esprit, tout de suite, il se gausse : Tiens, elle rêve de moi, pense-t-il en plaisantant. Le croquis se précise peu à peu.. et là, il se reconnaît franchement. Avec un sourire. Eurk. Il se trouve débectant avec un sourire. Faire la gueule ça lui va beaucoup mieux ! De toutes façons, les expression joyeuses, c'est pour les petites filles de 4 ans, avec leur insouçiance répugnante, leur gaieté, leur énergie exaspérante. Une petite robe, un jouet dans la main, des souliers tout neuf, maman qui gronde parce qu'à force de courir partout, elle va finir par se faire mal. Mais peu importe pour ces gamines : Elles continuent de courir, et de rire à tout va, comme si la vie était une fête et que des années plus tard, rien ne sera important, sinon de devoir continuer à lever ses pieds maladroits pour déambuler dans tout les sens, dans des éclats de voix joyeux et incontrôlé.

S'appuyant sur un mur proche, comme il le fait souvent, ses traits se durcissent. Pourquoi sourit-il ? Pourquoi la frappe-t-il ? Aurais-t-elle exprimé ses peurs plutôt que ses volontés ? Non, elle ne peut pas savoir le véritable but de cet objet. Si Law lui a demandé de penser à ses désirs, elle doit y penser sans dériver. Elle ne sait pas que si elle devait penser à une souffrance passée, à un cauchemar futur, à elle en petite fille, cela apparaîtra comme réel autour d'elle. Elle n'est pas encore au courant. Donc, elle n'a pas dû y penser. Donc elle pense à ce qu'elle veut. Donc elle pense à.. à.. ça.

Elle objecte. C'est un peu pitoyable, dans le sens où, dans ce cas, elle cherche à se défendre, ce qui conforte Law dans l'idée que, justement, l'objet ne s'est pas trompé. Si elle s'était montrée aussi étonnée que lui devant le spectacle de son propre esprit, il aurait pu exprimer un doute quant à la validité de l'image créée, et de sa provenance dans les pensées d'Andrea. Il aurait pu se dire que, comme elle vient de l'annoncer, le produit de cette magie n'était en fait qu'un mélange de quelques idées confuses. Mais elle vient de commettre un epic fail en tentant de discréditer l'artefact.


Non, il marche très bien, Andrea.

Avouant alors qu'il pensait bien qu'elle ne s'était pas trompée, et que tout n'était qu'une métaphore. Il ne voulait pas spécialement qu'il lui colle un pain - quoique, si, un peu - mais désirait surtout quelque chose "d'autre" par rapport à son monde à elle. S'immerger totalement là où Law patauge péniblement chaque jour. Il prend la sphère des mains d'Andrea, et hésite à regarder à l'intérieur.

Je.. Tiens, mettons-nous sur un pied d'égalité. Je vais essayer moi aussi.

Bon. Un peu de concentration, et son regard travers les interstices des anneaux dorés, plongeant tout droit vers la lumière. Il laisse ses pensées vagabonder.. Et le paysage d'Andrea disparaît faiblement pour laisser place à celui de Law.

Nous sommes plus ou moins au courant que ses pensées sont changeantes et confuses, alors il faudra un sacré temps d'adaptation pour arriver à manifester ce qu'il veut vraiment montrer à la finnoise. Il a néanmoins un avantage sur sa cadette : il sait comment marche l'objet pour l'avoir manipuler plusieurs fois. Il aurait donc moins de mal à lui faire comprendre des choses.

