Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

Bonjour et bienvenue.

Ce forum présente des œuvres littéraires au caractère explicite et/ou sensible.
Pour ces raisons, il s'adresse à un public averti et est déconseillé aux moins de 18 ans.

En consultant ce site, vous certifiez ne pas être choqué par la nature de son contenu et vous assumez l'entière responsabilité de votre navigation.

Vous acceptez également le traitement automatisé de données et mentions légales de notre hébergeur.

L'errance de trop. [PV Law]

Nos partenaires :

Planete Sonic Reose Hybride Yuri-Academia L'Empire d'Argos Astrya Hybride Industry Iles Mystérieuses THIRDS Petites indécences entre amis
Inscrivez-vous

Andrea Leevi

Humain(e)

L'errance de trop. [PV Law]

mardi 30 novembre 2010, 21:45:53

Quand on y réfléchit bien, la plus belle chose dans le jour c’est la nuit. On peut alors observer le premier décliner, offrir galamment sa place à sa compagne. Faire semblant de disparaitre avec honneur, mais regrettant l’instant fatal où la victoire et la domination lui échapperaient tout à coup. Le moment qui permettait au commun des mortels de profiter d’une fraicheur appréciée dans ces chaudes soirées d’un été particulièrement lourd. Mais la température n’était pas la seule à baisser, et les ombres nées du berceau de l’astre solaire mourraient elles aussi en silence, agonie muette dont personne ne remarque le caractère dramatique qui revient encore et encore. De la multitude d’ombres nous différenciant et marquant nos pas sur les allées pavées des ruelles d’une ville ou de l’autre ne ressortait alors plus qu’une, unique et rutilante de la fierté qu’elle abordait en s’imposant, seule maitresse de la nuit. Linceul d’obscurité qui semblait protéger autant qu’il exposait aux regards, jetant sur les silhouettes qui passaient la même impression de mystère et de danger. Quiconque se livre au regard impartial de la nuit peut devenir qui il veut. Dans cette sensation de liberté, de délivrance n’importe qui pouvait devenir le roi du monde, au moins pour un soir. Dans l’obscurité des rues, la classe sociale, l’âge ou le sexe n’avaient plus aucune importance et seuls comptaient la force, la persuasion ou l’argent. Le règne de l’animal sur l’homme, le monde nocturne qui se réveille peu à peu.

C’est dans ces moments-là qu’Andrea appréciait le plus les rues courant entre les bâtisses l’entourant. Ses heures perdues en journée, elle les passait sans rien faire, profitant de son ancien établissement scolaire pour se rappeler de bons souvenirs. Mais le coucher du soleil lui en rappelait trop de mauvais, aussi se plaisait-elle à se perdre, en ces instants de fuite en avant délibérée, ailleurs. Dans un monde qui ne lui appartenait pas et qui l’enserrait pas après pas, gravant en elle l’odeur de la nuit, celle que l’on reconnait si bien une fois qu’on la côtoie régulièrement. Certains diraient qu’Andy ne vivaient que pour ces instants de liberté, où elle allait enfin contre la volonté de quelqu’un. Tout lui était passé sauf cela, et elle jouissait des règles qu’elle enfreignait, sachant pertinemment que cette illusion de tranquillité n’était qu’un prétexte à la vengeance. Ils auraient raison, ces gens-là. Existait-il un plaisir plus grand que celui de déambuler à travers les fantômes et leurs existences si rapidement oubliées, un confort plus ultime que celui de simplement marcher dans un monde qui démarrait seulement à une heure tardive, dans un endroit que la jeune femme ne pouvait prétendre s’approprier ?

Col de sa grande chemise remonté pour terminer une fermeture appliquée dans laquelle chaque bouton avait un rôle, Andrea croisa son regard dans la vitrine sobre d’une boutique à présent fermée. Son allure n’avait rien d’habituel, elle qui aimait à se balader en uniforme lorsque les rayons du soleil étaient là pour faire irradier ses cheveux blonds. Ce soir, elle ressemblait à toute autre chose, avec son long pantalon de toile bleue rigide, sa longue chemise noire tombant négligemment sur le haut de ses cuisses et remontant consciencieusement jusqu’à son cou, à peine visible dans cet enchevêtrement de tissu. Sa nuque, découverte pour capter le moindre souffle de vent, était libérée de toute mèche de cheveux indésirable, ceux-ci étant habilement remontés et coincés sous un chapeau de feutre gris. Ce dernier descendait un peu sur son front, cachant son regard à toute personne la croisant qui ne ferait pas attention. Dans ce flottement de vêtements principalement adressés aux hommes, Andrea en était presque un. Bien loin de la jupe à volants pour aérer son corps et le préserver de la chaleur de saison, elle préférait très largement cette tenue, confortable et adaptée à toute situation. D’autant plus qu’on lui laisserait d’avantage de liberté si elle n’affichait pas sa féminité. Dernier avantage, Seiji ne viendrait pas à la reconnaitre si jamais il se donnait du bon temps quelque part dans un de ces appartements qui bordaient chaque côté de la rue qu’elle traversait.

Seiji. Rentrer. Trop facile. Inintéressant de se plier aux contraintes simplement pour faire plaisir, même si tout le reste ne la dérangeait pas. Son frère ne lui avait d’ailleurs jamais directement reproché une sortie tardive, une nuit passé dehors. Elle était suffisamment grande pour avoir le droit de faire ce qu’elle voulait, tant qu’elle en payait le prix. Alors oui, rentrer eût été trop simple, en se conformant à ses habitudes, à ses directives. Andrea ne voulait pas se sentir conne, à reprendre à présent le chemin de chez elle, aussi s’enfonçait-elle toujours un peu plus dans les détours de la ville, sans bien savoir où ses pas la menaient. Elle était là, entourée du vacarme des bruits de pas et du silence de conversations qui ne naissaient par ici qu’en pleine journée. Tranquille, une silhouette presque masculine comme toutes les autres, à qui on ne prêtait pas plus d’attention que nécessaire. Ce soir, elle faisait partie du décor et embrassait le paysage qui la portait sans crainte. Et puis rentrer, c’était aussi ne pas dormir. Ne jamais fermer les yeux avant de payer son dû, mais ne pas sombrer après l’avoir payé. C’était les insomnies, les cauchemars éveillés qui la faisaient sursauter sans cesse. Alors tant qu’à ne pas réussir à se reposer, autant errer dans les rues et profiter de la chaleur étouffante. Celle-là même qui la faisait transpirer sous sa chemise, collant quelques mèches blondes sur le devant de son front, alourdissant sa démarche.

Andrea aurait aimé échapper à cette peur de dormir, à cette incapacité à se reposer dans la même maison que celle qui l’avait vu grandir. Et tant qu’elle n’en prenait pas les moyens, la jeune femme en serait réduite à dormir là-bas, tout du moins à s’allonger dans un lit jamais totalement défait. Les draps flottaient sur son corps immobile, ses pensées vagabondant toujours vers des souvenirs assez désagréables. Si seulement elle pouvait écarter d’un revers de main la réalité pour en enlacer une autre. Plus douce, plus belle. Moins douloureuse, moins fatigante. Andy aurait voulu s’assommer et dormir à n’en plus pouvoir, souffler au bouillonnement de ses veines de se taire, supplier les murmures de sa respiration de se calmer. Prier ces anges vicieux du sommeil qui en piègent plus d’un, tentateurs dans leur déchéance. Mais voilà, il n’en était pas moins une réalité affligeante et lourde de pitié. Une jeune femme à l’apparence un peu trop asexuée, aux pensées vagabondantes et aux cernes se creusant chaque soir un peu plus sous ses yeux azurés. Une pauvre âme en peine qui ne regarde pas devant elle, et finit immanquablement par ne plus trop savoir où elle est. Et si elle avait pris une ruelle qui l’avait menée loin, bien loin de sa Terre natale ? Et si un autre monde s’étalait sous ses pieds sans qu’elle le remarque, sans qu’elle s’en soucie ? Possible. Mais cela n’a aucune importance, aucune influence sur Andrea. Une femme qui n’avait aucune preuve apparente de ce qu’elle était, une gamine hésitante, un homme que l’on oubliera bien vite. Et un juron, qui se perd dans la nuit non pas par des sonorités nippones bien connues mais dans une langue plus froide, révélant avec art une culture de la même trempe. Un mot, scandinave. Finlandais. Que tout le monde comprend comme suit :

- Et merde.

Tout d'un coup, notion de perdition et regrets qui s'installent. Andrea ne savait plus où elle était, à force d'errer sans but.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 1 mercredi 01 décembre 2010, 10:21:20

La stratégie nous enseigne d'apprendre de nos erreurs, pour ne jamais réitérer un exploit qui nous serait défavorable. Comme, par exemple, sauter dans une falaise au-dessus de récifs. Quoique dans ce cas-là, la personne qui plongera aura de grandes chances de ne plus pouvoir faire d'erreur... de ne plus pouvoir rien faire du tout. En vérité, l'humain est cruellement attaché à sa bêtise, et malgré l'auto-persuasion permanente qu'il s'inflige ("je ne le referais plus, je ne le referais plus, je ne le referais plus.."), il finit toujours par perpétrer la même connerie qu'autrefois. Combien de femmes auront vécu un énième couple malheureux après s'être juré de garder un célibat préservé des affres de l'Amour ? Combien d'hommes auront été ruinés, après avoir juré ne plus dépenser un seul sou dans une établissement de jeu ? Et combien d'idiot auront sauté une deuxième fois de cette falaise, pour épater la galerie ?
Concevons que ces cas de figures sont tous particuliers, mais leur source est toute la même : Le vice. Le vice, Law le connaît par coeur, pour faire son business dessus. L'alcool. La drogue. Le sexe. L'argent. Le pouvoir. Ces 5 mots résuments l'industrie du crime, et l'industrie de Law. Mais pour réitérer une erreur, la composante essentielle à l'accomplissement de cette erreur vient du risque. Sans risque, pas de frisson. Sans frisson, pas d'intérêt. Sans intérêt.. pas d'action. Et donc, pas d'erreur.

