Le prix du vol.[L'Ordre de la Croix du Sud]

Une ombre jaune sautait de rue en rue, poursuivit par une série de véhicule de police. Cette ombre brandit sa main vers  le ciel sombre, augmentant à son paroxysme la densité de la pluie. Les véhicules de polices n'eurent d'autre choix que de s'immobiliser, les quelques rares casse-cou ayant finit dans un poteau, leurs pneus ne pouvant adhérer sur une route totalement trempée.  L'ombre ne semblait nullement inquiétée par la pluie, sa tenue repoussant l'eau. C'est alors qu'il eut un moment d'inattention, le poussant à déraper sur un endroit glissant. La chute fut on ne peut plus douloureuse. L'ombre jaune ne chercha pas à rester dans cette grande rue et prit une ruelle adjacente, disparaissant de la vue de possible témoin.

Samaëlle attendit un moment avant de s'adosser contre le mur, poussant un long et profond soupir de soulagement. D'un geste expert, il défit la cordelette pour observer le fruit de son vol, une petite statuette en or, tout du moins pour un œil amateur. Il prit l'objet en main et d'un geste violent, le fracasse au sol. L'objet partit en d'innombrable éclats, c'était un faux, un vulgaire bibelot sans la moindre valeur.  Dès cet instant il ne restait plus qu'une chose à faire, chercher quelque chose de valeur pour le revendre.

Le voleur passa toute la nuit à traquer de possible trésors, en vain. Ce fut près d'un temple abandonné que son masque réagit bizarrement. Samaëlle pouvait sentir comme un appel lointain. L'humain prit donc le choix d'entrer dans le temple et bien mal lui en prit. Une sensation de vertige le prit. Le voleur s'appuya sur un banc, qui disparut en un instant, le faisant chuter sur un sol dallé. Le pai auditive du temple avait été changé par le brouhaha d'une foule pour le moins bizarre. Samaëlle se serait crut à une époque antérieur, on aurait dit le moyen-âge français. Mais l'ombre jaune ne devait pas rester là. Les regards se portaient sur lui, sans pour autant trouver sa tenue choquante. Ce qui semblait être des nobles vinrent même à s'écarter de son chemin. L'humain doutait, étai-il encore sur Terre ? L'idée d'avoir traverser le temps lui semblait si … idiote.

Son estomac fit un appel, le voleur partit donc à la recherche de nourriture à piller. Il dû bien se rendre compte qu'ici les poubelles n'existaient pas et que les marchands avaient un regard bien trop vif pour subtiliser autre chose que des pommes. Samaëlle put goûter à des pommes bio, la saveur était comme un feux d'artifice, juteuse à souhait. L'ombre jaune prit un temps pour réfléchir. Il ne pouvait survivre sans avoir des objets à échanger, aussi fallait-il voler des biens aux personnes.  Montant sur un toit en ardoise, il prit laposition du guetteur, regardant d'en haut les possibles proies.

L'une d'elle eut le malheur de passer dans le champs de vision du voleur. Il s'agissait d'une jolie blonde, portant une tenue martiale. Samaëlle sentait à son attention qu'elle ne serait pas facile à voler, mais c'était aussi le stéréotype des personnes ayant des objets de valeur. Le bien le plus précieux semblait être une épée finement ouvragée. Son petit tour avait permit de savoir qu'un tel objet pourrait se revendre à bon prix chez un marchand, quelques pièces d'or s'il avait bien comprit.

Samaëlle se jeta vers le sol, inversant le champs magnétique au dernier moment, atterrissant avec souplesse. D'un pas souple, faisant mine de ne pas être intéressé par la blonde, il marchait vers elle. Il attendait d'être à quelques centimètre pour stopper le flux du temps. Il s'agissait là d'un effort terrible pour le voleur. Manipuler le temps était autre chose que de stopper de l'eau. Son masque avait beau lui conférer d'immense pouvoir, il ne pouvait se comparer à un dieu. Le temps pressant, il défit la ceinture contenant le fourreau et l'arme. Le voleur se mit à courir alors que le temps reprenait ses droit.

Samaëlle avait bien dix mètres d'avance, mais son souffle n'arrivait pas à suivre, il avait stoppé trop longtemps le flux temporel. Se sachant pour l'heure trop faible pour faire un bond sur les toits, il prit une petite ruelle et continua sa courses, utilisant sa capacité pour donner à l'impact de ses pas suffisamment de puissance pour renverser les caisses empilée ça et là.