Passons en revue quelques aperçus de ce qui se trame parmi ses désirs. Bien vite se matérialisera un Law sur un trône, en haut d'un escalier de quelques petites marches, tapissées de rouge noble. Il n'a pas de couronne, il est juste bien habillé, mais bien plus simplement que le bourgeois de tout à l'heure. Le hic : Il semble mort. Les deux mains sur les accoudoirs, voûté, la tête tombante, les yeux fermés. Une majesté se dégage de lui, une prestance naturelle, mais morbide. L'image change. Toujours Law, mais nu, et cette fois-ci, assit sur un matelas désordonné. Une jeune femme, à la plastique rappelant celle d'Andrea, le chevauche, face à lui, frottant sa poitrine contre les pectoraux du polyglotte au rythme de son empalement sur lui. Le véritable Law peste, tout en continuant de fixer son objet magique : Ce n'est pas ça qu'il veut. Il serre les dents, et continue de laisser aller ses pensées. Un peu de concentration, que diable. Et enfin, tout s'estompe. La pièce est envahie d'un noir immense, le chaos absolu, le néant, rien. Ca y est, Law est en rage. Il sait comment fonctionne cet objet, il sait comment il doit s'y prendre. Ce n'est pas tellement son esprit qui déconne, que sa volonté. Ne veut-il donc rien dans la vie ? Sans lâcher du regard l'objet - sans le lâcher tout court - son poing part s'écraser contre le mur qui lui est proche. Un "bom" sourd retentir, et le bois aura même blanchi à l'endroit où il a frappé. Le noir se brouille enfin, comme si, dans une bouteille d'encre, on aurait laissé tomber quelques filets d'eau bénie, parfaitement blanche. Le vide se trouble, et se rempli. Le paysage qui les entoure devient.. Une magnifique plaine recouverte par la neige. Celle-ci tombe, très légèrement. Ce n'est pas un blizzard, juste une fine pluie de délicats flocons, purs. Quelques arbres, un chemin de terre qu'on distingue vaguement un peu plus loin, par les traces de roues qui y passe. Là encore, Law ne porte aucun vêtement. Il est accroupi, nu dans l'étendue blanche, tout aussi pur qu'elle. Son visage est levé vers le ciel, mais ses yeux sont une nouvelle fois clos. Quelques minuscules plumes glacées tombent sur son visage, et fondent. Bras contre son corps, avant-bras écartés, comme si il recevait une bénédiction. Désormais, le film est fixe. La neige continue de tomber. Il ne semble pas avoir froid. La béatitude flotte autour de lui.

Le Vrai fixe cette scène, presque passif. Le fond de son coeur est atteint. Les sentiments c'est de la merde. Cet objet, c'est de la merde. Cette vision c'est de la merde. Pourquoi ressent-il une tristesse si profonde à se voir seul, aussi heureux qu'un Saint, aussi pur que le Christ ? Il n'a plus d'attention pour Andrea. Il se regarde. Au bord des larmes, au bord d'une colère insoutenable, prêt à tout lâcher, tout faire exploser. L'objet qu'il tient en main n'a jamais eu quelque chose de si compliqué à faire apparaître, de toute son existence, au fil de ses différents propriétaires.. Et pourtant, rien n'a jamais été aussi clair.


Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 26 mercredi 08 décembre 2010, 18:26:32

Admettons, c’est totalement stupide. Andrea aurait bien fracassé l’objet sur le sol s’il avait été à elle. Quelle idée d’exposer comme ça les envies des gens, dont ils n'ont parfois même pas conscience ? C’était profondément gênant de voir ainsi s’exposer des pensées dont elle ne se savait même pas maîtresse, sous les yeux d’un autre qu’elle. La jeune femme virait peu à peu au rouge, hésitant entre la colère et la honte. Inconvenante que cette vision, elle aurait bien imité le Law de son envie dévoilée et se coller un poing dans la figure. Juste histoire de lui remettre les idées en place. Y’a des gens comme ça qui ont besoin d’un bon traumatisme crânien pour arrêter de penser à des choses stupides. En cet instant, Andrea n’était pas difficile et simplement arrêter de penser lui suffirait. Amplement. Tout plutôt que de voir ainsi sa tête ouverte et grandement libérée. Heureusement pour elle, une seule image tournait en boucle. Cela lui évitait d’avoir droit à d’autres situations on ne peut plus dérangeantes, mais d’un autre côté ... La jeune femme ne supportait plus de voir le sourire irréel d’un Law retouché. Il avait l’air tellement différent qu’Andy se demandait même si ce qu’elle souhaitait c’était Law, ou le sourire.

Dans le premier cas, son esprit était tombé dans un sentimentalisme ridicule et déplorable, ressemblant à ceux de bien d’autres filles de son âge avec qui elle n’avait pourtant aucun point commun. Donc cette hypothèse tenait difficilement devant la critique, et s’écroulait dès qu’on la connaissait un peu. Faire du sentiment superflu, très peu pour elle. C’était donc le sourire la clé, et peut-être la main tendue. Et si Law avait enfilé ces attributs, c’est peut-être parce qu’Andrea n’avait aucune idée de l’apparence de celui ou celle qui la sortirait de ce cauchemar. Ne sachant pas du tout quelle silhouette l’aiderait, la jeune femme avait naturellement souhaité que chose soit faite le plus rapidement possible. Et la seule personne avec qui elle avait un peu parlé ces derniers temps, c’était Law. Dénouement logique pour son esprit un peu simplet parfois, donc, que d’associer ces deux constatations. Oui, quand on y réfléchissait, c’était bien évidemment ce qu’elle avait tenté de soutenir dans sa maigre défense, des idées qui s’enchainent bout à bout pour former une image qui révèle deux faits qu’elle souhaite en effet sans les associer. Parce que se dire qu’elle voulait que Law change, ce n’était pas totalement exact. Autre argument en faveur de la situation non désirée et ridiculement gênante, puisqu’Andrea appréciait celui qu’elle avait rencontré. Joueur, tricheur, avec ce petit air de héros des bas-fonds qui aurait trainé dans la rue un certain temps avant de se hisser à une place honorable. Bourreau et victime, quelqu’un de bien plus complexe, bien trop pour sortir ce sourire si pur et dénué de profondeur.