Pour une fois, c'est Law qui s'aventure dans ses travers. Il met une sacrée claque à son prétendu "culte de la sécurité" en s'engageant seul dans ses rues. Il ne revient pas d'une réunion occulte, il ne vogue pas entre ses établissements. Non, il a simplement décidé de faire une balade. Retrouver l'odeur de la rue, de cette chienne qui l'a tant fait souffrir et qu'il a désormais domestiqué. La rue n'a rien d'un lieu merveilleux et unique pour Law, lui pense simplement qu'elle se prostitue, elle se vend au plus offrant, au plus courtisant ; parfois, elle sait se parer de ses beaux atouts. Mais les leurres ne prennent pas. C'est dans les bas-fonds que se révèlent sa vraie nature. Elle prend, elle retient, et elle tue. Combien de gens se sont résolus à dormir en son sein lorsqu'ils n'avaient plus de foyers ? Combien de pauvres types se sont fait buter dans ces artères et ces impasses à la suite d'un différend ?
Il sait. Il sait tout d'elle. Lui aussi y a dormi, et lui aussi y a tué.

Entorse à son protocole de sûreté donc, qui l'oblige habituellement à se balader avec ses colosses rôdés aux arts du combat, alors qu'il est actuellement seul. Engouffré dans l'un des plus sombres réseaux d'allées de la capitale, il venait de refourguer une petite fiole de sérum hallucinogène à un bon père de famille. Les pires. Ils se défoncent et baisent comme des chiens, mais n'assument pas. Ils se font passer pour des gens corrects. Ils ne supportent pas d'avoir des besoins réprouvés par sa société modèle, le style de vie bourgeois, là où ils se gaussent des plus pauvres. Pfeuh. Law vendait sans faire de distinction, peu lui importait le client, et l'utilisation qu'il devait faire de son produit.
La transaction terminée, il s'enfonçait plus profondément dans le vice et la meurtrissure de cette cité. Il croisait un type avec qui il s'était battu, bien qu'il en soit pas certain que ce soit le même bonhomme. Il le regardait à peine, et le type ne l'avait même pas vu. Plus loin encore, un type, et une prostituée affairée à son travail. Rien de bien singulier. Il les esquivait, bifurquait pour une autre ruelle. Plus rien désormais, le silence.

"Et merde."

Du finlandais ? Hm. Une égarée, peut-être. Une de plus. La voix était proche. Le loup humait l'odeur de la chair fraîche. Ca y est, ses sens étaient en éveil. Il violerait peut-être ce soir, pour changer de ses habitudes. Malgré tout, ça l'embête. Il a de nouvelles esclaves à dresser, et il veut être au top pour elles. Bon, voyons le morceau.
Il se rapproche, et s'engage dans le boyau où elle se trouvait. Derrière elle. Son long manteau de cuir devra se tenir à carreau, et ne pas faire un bruit donc. Il s'approche. Un homme ? Peut-être un jeune garçon.. Il n'est pas friand des jeunes garçons. En esclavage alors ? Bon. Tentons de faire preuve de retenue.


Hey. On est perdu ?

Et tout cela dans un finlandais parfait, sans accent étranger et sans accroc dans la voix.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 2 mercredi 01 décembre 2010, 16:34:16

Il y a des lois dans la vie qui se targuent d’être absolument et définitivement immuables. On n’y touche pas, on se contente de les observer de loin, éventuellement de leur faire coucou de la main. Mais surtout, on acquiesce lorsque leur réalité en vient à se poser sur nos épaules. Qu’on les aime, qu’on les haïsse, qu’on les comprenne, peu importe : il faut s’y faire. Parce qu’une loi universelle qui vous botte le cul, ça fait mal. Et elles sont nombreuses, rutilantes et d’une diversité tout en sourires teintés d’interdits. Elles vous narguent avec facilité, vous passent sous le nez de temps en temps pour se rappeler à vos bons souvenirs. Des exemples ? Si l’ampoule électrique de votre salle de bains claque, ne gueulez pas - jusqu’ici, il n’a pas encore été prouvé que de brailler y changerait quoi que ce soit. Quand l’étiquette d’un yaourt vous informe du dépassement de la date de péremption, ne le reposez pas dans votre frigo afin de l’y laisser une semaine de plus ; ça n’arrangera pas la fiesta des bactéries. Ne hurlez pas non plus à votre chien de la fermer lorsqu’il aboie : si vous vous attendiez à l’entendre miauler, c’est que vous vous êtes trompé de film. La pluie mouille. Un son n’est jamais qu’un agencement de décibels capables de refroidir l’atmosphère. Une tartine beurrée retombe sur ses pattes et un chat, sur la face tartinée. Ou l’inverse. Bref, ça tombe. Et, dans le cas de la première, vos jurons n’y changeront rien.

Et quand votre boite de clopes est vide, c’est que vous n’en avez plus. Inutile de la retourner encore et encore et de l’examiner sous toutes les coutures comme Andrea le faisait à présent. Personne n’a encore inventé la vingt-et-unième cigarette sacrée. Cependant, tout ceci ne touchait jamais qu’à des éléments purement matériels. Il était d’autres lois, plus gracieuses encore, ne s’appliquant qu’en égard aux dieux. La première d’entre elles était : quand Andrea Leevi fait la gueule, ne venez pas en rajouter une couche. La seconde était : quand Andrea Leevi fait la gueule, ne venez pas en rajouter une couche. Et la troisième : si Andrea vous demande d’aller vous faire voir, c’est une idée que de l’écouter. Encore faut-il qu’elle le fasse, me direz-vous. Certes, certes. Et la jeune femme n’était pas stupide au point d’envoyer bouler le premier venu, trop sûre de ce qu’il se passerait si quelqu’un l’agrippait par le col de sa chemise dans le but de réparer un affront, pour dévoiler dans le même son visage, et sa faiblesse tant qu'on y est. Elle préférait alors baisser les yeux et prendre sur elle, vérifiant encore et encore son paquet de cigarettes. Elle le savait, elle n’aurait pas dû griller la dernière ce matin. Cela avait été une grossière erreur, puisque quelque chose démangeait cruellement ses doigts en manque d'action.

Écrasant sans ménagement la boite de carton entre ses phalanges, Andy poussa un long soupir sans même se douter qu’au même instant, quelqu’un se trouvait à quelques mètres d’elle à peine. Perdue qu’elle était dans un endroit qu’elle ne reconnaissait pas, sans le soutien de sa chère fumée cancérigène, elle ne prêtait attention qu’à sa lamentable situation dont elle aurait pu, à postériori, rire. La journée n’avait pourtant pas si mal commencé, lorsqu’elle y pensait. Émergeant sous le coup des dix heures, Andy avait vaguement été tirée du lit par une sonnerie stridente de réveil. Elle qui était enfin parvenue à s’endormir, à moitié évanouie de fatigue sur son matelas, voilà qu’elle s’était faite réveiller par cette saleté de réveil qui ne lui appartenait même pas. Mais tout cela était habituel, en quelque sorte. Ce matin donc, elle n’avait pas ouvert les yeux avant de sauter au bas de son sommier rayonnante et pimpante. C’était plutôt le sol qui était venu à sa rencontre prématurément, comme si son propre lit l’éjectait. Ouvrir une paupière. Une, pas deux. Histoire de commencer doucement, et la seconde avait suivi bien plus tard. Réveil encore et toujours difficile, mais qui se faisait tranquillement normal dans son existence.

Alors qu’Andrea pestait encore quelques mots dans sa langue natale, elle entendit une voix s’élever juste derrière elle, ce qui la fit se retourner vivement. Surprise, elle ne s’était pas attendue à tant de discrétion et cela la fit se mettre immédiatement sur ses gardes, peu sûre de ce qui arriverait dans ces rues. Elle se trouvait face à un homme, qu’elle ne fixa pas longtemps. Sans prendre le temps de le dévisager, elle baissa les yeux et insista sur la chute de son chapeau sur son front. Difficile, dans une telle situation, de se faire découvrir. Restait la question de la réponse. Cet inconnu venait de lui adresser la parole, et Andy n’avait pas spécialement envie d’énerver quiconque dans ce quartier, même dans le but de préserver son identité. Mais ce qui la poussa à réagir, ce fut bien évidemment la langue qu’il avait pris la peine d’employer. Elle n’y décelait aucune faute de diction, et il avait même l’air de mieux maitriser qu’elle des sonorités qu’elle se pensait seule à posséder par ici. Rendant sa voix un peu plus grave qu’à l’ordinaire, Andrea s’aida des intonations du finlandais pour ne pas se trahir avec trop de facilité. S’il était observateur, cela ne durerait pas longtemps. Mais avec un peu de chance, ce n’était qu’un balourd de la rue qui ne prêterait pas attention au petit jeu de ce jeune homme. Oui, avec un peu de chance.

- Egaré, momentanément seulement. Pas de quoi vous inquiéter.

Andrea avait envie, ce soir, d’être quelqu’un en capacité de renvoyer ce curieux dans sa solitude afin de la laisser profiter de la sienne. Elle aurait aimé pouvoir l’ignorer, mais la diligence était encore sa meilleure arme, étant donné que le reste ne lui servirait ici pas à grand-chose.
 
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 3 mercredi 01 décembre 2010, 18:13:52

La règle d'Or du parfait petit castor junior, celle qui prime sur toutes les autres : Toujours avoir de quoi palier à n'importe quelle situation. Et voilà ce qui en coûte à Andrea de ne pas être une vraie castor : Elle est dans une situation de merde, et en plus, sans clopes.