Le voleur prit différent chemins, ne cherchant pas à réfléchir, il sentait la blonde à ses trousses et donc changea sa stratégie, se cachant dans une grande place. Il était planqué dans un tonneau, un parmi les trentaines qui étaient dans la place bondée de personnes.

Thalia Seynaki. Une femme très facilement remarquable. Bon, en même temps, elle faisait tout pour, multipliant les actes plus ou moins réfléchis qui pouvaient lui forger une réputation digne de celle qu’elle avait dans sa première vie. La même ou bien une totalement différente, mais équivalente en termes de force.

Marcher dans la ville de Nexus est une chose bien dangereuse. Surtout quand on est une femme, et encore plus quand on n’est pas humaine. Heureusement, Thalia avait plusieurs atouts dans sa manche. Tout d’abord, elle avait une apparence intégralement humaine. Ensuite, elle avait une épée à la ceinture, de quoi dissuader les éventuels chercheurs d’ennuis. Et enfin, elle savait se battre. Pas seulement avec son épée citée précédemment, mais aussi avec toutes sortes d’armes, bien que l’épée était de loin sa favorite.

C’est la raison pour laquelle le voleur venait de provoquer une catastrophe incommensurable. Il lui avait pris son épée. Il avait dérobé à Thalia son bien le plus précieux, celui dont elle ne se séparait absolument jamais. Elle ne savait pas comment il s’y était pris, mais l’arme n’était maintenant plus à sa ceinture et ça, il allait le lui payer au centuple.

La jeune femme regarda autour d’elle. L’instant précédent, elle avait encore son épée. Le voleur ne pouvait pas être bien loin. Elle finit par le trouver. Comment ? C’est très simple : c’était la seule personne à courir dix mètres plus loin alors qu’une seconde plus tôt il était juste à côté d’elle. De plus, il avait l’épée dans la main. Thalia se lança immédiatement à sa poursuite.

-Attends un peu, sale voleur ! hurla-t-elle. Reviens tout de suite ou je te promets les trois pires jours de ta vie dès que je te mettrai la main dessus !

Elle ne plaisantait pas et n’exagérait pas non plus. Le dernier malheureux à avoir essayé de lui voler son arme avait de fait passé les trois pires jours de sa vie. Thalia  l’avait séquestré et passé à tabac à intervalles réguliers, jusqu’à être certaine que le message était bien passé. Mais ce voleur-là ne la croyait visiblement pas, puisqu’il continua de courir. Il renversait quelques caisses sur son passage, comme s’il espérait que ça la ralentirait. Pauvre naïf qu’il était ! Thalia sautait par-dessus les obstacles sans la moindre difficulté. Elle ne lâchait pas sa cible des yeux.

Un petit détail changea cependant la donne : il atteignit une place noire de monde…et disparut. Thalia pila net. Tournant dans tous les sens pour le trouver, elle enrageait de l’avoir perdu. Elle était tellement en colère que des arcs électriques commencèrent à apparaître autour de son corps. Puis elle explosa.

-MONTRE-TOI, VOLEUR !!!!!

Hurlant toute sa colère, elle projeta l’électricité qui émanait d’elle à travers la place, effrayant les gens et détruisant pas mal d’objets.

Après cette bêtise pour le moins énorme, Thalia, à peine calmée, regarda à nouveau autour d’elle. Un homme lui faisait de grands signes de la main, indiquant de l’autre un tonneau parmi tant d’autres. C’était donc là qu’il se cachait ? Thalia alla jusqu’audit tonneau et regarda dedans. En effet, le voleur y était. Elle renversa le tonneau et fit sortir l’homme. Elle l’attrapa par le col pour le relever.

-Tu as quelque chose qui m’appartiens, mon gaillard. Et manque de chance, comme tu ne t’es pas arrêté plus tôt tu vas prendre la raclée de ta vie.

Elle reprit l’épée au voleur et le traîna jusqu’à sa maison, à quelques rues de là, fermant la porte derrière eux. Elle le poussa ensuite violemment en avant.

-Tu aurais dû t’attaquer à quelqu’un d’autre.