Car Andy, qui ne connaissait pas encore le sentiment que sa vision tentait d’exprimer, à savoir le plaisir d’être comprise et accompagnée, n’envisageait, elle non plus, pas une telle expression sur le visage de quelqu’un. Si le véritable Law devait être profondément dégoûté par cette image, elle-même ne se sentait pas à l’aise avec ce sourire. Celui de quelqu’un de plat, inintéressant qui n’a rien à monter. Du moins tentait-elle de s’en persuader pour justifier qu’elle ne désirait pas voir Law ainsi et donc donner un sens à son raisonnement. Celui-là même qui aboutissait simplement à la conclusion que ce désir était plus dur à comprendre qu’il n’y paraissait et que toute erreur d’interprétation pouvait lui être fatale. Mais alors, pourquoi ses joues restaient colorées de rouge si elles n’avaient soudainement plus aucune raison de l’être ? Honte de soi et de sa faiblesse, peur qu’on ne comprenne pas totalement la situation ? Sans doute un peu des deux. D’ailleurs, Andrea n’osait pas fixer Law dans les yeux, elle d’ordinaire si franche et honnête dans ses paroles et ses actes. Là, le malaise. D’autant plus quand il lui répondit d’une phrase claire et précise qui mettait un terme à toute autre tentative ridicule de justification. En ces simples mots il avait mis fin à son maigre espoir de le voir indulgent et de ne pas lui tenir rigueur de ... ça. D’autant plus qu’elle n’avait rien décidé de manière consciente. Et certainement pas eu le choix de prendre l’objet entre ses mains, ou de savoir ce qui allait se passer avant que tout ne se déclenche.

En gros, c’était difficile de remonter la pente quand on vient soi-même de se jeter à bas de la montagne dans un délibéré espoir de se faire piétiner puis oublier. Tout ça parce qu’on a changé d’avis et que le regard de l’autre compte finalement plus qu’on ne l’aurait cru, alors que ce genre de détails n’étaient d’ordinaire que futilités. Tout ça à cause d’un simple objet de malheur. Andy jeta un regard noir à ce qu’elle tenait entre les mains, et crut sauter de joie quand elle se le fit prendre par Law. Surprise, la jeune femme pensait voir se ranger l’artefact et passer à autre chose. Une réplique moqueuse, quelque chose. Mais au lieu de cela, il plongea de son plein gré les yeux dans la sphère laiteuse en déclarant essayer.

Était-il complètement fou pour vouloir ainsi exposer son être, lui qui n’avait jusque-là fait que fuir ? Ou alors trop curieux pour attendre ? En tout cas, c’était une réaction bien étrange et totalement inattendue de la part d’un homme qui a l’air de tout mettre en œuvre pour se protéger, tout le temps. Et ceci plus sur le plan moral que physique. D’autant plus que le temps lui donna raison. Parce que ce qui défila sous leurs yeux n’était pas visible par tous, parce qu’Andrea se sentait de trop. Contrairement à l’envie qu’elle avait précédemment exprimée de savoir ce qu’il se passait si son compagnon prenait en main ce révélateur bien embêtant, elle aurait préféré être ailleurs. Andy aurait beaucoup donné pour s’en aller très loin et laisser Law avec lui-même. Elle se sentait en trop là où lui avait cru normal de rester. La jeune femme sentait un goût amer remonter dans sa bouche lorsque les premières images apparaissaient. Vu de l’extérieur, ça n’avait plus rien à voir. Car celui qui tient l’objet sait ce qui va lui arriver, car celui qui le possède se connait mieux que quiconque et saura interpréter, définir les limites entre la réalité et ses désirs. Et l’autre, non.

