Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Alexeï Dayinski le lundi 19 novembre 2012, 03:15:56

Titre: Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le lundi 19 novembre 2012, 03:15:56
Les mathématiques. Les intégrales. Première question : « je suppose que vous vous souvenez du chapitre sur les primitives ». Première réponse : « … ». Deuxième question : « Kisagi, une primitive de x² ? ». Deuxième réponse : « … ». On dit que le silence est d’or, ceux de ce cours étaient plutôt de plomb. Le prof avait pris un air sévère, le même qu’il devait prendre chaque année, en posant la même question à une pauvre victime dont il était certain qu’il ne connaîtrait pas la réponse. Il poussa un soupir, se tourna vers le tableau, et nota : introduction : rappel sur les primitives, deux pouces sous le titre. Le soulagement de la classe fut immense, qui se mit à griffonner en silence, plus studieuse que jamais sous une ambiance coupable d’une écrasante puissance.

Etait ensuite intervenue Katsuna, qui avait chanté au prof tout ce qu’il voulait entendre. Pour se faire bien voir de lui, quitte à ce que toute la classe la méprise dans un secret de polichinelle. Peut-être croyait-elle nous impressionner aussi, nous vil peuple incapable de concevoir les savantes mathématiques niveau lycée. La petite bourge bien éduquée qu’on avait là. C’allait pas être en fayottant qu’elle perdrait son pucelage. Quoique si moi-même je me mettais à fayotter, est-ce que j’aurais moyen de la brancher ? Ou me considèrerait-elle comme un rival ? Est-ce qu’elle était si pucelle qu’elle en avait l’air, ou se prenait-elle toutes les bites du campus chaque samedi soir ? Enfin bref… Le genre de pensées stupides, qui avant qu’on s’en aperçoive nous a déjà distrait suffisamment longtemps du cours pour qu’on ne puisse plus rien comprendre des mots qui sortent de la bouche du prof. On copie le tableau, on prend la dictée, on fait semblant de réfléchir quand on nous pose une question, et on se dit qu’on comprendra mieux à la relecture.

Lorsque la sonnerie s’était enfin décidée à faire son office, la plupart avaient déjà anticipé et à moitié débarrassé leur pupitre. Le prof étant de la catégorie qui donnait les devoirs après la fin officielle du cours, on devait compter deux minutes à gratter sur l’agenda les trente six exos à rendre pour dans deux jours. Ça et Revoir cours sur les primitives. Essentiel. Puis la salle s’était vidé, aussi vite qu’un verre de vodka dans les mains d’Eltsine. Le calvaire de la journée venait de prendre fin, quand le ciel que présentait la baie vitrée se tamisait. Le soleil s’en allait éclairer les antipodes.

A partir de quoi, et hormis trente six exercices de maths, je n’avais rien à faire de particulier. Or, à quoi pense un mâle quand il n’a rien à faire de particulier ? On appelle ça la chose, entre autres noms (à vrai dire, même quand on a quelque chose à faire on y-pense). Pressons vers la sortie et épions le flux d'élèves. J’avais déjà fait cette manœuvre une ou deux fois par le passé, j’avais ciblé quelques personnes du regard et je les avais laissé filer, pour diverses raisons parfois valables. Je passai les couloirs et les escaliers, dans le capharnaüm habituel, puis la cour, me faufilant, marchant vite, jusqu’à enfin atteindre le hall et le quitter. Je me trouvai un bout de muret confortable sur lequel m’asseoir et m’y-plantai, l’air d’attendre quelqu’un. Ce qui était le cas, d’une certaine manière.

Cette deuxième ou troisième fois – troisième précisément – que je me prêtais à ce jeu, je pris conscience de la constance du mécanisme qu’était la sortie des classes. Elle se constitue de trois phases. La première, clairsemée, peuplée des plus pressés, de ceux qui sans doute habitent le plus loin ou ont un planning à respecter, des victorieux de la guerre des bousculades et des chanceux lâchés en avance. Les groupes y-sont rares, restreints, et la marche rapide. La deuxième, la horde, qui capture ceux qui s’y-laissent prendre, et conserve ceux qui sont trop faibles ou trop peu déterminés pour s’en extirper, ou qui par fatalité individuelle ou collective acceptent d’y-rester piégé. Présenté comme tel, ça semblait curieux que la grande majorité des personnes soient de cette phase. Derrière laquelle vient la troisième, la plus calme et longue, où sortent profs et derniers élèves, retardés soit par obligation soit par volonté. Les groupes y-sont nombreux et restreints, et eux-mêmes sont divisibles en deux catégories : les groupes de chuchoteurs, dont on entend rien à grand regret ; et ceux des brailleurs dont on voudrait bien qu’ils la ferment.

C’était cette dernière phase en laquelle je fondai le gros de mes espérances. On y-trouve souvent quelques proies isolées, quiètes, intellos, l’air mélancolique, cherchant peut-être l’amour qui sait ? Ou qui ne cracheraient pas sur un peu de compagnie, pourvu qu’elle soit de qualité. J’en vis une, brune, bien faite mais sans plus ; la faute à une coiffure négligée notamment. Je me recoiffai. J’en trouvai une autre, fausse blonde, qui porta sur moi un regard d’un quart de seconde. J’esquissai un mouvement puis me ravisai. Ces cheveux teints en blond sur tête de bridées, ça faisait salement perruque. Puis en vint une troisième : Jane. L’amerloque de la classe. Mignonne, et garce avec ça, mais intrigante – ce qui la rendait d’autant plus mignonne et garce. Voire même dangereuse – ce qui la rendait d’autant plus intrigante. Pas sûr de lui avoir jamais adressé la parole. Ce serait celle-là. Le temps qu’elle arrivait à ma hauteur je réfléchissais à une phrase accrocheuse, pour l’aborder. Quand elle me dépassa je lui emboîtai le pas, et lui lançai la phrase terrible que j’avais répétée.

– Jane. Longue journée pas vrai ?

Sobre mais efficace.

– J’étais là, sur ce muret, je vous ai vu passer et je me suis demandé… « Combien de temps un russe et une américaine peuvent-ils échanger sans déclencher d’holocauste ? » Et je suis venu tester.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le lundi 19 novembre 2012, 22:06:04
Une longue journée se terminait, et Jane, honnêtement, n’était pas fâchée qu’elle se termine. Elle fut longue, très longue, lui rappelant à quel point elle avait hâte de quitter le lycée .C’était sa dernière année ici, après tout. L’an prochain, elle rejoindrait sa sœur à la fac’, et ce serait bien plus cool ! Une chose qui rendrait l’université plus attirante : la filière qu’elle prendrait lui permettrait de ne plus avoir à endurer les cours de mathématiques ! Elle trouvait cela d’un ennui insondable, et dormait à moitié au fond de la salle. Elle ne comprenait rien, et n’avait pas envie de comprendre, n’aimant pas dut out les sciences dures. Il n’y avait que des chiffres et des symboles incompréhensibles que les mathématiciens assemblaient bout à bout pour former des formules illisibles. Jane n’était pas en train de penser que les maths ne servaient à rien, elle estimait juste que les maths ne lui servaient à rien. Quand elle était venue à Seikusu, elle avait du, en raison des aléas du calendrier scolaire, redoubler une année, et savait donc que els maths, que ce soit pour ses hobbies, ou pour sa carrière professionnelle, ne l’aideraient jamais.

Les mathématiques n’avaient en effet que peu d’importance quand on voulait être une sorcière. Que lui importait de savoir résoudre des équations, de tracer des courbes, quand elle avait besoin de dessiner des sceaux, des glyphes, et prononcer des formules magiques ? La magie était une autre forme de logique, différente, avec des règles, des lois, et une rigueur qui rappelait un peu celle des mathématiciens. Quand on traçait un sceau, il fallait scrupuleusement respecter la forme du sceau, certains tracés, bien former des lignes. Une erreur pouvait avoir des conséquences particulièrement fâcheuses, et, tandis que le cours de maths se poursuivait, elle dessinait sur ses feuilles volantes des sceaux, écrivait des runes, et mettait à jour ses conséquences. Une tâche qui l’absorbait, à tel point qu’elle n’écoutait plus ce qui se disait.

La sonnerie finit par retentir, et Jane mit un peu de temps à se redresser, à ranger ses notes. Elle étouffa un bâillement, étant, après tout, réveillée depuis sept heures du matin. La plupart des élèves étaient déjà sortis, et elle vit, par la fenêtre, le soleil en train de se coucher. C’était l’une de ses journées les plus chargées, et elle enfila ses affaires dans son sac, avant de sortir. Sur le coup, elle avait une furieuse envie de s’en griller une. La Californienne fumait peu, mais elle était éreintée, et il lui fallait au moins vingt minutes pour rejoindre son appartement. Elle espérait que Nell aurait fait un gâteau. Sa grande sœur était très douée pour faire de délicieux gâteaux... Ou des crêpes. Les crêpes aussi, c’était bon... Elle en respirait déjà l’odeur délicate qui s’échappait de la cuisine quand Nell, en tablier, les faisait. Elle avait un talent inné pour les retourner sans laisser de trous.

*Ce soir, je mange pizza, c’est sûr... Une bonne grosse pizza pour oublier cette journée pourrie...*

Elle chercha dans les profondeurs de sa poche son baladeur MP3, quand elle entendit une voix dans son dos.

« Jane. Longue journée pas vrai ? »

Cette voix avec cet accent traînant... Elle se retourna, et vit la silhouette élancée de Dayinski s’élancer vers elle. Le Russe. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Elle le regarda lentement, alors qu’il arrivait à sa surface.

« J’étais là, sur ce muret, je vous ai vu passer et je me suis demandé… « Combien de temps un russe et une américaine peuvent-ils échanger sans déclencher d’holocauste ? » Et je suis venu tester. »

Elle esquissa un sourire, et haussa les épaules.

« Rassure-toi, mon vieux, la Guerre Froide est terminée... Si vous aviez des gènes chinoises, je ne dis pas, mais les Russes et les Américains sont de grands copains maintenant. Il paraît qu’il y a même un McDo qui trône au milieu de la Place Rouge. »

Jane s’avança un peu, descendant les escaliers menant à la sortie du bâtiment, se rapprochant des portes ouvertes menant aux cours.

« Et ce fut une longue journée, oui. »

Dehors, elle sortit une cigarette, et l’alluma, avant de tirer une bouffée. Théoriquement, il était interdit de fumer dans l’enceinte du lycée, mais sa journée était finie, et elle avait besoin de s’en griller une. Elle commença donc à fumer, et recracha de la fumée à pleines bouffées. Ça faisait du bien, parfois !
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le mardi 20 novembre 2012, 16:24:43
Elle souriait, c’était bon signe. Aborder une fille, ou qui que ce soit d’ailleurs, par ce qui se voulait être une blagounette légère était sans doute un bon moyen, à condition de ne pas déclencher de bide. De l’importance de la première impression. Dans le premier cas on était perçu avec de l’esprit, de la répartie, de la légèreté ; dans le deuxième on n’était qu’un balourd pot-de-colle à évincer.

– Rassure-toi, mon vieux, la Guerre Froide est terminée... Si vous aviez des gènes chinoises, je ne dis pas, mais les Russes et les Américains sont de grands copains maintenant. Il paraît qu’il y a même un McDo qui trône au milieu de la Place Rouge.

Ce fut à moi de sourire. Blagounette contre blagounette, duel épique.

– Un McDo au milieu de la Place Rouge ? Eh bien, au moins comme ça on sait qui a gagné la guerre.

Foutu Reagan. Foutu Gorbatchev. Foutu Kennedy aussi, et tous les autres. Tout coco que je n’étais pas, subsistait toujours un reste de patriotisme blessé pour regretter les défaites de mes aïeux. Pourtant sans la défaite, sans doute ne serais-je même pas né. Ni elle peut-être. On aurait été remplacé par deux autres personnes, probablement charmantes je ne dis pas, mais qui ne sauraient nous être pareils ; ce qui priverait le monde du présent dialogue.

– Et ce fut une longue journée, oui.

Aussi brandit-elle une cigarette, qu’elle alluma puis fuma. Et voilà que la douce puanteur de la clope me chatouillait les narines. De cette fumée paresseuse et stagnante qui repeignait l’air en gris sur le sillage.

– Et que faites-vous, lorsqu’une longue journée prend fin ? Les profs voudraient qu’on se jette précipitamment sur nos devoirs, mais je ne crois pas que grand monde ne les suive.

Je regardai à droite, à gauche, trouvant quelques élèves et me posant la même question à leur sujet. Les plus à même de travailler en rentrant devaient être les marcheurs lents, qui rallongeaient sciemment le temps de trajet et par là même leur temps de récupération mentale, quand ceux qui marchaient vite devaient le faire par hâte de se vautrer sur le canapé et de camper devant la télé. C’est-à-dire qu’à cette heure commençaient toute une gamme d’émissions de qualité, dirigés par des animateurs charismatiques et fringants et peuplés de participants redoutables d’intelligence.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le mardi 20 novembre 2012, 17:55:49
« Et que faites-vous, lorsqu’une longue journée prend fin ? Les profs voudraient qu’on se jette précipitamment sur nos devoirs, mais je ne crois pas que grand monde ne les suive. »

Jane tira une bouffée. Ce qu’elle faisait ? Elle lisait des livres traitant de sorcellerie, dessinait des sceaux magiques, et envisageait d’invoquer un démon. La routine, quoi ! Alexeï était vraiment un élève particulier. Il était Russe, en même temps, et tous les Américains s’accordaient pour considérer que les Russes étaient un peu bizarres. En même temps, quand on vivait dans un pays si froid, il ne fallait pas s’attendre à être très normal. Alexeï faisait tout simplement plus vieux que ce qu’il était, et on sentait clairement que le lycée, cette époque où les élèves sont encore tous un peu des gamins abrutis, ne lui convenait pas. Il était plutôt fait pour être un étudiant à la fac’.

La Californienne finit sa cigarette en atteignant la sortie du lycée, rejoignant une rue bondée d’arbres. Des groupes d’élèves discutaient ici et là, et elle se dirigea vers la gauche, marchant vers la station de métro, relativement proche. Mishima était un grand lycée, et avait donc son propre arrêt de métro. Elle jeta le mégot au sol, et l’écrasa du talon, avant de regarder l’homme.

« Je commence par rentrer chez moi, et, selon ce que ma sœur fait, soit je mange, soit je vais en soirée. Je ne serais pas une bonne Californienne, si je n’allais pas faire des soirées, n’est-ce pas ? »

Elle avait lâché la question avec un sourire. Les devoirs ne l’intéressaient nullement, et il était très rare qu’elle les fasse. Elle était un peu une glandeuse en cours. Elle haussa les épaules, et regarda le métro, puis l’homme. Elle était fatiguée.

« Je vous souhaite une bonne soirée, et... »

Son téléphone portable se mit alors à sonner. Jane l’attrapa, et vit, sur l’écran du téléphone, l’identité de celui qui l’appelait : « NELL ». Fronçant les sourcils, elle décrocha, et entendit rapidement Nell lui parler, lui expliquant qu’elle avait une heure de cours en plus, et qu’elle ne pourrait donc pas rentrer tout de suite. Jane soupira, ferma les yeux, et raccrocha le téléphone, puis se tourna vers le Russe. Rentrer dans un appartement vide ne la tentait pas, et elle eut donc rapidement une idée.

« Ça te dit, de boire quelque chose ? Comme ça, je pourrais savoir ce qu’un Russe aime faire de ses soirées. »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le jeudi 22 novembre 2012, 13:10:49
Ma question resta en plan un certain temps, déclenchant chez Jane une phase de réflexion pendant laquelle sa clope eut le temps de se consumer, et nous d’arriver jusqu’au quai du métro du lycée – rien que ça. Une foule abondante de lycéens s’y-trouvaient, encadrés d’immenses panneaux publicitaires pour nous sommer de dépenser notre argent en jus de fruits, chaussures, abonnements téléphoniques... Planait aussi la bonne odeur de pisse qui faisait le charme de l’endroit.

– Je commence par rentrer chez moi, et, selon ce que ma sœur fait, soit je mange, soit je vais en soirée. Je ne serais pas une bonne Californienne, si je n’allais pas faire des soirées, n’est-ce pas ?

Je lui servis un sourire joyeux. Je l’imaginais, au sortir d’une soirée, complètement torchée et déversant son diner sur le trottoir, mais lui pardonnai volontiers cette vision infâme pour son joli minois. Evidemment que c’était une fêtarde, toutes les filles dans son genre l’étaient – parlant des filles plutôt malignes mais cancres en classe, et sans un cheveu qui déborde du brushing. Je répondis après un temps.

– Une façon de rattraper le temps perdu en cours.

Mais voilà le train qui s’amenait, et Jane qui formulait un début d’au revoir, quand l’interrompit la sonnerie de son portable. Elle décrocha, se le plaqua à l’oreille, en émana une voix féminine lointaine. Pendant ce temps, le quai s’était vidé, à l’inverse de la rame nous faisant face, bondée jusqu’à l’excès. Enfin elle raccrocha.

– Ça te dit, de boire quelque chose ? Comme ça, je pourrais savoir ce qu’un Russe aime faire de ses soirées.

Je ne me fis pas prier.

– Ce serait avec plaisir.

La question étant, est-ce que sa sœur qui semblait diriger sa vie serait là ? La sirène de départ se déclencha, et dans un élan précipité je nous mêlai tous deux à la foule usagère.

– Les Russes ont pour principe de ne jamais refuser une invitation à boire.

Les portes se refermèrent sur nos dos, et le train partit, nos deux âmes à bord. Ainsi que les âmes d’un bon millier d’individus de tout âge, de toute hygiène et de tout calibre, se pressant, se broyant mutuellement. C’était à peine respirable. Dans un exercice de contorsion je fis glisser mon sac jusqu’à mes pieds, y-gagnant quelques centimètres d’espace vital. Il y-avait un homme gras, moite et puant, qui nous plaquait tout deux contre la porte de son fessier géant. Quelle horreur, de prendre le métro tous les jours, je n’osai pas imaginer. Un avantage cependant, je n’avais pas à me justifier du contact étroit que j’avais avec Jane.

– On pourrait sautiller sur place, on aurait l’impression d’être en boîte.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le vendredi 23 novembre 2012, 12:09:57
« Ce serait avec plaisir. »

Elle sourit. Voilà qui permettrait de ne pas gâcher sa fin de journée. S’intéresser à la sorcellerie était amusant, mais ce n’était pas particulièrement palpitant... Rien à voir avec ce qu’on imaginait dans les films ou les romans de bit-lit. C’était un exercice très rigoureux, assez méticuleux, et relativement épuisant, où il était nécessaire de regrouper un certain nombre de connaissances. Jane y songea fugitivement, avant d’entendre l’une des sonneries du métro annonçant le départ de la rame. Le prochain train ne tarderait pas à arriver, mais les deux adolescents se précipitèrent à l’intérieur, les portes se refermant juste derrière eux.

Le métro démarra alors, rejoignant les tunnels souterrains de Seikusu pour rejoindre d’autres stations. Il était bondé, rempli essentiellement de lycéens. C’était l’heure de sortie commune du lycée, et Jane regretta de ne pas avoir attendu le prochain métro... Surtout quand l’individu devant eux était une espèce de sumo avec des fesses énormes, les contraignant à rester contre la porte.

« Les Russes ont pour principe de ne jamais refuser une invitation à boire, lâcha l’homme.
 -  Je ne voudrais pas porter atteinte à l’hospitalité russe, alors... » plaisanta Jane.

Le train continuait à filer, et Jane connaissait les endroits sympas où aller. On pouvait se rendre au centre-ville, au Starbust ou à l’Occidental, deux cafés très en vogue. Le premier était un bel établissement très ouvert et aéré, où beaucoup de jeunes se rendaient, tandis que le second était plus un mélange entre un café, un restaurant, et un bar, avec une partie cabaret. C’était généralement l’endroit où Jane se rendait le plus souvent, car on y trouvait des références à la culture occidentale, principalement américaine. Il existait bien des cafés différents à Seikusu, surtout au niveau du centre-ville. Un autre endroit privilégié était le long du parc, avec plusieurs cafés sympathiques, ou encore le long de la plage. Jane connaissait un peu la carte des festivités de Seikusu, puisqu’elle était volontiers du genre à laisser tomber ses livres de sorcellerie pour se rendre à une soirée, généralement grâce à Nell. Visiblement, être à la fac’ permettait d’obtenir bien des informations sur les fêtes étudiantes et autres soirées intéressantes.

Jane et Alexeï restaient assez collés, le métro filant rapidement.

« On pourrait sautiller sur place, on aurait l’impression d’être en boîte. »

Cet homme avait manifestement le sens de l’amour. Un bon point pour lui. Un léger sourire éclaira le visage de Jane, qui haussa les épaules, lui répondant assez rapidement, sur le même ton badin et plaisant :

« Il manque encore la musique rugissante et les lumières stroboscopiques. »

Le train commençait à se rapprocher du centre-ville, et Jane ne savait pas vraiment à quel café se rendre... Elle décida d’opter pour un café classique, et décida d’en savoir un peu plus sur les connaissances d’Alexeï. Le métro atteignit la première station, et commença légèrement à se décharger, permettant aux deux lycéens de s’écarter un peu, et d’avoir un espace vital un peu plus grand.

« Ça te dit, le Starbust ? »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le samedi 24 novembre 2012, 17:12:51
Son sourire me plaisait bien à celle-là. Pourtant, je m’interrogeai. Jusque là, Jane semblait apprécier mes vannes, mais n’y-avait-il pas un piège à trop en faire ? Je n’avais pas envie d’endosser le costume de Bozo le Clown... Bozo n’était pas sexy.

– Il manque encore la musique rugissante et les lumières stroboscopiques.
– Niveau musique rugissante, je trouve les sifflements du train d'assez bon effet. Et pour les lumières stroboscopiques, les néons du tunnel qui passent font un peu ça...

Pour accompagner le propos, j’eus ce réflexe commun qu’on a de les scruter, quand bien même ils ne présentaient aucun intérêt. Ils avaient un effet hypnotisant.

– ... Je crains donc que votre argumentaire ne tienne pas.

Le gros homme nous faisant fesse gigota, et tout le wagon avec lui. Etrangement, nous qui lui étions adjacents ne fûmes pas les plus touchés par les oscillations engendrées, celles-ci s’amplifiant avec l’éloignement, gagnant en puissance à chaque déséquilibre supplémentaire que les individus encaissaient. Ils en rigolaient au loin. La prochaine station vint, le gros me bouscula pour sortir, je lui cédais le passage avec joie et, cédant dans la foulée le passage à une quinzaine de personne à sa suite, je repris ma place, devenue un peu plus confortable. Quelques nouveaux venus se firent une place, puis le train s’en alla desservir la station suivante.