L'humain était caché dans son tonneau et essayait de se calmer. Ses capacités étaient dure à maîtriser. Il avait clairement besoin de faire une petite pause pour économiser ses forces dans le cas, improbable où il serait découvert. Seulement il y avait deux choses qu'il n'avait pas prit en compte. Premièrement la faculté de sa proie à utiliser la foudre. Autant dire que l'ombre jaune se tapis davantage au fond de son tonneau ent priant pour qu'aucun éclair ne touche sa cachette. Il savait qu'au mieux le bois brûlerais, au pire … il pouvait dire adieu à la vie. Samaëlle entendait la soldate se déchaîner. C'est alors que la deuxième chose non prise en compte apparut, le fait qu'une personne vend la mèche.  En sentant sa nuque frémir il leva la tête et se savait cuit.  Il était trop à l'étroit dans le tonneau pour esquiver n'importe quel coups, de plus il son niveau d'énergie magique était trop faible pour se permettre un autre arrêt du temps.  En tout cas pas sans prendre le risque de perdre la vie. Samaëlle ne fut pas intimité, l'annonce de la blonde sonnait comme une punition, chose dont il avait été habitué, en plus des menaces de morts et compagnie.

Aussi abandonna-t-il rapidement toute tentative de s'échapper. Il était plus faible que La jeune femme,qui devait avoir constaté la légèreté du corps de sa victime. Quand on a que la peau sur les os on ne peut rivaliser avec une force martiale entretenue. Pour éviter de se blesser inutilement, il use de ses mains lors de sa sortie en "douceur" de sa cachette. Il n'offrit aucune résistance, visiblement la blonde comptait s'occuper de lui dans un endroit moins voyant. Samaëlle avait encore un atout dans sa main, il savait tout le potentiel de Thalia, la foudre pouvait facilement être déviée si on offrait un "chemin" dans l'air plus propice pour elle.

Il admira un temps le lieu qui servait de domicile à l'électromancienne. L'habitat avait des murs épais, de quoi étouffer tout ce qui pourrait se passer à l'intérieur. Vint l'heure des comptes. L'humain se mit à épousseter sa tenue, puis fixa les yeux de Thalia. Dans son regard s'embrasait de la malice et de l'intelligence.

- Oui, mais qui ne tente rien n'a rien, c'est un dicton que vous ne devez certainement pas connaître. Pourrais-je savoir le nom de la personne qui m'a pris la main dans le sac ?

Le voleur n’opposa pas la moindre résistance quand Thalia le sortit de sa cachette, ni quand elle l’amena jusque chez elle. Soit il avait trop peur pour se débattre, soit il était assez intelligent pour comprendre que ce serait une perte d’énergie, soit il avait une solution. Thalia n’avait pas envie de savoir pour l’instant laquelle de ces trois possibilités était la bonne.

Ce qui inquiéta Thalia, c’est la lueur de malice qu’elle voyait dans ses yeux alors qu’il lui répondit, se moquant d’elle.

"D'accord, possibilité trois, donc. J'ai intérêt à me méfier de lui."

Il devait avoir plus d’un tour dans son sac pour être aussi sûr de lui. Il se permit même de lui demander son nom.

-J’ai envie de ne pas te répondre pour te faire tourner en bourrique, mais tu me plais bien, je dois l’avouer. Tu es intelligent. Je m’appelle Thalia Seynaki. Cette information ne te sera pas très utile quand je commencerai à m’occuper de toi, mais bon.

Elle le regarda attentivement. Si elle devait décrire cet homme avec une couleur, ce serait assurément le jaune. Pas une couleur pratique quand on est voleur. Y avait-il une raison ou bien était-il simplement un peu débile sur les bords ? En tout cas, il n’avait pas l’air bien vivace. Ses vêtements en lambeaux devaient cacher une maigreur inquiétante, Thalia avait l’œil pour ce genre de choses. Son visage était camouflé par un masque, seule chose qui n’était pas jaune chez lui puisque même ses mains l’étaient.

-Dis donc, si tu n’avais pas ce regard, je jurerais que tu es un cadavre ambulant. Pourquoi portes-tu un masque ? Ton visage est si affreux ?

Elle tendit la main pour prendre l’objet, curieuse de savoir à quoi ressemblait vraiment son prisonnier. L’idée lui traversa l’esprit que c’était peut-être vraiment un cadavre ambulant, zombi ou autre joyeuseté du même style. Elle n’allait pas tarder à le savoir.

