Rayne avait froid. Terriblement froid. Comme si elle se tenait au cœur d’une tempête enneigée en étant nue. Tout son corps grelottait fiévreusement, et Lyrinda semblait plus amusée qu’autre chose par cette situation. Rayne était du coup bien plus sensible aux caresses et aux autres stimulations sur son corps, mais, pour l’heure, le plaisir n’était pas vraiment là. Elle ne se sentait surtout pas bien, avec ce froid qui s’était abattu sur son corps. On avait beau dire que les vampires avaient le teint pâle et la peau froide, il s’agissait généralement de racontars et de légendes. Là, sa peau était froide, et ses lèvres remuaient rapidement, ses dents claquant entre elles. Elle sentait les ongles de la Drow se promener sur son corps, mais, tout ce que Rayne avait envie de faire, c’était de partir, et de se réchauffer près d’un gros feu de cheminée.
Le traitement, effectivement, n’était pas conventionnel, et la Dhampir se contenta de regarder Lyrinda en claquant des dents.
« A-A-A-ton avis ? »
A vrai dire, toute envie sexuelle était partie de son corps, maintenant qu’elle approchait l’hypothermie. La Drow continuait à s’approcher de son corps, à la caresser, à murmurer des propos salaces, mais, dans sa tête, Rayne les interprétait, non pas comme une invitation à faire des choses lubriques, mais comme des provocations. Tu voulais me défier, petite Dhampir ? On récolte toujours ce qu’on sème ! Cet harem n’était vraiment pas fait pour elle... Cette perspective s’imposa encore une fois à son esprit, alors que tous ses muscles se contractaient, et qu’elle se mit à éternuer sous l’effet du froid. Elle renâcla, en proie à un rhume, son organisme peinant à contrer les effets du poison drow.
« Ce... C’est... C-C-C’est bon, Ly... Lyrinda... »
Cette scène donnait un tout autre sens à l’expression « refroidir les ardeurs ». C’était comme si on avait jeté sur la tête de Rayne une douche froide. Rien de plus efficace pour tuer toute libido. Elle attrapa les mains de la Drow qui commençaient à se balader sur son corps, et les releva, usant de sa force vampirique, et repoussa la Drow. Rayne entreprit de se lever, mais sa migraine persistait sous l’effet du froid. Elle se frotta les muscles, et s’approcha du feu, continuant à trembler comme une feuille.
« Dé... Désolé d’avoir été in... Insistante, mais... Je-Je ne... Vais plus t’embê... T’embêter... ! »
Rayne éternua à nouveau, et sortit de la chambre, sans un regard en arrière. Pour elle, c’était clair ; Lyrinda avait cherché à se débarrasser d’elle. Comment expliquer autrement le fait d’avoir tenté de la congeler ? Ceci ne faisait que confirmer ce que Rayne devait se mettre dans le crâne.
*Seule, Rayne, tu es seule. Tu as toujours été seule, et tu le seras toujours. Cesse de croire qu’il te sera possible d’obtenir une famille, cesse de croire en ces stupidités terriennes qui te détournent de ton but. On récolte ce qu’on sème, et tu récoltes les fruits de ta stupidité.*
Rayne s’arrêta dans le couloir, toujours aussi gelée, et glissa. Ses jambes la lâchèrent, et elle se tenait les côtés en tremblant, essayant de conserver le contrôle. Il lui fallait un feu énorme, un endroit chaud, bouillant... Sa conscience, quant à elle, continuait à la harceler, implacable, dure, mortelle, tranchante.
*Médite bien les conséquences de tes actions, les enseignements à tirer de cette parenthèse. Refroidir ton sang, et te montrer ensuite, à l’aide de caresses précises, que tu ne peux plus ressentir de plaisir... N’est-ce pas, dans un sens, très poétique ? N’est-ce pas la plus belle leçon à tirer ?*
Rayne entreprit de se redresser, ses griffes raclant contre le mur. Son pouls battait lourdement dans sa poitrine, signe que son rythme cardiaque commençait à faiblir. L’hypothermie... Elle la sentait proche, et se mit à avancer lentement, sa vision se brouillant. Les cuisines... Une véritable fournaise. Elle avait besoin d’être au chaud. Elle éternua à nouveau, et avança, chancelant à moitié. Elle avançait le long du couloir, tremblant sans arrêt, cherchant les escaliers... Escaliers qu’elle trouva, mais elle trébucha, roula dessus. Sa vision était floue, ses sens ralentis. Elle s’écrasa sur le sol, mais ne ressentit aucune douleur. Rayne entreprit de s’agripper à quelque chose.
*On ne m’y reprendra plus jamais à courtiser une putain de psychopathe de Drow. Saloperie de harem de merde !*
Rayne parvint lentement à se redresser, mais le froid continuait à engourdir ses membres. Elle s’affala contre un mur, fermant les yeux en tremblant. Elle se replia alors en position fœtale, soupirant lentement en tapant contre le mur. Froid, froid... Elle ne parvenait plus qu’à penser ça. Elle avait si froid !