– Ça te dit, le Starbust ?

Je l’observai avec stupeur, avant de me reprendre. Avais-je pris mes rêves pour des réalités en pensant qu’elle m’emmènerait directement chez elle pour piocher dans sa réserve ? Bien sûr qu’elle pensait à un café, et pas la peine de lire dans les astres pour savoir aux frais de qui on allait vider nos verres. Après tout, j’étais l’homme, j’étais galant, j’étais friqué. Pas besoin non plus de s’offusquer qu’au départ c’était elle qui m’ait invité à boire, puisque l’initiative de payer viendrait de moi.

– Le Starbust ? Soit, mais je pose une condition. Je paye.

Maintenant que c’était dit, plus besoin de s’en faire une obsession.  Nous observâmes un temps de silence, que je passai à regarder les gens, ce que les gens regardaient, en l’occurrence des bouts de banquettes, des chaussures, des cuirs chevelus... jusqu’à retomber sur les néons extérieurs, décidément l’un des points fixes de l’espèce humaine.

– On peut aussi causer dès maintenant. Alors Jane, avez-vous envie de me raconter votre vie ?

De me raconter ce que vous faites ici. La ville croulait sous les étrangers, tous ayant une excellente raison d’être ici. Parfois la raison s’appelait portails dimensionnels, parfois pas. Mais comme je faisais moi-même partie de l’incohérence, je trouvais l’idée plutôt bonne.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le lundi 26 novembre 2012, 23:43:16
« Le Starbust ? Soit, mais je pose une condition. Je paye.
 -  Soit » répliqua Jane en souriant.

Elle avait noté un curieux blanc après avoir proposé ce café... Alexeï avait probablement du songer à un autre endroit... Probablement un bar, connaissant sa nationalité. Jane, toutefois, n’insista pas. Il y en avait encore pour cinq ou dix minutes avant que le train n’arrive à quai. Jane restait debout, ayant été assise trop longtemps dans la journée. Le métro filait à nouveau dans des souterrains sombres, et elle ferma lentement les yeux, jusqu’à sentir le wagon décélérer, atteignant la prochaine station. Alexeï lui posa alors une nouvelle question :

« On peut aussi causer dès maintenant. Alors Jane, avez-vous envie de me raconter votre vie ? »

Elle ouvrit les yeux, regardant l’homme. Raconter sa vie... Elle sourit lentement, comprenant qu’elle allait devoir répondre à la question usuelle : « Qu’est-ce qui t’a amené à Seikusu ? ». Dans la mesure où la ville était cosmopolite, il y avait beaucoup d’étrangers, des individus venant hors du Japon, comme Jane. Partant de là, Jane devait constamment ressortir la même histoire. Il était en effet naturellement exclu de répondre qu’elle était venue à Seikusu pour améliorer ses talents dans la sorcellerie, parce qu’elle avait appris que Seikusu était un lieu qui, magiquement parlant, avait une certaine importance. Elle ne pouvait tout simplement pas lui dire qu’elle était venue pour trouver des renseignements occultes, voire même une autre sorcière qui accepterait de la former, de l’aider, de la guider.

Le métro se remit à partir. La prochaine station serait la bonne, mais il y avait pour le coup un peu trop de monde pour répondre. Le flux des lycéens se raréfiait, mais bien d’autres gens entraient. Elle vit ainsi un géant gothique, avec une longue barbe, une longue chevelure, un corps squelettique, et une longue cape noire. Il parlait avec une fille qui arrivait à hauteur de son épaule. Jane ne répondit donc rien, jusqu’à ce que le train atteigne la station du centre-ville. La station se situait dans un grand centre commercial, et, en sortant depuis le quai, on voyait déjà des artères commerciales éclairées, avec plusieurs boutiques. Jane sortit donc, et fila sur l’escalator.

« Le Starbust est à côté de la station... J’espère juste qu’il n’y aura pas trop de monde. »

Ils sortirent de la station. Le soleil commençait lentement à se coucher, et les voitures roulaient rapidement. Un léger vent commençait à se lever, et elle s’avança vers le café. Il était aisément reconnaissable. Il y avait une terrasse à l’entrée, mais aussi une autre, au premier étage. Le café s’étalait sur deux étages, avec de grandes baies vitrées, des tables, un bar, et beaucoup d’étudiants. Jane en reconnut quelques-uns, et alla s’asseoir sur une chaise, face à Alexeï.

« C’est un chouette endroit... »

Ce n’était pas la première fois qu’elle s’y rendait, et une certaine animation régnait ici. Elle soupira lentement, puis consentit enfin à répondre à la question d’Alexeï :

« Je suis venue à Seikusu parce que des amies y ont été, et m’ont dit que ce serait un bon endroit pour mes études... Et j’ai toujours aimé voyager, aussi... Tokyo ne me tentait pas, et Seikusu est proche d’Okinawa, alors... Voilà qui explique ma présence ici. »

Parfois, les mensonges les plus simples étaient les meilleurs. Elle haussa lentement les épaules.

« Et toi ? »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le jeudi 10 janvier 2013, 02:13:55
Elle ne répondit rien, ou rien de bien audible dans le tohu-bohu de la rame. Etait-ce la malveillance apparente des autres usagés qui l’empêchait de me conter les péripéties de son aventure personnelle ? Ou était-ce, mais je n’osais le croire, le vide intersidéral de son histoire qui la réduisait au silence devant l’embarrassante question ? D’habitude quand on demande à une fille de nous raconter sa vie, elle ne se fait guère prier pour s’accomplir avec tout le soin et la précision du monde, si bien qu’au moment de comprendre qu’elle ne s’arrêtera qu’aphone on se fait la remarque de notre regrettable inconscience. Une épreuve habilement exploitable par les mâles peu créatifs en drague, la femelle se fascinant tant de ses propres paroles qu’elle finit par se convaincre de la qualité de son pseudo-interlocuteur, et s’en va le récompenser de la manière qu’il attend d’elle. La pudeur et la discrétion de celle-ci était diablement surprenante, d’autant plus pour une californienne fêtarde avouée.

Nous sortîmes à la station suivante, plutôt satisfait pour ma part de quitter cet environnement peu propice à l’échange. L’escalator était là, pour nous porter jusqu’en surface.

– Le Starbust est à côté de la station... J’espère juste qu’il n’y aura pas trop de monde.

– Nous sommes deux.

Cet endroit en valait un autre certainement, à condition qu’il ait des chaises à nous offrir, et ne nous donne pas l’impression d’être toujours dans le métro. Il nous apparut, à quelques pas de la sortie comme prévu. C’était un café rentable, devinait-on à son étage supérieur, et au nombre de cafés fumants distribués à la clientèle étudiante venue en nombre modérer leur journée de labeur. Un endroit moins spacieux aurait déjà affiché complet ; celui-ci avait moitié des tables disponibles. Nous prîmes place à une table pour couple, où une tasse vide restait encore à débarrasser. Un buveur solitaire nous avait précédé, et laissé un pourboire à portée de larcin. Chose qui devrait logiquement presser la venue du service.

– C’est un chouette endroit...
– Ca a l’air en effet.

Il est bon de partager l’avis des autres.

– Je suis venue à Seikusu parce que des amies y ont été, et m’ont dit que ce serait un bon endroit pour mes études... Et j’ai toujours aimé voyager, aussi... Tokyo ne me tentait pas, et Seikusu est proche d’Okinawa, alors... Voilà qui explique ma présence ici.

Quand elle se tut, j’attendis qu’elle reprenne. Au lieu de quoi elle me renvoya la balle.

– Et toi ?

J’allais répondre quand débarqua une serveuse, plateau en main, qui y-transféra couverts et pourboire avant de nous nettoyer la table par trois tours de serviette magiques dont giclèrent quelques miettes. Lorsqu’elle nous fit prendre commande je demandai un espresso, puis elle s’en repartit à sa besogne. Temps était à présent de m’exprimer sur ma propre personne, et de me rendre aussi captivant que possible.

– Moi eh bien… Mes parents sont des sangs bleus, j’ai vécu dans un château japonais toute ma vie, jusqu’à m’en libérer avec un début de fortune en guise d’argent de poche. Je me suis dit que finir mon cursus scolaire pouvait être une chouette idée le temps de penser à ce que je pourrais en faire.

Je m’arrêtai, réfléchissant à ce que je voulais bien lâcher sur mon compte et guettant d’éventuels signes de cupidité dans le regard de la jeune demoiselle.

– Et vous, qu’en feriez-vous, d’une petite armée de sous toute à vous ? Vous investissez ? Vous épargnez ? Vous donnez aux pauvres ?
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le jeudi 10 janvier 2013, 18:03:37
Une serveuse ne tarda pas à venir. Jane demanda un simple Coca, n’ayant pas particulièrement faim. Alexeï, le mystérieux Russe se présenta ensuite. Il se décrivit comme un enfant ayant du sang bleu, soit, si Jane se rappelait l’expression, un enfant de la noblesse. Impressionnant... Un Russe noble au Japon ? Elle l’aurait plutôt imaginé dans l’un des palais de Russie, mais n’essaya pas d’en savoir trop. Avec la montée du communisme et l’URSS, il n’était pas exclu que quelques nobles russes aient décidé de s’exiler en arrière, utilisant leurs fortunes pour acheter des possessions ailleurs. Il précisa avoir un « début de fortune » faisant office d’argent de poche, un euphémisme pour dire qu’il devait être assez fortuné. Ceci ne tarda pas à se confirmer lorsqu’il lui posa une question qui la fit sourire :

« Et vous, qu’en feriez-vous, d’une petite armée de sous toute à vous ? Vous investissez ? Vous épargnez ? Vous donnez aux pauvres ? »

Donner aux pauvres... L’idée avait franchement de quoi la faire rigoler, mais elle n’eut pas le temps de répondre. La serveuse ramenait un verre rempli d’une substance noirâtre, ainsi que le café, et l’addition. Jane attrapa son verre, et but avec une paille, avalant quelques gorgées, sentant sa gorge se vivifier. Ah, c’était tellement bon !

« Je viens d’une famille de conservateurs américains, et mon père a sa carte d’adhérent à la NRA. Donner de l’argent aux pauvres, ce n’est pas vraiment dans l’état d’esprit d’une républicaine. »

Jane n’avait pas vraiment l’âme d’une militante, à vrai dire. La politique ne l’intéressait que fort peu, simplement par curiosité personnelle. Elle était une fervente adhérente du capitalisme, et considérait que la crise des subrpimes n’était principalement due qu’à l’imbécillité de ses concitoyens, qui avaient pensé pouvoir vivre largement au-dessus de leurs moyens sans s’attendre un jour à ce qu’il y ait un retour du boomerang. La charité aux pauvres, c’était, pour elle, une manière de légitimer la connerie humaine. Les philanthropes n’étaient que des gens voulant avoir une bonne image auprès du public, comme les religieux. Ce n’était pas du cynisme, pas pour Jane, en tout cas, c’était une question de réalisme. Les gens étaient par principe des idiots faciles à manipuler. Si ce n’était pas le cas, il n’y aurait pas des super-riches et des super-pauvres. Tout ce que les gens savaient faire, c’était se plaindre contre tout et n’importe quoi, en espérant que quelqu’un d’autre agirait à leur place.

L’esprit de Jane s’égarait de la question d’Alexeï, et elle but encore un peu de son Coca., avant de finalement hausser les épaules.

« Je suppose que je m’en servirais pour acheter ce qui me fait envie, et éviter de me retrouver à la rue... Les placements en bourse, c’est un peu comme la roue de la fortune. La roue tourne, et, parfois, on touche le jackpot, mais on peut aussi se retrouver dans la merde. »

Elle se paierait surtout une sorcière pour lui apprendre à maîtriser la magie, car, avec ses grimoires, force était d’admettre que Jane n’avançait que peu. En tout cas, cette révélation sur Alexeï expliquait bien des choses sur son comportement réservé, et respectueux. Typique de la noblesse... Quand elle ne vous prenait pas de haut.

« Tu es un homme plein de surprises, en tout cas... J’imagine qu’un homme fortuné doit avoir quantité de femmes autour de lui. »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le vendredi 11 janvier 2013, 19:34:00
La serveuse revint, le plateau chargé de boissons diverses parmi lesquelles cafés et cocas étaient légions. Deux de ces sombres breuvages nous furent distribués, la note posée au centre, pincée contre sa plaquette. Est-ce cher ? me questionnai-je en observant le prix du coin de l’œil. C’est un café, ça doit pas être si cher qu’ailleurs. Avec ma tasse j’avais droit à un sucre et une crème en sachets, à une soucoupe, une serviette et une cuillère en plastique aux couleurs de l’enseigne. Je déchirai les deux sachets et les vidai au dessus du récipient, puis mélangeai le tout le temps pour le café de refroidir.

– Je viens d’une famille de conservateurs américains, et mon père a sa carte d’adhérent à la NRA. Donner de l’argent aux pauvres, ce n’est pas vraiment dans l’état d’esprit d’une républicaine.
– Vraiment ? Je pensais pas que c’était si contradictoire.

De ce que je comprenais des américains, les républicains étaient des grands patriotes ancrés dans les valeurs fondatrices de leur nation, là où les démocrates se voulaient plus ouverts et modernes ; et jusque là les républicains pouvaient encore disposer de leur argent comme ils l’entendaient. Ainsi donc la fille d’en face appartenait à la première catégorie de personne ; en plus d’être hermétique à l’autre absurde concept de solidarité. La qualité des faibles et des imbéciles.

La vue de Jane aspirant son coca me fit songer à l’imiter. Je tâtai d’une cuillerée le contenu de ma tasse et, ne m’y-brûlant pas les lèvres, j’y-portai le tout et bus. Corsé, à peine adouci par la crème, mais goûteux.

– Je suppose que je m’en servirais pour acheter ce qui me fait envie, et éviter de me retrouver à la rue... Les placements en bourse, c’est un peu comme la roue de la fortune. La roue tourne, et, parfois, on touche le jackpot, mais on peut aussi se retrouver dans la merde.

J’en souris, car il n’y-avait que trop de vrai dans la dernière phrase. Et les temps se prêtaient moins que jamais à ce petit jeu.

– Je comparerais plus ça au poker qu’à la roue de la fortune. On a beau y-mettre notre argent sur la sellette, on a un peu plus de chances de remporter le gros lot avec la tête qu’avec l’instinct. Seulement... si j’ai pas la tête d’un trader c’est pour quelque chose.
Peut-être que ça me fait la tête d’un trader la cravate et la chemise.
– J’y-connais rien, mais peut-être que la crise amène son lot d’opportunités.

Je repris quelques gorgées, mesurant et adaptant leur volume à la durée désirée de dégustation. Suis-je bien en train de parler trading avec mon rencard ?

– Tu es un homme plein de surprises, en tout cas... J’imagine qu’un homme fortuné doit avoir quantité de femmes autour de lui.

Je suis un homme..., me dis-je non sans une certaine autosatisfaction.

– Depuis que je suis ici j’ai eu dix déclarations d’amour. En moins d’un an. Je dois vraiment être un type exceptionnel. » Dix pouffiasses qui avaient voulu me faire tomber amoureux pour mieux me détrousser. Il n’y-en-avait qu’une ou deux sur qui planait l’ombre d’un doute ; sans doute qu’elles étaient juste meilleures comédiennes que les autres.  « L’une d’entre elles m’a même écrit tout un lot de poèmes ; plutôt chouettes d’ailleurs. Deux autres se sont battues pour moi. » Je m’étais fait la première, avant de lui envoyer un poème de remerciement, dont elle m’avait rendue la critique stylistique. Je m’étais fait la gagnante du combat, bien qu’elle fût laide, histoire d’encourager ce genre d’initiatives. Je m’en étais fait cinq en tout et pour tout, et chacune avaient touché sa part du gâteau. « Elles se sont occupées de mon éducation sexuelle », me contentais-je de révéler.

Et toi, qui s’est occupé de la tienne ? faillis-je demander, avant de me reprendre.

– Et vous ? j’imagine qu’une jolie dame comme vous a aussi droit à son lot de... courtisans.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le dimanche 13 janvier 2013, 12:01:07
« Depuis que je suis ici j’ai eu dix déclarations d’amour. En moins d’un an. Je dois vraiment être un type exceptionnel. L’une d’entre elles m’a même écrit tout un lot de poèmes ; plutôt chouettes d’ailleurs. Deux autres se sont battues pour moi. Elles se sont occupées de mon éducation sexuelle » expliqua-t-il.

Se battre pour lui ? Jane était surprise. Elle imaginait bien les raisons qui avaient pu pousser ces jeunes femmes à se rapprocher de lui. Alexeï n’était pas laid, certes, mais avec son costume et ses manières, il ne ressemblait pas vraiment au genre de mec cool et branché qu’on aimait inviter aux fêtes du Samedi soir. Non, il avait plutôt le look de l’étudiant coincé. Elle le verrait bien en droit. Ils étaient tous comme ça. A se lever à cinq heures du matin pour avoir le temps de réviser pour un Oral ayant lieu à 10h. Jane, du reste, n’était pas spécialement surprise d’apprendre que l’homme avait reçu son éducation sexuelle de la part de ces belles dames. Seikusu était un lieu où, étrangement, la virginité était très rare. Jane avait pu le consulter ; Mishima, l’un des principaux lycées de la ville, avait la réputation d’être l’un des plus sulfureux, ce qui amenait les habitants à avoir deux opinions : y voir un lieu de débauche, ou un lieu à rejoindre à tout prix. Jane savait que Mishima avait essuyé plusieurs scandales, des plaintes d’associations de parents d’élèves, mais jamais aucune n’avait aboutie. Seikusu était un endroit hors normes.

« Et vous ? J’imagine qu’une jolie dame comme vous a aussi droit à son lot de... courtisans. »

Elle sourit devant ce compliment poli et aimable. Au moins, il était franc et direct, ce qui, pour elle, était une qualité. Elle but un peu de son Coca, et s’humecta les lèvres, avant d’hausser les épaules.

« Sans doute... Mais je ne suis pas venue à Seikusu pour trouver un petit copain. »

Elle avait déjà Nell, sa sœur, et ça lui faisait amplement. L’amour avec d’autres, ce n’était pas pour elle. Les mecs étaient tous des boulets. Dès qu’on s’engageait dans une relation sentimentale, ils devenaient collants, rasoirs, et barbants, faisant preuve d’une jalousie primaire, persuadés d’être le centre de votre monde. Jane était une célibataire endurcie, qui n’aimait véritablement qu’une seule femme : sa sœur. Elle ne sortait que par intérêt, mais, à Seikusu, elle n’avait aucun intérêt particulier à accomplir. A moins de tomber sur un sorcier, elle ne voyait aucune raison de séduire des mecs.

Jane but un peu de son Coca, puis développa un peu ce qu’elle dit, afin que le Russe n’y voit pas une sorte de critique implicite.

« Ça ne veut pas dire que je suis contre un coup de temps en temps, mais je suis ce genre de femmes qui aime rester libre. »

C’était suffisamment explicite, selon elle, pour qu’elle s’abstienne de faire un développement. Elle continua à boire son Coca, savourant cette boisson gazeuse, vivifiante et sucrée. Elle revint alors à leur précédent sujet de conversation :

« Si tu ne comptes pas investir en bourse, que comptes-tu faire de toute ta fortune ? » s’enquit-elle.

C’était assez curieux de tomber sur un lycéen fortuné qui venait dans un lycée public. Mais, après tout, Jane n’était pas non plus vraiment pauvre, donc, si c’était curieux, ce n’était pas surprenant. Elle se demandait néanmoins pourquoi cet homme était venu à Mishima. Elle y était venue parce que le lycée avait une réputation d’être l’épicentre des évènements surnaturels ayant lieu dans cette ville, construit là où les vieilles cartes de son grimoire indiquaient un puits magique. Ce n’était pas plus compliqué que ça, en somme.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le dimanche 13 janvier 2013, 20:02:53
– Sans doute... Mais je ne suis pas venue à Seikusu pour trouver un petit copain.

Je lui répondis par le sourire. De ces sourires tremblotants qui servent à masquer un certain agacement. Etrangement, sa réponse ne me plaisait guère ; alors même que je m’étais juré de mépriser et jeter toute créature prête à échanger son affection contre ma générosité, j’en voulais à celle-là de ne pas faire de même. Pourquoi l’ais-je choisie ? Il me semble que je l’espérais amicale et désintéressée... mais aussi plus réceptive à mon charme naturel... qu’elle n’en paraît. Je me plongeai dans son visage, dans son regard, tentant de déceler en elle toute forme d’arrière pensée. Buvait-elle maintenant pour me masquer quelque anxiété ? Cette fois je ne touchai pas à mon café.

– Ça ne veut pas dire que je suis contre un coup de temps en temps, mais je suis ce genre de femmes qui aime rester libre.

Un coup de temps en temps ? Tentes-tu de me minimiser ta débauche ? Elle était une fêtarde américaine sans attache de son propre aveu ; j’y-parierai ma fortune qu’elle s’était faite labourée comme une paysanne plus d’une demi-fois. Ce que j’étais moi ? Un mec de plus dans la masse, peut-être, si je gérai assez bien le coup. Tant mieux. Un mec parmi d’autres, c’est ce que je voulais depuis le départ tentai-je de me convaincre. Un pauvre, qui se soucie du montant de l’addition. Vint le temps d’assaisonner tout ça d’une touche d’esprit.

– Il est une liberté puissante qui implique de la restreindre à jamais. On appelle ça le choix.

Au moment de me rendre compte que le genre de la remarque était à finir en « va te faire foutre » et coca dans la tronche, j’empoignai ma tasse et en bus une lampée pour masquer ma déglutition.

– Ne vous en faites pas, c’était juste de la philosophie à deux ronds. Aucun jugement de vos pratiques fis-je pour me corriger.

J’enchaînai par un raclement de gorge innocent. En face, le coca diminuait encore de volume ; je comparai en quantité chacune de nos boissons et acquiesçai de me trouver un peu d’avance.

– Si tu ne comptes pas investir en bourse, que comptes-tu faire de toute ta fortune ?

Apparemment ma fortune était un aspect de ma personne dont il lui tenait à cœur de s’informer.

– Je voudrais bien le savoir moi-même. Je n’exclue pas tout-à-fait d’investir en bourse, ni d’investir dans des plans moins aléatoires. Le commerce peut-être.