Et la danse commence. Comme pour Andrea, les couleurs mettent du temps à arriver. Successivement se suivent plusieurs scènes, toutes plus déconcertantes les unes que les autres. La première est globalement ce que la jeune femme pouvait attendre, un souverain sur son trône gardant ses ouailles d’un regard lointain. Un peu trop lointain, le regard. Le cœur d’Andy manque un battement quand elle se rend compte que le roi est seul, mais surtout qu’il le sera pour l’éternité, aussi froid qu’un mort peut l’être. Et cette ambiance qui écrase, broie tout ce qui fait d’un être humain un corps vif et habité par quelque chose. Mais ce n’est apparemment pas ce que Law désire, et Andrea se demande si l’objet ne fait au final que montrer ce à quoi on pense ... Ou pas. Ignorant le fonctionnement de quelque chose de magique, elle se contente de s’écarter de Law de quelques pas et d’attendre la suite. Car déjà, tout se trouble comme un millier de pixels qui se mélangent à nouveau pour créer un autre paysage, plus humain. Quoique. Plus bestial, oui. Humain, Andy ne sait pas. Pour elle la scène qui suit a bien plus de sens que pour son propriétaire, sans doute. Elle observe un décor qu’elle retrouve presque tous les soirs, un contexte qu’elle a souvent connu. Mais à la différence que la fille qui chevauche son amant –sans qu’elle voie son visage- parait prendre un plaisir véritable. Dans une action à laquelle elle-même n’accorde pas plus d’attention qu’en serrant une main. Alors oui, cette vision la surprend puisqu’elle est persuadée que la simulation est une constante en matière de relations humaines. Elle ne connait plus que ça.

Cela ne lui fera pourtant que hausser un sourcil presque amusé, persuadée encore que Law est plus complexe qu'il n'y parait pour réellement désirer cela et uniquement cela. Et la suite lui donne raison. Par une première image surprenante, et qui lui rappelle étrangement quelque chose. Oppressant néant qui s’abat sur la pièce, effaçant tout et avalant chaque détail de la réalité. Andrea n’aperçoit plus que le maître des lieux, qui ne semble pas apprécier ce qu’il voit. Andy aurait été légèrement désappointée également si l’objet s’était figé là-dessus. Elle préférait encore le tableau précédent. Law aussi, manifestement et comme le montra sa colère partant se ficher dans le mur, laissant résonner le bruit de l’impact dans l’immensité réduite de ce vide qui serait supposé représenter son plus grand souhait ... Cela lui ressemblait trop et Andrea ne voulait pas croire que c’était simplement ça, Law. Résumé à un rien, résumé à un tout qui n’existe pas, sans volonté ni désirs.

Et beaucoup plus. La scène finale, Andrea ne tenta même pas de la décrire. Laissant ses yeux voyager sur cette poésie inattendue, elle se refusa à mettre des mots là-dessus. Et tout le temps que Law se regarda dans une situation des plus poignantes, Andy se mordait la lèvre inférieure tout en le fixant lui. Le Vrai. Un coup d’œil lui avait suffi pour voir le fruit de ses désirs, et c’était l’original qui l’intéressait à présent bien plus.

Andrea ne peut en supporter d’avantage. Quitte à ce qu’il colle une rouste pour déranger ce qui n’appartient qu’à lui, quitte à ce qu’il lui parle comme à une malpropre. Impossible de respecter ce moment sans bouger et de le regarder, d’un coup, perdre tout ce qui jusqu’à présent le définissait. Alors elle s’approche sans bruit, convaincue du fait qu’il n’a plus aucune conscience de sa présence. Son esprit doit simplement être centré sur lui-même, et l’entourage lui importe peu. Cela paraitrait logique. Arrivant enfin à sa hauteur, elle passe devant lui, se frayant un passage dans son champ de vision qui ne doit pourtant que voir son autre lui-même. Fermant ses mains autour de celles de Law pour cacher l’objet puis lui retirer délicatement, elle l’éloigne de lui et de son regard en le passant dans sa poche de chemise. Mais, gardant ses paumes sur les siennes, elle ne peut s’empêcher de murmurer quelque chose. Et tant pis s’il le prend mal et se défend en réagissant comme il le fait d’ordinaire. Andy est trop retournée pour laisser passer cela. Comme la claque qu’elle lui a administrée un peu plus tôt dans la soirée, elle n’a d’autre choix que cette alternative.

- Law. Reviens-ici.

C’est la première fois qu’elle peut l’appeler par son nom véritable. La première fois qu’elle lui donne un ordre, la première fois qu’elle n’a aucune méfiance alors que la situation est peut-être la plus dangereuse de la nuit. Et elle espère qu’il revienne, trouvant un point d’ancrage autre que le blanc immaculé de la neige froide que son cœur crie et imagine pour lui. S’il faut faire plus pour le ramener, elle le fera. Resserrant son emprise autour des mains de l’homme fébrile en face d’elle, elle cherche son regard et tente d’y trouver quelque chose qui ne soit pas parti loin d’elle. Puis elle libère les poignets de Law pour porter ses doigts jusqu'à sa nuque et l'obliger à incliner la tête et à ficher ses yeux dans les siens. Mine de rien, il est un peu plus grand qu'elle. Qu’il revienne, qu’il reste là. Que la soupape de sécurité que son corps a l’air de craindre ne cède pas. Et que ce putain d’objet aille se faire voir ailleurs.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 27 mercredi 08 décembre 2010, 20:12:09

