Son sourire n'avait pas bougé d'un poil. Comme les scientifiques... se disait Lucy. Quand elle posa sa batterie de questions cependant, il reprit un air un peu plus grave.
Question une, concerne l’Ordre.
Quand il commença à parler, Amélie dirigea son regard vers l'homme aux cheveux bleus. c'était finalement peut-être lui qui allait lui apporter la solution...
En effet, nous luttons contre l’esclavage. Mais ce n’est pas une utopie, loin de là. Nous avons un grand nombre de victoires à notre actif, et nous sommes suffisamment nombreux pour voir les choses en grand, ce dont nous ne nous privons pas.
Il y en a même qui parlent de coup d’Etat, mais là on a un peu de mal à se dire que c’est possible.
L'intervention de Nathan n'avait pas trop été utile. Lucy retint juste qu'ils agissaient. Et qu'ils étaient nombreux.
Question deux, concerne les esclaves libérés. Certains intègrent l’Ordre, d’autres sont tous simplement rendus au monde extérieur, avec bien entendu une préparation au préalable. Et ils sont toujours suivis de très près par l’Ordre pendant environ trois mois. Passé ce délai, on considère que ce sont à nouveau des personnes totalement libres et on les laisse vivre leur vie sans plus s’en occuper.
Disant cela, il posa son regard sur la Neko. Celle-ci réagit :
Vraiment ?
Ce fut Lucy qui répondit, l'air agacé. Elle voulait juste la fin de la réponse. Elles auraient le loisir de discuter ensuite.
Puisqu'il te le dit...
Amélie sourit. Loin d'être offusquée par la réponse de la mutante, elle se projetait déjà dans un avenir radieux.
Raphaël reprit pour Lucy :
Question trois, concerne Terra. C’est un monde situé dans une dimension parallèle à la Terre, le monde d’où tu viens. Ici, tu verras des créatures qui n’existent pas dans ton monde. La jeune fille qui est à côté de toi, par exemple, et avec qui j’aimerais beaucoup parler tout à l’heure, est une neko, une femme-chat. C’est une race de Terranide si j’ai bien compris, mais ce n’est pas le domaine dans lequel je suis le plus doué. Il existe à peu près autant de races de Terranides qu’il existe d’animaux. Tu as dû voir le slime qui est là-bas, dit-il en désignant la... le... l'espèce de chose. C’est une créature transformiste. Certains vont parfois sur Terre et fichent la pagaille, mais la plupart sont ici.
Il jeta un œil en direction des jumeaux, qui semblaient s'être désintéressés de la discussion.
Sur Terra, il y a aussi des gens, humains ou non, qui possède un pouvoir magique. On les nomme Espers. Les deux gamins turbulents qui t’ont amenée ici en sont. Est-ce que tu veux que je te parle d’autre chose ? Par exemple, la géographie, la politique ou n’importe quoi, global ou précis ?
Lucy jeta un oeil à son tour aux deux blondinets. Elle se remémora leur rencontre, après l'assaut de la malédiction.
Les deux gamins, comme tu dis, ont surtout eu de la chance. Si je m'étais moins contrôlée, ils ressembleraient maintenant à de la bouillie...
Amélie semblait horrifiée. Comment sa maîtresse, celle qui l'avait sauvée, pouvait tuer ses amis sans état d'âme ? Elle regarda Lucy, en même temps que cette dernière tournait son regard vers l'ancienne esclave. ce fut la Diclonius qui parla en premier.
Qu'en dis-tu de leur proposition ? Je leur fais pas encore confiance, mais déjà plus qu'à moi-même. Je suis peut-être plus dangereuse pour mes amis que pour mes ennemis...
La réponse fut comme un murmure :
Pourquoi tu dis ça ?
Parce que, en tant que diclonius, je suis maudite. Programmée pour sonner la fin de la race humaine, au profit des diclonius.
Amélie comprit alors. Sa malédiction devait être puissante pour qu'elle en ait peur ainsi, et qu'elle ne se fasse pas confiance à soi-même. Elle ressassa ses pouvoirs. Deux d'entre eux allaient être utiles, mais la procédure pouvait être risquée. Déjà, il ne fallait surtout pas en parler à Lucy, car sa malédiction risquait de prendre le contrôle.
Un jour, le fils du maître d'Amélie était tombé gravement malade. Mais ce n'était pas une maladie commune, qui rend le malade plus faible. C'était une sorte de folie. Il s'attaquait à tous ceux qui essayaient de l'approcher, sans distinction. Le médecin fut obligé d'appeler un exorciste, puisqu'un esprit avait pris possession de son corps, et refusait de le laisser. Pendant les 2 mois qui suivirent, Amélie étudia la trace magique que l'exorciste avait utilisé sur l'enfant, sachant que ça pourrait lui être utile un jour. Et ce jour était arrivé.
Il fallait déjà penser à la sécurité de tout le monde ici. Elle avisa du regard les deux jumeaux, effleura la nuque de Nathan, et concentra un des pouvoirs qu'elle utilisait le plus souvent. Un sortilège pratique lorsqu'il s'agissait de s'enfuir. Un sort de sommeil. Elle le lança sur Lucy. L'énergie magique utilisé était tellement faible qu'elle ne pouvait savoir si Nathan sentirait la légère succion de ses pouvoirs. Lucy, pendant ce temps, s'était retournée vers Raphaël et lui parlait :
Eh bien, globalement, j'aimerais en savoir le plus possible de ce monde. Les pays les plus proches, leur politique, les guerres s'il y en a. Et cette histoire de... Esper, là. Il est aussi rép...
Soudainement, elle arrêta de parler et s'effondra, la tête cognant un peu violemment sur la table, endormie pour deux heures. Amélie se mit alors en mouvement. Lâchant le cou de l'ESPer, elle se leva, pris la diclonius dans ses bras, et l'allongea par terre. Elle regarda alors Nathan dans les yeux et dit :
J'ai besoin de vous. Et d'un poignard.