Law a un attirail impressionnant dans son manteau, ses vêtements, et disséminés sur son corps. D'abord, le plus important de tout : De quoi manger, et boire. Un sac en papier de gâteaux secs, avec une toute petite bouteille d'eau, de quoi se sustenter pendant toute une journée. Ensuite, un arme ! L'arme permet de se défendre contre une autre arme. Le Fier préfère utiliser ses poings, mais jamais sa dague ne lui paraîtra superflu en combat, parce qu'elle est une assurance supplémentaire de ressortir vainqueur d'une situation qui paraîtrait ombrageuse au péquenaud moyen. Vient après l'engin explosif. Un dispositif très peu puissant qui ne fera pas tomber une maison en ruine, mais qui, à coup sûr, pourra tuer un homme si Law se trouvait dans une situation vraiment compliquée - au risque de se faire sauter avec, et donc de perdre un bras, voire même la vie (soyons fou !). Ajoutons quelques menus bricoles qui rendent l'attirail vraiment passe-partout : une seconde lame plus petite (pour la nourriture), un peu de drogue pour la revente ou l'utilisation sur autrui, un archaïque briquet qui fonctionne à merveille, une fine corde qui doit bien faire, complètement tendue, ses 3 mètres, quelques feuilles, un crayon, de l'argent, un manuel des castors juniors, quelques bonbons, une reconnaissance de dette d'un noble. Pour lui, tout avait son utilité plus ou moins précise.
Ha, et surtout, des clopes.
Une boîte en métal garnie de ces "outils à lent suicide" précédemment extraite de l'intérieur de son imper qu'il tendait vers Andrea après s'être lentement rapproché, d'où dépassait l'une d'elle mise en évidence exprès. Les tiges artisanales de Law ne sont sans doute pas comparables avec les merdes industrielles dont la jeune fille respire les émanations fumeuses. Il restera comme ça, le bras tendu, jusqu'à ce qu'elle prenne, ou refuse.


Si, j'm'inquiète. T'es pas le genre de personne qui traîne habituellement dans les bas-fonds. Papa-Maman t'ont jamais dit de pas sortir dans des endroits comme ça après le coucher du soleil quand t'étais jeune ?

Offensant ? Bof. Même pas. Il était à son minimum, là. Andrea ne va sûrement se mettre à pleurer. Pas pour l'instant.

Wodan. Je m'appelle Wodan. Qu'est ce que tu glandes ici, tu cherches à te faire piquer ta thune ?

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 4 mercredi 01 décembre 2010, 18:44:54

Y’a de ces jours, on regrette de ne pas être resté au pieu. Quitte à bouffer n’importe quoi planté devant la télé, la vie est belle quand on s’ennuie ferme au point de ne pas décoller les fesses d’un matelas qui devient, au fil du temps qui passe, tout sauf agréable. Des journées comme ça, il y en avait à la pelle dans l’existence d’Andrea. Des heures à passer le corps affalé contre un drap, la tête à moitié dans les nuages, à ne rien faire du temps qui se carapate. Combien de fois elle était restée ainsi toute une journée, mangeant quand son ventre grondait, passant des moments indescriptiblement longs à tenter de dormir ou à imaginer ce qui se passait dans la vie des gens ? Lui, monsieur tout le monde, qui va bosser tôt le matin avec son costard repassé de la veille, sa femme au foyer et son gosse brayant dès les premières lueurs de l’aube. Le junkie du troisième étage de l’immeuble d’en face qui passait son temps à se remplir les veines pour acquérir un énième laisser passer pour l’hosto. Andy croyait au jour béni où les ambulances ne retentiraient plus, où l’Epouvantail n’aurait plus l’intelligence de s’arrêter avant la mort. Histoire de pouvoir appeler au secours.

Un lapin dans une cage, voilà ce qu’il était. Tentant de s’enfuir, sans réussir à obtenir son aller simple pour l’autre monde, sans parvenir à se libérer enfin totalement, se débattre. Et Andrea aimait le voir revenir, attendant patiemment qu’il recommence, encore et encore. Un lapin face à un prédateur, c’était un peu ça aussi, ce soir. Pauvre petite proie tremblante intérieurement, à la fois détachée de ce qui pourrait lui arriver et inquiète que son instinct de survie ne se réveille. Contradiction merveilleuse de l’être humain dont l’inconscient cherche toujours à se protéger. Et si Andy se sentait aussi démunie que l’Epouvantail face à la mort, elle aurait aimé avoir la force du père de famille qui se bat tous les jours pour du vent, du vide. Puisque les sentiments ne se voient pas, puisqu’ils partent en fumée, c’était un courage héroïque ou une folie pure que de se battre pour les obtenir et les chérir. Qui, du junkie qui nage dans la réalité ou du quadragénaire croyant à des chimères invisibles devrait donner l’exemple ? Andrea choisissait son modèle, fuyant le monde obscur des émotions pour se réfugier dans la tangibilité du danger. Un lapin face à un prédateur dans une cage, un prédateur face à une proie en cage. Au choix.

Et la boite de métal rutilante qui avait surgie devant son nez lui donnait ce même effet de liberté, de soulagement et de danger. La réalité est là, dans une simple clope qui a l’air bien plus complexe que celles de d’habitude. Andrea hésita l’espace d’un instant, son éducation tentant de la pousser vers le vieux monsieur aux croyances dépassées. Elle préférait l’Epouvantail. D’un geste qu’elle voulait sur, Andy vint se servir à la source, sa propre proie étant tendue et accessible, criant de venir la cueillir et de la savourer avec plaisir. D’un signe de tête rapide, elle remercia vaguement l’inconnu. Le pas était franchi, il y avait plus qu’une simple injonction entre ces deux êtres qui ne se connaissaient même pas.

Et voilà que l’autre en venait à lui faire des remontrances. C’est tout juste si elle ne se sentit pas obligée de tendre les doigts pour se les faire taper. Pas offensée pour un sou, la jeune femme ne pouvait cependant retenir sa langue. Peut-être l’effet du coin pas trop touristique, sans doute l’envie irrépressible de chaque Homme à faire ses preuves.

- Je suis quel genre, alors ?

Pause, menton qui se relève un peu histoire de jeter un regard furtif vers la machoire de l’inconnu qui s’agitait lorsqu’il prenait la parole pour se présenter et en rajouter une couche. Puis reprise, un peu plus assurée.

- Faudrait déjà que j’en aie, du fric. Et je crois pas que ce que je puisse faire ici te regarde.

Impolitesse la plus totale, alias gros risque. Andrea ne prit cependant pas la peine de le regarder, et sortit un briquet de la poche de son pantalon pour allumer finalement le cocktail bizarre que ses lèvres enserraient à présent. Dans cette tenue, elle se permettait bien des choses. Ses mots dépassaient sa raison, sa pensée applaudissait des deux mains. Restait à espérer que ce Wodan -si c’était un nom véridique- ne soit pas du genre violent. Mais Andrea ne savait pas pourquoi, elle avait comme un sérieux doute sur sa dernière affirmation. Qu’est-ce que son esprit pouvait bien faire pour oublier son rôle de contenir les conneries qu’elle se savait capable de débiter à la seconde ? Cet air arrogant était un visage qu’on ne lui connaissait que peu, et si elle l’abordait ici c’était que son allure lui donnait une certaine confiance, comme si elle tentait de croire à toute cette mascarade. Elle si souvent fragile en jupe de lycéenne n’avait rien à faire là, à fumer n’importe quoi et se montrer dédaigneuse avec le premier type qui passait.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 5 mercredi 01 décembre 2010, 19:11:56

... OK.
La page 38 du Manuel des Castors Juniors (je l'aime bien celui-ci, j'le ressortirais souvent maintenant) est clair à ce sujet :
"Si quelqu'un t'es désagréable, fais-lui avaler ses dents."
Bon, c'est une vieille version, et elle constitue peut-être un trop gros outrage pour être actuellement distribuée dans le Picsou Magazine. Tant pis, les lecteurs ne savent pas ce qu'ils ratent.

Law commence déjà à fulminer. C'est un changeant, son humeur fait sans cesse des bonds, prend des virages, emprunte une singulière artère, y fait demi-tour pour rouler en contresens, joue incessemment avec le bouton de l'ascenseur. Bref. Pour l'instant, il a envie de rester calme. Alors il inspire calmement, vidant ensuite bruyamment ses poumons - purs, vu qu'il n'a pas prit de clope pour lui. Il dissimule l'écrin dans son manteau, et reprendra son souffle encore une fois. Zen, a dit Bouddha.


Tu es censée me donner ton nom après que je t'ai donné le mien. Et t'es aussi censée te montrer courtoise avec un type qui pourrait te donner comme repas les briques pourries du mur contre lequel il t'aura violé auparavant.

Là en revanche, ça apparaissait clairement comme une menaçe. Sa main gauche, qu'il tente de rendre discrète, titille le poignet du couteau savamment fixé par un système de lanière à son bras, qu'il a défait pour l'avoir à portée de main au cas où la situation devait dégénérer. Mais Law le savait : Si telle était la suite des évènements, ce sera sûrement lui qui aura détérioré les circonstances. Law est un destructeur de nature. L'amélioration pour l'annihilation ; L'annihilation pour l'amélioration. Mais il n'était pas défenseur du chaos et de l'anarchie. Il tenait absolument à un ordre respecté, où les gens continueraient à trimer, à souffrir, à se ronger et à en mourir, et tout cela pour rien, sans comprendre qu'ils pourraient très bien faire la même chose pour devenir meilleurs, atteindre un stade supérieur. Il ne vise pas l'extinction de la race, mais bien son perfectionnement.

Bande d'inutiles. Ils ne comprenaient rien de toute façon.


T'es sûrement pas du genre à bouffer des briques, alors tu devrais profiter qu'un donateur de clopes sois là pour, éventuellement, protéger ton cul si t'en avais besoin.

Elle devait se douter, et il s'y attendait, que Wodan était le type de personnes contre qui il vaut mieux avoir un garde, un abri, ou n'importe quoi qui permettrait de préserver ses fesses en sécurité.
Et si l'on devait lui poser cette question, est-ce que c'était son type ? Il répondrait allègrement : Oui.

Ici, loin de la civilisation, et de son monde, elle était vulnérable, jupe ou pas. Aucun oripeau ne pourrait la protéger d'un véritable prédateur. Law a d'ailleurs hâte de lui arracher ses vêtements le plus sauvagement du monde, et lui faire regretter amèrement son impertinence. Crier grâce ne suffira pas, et des excuses non plus.
Ca y est, son esprit commence à être transpercé de ses idées les plus malsaines.