Il s'était perdu. Pas dans le sens où il ne trouve plus son chemin, mais dans le sens où lui-même ne sait plus où il est, ni ce qu'il est. Le physique est absent ; le mental est, lui, totalement évaporé. Dissous dans les limbes d'un passé et d'un futur dont il contemple impuissant l'atroçe scène d'une christique solitude. Qu'est ce que ça signifie ? Pourquoi était-ce cette image qui se manifestait en particulier ? Law voulait du sexe, du sang, du pouvoir.. Quelle raison y avait-il à faire apparaître, comme ultime volonté, celle de lui agenouillé dans cette étendue de neige, tombeau de ses sentiments enfouis ? Il a tellement envie de tendre la main vers cet autre lui, et de lui demander ce qu'il fait nu ainsi. Mieux, il veut le secouer. Marche ! Saisis-toi de ce qui t'appartiens ! Tu sais que tu peux le faire. Tu es Law, tu peux tout faire. Tu as souffert pendant des années pour devenir quelqu'un de grand, et tu dois encore souffrir pour tout avoir. Bouge ! Lève-toi ! .. Et alors qu'il se perd dans ces considérations, l'ersatz de lui-même baisse le visage pour plonger son regard dans le sien. Comme un miroir. Un reflet imparfait cependant : Tandis que l'un est fatigué, las, habillé d'un manteau quelque peu usé, empli d'une rage folle, d'un désir de vengeance perpétuel, l'autre n'est que lui-même, sans émotions négatives, dépouillé de sa haine, dénué de sa folie.

C'est à ce moment-là que la rétine de Law capte un mouvement, Andrea venant se mettre devant lui. Il a plus de hauteur qu'elle, il continue alors de se contempler. Comme si la réplique culte allait être lancée maintenant. Mais rien ne venait de la part de son double aussi blanc que le paysage.


Attends. Attends..

Elle lui retire la sphère, mais la bobine n'est pas terminée pour autant. Il faudra attendre que l'objet soit caché pour que l'image commence à se brouiller. Et quand enfin, elle le force à rompre le contact visuel, la lumière alentour se crispe, comme broyée par l'envie destructrice d'un Dieu vengeur, tout se dissipe, s'efface.. Et le décor originel revient : la salle des coffres.

Law commence seulement à se retrouver. Fixant Andrea, les yeux dans le vague, il respire lentement, trop lentement. Se demandant si il devait l'embrasser, la frapper. Se mettre nu et courir dehors ? Envoyer chier Isaac et son sens du zèle. Péter la gueule à Magnus et ses 4 bras. Violer la femme du Baron. Faire sauter ses établissements et partir, loin, là où personne ne le retrouvera jamais, pour devenir quelqu'un d'autre. Mais non, il sent qu'il n'a pas envie de devenir quelqu'un d'autre que ce qu'il est maintenant. Alors pourquoi cet objet le lui montre ? Ses lèvres s'agitent sans qu'aucun son ne puisse en sortir avant plusieurs secondes. Quand enfin il pourra parler, il n'aura pas bougé d'un pouce depuis ces 5 dernières minutes.


Désolé. De.. Enfin.. Ce truc ne doit pas marcher très bien.


Mais désormais, tout les deux savaient très bien que si. Si, il marchait bien, si, il avait réussi à matérialiser plus ou moins leurs désirs à tout les deux, même si cela n'était pas forcément très clair. Eut-elle pensé à retirer ses mains ? Law l'en empêche. Il lui saisit les poignets, pour qu'elle garde son emprise sur lui.

J'suis là. Tout va bien. C'est quelque chose, la magie, n'est-ce pas ?

Un sourire. Rassurant, simple. Pas loin de celui qu'Andrea a pu apercevoir dans sa propre vision.. Mais pas le même encore.
Les angoisses s'envolent instantanément. La nature de Law aura repris sa place, apaisée de quelques unes de ses souffrances. Plus léger, juste pour quelques instants. D'ailleurs, là, ce serait le moment rêvé pour l'embrasser. Un moment infiniment propice à la sensualité, où, si la passion apparaissait, elle aurait été tellement palpable qu'il eût été possible de la saisir. Un moment où Law était enfin fragile.
Mais Law ne connaissait pas l'amour et pour lui, toute attirance était avant tout sexuelle. Ne voyant pas Andrea comme une proie à livrer à son désir charnel, la situation précise de la jeune fille naviguait dans un flou parfait dans les tréfonds de l'âme d'un tourmenté, sans qu'il ne puisse aucunement la mettre dans une catégorie claire.


