L'accès de colère de Law fait sursauter Cathleen. La petite souris affolée, en elle, veut fuir cet endroit, cet homme ; l'irlandaise ressent le besoin d'être dans un endroit calme et où elle se sentirait en sécurité, et non plus sous pression constante. Les mains serrées de la jeune femme tremblent, même si elle essaye de le cacher à son patron. Le besoin de s'éloigner de Law se fait plus présent, et elle a juste le temps d'esquisser un pas en arrière, son coeur tambourinant déjà dans sa poitrine, qu'il la saisit par les cheveux pour la plaquer au sol, face contre terre. Ce n'est pas un cri, mais un vague gargouillement de terreur qui sortira de sa gorge. Une fois de plus, Cathleen joue le rôle de la proie prise au piège. Ses seuls mouvements sont ses tremblements terrifiés, alors que ses doigts se sont glissés dans sa chevelure de feu, dans l'espoir fou d'atténuer la douleur. Law se fait aujourd'hui impitoyable envers elle, et la maintient au sol d'une poigne de fer. Même avec toute la force de sa volonté, sans doute devrait-elle lui laisser une poignée de cheveux si elle voulait s'enfuir. Ses yeux verts disparaissent derrière ses paupières, alors que son boss ordonne, comme est de son droit de le faire, après tout. Sauf que ce qu'il demande semble insurmontable, une épreuve... Une épreuve impossible. Et la menace, en cas d'échec, lui donne envie de pleurer.
Aucune larme n'est tolérée.
Alors Cathleen serre les dents alors qu'elle tremble un peu plus, incapable de se contrôler. Ca ne devrait pas être si compliqué. Elle a vu, la façon dont se comportaient certaines des filles de joie de l'établissement pendant son spectacle, ou même, le comportement de certaines femmes en ville lorsqu'elle osait sortir. Que ne donnerait l'irlandaise pour sa cellule sordide, au sous sol du couvent de l'Enklaster Aferus, baignée par la lumière crue du soleil le jour, buvant de l'eau bénite et mangeant de l'ail la nuit, jusqu'à ce que les prêtres de l'ordre cessent d'essayer de prouver qu'elle est le monstre qu'elle n'est jamais devenue, lors de cette terrible nuit où elle a été mordue.
"Continue à avoir des pensées aussi rassurantes, ça va t'aider."
Les minutes défilent, interminables, et doivent sérieusement entamer la patience de l'homme qui la maintient toujours au sol. Cathleen essaye de s'imprégner des images, malsaines, de toutes ces filles de mauvaise vie. L'avantage d'avoir une mémoire prodigieuse comme celle de la rouquine, c'est de pouvoir étudier des détails sur des scènes vues il y a trois mois comme il y a quelques heures seulement. Elle prend encore quelques minutes avant de lancer d'un souffle suave :
- Et que diriez-vous de vous mettre bien plus à l'aise, Monsieur ? Ce lit m'a l'air plus... Confortable que le sol.
Cathleen lutte pour ne pas rougir. Cette situation est si embarrassante ! Elle voudrait pleurer, s'enfuir, disparaître. Elle sent Law se lever, la libérant de son poids, et la jeune femme laisse quelques secondes de flottement, réfléchissant à la meilleure façon de se relever... Cathleen décide de rouler sur le dos et de se redresser, ses mains glissant sur le tapis, et un regard qui se voulait confiant, un brin désireux et brillant. Elle relève les genoux, puis les ramène au sol, pliés, pour se dresser dessus avant de se lever complètement. L'irlandaise franchit les quelques mètres, bien trop peu nombreux, qui la sépare de son maître - oui, pour l'heure, parlons de maître, et non de patron - en roulant des hanches, une démarche souple et silencieuse, et qu'elle n'espère pas trop vulgaire. Le défaut dans son jeu, pour l'instant, est qu'elle est peut-être trop tendue, et qu'elle n'a pas cessé de tremblé. Cathleen est terrifiée par la suite des événements, et que Law ne prétende qu'elle l'a bien cherché si...
