L'un des bandeaux noirs est approché de son visage, et avant même de pouvoir protester, de pouvoir reculer, Cathleen se retrouve aveugle. Tétanisée, elle cesse de respirer pendant quelques secondes, et la délicatesse avec laquelle il agit est empreinte d'une aura malsaine. Sous le bandeau, elle ferme les yeux. Geste inutile, qui signe sa résignation, une fois de plus. Il la fait avancer de quelques pas, et l'irlandaise ne cesse de se demander : pourquoi, pourquoi, pourquoi... Elle ne connait pas la réponse, et pourtant, elle va très bientôt devoir en trouver une, et même plusieurs ; mais cela, elle l'ignore encore... Elle aimerait secouer la tête, dire qu'elle n'a jamais accepter de subir cette épreuve - et elle ne veut surtout pas en ressortir "grandie" comme Law le dit avec une douceur diabolique... Son haut de forme disparait de sa tête, son accessoire fétiche, celui qui lui permet réellement de passer de Cathleen la peureuse à Zatanna la magicienne exubérante... (Même si pour le coup, elle n'aura pas eu occasion de vraiment jouer son personnage...) De toute façon, ce simple geste symbolique aura pour conséquence de donner l'impression à Cathleen d'être entièrement nue... Il lui attache les mains dans le dos, des mains qui tremblent déjà, et à peine le noeud est-il terminé qu'elle tente - pur réflexe ! - de le défaire. Il est solide, et ses doigts pas assez agiles, dans ces conditions, pour lui fournir un très très vague espoir de pouvoir s'en sortir.
Une heure. Si jamais il devait se montrer aussi clément que la veille, ce dont elle doute plus que sincèrement, ce serait long de rester ainsi tout ce temps - une véritable éternité. Non, il a parlé d'une épreuve, d'obéissance. Cathleen frissonne... La menace de rejoindre la blonde dans le cachot est le meilleur anesthésiant du monde, il faut croire : quoi qu'il arrive, elle devra obéir. Une épée sortie de son fourreau, la douce mélodie du fil crissant sur la bague qui retient la garde... Un son normalement agréable qui fige la jeune femme. Il l'agrippe par les cheveux... Va-t-il la tuer ? Lorsqu'elle ouvre la bouche pour demander grâce, c'est un cri à peine étranglé qui en sort, alors qu'il la fait ployer. Ses tremblements redoublent d'intensité, ne se limitant plus à ses mains qui cherchent plus que jamais à défaire le noeud. Cathleen sait qu'elle doit sortir, maintenant, ou bien elle sera encore plus foutue qu'elle ne l'est déjà. Ainsi placée, les odeurs des précédents ébats du maître lui arrivent aux narines, et elle étouffe à temps un sanglot, serrant la mâchoire, retenant sa respiration pour ne pas vomir ses tripes sur le tapis de luxe... Elle ne peut même pas avaler sa salive, de peur de se couper toute seule... "Seigneur, ayez pitié de moi !" L'épée commence doucement à faire le tour de sa frêle personne, suivant les mouvements parfois vicieux de son possesseur, sans pourtant jamais la couper... Ce n'est qu'une question de temps, et son corps tendu est près à craquer...
Il veut la vérité ? Il l'aura.... Mais quelle vérité ? Cathleen elle-même ne la connait pas...
Je veux que tu me dises pourquoi tu es revenue me défier. De quel droit penses-tu pouvoir ainsi t'opposer à moi ? Je te suis supérieur. Tu dois courber l'échine devant moi, te montrer obéissante, comme une chienne devant son maître. A moins que ce ne soit pour ça que tu sois revenu ? Pour que je te traite comme un esclave..
Cathleen voudrait secouer la tête, mais elle en est incapable ; si ce n'est ses tremblements convulsifs, elle est complètement tétanisée... Quelques secondes, une éternité de silence, seulement brisé par le bruit du pas léger de Law sur le tapis, alors qu'il lui tourne autour comme on observe sous toutes les coutures un chien de compétition... Il n'y a pas de bonne réponse, et pourtant, l'irlandaise en cherche une... Et finir par dire d'une voix tremblante, où perce toute l'horreur que lui inspire cette situation :
- Je ne suis pas venue vous défier... J-j-j-je voulais montrer que je... n'étais pas seulement une... une trouillarde... Rendre vos jetons, aussi... Je ne voulais, je ne veux pas m'opposer à vous. Je sais que je n'ai aucune chance... Je ne sais pas pourquoi je suis revenue...
L'idée d'être une esclave - son esclave à lui qui plus est - lui glaçait les sangs, bien sûr... et le simple fait de se rendre compte que c'est ce qu'elle est en ce moment fait frémir sa lèvre inférieure... Mais qui sait ce qui lui arrivera si jamais elle enfreint les règles... Elle doit user de toute sa concentration pour ne pas laisser sortir le moindre sanglot, dans sa voix, et elle baisse très légèrement la tête... Elle ne peut rien faire. Cette impuissance, pour la première fois, l'exaspère ! Ses doigts malhabiles continuent à tenter de défaire le noeud, et sans doute le resserre-t-elle davantage plus qu'autre chose...
Je veux aussi que tu me dises ce que tu ressens en cet instant. Décris-moi tes pensées, tes sentiments, tes impressions. Dis-moi ce que tu penses que je vais te faire, vu que tu es totalement sous mon contrôle.