Mais la vraie tragédie, c'est que le manuel ne dit rien à propos de ce genre de pensées.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 6 mercredi 01 décembre 2010, 19:45:21

Ouais, bon. Faut dire que y’a des gens parfois un peu dénués de raison dans la vie. De ces gens qui tentent quelque chose juste histoire de voir si ça marche. Ou pas. De ces gens qui vont te faire exploser leur maison sous prétexte de vouloir devenir prix Nobel. De ces gens qui atterrissent aux urgences en s’improvisant cracheur de feu. De ces gens qui élèvent simplement un peu le ton contre quelqu’un d’inadéquat. Un peu comme Andrea, avec sa raison à deux sous à peine qui ne servait absolument à rien, alors que son rôle est de clore ses lèvres quand elle commence à dérailler. Et, oups, apparemment elle y est allée un peu fort. C’est ça, de croire que même quand on sait que ça va mal finir y’a toujours peut être un espoir. C’est ça d’être naïve au-delà du raisonnable, de ne rien connaitre de la rue, de la boue dans lesquels les perdants vont se rouler. D’ignorer encore un peu, de faire semblant que le monde n’est pas dirigé par les plus forts. De croire que le despotisme du pouvoir n’est pas une réalité avérée. C’est Andrea.

Au soupir difficilement maîtrisé de Wodan, Andy sentit immédiatement que c’est malchance pour elle. Monsieur n’a pas l’air patient, et ce n’est certainement pas quelqu’un de prêt à comprendre que ce n’est pas sa faute, pauvre petite proie qui ne sait pas ce qu’elle dit. Encore faudrait-il que la demoiselle s’y abaisse. Car quand Andrea s’engageait sur une voie, ce n’était pas pour en changer. Et puis, aux dires soudainement jetés avec colère qui se perdirent dans ses tympans, il était un peu tard pour s’excuser. Alors quoi, il allait lui faire subir outrage sur outrage ? La prendre pour une marionnette et la jeter une fois qu’il n’en aurait plus besoin ? Hum. A vrai dire, Andrea s’en fichait. Elle était l’Epouvantail, à ne plus rien ressentir. Mais elle le dépassait, et en venant ici elle devait bien s’avouer que la fin ne lui faisait pas peur. Elle n’avait pas spécialement hâte de se voir disparaitre, mais rien ne la retenait à cet endroit ou même ailleurs, et se raccrocher désespérément à un monde qui ne veut pas de vous est une attitude des plus ridicules. Alors oui, les paroles violentes que lui jeta Wodan ne la firent pas ciller. Elle avait peur sans en avoir conscience, et seule la sueur perlant de son front pouvait la trahir.

Alors enfin, la jeune femme remonta son bras jusqu’à son crâne et repoussa le bord du feutre sur les hauteurs de son front, laissant se dévoiler son regard encore gorgé d’aplomb que toute femme de son âge n’aborderait pas en une telle situation. Elle planta ses grands yeux dans ceux de son individu et put enfin le regarder vraiment. Des cheveux couleur chocolat, mais sans cette douceur sucrée qu’on retrouvait parfois dans des cascades auburn. Aucun reflet n’attirait le regard, pas de lueur maligne qui se dissimulait entre les mèches. Une carrure importante, pour une taille des plus classiques. L’homme qui se tenait en face d’elle avait globalement le profil qu’elle s’attendait à voir. Elle l’imaginait seulement plus grand, et ses grandes jambes à elle la faisait presque le rattraper. Puis Andrea resta un petit moment silencieuse, avant d’hésiter puis de finalement reprendre la parole. Rien ne lui servait de mentir et de se confondre en excuses auxquelles elle-même ne croyait pas. Une brutale vérité, sans moquerie, ne serait pas plus efficace mais sans doute pas moins.

- Andrea, si tu y tiens. Mais pour la courtoisie, je vais avoir du mal. Et pour le reste … ça marche peut être sur la plupart des gens que tu croises mais sérieusement, je m’en fous.

Et aussi surprenant que cela pouvait paraitre, c’était vrai. Le sexe n’était rien d’autre qu’un banal acte, comme se faire la bise. Pour elle, ce n’était pas plus dégradant ni plaisant qu’un serrement de mains. La plupart du temps, elle faisait semblant d’aimer ça pour combler des partenaires qu’elle appréciait alors qu’eux seuls éprouvaient le besoin de copuler. Le reste du temps, elle s’en fichait totalement. L’atteindre avec ça était une bien mauvaise méthode, ce qui démontrait clairement des quelques cases qu’il manquait à son esprit.

Andy ne remarqua pas le geste furtif de Wodan, pas plus qu’elle ne s’en soucia. Il reprenait d’ailleurs déjà, dans un langage aussi châtié qu’auparavant qu’elle ne relevait même pas. Qu’est-ce qu’il voulait exactement ? Qu’elle le remercie ? Qu’elle tremble devant lui ? Qu’elle le supplie ? Il n’aurait certainement pas les deux dernières options. Il n’y avait aucune raison, c’était tout juste si elle s’était montrée un peu froide. Si cet homme s’énervait autant pour si peu, c’est qu’il devait avoir une intolérance brusque et intense à la frustration, et que son ego prenait une place disproportionnée dans sa vie. Elle faillit le lui faire remarquer, pour opter finalement sur autre voie, qui lui semblait en effet relever de la plus élémentaire politesse. Ou presque, vu comme elle le formula.

- Ta clope, je te la rends si ça te pose problème.

Et zut, au départ elle aurait dû le remercier. Oh et puis tant pis, advienne que pourra. Dans tous les cas, elle s’en fichait presque intégralement. S’il tenait à asseoir son autorité et s’il n’était venu lui parler que pour ça, autant qu’il le fasse rapidement. Andrea tira une dernière taffe de la cigarette qui lui pendait aux lèvres avant de la tendre vers son propriétaire originel. Quitte ou double.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 7 jeudi 02 décembre 2010, 13:38:11

Blasé, blasé. Il était désabusé de toute cette mascarade. Cette fille lui tenait tête, et il n'avait pas la motivation de lui briser les reins pour lui apprendre. Peut-être en a-t-il marre ? Peut-être. C'est d'ailleurs ce qu'il trouve de plus pénible dans cette histoire : Lui, le Fier, le Dominant, le Méprisant, il n'arrivait pas à se donner l'envie de reprendre ses droits de "supérieur" par rapport à cette vermine. Il fait glisser l'arme jusqu'à la faire disparaître totalement dans sa manche, sa position initiale, et ses doigts habiles saisissent l'une des lanières de cuir qui dépassent pour resserrer l'étreinte des liens autour de son bras. Il est, pour ainsi dire, de nouveau désarmé.

T'as raison. On s'en fout de la courtoisie.

En temps normal, il aurait volontiers offert une menaçe supplémentaire de son cru, bien sarcastique, du genre "Si je veux ton nom, c'est pour savoir ce que je marquerais sur ton collier quand je te vendrais", ou encore, "retiens bien le mien, de nom, quand tu m'imploreras pour t'épargner tu seras contente de t'en souvenir". Mais non, il n'a pas la volonté de se lancer dans une joute verbale, dithyrambique de sa cruauté et élogieuse de ses vices.
Law, c'est avant tout l'homme des paradoxes. Ses laïus à propos de destruction représentent l'exemple même de ses contradictions. De même pour la discipline et la subversion. La pureté et les péchés. La justice égalitaire et la violence despotique. D'ailleurs, il refuse la cigarette d'un geste poli de la main.


Non merci, je ne fume pas.

.. Qu'est ce qu'il fout à se trimballer avec des clopes alors ? Et bien, voilà le paradoxe. Disons qu'il a sûrement une bonne raison qui doit lui est propre - et obscur aux autres - et qu'il ne dévoilera sûrement pas là. Il enchaîne.

T'es perdue, c'est ça ? J'crois savoir d'où tu viens et, en toute sympathie, t'es pas prête de retrouver ton chemin. C'est quoi ton histoire de merde, pour que tu veuilles te la jouer fille-qui-traîne, désinteressée, sans-peur ?

Nul ton paternaliste dans ses questions. Pourquoi les gens posent des questions ? Dans la quasi-totalité des situations, ils veulent juste qu'on leur retourne la question pour pouvoir parler. L'humain est égoïste. Peu lui importe de savoir que le chien de machin est mort. Non, il veut juste raconter l'histoire de SON propre chien qui, lui a frôlé la mort.
Fait assez pathétique, ces mêmes gens ne s'en rendent pas compte, pour la plupart. Et on ne peut véritablement nier l'inconscient, même si on s'y évertue.
En revanche, Law n'a nulle véritable envie de raconter sa propre histoire, pour une fois. Aussi étrange que ça puisse paraître, cette gamine effrontée apparaît comme spéciale. Cause : Law est dans une humeur spéciale en ce moment, voilà tout. Alors, comme rarement ça lui arrive dans sa vie, il a juste envie de l'écouter parler. Sans devoir répondre à son tour. Sans arrière-pensée. Simplement la connaître, qu'elle raconte sa vie, rien qu'un peu.


Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 8 jeudi 02 décembre 2010, 14:07:05

Andrea ne se doutait pas du tout des mécanismes de pensée qui prenaient place peu à peu dans l’esprit de son interlocuteur. Nul doute que si elle en avait eu vent, la jeune fille aurait été moins surprise par la suite. Là, elle imaginait plutôt quelque chose ressemblant à ses craintes premières. A savoir une grosse brute qui allait s’énerver sur elle pour un rien. Une jeune fille de plus malmenée dans une ruelle obscure, quoi de plus banal ? ça ferait la une des journaux, ravissant les amateurs de scandale. Ou pas, et dans ce cas là tout le monde l'ignorerait. Adieu la célébrité ... Et pourtant, Wodan ne semblait pas l’entendre de cette oreille. De deux choses l’une : soit il était seulement un beau parleur, avec ses menaces à deux balles et ses réactions peu réfléchies, soit il venait d’avoir un éclair de raison. Dans les deux cas, Andy avait quelques doutes. Aussi ne put-elle expliquer clairement ce qu’il se passa par la suite. Sans pour autant chercher plus loin, ravie de voir toute agressivité disparaitre des traits du visage de Wodan, la jeune femme fit profil bas et se résolut au silence. Un silence courtois, qui fut bien vite balayé par une réplique de son interlocuteur. Contradictoire. Plissant les yeux, Andrea renforça l’attention qu’elle prêtait à l’homme en face d’elle. Il avait cette logique un peu particulière que lui seul pouvait comprendre, ce petit air plutôt intelligent –du moins dans la moyenne- et qui ne justifiait qu’à moitié le paradoxe qu’il illustrait. Phénomène peu rencontré, tant les hommes sont d'ordinaire faciles à comprendre. Qu'est-ce qui pouvait bien expliquer cette nuance, presque folle, dans un comportement aussi impulsif que changeant ?

