Une longue journée se terminait, et Jane, honnêtement, n’était pas fâchée qu’elle se termine. Elle fut longue, très longue, lui rappelant à quel point elle avait hâte de quitter le lycée .C’était sa dernière année ici, après tout. L’an prochain, elle rejoindrait sa sœur à la fac’, et ce serait bien plus cool ! Une chose qui rendrait l’université plus attirante : la filière qu’elle prendrait lui permettrait de ne plus avoir à endurer les cours de mathématiques ! Elle trouvait cela d’un ennui insondable, et dormait à moitié au fond de la salle. Elle ne comprenait rien, et n’avait pas envie de comprendre, n’aimant pas dut out les sciences dures. Il n’y avait que des chiffres et des symboles incompréhensibles que les mathématiciens assemblaient bout à bout pour former des formules illisibles. Jane n’était pas en train de penser que les maths ne servaient à rien, elle estimait juste que les maths ne lui servaient à rien. Quand elle était venue à Seikusu, elle avait du, en raison des aléas du calendrier scolaire, redoubler une année, et savait donc que els maths, que ce soit pour ses hobbies, ou pour sa carrière professionnelle, ne l’aideraient jamais.
Les mathématiques n’avaient en effet que peu d’importance quand on voulait être une sorcière. Que lui importait de savoir résoudre des équations, de tracer des courbes, quand elle avait besoin de dessiner des sceaux, des glyphes, et prononcer des formules magiques ? La magie était une autre forme de logique, différente, avec des règles, des lois, et une rigueur qui rappelait un peu celle des mathématiciens. Quand on traçait un sceau, il fallait scrupuleusement respecter la forme du sceau, certains tracés, bien former des lignes. Une erreur pouvait avoir des conséquences particulièrement fâcheuses, et, tandis que le cours de maths se poursuivait, elle dessinait sur ses feuilles volantes des sceaux, écrivait des runes, et mettait à jour ses conséquences. Une tâche qui l’absorbait, à tel point qu’elle n’écoutait plus ce qui se disait.
La sonnerie finit par retentir, et Jane mit un peu de temps à se redresser, à ranger ses notes. Elle étouffa un bâillement, étant, après tout, réveillée depuis sept heures du matin. La plupart des élèves étaient déjà sortis, et elle vit, par la fenêtre, le soleil en train de se coucher. C’était l’une de ses journées les plus chargées, et elle enfila ses affaires dans son sac, avant de sortir. Sur le coup, elle avait une furieuse envie de s’en griller une. La Californienne fumait peu, mais elle était éreintée, et il lui fallait au moins vingt minutes pour rejoindre son appartement. Elle espérait que Nell aurait fait un gâteau. Sa grande sœur était très douée pour faire de délicieux gâteaux... Ou des crêpes. Les crêpes aussi, c’était bon... Elle en respirait déjà l’odeur délicate qui s’échappait de la cuisine quand Nell, en tablier, les faisait. Elle avait un talent inné pour les retourner sans laisser de trous.
*Ce soir, je mange pizza, c’est sûr... Une bonne grosse pizza pour oublier cette journée pourrie...*
Elle chercha dans les profondeurs de sa poche son baladeur MP3, quand elle entendit une voix dans son dos.
« Jane. Longue journée pas vrai ? »
Cette voix avec cet accent traînant... Elle se retourna, et vit la silhouette élancée de Dayinski s’élancer vers elle. Le Russe. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Elle le regarda lentement, alors qu’il arrivait à sa surface.
« J’étais là, sur ce muret, je vous ai vu passer et je me suis demandé… « Combien de temps un russe et une américaine peuvent-ils échanger sans déclencher d’holocauste ? » Et je suis venu tester. »
Elle esquissa un sourire, et haussa les épaules.
« Rassure-toi, mon vieux, la Guerre Froide est terminée... Si vous aviez des gènes chinoises, je ne dis pas, mais les Russes et les Américains sont de grands copains maintenant. Il paraît qu’il y a même un McDo qui trône au milieu de la Place Rouge. »
Jane s’avança un peu, descendant les escaliers menant à la sortie du bâtiment, se rapprochant des portes ouvertes menant aux cours.
« Et ce fut une longue journée, oui. »
Dehors, elle sortit une cigarette, et l’alluma, avant de tirer une bouffée. Théoriquement, il était interdit de fumer dans l’enceinte du lycée, mais sa journée était finie, et elle avait besoin de s’en griller une. Elle commença donc à fumer, et recracha de la fumée à pleines bouffées. Ça faisait du bien, parfois !