La contrebande interdimensionnelle par exemple. Vendre des daubes terriennes sur Terra et vice-versa, ce serait d’après mes estimations un coup à se faire plus de pognon que Picsou et Ali Baba réunis – le tout étant de ne pas y-laisser ma peau si la chose était déjà contrôlée par des mafieux surpuissants, ce qui n’était que trop à craindre.

– Mais ce n’est pas encore l’heure pour moi de monter sur le billot des affaires. Pour l’instant je ne suis qu’un petit gamin bien né, chanceux de naissance ou à peu près, et je compte en profiter encore un peu. En toute innocence.

Ou pas. Un non-dit supplémentaire dans une conversation où ils commençaient à être légions. Et pas seulement de mon fait, j’en jurerais. Temps était peut-être d’allumer une bougie supplémentaire dans toute cette brume.

– Si je vous dis portails, vous me dites ?
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le mardi 15 janvier 2013, 20:56:01
« Je voudrais bien le savoir moi-même. Je n’exclue pas tout-à-fait d’investir en bourse, ni d’investir dans des plans moins aléatoires. Le commerce peut-être. »

Investir en bourse... Encore un peu, et ils allaient discuter de la valeur des sociétés, et des choix d’investissement. Jane se demandait si un mineur pouvait investir en bourse... Sûrement que non. Elle continua à boire son Coca, savourant cette boisson. Normalement, à cette heure-là, elle serait déjà chez elle, à essayer de compléter son sceau de canalisation magique, un exercice particulièrement difficile et épuisant. Elle était plongée dans ses pensées, revenant à sa magie. Les deux réfléchissaient silencieusement, et Jane se demandait ce qu’elle allait faire ce soir. Elle allait probablement continuer son sceau, en faisant ses recherches à partir de son livre. Il n’existait aucun schéma-type de sceau, car le traçage des lignes dépendait énormément du contexte magique.

Alexeï finit par rompre le silence.

« Si je vous dis portails, vous me dites ? »

Portails ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Jane cligna des yeux, surprise. A quoi rimait donc cette question ? Elle s’humecta les lèvres, et répondit assez rapidement, lâchant la première chose qui lui venait à l’esprit :

« Garages... »

Portail, garage… Pourquoi donc lui poser une telle question ? Jane n’arrivait pas vraiment à comprendre où il voulait en venir. Était-ce une forme d’interrogatoire russe ? Elle était perplexe, ce qui se lisait volontiers dans ses yeux. L’apprentie-sorcière remua sa langue sur ses lèvres, indécise.

« Pourquoi cette question ? Vous adorez les portails ? »

Jane n’était pas au courant de cette petite subtilité propre à Seikusu.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le mercredi 16 janvier 2013, 06:42:06
Telles l’allumette qui casse et la bougie indifférente, la tentative d’éclaircissement des choses capota, lus-je sur le visage incompréhensif de Jane.

– Garages… trouva-t-elle pour me répondre.

Soit. Elle faisait donc probablement partie de la courte majorité de personne ne connaissant pas l’existence des portails en ville. Et moi, je lui étais donc bizarre à poser pareille question. Etrange et saugrenu ; à moins qu’elle n’eût le goût de me trouver insolite ou énigmatique. Garage ? J’aurais dit… dimensionnel. Même sans être au parfum. Heureusement qu’elle a dit « garage ».

Lorsqu’elle entreprit de m’exhiber sa langue en réaction à ses pensées, je me focalisai dessus plus que sur les miennes du temps jadis. Et me pris l’envie subit d’y-déposer un court baiser. J’ai la distance. Un baiser, et je me rassois, l’air de rien. « Pardonnez-moi, vous étiez trop belle… », « Pardonnez-moi, vous étiez trop charmante », « Pardonne-moi… » pensai-je avant d’être ramené par ses paroles.

– Pourquoi cette question ? Vous adorez les portails ?
– Moi, adorer les portails ? Absolument, je voudrais en faire collection.

Je laissai traîner la formule pour en observer les effets, le temps de boire une nouvelle rasade. Certains les aiment dures et froides, d’autres timides et naïves ; je trouvai celle-là sublime sous l’effet de ses interrogations. Et ça y-est, elle m’a allumée la garce. Il avait suffi d’un bout de langue.

– Plus sérieusement, je ne pense pas pouvoir dire que je les « adore », mais quelques-uns sont certainement plus intéressants à franchir que d’autres. Vous avez un portail chez vous ?

Je m’efforçai de garder mon air de conversation trivial et mon sourire léger naturellement bienveillant. Dis-toi que je suis un gentil bougre.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le samedi 19 janvier 2013, 11:07:42
« Moi, adorer les portails ? Absolument, je voudrais en faire collection. »

What the... ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Jane n’y comprenait plus rien. Est-ce qu’il se payait sa tête ? Si c’était le cas, il devait probablement s’agir d’humour russe, car Jane, pour être honnête, n’y comprenait rien. Elle clignait donc des yeux, indécise, n’arrivant pas à comprendre pourquoi Alexeï venait lui parler de portails. Un silence plus ou moins long s’instaura entre les deux. Jane n’osait rien dire, de peur que l’autre ne lui sorte une autre réflexion incompréhensible. Ce fut donc lui qui reprit, devant l’incrédulité de Jane. Elle comprenait mieux pourquoi les Russes étaient si bizarres. Si le communisme avait fleuré chez eux, ce n’était pas pour rien. Il suffisait de voir leur sens de l’humour pour le comprendre.

« Plus sérieusement, je ne pense pas pouvoir dire que je les « adore », mais quelques-uns sont certainement plus intéressants à franchir que d’autres. Vous avez un portail chez vous ? »

Voilà qu’il recommençait à lui parler de portails ! C’est dingue, ça ! Il fallait croire que Jane attirait tous les cinglés de cette planète !  Ne sachant pas s’il était sérieux, ou si c’était une autre forme de plaisanterie qui aurait pour but de la ridiculiser, ce que Jane n’aimait pas vraiment. Elle ferma lentement les yeux, et continua à boire un peu de son Coca, avant de se décider à répondre sur le même ton.

« Non, je n’en fais pas vraiment collection... »

Jane se racla lentement la gorge, et enchaîna :

« Et, sinon, tu aimes les films de gladiateurs ? »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le samedi 19 janvier 2013, 23:50:08
Me trouve-t-elle gentil là ? Sur son visage ne paraissait que trouble et désappointement, faute peut-être de pouvoir concevoir qu’une discussion anodine puisse ainsi dériver des investissements boursiers à la passion des portails de garages. Peut-être n’avait-elle pas saisi l’allusion coquine de ma précédente réplique... Ou bien si, et elle n’aimait pas. Alors qu’elle buvait de son verre je me passai la main dans les cheveux dans l’espoir de rehausser quelque peu mon charisme, jetai un œil distrait aux alentours, me détendis sur mon dossier.

– Non, je n’en fais pas vraiment collection...
– Hein ?

Je n’eus pas le temps de rappeler que les gens disposaient parfois de portails, dont ils usaient pour rentrer chez eux et protéger leur antre des délits par exemple, qu’elle posa un raclement annonciateur de parole.

– Et, sinon, tu aimes les films de gladiateurs ?
– Hmm ?

Me vint l’image de deux gladiateurs quasi-nus, suintant la sueur et le sang, les muscles saillants et veineux, le teint mat sous l'effet du cuisant soleil, se livrant corps et âme à... Elle me prend pour une fiotte ? L’idée me mit en colère un instant, puis je me repris par force de sang froid. De l’humour, c’est. Force-toi à rire. J’émis un rire, pris la tasse, bus à m’en faire couler sur le menton, m’essuya le menton. A la serviette, non pas du grossier revers de main propre aux brutes.

– Au fond oui, j’aime assez les films de gladiateurs. Un peu de violence gratuite de temps en temps, dans un scénario le plus souvent correct. Et puis, ça nous met à la place de la plèbe d’époque. Ils venaient assister au spectacle de la mort et du sang, eh bien, c’est aussi pour ça qu’on regarde ; alors je suppose qu’on n’est pas si différent qu’eux tous.
...Et non, je ne suis pas homosexuel.

...ne pus-je m’empêcher de lâcher, pour que les choses fussent claires. Et je peux te le prouver quand tu veux, me retins-je de dire.

– Excusez-moi, je crois que je parle trop, et que parfois je dis n’importe quoi. J’ai envie d’entendre votre voix. Tenez, parlez-moi... je ne sais pas, de quelque personne, contre qui vous voudriez médire, des parfums que vous revêtez… Attendez, laissez-moi deviner. Attraction de Lancôme.

J’étais aussi doué au jeu des parfums qu’un rustre, mais peut-être trouverait-elle ça drôle cette fois-là.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le dimanche 20 janvier 2013, 12:56:36
*’Bon à interner...*

Les deux semblaient être dans une espèce de dialogue de sourds, chacun sortant des références que l’autre, visiblement, ne comprenait pas. En d’autres circonstances, Jane aurait sans doute pu trouver ça drôle, mais elle sentait surtout ses nerfs se mettre à vif. Jane n’était franchement pas réputée pour sa légendaire patience, comme sa sœur le savait, et comme Alexeï allait bientôt le réaliser. Visiblement, ce dernier n’avait pas saisi la référence de Jane, et il en allait probablement de même pour Jane. Il s’empourpra, se mettant à boire rapidement, et Jane cligna des yeux, se demandant pourquoi elle perdait son temps ici, alors qu’elle aurait pu travailler ses glyphes et ses sceaux. Il finit par lui répondre, en affirmant qu’il n’était pas « homosexuel », et Jane, pendant un bref moment, se demanda si, dans le fond, il n’avait pas compris que cette phrase venait, non pas d’elle, mais d’un pilote pédophile s’amusant à sortir des phrases tendancieuses à un gamin venant dans la cabine de pilotage.

*Peut-être qu’il me fait son propre remake du film...*

Après tout, la base de Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? était de voir des acteurs d’apparence sérieux débiter tout un tas de conneries tout le long du film, dans une ambiance parodique et tellement délirante qu’on ne pouvait s’empêcher de sourire. En ayant cette idée en veine, lui parler de portails et de voies de garage pouvait sembler assez apprécié. Qu’y-a-t-il de pire qu’un Russe se saoulant à la vodka ? Probablement un Russe qui avait avalé un clown.

« Excusez-moi, je crois que je parle trop, et que parfois je dis n’importe quoi. J’ai envie d’entendre votre voix. Tenez, parlez-moi... je ne sais pas, de quelque personne, contre qui vous voudriez médire, des parfums que vous revêtez… Attendez, laissez-moi deviner. Attraction de Lancôme. »

Jane sourit légèrement.

« Ça, malheureusement, c’est confidentiel. Si je te le dis, je serais dans l’obligation de te supprimer pour éviter que tu ne colportes le secret de ma beauté. »

Non... Le pire, c’était peut-être quand une Américaine le mangeait, le clown. Elle secoua lentement la tête, redevenant plus sérieuse. Il voulait l’entendre parler ? Il est vrai que, de manière générale, c’était plutôt le mec qui était saoulé par la fille, et non le contraire. Le bavardage était généralement admis comme étant l’apanage de la gent féminine. Jane, naturellement, ne pouvait pas dire à Alexeï qu’elle était une apprentie-sorcière, et décida donc d’opter pour quelques généralités :

« En Californie, je vivais dans une belle maison, avec plusieurs garages et un beau portail... Je crois que vous l’auriez adoré, il était luxueux, et les grilles s’ouvraient sans aucun problème quand une voiture approchait. Il y en avait de toutes les apparences qui passaient : des petits bolides, de belles limousines qui vous donnaient envie de vous envoler pour un rodéo romantique le long de la Côte Ouest, de grosses voitures de sport bling-bling qu’on voit dans les clips de rap US... Mes parents sont très riches. »

Se doutait-elle du double sens profond de ses paroles ? Peut-être... Ou peut-être pas. Une fille se devait bien d’être mystérieuse.

« Tu as une voiture, Alexeï ? » demanda-t-elle alors.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le dimanche 20 janvier 2013, 18:51:51
Son sourire à ma tentative me rassura quelque peu.

– Ça, malheureusement, c’est confidentiel. Si je te le dis, je serais dans l’obligation de te supprimer pour éviter que tu ne colportes le secret de ma beauté.

Je feintai la frayeur face à cette menace de mort.

– Allons, vous n’en feriez rien ? Et je ne peux pas croire que votre beauté ne tienne qu’à un malheureux parfum.

La beauté n’a pas de secret, c’est un potentiel qu’on a ou qu’on n’a pas, et qu’on travaille. Et les femmes en ont bien plus que les hommes, et nous en sommes mortellement avides.Je me repassai encore la main dans les cheveux, le temps que je trouve le moyen de la glisser dans les siens. Puis elle se mit à parler, de tout et de rien, comme je le voulais, et de portails...

– En Californie, je vivais dans une belle maison, avec plusieurs garages et un beau portail... Je crois que vous l’auriez adoré, il était luxueux, et les grilles s’ouvraient sans aucun problème quand une voiture approchait. Il y en avait de toutes les apparences qui passaient : des petits bolides, de belles limousines qui vous donnaient envie de vous envoler pour un rodéo romantique le long de la Côte Ouest, de grosses voitures de sport bling-bling qu’on voit dans les clips de rap US... Mes parents sont très riches.

La meilleure qualité qu’on pût trouver à des parents peut-être. Décrit-elle Beverly Hills ? Je dégainai en douce un portable de ma poche, et, lui lançant des regards presque amoureux, je le pianotai du pouce, ne le quittant des yeux que quelquefois pour m’assurer que Jane était toujours là.

– Tu as une voiture, Alexeï ?

La question me fit hésiter. J’aurais bien souhaité répondre par un certes, une Lamborghini, une Ferrari ou quelque piège à gonzesse de ce goût, mais...

– Je crains que non. Je ne sais pas conduire. Je marche, je prends un taxi, ou les transports en commun. Parfois la Limousine.

Dis-je en sélectionnant le numéro de Finegarde, une compagnie locale de limousine que j’appelai parfois, quand besoin ou envie m’était de me faire voir comme de la haute. Le téléphone sonna peu, une secrétaire me répondit d’une voix d’une experte bonté, qui présenta sa boîte et me souhaita le bonjour.
 
– Allo Bonjour Hina, sans rien savoir de son nom. Je suis au Starbust, si l’on pouvait venir m’y-chercher. Avec une amie. Oui ?

Je bouchai le micro et interrogea Jane.

 – De quelle couleur, la limousine ?
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le mercredi 23 janvier 2013, 08:47:26
Le regard que l’homme lui coula en prenant son portable faisait penser à une espèce d’amoureux transi invitant une fille pour un dîner romantique, et qui lui jetait un regard expressif, l’air de dire : Ce que tu viens de me dire est excellent, ma belle, je suis absolument fan de toi. C’était du moins comme ça que Jane l’interprétait. L’homme lui répondit par la négative, affirmant ne pas savoir conduire. Jane hocha la tête, se rappelant que, contrairement aux Etats-Unis, le permis de conduire pouvait être, selon les États, difficile à obtenir. Aux Etats-Unis, obtenir le permis était presque une formalité de passage. Il lui affirma toutefois, après avoir parlé des transports en commun, pouvoir disposer de limousines. C’est vrai qu’entre un bus et une limousine, l’amalgame pouvait se faire... Jane aurait pu jouer la socialiste indignée devant cet étalage de richesse, mais elle venait d’une famille d’aristocrates californiens. Elle n’avait pas cette mentalité socialiste qui consistait à voir en tous les riches de vilains capitalistes profiteurs. Elle trouvait ça plutôt classe. Des tours en limousine, Jane en avait déjà fait. Elle avait même fait l’amour dans une limousine... C’était la grande époque de la Californie, où tous ses amis avaient des carrières brillantes tracées dans les universités de l’Ivy League, et passaient leurs soirées à se droguer en fumant des joints, et en faisant l’amour avec les filles.

Bien qu’elle ne soit pas parfaite, cette époque évoquait quand même en elle un sentiment de nostalgie. Heureusement qu’elle avait toujours Nell, sa légendaire et merveilleuse grande sœur. Que ferait-elle sans elle ? Pas grand-chose, assurément. Malheureusement, les deux n’avaient pas de limousines. L’homme parlait au téléphone avec une certaine Hina, et demanda si on pouvait venir le chercher. Fronçant les sourcils, Jane se demandait s’il était sérieux.

« De quelle couleur, la limousine ? » lui demanda-t-il alors.

Seriously ? Jane cligna à nouveau des yeux, et répondit assez rapidement.

« Noire. »

Une limousine noire, c’était ce qu’il y avait de mieux, pour elle. Blanc faisait trop solennel, donnant l’impression qu’on allait à un enterrement, ou voir le Parrain d’une mafia locale. Inversement, les autres couleurs faisaient un peu trop folklorique. Le noir, c’était un bon compromis, le juste milieu. Jane en déduisit aussi que l’homme devait s’adresser à une entreprise de location de limousines. Jane savait qu’il en existait, car c’était ce que plusieurs mecs faisaient en Californie, ceux précisément avec qui elle s’envoyait en l’air dans la limousine. Jane était une fervente adepte du fantasme de la limousine.

L’apprentie-sorcière attendit que l’homme ait terminé et raccroche son portable pour agir.

« Chercherais-tu à me séduire ? »

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’y prenait plutôt bien.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le jeudi 24 janvier 2013, 15:57:35
Le mutisme de Jane fut bref mais intense, au point déjà de faire travailler ma patience. Elle me répondit une couleur, plutôt qu’un balbutiement, un refus, une absence de son ou une hilarité déplacée, et ce fut bien. Elle nomma le noir, je répétai à mon interlocutrice, optai pour le modèle Ferrari, donnai mon nom, mon numéro d’abonnement et autres détails administratifs jusqu’à satisfaction.

– ...Est-ce que Fuku est disponible pour nous conduire ? Vous êtes géniale. Au revoir Hina.

Je raccrochai, fier de mon coup, et tout à l’observation de Jane.

– Chercherais-tu à me séduire ?

Fine déductrice à la vérité. Trop fine pour que je puisse encore m’en cacher.

– C’est possible oui, un peu. Est-ce que cela vous dérange ?

J’eus soudain besoin de respirer et pris un gros bol d’air, ne constatant qu’alors les pulsations un peu plus vives qui battaient mon thorax. Les choses s’ordonnaient dans le sens que je voulais, et j’allais bien sûr continuer de me la jouer mec cool et normal, mais n’aurais pas la chance, ou la malchance, de ne pas goûter à la saveur du stress. Aussi bien n’était-ce que le café. Comme pour vérifier je bus, puis noyai plus efficacement le sujet par la parole.

– La diligence arrivera dans cinq minutes. Elle a tout intérêt, si elle est en retard d’une seule seconde on ne paye pas la première heure. JE ne paie pas, plus précisément. Mais connaissant Fuku, il est très improbable qu’on ait à poiroter autant.

Je bus.

– C’est un bon chauffeur.

Je bus à nouveau. Plus difficilement, lourdement, avec même l’ombre d’un gloussement, mais je bus quand même.

– Peut-être pas si bon chauffeur en fait. Mais bon pilote, ça c’est certain.

Et lui faire conduire le modèle Ferrari n’était pas anodin. Fuku était un chauffard semi-professionnel, qui gagnait des pourboires gargantuesques en courses endiablés – à moins qu’il ne camoufle par là quelque gain – encore – moins légaux – et en toujours parvenant à éviter les forces de l’ordre. Ce dernier détail semblait pourtant bien mystérieux, miraculeux voire absurde, mais lorsqu’on songeait qu’il était libre, et pire qu’il exerçait toujours, la force du constat nous acculait à gober la chose. « J’ai un bon flair, se justifiait-il. Et les poulets puent tellement forts que je les repère à trois kilomètres. » Avec ça, il arrosait assez généreusement la compagnie pour leur faire fermer les yeux sur ses déviances professionnelles, et la compagnie s’en faisait une attraction lucrative pour ses clients les plus excentriques.

J’observai que ma tasse n’était plus remplie que d’un tiers à force de boire. J’aurais du demander un soda moi aussi. Le café ne m’aura pas rafraîchi la bouche. Fort de mon expérience, j’avais sur moi un spray pour haleine fraiche, qu’il s’agirait d’user à la bonne occasion. J’irai payer au bar.

Puis j’observai la tenue de Jane, me demandant si ceux qui les dessinaient ne seraient pas des gros pervers quelquefois. L’idée me fit sourire.

– Dans l’uniforme... Vous faites davantage anglaise qu’américaine en fait.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le vendredi 25 janvier 2013, 16:00:11
« C’est possible oui, un peu. Est-ce que cela vous dérange ? »

Elle haussa les épaules, constatant le trouble dans lequel Alexeï était plongé, ce qui ne l’empêcha pas de répondre, avec un léger sourire :

« Ai-je l’air dérangé ? »

Agissant en parfait homme, Alexeï, après avoir visiblement manqué de s’étouffer avec son café, décida de changer de sujet, revenant sur la limousine, plus particulièrement sur son chauffeur, Fuku, qui semblait, à l’entendre, être un ancien chauffeur de taxi new-yorkais. Elle arriverait dans cinq minutes, ce qui laissait assez peu de temps pour se préciser. Jane regarda sa montre, et envisagea pendant un bref moment d’envoyer un SMS à Nell, ne serait-ce que pour la narguer. Les deux sœurs avaient déjà fait des virées en limousine ensemble, faisant volontiers l’amour à l’intérieur, sur les beaux sièges en cuir, sous les yeux bluffés et très excités des hommes à côté. Deux lesbiennes, ça excitait toujours les mecs, alors, quand elles étaient sœurs, c’était le jackpot gagnant. Le puritanisme américain connaissait de très fortes limites.

Alexeï buvait rapidement, tout en continuant à lui parler de son chauffeur, lui laissant entendre qu’ils risquaient de faire une petite virée dans la ville. A ce train-là, Jane aurait préféré le faire dans une Jaguar, ou une Lamborghini. La limousine, ce n’était pas spécialement conçu pour aller vite, mais plutôt pour se la péter. Plus elle était lente, et mieux c’était, car on pouvait voir les visages des pécores. C’était toujours amusant.

« Dans l’uniforme... Vous faites davantage anglaise qu’américaine en fait » finit-il par dire.

Elle sourit lentement, et répliqua rapidement, en penchant la tête :

« La limousine est un bon argument pour séduire une Californienne... Mais me comparer à une Anglaise frigide, en revanche... »

Son sourire attestait qu’elle plaisantait (à moitié). Certes, les Anglais et les Américains étaient copains comme cochons, mais les Américains s’étaient construits en formant une guerre d’indépendance contre les Anglais.