Je sais pas où t'emmener.. Pour te changer les idées après cette expérience.. J'ai pensé à te traîner dans une baston de rue.. C'est toujours agréable.. Mais je ne pense pas que tu as tellement envie de te lancer là-dedans..

Fausse bonne idée.
« Modifié: mercredi 08 décembre 2010, 20:27:57 par Law »

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 28 mercredi 08 décembre 2010, 21:52:36

A ce moment-là, fini l’Epouvantail, fini le père de famille, fini tout autre personnage qui servait de référence à Andrea. Celle qui aimait tant analyser le comportement des autres pour en extirper des pistes de compréhension, des modes de conduites et des émotions qu’elle pourrait imiter pour faire semblant de les vivre se trouvait démunie. Même Law en était comme dépourvu à cet instant, où il ne faisait que contempler le vide d’un regard vide et morne. C’était ça aussi. Andy se sentait toujours obligée de rendre son visage expressif et vivant, mais la réalité des faits c’est également pouvoir s’oublier quelques minutes et demeurer là, totalement soumis à l’incertitude absolue. Oui, il la regardait. Sans la voir. Oui, il respirait. Inefficacement. Oui, il parlait. Du moins tentait. La personne qui faisait de lui ce qu’il était avait soudainement disparue, et Law n’était plus que réduit à de simples manifestations physiques qu’il conduisait tant bien que mal. Ce n’était plus qu’une marionnette, un enfant qui se réveille d’un long rêve où il a bien cru perdre pied. La première phase est celle d’hébétude, où le cerveau s’engourdit et refuse d’intégrer. Typiquement le genre de sensation où le corps plonge encore dans un océan de coton qui vous coupe presque le souffle et vous oblige à ne penser qu’à la chute. La chute, rien d’autre. Inconsciemment, bien sûr. Law voyait-il la fin de son rêve arriver ? Allait-il sortir de l’irréel avec douceur ou en sursaut ?

La deuxième phase est celle de la prise de conscience. Un temps de latence vous englobe, protégeant vos sens des agressions extérieures, trop fortes à supporter dans un état aussi vulnérable. L’esprit est endommagé de visions qu’il ne prévoyait pas ni n’envisageait. Le corps doit subir les répercussions d’une agression trop rapide et insidieuse. Comme un enfant qui ouvre les yeux après une mauvaise nuit et hésite avant de fondre en larmes, personne n’étant là pour les essuyer. Et si personne n’est là pour les voir, les pleurs n’ont ni fondement ni impact. Il fallait toujours une mère bienveillante pour que les enfants fondent en sanglots. Law émergeait d’un état regroupant un peu toutes ces caractéristiques, et lui-même avançait la thèse si stupidement évoquée auparavant de la défectuosité de l’appareil. Encore à moitié parti, il cherche ses mots et tente d’avancer une raison qui ne le fera pas paraitre trop faible, trop atteint. Andrea connait bien ça, et elle aimerait laisser passer cette sensation. Afin que lui conserve la dignité d’au moins faire semblant de croire. Mais si Andy laissait passer ça, c’était bien autre chose qui se faufilait par la porte ouverte. C’était l’impact que devait avoir cette expérience. C’était la formulation tout haut de ce qu’il s’était joué en silence. Difficile de passer pour le rôle de sermonneur mais il en fallait un, et la jeune femme était également passé par l’autre situation. Aussi c’est doucement, toujours d’une voix qui l’encourageait à revenir progressivement ici, avec elle, qu’Andrea prit la parole, avec résolution.

- Tu sais aussi bien que moi qu’il marche, et que ce que tu as vu doit rester là.

En disant cela, elle pointa un endroit de son torse et l’effleura du bout de l’index, ses poignets étant soudainement enclavés par les mains de Law. Elle ne pouvait plus les bouger, et sans doute n’en avait-elle pas envie. Ainsi, elle gardait en quelque sorte la main mise sur lui. Ce simple contact lui rappelait que la réalité, ce n’était pas ce qu’il avait vu. Qu’elle seule ici était tangible, elle n’avait rien de magique et ne bougerait pas. Il fallait se raccrocher à ce que l’on pouvait, à ce dont on était sûr. Et Andrea voulait devenir un élément sûr, de confiance. Ces quelques minutes, la jeune femme avait beaucoup progressé en direction de Law, et elle se félicitait que celui-ci n’ait pas envie de fuir sur le champ. Malgré l’image qu’elle lui avait prêtée dans sa vision qui n’avait pas dû lui plaire. Ou alors était-il encore trop assommé pour comprendre ce qui lui arrivait, qui il tenait aussi fermement. Peut-être que le réveil complet allait changer la donne et raviver le souvenir, pourtant négligeable par rapport à l’expérience de Law, qu’Andy avait de lui.