L'ombre jaune n'avait en effet rien à faire de l'identité de Thalia, si ce n'est pouvoir marchande cette information. Il savait que toute information, avec la bonne personne, pouvait se vendre à bon prix, même s'il ne savait pas à qui en parler. Ce qui le tracassait encore était la façon dont cette guerrière allait "s'occuper" de lui, il ne voyait là qu'une façon subtile de dire qu'il allait se faire tabasser.  Samaëlle limitait ses mouvements, il s'économisait. Bien qu'il puisse encore user de sa capacités, cela lui consommerait de l'énergie, hors toute le monde sait qu'un humain  possède peu d'énergie, surtout aussi mal nourrit qu'était ce voleur. Il  se trouvait dans une situation où il devait faire extrêmement attention à son énergie, un simple erreur de calcul pouvait le mener proche de la mort.

Vint alors des questions que Thalia ne durent jamais prononcer. S'intéresser à son masque et pire, vouloir le toucher était une menace pire que la mort pour Samaëlle. Il détenait ses pouvoirs de son masque, sachant le prix à payer pour utiliser ses capacités. Beaucoup auraient dit que l'objet était démoniaque, pour le voler c'était toute sa raison de vivre, enfin de survivre. Le regard malicieux fit place à un regard mélangeant une profonde peur et une agressivité bestiale.

La blonde n'eut pas le temps de comprendre ce qui était arrivé. Le voleur avait ralentis le temps pour saisir la main de la femme et altérer des flux énergétique issu de la médecine chinoise. La blonde avait dès lors un moment de faiblesse extrême, se faisant plaquer au sol, le bras droit plaqué dans son dos, alors que la lame de l'épée frôlait la gorge de l'inconsciente.  Samaëlle se mit à parler, sa voix tremblante de peur.

- Je ... Je devrais te tuer pour avoir voulu le retirer.

La blonde put entendre son agresseur se mettre à tousser, comme s'il était malade. Seul lui pouvait sentir un arrière goût dans la bouche, celui de la mort qui s'approchait. La main tenant la lame tremblait de plus en plus, il luttait contre la faiblesse qui le gagnait après avoir utilisé autant de pouvoir. Il essaya de dire ses revendications.

- Si tu promets de me laisser partir, je filerais sans tes biens. Si tu refuses je t’assommerais et partirais avec tout ce qui a de la valeur, vêtement comprit.


Samaëlle espérait que cette jolie blonde soit pudique et choisisse la bonne solution. Le voleur bluffait, utiliser encore une fois son pouvoir relevait du suicide.

Elle avait tendu la main. Juste tendu la main. Rien d’autre. Elle n’avait pas essayé de le frapper, de l’attraper par une oreille et le projeter contre un mur, non ! Elle avait juste tendu la main pour toucher son masque !

Avant d’avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Thalia était au sol, un bras coincé dans le dos, sa propre épée sous la gorge…et trop faible pour se débattre. Quel genre de magie pouvait bien faire ça ? Quel genre d’Esper était cet homme ?

En tout cas, c’était un homme terrifié. Sa voix tremblait de peur. Il utilisait le conditionnel, signe qu’il n’allait pas vraiment la tuer. C’était au moins ça de gagné. Il toussa violemment.

"Il a vraiment un problème. Peut-être qu’il est mourant."

La main du voleur tremblait au moins autant que sa voix. L’épée de Thalia s’écartait et se rapprochait de sa gorge à un rythme trop rapide pour être voulu. Elle s’inquiéta, non pour elle, mais pour l’homme qui la tenait en respect. Il demanda à partir. Il tenta de négocier sa sortie avec une menace, mais Thalia ne mordit pas à l’hameçon. Ses forces étaient revenues, elle allait pouvoir riposter.

D’abord, déconcentrer son adversaire. La réussite de cette étape n’était pas nécessaire, mais ça aidait à la réalisation de la deuxième. Et puis c'était amusant d'essayer de le déstabiliser encore plus qu'il ne l'était déjà.

-Tu prendrais même mes vêtements ? Ouh là, on pourrait s’imaginer des choses…

Ensuite, se dégager. La jeune femme roula sur elle-même de façon à ce que le voleur soit écrasé sous son poids. Elle ramassa rapidement son épée et roula encore sur le côté.