« Anyway. Si j’avais le choix, je ne viendrais pas en uniforme au Japon, car je trouve ça terriblement useless… Les Japonais sont tellement rigides sur certains points que c’en est frustrant… »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le jeudi 07 février 2013, 23:59:21
Le petit sourire de Jane revint, plein de mystère et de charme, en plus de me conforter dans mon assurance. Qu’elle ne le brise que pour s’humecter les lèvres ou m’envoyer d’autres messages érotiques : ce sourire-là était ce qui séparait les filles mystérieuses du reste du monde. Il fallait être drôlement futé pour toujours trouver motif à rictus.

– La limousine est un bon argument pour séduire une Californienne... Mais me comparer à une Anglaise frigide, en revanche...

Te comparer hein ? Exercice intéressant, certes. Si j’avais visé une anglaise frigide, j’aurais à briser la carapace protectrice et le masque de froideur ; en flatteries d’abord, et en adoptant ses centres d’intérêts pour obtenir son consentement de promiscuité ; en travaillant sa fibre romantique ensuite, en abattant ses barrières morales à coup de sentiments contradictoires... La manœuvre passerait au mieux par une semaine ou deux de labeur, au pire par deux ans, plus deux autres de fiançailles. Mais, une fois l’armure en miettes, l’Anglaise frigide me livrerait tout d’elle, des tripes jusqu’à l’âme, j’en jurerais. Serait-ce là l’orgasme absolu ? Jane était une cible plus simple, fille facile peut-être. Mais les filles les plus aisées à allonger étaient souvent les plus ardues à percer.

– Anyway. Si j’avais le choix, je ne viendrais pas en uniforme au Japon, car je trouve ça terriblement useless… Les Japonais sont tellement rigides sur certains points que c’en est frustrant…
– A l’image de la bonne vieille Angleterre. Deux pays qui conduisent à gauche de surcroît. Ils se ressemblent plutôt quand on y-pense ;  ca doit être le vent marin propre aux îles.

Mon regard se porta sur l’enseigne, puis sur le personnel. L’occidentalisation semblait marcher ici mieux que partout ailleurs, usant de ses charmes comme sur une fille facile, et pourtant, l’âme du pays, quoique souillée diront les plus fanatiques patriotes, jamais ne se livrerait. Du moins était-il doux de le penser. Quatre doigts ceignant ma tasse j’en fis osciller le contenu et contemplai ses miroitements périodiques comme pour y-lire l’avenir. Le café va refroidir, conclus-je, avant de boire. J’observai ma montre et calculai une minute et quarante-trois secondes d’écoulées depuis que j’avais raccroché à Hina.

– Vous savez, Jane, votre prénom m’évoque cette femme, qui plaque tout le confort de la civilisation pour vivre avec un homme-singe, dans la jungle. Ca vous prendrait de faire un truc pareil ?

J’avais beau déjà connaître la réponse, je posai quand même la question. Que mes parents ne m’ont-ils appelé Tarzan !
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le vendredi 08 février 2013, 15:33:54
Par principe, une journée qui se finissait par un tour de limousine était, sauf circonstances exceptionnelles, toujours une bonne journée. Ce petit moment permettait de revaloriser tout le contenu de la journée. Quand les parents de Jane seront morts, et qu’elle se sera mariée à un riche homme d’affaires qu’elle déplumera de tous ses deniers en demandant le divorce, et en ayant un contrat de mariage communautaire, elle s’achèterait une limousine, ainsi qu’un chauffeur. C’était la grande classe, après tout. On l’appellerait Madame Watson, car, dans ce monde, le respect, chose sacrée et fondamentale, était avant tout une question d’apparence. Dès qu’un bouseux portait un costume, et peignait ses cheveux, il pouvait se faire passer pour un PDG. C’était la grande loi d’une société de consommation, d’une société de l’image, où la forme était plus importante que le fond. C’était la première chose à comprendre si on voulait briller en société. Avoir une bonne apparence. En soi, cette idée répondait à une certaine cohérence. On vit dans un monde qui carbure à cent à l’heure, où les informations défilent à toute vitesse. Hier, une guerre. Aujourd’hui, un scandale sexuel. Demain, un attentat terroriste. Après-demain, un nouveau film qui sort. Une saturation d’informations, qui amenaient les gens à vouloir s’intéresser à tout, et donc, en définitive, à ne s’intéresser sérieusement à rien. On ne touchait que la surface des choses, leur apparence sommaire. L’Occident fonctionnait ainsi, et, dans un monde qui va trop vite, où on ne s’intéresse pas aux choses, l’apparence, éphémère, instable, est la seule chose qui soit concrète. Jane se livrait cette petite réflexion personnelle, lorsqu’Alexeï décida de la sortir, à nouveau, de ses pensées :

« Vous savez, Jane, votre prénom m’évoque cette femme, qui plaque tout le confort de la civilisation pour vivre avec un homme-singe, dans la jungle. Ca vous prendrait de faire un truc pareil ? »

Elle cligna des yeux, surprise. Après le coup de l’Anglaise, voilà qu’il la comparait à une sauvage ?! Ce type allait d’un extrême à l’autre. Elle lui répondit assez rapidement, afin d’éclaircir tout doute :

« Je n’ai pas encore envie de dormir à l’ombre d’un bambou, en devant affronter des lions affamés, des sauvages anthropophages et xénophobes, des serpents venimeux, sans parler des moustiques, et de toutes ces autres saloperies qu’on trouve dans la jungle. Toutes ces conneries rousseauistes sur l’état de nature, ça me sert plus de peigne-cul qu’autre chose. »

Voilà qui était dit. Jane savait que, sous l’ère coloniale, beaucoup d’auteurs avaient vu dans ces mondes éloignés une sorte de paradis naturel, loin des contraintes du monde moderne, de l’ère industrielle, des mineurs se crevant à la tâche, une sorte de paradis luxuriant. Pour Jane, ces gens fumaient un peu trop. Le monde sauvage, par définition, était sauvage. Ou, encore, c’était la loi de la jungle. Il n’y avait que dans un dessin animé de Walt Disney, une sorte de Bambi mielleux à l’eau-de-rose, que tous les animaux étaient copains comme cochons. Dans la réalité, tout le monde se bouffait, se dévorait, et se massacrait. C’était le jeu des espèces, du chasseur et de la proie.

« Anyway, finit-elle par lâcher, je pense que nous devrions descendre. Ta limousine ne devrait plus tarder à arriver, maintenant. »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le vendredi 22 février 2013, 23:20:12
J’avais beau connaître la réponse, je fus bien surpris de l’entendre en ces termes.

– Je n’ai pas encore envie de dormir à l’ombre d’un bambou, en devant affronter des lions affamés, des sauvages anthropophages et xénophobes, des serpents venimeux, sans parler des moustiques, et de toutes ces autres saloperies qu’on trouve dans la jungle. Toutes ces conneries rousseauistes sur l’état de nature, ça me sert plus de peigne-cul qu’autre chose.

Vu comme ça... c’était convainquant, certes. Et lucide. Ne laissant aucune place au rêve. Et c’est pourtant le regard rêveur que je l’écoutai faire sa… démonstration.

– J’aime votre cynisme, Jane.

Je m’étais déjà focalisé sur le brushing, sur l’uniforme et sur la bouche, je songeai donc à passer aux yeux pour le temps d'observation qui s'annonçait. Les observateurs les plus habiles savent lire dans un iris tous les sentiments et jusqu’au signe astrologique de la personne ; quand à moi, si je ne pouvais me vanter d’un tel talent je savais y-apprécier les coloris subtils. Une pupille d’encre dans son halo brun sombre. Un regard que nul soleil ne sait illuminer. Je remarquai le verre de coca devant Jane et en tirai sensiblement les mêmes conclusions. Marron rime avec cochon , même si l’on n’avait pas encore démontré l’impact réel des rimes entre caractères sur leurs associations véritables. Le plus beau dans un œil, diront certains autres, est qu’on peut y-contempler son propre reflet. Mais je ne suis pas aussi narcissique.

Je songeai à l’heure, regardai ma montre, puis la rue, puis à nouveau ma montre. Se forma alors un problème cornélien dans mon esprit : fallait-il se lever maintenant, ou attendre une minute de plus ?

– Anyway, je pense que nous devrions descendre. Ta limousine ne devrait plus tarder à arriver, maintenant.
Notre limousine Jane. » J’aspirai mon café jusqu’à sa dernière goutte. « Eh bien, c’est parti. Je me levai et m’étirai, pas fâché de quitter le confort médiocre des chaises locales pour le doux moelleux d’une banquette de limousine. Je me rhabillai, sortis mon portefeuille et l’ouvris d’un habile mouvement de poignet, en extirpai ma Gold Master Card et mis l’ensemble en poche pour récupérer mon sac. « Je paye, donc. C’était le deal. Vous n’avez qu’à m’attendre à l’entrée.

Replongeant ma main dans la poche pour tâter la présence de mon portefeuille et de ma carte, j’en profitai pour tâter aussi du petit spray, logé dans un compartiment intérieur. Je pris les devants d’un pas pressé, comptant sur le verre de coca pour retarder ma compagnie, et sitôt qu’elle fut hors du champ de vision dégainai mon flacon magique pour m’en parfumer la bouche en toute simplicité. Une haleine nouvellement fraîche envahit les lieux, quand moi-même fus pris d’une gaillardise soudaine qui me mena jusqu’au bar. Où je payai, somme toute comme n’importe quel blaireau, et sans que la couleur de ma carte de crédit ne me fasse moins poireauter que quiconque.

Pendant ce temps, pointa au travers de la vitrine une limousine, noire, modèle Ferrari, conduite par un bougre d’âge moyen, à la lèvre fine et sèche, au nez crochu, aux yeux perçants et au front retroussé qui lui donnaient un air rapace ; à la chevelure mi-longue dont on ne savait si elle tenait par le gel ou le gras. Il se rangea devant la terrasse, fit le tour de la voiture et s’adossa contre la portière pour nous attendre, refaisant ses manchettes, rembourrant sa casquette. L’uniforme lui va mal. Il s’alluma une cigarette.

Une fois ma besogne accomplie je me dirigeai vers la voiture. Sorte de cocktail entre limousine et coupé, entre voiture de sport et voiture de luxe, faite pour que vitesse et puissance se mêlent au douillet d’un chaud salon. Mélange très amusant, à condition d’avoir un bon pilote. On ne rentrait pas dans une limousine pour se couvrir de ceintures de sécurité, d’où l’importance de ne pas abuser des dérapages à haute vitesse et autres manœuvres capables d’envoyer les passager au travers des vitres.

– Bonsoir Fuku. Vous allez bien ?
– Moi ça va. Toi aussi ça va j’crois.

Il passait Jane au scanner sans l’ombre d’une gêne, savourant longuement une bouffée de cigarette, si longue qu’on pensait qu’elle allait s’y-consumer toute entière. Il va s’asphyxier s’il continue. Je soulevai mon sac jusqu’au niveau de son regard, le jetai à ses pieds, y-joignis ma veste. Il ramassa le tout avec délicatesse, tenta de défroisser un pli du vêtement, en vain.

– Elle aussi elle pue. Comme toi. Tout l’monde.

Tels furent ses mots, tonnants comme la foudre. Connard aigri.  Il s’enquit ensuite des affaires de Jane, ouvrit la portière arrière et se dirigea vers le coffre. L’intérieur de la limousine s’agençait comme ceci (http://www.mariages.net/emp/fotos/8/9/1/9/interieur-limousine.jpg).

Une banquette à angles prenant les trois quarts de l’espace, dont la simple vue causait une irrépressible envie de s’y-vautrer. Au point que je grillai la priorité à la donzelle, m’élançant à l’intérieur pour m’accaparer le premier le coin côté conducteur. Ce ne fut que le fessier ancré au plus profond du rembourrage que je me rendis pleinement compte de toute la souffrance accumulée lors de cette harassante journée. J’émis un cri de soulagement, étendant mes bras le long des dossiers, fermant les paupières, pris d’une fourbe tentation de sieste. Je dois résister. Je les rouvris, jaugeai l’étagère et ses différentes affaires. Des glacières contenant diverses bouteilles, des verres aux pieds aimantés, une stéréo, et même un écran de télévision pour le cas où on n’aurait rien de mieux à faire. Et sur le sol, un projecteur de lumière stroboscopique, les fameuses. Je me redressai pour observer au travers des vitres, puis me rassis, méditatif. Puis me relevai, puis me rassis. C’est plus grand de l’intérieur !?! remarquai-je avec consternation. Aucun doute : on avait gagné un bon demi-mètre de hauteur. Etrange que ça ne m’eût jusqu'alors pas frappé. 

Je restai béat quelques secondes, le temps que me revienne la présence de mon hôte, à qui j'adressai un sourire que je tentai assuré.

– Alors Jane, comment trouvez-vous la déco ?
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le mardi 26 février 2013, 10:19:31
Cynique ? Jane ne se considérait pas comme cynique, juste réaliste, guère empreinte de cet idéalisme romantique consistant à décrier les bienfaits de la civilisation par une valorisation excessive et fausse de la nature. Si la nature était si parfaite que ça, si elle se composait d’animaux heureux et de gens vivant tranquillement entre eux, alors les hommes n’auraient jamais ressenti le besoin de faire des maisons, des immeubles, des villes, de se regrouper en collectivités réglementées. C’était pour Jane l’évidence même, et elle se gaussait donc de ceux qui voulaient vivre en pleine jungle. Non, ce n’était clairement pas pour elle. Était-ce du cynisme, dans une société sclérosée et hypertrophiée par le politiquement correct, de dire la vérité ? Si c’était le cas, alors ce monde était bien triste, et guère intéressant. Jane n’avait jamais eu sa langue dans sa poche. Elle ne fit pas un débat sur la question, se dirigeant, comme Alexeï le lui indiquait, vers la sortie, le temps qu’il paye. Une autre femme aurait sans doute insisté pour payer sa part, mais Jane, réaliste, n’allait pas cracher, au nom d’un quelconque sentiment hypocrite, sur quelques économies. Elle sortit donc dehors, et n’attendit guère longtemps avant de voir la limousine noire arriver. Elle était aisément reconnaissable par sa forme élancée. Un modèle Ferrari. Jane n’avait jamais vraiment été une grande fan d’automobiles, mais elle aimait bien deux types de modèles : les voitures de sport, qui fonçaient à toute allure, et les voitures de luxe comme les limousines. Elle avait déjà lu des magazines traitant des différents types de limousines, pour le jour où elle en aurait une. Elle se l’imaginait blanche, aux vitres fumées, abritant un minibar, et constamment avec une prostituée. Que cette limousine soit à elle ou à un riche mari dont elle aimerait uniquement pour le montant de son portefeuilles, elle imaginait toujours à l’intérieur une prostituée en train de l’attendre. Une pute de luxe avec laquelle elle se détendrait.

*Les limousines, ça me provoque un drôle d’effet...* songea-t-elle silencieusement, en sentant ses cuisses émettre quelques silencieux appels.

La limousine s’arrêta devant le café, en double-file, et le chauffeur en sortit. Jane imaginait aussi son futur chauffeur. Une belle femme noire, toute noire, qui porterait super bien l’uniforme, avec une longue chevelure dont quelques mèches tressées fileraient de sa casquette. Elle la regarderait toujours avec un léger sourire, n’ayant qu’une envie. La femme aurait un côté assez nymphomane, conduisant avec une culotte comprenant des vibromasseurs. Dans ses songes érotiques, Jane imaginait des policières sexys ou des policiers virils les arrêter, et se livrer à une partouze générale. L’imagination débordante d’une lycéenne se confronta de manière brutale à la réalité, quand elle vit une espèce de colosse à l’air baroudeur sortir de la limousine. Sûrement Fuku... Elle ne dit rien, restant sur le trottoir, et vit Alexeï revenir, discutant un peu avec Fuku. Les deux avaient visiblement l’air de se connaître, et elle remarqua, sans surprise, que Fuku la dévisageait des pieds à la tête. Elle se demanda alors s’il ne la prenait pas pour la prostituée.

« Elle aussi elle pue. Comme toi. Tout l’monde » lâcha alors Fuku.

What ? Est-ce qu’elle avait bien entendu ? Avait-il dit qu’elle puait ? Elle sentit le rouge lui monter aux joues, avec une furieuse envie de lui répliquer, mais elle le vit récupérer son sac, et le glissa dans le coffre. Elle le regarda en fronçant les sourcils. Ce mec avait vraiment l’allure d’un putain de psychopathe digne d’un slasher. Elle ressentit un léger frisson à l’idée de conduire avec ce type, son imagination débordante lui faisant craindre une sorte d’alliance entre deux cinglés. Alexeï-le-Russe et Fuku-le-Sauvage. Le couple fatal qui capturait les belles étudiantes américaines pour les enfermer dans leurs caves, et les torturer. Après tout, on avait bien dit à Jane de ne jamais monter avec des inconnus... Et Alexeï, bien qu’il soit un étudiant, restait tout de même un inconnu. Il était cependant de notoriété publique que les jeunes filles n’écoutent pas ce qu’on leur dire, et c’est ce qui, en définitive, l’incita à rentrer dans la limousine.

L’intérieur était très luxueux, avec un long canapé formant un angle. C’était du cuir, et elle vit Alexeï s’allonger dans un angle, prenant ses aises. La porte se referma derrière Jane, et la voiture se mit à démarrer. Le moteur ronronna lentement, et la limousine démarra. Jane s’assit sur le bout du fauteuil, sentant ses mains trembler. Cette impression de chaleur entre ses cuisses se renforçait encore, alors qu’elle voyait, à travers les vitres fumées, les autres voitures.

« Alors Jane, comment trouvez-vous la déco ? » lui demanda Alexeï.

L’apprentie-sorcière ne répondit rien sur le coup, regardant à droite et à gauche, se mordillant ses lèvres.

« Hum... Elle me rappelle cette fois où un homme m’avait invité dans sa limousine pour me conduire à une soirée dans l’un des manoirs de Beverly Hills. »

Le genre de fêtes dignes des films américains, avec une grande piscine extérieure, et 300 invités.

« On est arrivés deux heures en retard... La déco me plaisait tellement qu’on a baisé comme des hyènes sans arrêt. »

Libre à Alexeï de déterminer comment interpréter cet aveu.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le mercredi 27 mars 2013, 02:45:57
Les rugissements du moteur battirent un instant l’environnement, et nous commençâmes à voguer à travers le bitume, qui prodigua en nous toute la douceur d’une rivière paisible. La mécanique se tut, tout comme se taisait le dehors au contact de l’isolation sonique. Même le pilote s’émancipait derrière sa vitre, devinant l’itinéraire en l’absence de consigne. Ne restait plus que deux âmes, face à face, dans la force de la jeunesse, un garçon, une fille. Comme dans un rêve.

Et puis, la fille parla.

– Hum... Elle me rappelle cette fois où un homme m’avait invité dans sa limousine pour me conduire à une soirée dans l’un des manoirs de Beverly Hills. On est arrivés deux heures en retard... La déco me plaisait tellement qu’on a baisé comme des hyènes sans arrêt.

L’érection ne se fit pas attendre, se pressant sur ma braguette comme tentant de l’ouvrir de l’intérieur, tel qu’il arrive lorsque la fille que tu courtises te demande – quasi – ouvertement de la prendre ici et maintenant. Et là où d’autres à ma place se seraient peut-être accompli dans l’urgence, je restai stoïque ; d’abord sous le coup de la surprise, naïf que je suis, par la grossièreté subite de cette bourgeoise – dont je soupçonnai soudain qu’elle se droguait –, puis agacé par tout ce que je venais de comprendre de mon invitée. En l’instant je réprimai deux envies contraires : celle de la gifler, et celle de lui arracher ce maudit uniforme qu’elle méprisait, pour m’emparer d’elle comme d’une proie. A la manière d’un vulgaire fauve. Je pris le temps d’admirer la belle, des cuisses, si lisses au regard, jusqu’à sa poitrine délicate. C’était peut-être ce qui m’avait trompé : sous prétexte qu’elle n’avait pas les nibards énormes, j’en avais fait une fille raffinée. Les plus grosses pétasses se déguisent sous cet air.

Puis je m’en détournai pour cette déco qui la mettait à ce point en chaleur, la jalousant un peu.

– Battu par une bagnole » prononçai-je en russe, dans l’intention sans doute de rendre un peu mystérieux les termes de ma douleur. « Battu par une bagnole » répétai-je, l’air songeur, tout à mon aise de parler ma langue, et de pouvoir répéter deux fois la même chose sans avoir l’air trop stupide.

Je regardai la vitre longeant le plafond, teintée pour qu’on confonde le jour avec la nuit, qui reflétait les quelques lucioles plaquées au mur en guise de firmament. Quasi plus beau que le vrai, quoiqu’un peu moins mystique. J’en eu presque un pincement au cœur. Je descendis mon regard, pointant le reste, pour faire le constat que tout dans cette voiture, imprégnait d’une atmosphère de douce ballade amoureuse. Et elle, à peine venait-on de démarrer qu’elle me parlait de baiser comme des hyènes.

Voilà ce qu’elle oublie. Je me penchai vers le bar, y-trouvai deux flûtes que j’installai sur la banquette, le temps de tirer deux bouteilles de la glace, une de kir, l’autre de champagne, et d’en détailler patiemment les étiquettes. Certes, sur le coup je prenais un malin plaisir à la faire attendre.

– Je vous ai trouvé un défaut Jane : vous manquez cruellement de romantisme.

J’optai pour le kir. Moins noble, moins fascinant, et d’une couleur bien plus chargée d’érotisme que le jaune pisse d’à côté. Et en plus, pas si mauvais, et pas si alcoolisé que j’en oublierais comment je m’appelle. Il faut dire que j’honnissais l’ivresse, la mienne comme celle d’autrui, comme j’honnissais tous ces états seconds qui nous rabaissent – à ce que nous sommes vraiment, disent-ils.

– Quitte à faire dans la comparaison animale, vous auriez pu opter pour moins grotesque créature que des hyènes pour illustrer vos sanguines passions. Permettez-moi. Et vous saurez qu’un peu de mise en scène ne fait aucun mal.

J’emplis les flûtes avec toutes les précautions du monde, me défendant d’en favoriser l’une sur l’autre, ou de laisser une goutte hors du flot, puis, quand le résultat me sembla impeccable, je rengainai la bouteille et présentai le verre main gauche à ma dulcinée. Sans me lever, attendant qu’elle vienne à moi.

