La succube regarda la terranide-renarde venir au signe de Tinuviel. Celle-ci lui gratta l'oreille avant de l'embrasser et elle senti la vile piqûre de la jalousie la tourmenter. Elle détourna les yeux pour ne pas déranger les deux amantes. Après tout, l'elfe rouge l'avait prévenue, elle avait de nombreuses épouses. Elle aurait eu mauvais jeu de le lui reprocher, n'étant elle-même pas sûre de comment elle se comportait avant de perdre la mémoire. Tinuviel vint lui prendre un baiser qu'elle lui offrit de bon cœur, heureuse de pouvoir en avoir un.
- Je ne bougerais pas d'ici ma chérie, lui sourit-elle avec amour. Tu trouvera le lit tout chaud et prêt à servir quand tu reviendras, ajouta-t-elle avec un sourire entendu.
Quand l'elfe ressorti, la succube en profita pour se lever à son tour et, pour une raison qui lui échappa un peu, décida de changer les draps et de faire quelques ablutions. Après tout, son épouse apprécierait sans doute qu'elle soit propre et que le lit le soit aussi. Surtout si à son retour se concrétisait une possibilité de reprendre sous la couette ce qui avait si bien été entamé hier.
Rin et Syria regardèrent arriver la grande elfe en armure avec appréhension. Avoir discuté avec la terranide-renarde habillée en maid leur avait fait comprendre qu'elles n'avaient pas affaire à la maîtresse de maison, mais cette fois, cela semblait être un peu plus le cas. Cette impression dut confirmée quand elle se présenta et les deux demoiselles la jaugèrent des pieds à la tête, se demandant ce qu'il fallait s'attendre d'elle. Elles ne purent cependant cacher leur surprise quand elle les invita à entrer, parlant de faire servir de l'eau et de la nourriture. Les regards des demoiselles s'éclairèrent à cette mention et Rin passa nerveusement sa langue sur ses lèvres gercées. Elle avait si soif... À court d'eau depuis le soir précédent, elles avaient déployé des trésors d'intelligence pour essayer de se ravitailler en eau, mais ce désert était encore plus hostile que ceux qu'elles connaissaient sur terre. Qu'une telle bâtisse y soit ainsi apparue, relevait pour elles du miracle.
Elles ne se firent donc pas prier pour suivre l'elfe rouge jusqu'à un salon et s'assirent aussitôt qu'elles le purent, Syria poussant un soupir de soulagement quand elle put enfin faire reposer son poid sur ses fesses plutôt que ses pieds. Elle s'était tordue la cheville hier en milieu de journée et avait souffert de devoir continuer à marcher. Mais elle ne voulait pas essayer de voler. Révéler sa vraie forme de succube pourrait avoir des conséquences désastreuses si cette esclavagiste se mettait en tête d'acquérir une secondes succube. Surtout si en plus elle apprenait qu'elles étaient mère et fille. Certains pervers de Nexus seraient prêts à dépenser des sommes astronomiques pour mettre la main sur un couple de succubes mère/fille. Et tant qu'elle avait sa mère, elle était pieds et poings liés.
- La bonne journée madame, entama Rin en tentant un sourire aimable qui rendit assez mal avec ses lèvres qui se mirent à saigner dès qu'elle tenta de les étirer.
Mais elle les ignora, désormais habituée à toutes sortes de douleurs.
- Nous avons fait long et périlleux voyage en apprenant que vous aviez probablement acquise récemment l'une de nos connaissances.
Les deux filles avaient été atterrées d'apprendre au dernier village avant le désert que Tessia semblait ne pas avoir réintégré son enveloppe charnelle, aussi il était inutile de tourner autour du pot. Si elle l'avait réellement acquise, elle devait déjà savoir de quoi il s'agissait.
- Cette nôtre connaissance est une créature démoniaque de plus de deux mètres, avec de longues cornes, des oreilles pointues, des yeux en amandes aux pupilles rouges, des ailes aux articulation blindées de chitine et une queue qui est tout autant protégée que ses ailes par ses attributs naturels. C'est une succube connue sous le nom de "Tessia Alexanders" Il se trouve que cela nous peine qu'elle soit en captivité et nous souhaitions savoir s'il y avait possibilité de vous en délester... Contre rétribution bien entendu...
Syria détourna le regard, dégoûtée de devoir négocier comme une marchande de tapis pour récupérer sa mère. C'était sa génitrice enfin ! Pas un bibelot que les gens pouvaient acheter ou posséder ! Et pourtant, c'était bien l'extrémité où elle en était réduite et une larme d'impuissance roula sur sa joue.
Payer pour revoir sa mère ! Les esclavagistes n'étaient vraiment que des preneurs d'otages à ses yeux. Elle laissa Rin tenter de négocier sans dire un mot. Elle alluma son téléphone pour y regarder la photo de fond d'écran, la représenta elle, sa mère et ses trois soumises. Sa sœur adoptive n'y figurait pas parce qu'elle n'avait pas encore eu le temps de prendre une photo toutes ensemble.