Dis-moi aussi ce que tu penses de moi. Selon toi, pourquoi suis-je comme ça ? Et pourquoi je te fais subir cela ?
Cathleen cherche à s'encourager... A se persuader qu'elle doit trouver LE mot magique qui la fera partir d'ici, qui la fera disparaître... Celui qui lui fera oublier cette femme blonde... Celui qui la sortira de cet horrible guêpier où elle s'est fourrée toute seule comme une grande fille bien stupide... Elle a un léger rire nerveux, hystérique, qui ne dure pas bien longtemps... Elle ferme les yeux le plus fort possible pour que les larmes ne coulent pas.
- Je suis terrifiée.", répondit-elle sans hésitation. Pour une fois ! "Je ne sais pas ce qui va se passer, ce que vous attendez ou voulez de moi... Je me dis que mon bon coeur me perdra et que la prochaine fois, je devrai réfléchir à deux fois avant d'agir. Si je n'avais pas dénoncé cette fille, je n'en serai pas là..."
Sa voix hoquète de façon misérable.
- Je suis terrifiée", répète-elle. "Vous semblez tout savoir de moi, et tout ce que vous avez bien voulu me montrer de vous n'était qu'une farce, une... Mascarade pour m'attirer jusqu'ici... J'avais peur, et j'espérai qu'un lieu où je me sente bien, comme un Casino, me permettrait de souffler un peu... Moi qui suis terrifiée par l'extérieur, je souhaiterai y être plus que tout..."
Son discours était décousu, mais elle parlait comme cela lui venait dans son esprit torturé. Tout n'était que question de concentration : rester droite, ne pas lui faire entendre les sanglots qui ne demandaient qu'à être exprimés... En cet instant, Cathleen se rendit compte de l'emprise qu'il avait sur elle, l'emprise qu'elle laissait à quiconque l'approchait trop... Elle avait voulu lui faire confiance et enfin, enfin ! Elle était malheureusement tombée sur quelqu'un qui abusait de cette naïveté pathétique. Impuissante face à ce noeud qui entamait sa patience, Cathleen serra les poings, enfonçant ses ongles dans la paume de ses mains... Avoir conscience de son impuissance n'allait hélas pas l'aider à lutter contre Law...
- Je suis toujours tombée sur des gens de confiance, jusqu'à présent, les rares fois où j'ai demandé de l'aide... Et maintenant, je suis tombée sur vous. Ô Seigneur..." Ces derniers mots sont sortis dans un murmure étranglé. "Et à présent, je suppose que je vais avoir droit à la plus difficile des leçons de vie que j'aurai jamais... Je ne serai pas votre esclave, Messire Law. Je ne... veux pas.
Comme si sa pauvre volonté pouvait y faire quelque chose... Elle ne sait pas ce qu'il pense de ses réponses, et rien dans ses mouvements ou dans ceux de l'épée sur son corps ne lui permet de deviner si ce sont des réponses convenables ou non. Silence pesant, et si ce n'était cette épée qui continuait à se mouvoir, Cathleen penserait être seule... Elle entend le lit grincer légèrement, alors que la fille doit mieux se positionner pour observer le spectacle... Et quelle triste et abjecte représentation ! L'irlandaise se sacrifie pour une illustre inconnue, et l'amante d'un soir de Law ne bougera même pas un ongle pour elle... Oh oui, c'est une terrible leçon de vie qu'elle apprend...
Cathleen.. Je pense que tu veux quelque chose de moi. Et je pense aussi que c'est inconscient. Je te dis hier que tu serais sexy en tenue de jeu et, te voilà, paraissant dans mon casino, habillée de telle sorte que la simple évocation de ce que tu portais a réussi à m'exciter.. Ma Belle, je vais révéler tes envies les plus profondes, celles que toi-même tu ne soupçonnais pas.
Cathleen a l'odieuse insolence de secouer la tête négativement :
- Noonnnn" gémit-elle. "Je ne l'ai pas fait pour vous plaire, juste pour tenter de me donner une confiance en moi toute relative - abandonner Cathleen pour Zatanna. Je ne veux pas, je... Les seules envies que j'ai sont de retrouver mon frère, de mener une vie tranquille et recluse et..."
Et rien d'autre, pauvre petite Cathleen. Law s'arrête, juste devant elle, et lui demande... D'accepter d'être humiliée comme jamais. Que faire ? Accepter, rompre le serment qu'elle a fait à sa Mère il y a si longtemps, ou finalement, refuser et se retrouver dans un cachot plein de gros bras qui n'auront pas la délicatesse - certes, toute relative - de Law ?
- Ô Seigneur..."
Cette fois, elle ne peut rien pour retenir les larmes... Il lui a demandé de ne pas sangloter, elle n'enfreint aucun règle en pleurant, tant que c'est en silence...
- Par pitié, épargnez-moi, Monseigneur... Pas ça... C'est au-dessus de mes forces... Je peux vous jurer de ne plus avoir de tels états d'âme, de ne plus vous en faire part, si vous m'épargnez... Je ne peux pas souffrir telle humiliation, je vous en supplie...
Et Cathleen prie. Prie pour être absolue de cette tâche ingrate, prie pour ne pas vomir à ses pieds malgré tous les spasmes qui contractent son estomac... Et puis, elle à l'audace de tourner la tête, de profil, une fois de plus, et de la baisser...
- Je vous en supplie... J'ai bien compris la leçon... Ne m'envoyez pas dans ce cachot, je vous en prie...