Marine regarda une nouvelle fois la pendule en face d’elle, 17h03. Elle soupira mais que faisait donc l’interne. L’infirmière lui avait dit qu’il devait passer entre 16h et 16h30. Elle devait sortir aujourd’hui mais elle devait attendre le feu vert du médecin qui se faisait attendre alors qu’elle n’attendait que de pouvoir quitter cet endroit. Comble de l’horreur, l’infirmière lui avait interdit de se lever et de s’habiller.
« Vous devez attendre la visite de l’interne ! C’est lui qui vous dira si vous pouvez partir ou non ! »
La jeune femme avait dû prendre son mal en patience. Néanmoins, le temps lui paraissait bien long maintenant que William n’était plus là. Voyant qu’elle ne risquait plus rien, il s’était décidé à rejoindre son bureau et le tribunal. La jeune femme en était ravie car elle considérait que son travail était plus important qu’elle et surtout qu’il comptait beaucoup pour lui-même. Cependant elle était heureuse car il lui avait dit qu’elle passerait toujours avant.
« Bonjour, comment allez-vous ? »
La porte s’était ouverte brusquement laissant passer non pas l’interne mais le chef de service en personne. Celui-là même qui l’avait auscultée à son réveil. Nul doute que son amour ait insisté pour que se soit lui et non un subalterne qui prenne soin d’elle. Le médecin s’approcha d’elle et après s’être assuré que physiquement ça allait, toute une série de questions s’en suivit.
« Avez-vous des nausées ? Des vertiges ? Des douleurs ?... »
La jeune femme répondit par la négative. A part quelques douleurs au crâne de temps à autre et qui passaient avec un bon antalgique, elle n’avait plus rien sauf un poignet foulé. Ce qui était quasiment miraculeux vu le choc qu’elle avait reçu. Son corps bien entraîné avait su réagir au choc et elle récupérait vite.
« Bien. Dans ce cas, je vais vous prescrire quelque chose pour vos maux de tête et vous devrez revenir dans trois semaines pour que je vérifie votre poignet. L’infirmière va refaire votre pansement et vous pourrez sortir »
Il griffonna une ordonnance avant de s’incliner et de sortir de la pièce. L’infirmière resta et refit consciencieusement le bandage qui lui tenait le poignet gauche. Marine se laissa faire sans rechigner car cela hâtait sa sortie. Une fois le pansement en place et l’infirmière sortie, la jeune femme se leva et entreprit de s’habiller.
Par chance, l’accident n’avait pas déchiré son vêtement. Il avait juste été tâché par son sang mais la blanchisserie de l’hôpital avait réussie à tout enlever. Tant bien que mal, elle réussit à enfiler ses sous-vêtements noirs, ses bas, son chemisier blanc, sa jupe noire, son corset et ses bottines. Elle alla vers la porte, attrape l’ordonnance au passage, sortit et se trouva face à Ideki, le chauffeur de William. Marine lui sourit. Elle se doutait bien que son preux chevalier servant avait bien prévu quelque chose pour sa sortie. Le pauvre devait l’attendre depuis un moment déjà. Elle se dirigea vers lui.
« Je suis désolé de vous avoir fait attendre Ideki. Mais je suis très heureuse de vous voir, cela me donne l’occasion de vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi. Je vous en serais éternellement reconnaissante. Merci infiniment »
Elle lui adressa son plus charmant sourire. Le chauffeur sembla embarrassé. Il se passa la main dans les cheveux et lui rendit son sourire.
« Je n’ai fait que mon devoir. Y’avait rien d’exceptionnel vous savez mademoiselle ! »
Marine lui sourit à nouveau.
« Monsieur Dolan m’a demandé de vous servir de chauffeur. Je dois vous conduire où bon vous semble, mademoiselle »
Marine hocha la tête et se dirigea vers les ascenseurs. Elle n’avait qu’une hâte, quitter cet endroit bien trop aseptisé pour elle. Quelques minutes plus tard, elle se retrouvait dehors et aspira profondément l’air. Elle se sentait bien mieux maintenant.
« Par ici mademoiselle »
Marine suivit le chauffeur vers la berline et pénétra à l’intérieur alors qu’Ideki lui tenait la portière. Une fois que le chauffeur fut à sa place, il lui demanda où il devait la conduire. La jeune femme réfléchit. Sa première idée fut de rejoindre William, elle avait terriblement envie d’être avec lui mais elle se rappela alors l’hôtel. Elle avait payé sa chambre jusqu’à la fin de la semaine… dernière. Elle devait aller là-bas pour voir où était allées ses affaires. Elle en possédait peu mais tenait à les conserver. Et puis, le peu d’argent qui lui restait se trouvait dans la table de chevet, elle devait le récupérer.