Se voyant refuser la cigarette qu’elle rendait avec morgue et d’un ton sec à son propriétaire, Andrea la porta de nouveau à son visage, sans plus chercher à comprendre d’où venait cette marque soudaine de politesse. Surement un défaut d’audition. C’était comme entendre un poisson rouge imiter un chat ou un tigre se rouler par terre en demandant des caresses. Ce n’était pas logique, encore une fois. Andrea attendait de cette mascarade un enchainement plausible, une suite prévisible. Si Wodan commençait à adopter le ton qu’elle-même aurait dû employer, ce n’était qu’un illogisme flagrant. Une blague, sans doute le calme avant la tempête. Alors Andy se tenait toujours sur ses gardes, toujours muette. Elle ne savait plus comment réagir, face à une situation qui dérape dans le bon sens. Il y a des règles universelles qu’on ne transgresse pas, et Wodan piétinait la cause à effet de la proie et de son chasseur. Tout ça en enchainant tranquillement sur le sujet premier de leur rencontre totalement imprévue. Restant un instant la bouche ouverte de surprise, Andrea eut l’impression que son cerveau grillait à moitié. Nan mais il n’était pas normal ce type, à parler de viol puis tout d’un coup à lui demander des précisions sur sa vie. Comme si elle allait lui raconter, comme si elle allait se confier au premier con venu. Comme si …

- Je finirai bien par retrouver … Enfin je crois. Et ma merde à moi, c’est simplement que y’a des jours où on a pas envie de rentrer chez soi. Ça t’arrive jamais ? Moi c’est tout le temps.

Pourquoi lui avait-elle finalement répondu ? Peut-être parce qu’il n’y avait ni moquerie ni remontrances dans le ton qu’il avait employé. Peut-être parce qu’il lui avait filé une clope, ou sans doute qu’Andy avait simplement besoin de ne pas laisser filer ce paradoxe aussi rapidement. Une erreur de la logique naturelle qui parle, ça ne passe pas tous les jours sous votre balcon, alors autant en profiter pour essayer de comprendre quand on en tient une. Et Andrea avait Wodan, totalement métamorphosé dans ses dires et son attitude. Revirement non prévu, mauvaise ou bonne surprise à bord. Andrea soupira longuement, chassant la tension que son corps avait sans le savoir accumulée depuis que son interlocuteur avait engagé une conversation plutôt étrange. Se passant une main dans le dos afin de le détendre tant bien que mal, elle enleva son chapeau et s’éventa brièvement avec, tentant avec espoir de chasser la lourdeur de l’atmosphère. Puis, le remettant enfin en place et faisant de nouveau disparaitre la couleur blond terne de ses longs cheveux, elle reprit la parole sans même y penser.

- Et puis je ne joue rien du tout, j’en ai réellement rien à faire.

Qu’ajouter de plus ? Pas grand-chose, à vrai dire. Elle n’allait pas non plus sortir les mouchoirs et faire semblant de pleurer sur son épaule en lui racontant que Seiji l’attendait sûrement. Pas plus lui faire remarquer que sa stupidité la mettait dans une situation délicate où elle était totalement dépourvue de ressources. Un morceau de viande, surpris que le chien le renifle et lui demande comment il va, en somme. Ouais, quelque chose comme ça. Entre deux maux, fallait-il mieux risquer beaucoup ici mais profiter en contrepartie d’une liberté peu commune, ou bien retourner dans sa cage, protégée du monde extérieur mais totalement vide de sens, abandonnée par toute substance, toute consistance ? Le danger, y’en a certains que ça fait vivre. Surtout que Wodan pouvait encore retourner sa veste et revenir à son point de départ.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 9 vendredi 03 décembre 2010, 10:37:13

Non, nul ne saurait vraiment le prévoir, y compris ceux qui le côtoient chaque jour depuis des mois, voire des années. D'aucun diront qu'il est tout simplement fou, mais lui se sent bien dans sa tête. Hm, ce n'est pas le cas de tout les fous justement ? Alors que les sains d'esprit se trouvent toujours plus ou moins une tare. Tiens, voilà un sacré paradoxe dont Law n'est pas une illustration. Pour une fois.

Il répondra laconiquement, regardant derrière lui.


[/b]Si, ça m'arrive. Tout le temps.[/b]

Encore quelque chose de pas net chez lui. Contrairement à Andrea, Law avait tout ce qu'il voulait. Son empire, ses serviteurs dévoués, le pouvoir, l'assurance de ne pas manquer d'argent, des relations importantes et le statut social qui va avec, des intrigues obscures, son lit de mystères occultes avec des démons, de la magie et des divinités, du combat et de l'action comme ça lui plaît. Orgueil, Colère, Envie, Luxure, Gourmandise. Thomas d'Aquin pèterait une durite si il devait croiser le Fier.
Il hésite désormais quant à la ligne de conduite à tenir. Il n'a pas spécialement l'envie d'être agressif et violent. Mais il n'a pas non plus envie d'être gentil. Il va falloir trouver un juste milieu. Ne pas passer pour un faible, mais ne pas se montrer trop fort.


La vraie question c'est, pourquoi tu veux pas rentrer chez toi. On a tous une raison plus ou moins valable selon les individus. C'est ça qui est intéressant..

Là encore, il esquive la gentillesse mielleuse, sans verser dans l'agression verbale. Finalement, il se retrouvait bien dans ce genre. Le contact se fait enfin : Une simple main sur le bras, en-dessous de l'épaule, qui paraît totalement excessif et déplacé, pour lui montrer le chemin à suivre. Ca en devenait presque amical, cette histoire. Il va falloir corriger ça au plus vite.

Suis-moi. Le bordel d'ici n'est sûrement pas pire que ce qui t'attend chez toi, mais tu verras qu'il y a de quoi regretter d'être venue. Et magne-toi, c'est peut-être une occasion unique.

Sa main perchée s'envole - pas même le temps de pouvoir le repousser ou lui demander gentiment de s'éloigner - et il fait demi-tour, entamant sa route dans les rues de Nexus. Contrairement à sa route initiale, il ne s'enfonce pas plus profondément dans la sordide crasse des promenades urbaines du secteur, mais cherchait véritablement la lumière, les artères plus fréquentées.
 Parangon des patrons du crime en ce territoire, Andrea n'était plus censée craindre pour sa vie maintenant qu'elle l'accompagnait, mais ça, elle n'en était pas encore consciente. Il connaissait le dédale par coeur, et, si il devait révéler sa véritable identité, il pourrait exiger des petites brutes et des dealers qu'ils lui baisent les pieds. Il restait pour l'instant discret sur sa nature auprès des autres, rien que pour le plaisir de jouer au simple promeneur malfaiteur auprès de ceux qui étaient sous sa gouverne, consciemment ou inconsciemment. Et aussi auprès d'Andrea, qui ne sait pour l'instant rien de lui, sinon un faux nom, et la lucidité quant à son esprit dérangé et versatile.


Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 10 vendredi 03 décembre 2010, 11:26:26

C’est marrant, les à priori qu’on peut avoir sur quelqu’un. Andrea, qui détestait les jugements trop vites imposés, sur un simple coup d’œil ou une conversation minimaliste, se retrouvait à se réprimander elle-même. La jeune femme avait lancé sa question par pure rhétorique et à vrai dire, elle n’attendait pas de réponse. A la place de Wodan, sans doute n’en eut-elle pas donné. Mais lui reprenait la parole tranquillement, et la surprenait une fois de plus. Au premier contact, Andy avait fait un rapide portrait de la personne qui lui faisait face. Une brute, mal élevée et habituée à traiter tout le monde comme un déchet se noyant dans la boue de cette ville qu’elle ne connaissait plus. Un de ces hommes qui se croient puissants parce qu’ils ont tout ce qu’ils souhaitent, parce que le monde tremble devant eux. Un ego surdimensionné, un être quasiment abject qui ne comprenait pas ou bien avait oublié la souffrance de ceux qui se trainent par terre. Et pourtant, Wodan venait de lui répondre succinctement que lui aussi. Lui aussi avait quelque chose à fuir, quelqu’un à éviter ? Andrea n’en saurait sans doute pas plus, et à vrai dire elle ne voulait pas commencer à s’intéresser à lui. La simple curiosité pouvait parfois être fatale quand on la dirige vers quelqu’un de dangereux. Et Wodan était manifestement de ceux-là. Quoi qu’on en dise, ce n’était pas forcément prudent de réveiller les mauvais souvenirs de gens capable de vous briser la nuque en quelques secondes.

Alors oui, surprise. Interrogations, qu’Andy tâchait de faire fuir rapidement. Une fourmi ne doit pas éprouver d’intérêt ou même de d’envie de savoir envers l’humain qui écrase sa demeure. Et pourtant, pourtant. Y’a des moments où on se demande si c’est réellement utile de tout avoir, de posséder une aura écrasante aux yeux des autres si c’est pour avoir les mêmes emmerdes. Car pour ne pas vouloir rentrer chez soi, il fallait de sacrées bonnes raisons. Et quand Wodan lui demanda les siennes, Andrea ne sut trop que répondre, en première intention. Partagée entre l’attitude de défense et de provocation verbale qu’elle avait jusque-là adoptée et un adoucissement, suite au comportement nettement moins agressif de son interlocuteur, Andy pencha pour un doux compromis qu’elle voulait subtil.

- Une personne que je n’ai pas envie de voir. Tu sais, ces dettes qu’on a pas forcément hâte de payer …

Elle ne parlait bien sûr pas d’argent, mais ça elle n’allait pas le préciser. Genre elle était de celles à raconter Seiji à tout le monde et en peu de mots. Non, Seiji c’était à moitié elle, c’était une part de mystère que personne n’avait réussi à percer. Hors de question qu’elle lâche des vannes solides en plein milieu d’une rue, devant un inconnu dont elle ne connaissait que le nom et le comportement inquiétant, presque instable. Ce presque qui veut tout dire, ce presque qui classe automatiquement Wodan dans la case des dérangés, pour Andrea. Et encore, encore ces réprimandes automatisées de ne pas stigmatiser, de ne pas réduire un homme à sa plus sommaire définition apparente. Peut-être était-ce aussi une forme de protection, pour s’empêcher de connaitre, pour s’empêcher de pardonner une attitude déplorable.