Enfin, reprendre l’avantage. Elle appuya la lame sur la gorge de l’homme. Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres.

-Et on inverse les rôles. Désolée, petit, mais tu as mal choisi ta victime. Et maintenant, je prends mon trophée, et ne t’avise pas de me refaire un coup en traître.

Elle enleva le masque, cette fois trop vite pour qu’il ait le temps de réagir. Aussitôt, le vêtement jaune se désagrégea. Thalia planta son regard dans celui de son prisonnier. Son visage faisait très jeune et un peu féminin, mais pas cadavre en décomposition. Elle jeta le masque hors de portée. Par un hasard qui ne s’explique pas, l’objet tomba dans la cheminée, que Thalia laissait toujours allumée…

Ce que Samaëlle ne pouvait pas voir, c'était les intentions de Thalia. Il ne connaissait rien des modes de vie sur Terra, que cette planète était encore plus fourbe que celle dont il était originaire. Il avait beaucoup de mal à ne pas lâcher l'arme, d'où des tremblement de plus en plus visible. Le sous-entendu de la phrase que Thalia n'engendra pas de la gêne, cependant il y eut un léger blocage, devant solliciter une part de son attention pour écouter la guerrière. Chose qui lui fut fatal, la roulade surprit le voleur, qui se fit embarquer, se trouvant plaqué au sol. Le choc fut suffisant pour étourdir le voleur, qui sentit rapidement la lame froide picoter sa gorge. Il ne pouvait rien faire pour se sortir de cette situation. Thalia prenait ses distance et était prête à pouvoir trancher la gorge.  Samaëlle avait un regard haineux, il n'aimait pas cette position de domination, cela lui rappelait son passé et le rendait dangereux. La demoiselle prit le masque, mais elle avait été trop hâtive dans son geste, retirant son masque.

Elle n'eut pas le temps de voir les changements physiques que l'homme se mit à sauter vers la cheminée, près à se faire blesser par la lame de Thalia. On pouvait voir dans son attitude une peur proche de la frayeur. Sans hésiter une seule seconde il se mit à plonger ses mains dans les flammes, pour sortir le masque, mais il vit sous ses yeux l'artefact disparaître. Il ressorti ses mains des flammes, ses dernières étant rouge, mais bizarrement peu marquées de brûlure.

Il ne bougeait plus, tremblant de peur comme un vulgaire chaton qui aurait été abandonné. Samaëlle avait le vertige, son coeur battait si vite que son souffle peinait à suivre. Il se sentait menacé de mort, son instinct de survie explosa d'un coup, saisissant une bûche embrasée pour la jeter sur la guerrière, puis il se jeta vers la porte de sortie, enfilant vêtement au passage. Sa peur le rendit d'une grande bêtise, ne comprenant pas pourquoi la porte ne voulait pas s'ouvrir. Il était comme un chat fou furieux dans un appartement, pouvant engendrer autant de dégât au vue de son état quelque peu bestiale.

Thalia pouvait admirer que le voleur avait perdu sa couleur jaune, ayant une chevelure marron et court, tombant jusqu'à ses épaules.Ses yeux étant de la même couleur. Le corps n'était pas masculin, ni féminin, mais la corpulence était fine, bien trop fine pour un homme, soulignant un manque d'alimentation.  La guerrière ne pouvait pas s'approcher de l'homme, il était si désespéré qu'il devenait imprévisible. Ce n'est qu'après s'être effondré contre la porte que Thalia pouvait se permettre d'approcher, non sans rester sur ses garde car Samaëlle  gardait un regard haineux envers celle qui avait ruiné sa vie. 

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Le voleur eut une réaction inattendue et qui parut presque suicidaire à Thalia. En effet, alors que jusque là tout avait bien fonctionné puisqu’il était à sa merci, il réagit n’importe comment en voyant son masque quitter son visage : il eut un soudain regain d’énergie et se leva brusquement, renversant Thalia au passage. La lame qui était appuyée contre sa gorge fut écartée mais imprima tout de même une ligne rouge sur sa peau.

Il se précipita vers la cheminée et voulut reprendre son bien qui y était tombé. Mais le masque s’effritant trop rapidement, il n’obtint aucun autre résultat que celui de se brûler les mains.

"Ah non, même pas. Elles sont juste rouges."