Mais qui était-elle pour critiquer et supputer ? Cet homme lui avait maintes et maintes fois montré au cours de la soirée qu’elle n’avait aucune raison de se baser sur des à priori. Ce qui rendait les choses compliquées, puisqu’elle avançait totalement en aveugle. Ne sachant pas où se diriger, ce qu’il accepterait ou non, Andrea pataugeait seule en face de ses émotions à elle. Guidée par aucun signe extérieur fiable, elle se retrouvait comme dépossédée de son don d’extrapolation. Andy ne devait faire confiance qu’à elle-même et à ses sentiments propres, qu’elle pensait ne pas avoir. Voilà sans doute ce qu’elle appréciait autant au contact de Law. A chaque instant, c’était le goût du risque de ne pas savoir quelle attitude adopter pour obtenir telle réaction. A chaque minute, l’angoisse de faire un pas de travers et pourtant l’envie de le faire. Au fur et à mesure, la jeune femme sentait son cœur se gonfler d’un peu plus de courage et de volonté. Elle n’avait pas peur. Tout le monde était à la recherche de quelque chose. Law étant un être mystérieux mais influent dans un domaine prolifique, certains voudraient l’utiliser ou se plier à ses ordres et lui servir de jouets. D’autres encore tentaient très certainement de l’abuser, alors qu’eux même renversaient la situation sans le savoir et se faisaient piétiner. Andrea, elle, voulait tout à la fois. S’il fallait passer par chacune des étapes, c’était envisageable. La jeune femme voulait savoir ce qu’il y avait là, devant elle. Sous la chaleur de ces paumes qui la maintenaient encore sans s’en rendre compte. Derrière le regard parfois dur. Derrière le sourire.

Le sourire. Il le lui offrait presque sans noirceur, presque sans complications. Presque. Et cet à peu près suffit à en déclencher un similaire chez la jeune femme. Communicatif, ce comportement surprenant de sa part. Un simple étirement de lèvres qui le faisait paraitre étrangement apaisé, presque serein. Des mots qu’Andy n’aurait jamais pensé attribuer au Law qu’elle avait rencontré dans la ruelle. Et sur ce simple geste qui en disait bien plus qu’il ne voulait le laisser paraitre, il pensait déjà à l’après. Comme si ce qu’il venait de se passer était banal. Pour le coup, Andrea l’aurait bien saisit par les épaules pour le secouer vivement et lui demander ce que c’était que cette attitude nonchalante. Surtout que ce n’était pas tant se changer les idées qui importait, juste les créer. Lui faire appréhender ce que tout un chacun connait parfaitement. Et pour ça, il n’y avait peut-être pas besoin d’aller encore chercher la violence. Si lui ne connaissait que cela, Andrea ne connaissait rien et pouvait donc partir de l’un ou l’autre côté. Ce fut un chemin différent qu’elle entreprit. Son esprit cynique et son sens de la répartie habilement rangés, c’est la jeune femme qui ressortait alors et qui se désespérait de voire Law régler un flottement par une solution peu adaptée. S’il fallait vraiment tout lui apprendre comme à un gamin, eh bien il fallait qu’Andy s’y colle. Alors qu’elle-même ne savait pas exactement ce qu’il faille faire. En théorie, oui. En pratique, c’était souvent qu’on le lui demandait. Mais pas dans cette dimension de réalité et de prise de risque. Elle avait l’habitude de satisfaire, pas d’engager volontairement, sous le coup d’une impulsion à elle.

- Si tu commençais par te taire deux minutes ? J’aimerais essayer quelque chose avant que tu ne m’emmènes ailleurs. Vu qu’apparemment tu ne vas pas le faire.

Et là, Andrea se hissa légèrement et dégagea une main pour satisfaire son équilibre en s’appuyant sur l’épaule de Law. Elle avait envie, alors elle faisait. Et tant pis pour les conséquences, c’était bien la première fois qu’une telle impulsion lui prenait. Andy déposa donc un baiser sur le visage de l’homme qui lui faisait face. Mais pas celui de l’amie chastement déposé sur la joue, ni celui de l’amante affirmée qui possède sans hésiter ce qui ne lui appartient pas. Juste entre les deux, d’un effleurement très discret et pudique. Simplement pour vérifier quelque chose ... Oui, ce risque de ne pas savoir ce qui allait arriver était toujours là. Et, chose toute nouvelle, Andrea trouva cela agréable. Après, restait à voir ce que Law allait faire d’un geste dont il n’avait sans doute pas l’habitude. Au pire, elle allait s’entendre dire qu’elle était totalement à côté de la plaque. Bah ouais, et alors ? En attendant, elle pouvait ajouter une chose.

