Le prétendu Gentleman (Du moins, quand il est de bonne humeur) la vit accepter le défi avec plaisir. La partie allait prendre cette tournure intéressante, inédite, celle qui asservirait sans aucun doute cette présomptueuse qui pense réellement pouvoir gagner. Elle n'a donc rien compris. Mais Law se chargera de lui apprendre ! Il vide une bonne moitié de son verre. Il est important qu'il soit concentré pour la suite. Il n'a que faire de son état d'esprit, à elle : il est bien trop concentré sur les milles tortures qu'il pourra lui faire subir. C'est maintenant la hâte qui le gagne, tisse une épaisse toile dans ses pensées. Oui, il a hâte de punir l'affront.
Elle abat ses cartes. Il perd. Il semble terriblement contrit, le pauvre riche, pinçant ses lèvres dans une moue désolée, qu'il s'impose à lui-même. Est-ce que quelqu'un est vraiment dupe de ce manège ? Il fait le mauvais acteur, exprès. Un tragédien grec ne l'égalerait même pas dans cet art de forcer jusqu'à la caricature ses sentiments et émotions. Il aime surjouer. L'ironie.. Le sarcasme.. La moquerie. Oui, voilà, en quelques sortes, il se gausse d'elle, qui croit prendre une longueur d'avance. L'étau se referme. Une nouvelle main est distribuée, et il l'accueil sans broncher. Réunissant ses cartes sous sa main, il tapote encore dessus.
Hm. À ce rythme-là, je vais bientôt me retrouver sous vos ordres. Vous en frémissez, vous aussi ? Vous êtes en train de penser à tout les outrages que vous pourriez me faire subir. Me violer, entre autre. Ne soyez pas trop impatiente, les gens vont s'apercevoir de quelque chose, Cathleen. Oui, vous pouvez regarder votre jeu.
Mise ? Il monte. Il monte terriblement. D'ailleurs, il se retrouve sans rien : Il vient de jeter ses six jetons dans le tas. Avisant avec un sourire sa partenaire de jeu, il finira par la questionner.
On suit ou on se couche ?
Et évidemment, poussée par son mental, qui lui dicte une attitude sûre d'elle, sûre de gagner, sûre qu'il n'a pas les cartes nécessaires pour la battre, elle suit, rajoutant les quatre jetons qu'il manquait à sa mise pour égaler celle du Dandy. Le croupier semblait contrarié de la liberté que prenait son patron dans le jeu, celui-ci le rassurera aussitôt.
Servi aussi.
Il lui laisse l'honneur d'abattre ses cartes. Un carré. Honorable, plus qu'honorable. Au tour de Law.
Quinte Flush.
Equation impossible selon les savants calculs de Cathleen, qui lui donnaient une main bien moins chanceuse que cela. Même dans les "parts d'ombre", il n'était laissé nulle possibilité à une telle abherration. La seule solution ? Il trichait. Le croupier n'était sûrement pas au courant, vu la mine abattue qu'il affiche. Le pauvre, il aurait dû rester chez lui ce matin. Il a plus de pression sur ses épaules que Cathleen et Law réuni. Ce dernier élèvera la voix.
Ma pauvre dame. Chance semble de mon côté ce soir.
Et, empochant ses 12 jetons, il ajoutera :
A moins que ce ne soit pas de la chance. Mais cela, c'est impossible à prouver. A moins de compter les cartes, ce qui est strictement interdit dans les établissements de jeu, et en particulier dans le mien. Pourquoi en particulier ? Parce que de tout les dirigeants de maison de jeu, je suis le moins tendre. Je me demande ce que pourrais dire la justice si j'annonçais avoir gardé en captivité un tricheur. Oh, elle ne dira sûrement rien. Surtout avec un petit peu d'argent passé sous le manteau. Non, le pire pour ce "tricheur" en question, ce serait que ce ne soit pas un citoyen aussi "normal" que les autres. Et que donc, personne ne s'aperçoivent de sa disparition.. Et que les autorités ne veuillent même pas se charger de la rechercher, parce qu'après tout, des gens qui disparaissent, ça arrive. Alors on ne saurait plus rien de ce tricheur, et croupirait dans mes geôles pendant plusieurs jours, voir semaines. Et si ce tricheur était une jolie jeune femme avec un minois à faire fondre le plus endurci des prêtres, de magnifiques cheveux atypiques dans la région, et une attitude qui chatouille ma curiosité.. Là, là.. Qui sait ce que pourrait lui arriver.
Pause. Il jauge l'effet produit chez l'adversaire. Il se détend soudain, s'étirant, torse bombés, bras en l'air, avec une expression de plénitude ancrée sur le visage.
Heureusement que personne ne compte les cartes ici. Et donc, personne ne peut dire si les probabilités étaient réellement de mon côté ou non, n'est-ce pas ?
Elle était dos au mur. Pire, dans une fosse, trou humide, sombre et étroit où le Boss se complaisait à verser du ciment liquide pour figer sa partenaire dans sa culpabilité, à jamais. Soit elle admettait son "talent" interdit, et il mettait à exécution ses menaces, où il pourrait la séquestrer à loisirs le temps qu'il voudra. Soit elle continuait la partie, affrontant un manipulateur de cartes on-ne-peut-plus doué, et ainsi être quasiment sûre de perdre, sauf erreur de sa part - ce qui reste aussi peu probable que ses chances d'avoir la quinte flush qu'il venait d'aligner, c'est à dire, impossible -, et espérer qu'il ne soit pas trop méchant sur les 12 prochaines heures, avec cet "interdit sexuel" dont il s'est lui-même frappé. Il rend ses cartes au croupier.
Nouveau paquet. Vous mélangez bien. Et vous distribuez.
Une nouvelle fois, l'exécutant obéit, avec tout le calme que sa fonction exige. Il ne reste que 8 jetons à l'Irlandaise, 12 à Law. Celui-ci en jette 3. Il va la tuer, en trois tours.