Plongée dans ses réflexions hautement primordiales et philosophiques, Andy ne sentit pas venir la paume de Wodan. En même temps, ce n’était jamais que la seconde fois qu’il l’approchait sans qu’elle le soupçonne, et être plus attentive n’aurait sans doute rien changé. La nature humaine est mal faite, devant le danger. Les antilopes ont ce don de prescience lorsque le fauve attaque, mais les hommes restent tranquillement à attendre le rugissement annonciateur. Comme une nécessité, un code qu'il faudrait instaurer pour laisser la moindre chance au plus faible des deux êtres. Sauf que le monde parfait n’existe pas, et que tout ce qui simplifie la vie aux frêles victimes n’est que superflu. Une paume, donc, qui se posa brutalement sur elle puisqu’Andrea n’avait rien vu venir. A deux doigts de dégager son bras ainsi enclavé, la jeune femme n’en eut même pas le temps. Il la lâcha dans l’instant, presque comme si son contact l’avait brûlé. Geste de répugnance, geste pressé, geste nonchalant, qui sait ce qu’il se passe dans l’esprit de cet homme étrange qui ordonne à Andrea de le suivre ? Sans assimiler ses paroles, la jeune femme se contenta de mettre un pied en avant. Puis l’autre. Redécouverte de la marche, comme un nourrisson qui serait fier d’avancer sans savoir où.

Mais Andy s’en fichait. Comme elle l’avait dit et répété, peu lui importait d’être trimballée, d’être liée pieds et poings. Tant que sa volonté, ses rêves étaient libres elle n’en avait que faire. Ce qui pouvait lui arriver importait peu dans cette mare de boue que sont les petites rues d’une ville comme celle-ci. Elle n’était qu’un microbe parmi les autres, inexistence faible et inutile qui se débattait tant bien que mal dans un océan trop grand, trop profond. Et elle s’en fichait. Même à côté de cet homme qui l’entrainait peu à peu dans les ruelles, sans qu’elle connaisse la destination, elle s’en fichait. Désabusée, blasée si vous voulez. Mais d’un autre côté, libre d’être comme les autres une merde parmi le reste de la plèbe. Chez elle prix de raffinement et de plaisir pervers dissimulé sous de grands sourires et des marchandages obscurs, ici marionnette de chair ramenée enfin à la juste valeur de ce qu’il se tramait. Remontant vers la lumière quelques pas derrière Wodan, Andrea pensait à tout cela, un petit sourire aux lèvres. Puis celles-ci s’écartèrent afin de la laisser parler.

- Qu’est-ce que tu cherches exactement, avec moi aux basques ? T’amuser, amuser la galerie, me jeter quelque part sans ménagement ? Simplement que je sache quelle occasion unique je vais avoir l’honneur de vivre …

Encore ce ton qui volait de sa bouche malgré elle, encore cette attitude de défense hautaine qu’elle employait alors qu’elle suivait Wodan de son plein gré. Encore un comportement illogique, un de plus sur cette terre de délicieuses contradictions. Andrea était comme les autres, réduites aux mêmes règles et soumises enfin à quelque chose. Ce quelque chose qui arrivait dans son existence vide de tout, que ce soit en bien ou pas.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 11 dimanche 05 décembre 2010, 14:46:28

Law avait l'habitude de provoquer la surprise. Il submergeait souvent ceux qui avaient le privilège de tenir sa présence par des interrogations quant à ses intentions, son caractère et ses pensées. Mais était-ce vraiment inconscient, cette faculté de toujours devoir faire ou dire quelque chose à laquelle on ne s'attendait pas de lui ? Et si il y mettait un peu du sien, aussi ? On ne pourrait en douter. Il se complaît dans cette situation.

Donc, il marche calmement, son esprit se questionnant quant à la direction qu'il devait prendre. Il savait où il allait, mais il n'avait pas de but. Une lumière se fait entrevoir dans ses pensées : Voilà, il sait, il va l'emmener dans un endroit où ils pourront s'amuser. Il passera sous silence ce qu'il pense concernant les dettes, il y reviendra plus tard. Il a beaucoup de choses à dire à ce sujet, c'est plutôt un connaisseur. D'ailleurs, c'est l'évocation des créances qui a fait se manifester cette idée dans son esprit.


C'que je cherche ? Je vais te faire faire visiter deux trois endroits de Nexus, tu vas aimer. T'as un avis très négatif sur moi je trouve. J'vais changer ça illico.

Quelle est cette volonté de se soucier de ce qu'une inconnue pense de lui ? Qui plus est, une terrienne ? Et puis, Nexus ? Avait-elle déjà entendu ce nom ? Le Polyglotte pensait bien que non, si il ne s'était pas trompée à son sujet, elle débarquait d'une faille, et Law était très content d'en avoir découvert une nouvelle. La localisation de cet endroit reste gravée dans son esprit : Pour rien au monde il ne vendrait cette information. Ces portails lui permettaient d'étendre son pouvoir jusqu'à un autre monde, n'était-ce pas merveilleux ? Oh que si. Mais ce n'était pas le sujet actuellement.
Il avance désormais prudemment. Vérifie de ne pas tomber dans une rue malsaine pour lui, dont la possession serait revendiquée par un quelconque adversaire commercial. Mais tout ira bien jusqu'à l'arrivée dans une artère plus fréquentée.


T'aimes jouer ? Les cartes, les dés, tout ça. Moi j'adore, j'suis excellent dans ce domaine. Si tu en as envie, on va boire un verre et on fera quelques parties. J'espère que tu sais mentir.. Ou te battre, au moins.

Alors donc il faudra jouer de l'esprit, ou des poings. Ca semble une éventualité très probable. Law rentrait dans un établissement de jeu fort modeste, mais tout de même respectable. Pas le sien, d'ailleurs, mais ça Andrea n'en savait rien.
Il souriait aux gens, des futurs clients sans doute, du moins, il l'espère. Il allait directement coller ses fesses sur un tabouret de bois, à un bar. Finalement, cette "Nexus" avait des aspects très terriens.


Un verre d'eau pour moi. Et la demoiselle prendra ce qu'elle veut.

Combien de criminels boivent de l'eau, franchement !? Il ne pouvait être qu'un ange. CQFD.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 12 dimanche 05 décembre 2010, 15:51:53

Dans ses propres pas, Andrea trouvait de l’indécision et de l’envie. Dans son attitude, une peur certaine et viscérale, qui ne pouvait disparaitre au contact de cet homme changeant, mais également une confiance qui naissait. Pas envers Wodan, non. Il était encore un peu trop louche pour que la jeune femme se départît de toute méfiance. Mais une sympathie crédule, pleine d’illusions et d’espérance. Des murs qu’elle ne connaissait pas suintaient déjà des promesses que toute autre personne aurait sans doute perçues comme mauvais présages. Andy se délectait des sueurs froides qui coulaient le long de sa nuque, de la moiteur de ses paumes qui devaient régulièrement finir leur course sur un pantalon bien malmené. Il en allait de même pour le rouge qui lui montait aux joues, de peur et de colère contre elle-même d’être ici. Elle savourait sa peur et ses angoisses, comme autant de signes qui la rendaient bien plus consistante et intéressante que la gamine qu’elle était d’ordinaire. Ne jamais rien faire, fuir les sources de plaisir, se réfugier dans des relations superficielles … Elle qui n’avait pas depuis longtemps senti son cœur battre aussi fort dans sa poitrine retrouvait les manifestations de son corps. Enfin, celui-ci s’exprimait en phase avec son esprit. D’ordinaire si dissociés, les deux éléments qui faisaient d’elle ce qu’elle avait l’habitude d’être se rencontraient. Merveilleux moment d’incertitude, choc un peu violent quand on se rend compte que la peur peut être aussi présente.

Et pourtant, il n’y avait plus aucune raison d’avoir peur. Enfin si l’on oubliait le lieu peu rassurant qu’étaient ces rues inconnues, les loubards qui ne manquaient sans doute pas de trainer dans les ruelles que Wodan et Andrea dépassait doucement. La jeune femme ne se doutait pas le moins du monde qu’elle était en pseudo-sécurité, ne savait pas ce que son interlocuteur représentait ici. Et tant mieux. Car ce sentiment d’incertitude, de flottement, l’instant où tout peut arriver … est délectable pour qui n’a plus l’habitude de le ressentir. Suspension au bord du gouffre, ultime pas avant le plongeon final. Et tout cela sans exagérer, puisque la menace était réelle pour une jeune fille à cette heure-ci. Mais danger il n’y avait plus. Comment eut-elle put le savoir ? Sans doute seulement si Wodan le lui avait expliqué. Cependant, ses paroles firent d’ores et déjà baisser le seuil de crainte que tout un chacun aurait pu éprouver ici. Une simple phrase, et l’avis si négatif d’Andy vis-à-vis de Wodan s’évanouit presque dans la chaleur estivale de la soirée. La pression retomba dans le même temps, et son cœur cessa de vouloir transpercer ses côtes pour seulement rester dans un rythme acceptable, la laissant fébrile de tant de force dans la manifestation inconsciente de la peur humaine. C’est presque comme si la jeune femme avait voulu qu’il continue à lui faire croire que son avenir proche était très incertain, comme si elle avait désiré que Wodan reste dans cette position de toute puissance effrayante et tyrannique. Seulement pour pouvoir le vivre.

D’un autre côté, il y avait du bon à garder un fond incertain mais de profiter de l’instant présent sans croire au danger imminent. Son désir d’expérience, le vide de ses émotions criaient au besoin de sensations fortes tandis que son esprit se contentait d’une simple tension. Et sans s’en rendre compte, alors qu’Andrea avançait les yeux fixés sur le dos large de sa nouvelle connaissance, ils arrivaient déjà. Une rue plus large, au dallage moins sombre et à l’activité nettement plus intense, quelque chose qui lui rappelait chez elle. Chez elle. Wodan n’avait-il pas mentionné un nom qui lui avait échappé, de ses profondes et troubles réflexions ? Un nom qu’elle ne connaissait pas et qui avait semblé désigner l’endroit où ils se trouvaient. Un instant, la panique. Celle de ne pas pouvoir rentrer, celle de perdre ses repères, celle de briser des habitudes tant et tant installées … Mais Andy fut ramenée bien vite à la réalité de la chose par la voix de Wodan. De toute façon, elle n’y pouvait rien et se savait bien heureuse d’avoir quitté momentanément tout ça. On verrait le reste plus tard, et son retour devenait une priorité bien lointaine devant ce que l’homme en face d’elle lui proposait.