L’homme se figea. Il regardait les flammes sans bouger. Son corps se remit à trembler, mais pour une autre raison cette fois. Thalia se leva et raffermit sa prise sur son arme, prête à réagir. Un loup acculé devient dangereux, et cet homme était visiblement dans le même cas. La jeune femme ne savait pas du tout comment il allait réagir et ça l’inquiétait au plus haut point. Elle se déplaça lentement, sans gestes brusques, vers la porte pour l’ouvrir.

Mais elle n’en eut pas le temps. Le voleur lui jeta une bûche à la figure, elle eut juste le temps de mettre son épée devant son visage pour parer. Il s’habilla et fila dans le même mouvement vers la porte. Il ne parvint évidemment pas à l’ouvrir, il y avait un mécanisme particulier que seule Thalia connaissait. Il se laissa tomber par terre et lui jeta un regard plein de haine.

Cette scène opéra un changement radical dans l’esprit de la guerrière : pour la première fois depuis des décennies, elle fut prise de remords. Elle se rendit compte qu’elle venait de détruire la vie de cet homme, qui ne la devait peut-être qu’à son masque. Masque qu’elle venait de brûler par accident. Elle s’en voulait.

Elle remarqua alors les légers changements dans le physique du voleur, notamment au niveau de ses cheveux, devenus bruns et courts. Mais surtout, son regard était différent. Il n’y avait plus aucune trace de l’attitude qu’il avait encore quelques instants plus tôt. Il était vraiment un loup pris au piège.

Thalia rengaina son épée. Il était hors de question qu’elle frappe un tel adversaire. Il était si maigre qu’elle pourrait presque le soulever d’un seul bras. Rajoutant à cela les symptômes de tout à l’heure qui trahissaient une maladie grave, la jeune femme ne pouvait pas se résoudre à l’attaquer. Elle le laissa là et partit dans une autre pièce.

Elle revint une minute plus tard avec un morceau de pain dans la main. S’accroupissant devant le voleur, elle le lui tendit.

-Mange. Tu n'as que la peau sur les os, tu me fais presque peur.

Le voleur n'eus aucun changement sur son visage, ni sur la flamme dans ses yeux. Une flamme de colère bestiale et aussi de peur. sa vision poursuivi la guerrière, tel un spectre de la mort suivant sa victime. Samaëlle ne fut pas insensible à la nourriture, mais ne laissait pas apparaître sa faim, feignant en premier lieu de ne pas avoir faim. La remarque de la guerrière fut répondu d'un rapide revers, Thalia ne sentis aucun moment de faiblesse, confirmant les craintes du voleur sur la disparition de ses capacités.  Il fixa avec intensité les yeux de la blonde, repérant du coin de l'oeil l'endroit où le pain était  tombé.  Le temps semblait s'écouler avec une certaine lenteur, le silence étant balayé par quelque  grognements de la bouche du jeune homme. La silence perdit de son poids quand le ventre de l'ombre jaune grogna avec insistance, faisant perdre toute crédibilité aux commentaires du voleur qui avait dit qu'il n'avait pas faim.

Comme s'il craignait que la guerrière ne reprenne le morceau de pain, il se jeta dessus, partant à l'autre bout de la pièce, puis en enfournant le pain jusqu'à presque s'étouffer tellement ses joues étaient bombée par les morceaux. Son visage devint rouge tellement il devait forcer pour avaler le tout, évitant de justesse qu'un bout de pain ne passe de travers.  Restait le soucis de ne pouvoir sortir de cette maison, seul la résidente pouvait ouvrir la pièce.

- Tu comptes me laisser enfermé ici longtemps ? Dit-il avec un ton fort menaçant.

Tout les événements avaient prouvé qu'il s'agissait plus d'une attitude défensive. Samaëlle s'était calmé et pouvait suffisamment raisonner pour savoir que sa sortie se ferrais au bon vouloir de la maîtresse de maison. Il observait les lieux et ne pouvait que confirmer que la maison, d'extérieur banale, était conçu pour empêcher quiconque de sortir ou de rentrer.

Un loup…qui montre les crocs parce qu’il a peur. D’un revers de la main le voleur balaya celle de Thalia et envoya le morceau de pain à l’autre bout de la pièce. Leurs regards s’affrontèrent, celui du « prisonnier » bouillonnant de colère (et de peur) et celui de la jeune femme inquiet et moqueur à la fois. Il avait une attitude assez amusante.