- Merci.
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E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 29 jeudi 09 décembre 2010, 10:08:29

Il redescendait tout doucement sur terre. Enfin, sur Terra. Il serait bien resté dans son rêve un instant de plus, juste pour pouvoir tenter d'en déceler la signification. Mais non, c'était terminé, et ce définitivement.. Car il ne pense pas qu'il puisse un jour, même lointain, se retrouver dans cet état de faiblesse psychologique qui lui a permit d'accéder plus loin dans les différentes sphères de son mental déséquilibré, aux fondations rongées par des doutes dévorants et des certitudes pourtant instables, car le proverbe bien connu annonçant qu' "il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis" illustre le fait que camper sur des positions établies sans prendre la peine de devoir les remettre en cause de temps en temps prouve une peur du changement, ou du moins, l'appréhension de devoir changer ses bases sur lesquels on arrive à se maintenir dans une eurythmie spirituel.

Finalement, c'est Andrea qui va le faire décoller de nouveau. Alors qu'elle lui adressait ce baiser, une décharge extatique transperça de part en part chaque atome de son enveloppe, pour perforer ses barrières, et porter un assaut direct et foudroyant sur ses pensées. Le temps, pour lui, s'est arrêté. Il souffre. Ca ne dure qu'une poignée de centièmes de secondes, et pourtant, jamais il n'a pu ressentir telle douleur psychologique. Un choc, parfaitement. Sa tête eut put exploser ; il se serait vidé de son sang ; l'on lui aurait brisé les membres supérieurs et inférieurs simultanément qu'il n'aurait pas pu éprouver telle géhenne tant la violence de l'impact avait été puissant.

Et puis, c'était fini. Ca n'avait même pas commencé vraiment que c'était déjà terminé. Son esprit est miné par ses folies - ses, car elles sont plusieurs -, elles le bombardent et l'empêche de penser clairement. Son inaltérable force d'esprit balaie soudain tout les égarements, tout ceux accumulés depuis son entrée dans cette chambre, et sur le vil champ de bataille témoin d'une guerre impitoyable où le dénouement failli être critique, ne se dressait plus qu'un seul combattant, nu de toute arme et de tout artifice guerrier. Et sa seule envie, c'était de se saisir d'un sabre, et de retourner illico sur un nouveau théâtre d'une boucherie sanglante et incertaine. Law voulait de nouveau faire subir à son esprit la déflagration de la démence de ce qu'il peut enfin appeler l'amour - ou du moins un semblant.

Eut-elle amorcé son merci que Law se jetait sur elle. Affamé, violent comme le plus cinglant des fauves, il se penchait sur elle et précipitait la rencontre de leurs lèvres de nouveau. Mais une fois le baiser scellé de nouveau, il se faisait force de tendresse. Ses deux mains se levaient pour la saisit au cou, les pouces sur sa mâchoire. Le contact était divin, sensuel, passionné, mais il restait tout de même délicat, comme un amant, comme s'il la chérissait et n'osait l'abîmer. Il ne resta dans cet état que quelques secondes, avant de tout rompre. Il ouvre les yeux avec difficulté. Il a peur du regard d'Andrea, de sa réaction post-surprise. Allait-elle le repousser ? Le frapper ? Il aurait accepté sans révolte. Peut-être pensait-il qu'il méritait bien une bonne mandale..

Lui, en tout cas, ne sait pas quoi dire ni quoi faire. Il ne voyait toujours pas Andrea comme un objet sexuel, chose étrange quand on connaît sa nature : jamais rassasié de son envie charnelle, la simple évocation d'une paire de hanches, le simple regard appuyé était prétexte chez lui à l'excitation et au désir sauvage. Il veut, il prend. De force si il le faut. Et ses mains toujours autour d'elle, qu'il pensait un peu trop propriétaire, il les détachait bien vite pour les ramener contre lui. Et il voit aussitôt ce geste comme une erreur : Il aurait dû les laisser. Ca y est, son pouvoir de décision n'est plus, sa capacité à réfléchir s'est fait la malle avec sa volonté. Qu'est ce qu'il lui reste ?
Le fait de pouvoir la contempler, comme une admiration, et aussi comme un appel à l'aide. Rien d'autre.
La parole a dû se tirer avec, parce qu'il a beau vouloir dire quelque chose, rien ne sort.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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