– Vous savez comment on trinque ? Les bras entrecroisés, les yeux dans les yeux. Vous verrez c’est amusant.

Ca ne résonnait guère comme une proposition. C’est moi l’homme, c’est moi qui paye, et c’est moi qui tiens la baguette.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le jeudi 28 mars 2013, 10:27:19
Souvenirs heureux de sa jeunesse... Indéniablement, la Californie lui manquait. Le Japon, c’était vraiment trop WTF à son goût. Une sorte de variante nippone du capitalisme occidental, où on trouvait tout et n’importe quoi. Des individus déguisés en cosplays se promener tranquillement dans la rue le Samedi, des lolita gothic, des ganguros ressemblant à un croisement incompréhensible entre une sauvage et une toxico new generation, des vendeurs de nouilles, des Yakuzas ayant pignon sur rue, des cafés où on vous offrait des câlins ou des fellations, en affichant les prix sans la moindre vergogne... Jane ne comprendrait jamais le Japon. Elle n’y serait jamais allée, si elle n’avait pas ses talents de sorcière à travailler. La petite bourgeoise avait du abandonner son confortable manoir pour un appartement, certes grand et confortable, mais qui ne valait pas une glorieuse maison avec une rangée de garages, une grande piscine, et des soirées superficielles et dantesques. Elle avait été obligée de lui balancer ce souvenir, d’une part parce qu’elle voulait le mettre à l’épreuve, et, d’autre part, parce qu’être dans une limousine l’excitait, tout simplement. Il n’y avait pas de raisons logiques, pas d’explications, c’était un fantasme... Et un fantasme, ça ne s’expliquait pas.

Elle vit Alexeï l’observer, avant de marmonner en russe. Avec un léger sourire sur les lèvres, elle comprit qu’il avait été choqué. Pauvre homme... Les mecs n’étaient pas habitués à ce que les femmes soient aussi directes. L’homme sortit des bouteilles ainsi que des flûtes, avant de s’expliquer :

« Je vous ai trouvé un défaut Jane : vous manquez cruellement de romantisme. »

Jane sourit lentement, révélant ses belles dents, sans rien dire, et croisa les jambes, tandis que la limousine continuait à rouler, provoquant un léger ronronnement. Jane se sentait tellement bien là-dedans ! Plus tard, il lui faudrait une limousine. Avec un chauffeur. Une belle femme noire. Elle était une Californienne, après tout. Du Sud. Et une belle femme noire en uniforme, ce serait terrible. Et largement préférable à l’espèce de molosse qui trouvait que tout puait. Elle réfléchissait, avant que l’homme ne lui propose de trinquer. Elle esquissa un léger sourire, et attrapa la flûte.

« Vous avez une manière particulière de trinquer. »

Chez elle, on se contentait d’entrechoquer les verres, de manière traditionnelle. Après tout, initialement, trinquer, ça consistait à entrechoquer les verres pour mettre un peu de vin d’un verre dans l’autre, afin d’éviter les empoisonnements. Jane adorait, lors des soirées, faire son intéressante. Quoi de mieux que des anecdotes croustillantes qu’on trouvait aisément sur Internet pour se la péter ?

« Et, pour le reste...Bienvenue au 21ème siècle, Alexeï. A la femme moderne. »

Voilà au nom de quoi Jane avait envie de trinquer. Elle l’annonça avec un sourire espiègle. Parler ouvertement de sexe ne la dérangeait pas. On disait les Américains coincés à ce sujet, étriqués dans une morale puritaine étouffante. Il fallait bien que Jane casse les préjugés. L’Amérique était terre de liberté, après tout !
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le dimanche 31 mars 2013, 12:41:30
Elle prit son verre. Elle acceptait donc de se plier à mes règles. Du moins à l’une d’entre elles. Ce qui était toujours de l’obéissance et, cela étant, pouvait conférer à l’homme émotif un sentiment de supériorité. Or, juste derrière, elle usa de ce talent si féminin qu’est la répartie, qui leur prodigue toute leur puissance.

– Vous avez une manière particulière de trinquer

Un doute furtif m’effleura. Comment ça ? Bien peu de choses en fait : à peine de quoi l’embellir un peu plus. Cette trique devient encombrante, et nuisait davantage aux préoccupations immédiates que je me fixai qu’étaient : sourire, trinquer, s’imprégner d’elle et de ses charmes les plus profonds, bien paraître.

– Et, pour le reste...Bienvenue au 21ème siècle, Alexeï. A la femme moderne.

Dans toute la splendeur de son narcissisme, contrai-je intérieurement, acceptant le sex-appeal s’y-attelant avec une sorte de fatalité. Je laissai mon attention dévier sur l’intrigante rougeur du kir, le temps d’une courte mais profonde projection érotique de moi, en elle, me soulageant d’un orgasme à la manière d’un acteur de film X ; puis je filai mon bras autour du sien et, alors trop distant de mon propre verre pour n’en rien boire je lui posai ma main libre sur son dos pour me la rapprocher, comme un danseur se positionne pour la valse. Pas trop près, ni trop loin, soit à une doublette de décimètres à peine. J’hochai la tête, et lui lâchai le buste, dans un dernier souci de décence à l’hypocrisie désormais flagrante.

 – Aux plaisirs simples.

Les flûtes s’entrechoquèrent en un tintement léger, lesquelles se portèrent jusqu’à nos lèvres. Je bus, les yeux rivés dans les siens, provocateur et attentif d’abord, puis, à mesure que le cocktail m’allégeait, de plus en plus contemplatif. Mon esprit divagant semblait y-chercher quelque chose, quelque mystère ; celui d’une âme étrangère, à la nature et aux pensées encore trop confidentielles. J’observai donc, attentif, regard inerte, jusqu’à décider avoir compris. Elle s’amuse. Un russe bling bling en limousine, pour se distraire le temps d’une soirée, sympathiser avec l’ennemi historique, goûter ses dragues, goûter sa queue, dans un confort à ses dépenses, et puis basta, comme ils disent en Italie. C’était pitié, en vérité.

Le verre se vida, déjà. Voilà un fait d’importance. Par l’alcool, nous venions de sceller un accord – je posai le verre – abrogeant les interdits sociaux qui, jusque là, m’empêchaient moralement de n’en rien faire ; quand par exemple là je lui soulevai d’une caresse la chevelure jusqu’à la suspendre à son oreille, pour mieux lui admirer la pommette. Ou que maintenant, de l’autre main, je lui écartai sa frange. Lui ajoutant une caresse sur la joue, je la lui pris. Je me rapprochai légèrement, sans doute pour l’embrasser.

Au lieu de quoi je lui abandonnai le front, plaquai une paume rude contre son sein, serrai les phalanges. Il était tiède et rugueux sous son vêtement, mais moelleux, de bonne proportion, et tout de même source de plaisir. Je changeai la prise pour mieux sentir le téton, lorsque, dans un lent mouvement de départ, je n’en longeai plus que les flancs de l’index et du pouce, jusqu’à le lâcher complètement. Mon autre paume encore sur sa joue, caressante, comme pour l’embrasser dans la seconde, et mes yeux toujours concentrés sur les siens. Que je me saisis de sa cuisse, avec plus de force cette fois, sans pour le coup d’obstacle vestimentaire pour en masquer la douceur, le glabre, la fermeté de sa chair. Je la longeai, lentement, en direction du genou, alors que j’– enlevai mes pompes et –entrepris de l’allonger, et moi avec.

J’étais sur elle. Une partie du moins, l’un de mes pectoraux qui lui pressait un sein, et une jambe à moi croisant l’une des siennes. Je m’étais casé entre elle et le dossier, et c’est-à-dire qu’il n’y-avait pas tellement la place pour se coucher à deux sans s’empiler un peu. Je soutenais ma tête manuellement au dessus de la sienne via un coude planté à hauteur tandis que, plus bas, ma bosse lui tâtait le bassin. Ce qui, pour l’heure, était sans préséance. J’avais repris un peu d’esprit, des couleurs plus civilisées, et le sourire amical du gentil camarade de classe d’une autre époque, à peine vaguement intéressé. Et cette fois, mes yeux étaient sur ses lèvres.

– Il faut que je vous embrasse, Jane.

Je l’avais dit, je devais le faire. Je me répétai l’action dans ma tête une dernière fois et, enfin, je la penchai vers la sienne. Mon geste n’était pas franc d’abord, paré de la timidité de circonstance – moitié feinte, moitié réelle. Puis il se tranquillisa, quand je sentis son souffle, et se conclut en un baiser tendre et exquis, émouvant et sexy. Tout ce que devait être un premier baiser. A ça près que d’habitude on le faisait debout, point encore l’un sur l’autre, sans que le garçon n’ait déjà commencé à tripoter la fille.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le dimanche 31 mars 2013, 17:36:32
Et ils burent. Jane ne se faisait aucun doute sur les intentions de l’homme, qui se confirmèrent quand il glissa une main dans son dos, la rapprochant de lui. Un frisson la parcourut, remontant le long de son corps, alors qu’elle se mit à faiblement déglutir, s’humectant les lèvres. Elle but l’alcool, quelques gorgées, avant de reposer la flûte à côté d’elle, à un endroit où elle ne risquait normalement pas de tomber, et le laissa s’approcher. Il était l’homme, à lui d’agir. Et c’est ce qu’il fit, caressant sa joue, rabattant quelques-unes des mèches de cheveux de la Californienne, qui sourit légèrement, avant de soupirer tout aussi faiblement quand il pressa l’un de ses seins, se rapprochant d’elle. Jane était apprentie-sorcière, pas apprentie-princesse, et elle remerciait silencieusement l’homme de ne pas la traiter comme une poupée de porcelaine, en lui faisant la cour. Le sexe à l’ancienne, Jane adorait ça. Elle pensait que c’était en partie lié à son héritage de sorcière, car elle savait, pour l’avoir lu, que les sorcières n’étaient pas vraiment des femmes vertueuses et chastes. Si elles avaient été pourchassées et massacrées par l’Inquisition, c’était bien en partie à cause de ça. Jane frissonna quand la main de l’homme se glissa sur ses cuisses. Pour elle, il était un homme, un mâle. Et, si elle l’appréciait, elle s’estimait fondamentalement supérieure à lui. Une question biologique.

« Il faut que je vous embrasse, Jane » décréta-t-il.

Elle le sentait se presser contre elle. Ce n’était pas Jane qui l’en empêcherait. Sous l’effet du plaisir qui montait, sa respiration devenait un peu plus saccadée, un peu plus lourde. Elle se mordilla les lèvres, et écarta ces dernières, penchant sa tête, afin de répondre au baiser de l’homme, tout en glissant ses mains le long de son torse, les remontant le long de sa tenue pour atteindre ses épaules. La lycéenne soupira de plaisir, yeux clos, savourant les ronronnements de la limousine, ainsi que ce baiser. C’était différent que quand elle embrassait sa sœur, ou d’autres filles, mais pas désagréable. Elle ne sentait pas de seins contre lesquels sa propre poitrine butait, rien d’autre qu’un torse plat. Rien à serrer, rien à pincer, elle avait du remonter jusqu’aux épaules. Le baiser dura quelques temps, avant de se rompre. S’humectant les lèvres, Jane regardait avec une lueur de désir l’homme, un léger sourire sur les lèvres. Un sourire excité, un sourire de plaisir.

*Prêt à baiser comme une hyène ?* semblait dire ce regard.

Pas de timidité entre eux, pas de faux-semblant de romantisme. Jane était aussi romantique qu’un vieux pneu crevé, et chiait sans hésitation sur toutes ces niaiseries et ces conneries qu’on vous inculquait à l’enfance. Tous ces contes de fées avec une femme godiche, une Princesse qui attendait son prince charmant en se morfondant, et rêvait du grand amour. La future sorcière n’en avait rien à secouer, du grand amour. Elle voulait baiser, elle voulait un plaisir physique, des chairs qui claquent, pas de sentiments mielleux et candides. Le sexe, rien que le sexe, que le sexe. Aux chiottes, le puritanisme. Les ongles de Jane s’enfoncèrent dans les épaules de l’homme, et elle retourna l’embrasser, le poussant un peu. Elle fourra sa langue dans sa bouche, poussant un soupir. Le French kiss, une chose qu’elle adorait. C’était un homme lors d’une soirée qui le lui avait montré. Tu sais comment les Françaises embrassent ? lui avait-il demandé. Un bel étudiant qui revenait de vacances à Paris. Il lui avait montré, et ils avaient fait l’amour dans le couloir. Que de bons souvenirs.

Le baiser fut assez vorace, et Jane poussa un peu Alexeï, dont la position était mal assurée sur le siège. Il se retrouva finalement sur le sol, et Jane fut sur lui, à califourchon sur l’homme, se redressant lentement, un sourire sur les lèvres. Elle passa une main sur ses cheveux, les rabattant en hauteur, le dominant de toute sa hauteur, puis reposa ses mains sur son torse, un sourire sur les lèvres.

« Alors, mon cher Russe, dis-moi... Est-ce que tu as déjà fait l’amour dans une limousine ? »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le lundi 01 avril 2013, 16:22:18
Elle était très accueillante avec moi, et pas timide pour un sous. J’embrassai des lèvres souples, lisses, odorant la salive et l’alcool, et promptes à me renvoyer mes délicates attentions. Parfois, je la laissai seule m’embrasser, qu’elle doive soulever ses lèvres jusqu’aux miennes ; parfois j’entrouvrais un œil, pour admirer le bien être que lui prodiguaient les baisers. J’entendais ses murmures respiratoires, de plaisir, je sentais l’air qui sifflait en elle, et, puisque ça devenait plus sexy, tout au service de nos sens, je la taquinais de légères pointes de langue entre ses commissures, laissai quelques gouttes, que je lui nettoyais moi-même, ou lui laissais moissonner. Je me contentai de bises passives lorsque je devais me concentrer sur ma ceinture, que je travaillais à forcer dans le plus petit espace, à défaire ma braguette pour que lorsque je tirai enfin la lanière, mon sexe pût se libérer, et donc s’étendre – bien que je réservais pour plus tard de virer le caleçon. Mon gland se pressa contre elle, câlin, mais chaud. De plus en plus chaud.

C’est sans doute lui qui me souffla de rompre le baiser, même si je ne fis pas le rapprochement. Je la découvris, souriante, enchantée, et cela me ravit. Je réfléchissais à ce que j’allais lui faire, faisant trotter deux doigts sur l’un de ses seins, quand elle tenta de planter ses ongles en moi. Et je vis dans son regard, tout sauf de l’enchantement. Un désir prédateur, de celle-là même qui tenterait invariablement de me dévorer, dans la seconde.

Sa fougue subite ne me surprit qu’un temps, et bientôt, nous nous dévorâmes mutuellement les gosiers, à la manière du « french kiss » dans ce qu’il pouvait avoir de plus vorace. Un coup sur la langue, un coup dans la mâchoire, un coup à l’extérieur, on se râpait l’un l’autre dans l’espoir commun d’en garder quelque chair, lambeau ou rognure, d’en inspirer un jus, de recouvrir nos papilles de carnassières saveurs. Elle se collait à moi si fort qu’elle parvint à nous retourner et à me mettre sur le rebord, au-delà duquel la gravité reprenait doucement ses droits. Elle se collait toujours plus, et malgré quelques vaines tentatives pour lui reprendre un peu de terrain, je finis par chuter. Dans un dernier instinct de survie je l’avais agrippé aux hanches, aussi me suivit-elle ; même si l’impact lui fut sans doute plus léger, m’ayant moi pour l’amortir.

D’ici je sentais toutes les vibrations de la voiture, ce qui n’était pas vraiment désagréable. J’étais donc sur la moquette, sous Jane, un peu endoloris, lui essuyant le dos comme pour m’assurer qu’elle n’avait rien (après tout, c’était le rôle des hommes d’encaisser à la place des femmes), avant qu’elle ne se mette à califourchon, me dominant de son sourire fourbe. Elle rabattit ses cheveux vers l’arrière à la manière des autoritaires, et s’empara de ma chemise, dont je me pressai de défaire chaque bouton. Que dans l’excitation, j’en fis sauter deux.

– Alors, mon cher Russe, dis-moi... Est-ce que tu as déjà fait l’amour dans une limousine ?
– Avec des comme toi, pas souvent. Je ne voulais pas lui reconnaître trop explicitement que c'était une première. Une délicieuse première.

Je lui relevai sa jupe pour mater sa culotte, toute dégoulinante de cyprine, mais ne put résister à l’envie d’en racler un doigt pour me le passer sous la langue, en même temps que je lui rendis son regard provocateur. Je crevais d’impatience. J’avais envie qu’elle me domine, puis je voudrais la dominer à mon tour, la prendre par devant et par derrière, sur le sol, le siège, les vitres et le plafond. J’avais envie de me tuer dans la tâche.

Alors je baissai mon caleçon, pour lui montrer ma verge ; et à moi-même, qui se dressait fièrement entre nous, longue et dure. Ca oui j’en étais fier. Bien plus fier que toutes les qualités mentales ou intellectuelles que je pouvais avoir, et qui en l’occasion, valaient pour moins que rien.

– Elle est à toi.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le mercredi 03 avril 2013, 08:23:19
Assise sur l’homme, Jane était en position d’amazone, de dominatrice. Son sourire amusé témoignait de son excitation. Elle mouillait sans hésitation, tant elle était excitée. La voiture roulait. Elle faisait l’amour en public, dans un espace privé... Qu’est-ce que c’était bon ! Jane en frémissait, sentant de longs frissons la traverser, alors que le Russe se déshabillait, ôtant rapidement, de manière précipitée, les boutons de sa chemise. En remuant un peu son bassin, Jane sentait ses fesses glisser contre une protubérance à hauteur de l’entrejambes de l’homme. Le brave Russe était très excité, ce qui ne la surprenait pas. Pour être honnête, la Californienne aurait été chagrinée que ce ne soit pas le cas. Mains posées sur son torse, elle le laissa ôter sa chemise, révélant un long torse glabre. Il n’était pas particulièrement musclé, mais attirant. Avec ses mains, Jane écarta un peu plus les pans de la chemise, et frotta la peau nue de l’homme, un nouveau sourire éclatant sur ses lèvres. Elle se mordilla les lèvres, avant de le sentir aventurer ses mains sous sa jupe, caressant sa culotte, recueillant entre ses doigts un peu de la cyprine qui s’était échappée. Elle esquissa un nouveau sourire, nullement dérangée. Elle percevait les ronronnements et les vibrations de la voiture, et vit Alexeï se déshabiller encore, libérant sa verge. Jane dut s’écarter un peu pour qu’il puisse le faire. Il fit glisser son pantalon et son sous-vêtement, et la lycéenne put voir un membre pointer, se dressant fièrement vers le haut, comme s’il était heureux d’être à l’air libre.

« Elle est à toi » l’invita-t-il.

L’intéressée esquissa un léger sourire, et pencha la tête sur le côté, faisant glisser ses longs cheveux.

« C’est trop d’honneur » répliqua-t-elle en souriant.

Sa main se pencha le long du torse de l’homme, filant de ses pectoraux à son estomac, pour finir emprisonner entre ses doigts son sexe. Le serpent de pierre, comme l’écrirait Stephen King. Un petit canon qui ne demandait qu’à tirer son boulet, et qui était en train de charger la poudre, Jane faisant office de stimulant. Le sexe, dans le fond, était quelque chose d’incroyablement simple et répétitif, mais qui réussissait, en même temps, à être toujours inédit et exquis. Un curieux paradoxe, de ces paradoxes que seule la nature humaine arrivait à engendrer. Jane se permit un petit regard espiègle, et commença par caresser lentement ce membre, s’amusant à le coincer entre deux doigts, pour remonter dessus. Ce n’était pas surprenant, mais la fellation était une des choses que Jane adorait. On croyait, à tort, que la femme était, dans une fellation, soumise, mais de son point de vue, le caractère soumis ou non du partenaire dépendait de son rôle. Celui qui avait un rôle actif menait la barque, et, par conséquent, dominait le jeu. Et, en l’occurrence, la balle était dans le camp de Jane. A elle de s’amuser avec le Russe, de dicter sa volonté. Elle dominait. Le seul truc qu’elle regrettait, dans le fond, c’était son uniforme scolaire. Elle aurait largement préféré une belle robe courte et sexy comme celles qu’elle portait quand elle allait en soirée. Au lieu de ça, elle avait un uniforme d’écolière.

Pendant quelques minutes, Jane vint ainsi s’amuser avec le sexe tendu de l’homme, grattant sa verge, le masturbant tendrement, avec un certain doigté. Ce n’était évidemment pas la première queue qu’elle prenait ainsi. Tous ses partenaires adoraient les fellations. Comme quoi, la vie était parfois très bien faite. Elle s’amusait ainsi, prenant tout son temps, puis finit par pencher sa tête, et par lécher la verge, sans chercher encore à la sucer. Prendre son temps, ne pas brusquer les choses, c’était le secret de la réussite, et, dans ce domaine, Jane ne se débrouillait pas trop mal. Elle lécha donc la verge, déposant quelques baisers à sa surface, frottant son nez dessus, appréciant la taille et l’épaisseur de cette grosse sucette, sentant la voiture avancer, rouler sur le bitume, percevant les vibrations des pneus sur le sol.

Après ce long préliminaire, elle alla enfin au vif du sujet, et posa sa main sur la base de la verge, l’immobilisant. Elle s’humecta les lèvres, les écarta, et le prit en bouche, avant de commencer à sucer, creusant ses joues. Les choses sérieuses pouvaient commencer. The show must go on, comme dirait l’autre !
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le samedi 06 avril 2013, 23:24:06
Du rapport de l’homme à son colosse. Les petites bites ne s’en vantent point, les grosses queues ne s’en cachent guère. On l’aime grosse, grande et forte et il en va de même pour celles – et ceux – qui la subissent. Je crois qu’il y-a de l’altruisme derrière cette obsession, bien que sans doute et avant tout, elle est la résultante de notre nombrilisme, couplée à notre fascination maladive de l’acte sexuel. Bien sûr, le fond et la forme peuvent varier d’un individu à l’autre. Personnellement, devant mon sexe, je me sentais du genre... héroïque. Notamment en présence du sexe féminin. Tel Ulysse qui en termine de son long périple, et, harassé de ses prouesses, va chercher le réconfort auprès de sa tendre femme – allègrement trompée durant le voyage, avec Circé, Calypso, et vaguement les sirènes, mais elle ne saura rien que le côté platonique de mes prouesses. Je m’égare.

– C’est trop d’honneur.