Jouer. Mentir. Se battre. Trois mots qui s’incrustèrent comme au fer rouge dans l’esprit d’Andrea. Non, elle ne connaissait rien de tout ça, ou presque. Wodan allait lui demander l’impossible, mais en même temps il devait bien se douter au vu de son allure qu’elle n’était pas une habituée. Et il l’emmenait tout de même, dans son monde, dans ce qu’il appréciait et pas du tout dans ce qu’elle avait pensé être trainée. Il avait eu raison, Andy gardait une bien noire image de cet homme peut être simplement impulsif, sans doute pas si mauvais que ça. Jouer. Ses yeux se remplirent d’étoiles d’espoir, et si elle ne répondit pas immédiatement, la jeune femme s’empressa de rattraper Wodan qui ne s’était pas arrêté, contrairement à elle qui avait tiqué à l’évocation de ces termes. Elle revint donc à la hauteur et, alors qu’ils se dirigeaient déjà vers un établissement de la rue dans laquelle ils avaient échoués, lui adressa de nouveau la parole.

- Mentir, je sais faire. Jouer un rôle ou des expressions, je maitrise. Tout le reste, j’apprendrai.

Le laissant entrer d’abord, Andrea fit une courte pause sur le seuil, se retourna et jeta un dernier regard à la rue animée, au paysage qu’elle découvrait à chaque instant. Puis, renfonçant son chapeau sur son crâne, la jeune femme murmura doucement en regardant désormais à l’intérieur, assez faiblement pour que personne ne l’entende :

- Et je plonge dans ton monde.

Une simple petite phrase prononcée si légèrement qui suffit à illuminer ses prunelles azurées, lui rendre un air sûre d’elle et un pas assuré qu’elle dirigea vers le comptoir où Wodan était déjà installé. Sans savoir pourquoi, l’ambiance austère du lieu, les vapeurs d’alcool qui montaient des tables et du bar lui étaient inconnus mais la rassurait. Elle était presque certaine de trouver ici un univers qui n’était certainement pas le sien mais qui serait sans doute prêt à l’adopter pour un soir. Après tout, il y a de ces endroits où tout le monde peut entrer quelques heures. Qu’il en ressorte en bon état est une autre chose. Toujours est-il qu’Andrea se sentait de plus en plus sereine au fur et à mesure que le temps passait. Elle posait encore un regard méfiant sur Wodan, sentait toujours son sang pulser dans ses veines et son cœur battre plus rapidement qu’à l’ordinaire, mais la terreur passive et inconsciente était piétinée par des ressentis plus concrets, plus proches d’elle. Andrea devinait par rares touches l’effet que c’était d’amener un sentiment, une émotion à naitre et à se développer. Que ce soit l’envie de répondre à une promesse de jeu, le désir de découvrir ou la curiosité d’en apprendre plus sur quelqu’un.

Ce même quelqu’un qui passait commande et la laissait choisir. Andy s’approcha à son tour et sans s’asseoir elle se contenta de s’accouder au chambranle de bois afin de pouvoir observer à sa guise un environnement peu familier. Ce qu’elle voulait boire ? Sans hésitation, Andrea répondit, non pas au teneur du bar mais à Wodan.

- La même chose. Il ne s’agirait pas de perdre quelque capacité de discernement s’il faut jouer par la suite.

Image amusante d’une gamine ayant peur de se mouiller ou vision plus mature d’une jeune femme qui se prépare à une suite des évènements où il fallait tout envisager ? A interpréter comme bon vous semble. En tout cas, Andy était impatiente. Jouer avec elle-même, c’était facile. Mentir un détail qui ne lui posait pas de problèmes. Se battre sur la persuasion une évidence. Let’s start !
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 13 dimanche 05 décembre 2010, 16:33:11

Encore à cette heure-ci (Ou déjà ?) l'ambiance était plaisante. L'atmosphère respirait ces sensations que Law appréciait plus que bien d'autres : La frustration d'une partie à laquelle on a lamentablement échoué, l'euphorie d'en avoir remporté une. La crainte, le doute, l'interrogation, l'audace, tout flottait dans l'air comme un léger parfum aguicheur, que Law respirait à plein poumon comme le pire des drogués en manque.

Deux verres, pas forcément totalement clean, mais au moins, remplis d'eau, étaient posés devant les deux intrus. Intrus, oui. Law était un intrus dans ce casino, quant à Andrea, elle n'avait rien à faire dans ce monde qui n'était pas le sien. Mais peu importe. Le tarif est annoncé par le barman, qui s'éloigne. Law sourit vers son invitée, puis examine son verre.


Oh. De l'eau d'or. Enfin, vu le prix, ça doit en être. Pourtant elle a l'air normale, hm..


Il en boiera une gorgée, enfin ravi de se désaltérer après ses quelques émotions, puis le repose négligemment. Un nouveau regad vers elle, plein de questionnements. Pourquoi être tombée sur lui ? Non, vraiment, elle mérite mieux. Law est une plaie pour les gens. Il se dit soudain qu'il aurait dû la laisser tranquille, l'abandonner. Qui que soit la personne qui aurait pu la recueillir, elle serait sûrement plus en sécurité actuellement. Comme un geste affectueux, amuseur, il tend le bras de nouveau pour soulever un petit peu le couvre-chef qui masque, de par son volume et l'ombre qu'il provoque, l'entièreté de la beauté d'Andrea.

T'es plus jolie que dans le noir.


Un compliment, tiens. C'est même pas de la drague, c'est juste de la gentillesse. Attends.. Non, n'importe quoi, c'était de la drague. Ca y est, il se débecte ! Faire du gringue à une gamine, t'es qu'un naze, Law. Pfeuh. Il détourne le regard pour éviter la honte de devoir la regarder.
C'est là que son esprit de Castor Junior frémit. Trois malabars approchent lentement. Law perd son expression quelque peu enjouée, enfantine. Il regard Law avec le plus de sérieux possible.


Dès que ça dégénère, cours. Dehors. Le plus vite possible.

Les molosses entourent Law. Une discussion s'engage, dans la langue locale, donc, celle d'Andrea aussi. Mais lui n'était pas sûr qu'elle puisse comprendre ce qu'ils se racontent, vu que, depuis tout à l'heure, ils se parlent en Finnois.

-"Tyler Raine ?"
-... Oh. Euh. Enchanté, Mr Raine. Wodan Thunaraz pour ma part.
-"Non. Vous êtes Mr Tyler Raine."

Law semble réfléchir un instant, regardant celle qui se tient à ses côtés.
-Je suis Tyler Raine ?... Hm.. Oui, vous devez avoir raison. Je suis Tyler Raine.
-"Mr Raine, nous devons vous demander de quitter les lieux."
-Désolé, les mecs, mais je ne peux pas. Votre patron me doit de l'argent. Il a tué un de mes hommes. Il doit me le rembourser.


La désinvolture dont il faisait preuve depuis quelques secondes disparaissaient, et Law descendit rapidement quelques gorgées de son eau, à la vitesse d'un esclave ayant dû traverser le Sahara en courant pour fuir ses tortionnaires, et se retournait bien vite, lançant son verre en pleine face de l'un d'eux. Le deuxième se prendra un coup de poing, et le troisième devait subir le même tarif, mais il pare efficacement, quoique trop justement. Law lui lance son genou dans le ventre, et réitère ensuite avec son pied dans la face. Habile. Agile. Guerrier ?
Sans. Aucun. Doute.

Oh ouai ! Allez venez mes grosses !

Il se la joue un peu, sous l'oeil horrifié des flambeurs et des pétasses, qui s'étaient consciensieusement écartés pour tracer inconsciemment autour de la scène une sorte de ring de combat. C'est parti.


C'est celui au verre d'eau qui revient le premier à la charge. Une formalité : Tandis qu'il veut le frapper, Law se baisse et lui assène un violent coup de talon latéral dans le genou. Le pauvre s'écroule sans pouvoir résister. Aussitôt redressé, le polyglotte lui fait bouffer son genou. Une dent en moins. Le nez éclaté. Hop, à terre.

Au deuxième. Celui qui a prit sévère juste avant se lance de nouveau. Il attaque, Law esquive sur le côté, lui saisit le bras, et lui donne tout ce qu'il a de sa poigne libre : Une véritable rafale de directs au visage qui s'abat, avant de terminer par un coup de la tranche de sa main au niveau du cou. L'homme tient encore debout, complètement sonné. Son adversaire l'achève : La tête qui frappe contre le bar. Eliminé.


WOUUUUH !!!

Au troisième, qui s'était sagement tenu à l'écart. Attaque frontale, Law pare, et se lance lui aussi. Mais cette fois-ci, l'adversaire sera plus malin : Une esquive, et la contre-attaque dans le bide du polyglotte. Evidemment, ça surprend. Ce dernier ne s'attendait sûrement pas à ce que l'un de ces gros bras sans cervelle puisse lui opposer une véritable résistance. Le temps de la surprise, il se mange un uppercut dans les gencives. Il est projeté à terre, dans un sale pétrin. Et il reste au sol, tentant de réunir ses forces pour se lever de nouveau, devant la vindicative brute qui attend des renforts.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : L'errance de trop. [PV Law]

Réponse 14 dimanche 05 décembre 2010, 17:45:37

Pour quelqu’un qui voulait de l’action, Andrea allait être servie. Un verre d’eau. Deux, en réalité et bien qu’on puisse très largement douter du contenu des contenants. Ces mêmes contenants qui pouvaient difficilement porter le nom de verre, ne collant pas réellement à la définition qui impose de pouvoir voir à travers. Deux verres, donc, sans doute d’une qualité irréprochable sous la crasse au vu du prix relevé ironiquement par Wodan. Si Andrea se sentit mal à l’aise de commander si chèrement ce qu’on peut avoir gratuitement les jours de pluie ? Non. Elle saisit l’un des deux morceaux peu translucides entre ses mains, et hésitait à y tremper les lèvres. Mais ici elle n’était plus chez elle, tranquillement entourée. Et sans répondre à Wodan, la jeune fille fit honneur à ce geste qui par ici pouvait sembler gracieux en le portant généreusement à son visage, engloutissant la moitié du breuvage qui avait comme un arrière-goût d’alcool. Qui dit verre mal nettoyé dit mélanges étranges en bouche. Action débordante donc, pour la jeune femme qui ne se séparait plus du verre, de peur de le voir se salir d’autant plus sur un comptoir qui pouvait avoir accueilli de nombreuses paumes pas forcément des plus propres. Relents de la bonne éducation, mixée à des pulsions de banalisation.