« Conduisez-moi à mon hôtel, s’il vous plait Ideki »
Il hocha la tête en signe d’assentiment et quitta le parking de l’hôpital en direction de l’hôtel de la jeune femme. La circulation était relativement fluide à cette heure et ils arrivèrent rapidement devant le vieux bâtiment délabré. L’homme vint lui ouvrir comme à son habitude.
« Pouvez-vous m’attendre quelques minutes ? »
Elle craignait de n’avoir plus vraiment de chez elle.
« Bien sûr, mademoiselle. Prenez tout votre temps »
Marine monta alors les escaliers et se rendit à l’accueil. L’homme regardait d’un œil vitreux un vieux poste de télé. La jeune femme avait retrouvé son air froid. Il leva les yeux vers elle.
« J’ai loué votre chambre. Et vos affaires, j’ai tout fichu en vrac dans votre valise. Elle est là, vous avez qu’à la prendre »
Il s’était adressé à elle avec un ton monocorde et totalement je m’en foutiste ce qui énervait prodigieusement la jeune femme. Néanmoins, elle resta maître d’elle-même comme toujours ou presque.
« J’ai quelque chose à récupérer dans ce qui était ma chambre. Aussi pourriez-vous m’ouvrir la porte, s’il vous plait ? »
Elle espérait que ni le gérant, ni le nouvel occupant, n’avaient trouvé et pris son maigre pécule. Un nouveau coup d’œil vers elle et il lui donna la clé. Visiblement, il se préoccupait bien peu de l’intimité de ses locataires. Cependant, elle ramassa la clé et monta dans ce que fut sa chambre durant pas mal de temps. Elle ouvrit la porte et découvrit un véritable désordre. Des vêtements sales et jetés n’importe où, les chaussures subissaient le même sort et les cafards s’ébattaient joyeusement dans ce capharnaüm. Marine évita méticuleusement tout ça et atteignit la table de chevet. Elle attrapa le tiroir et le renversa. Elle sourit son enveloppe était toujours présente. Elle l’arracha et remit le tiroir en place.
« Hummmm… quoi ?... qu’est-ce qui se passe ici ?... »
Marine sursauta en attendant ces mots et en voyant une tête hirsute sortir de l’amas de vêtements posés sur le lit.
« Rien, rien, rendormez-vous ! »
Sans attendre, la jeune femme reprit la direction de la porte qu’elle referma avant de redescendre à l’accueil tout en fourrant l’enveloppe dans sa poche. Elle déposa la clé sur le comptoir et attrapa sa valise que l’homme avait posée devant sa porte. Marine prit cette dernière et repartit vers la voiture. Ideki attrapa la valise et la mit dans le coffre avant d’ouvrir à nouveau la portière et de laisser la jeune femme s’installer. Une fois à sa place, il jeta un coup d’œil dans son rétroviseur en direction de la petite amie de son patron. Celle-ci se trouvait bel et bien coincée. Elle se retrouvait sans abri. Enfin, pas tout à fait, vu que William lui avait proposé l’appartement du centre ville. De toute façon, elle avait envie de le voir, d’être avec lui, dans ses bras donc la réponse allait de soi à la question silencieuse d’Ideki.
« Conduisez-moi à William… Euh je veux dire à Monsieur Dolan, s’il vous plait »
Ideki sourit dans le rétroviseur. Il devait se douter de l’issu de la course. Marine sourit à son tour en rougissant. La berline reprit sa route. La nuit était tombée. Il devait bien être 19h30 voir 20h. Le trajet fut encore plus court que le précédent et ils se retrouvèrent devant l’immeuble de William. Marine ne savait pas du tout où travaillait William et à la vue du bâtiment, elle se sentit toute petite. Elle sortit de la voiture et monta les quelques marches menant à l’entrée.
*Cabinet Dolan*
Ainsi, l’immeuble lui appartenait. Cela n’étonna guère la jeune femme. Elle s’en était doutée en arrivant devant. Elle poussa alors les portes vitrées pour se retrouver dans un hall immense. Elle ne savait pas trop où aller, ni quoi faire.
[HRP : Désolé si j'en ai fait des tartines ^^']