J'entendis le cri, et en voyant la silhouette de la créature se relever il n'était pas difficile de comprendre ce qui s'était passé. Elle était parvenu à saisir Linda entre ses quatre crocs et il ne fallait pas se faire d'illusion elle était fichue... Elle n’avait pas encore été avalée car elle criait, à plusieurs reprises, à chaque fois d'une façon différente, mais toujours d’une voix marquée par la peur, et peut être à la souffrance. C’était un hurlement tout droit jaillit du passé, c’était idiot, je ne pouvais rien faire je le savais pertinemment, j'aurai dû plutôt chercher à sauver à tout prix ma peau... Mais j'en étais incapable. Cette fois je pouvais agir, et je me refusais de nouveau laisser autrui m'imposer mon destin... Ainsi une fois la première stupeur passée je m'avançais droit sur la givre. animée par l'adrénaline je parvenais presque à courir à travers le blizzard. Je n'entendais plus le cri de Linda, mais un autre. Le mien un cri empli de rage alors que je m'approchais du corps de la guivre. Cette dernière ne sembla pas me prêter attention se tortillant comme pour faire taire sa proie avant de tenter de l'engloutir. Peut être même l’avait elle déjà fait en vérité. Je l'ignorais, mais cela ne m'arrêtait pas.
Brusquement mes lames fendirent l'air, et comme escompté du givre se forma l'instant d'après sur le métal, le fragilisant profondément. Je n'aurai le droit qu'à un coup... L'instant d'après je vis une faiblesse dans sa carapace un interstice entre chaque plaque de chitine couvrant ses segments, et à travers laquelle on pouvait apercevoir la chair rose et fragile de la bête. Sans plus attendre l'acier s'enfonça à travers cette chair. La créature ouvrit à nouveau la gueule pour hurler, mais de douleur cette fois, puis elle se tourna brusquement vers moi. Se faisant elle avait dû relâcher sa proie, à moins qu’elle ne l'ait déjà avalée. A vrai dire ce que j'avais fait était idiot. même si Linda avait été libérée, la créature était si haute qu'une chute lui serait forcément fatale, à moins que sa part de chimère ne me réserve d'autres surprise. quoi qu'il en soit je ne pouvais rien faire de plus .Alors que je tentais de retirer mes lames l'acier céda et je ne me retrouvais plus qu'avec des moignons d'épées en main. Je laissais ces dernières tomber au sol, et alors que la gueule du ver s'abattait sur moi, je murmurais doucement à la radio.
"Linda...Tu m'entends ?"
Un nouveau bond sur le côté, un nouveau choc qui me projeta plus loin...mais j’étais encore en vie. Néanmoins, je m'étais cette fois luxée l'épaule, mais cela n'importait guère, alors que mon regard toisait la créature je tendais l'oreille guettant le moindre murmure, le moindre souffle que me transmettrais la radio.