Il marmonna quelques phrases qu’elle ne comprit pas très bien, mais la tonalité était claire : il n’avait pas faim. Cela fut très rapidement démenti par les protestations de son estomac qui avait vu sa nourriture lui échapper. Thalia retint un éclat de rire mais un large sourire fendit son visage. Elle regarda le voleur se jeter sur le bout de pain comme s’il voulait être sûr que personne ne le lui prendrait. Se réfugiant dans un coin il commença à manger de telle manière qu’il allait sûrement s’étouffer.

Il demanda alors combien de temps il allait rester. Le ton qu’il employa montrait, une fois de plus, qu’il n’était qu’un loup apeuré. Thalia haussa les épaules, son sourire ayant disparu pour laisser place à une expression plus sérieuse.

-Déjà, jusqu’à ce que tu aies fini de manger. Ensuite, ça dépendra. Je n’ai pas, enfin plus, l’intention de te faire du mal. Alors j’aimerais que tu arrêtes de me jeter des éclairs du regard, ça ne sert à rien et c’est plus agaçant qu’autre chose.

Elle s’assit, le dos contre la porte, signifiant par ce geste qu’elle ne le laisserait pas sortir avant qu’il lui ait obéi.

Samaëlle comptait faire son maximum pour que cette guerrière le relâche en ayant profité de lui au minimum. Il ne voulait pas revivre ses instants passés où la gent féminine organisait de petite réunion pour offrir bien plus que de simples avances. Cet événement en mémoire, il ne pouvait que rester méfiant vis-à-vis de Thalia qui restait tout de même une femme, donc un être pouvant être intéressé à dominer sexuellement sa proie, même si cela n'était pas dans l'optique de la maîtresse de maison.

Le changement faciale de la jolie blonde n'engendra pas une détente de l'atmosphère, bien au contraire. Heureusement le voleur avait recouvert la raison, pouvant porter une oreille attentive aux dire de la soldate. L'emploi du "pas" et du "plus" n'avait rien de rassurant, cependant le brun avait bien capté que les mots de Thalia n'était que vérité. Samaëlle vint un avoir un léger rictus de frustration quand la guerrière bloqua de son corps la sortie. Il prit le temps d'analyser la situation et prit un visage plus, son regard, bien que fixant, semblait avoir perdu de son électricité. Je dis bien "semblait", car pour Samaëlle était tout sauf calme, il ne faisait qu'appliquer ses cours, jouer un personnage pour berner l'adversaire, ce qui était compatible avec son instinct de survie.

- Contente ?  Dit-il d'un ton qui se voulait presque mielleux.

Samaëlle était tout sauf débile, il allait devoir obéir à cette femme. Mais cette dernière allait devoir se méfier, car le voleur comptait bien sortie, quitte à faire des choses un peu folle.

Le voleur n’apprécia pas de voir Thalia s’adosser contre la porte et en bloquer ainsi l’accès. Cela se voyait à son rictus contrarié. L’expression suivante était cependant moins agressive. En apparence. Thalia avait appris à voir au-delà des regards. Elle voyait bien qu’il jouait la comédie pour qu’elle le laisse partir plus vite. Et le ton qu’il employa la fit penser à un serpent s’enroulant autour de sa proie.

"Il va m’entendre, celui-là…"

Elle se leva et alla directement l’attraper par le col. C’était à son tour de le foudroyer du regard.

-Ne me prends pas pour une idiote, petit. Je suis plus vieille que j’en ai l’air, et j’ai vécu assez longtemps pour apprendre à reconnaître quand on se paye ma tête. Alors arrête de faire semblant, si tu n’arrives pas à te calmer pour de vrai continue simplement d’avoir l’air énervé et mort de peur à la fois. Mais n’essaye surtout pas de me faire croire que tu es coopératif.

Elle le lâcha. Retournant à la porte, elle approcha discrètement la main de la garde de son épée. Il allait sûrement se jeter sur elle pour lui faire ravaler ses paroles.

