La réaction de la femme-soldat se fit sans attendre :
-- Primo, évites ce genre de geste et ne m'appelles pas « chérie » ou un autre du genre. Je déteste ça. Et vaut mieux éviter de m'énerver.
Secundo, toi tu viens d'arriver dans le coin, alors je te conseille de te changer, parce que porter des fringues militaires quand on ne l'ai pas, ça conduit au trou par ici. T'as de la chance que je vienne aussi de la terre, j'me suis faite avoir la première fois.
Et tertio, pour boire un coup, y'a qu'à suivre le mouvement, on va chez moi s'descendre une bouteille ou deux de bon whisky. Dire que les tekhanes sont un peu coincées serait un euphémisme, donc les bars, comptes pas trop dessus.
D'ailleurs il vaut mieux se faire discrète ici, les étrangères ne sont pas particulièrement les bienvenues. Enfin, tant que vous êtes avec moi ça devrait aller.
Scanda-t-elle, visiblement outrée de la façon d'être de Chikako, ce qui était compréhensible. De son point de vue, les militaires sont des psycho-rigides. Sur Terre, elle ne se serait pas gênée pour en coller une à Bérénice. Mais celle-ci semblait avoir la gâchette facile, et elles n'étaient pas sur Terre. Aussi fit-elle profil bas.
-- Okay, miss. Désolée pour cette entrée en matière un peu brut de décoffrage, je l'admet. Par contre, j'ai pas d'autres fringues dans ce bled, désolée !
Dit-elle en rigolant, appréciant toutefois la réaction de l'autre femme qui venait de poser sa main sur le bras de Chikako. La lutteuse garda donc son bras sur elle. Elle ne la repoussait pas, alors pourquoi s'en priver ? La cow-girl était toute aussi sexy que l'excitée de la gâchette. Elle n'y perdait pas au change du coup. Celle-ci se présenta :
-- Elesa Garland, enchantée, comme dirait les pieds-tendres. T'es pas du coin non plus, hein? J'viens d'arriver en ville aussi. Alors, d'où tu tiens tes biceps? T'es clairement pas une pied-tendre, ça c'est sûr. T'as fait du pénitencier? J'ai vu des orcs plus chétifs que ça.
-- Oh non ! Mon casier est aussi vierge qu'un nourrisson... Non, c'est que...
Joker... Chikako se demanda si la cow-girl la comprendrai. Peut-être qu'elle ne connaissait pas le catch, vu que ce sport était plutôt moderne et qu'elle paraissait tout droit venue du passé. Tant pis, elle prit le risque.
-- Je suis catcheuse et j'ai eu un bon mentor. J'ai du soulever pas mal de fonte pour me tailler ce corps, dont je suis pas peu fière. C'est mon outil de travail.
Ajouta-t-elle, en lui faisant un sourire aguicheur. Elesa ne semblait pas insensible à ses charmes. Raison de plus pour en profiter. Entre une lycéenne un peu coincée et une sirène un peu loufedingue qui avait faillie la noyer, Chikako était heureuse de rencontrer une personne comme elle, à l'aise dans ses pompes. La lutteuse se tourna ensuite vers Bérénice, et prit des pincettes :
-- Ma chère, puisque nous allons chez toi : essayons d'enterrer la hache de guerre et repartons du bon pied, tu veux bien ? Et je...
Et paf... Un bruit de détonation étrange, sans doute un blaster, retentit à quelques mètres d'elles. Un homme venait de se faire abattre par un attroupement de jeunes filles qui prit aussitôt la fuite. Chikako regarda l'homme étendu puis tour à tour ses deux camarades.
-- Euh... Qu'est-ce qu'on fait ? On va l'aider à votre avis ?
D'un côté, elle s'en moquait un peu, mais d'un autre, du peu qu'elle voyait il avait l'air plutôt mignon, ce qui serai un gâchis de le laisser mourir avec en prime le risque d'être accusées toutes les trois. Elle se tourna alors vers Bérénice.
-- Toi qui vis ici, tu as l'air de mieux connaitre les coutumes locales. On s'occupe de lui ou on se casse ?
Fidèle à elle-même, Chikako avait dit ça d'un ton stoïque.