Pas de pensées négatives. Franchir l'épreuve, haut la main, avec brio. C'est tout ce qui compte. Si elle échoue, Cathleen en mourrait. Law est assis sur le lit, dos contre le mur avec lequel l'irlandaise avait cherché à fusionner plus tôt. Elle pose ses doigts sur son corsage, dont elle desserre le lacet avant de se pencher en avant ; ses mains se positionnent de part et d'autre des jambes de Law. Elle les fait glisser sur le drap, avançant petit à petit à quatre pattes, roulant légèrement des épaules. Cathleen a un instant d'hésitation, et ferme les yeux brièvement au moment où ses mains se posent sur les jambes de l'homme, remontent sur sa chemise, avant de venir se croiser derrière sa nuque. Elle finit de s'installer à califourchon sur Law, mais pourtant trop pudique pour s'asseoir sur ses cuisses ; elle est prête à dire que ce sont les plis de sa robe qui la gênent, s'il le faut. Cathleen colle son front à celui de son patron, alors que l'une de ses mains revient sur son épaule, caressant son cou, sa joue, s'aventurant parfois sur son torse. La voix de Cathleen ne tremble pas quand elle souffle :
- Monsieur Law... Puis-je vous appeler simplement Law ? Law... Savez-vous ce qui m'a attirée dans votre établissement, la première fois ? C'est sa réputation. Sa grandeur. Votre simple nom fait frémir les plus grands, le saviez-vous ? Je trouve ça terriblement... ... Attirant.
Cathleen tente de ne pas trembler quand elle défait le premier bouton du col de la chemise de son patron. Elle qui peut bluffer au jeu comme elle veut, qui est paradoxalement incapable de mentir... Trouve qu'elle ne s'en sort pas trop mal pour le moment. La suite risque de se corser.
- L'emprise que vous avez sur moi, depuis ce jour, Law, est déstabilisante. Savez-vous qu'il ne s'est pas passée une journée... Ou une nuit... Sans que vous ne hantiez chacune de mes pensées ?
Un second bouton saute, puis un troisième. Nouvelle hésitation alors qu'elle finit par passer la main sous la chemise. Cathleen a un sursaut au contact de la peau de cet homme contre la sienne, mais trouve le courage de continuer à caresser son épaule, et son cou. Pour cacher sa gène, elle enfouit sa tête dans son cou, a l'audace d'y déposer un baiser... Mais au moins, pendant ce temps, il ne la voit pas rougir, ni fermer les yeux et prier mentalement pour son salut. Sa position l'a obligée à se coller un peu plus contre lui, bien malgré elle. Pourtant, elle garde le contrôle sur sa voix, sur le souffle chaud qui arrive au creux de l'oreille de Law :
- Savez-vous combien de fois j'ai seulement souhaité que vous n'exigiez plus de moi ? Que vous exerciez cette autorité, que dis-je... Que vous n'en abusiez ? Moi qui pensais que vous en aviez assez de toutes ces filles trop faciles, qu'une timide coincée vous changerait... Au lieu de cela, vous vous êtes éloigné, Law... J'en ai eu le coeur brisé, vous savez.
Cathleen se redresse, prend tendrement le visage de son patron entre ses doigts frêles, caresse ses joues du pouce. Elle semble réellement souffrir du syndrome du coeur brisé, mais au lieu de cela, Cathleen souhaiterait se tuer pour tout ce qu'elle vient de dire et de faire.
- Je ne vous aurai pas menti sur un seul point, Law. Je suis réellement vierge. C'est un homme comme vous que je devais attendre. Je le sais, je le sens. Cette chaleur qui me brule les entrailles... Qu'attendez-vous pour exiger, Law ? Vous me menez à la baguette, je suis toute à vous... Pourquoi attendez-vous davantage ? Dois-je vous supplier ?
Et tout son jeu aurait pu être parfait si elle avait réussi à cesser de trembler légèrement pendant toute la scène. Cathleen prie, encore et toujours, pour son salut, et pour que ce soit passé inapperçu.