C’est vrai. Ses caresses descendaient, abandonnaient mon torse pour une compagnie nouvelle. Une partie de moi le regrettait, car son doigté était suave. L’autre jubilait, se préparait, en bon petit soldat. Elle prit mon sexe, plus ou moins solennellement, stimulant déjà quelques nerfs, tandis que je me mettais les mains derrière la tête en toute paresse, et profitais du vibrant massage prodigué par le moteur du véhicule, comme d’une attraction supplémentaire. Maintenant, elle me branlait, et malgré mon ample expérience en la matière, elle s’y-prenait mieux que moi-même. Tout ce que je vivais, là, c’était ce qu’on pouvait appeler je crois, le luxe absolu.

Je me corrige : le luxe absolu fut quand elle y-mit la langue.

– Ouh, c’était sexy ça... Refais-le ? Ouh...

Entre deux baisers, entre deux caresses, je songeai à cette fois, où je n’étais pas étendue sur la moquette d’une limousine à me faire lécher le phallus par une divine poupée du nom de Jane. Sombre époque. Il était à noter que malgré les circonstances – comprenant secousses et virages du véhicule –, la belle s’y-prenait trop bien pour me laisser matière à être indulgent. Je me disais Aaahh..., et puis Ouuuhh… Aussi patiemment qu’elle, j’attendais qu’elle me suce.

Jusqu’à ce qu’enfin elle s’écarte, pour mieux avaler mon gland, celui-ci même qui me communiqua une joie si vive que j’en frappai le mou du siège en contrehaut. Le plaisir était énergisant, il m’énervait, il attisait ma faim charnelle. Il fallait que je la touche plus. Je tentai de me rassasier sur son cuir chevelu, dont je grattai la pilosité pour sentir le crâne, puis, insatisfait, je lui pris le poignet libre et me le plaqua contre le torse. Le geste fut trop brusque, la déséquilibra, et elle tailla ma pipe de travers mais j’en fis peu cas : je sentais ses doigts, je câlinais sa main, cela m’apaisa. Toute concentrée qu’elle était sur son travail, je guidai moi-même ses caresses, et les miennes, le long de son bras, quand je ne lui baisais pas sa paume et ses doigts, quand je ne les lui suçais pas, m’inspirant de ses propres manières. J’étais las de rester inactif, et j’avais mes tendances fétichistes à assouvir.

La séance suivit son cours de la sorte, de plus en plus plaisante, et lorsque le moment devint particulièrement agréable, je m’alertai avec chagrin de l’imminence de l’éruption. Je pris le segment nu de mon sexe et lui battis gentiment les lèvres pour le lui signaler, sans avoir la force de l’obliger à rien. Qu’elle me comble dès maintenant ou plus tard, j’aviserais de la marche à suivre.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le dimanche 07 avril 2013, 14:30:52
Elle sentit les doigts d’Alexeï glisser sur ses cheveux, une partie du corps féminin que les hommes observaient beaucoup dans ce genre de situations. Ils pouvaient s’y cramponner à vous en faire hurler, ou faire preuve de plus de retenue, en se contentant de simplement vous caresser la tête. L’un dans l’autre, Jane préférait la douceur, c’était moins douloureux. Et Dieu sait que les cheveux pouvaient être une zone sensible. Elle s’attaquait au sexe de l’homme, au morceau du Roi, comme on disait. Sa verge tendue s’enfonçait dans sa bouche, et elle soupirait faiblement, se débrouillant pour n’utiliser aucune de ses mains, afin de se concentrer uniquement sur sa succion. Sa langue remuait sous la verge, essayant de s’enrouler autour, tandis que sa tête remuait de haut en bas. Elle ferma les yeux, respirant par le nez, et continua sa tâche. Ce n’était pas bien difficile, et, comme toujours, assez excitant. Sentir ce sexe en elle était quelque chose de magnifique. Une texture molle et dure, qu’elle s’amusait à éprouver. Elle multipliait les gestes et les actions. Soit sa langue filait sous le sexe pour le relever, soit ses dents la mordillaient, soit elle aspirait, ce qui avait pour effet de creuser ses joues, et d’exercer une pression sur sa queue. Elle continuait ainsi, avant de sentir l’une des mains d’Alexeï attraper son poignet. Elle en fut surprise, et sentit sa main s’envoler, ce qui perturba son équilibre. Un grognement s’échappa de ses lèvres closes, et elle secoua la tête, afin de récupérer son équilibre, tout en sentant sa main remonter le long du torse de l’homme, jusqu’à se poser sur ses lèvres. Il lécha ses doigts, les fourrant dans sa bouche, avant d’embrasser sa paume. Manifestement, Alexeï était très excité, ce que sa queue traduisait déjà.

Jane continuait sa fellation, en fermant encore les yeux, s’appuyant avec une main. Outre les agissements d’Alexeï, il fallait aussi tenir compte des ronronnements de la limousine, notamment quand cette dernière prenait des virages. Fort heureusement, le chauffeur avait une conduite adaptée et calme, ce qui permettait de faire cette fellation sans difficulté. Elle enchaînait parfois des gorges profondes, tout en essayant, avec sa main libre, de faire quelques signes. Elle savait qu’il existait beaucoup de sorts liés à la magie rose, notamment un qui, à en croire son manuel, permettait de faire des gorges profondes sans difficulté. Son sort échoua totalement, et elle dut donc reculer sa tête, recouvrant le sexe de salive. C’était délicieux. La jeune Californienne se faisait plaisir, et sentit alors les doigts d’Alexeï s’approcher de ses lèvres, les titillant, caressant son propre sexe.

*Il doit approcher du point de rupture...*

Il fallait croire que Jane était douée. Elle aurait pu arrêter maintenant, mais, tant qu’à faire, elle comptait joindre l’utile à l’agréable. Dans son sac à dos, elle avait, outre ses manuels, sa trousse, et ses livres scolaires, une petite fiole comprenant une mixture qui lui avait mis une semaine à faire, et avait nécessité des achats très atypiques sur Internet, ou dans des boutiques. Elle avait utilisé son livre pour concevoir une potion renfermant un aphrodisiaque. Elle s’y était attelée, car il s’agissait avant tout d’alchimie, la magie et les sortilèges ayant une part assez faible dans cette préparation. Dans son sac, il y avait la mixture, mais elle n’avait pas encore trouvé de cobaye, Nell ayant refusé d’utiliser la substance sur ses amants. Et Jane était tombée sur Alexeï... Alors, elle n’hésiterait pas longtemps, curieuse de voir comment l’aphrodisiaque fonctionnerait. L’apprentie-sorcière savait qu’il n’existait pas vraiment de produits aphrodisiaques dans le monde, la plupart ce ceux qui existent et sont vendus sur le Net étant juste des escroqueries. Tout était lié aux endorphines, ces neurotransmetteurs qui véhiculaient la notion de plaisir dans le corps suite à une forte activité physique. Le plaisir pur et sain, sans dépendance physique, contrairement à d’autres sensations de bonheur, comme la drogue. Une potion aphrodisiaque devait donc jouer avec les endorphines, et Jane avait eu bien du mal à la concocter. Cependant, que serait une sorcière sans ses potions ? Elle comptait bien l’utiliser, mais, pour que le résultat soit plus probant, il fallait qu’Alexeï se décharge en elle.

Jane redoubla donc d’ardeur, en léchant plus avidement cette verge, mais surtout en suçant plus fort, remuant plus rapidement sa tête, stimulant encore plus la verge, jusqu’à provoquer un orgasme. Elle sentit le sperme filer dans sa gorge, et secoua mollement la tête, ses toussotements étant couverts par cette verge qui était en elle. Elle secoua la tête en se retirant, et avala ce sperme. Elle aimait bien faire ça, et essaya de ne pas tout recracher, même s’il fallait bien reconnaître que le sperme avait un goût assez écœurant. Elle se redressa, récupéra ses doigts trempés, et vit le sexe de l’homme décroître rapidement. Un nouveau sourire naquit sur ses lèvres, avant qu’elle n’écarte quelques mèches de cheveux.

« Pauvre sexe... Mais je suis une Américaine, Alexeï, et les Américains sont connus pour être très gourmands. »

La partie n’était pas terminée. Jane comptait encore s’amuser avec lui, et elle s’écarta un peu, allant chercher son sac à dos, puis l’ouvrit rapidement. Elle dut écarter le manuel de géographie, afin de trouver sa fiole, et l’attrapa. Le flacon ne comportait aucune étiquette, rien d’autre qu’un bouchon à ouvrir. Il n’y avait aucun colorant dans la fiole, et, s’il était possible d’y ajouter des substances supplémentaires, Jane s’en était tenue à la formule originelle. Elle s’approcha, et se remit à califourchon sur l’homme, tenant la fiole dans sa main. Elle la décapsula, et une légère odeur de vanille s’en échappa, avant qu’elle ne l’approche des lèvres de l’homme.

« Tiens, ça devrait te redonner un coup de boost... »

Du moins, Jane l’espérait. Il était possible que la fiole ne fasse rien, ou qu’elle le transforme en véritable prédateur sexuel. Elle serait déçue qu’elle ne fasse rien.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le mardi 09 avril 2013, 03:13:33
Loin de calmer sa succion, elle l’activa au contraire. La jouissance... serait un peu hâtive soit, mais à ce stade-là, était extrêmement tentante. Et puis elle l’avait décidé ; c’est donc qu’elle en accepterait les conséquences. Mon sexe s’enfonça plus profondément dans son gosier, que je dus chasser ma main pour lui faire place, pour mieux lui gratter la gorge du gland, fou de joie. Mon corps s’affolait, je plaquai mes mains au sol, mes yeux se fermèrent pour concentrer toute mon attention sur le point d’extase...

... Jusqu’à ce, qu’après un ultime instant de plaisir, le sexe, les nerfs, le monde, tout devienne relax. L’instant de détente ultime, où l’on peut tout entendre, du « je te quitte » au « toute ta famille vient de mourir », sans en avoir – plus – rien à foutre. Je la félicitai d’une tape sur la tête, avant qu’elle ne se relève, la bouche pleine de mon précieux nectar. Elle ingurgita.

– C’était un sacré baiser d’amour, entre vous.

Du doigt je pointai les deux concernés : ma queue, de plus en plus molle à la manière du ballon qu’on dégonfle, et la fille, dont j’observai la satisfaction méritée du travail bien fait. Et mon sperme était son trophée. Je me demande quel goût ça a, songeai-je, me jurant aussitôt de ne jamais vérifier.

– Pauvre sexe... Mais je suis une Américaine, Alexeï, et les Américains sont connus pour être très gourmands.
– Ouais ? Il va falloir attendre que le pauvre se recharge.

C’était bien le problème, mais elle ne s’en dirigea pas moins sûrement vers son sac pour y-chercher quelque mystérieux artéfact ; temps que je mis à profit pour m’asseoir. Lorsqu’elle revint sur moi, elle porta à mes lèvres une fiole au contenu douteux, que je pris naïvement pour un parfum à la vanille.

– Tiens, ça devrait te redonner un coup de boost...

Je posai sur le récipient un regard suspicieux. Une drogue ? Puis sur Jane, mais finis par écarter les lèvres. Le liquide s’y-déversa, dont le goût fut analogue à l’odeur, soit une douceur vanillée assez correcte. Je bus trois gorgées puis attendis, attentif aux effets. Il me sembla, lorsque – et parce que – je me posai la question, que je voulais la déshabiller ; alors je lui remontai son haut.

– Haut les mains, ma jolie.

Puis je tirai sur son vêtement pour la laisser en soutif, les cheveux broussailleux que je l’aidais à se remettre ; et l’observai quand elle fut bien. C’était intéressant certes, mais nul réaction au niveau du pubis, ni eau montante à la bouche. Un peu comme si j’étais gay.

J’attendis encore, m’écartant pour mieux voir. Forte étrange création, que le corps féminin. Et fort curieux que, dans l’attitude de Jane, dans sa façon d’être prête, elle semblait s’attendre à un effet imminent de sa boisson. A moins qu’elle ne le souhaite juste. La pauvre fille mouillait à m’en reluire les cuisses, dans l’attente que son homme bande à nouveau, et moi, j’étais là, inerte et inutile.

– Quel mauvais hôte je fais. Au lieu de m’occuper de mon invitée je la laisse s’occuper de moi. Tu es adorable, je suis méchant.

Je l’embrassai, puis l’écartai, et me relevai, las de cette position inconfortable et soucieux de retrouver un siège. Je finis d’ôter caleçon et pantalon, ne gardant plus que mes chaussettes et ma chemise déboutonnée pour cacher quelque chose – rien de bien intime – avant de m’asseoir. Encore une fois, je n’avais rien à me reprocher. Mouais. Et c’est quand on n’a rien à se reprocher qu’il ne coûte rien de s’excuser.

– Excuse-moi pour le délai, mais il ne sera pas dit que j’aurais manqué à mes devoirs envers toi. Serment.

Une lumière blanche, aussitôt, émana de mes valseuses, éphémère, puis s’en alla. Un miracle subit qui me laissa groggy par son absurdité, et terrifié par sa localisation. Sorcellerie pensai-je, au rappel de cette mixture, et la peur m’envahit de ne plus rien contrôler de ce qui pourrait maintenant s’ensuivre, soit tout et n’importe quoi – en rapport probable avec mes couilles. J’aurais du me méfier plus que ça avant de boire cette merde.

Ma queue battit ; elle venait de grossir. J’espère qu’il n’y-aura que ça. Elle battit encore, et au fur et à mesure que je la surveillai, qu’elle prenait de la place, mes craintes s’évaporaient, et à nouveau j’étais pris de l’envie de baiser. Je levai les yeux sur Jane, et l’esthétique de sa personne me sembla soudain plus sexy. En un clin d’œil, je lui pardonnai tout.

– Fait chaud hein ?

Je m’éventai, car en effet cette soupe me filait un joli coup de chaleur. A moins que ce fût elle, et juste elle. Elle m’attirait à un point, qu’il devait bien sortir quelque particule de son corps si sexy, pour qu’irrésistiblement j’aille jusqu’à elle, la soulève par les fesses – avec une aisance admirable – et la plaque sur le coin de la banquette arrière. Et de là, lui bouffer le cou, comme si je voulais la décapiter, et lui brasser la chatte du doigt, pour m’assurer qu’elle serait accueillante quand bientôt j’allais... la baiser...

– Tu sens ça ? Tu le sens dis ? Ouais tu le sens... Il fait chaud...

Si elle ne le sentait pas, au moins sentait-elle mes gouttes de sueur perler sur elle, ou bien l’accablement qui me gagnait dans ma gestuelle. Si la température poursuivait son envolée, je suerai directement à l’état de vapeur, et je crèverais gueule béante. Je me dégageai donc, dans l’urgence, virai toutes les bouteilles du bac à glace pour m’y-plonger la figure, brasser les glaçons à m’en bombarder la face. L’un d’eux s’imprégna de rouge, et des gouttelettes de sang perlaient de mon front quand j’en ressortis, haletant.

Mais ce n’était pas assez pour calmer ma fièvre, car le froid de la glace fondait facilement. Alors je débouchai le champagne pour m’en asperger le visage. L’expérience fut drôle : d’abord la mousse, en guise de shampoing, puis le rinçage par le vin pétillant. L’alcool sur ma plaie la fit douloureuse, peut-être, mais tellement moins que me soulageait la fraicheur du liquide sur le reste de la cascade. Je poursuivis la douche dans mon dos, sous ma chemise, jusqu’à ce que la bouteille ne se vidât. Je me coiffai les cheveux vers l’arrière, quand je me rendis compte que la chaleur revenait aussi vite qu’elle s’était absentée.

J’ouvris donc une vitre, pour y-passer la tête et hurler à la face du monde :

– C’EST CHOOOOOOOOOOO !

L’air, et peut-être le cri, me firent du bien. On longeait une longue avenue, avec un trottoir, où les gens marchaient et tournaient la tête vers la mienne. Une fille, une jeune blondasse, une bonasse du dimanche que je désirai immédiatement, se permit même de glousser. Salope. Je me brusquai vers le rétroviseur, à travers lequel je vis Fuku qui me voyait, de sa mine hideuse, de vieux que rien n’étonne et que tout répugne. C’en fut trop, je rentrai.

Et me retrouvai face à Jane, que les courants d’air nouveaux décoiffaient et recoiffaient en permanence, changeant sa chevelure en un brasier ardent. Comme ma bite eussé-je pensé peut-être, si la fournaise dressant mon sexe à son paroxysme m’avait laissé assez de recul pour ce genre de remarque graveleuse. Je n’avais plus chaud qu’à cet endroit mais alors, c’était plus insoutenable que tout. Il fallait à tout prix me débarrasser de cette trique sorcière, et pour ça...

– Y-a que ça que t’attends, hein grosse pétasse ?

Je me jetai sur elle, complètement fou, fouillai dans sa jupe, lui arrachai sa culotte, l’attrapai par les chevilles pour la balancer au sol ainsi qu’on ferait d’un sac de ciment. Puisqu’elle était étalée, je la frappai du pied au bas ventre, puis m’effondrai au sol pour l’immobiliser pendant que j’entrai en elle. Et déjà je la secouai comme pour conclure, en guise d’entame gentille. Il faut que ça sorte !
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le mercredi 10 avril 2013, 09:03:17
Comment l’homme allait-il réagir ? That’s the question, dude. Jane n’en savait absolument rien, et c’était ça qui était excitant. De ce qu’elle savait, une sorcière avait une forte expérience empirique, ce qui expliquait beaucoup étaient parfois pendues dans le passé. Il y avait toujours des ratés, et les clients, naturellement, n’aimaient pas trop les échecs. Qu’est-ce qui se passerait avec Alexeï ? Jane espérait au moins qu’il se passerait quelque chose, et, au début, elle déchanta un peu, car il ne sembla rien arriver. L’homme avait pourtant tout bu, mais son sexe ne durcit pas immédiatement. Jane faillit en sentir une pointe de déception, quand il lui ordonna de lever les bras. Surprise, et un peu perturbée, elle obtempéra, et sa chemise sortit de son corps. Elle finit en sous-vêtements, les seins retenus par un soutien-gorge assez serré, bas de gamme, sans réelle particularité. Il était violet. Il poussa ensuite Jane, qui tomba sur les fesses, en clignant des yeux.

*Alors, c’est tout ? Ma potion se contente juste de lui donner envie de voir mes nibards? C’est quoi cette merde ?!*

Tu parles d’une arnaque ! Et elle ne pouvait même pas faire un procès à ce foutu livre ! Elle allait se redresser, quand son regard s’attira, en même temps que celui d’Alexeï, sur sa proéminence. Son sexe se mettait en effet à grossir démesurément, et Jane papillonna des yeux, littéralement sur le cul.

*Par les couilles de Merlin, ça a marché ?!*

Sous ses yeux, Jane vit en effet le sexe de l’homme se redresser, et grossir à vue d’œil. Alexeï eut une nouvelle et belle érection, plus forte que l’ancienne, comme si son sexe avait gagné quelques centimètres, et elle se mordilla les lèvres. Ça, c’était son œuvre ! La potion avait marché ! Elle aurait presque dansé de joie, mais elle se contentait de l’observer avec envie, se rappelant qu’elle n’avait toujours pas joui, et que sa culotte était dans un triste état. Elle s’attendait presque à ce qu’il retourne la baiser, mais, au lieu de ça, Alexeï agit... De manière inattendue. Il se mit à suer abondamment, son corps se recouvrant de plaques rouges. Il attrapa Jane, avec une lueur de perversion dans les yeux, et l’envoya contre la banquette arrière. Surprise par cet excès de virilité et de sauvagerie, elle se laissait faire. Sa potion venait de stimuler ses hormones, et devait aussi agir sur les endorphines, afin de limiter leur sécrétion, de manière à mieux l’exciter. Il était donc normal qu’il réagisse de manière violente, mais, qu’il ait ai chaud... ? Jane allait sans doute devoir revoir ses cours sur la biologie. Il mordait dans le cou de la future sorcière, ses doigts près de son intimité, parlant en grognant presque :

« Tu sens ça ? Tu le sens dis ? Ouais tu le sens... Il fait chaud...
 -  O-Oui... réussit à articuler Jane. Je le sens, Alexeï, je le sens... »

Pour le coup, son cœur se mettait à battre la chamade, car elle craignait aussi que l’homme ne devienne violent, et ne cherche à la battre, ce qui ne la tentait guère. Seule sa sœur avait droit de la fouetter. Elle sentait la chaleur de l’homme. Son corps ressemblait à une espèce d’usine à charbon. Il s’écarta d’elle, et se rendit vers le bac à glace de la limousine, se livrant à un curieux spectacle avec les glaçons et les bouteilles d’alcool. Médusée, Jane l’observait, se remettant sur la banquette arrière, sans rien dire, n’osant pas articuler un mot, de peur de l’énerver. Oui, pour le coup, Jane se sentait un peu dans la peau du Docteur Frankenstein face à sa création, qui échappait à son contrôle. Mais c’était les risques du métier, après tout, ma pauvre Suzette. La magie, c’était une loterie. On mettait son ticket, on faisait rouler la boule, et Dieu seul sait quand elle s’arrêterait. Pour le coup, il fallait croire qu’elle avait du trop forcer sur le dosage. Après tout, ce genre de potions se jouait à la goutte prête. Alexeï était en chaleur, et elle s’attendait presque à pouvoir faire cuire un œuf sur son dos rouge, comme s’il avait attrapé des coups de soleil.

*C’est peut-être lié au fait que c’est un Russe… L’hiver, après tout, ils se baignent dans des lacs gelés…*

A sa surprise, elle le vit ouvrir la fenêtre, faisant remuer les longs cheveux de Jane, avant d’hurler dehors des choses inintelligibles. Heureusement, personne ne pouvait voir la sorcière. Il se retourna, la regardant, avec une lueur de prédateur sexuel dans les yeux... Une lueur qui excita Jane, et réveilla en elle l’ombre de la sorcière ayant sous son pouvoir des hommes costauds, des colosses qui n’attendaient qu’un claquement de doigts de leur propriétaire pour aller massacrer des gens, se scarifier, ou même mourir. C’était le plus grand fantasme de Jane : inventer des potions qui la rendrait irrésistible, des sortilèges de séduction qui amèneraient des foules entières à se prostituer devant elle. Elle serait alors la réincarnation moderne et parfaite de Jean-Baptiste Grenouille, et offrirait sa propre version du Parfum.

« Y-a que ça que t’attends, hein grosse pétasse ? » grognait Alexeï à ton intention.