Perdue dans l’admiration des ondulations du liquide si inspiré en parfums qui s’éloignaient de plus en plus de sa définition propre de l’eau qu’elle avait demandée, Andrea ne remarqua pas immédiatement le regard que Wodan lui lança. Si elle l’eut vu, sans doute se serait-elle demandé pourquoi elle n’y voyait plus ce qu’elle avait pensé déceler lors de leur rencontre première. Ce n’était comme plus la même personne, et l’obscurité des ruelles joua sans doute beaucoup sur les impressions initiales d’Andy. Ce ne fut que lorsqu’elle leva la tête, souhaitant tout de même le remercier d’offrir de quoi boire à la première inconnue qui passe, qu'elle le remarqua. Elle y croisa donc ces yeux qui l’observaient, sans trop bien savoir quoi y comprendre. Avec surprise, Andrea suivit avec attention la main qui se porta jusqu’à elle. Petite appréhension qui s’efface instantanément sans trop de raison, avant même qu’il ne l’atteigne. Comme quelque chose qui soufflerait à la jeune femme que cette main n’a rien de dangereux, et bien vite Wodan le lui confirme. Cela lui permet d’ailleurs de mieux lui montrer à quel point ses prunelles s’écartent lorsqu’il reprend la parole.

Jolie ? Si elle récapitule rapidement la situation, Andrea s’entend dire par un homme qu’elle a cru violent et prêt à la faire taire de la plus innommable façon qui soit qu’elle est jolie. Bon, c’est sûr, son cerveau a du griller quelque part entre la ruelle et cet établissement. Hallucination de confort, Andy doit certainement être restée là-bas, étendue quelque part et à moitié crevée par le premier mec qui passait. C’est un scénario d’autant plus logique que de se faire complimenter par un presque inconnu au milieu d’une salle un peu glauque. Encore une fois, il la prend par surprise. Mais comment fait-il pour, à chaque instant, la bousculer dans un schéma qu’elle pensait comprendre ? Andy connait un certain nombre de personnes, et elle peut se targuer de savoir qui ils sont et ce assez rapidement. Quand on ne pense qu’avec l’esprit et que le cœur ne s’en mêle pas, il est facile de deviner comment réagira quelqu’un, ce qu’il faut dire à un autre pour en arriver là où il convient d’arriver. Et pourtant, Andrea est certaine que ce dysfonctionnement n’est pas seulement dû à cet endroit. Elle sent bien qu’ici aussi, les gens sont simples et inscrits dans des raisonnements classiques et prévisibles. Et pas lui. Pourquoi pas lui ? Trop occupée à réfléchir pour rougir comme n’importe quelle gosse l’aurait fait, Andrea se contenta d’une expression figée dans l’incompréhension. Et quand Wodan sembla déjà regretter ses paroles en regardant ailleurs, Andy leva à son tour le bras, prête à attraper ce visage et le tourner de nouveau vers elle pour y lire une explication.

Echec critique. Le claquement de la porte ramena Andy à une brutale réalité, où une foultitude de gens les entourait. Un lieu qui n’était pas celui des questionnements incessants et analyse d’une spontanéité qu’elle ne connaissait pas. Rangeant d’office ses doigts tendus, la jeune femme les ramena autour du verre crasseux et les y promena à la surface froide et un peu collante, dessinant des sillons imaginaires sur l’extérieur. Ce même claquement de porte s’accompagne rapidement du chuintement de souliers sur un parquet craquant. Des bruits qui se rapprochent, et en relevant qu’à moitié le visage pour ne pas l'exposer aux nouveaux arrivants, Andrea voit trois brutes arriver. Autant pour elle, la jeune femme avait tout intérêt à réviser son jugement de grosse brute. C’est comme ça qu’elle avait un peu plus tôt envisagé Wodan, alors que manifestement elle n’y connaissait rien. Des peaux tendues sur du muscle exposé, des regards perçants mais pas vraiment vifs d’une intelligence entière, une mâchoire pressée de s’exprimer. Et Wodan qui lui intime doucement de fuir en cas de litige. Non, pas en cas de litige. Au début de celui-ci, qui semble apparemment imminent.

Se faisant toute petite dans un coin, Andy n’acquiesce pas l’injonction de son compagnon d’un soir pas plus qu’elle ne la contredit. Et tandis que le dialogue s’instaure enfin entre les trois molosses peu engageants, Andy réfléchit. Alors comme ça, il ne lui a pas donné son vrai nom. Ou peut-être est-ce l’autre le faux. Ou les deux. Une pointe de rancœur pointe dans l’esprit de la jeune femme, qui regrette d’avoir été assez naïve pour lui livrer le sien. Sans doute n’est-il en effet pas homme de confiance. Sans doute le compliment de tout à l’heure était-il calculé, tout comme sa réaction difficilement interprétable. Sûrement qu’il se foutait royalement de sa gueule. Alors oui, se carapater quand l’occasion se présenterait lui semblait être une bonne idée. Surtout que plus l’échange avançait, plus elle se faisait une idée de la nature de l’activité de Wodan. Il était bien quelqu’un de peu fréquentable, et ses rêves de connaitre la vraie vie s’évanouissaient au fur et à mesure qu’Andy enregistrait les informations qui circulaient, tant par les mots que par les attitudes. Il n’était pas celui qu’elle avait cru vouloir rencontrer, pas quelqu’un pour elle. Andrea n’avait rien à faire ici, et elle était à présent déterminée à rentrer au plus vite chez elle. Tout ceci était d’un ridicule affligeant, alors autant s’en libérer dès à présent.

Sauf que.

Sauf que lorsque le premier coup partit, elle fut incapable de bouger. Toute l’attention était focalisée sur Wodan, que ce soit celle des trois agresseurs, celle des clients ou la sienne. Captivée par la danse qu’il interprétait en quelques mouvements, Andrea ne décollait pas, ses paumes se raffermissant autour de sa boisson. Il était impressionnant, à la fois fragile et adroit, coulant sous les attaques de ses adversaires comme l’eau sur la pierre, portant ses propres coups avec une expérience qui la figeait sur place. Plus d’une fois, elle eut peur. Evidemment. Mais pas peur du combat en lui-même, plutôt de Wodan qui libérait quelque chose auquel elle n’était pas confrontée. L’imaginer ainsi était difficile, même si elle le connaissait mal. Comme dans un état second, elle suivit l’échange, ravie que personne ne se préoccupe de sa petite personne. Andrea n’exista plus jusqu’au moment où l’autre se prit un coup.

Pas infaillible, le si compétent Wodan. Un coup, deux coups, à terre. Et là, Andy se réveille. Incroyable comme l’adrénaline fait des miracles. La jeune femme jauge en un instant la masse de muscle qui s’approche de Wodan. Elle n’a aucune chance, mais il est seul et il ne se préoccupe pas d’elle. Alors Andrea tend négligemment la jambe lorsqu’il passe à côté d’elle, ce qui suffit à lui faire perdre l’équilibre. Il ne s’y attendait pas, jackpot. En un éclair, la jeune femme abat son poing sur le comptoir, brisant ainsi le verre si admiré auparavant, se coupant au passage. Sans se soucier plus que ça de cette sensation de douleur qu’elle ne connait pas, Andrea se baisse et plante avec toute la force dont elle est capable un éclat dans la paume du gros balourd, avant de sauter à pied joints sur son dos, vidant du même coup tout l’air qu’il gardait dans les poumons. De quoi lui donner quelques secondes pour envoyer un violent coup de pied dans sa tempe avant de se baisser à nouveau.

Plus qu’une seule priorité. Wodan. Sans se préoccuper de savoir s’il a mal quelque part, elle le relève tant bien que mal et le traine rapidement jusqu’à la porte. Dieu qu’il est difficile comme opération de tenter de faire sortir un homme correctement sonné. Tant bien que mal, la porte. Plus facilement, la rue. Une rue, au hasard. La première qui vient, si tant est que les imbéciles ne pensent pas à y aller. Cela lui donnera au moins le temps de faire ce qui la démange. Et puis Wodan –ou Tyler, peu importait à présent-, ne donnait sans doute pas pour habitude de fuir. Aussi leurs poursuivants s’attendraient-ils, avec un peu de chance, à le trouver non loin de là prêt à en découdre. Andrea quant à elle, se retourne vers l’idiot fini qui lui fait à présent face avant de lui coller une claque et de hausser la voix en tentant de ne pas faire trop de bruit.

- Imbécile ! Fini de jouer au héros ? Où tu veux que je coure si c’est pour retomber sur quelqu’un de pas fréquentable ?

Soupir, gros soupir d’agacement.

- Un contre trois, tu espérais quoi ? Que je me batte pour tes beaux yeux ?

Elle lui jeta un regard noir et passablement énervé avant de radoucir la voix, enfin, et de s’enquérir de quelque chose de beaucoup plus pragmatique.

- Bon, rien de cassé ? T’as un endroit plus sûr que le derrière d’une poubelle pour te réparer ?

Et qu’on ne vienne pas lui reparler de la tendance des hommes à se mettre dans le pétrin … Ni de leur fierté à ne pas vouloir s'esquiver en cas de déséquilibre. Parce qu'elle allait regretter de ne pas avoir pris ses jambes à son coup. Et elle ne voulait pas le regretter. La poussée d'adrénaline de tout à l'heure, le calme tendu après la tempête ... délectable.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]



Répondre
Tags :