Samaëlle ne s'attendait visiblement pas à cette réaction, il en vint à légèrement trembler de peur, priant pour que le vêtement qu'il avait subtilisé tienne le coup, mais Thalia allait sans doute y faire attention vu qu'il s'agissait de l'un de ses vêtements, surtout quand on connait la valeur du textile de qualité sur le marché de Nexus. Peut importait ce qu'il pensait à cet instant, la guerrière avait vu clairement dans son jeu ?  Que pouvait-il bien faire pour sortir plus vite ? Sans doute se résigner à jouer carte sur table, chose qu'il avait fait aussi souvent que d'avouer ses peurs. Le voleur retomba lourdement sur les fesses, ses jambes ne pouvant plus le porter. De la faiblesse ? Non juste de la peur.

Thalia avait dégager une telle aura lors de ses mots que le corps de Samaëlle n'avait put suivre. Il aurait put se jeter sur la blonde, mais en plus de son corps, son instinct était en alerte, comme pour le prévenir que cette action aurait de fâcheuse conséquence. Le brun se mit à bouillonner, bouillonner de rage, étant comme une cocotte minute proche de l'explosion.  Le voleur c'était un peu rassuré, Thalia ne semblait pas être une personne comme il en avait connu. Aux yeux de Samaëlle, elle était une femme de caractère, mais assez solitaire. Il enviait cette force physique et mentale et ne put réprimer l'envie d'étudier cette femme, comme l'on étudierais une aborigènes dans son milieu.

- Thalia c'est ça ? T'es quoi au juste ? Une guerrière ? Une créature dissimulée sous des trait humain ? Une espèce de voyageuse ?

Quand Thalia était venue vers lui et l’avait engueulé, il s’était mis à trembler. Ce qui avait failli arracher à l’ancienne pirate un sourire de satisfaction. Même dans cette vie, elle arrivait à faire peur aux hommes. Elle était bien contente d’avoir gardé cette « faculté ». Mais sourire lui aurait fait perdre sa crédibilité alors elle s’était contentée d’avoir l’air en colère, ce qui était le cas.

Il ne se jeta pas sur elle. Il ne tenta pas de l’attaquer. Non, le voleur resta assis par terre, mort de peur. Mais il y avait autre chose. Thalia ne chercha pas à savoir ce que c’était. Maintenant il savait que ses talents de comédien ne lui serviraient plus à rien tant qu’il serait ici.

Il posa des questions. Ah, il voulait en savoir plus sur elle ? Méfiant et prudent, donc.

"Il ira loin, celui-là. S’il ne se prend pas un mur avant."

Thalia se retourna et lui jeta un regard méprisant, plus une façade qu’autre chose mais facile à rendre crédible.

-Guerrière, oui. Voyageuse, en quelque sorte, mais c’est du passé. Je me suis posée. Quand au mot « créature », il va falloir que tu précises. Et tant qu’on y est, j’aimerais bien connaître ton nom.

Quand la jeune femme demandait son nom à un homme (ou toute créature masculine), ça ne pouvait vouloir dire qu’une chose : elle l’estimait digne d’intérêt, et il était très difficile d’en arriver là.

Samaëlle perçut le regard méprisant de la jolie guerrière. Il eut ses réponses à sa question, soulevant d'autres interrogation, elle dissimulait des choses, mais ne semblait pas être contre le fait de se dévoiler un peu plus.  Le voleur fut touché par certaine mots, posée, passé. Thalia avait un passé effacé et semblait vivre assez paisiblement sa vie. Lui n'avait pas réussi cette étape, où avait-il échoué là où la blonde avait réussi.  Elle laissait le mot créature  en suspend, comme pour attiser sa curiosité sur cette question. Samaëlle se fit évoquer son devoir de se présenter, n'ayant rien à demander et souhaitant en savoir plus sur elle, il vint à répondre. La peur s'atténuait petit à petit, laissant naître une flamme de curiosité, mais restant méfiant

- Je me nomme Samaëlle, mon identité passé n'est pas importante. Quand à redéfinir ma question sur le mot "créature", je voulais dire que tu n'étais sans doute pas humaine. Je ne connais rien de ce monde, mais je doute qu'une humaine puisse avoir une poigne aussi ferme. Sur Terre les femmes sont généralement assez faible.

Le voleur n'avait put empêcher de balancer une généralité, pour estimer si, ici aussi, il y avait un certain état d'esprit et si Thalia était un peu garçon manqué, préjugé qu'il avait en voyant la demoiselle avoir cette apparence de chevalier servant.