La fenêtre était toujours ouverte, et Jane se permit un sourire, avant que l’homme ne se rue vers elle. Ce petit sourire fut tout ce qu’elle réussit à faire avant de le sentir lui sauter dessus. Il s’était déshabillé, n’ayant plus qu’une chemise qui pendait misérablement, et ses chaussettes, avant d’enfoncer son sexe en elle, lui ôtant rapidement sa culotte. Il s’enfonça sous sa minijupe d’écolière, et, en sentant cette grosse queue taper en elle, Jane poussa un soupir, fermant les yeux, avant de tendre ses mains. Elle agrippa la nuque de l’homme, réalisant qu’elle l’avait transformé en une espèce de bête de sexe. Elle imaginait sans peine ses descendantes faisant ça avec leurs maris, ou simplement avec des hommes bien bâtis. L’excitation que Jane ressentait était double. Elle était fière, car elle venait de comprendre que la magie était l’arme suprême pour manipuler et forcer les gens à vous obéir. Ce fut donc avec un sourire ravi qu’elle s’abandonna complètement à cette étreinte :

« Là, je la sens ! Enfonce, allez, remue-toi le cul ! Défonce-moi !! Allez, REMUE-TOI !! »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le vendredi 14 juin 2013, 03:11:34
Laide, si laide, Dieu que cette femelle était laide : ses narines sombres, ses oreilles difformes, son teint blême, ses yeux gluants, ses gémissements abrutis, le tout mal brassé pour donner ce chaos organique qui lui servait de visage. Pourquoi cette symétrie ? Pourquoi n’a-t-on pas la bouche en haut, les yeux en bas, pourquoi deux oreilles pour un seul nez ? Même de cette façon on se trouverait beau, du moins s’en convaincrait-on assez pour rendre son prochain baisable. Bien à ceux qui savent baiser tout en acceptant la laideur de l’autre – j’ai été drogué, je ne compte malheureusement pas : la drogue avilit l’homme et pour preuve, mon vocabulaire, qui s’était réduit aux pires inconvenances.

– Défonce-moi !
– ТААГ… Еулеус…САЛОПП ! !

J’avais du mal à parler, les efforts – pour le moins excessifs – mis dans chaque coup de buttoirs saccadaient ma respiration. A chaque fois mon gland curait plus profondément dans ses entrailles, surfait sur sa muqueuse, en un ballet moins gracieux que pragmatique. Toute la brutalité du monde était derrière moi ; je haletais tel un ogre, quand je ne vociférais pas quelque insulte dans ma tendre langue ; je fracassais la carrosserie, guidé par une rage mystérieuse. Je la défonçais elle, avec ma grosse bite. D’après ses gémissements je répondais à ses attentes à merveille... faute d’exhausser les miennes. Pourquoi ça vient pas ?!? Ce n’était pas faute de la vouloir. Pour pouvoir dire que je la désirais du plus profond de mes tripes, je manquais cruellement d’organes. C’est-à-dire, je sentais en moi plus de désir qu’en un bataillon de marines en pleine séance de branlade collective. C’en était à un tel seuil que le plaisir n’était guère plus qu’une information : ma queue brûlait à moitié moins que le Soleil, et c’est à peine si j’y-pensais.

Il faut moins d’une minute à l’homme pressé et surexcité pour déverser sa semence. Or, en voilà bien dix que j’avais beau consacrer toute mon énergie – surhumaine pour l’occasion – à la tâche d’en finir, rien n’y-faisait. Je sentais pourtant que l’explosion de joie était imminente ; ce invariablement depuis la première pénétration. J’étais dans le Tartare, à côté de ce pauvre Tantale tout à sa maudite rivière. On échangeait des regards compréhensifs. Mes efforts semblaient parfaitement inutiles, mais je n’avais pas la force, la volonté, ni simplement l’idée de m’interrompre. Je répondais aux ordres de ma conscience... qui n’avait de cesse de me hurler « Baise-là ! »

Soudain, la limousine prit de la vitesse. Une vitesse que d’aucuns qualifieraient d’excessive. L’évènement m’énerva encore davantage ; or, il s’avérait que la puissance de mes coups de reins était justement proportionnelle à mon état d’énervement.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le samedi 15 juin 2013, 14:27:56
La baiserie, ce n’était pas une invention moderne. Dès les Grecs, ce genre de trucs existait. On les appelait les bacchanales, et les sorcières avaient perpétué la tradition, à travers les sabbats. À dire vrai, Jane s’imaginait bien ses ancêtres droguer ainsi des villageois pour se les taper pendant des jours... Pas étonnant que l’Église et les coincés du cul la composant aient finalement décidé de les traquer, afin de les massacrer. En tout cas, c’est ce que Jane aurait fait, à leur place. Le Russe était froid en apparence, mais, dès qu’il buvait un peu de vodka, sa langue était déliée. Avec Alexeï, la potion avait fait l’effet de la vodka, le transformant en une bête de sexe. Il grognait en la prenant, et elle ne comprenait pas ce qu’elle disait, et s’en moquait. Sentir son sexe en elle était tout ce qu’elle demandait, une belle et grosse queue gourmande, qui lui pétait la chatte, lui explosait son sexe. Blottie contre lui, elle haletait et gémissait, yeux clos, en le sentant la défoncer.

« Haaaa... Haaaa... Putain, oh putain, aaaaahhh !! »

Elle gémissait, griffait son corps sans même s’en rendre compte. Une bête, voilà ce qu’elle en avait fait. Elle frissonnait, réalisant que sa potion était une magnifique drogue du viol... Elle voyait déjà de nombreuses perspectives, alors que son amant la baisait, la baisait si fort que son dos heurtait la carlingue de la voiture, rebondissant contre cette dernière, alors qu’il continuait à la prendre, sans s’arrêter. Il grognait, comme un animal en rut, une espèce d’ours humanoïde qui serait en manque, et dans l’incapacité de se satisfaire. Putain, ce qu’elle pouvait aimer ça ! Il n’y avait tout simplement pas de mots assez forts pour décrire ça. C’était même pas du sexe, plutôt de la baise. Sans romantisme, sans fioriture. Rien d’autre qu’un homme défonçant une femme, sans se poser de questions.

Jane ne pouvait pas dire y être insensible. Elle mouillait follement en gémissant, sentant la grosse queue de l’homme la labourer sans ménagement. Il était vraiment dominateur, et la prenait, encore et encore, n’arrivant pas à jouir. Était-ce lié à sa potion ? Cette dernière était-elle assez vicieuse ? Connaissant les sorcières, Jane le pensait bien... En tout cas, c’est ce qu’elle aurait fait. Plus le mâle était frustré, et moins il arrivait à se contrôler, ressemblant plus à un animal qu’à un homme. Jane avait mal au dos, et avait l’impression que son con était en feu. Ça brûlait, à l’intérieur.

La limousine se mit à accélérer, et Jane perdit son appui contre le flanc de la limousine, tombant sur le sol, entraînant l’homme avec elle. Elle s’écrasa entre les fauteuils, indifférente aux secousses de la voiture. Quand on avait une verge dans son trou, avec un porteur surexcité, le sens des priorités était légèrement modifié. Elle était en sueur, quelque chose de terrible, et haletait, sentant l’homme s’écraser sur elle. Elle n’essayait même pas de parler, ne sachant pas trop si l’homme arriverait à l’entendre. C’était improbable, vu l’état dans lequel il était.

Mais ça ne l’empêchait pas de gémir.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le mercredi 26 juin 2013, 00:58:01
La prise de vitesse du véhicule aidante, Jane glissa, chuta, et puisque je devais coûte que coûte rester uni à elle, je la suivis. Nous chutâmes, elle m’étreignant passionnément, moi l’agrippant âprement. L’opportunité était belle : l’inertie de la dégringolade, l’accélération de la limousine... Je laissai à ma queue un peu d’élan, me saisis d’une prise en dessous d’un siège, elle se réceptionna, je m’enfonçai.

« HAAAANNN !!! »

Sous l’effet du plaisir, tous mes muscles se contractèrent comme un seul. D’un coup je me sentais plus massif, comme accablé de quelques kilos supplémentaires. Etait-ce possible ? Peut-être une impression mais tout de même, et sur mes bras, biceps et triceps avaient l’air plus saillants, plus sculptés. S’il en était, soit, ou mieux que soit ; cela ne pourrait que me servir. Je l’emboutirai plus efficacement. Lui dérouiller les parties jusqu’à atteindre l’orgasme. Changer de position, trouver quelque chose avec de meilleurs appuis pour plus de puissance. De face ? De dos ? Missionnaire ? Je me saisis de ses jambes, les fléchis, les enroulai autour de ma taille, y-laissa une main quand l’autre se fixa au flanc de son visage. Sitôt repris le va-et-vient, je postillonnai d’un râle fauve sur son visage. En guise de mot doux.

A quoi bon ? Je harcelais ma queue de caresses vaginales en vain. Sans doute, si je me retirais, descendais de la limousine et partais appliquer les méthodes de méditations les plus avancées, pourrais-je vivre dans cet état de trique continuelle ? Car le désir n’est pas, non plus que l’assouvissement. Ce genre de pensées fonctionne davantage à l’ombre d’un roseau qu’au creux d’une femme. Un coup en entraînait un autre, je continuais à me frustrer, à frapper encore, à m’enfermer dans ce cercle vicieux. Pendant ce temps, j’entendais s’empiler ses gémissements de femelle au plaisir égoïste.

Quand bien même il n’y-ait rien de pis pour un souffrant que d’assister au bonheur des bien portants, je me penchai sur elle pour mieux l’écouter. Des premiers fourmillements à mes oreilles, résulta la rage. De la rage, l’énergie d’en mettre toujours plus, puis l’idée de me soulever, elle avec moi, et, encore une fois, de glisser et de tomber au sol, elle d’abord, pour mettre tout mon poids dans la pénétration suivante. Je manquai de peu de lui briser la nuque, mais l’opération fonctionna à merveille. Faute de jouir, mon gland hurlait de joie. Pendant ce bref moment, je fus aux anges.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le dimanche 30 juin 2013, 11:39:01
Le Russe était doué, et avait pour lui l’avantage d’être riche, et d’avoir séduit Jane avec une limousine. C’était bien plus efficace qu’un ridicule bouquet de fleurs qu’elle aurait jeté dans la première poubelle venue... À moins de lui offrir des fleurs magiques pour ses potions et ses expériences en herbe. Pour l’heure, elle avait toutes les raisons du monde d’être contente et de bander comme une putain de vache en rut. Elle avait réussi sa première potion ! Bon, il fallait sans doute encore revoir un peu les finitions, mais, honnêtement, le résultat final était sacrément réussi ! Alexeï était devenu un mâle uniquement préoccupé par ses pulsions sexuelles fondamentales, une bête qui ne pensait qu’à faire l’amour, et qui, visiblement, n’arrivait pas pour l’heure à jouir. Était-ce lié aux effets de la potion ? Jane l’ignorait, mais elle l’espérait. Un truc comme ça, c’était vraiment vicieux ! Typique d’une sorcière aimant faire souffrir ses amants, en somme. C’est que ça avait du bon, d’être une salope.

Alexeï l’avait amené à se coucher contre le sol, mais il ne resta pas éternellement dans cette position. Leurs corps entremêlés remuèrent ensemble, Jane soupirant et gémissant, ayant bien du mal à réfléchir, à penser à autre chose que cette grosse queue qui  lui labourait le corps. L’homme ne la ménageait pas, et, tout en la remuant, elle entoura ses jambes autour de sa taille, tout en posant ses bras sur ses épaules, afin de mieux le sentir remuer en elle.

« Haaaann... Haaaaaaan, aaaaaah, ouuuuuiiiiii, haaaaaaaaaaaaa... »

Elle gémissait et soupirait en se tortillant, sentant le corps d’Alexeï s’écraser contre elle. Ses ongles s’enfonçaient instinctivement dans sa peau, alors qu’elle se sentait comme emportée par les élans de son amant. Et elle, contrairement à lui, n’était pas restreinte au niveau de son plaisir. Elle mouillait abondamment, et eut son premier orgasme, sentant le plaisir exploser. Ce rôle passif lui convenait très bien, elle n’avait rien d’autre à faire que laisser l’homme, le mâle, la défoncer. Sous ce traitement, semblable à une espèce de mer déchaînée, ses digues s’effondraient et se brisaient comme de misérables murets de sable incapables de lutter contre la montée de la mer.

Son orgasme fut fulgurant et magnifique, tout son corps semblant exploser, se recroqueviller sur le corps de l’homme .Ce fut intense et éphémère, mais quand elle se sentit redescendre de son nuage, Jane n’avait qu’une envie : retourner à nouveau caresser les nuages et les ailes des Anges. Elle maintenait donc l’homme contre son corps trempé de sueur, haletant et gémissant, tandis que sa mouille roulait le long de ses jambes, tachant la limousine. Jane aimait bien laisser ses marques.

« Ah ! gémissait-elle. Baise-moi, allez, encore, encore, encore !! »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le mardi 02 juillet 2013, 19:18:12
Les seins d’une femme sont constitués essentiellement de graisse. Les seins se secouent pendant l’amour (les biologistes ne disent rien de ce phénomène). Les seins parlent, certes dans une langue non articulée, mais leurs signes sont assez explicites pour qu’on puisse en saisir les grandes lignes. Saisir les seins ? Non, les grandes lignes. Ils appellent quelqu’un, ce quelqu’un DOIT saisir les seins. Je connaissais ce quelqu’un. Je saisis un sein et le malaxai, pour me calmer, puis grognai. Cela put faire penser à de la joie.

Elle, son corps moite et répugnant, son plaisir indécent, son élixir redoutable et ses griffures cruelles. Elle, gentille élève à la poitrine un peu courte, elle chaudasse noctambule, et surtout elle terrible sorcière sans scrupule (Tout pour me plaire, pourtant je la haïssais). Que me griffait-elle au dos ? Des runes ? Des formules pour m’empêcher de me libérer ? J’essayai de lui capturer les mains, mais la voilà qui m’étreignait de toutes ses forces, et pour cause, elle jouissait. Meurs. Comme frappé d’un résidu de bienséance, je la laissai faire, avant de capturer ses poignets et de les plaquer contre le sol. J’avais besoin de mes deux mains pour m’assurer qu’elle ne me maudisse davantage, et tant pis pour son sein. Ses jambes ceignant ma taille, j’étais son captif autant qu’elle était la mienne. Les conditions étaient bonnes pour mon travail. Peu importe s’il m’appelait. Peu importe si son contact chaud et moelleux fut jadis le seul réconfort à mon tourment.

L’orgasme passé, elle en redemandait, comme si j’avais le choix. Le choix était un concept bien trop abstrait pour une bête en rut, de toute façon, au même titre que le devoir, la liberté, la bonté ou la vilenie. Je comprenais encore le besoin, le désir, voire le plaisir. Ca simplifiait son monde.

Le plaisir, ou la douleur, je ne faisais plus bien la différence. Et la différence entre désir et besoin ? Plutôt qu’hésiter à lui reprendre le sein, autant le faire. Elle me grifferait, elle me maudirait, ça valait bien un sein. Ou bien, je pouvais toucher l’autre. Lequel fut le meilleur ? Celui de droite. Ou bien je pouvais lui lécher une joue, ou même la mordre. Ou bien étouffer ses geignements en la bâillonnant. On n’entendait plus guère que moi, la voiture, et les bruissements extérieurs. On aurait dit du calme.

Je lui lâchai la mâchoire, la relevai, l’assis sur le bord de la banquette, en biais ; ainsi pourrais-je mieux user de mes jambes. Ma main faisait quelque chose à ses fesses, un truc à cheval entre une caresse et une tentative d’arrachage. Je la tripotais, je la mordais, je la léchais, je la recrachais, entre désir et répulsion ; une fois j’essayai de me libérer de l’étreinte de ses jambes, en vain. Bientôt je la couchai complètement sur la banquette, puis nous retombâmes au sol à la faveur d’un coup de volant. Je la baisais, invariablement des positions. Je lui soutirais sa mouille par litres, et toujours pas une goutte de mon précieux nectar.

Le temps passait, Dieu sait à quelle vitesse et à mesure, pointa une première crampe, puis une deuxième. J’avais du mal à respirer, un peu comme si je fatiguais.

Je la relevai pour aller chercher la fenêtre que j’avais ouverte tout à l’heure. Du fait d’un – certain – excès de vitesse, le courant d’air y-avait – à peu près – la violence d’une tornade, c’était  bien. On était passé sur une voie rapide à l’extérieur de la ville, terrain de jeu favori de Fuku qui, comme de juste, cramait toutes les limitations comme au volant d’un bolide. J’allais la baiser ici. Je passai un bras au travers de la fenêtre pour bien nous y-maintenir, et je l’enfonçai, revigoré par le nouvel air.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le mercredi 03 juillet 2013, 22:58:23
Couchée sur le sol, Jane était sans défense, soumise face aux pulsions d’un homme qui tenait plus du mâle ancestral qu’autre chose. Son sexe était comme un torrent bloqué par un barrage. Il avait beau se forcer, quelque chose le bloquait, ce qui engendrait de la frustration, et le rendait encore plus violent, encore plus dominateur. Jane planait sévère. Ce pouvait être risqué, il pouvait devenir violent, en la voyant jouir comme une traînée, à maculer le sol de sa limousine, alors que lui avait le zeppelin bloqué. Le trop plein refusait de sortir, même pas une goutte. Dur ! Elle l’aurait presque plaint... Mais, si Jane Watson se mettait à plaindre les autres, c’est que le monde tournait à l’envers. Il lui agrippa les poignets, l’immobilisant sur le sol, et elle l’observa en souriant, comme si elle se moquait de lui. Son sexe était fermement planté en elle, comme une épée de chair, et il n’y arrivait pas. Rien ne voulait sortir.

*Ça pousse, ça pousse, hein ? Mais rien ne sort... Dur !*

Elle aurait bien aimé lui sortir ça, mais elle était un peu trop excitée pour arriver à dire quoi que ce soit d’autre que des mots brefs et des cris. Ce sexe lui faisait mal, il lui déchirait les entrailles, de cette douleur qui vous excitait tout le corps, qui vous enflammait comme une traînée de poudre. C’était si bon, si intense ! Ça, c’était le sexe ! Elle avait eu totalement raison de confectionner cette potion, elle était bien plus incapable que tout ce que Jane pensait. Alexeï se défoulait sur elle. Difficile, après ça, de prétendre que les Russes avaient le sang froid... Une fois qu’ils étaient lâchés, ils étaient de vrais animaux, puissants et brutaux.

La brave Jane enchaînait les orgasmes, en gémissant et en soupirant, laissant Alexeï agir avec force et efficacité. Cet homme était vraiment doué. Elle sentit alors une main se poser sur sa gorge, et rouvrit les yeux, poussant un soupir étouffé. Était-il en train de péter les plombs ? Est-ce que Jane avait été trop loin ? Elle sentit un brusque vent de panique la traverser. Il était possible qu’elle ait mit une ou deux gouttes de trop, après tout... On sous-estimait l’importance de la rigueur dans les formules magiques. Elle gémissait, partagée entre le plaisir, la douleur, et la peur. Un curieux cocktail, que seul le sexe savait procurer.

Il finit par libérer sa gorge, la souleva, la ramenant sur la banquette de la limousine. À l’image d’Alexeï, la voiture était lancée à toute allure. Une bête humaine échappant à tout contrôle. Depuis une vitre ouverte, on pouvait entendre les sifflements du vent. Ils étaient à l’opposé de la fenêtre, et Jane vit Alexeï se diriger vers la fenêtre, probablement pour obtenir de l’air frais. À voir les grosses plaques rouges sur son corps, le brave était dans un état fort de surexcitation.

*Est-ce que son sexe va exploser ?*

Elle se le demandait presque, à voir comment il se trouvait. Malheureusement, elle était incapable de dire combien de temps ce sortilège durait encore. Il dépendait de bien trop de critères. Elle espérait qu’il ne soit pas permanent. Autrement, il lui faudrait inventer un antidote, mais ça risquait d’être compliqué. L’apprentie-sorcière jouait avec le feu, et elle aimait ça. Après tout, ce n’était pas elle qui s’y brûlait, mais ses cobayes.

*C’est cool, la magie !*

Et ça l’était encore plus quand ça tombait sur les autres.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le samedi 13 juillet 2013, 19:59:09
Le marathon sexuel poursuivait jusque dans la nuit, à travers l’obscurité relative, sous les étoiles et sous les flashs de quelques paires de phares. Quelques coups de klaxons. Au croisement d’un radar ou d’une patrouille Fuku ralentissait, l’air de rien, puis reprenait sa vitesse dès à l’abri. De quoi m’éprouver un peu plus pour me maintenir debout. Le marathon sexuel poursuivait. Je m’acharnais à l’enfiler sans aboutir, elle enchaînait ses orgasmes dans une cadence infernale. Cette injustice, les astronomes ont trop de vertige pour la quantifier. Parfois j’en avais marre, alors avec mon bras traînant dehors je me défoulais sur une vitre adjacente à la fenêtre ouverte. Etrange comme tout paraissait plus fragile : un rien de pression suffisait à laisser une fissure, un coup de poing répandait des éclats un peu partout à l’intérieur, éventuellement sur nous. Toute douleur n’était plus qu’une vague et éphémère distraction, la sensation de trique intersidérale le long de mon sexe détenait le quasi-monopole de mon attention.

En un sens, et quoiqu'atroce, l'épreuve était facile. Un sportif lutte contre son désir de faire une pause ; pas moi. Je la désirais elle, et n’imaginais qu’un seul moyen pour que ça cesse. Certains muscles tétanisaient, quelque chose essorait mon cœur, et ma tête essuyait des maux suspects. Mais je la désirai toujours. Je crevais de soif, aussi sabrai-je – manuellement – une bouteille de vodka, la bus, et la balançai par la fenêtre. Bien plus que d'alcool j'étais ivre, et si j'en ressentis quelque effet, ce ne fut que dans le sens de ma colère. Ce qui me revitalisa pour quelques minutes.

Mais mes forces me quittaient, malgré les maléfices et des stratagèmes aux efficacités fugaces. Les signes de l’épuisement se multipliaient, et lorsque je m’en rendrais compte, si je m’en rendais jamais compte, je m’énerverai – encore – davantage, pour peu que ce fût possible. Pour l’heure je gutturai à chaque pénétration un mélange de russe et... d’arabe peut-être. Cependant que je luttai inconsciemment contre la soudaine faiblesse de mes jambes. Et contre l'envie de vomir mes tripes.

Je lâchai l’extérieur de la voiture, la main meurtrie d’avoir brutalisé la vitre, me tractai Jane en marche arrière, mes hanches toujours cerclées de ses jambes, et puisque les miennes ne tenaient plus, je me laissai plonger vers le sol, elle d’abord, reproduisant la manœuvre par deux fois employée pour l’enfoncer une ultime fois.

Nous nous étalâmes  sur un sol constellé d’éclats de vitre, sous peu pointillé de sang, imbibé de sueur, de cyprine et que sais-je ? Nul orgasme. Soudain, la chaleur de mon sexe s’étalait, une vague ardente envahissait mon être. A nouveau je brûlai mais cette fois, nul tourments ni jérémiades. Je suis chaud, remarquai-je simplement. L’énergie thermique, par un processus dont j’ignore les rouages, m’offrait un second souffle. Et pour un souffle ! Je lui lissai ses seins moites par des caresses d’une tendresse pour le moins inattendue ; peut-être la plaignais-je déjà. La pauvre fille s’adonnait à des expériences ésotériques audacieuses, d’un certain point de vue, sans en mesurer ni la portée, ni les risques. Je m’emparai de son dos, de ses fesses, la serrant contre moi.

– Et si on faisait l’amour, Jane ?

A partir de quoi, à chaque pénétration, la limousine branlerait, s’épandrait en craquements et en fracas, échos de nos passions. Une puissance prodigieuse secouait la scène, un sexe d’acier trempé – encore brûlant – plongeant furieusement dans un autre tout tendre. Se retirant, humide d’un baiser foudroyant, et s’y-retournant causer de nouveaux ravages. Une alchimie explosive, une tempête de sensations en résultait. S’emmêlaient la douleur fortifiante et le plaisir merveilleux, obsessionnel, et – Ô mon Ange ! – progressif. Enfin, après la torture, après l’horreur, le bout du tunnel. Existe-t-il un meilleur moment au monde ?

Encore une. Plus qu’une. La charge ultime. Toute la frustration, toute la rage accumulée ce soir – et peut-être hier – derrière mon geste pour accomplir ce qui fut, ma foi, un chef d’œuvre. Je hurlais ; la voiture criait. Je débordais de bonheur ; elle débordait de mon nectar. Nous glissâmes vers l’arrière, entraîné par ma frappe. Les suspensions cédèrent, les jantes crissaient, la voiture dévia, freina, heurta quelque chose, rebondit. Percutant les quatre coins du véhicule, distraitement, je m’accrochai à la première chose qui me vint sous la main : Jane. Nous rebroussâmes, fîmes face à nos poursuivants affolés, dont certains se tamponnaient déjà. Finalement quelqu’un nous emboutit, assez violemment pour nous projeter contre le cockpit.

Par miracle nous survécûmes, bien que quelques secondes s’effacèrent de ma mémoire. Je souffrais d’un peu partout, du sexe notamment, je saignais au visage, et ne parlons pas de l’épuisement. Mais le plus assaillant fut ma migraine. De dehors provenait un tintamarre intenable. En me concentrant fort, je percevais les alarmes de voitures, le crépitement des flammes, les pleurs d’un bébé, et les gueulades des survivants.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le dimanche 14 juillet 2013, 18:20:01
Prise dans cette tornade de sexe, Jane ne sentait pas le temps passer, n’en avait pas conscience. Et, pourtant, alors que les deux amants dansaient dans leur bulle, et se perdaient à l’intérieur, l’horloge, elle, tournait, et le temps, inlassablement, continuait sa course folle. Les minutes s’enchaînaient, le seul indicateur temporel de Jane étant ses orgasmes répétés. Elle gémissait et couinait, comme une fille brisée sous les assauts fougueux de l’homme, de ce mâle qu’elle avait retourné comme une crêpe, le transformant en un amant sauvage et bestial, agressif et coléreux, une sorte d’agresseur sexuel que rien n’arrêterait. Jane avait inventé la potion ultime du viol. Si elle était un peu plus vicieuse, elle se voyait volontiers venir en soirée, et en remplir les bouteilles d’alcool de sa substance. Voilà qui promettrait des soirées intéressantes ! À moins que ce ne soit lié au fait qu’Alexeï soit Russe... Les Russes n’étaient pas tout à fait comme les gens normaux.

La limousine filait rapidement, rebondissant, roulant, et Alexeï était de plus en plus violent, dynamisant à chaque fois la belle Jane, qui poussait des hurlements de plus en plus prononcés, ses actions se divisant entre de longs et lascifs soupirs en sentant la queue de l’homme en elle, et des cris de douleur quand il se mettait à s’exciter. Ils étaient brinqueballés dans la voiture, et Jane sentit son corps revenir sur le sol, heurtant des bris de verre. Elle n’avait pas halluciné : Alexeï avait défoncé des verres en tapant dessus.

*Violent jusqu’au bout des ongles...*

Elle haletait et gémissait, sentant son corps remuer. Tout ce qu’elle essayait de faire, c’était de veiller à coller ses jambes autour de sa taille. Des morceaux de verre glissaient le long de son dos, un dos sali. Elle avait atterri sur des flaques de sueur et de mouille. Sa mouille. C’était crade. Dégueulasse, même. Mais putain, ce que c’était bon ! La froideur du Russe s’était complètement craquelée, révélant un homme chaud bouillant. Ses ongles pointus s’enfonçaient dans la chair de l’homme, et elle fermait les yeux, soupirant et gémissant, ses seins s’enfonçant contre son torse, son corps aplati contre celui de l’homme. Il était sauvage, dominateur, brutal, et Jane haletait et hurlait, insensible au monde extérieur.

Le monde extérieur, en revanche, ne fut pas insensible à eux.

Le bout de la limousine rentra en collision avec une voiture. Difficile de dire qui était en tort. Était-ce Fuku, qui roulait largement au-dessus des limitations kilométriques ? Ou cette mère de famille au volant, qui avait tourné la tête vers son enfant en passant au vert ? Le bout de sa voiture heurta la limousine, et l’airbag s’enclencha, aplatissant la mère de famille contre son siège. Le fauteuil du bébé protégea ce dernier, mais se renversa, les ceintures l’empêchant de placer le bébé dans une position mortelle. Les courses à l’arrière, dans le coffre, s’écroulèrent, et les pneus arrière de la voiture se soulevèrent pendant quelques secondes, avant que la voiture ne recule dans un crissement.

La limousine, quant à elle, fut plus résistante que cette misérable voiture, mais le choc la déstabilisa. La physique reprit ses droits. Les forces physiques agirent, avec un vecteur force très prononcé. La limousine fila sur la gauche, évita de justesse une voiture qui pila, et s’écrasa contre une voiture stationnée, terminant sa course dans un concert de klaxons et de hurlements paniqués.

Les corps soudés ne l’étaient plus. Jane avait heurté le mur sur la gauche, et roula ensuite sur le sol, avant d’heurter le mur à droite. Les bouteilles dans le minibar se renversèrent, explosant à côté d’elle, et de la vodka s’étala sur ses jambes. Sonnée, Jane resta là, inerte, avant de progressivement revenir à la réalité, en sentant quelque chose s’égoutter sur sa tête. Elle posa ses doigts sur son front, et les lécha. C’était de l’alcool. Elle rouvrit alors les yeux, et tourna la tête, avant d’éternuer.

« What the... ?! » s’étonnait-elle.

Elle cligna des yeux, essayant de comprendre comment elle avait pu se retrouver là, dans cette situation. Il y a quelques secondes avant, elle se faisait prendre comme une truie, et voilà que la limousine était encastrée dans une voiture. Elle soupira, et entreprit de se relever, sentant son dos craquer, et eut le réflexe de chercher ses vêtements. Sa main attrapa sa culotte, et elle s’empressa de la mettre, puis chercha son soutien-gorge.

*Quelle merde ! Ça pue la mort ici !*

Sonnée, Jane titubait à moitié, divaguant. Elle espérait surtout que des curieux ne se rapprocheraient pas avant qu’elle n’ait pu se rhabiller. Dehors, elle entendait des bruits de voix, mais ses oreilles sifflaient et bourdonnaient. Rien n’était clair.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le samedi 20 juillet 2013, 21:21:45
J’étais étalé sur mon ventre, jambes repliées, en travers de l’aile avant de la banquette. Assez confortablement, si bien qu’on aurait pu croire que ma position fut volontaire. Ma force devait rester encore quelque peu surhumaine : j’arrivais à me redresser jusqu’en position assise, quand bien même mon corps pesât plus d’une tonne. Je respirais, acte nécessaire, bien que l’air pénétrant mes narines avait subi nombreuses maltraitances, et s’était mué en un gaz lourd et saturé. Les coulis de boissons échappées du bar exhalaient l’odeur de l’alcool ; nos peaux moites de l’effort accompli, celle de la sueur. Du sperme et de la cyprine éparses, me parvenait l’arôme du sexe. S’y-mêlèrent ensuite les senteurs fortes de l’essence, et d’autre chose. Une odeur m’en évoquant une autre, d’un homme sauvagement découpé à l’ombre d’une ruelle (mais c’est une autre histoire), qui  provenait du compartiment conducteur. Il avait du prendre chaire.

(Notre monde est injuste. Deux amants à l’arrière, tenants des positions aux antipodes des règles de sécurité et dont les ébats sont causes de l’accident vivent, quand leur chauffeur y-passe malgré ceinture et airbag.)

Dehors, des immeubles. Fuku nous avait ramené en ville. De part et d’autre, des voitures explosées, renversées. Les odeurs, les bruits, le spectacle... je réfléchissais intensément pour faire le lien entre chaque élément, pour me constituer une compréhension de la situation. Un accident ? compris-je enfin. Fuku est mort, je suis vivant... Dehors, le bébé pleura de plus belle, relançant mon mal de tête. « TA GUEULE ! » lui sommai-je. Ce fut comme sommer à la mer de stopper ses vagues.

Jane se rhabillait, le geste gauche. Plutôt que de l’imiter, je resterai là, à la voir faire, à reconstituer les faits récents. Elle m’a droguée. Ma bite a brillé, puis il a fait très chaud. La séance de baise qui suivait me revenait mal, mais j’en retrouvai quelques passages importants. Je gardais bon souvenir de nos plongés, auxquels je me jurai de trouver un nom. Puis il y-avait eu la séance contre la vitre, venteuse et épuisante. Et enfin, l’orgasme, pour lequel je lui pardonnais tout. Alors que je m’étais enfoncé plus loin qu’en aucune femme, si loin que je m’étais senti passer au travers d’elle. Ses fesses avaient même laissé leurs marques sur le sol, sous la forme de deux cratères siamois. Pile à ce moment, aux environs de juste en dessous, l’essieu avait émis un drôle de crissement et Fuku perdait le contrôle du carrosse.

Le bébé pleurait, que moi je riais. Intéressante réaction nerveuse, ou joie sincère un peu trop assumée.

– T’as vu ça ?
 
Mon ton était badin, ma question stupide.
 
– Je veux dire, t’as vu CA ? On a explosé toutes ces bagnoles ! Wow, du sexe comme ça, j’en veux tous les jours. Je contemplai mon pénis flasque. Quoique, ça lui ferait beaucoup.

Au souvenir de la tripotée d’orgasmes qu’il lui avait offert, la fierté m’envahit. Je l’avais comblée comme aucun autre, elle la poupée Californienne, à la fois fantasme mondial par la fenêtre hollywoodienne, à la fois ennemie jurée de la Mère Patrie – soit un fantasme national. Mais mon orgueil était naïf, et je le savais. Ou plutôt, je le sentais. Par-dessus les légions de puanteurs, toxicités et autres déplaisances olfactives, un subtil effluve de vanille me parvint. La douceur du parfum n’avait d’égale que son vice. Sans ce parfum peut-être me serais-je plus méfié, et quelques personnes supplémentaires vivraient dans ce bas monde. Soit, je ne pouvais plus être orgueilleux, mais ma joie de vivre n’en fut point altéré.

– A propos de ta potion, puisqu’elle est la cause première de tout le désastre. C’est toi qui l’as créé ? Peu importe, tu es le Diable. C’est ce qui a du me séduire.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le dimanche 21 juillet 2013, 12:28:34
La réalité se rappelait à elle. La bulle avait éclaté, crevé en plein vol, explosé comme un ballon de baudruche surgonflé à l’hélium. Ils avaient tous les deux volé près du Soleil, et le Soleil avait brûlé... Fort heureusement, Fuku avait été en première ligne, et avait tout pris. Elle ne l’entendait pas bouger, ni s’extirper, signe que, s’il n’était pas mort, il devait être dans une fâcheuse position... Sa mort, à dire vrai, ne la choquerait pas plus que ça. Ce type était un sale con, et, dans le fond, c’était lui qui était responsable de cet accident. Alors, non, elle ne comptait pas pleurer sur sa mort. La priorité, pour l’heure, était de sortir de là avant que les flics ne débarquent, et qu’on ne remarque les différentes traces de sa mouille dans la limousine. Quelle chute de merde, vraiment ! Alors qu’elle récupérait ses affaires, son portable glissa sur le sol, et elle le récupéra. Elle était vraiment partie dans un sacré trip. Pendant qu’Alexeï la tringlait comme une poupée gonflable, elle avait reçu pas moins de 12 messages et 3 appels manqués, émanant tous de la même personne... Nell.

Autant dire que, quand sa sœur aînée commençait à s’inquiéter, Jane avait une heure avant que Nell n’appelle l’ambassade et que toute la police du Japon ne soit à ses recherches. Cependant, la priorité était de s’habiller. Hop, elle enfilait sa culotte, rapidement, puis la minijupe, et... Où diable s’était fourré son soutien-gorge ? Elle le trouva sous un fauteuil, et l’attrapa par la bretelle, tirant dessus. Heureusement, aucune agrafe n’avait pété. Se promener sans soutif’, ce n’était pas pour elle. Mine de rien, des roploplos comme ça, il fallait savoir les porter, et, un soutien-gorge, ben, ça aidait bien. Les mecs ne pouvaient pas se rendre compte, mais un beau balcon, ça valait son poids.

« Je veux dire, t’as vu CA ? s’extasiait alors Alexeï. On a explosé toutes ces bagnoles ! Wow, du sexe comme ça, j’en veux tous les jours. »

Elle tourna la tête. Ce type était complètement cinglé... Un Russe, quoi. Ils n’étaient pas normaux, ces gens-là. Mais elle devait admettre que, si c’était à refaire... Elle le referait sans doute... Mais en contrôlant un peu mieux sa fiole, et en soignant la chute finale. Défoncer des voitures, c’était bon pour les mecs, ça, mais les filles étaient plus subtiles... Du moins, Jane n’aurait pas été contre, si elle n’était pas en première ligne. Elle ne lui répondit pas, préférant attacher son soutien-gorge, bataillant dans son dos, regrettant que Nell ne soit pas là pour l’aider à fignoler le tout. Elle réussit à l’accrocher, passa rapidement une main devant son visage pour écarter des mèches de cheveux, et chercha son haut, se mettant à quatre pattes.

« A propos de ta potion, puisqu’elle est la cause première de tout le désastre. C’est toi qui l’as créé ? Peu importe, tu es le Diable. C’est ce qui a du me séduire. »

Jane sourit, en retrouvant son haut, et l’enfila, avant de finalement lui répondre :

« Si j’étais le Diable, ma sœur ne m’aurait pas envoyé 15 messages... Mais c’est moi qui ait fait la potion, même si je crois qu’elle a... Un léger problème de dosage. »

C’était un euphémisme typiquement féminin... Mais, dans la mesure où Alexeï n’était pas mort, ça s’était plutôt bien passé.

« Merci... D’avoir été mon cobaye, en tout cas... C’était très chevaleresque. »
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Alexeï Dayinski le vendredi 02 août 2013, 05:02:53
Un sourire. Celui de la décontraction, de la complicité, ou de quelque chose avoisinant. Si l’on pouvait éventuellement s’inquiéter de la joie que m’inspirait la catastrophe, que penser de son flegme impeccable ? Plus froide qu’une Anglaise. La voilà qui terminait de s’habiller. Peut-être allait-elle partir, appeler un taxi et rentrer simplement chez elle ? Peut-être même ferait-elle de beaux rêves. Il y-avait un mystère derrière cette attitude. Ensuite, que dire de sa forme excellente après plus d’une heure d’amour et un accident terrible ? Autant d’indices pour appuyer mes suspicions – de plus en plus sincères.

– Si j’étais le Diable, ma sœur ne m’aurait pas envoyé 15 messages... Mais c’est moi qui ait fait la potion, même si je crois qu’elle a... Un léger problème de dosage.
– Ta sœur t'aurait envoyé 700 message que tu serais quand même le Diable. Ou l’un de ses suppôts, ce qui revient au même. Par l’Enfer ! Par quel miracle, par quelle justice perverse crois-tu qu’on ait pu survivre ? Le Diable, si ce n’est pas toi, nous a à la bonne. Et à en juger par nos états de formes respectifs, il te préfère.

En prolongement de mes dires je poussai de toutes mes forces sur mes appuis pour me relever, me soulevant de quelques centimètres lorsque d’irrépressibles convulsions me mirent en échec. Ces signes d’épuisement m’enchantèrent, puisqu’ils étaient la mesure de ma performance sexuelle.

– Je vais attendre les pompiers.

Un regard instinctif sur ma queue, car ils ne manqueraient pas de la remarquer. Un sourire, fugace et satisfait.

– Merci... D’avoir été mon cobaye, en tout cas... C’était très chevaleresque.

Cobaye ? Chevaleresque ? Peut-être bien. Cobaye d’avoir été drogué à mon insu, abusé par un parfum, et chevaleresque de ne pas lui coller quelques tartines en représailles. Elle aurait pu ajouter imbécile et laxiste. Quelle cruauté !

– Demain, ou mieux encore dans une semaine, lorsque l’émotion sera retombée, tu pourras me remercier d’avoir été ton... cobaye. Cela me fera sans doute rire, car j’ai le sens de la répartie sais-tu ? Pour l’heure, remercie-moi plutôt pour tes orgasmes. Et pour ma fougue olympienne. Remercie-moi d’avoir été le meilleur amant que t’aies jamais connu et que tu connaîtras jamais.

... présumai-je. Ma voix avait tonné davantage qu’initialement prévu. Soit, dans ce cas l’exigence était sérieuse.
Titre: Re : Vodka Cola [Jane Watson]
Posté par: Jane Watson le dimanche 11 août 2013, 21:35:01
Le Diable... Ou un démon puissant, qui sait ? Jane n’était pas vraiment quelqu’un qui croyait en la magie, ni une femme très superstitieuse, et encore moins croyante... Ce qui, en Californie, pouvait passer pour un crime de lèse-majesté. En Dieu, elle ne croyait pas. Mais ce qu’elle avait fait ici avait quelque chose de magique. Elle le sentait, et la manière dont Alexeï s’était comportée l’illustrait. Dès lors, fallait-croire que, dans les profondeurs infernales, un abominable être rouge avec une longue langue fourchue veillait sur elle ? On disait les sorcières plus proches des démons que des anges. C’était une possibilité à ne pas exclure, même si Jane ne l’envisageait pas vraiment sérieusement... Tout comme elle ne considérait pas son breuvage comme de la magie pure. Ce n’est pas comme si elle avait fait apparaître des flammes au bout de ses doigts, ou créé des sortilèges terrifiants. Elle avait juste inventé une espèce de drogue très aphrodisiaque. Il y avait plus magique que ça !

*N’empêche...* songeait-elle.

Ce n’était pas quelque chose de très commun. Elle ne savait pas quoi en penser, et releva la tête quand Alexeï balança quelque chose qui la fit sourire :

« Remercie-moi d’avoir été le meilleur amant que t’aies jamais connu et que tu connaîtras jamais. »

Elle esquissa un léger sourire, pour lui répondre assez rapidement :

« Tu es un Russe, je ne me fais pas trop de soucis. Les Européens savent y faire. »

Surtout les Français, les Italiens, et les Espagnols, mais on disait que les Russes n’étaient pas mauvais là-dedans. À force de vivre dans le froid, il fallait savoir se réchauffer. Jane admettait en revanche que, dans ce domaine, les Américains n’étaient pas très... Glamour. Le puritanisme ambiant amenait à aimer plus que nécessaire la vulgarité et le sexe basique, ce que Jane avait malheureusement remarqué à bien des reprises. Elle n’était pas contre la crasse et les grossièretés, mais la Californienne avait aussi des goûts sophistiqués.

« Pour l’heure, t’as été mon meilleur coup, ouais, mais c’est dans la nature de l’être humain d’en vouloir toujours plus. »

Autant lui faire plaisir, cette soirée s’était terminée par une mort. Plutôt pas mal. Les pompiers ne tarderaient pas à venir, et Jane n’avait pas envie de passer sa nuit à l’hôpital, ou au poste de police. Fuku était un con, il était mort, c’était dans la logique des choses. Elle était rhabillée, et se rapprocha d’Alexeï, caressant sa queue, la pressant un peu, avant de l’embrasser sur le coin des lèvres.

« La prochaine fois, j’améliorerai mon breuvage. J’aime bien te voir transformer en fou furieux, mais j’aimerais éviter que ça se finisse en carnage à chaque fois... »

Jane lui fit un clin d’œil, puis se rapprocha de l’avant de la limousine, écartant un panneau qui lui permit de voir, outre des badauds regroupés, un cockpit complètement enfoncé. Fuku n’avait pas mis sa ceinture de sécurité. Quand la limousine avait heurté le devant, sa tête s’était écrasée sur le volant, et l’airbag s’était déclenché, le plaquant en arrière.

« La vache, y s’est pas loupé ! » commenta Jane, avant de revenir à l’arrière.

Elle aurait presque pris une photo, mais elle devait envoyer un message à Nell pour lui dire de venir la chercher.

« Si tu veux me revoir, Alexeï... Laisse un mot dans mon casier. »

Jane n’avait plus rien à faire ici, et se rapprocha de la sortie, avant de lui souffler un baiser, et de sortir dans la rue. En posant ses pieds sur le trottoir, elle regarda autour d’elle. Il était curieux qu’elle ne soit pas blessée autant que ça, malgré le choc. Elle saignait un peu, avait quelques hématomes, mais rien de bien méchant. Son bassin lui faisait en réalité bien plus mal que les conséquences de l’explosion. Est-ce qu’une bonne étoile veillait sur elle ? C’était bien possible, et ce n’était pas sans flatter son orgueil.

Quoiqu’il en soit, elle était convaincue d’une chose : faire l’amour dans une limousine avec un Russe drogué, c’était le top !