Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Until The Last Back (Terra Hero Team)

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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 90 mercredi 26 septembre 2012, 20:01:47

Les Tekhanes sortent le gros matériel. Mais pour intervenir au sein de la Fourmilière je comprend qu'elles préfèrent se passer de Celkhanes. On est pas entraînées pour ça, d'ailleurs on ne soutien que rarement Tekhos dans contre les Formiens. Certaines nous voient encore comme un groupe dissident, presque terroriste, qui se torche avec les accords internationaux. Un point de vue défendable, il faut le reconnaître. Mais au moins on ne se torche pas avec la dignité et la vie des faibles. J'aurais pas dû rester là à glander, je commence à gamberger. À moins que le méga-complot de Mastermind ne remonte à très loin, Rayka n'a pas trahi sous son influence. Mais maintenant elle est son esclave, et nous prêtons toutes le même serment : ne jamais abandonner la lutte tant que les esclaves ne seront pas libre, et leur maîtres hors d'état de nuire.

Il y a encore un quart d'heure je pensais à la meilleure façon de la tuer. Il faut bien que je me change les idées, tout ce bordel autour de moi ne me concerne plus. Je pourrais tirer ma révérence à Nika et Rozalia, d'ailleurs j'en ai bien envie. Plein le dos de supporter leurs réflexions et leurs jugements. Mais c'est trop évident pour m'échapper. Un plan-miracle avec un grosse bombe pour raser la Fourmilière ? Si c'était possible ça aurait déjà été fait. Qu'est-ce que Rayka et ses troupes foutaient ici ? Mastermind me veut mais il ne pouvait pas savoir que je viendrais. Les Formiens n'ont rien à cirer d'une bombe qu'ils ne pourraient utiliser sans percer leur zone de quarantaine en force. Les Tekhanes ne peuvent pas être assez désespérées pour croire que ça suffira.

Alors mathématiquement, je vais encore devoir me coltiner les deux vieilles. Elles veulent Mastermind, Mastermind me veut, je veux Rayka, Rayka est avec Mastermind, et tout le monde semble en avoir après cette bombe. Ça me fait bien chier, d'autant que je vais louper un autre épisode de ma série préférée, mais je me lève et je traverse tout le boxon ambiant à la recherche de Rozalia et Nika. J'espère qu'elles ont fini de se papouiller, parce que sinon je leur tape une crise. Les Tekhanes en sont encore à se balancer des consignes et se donner des précisions. Rien à cirer, c'est pas mon opération.

Je finis par trouver les deux emmerdeuses en haut d'une but, à admirer le spectacle avec sans doute encore des tonnes de commentaires à faire sur tout ça. Mais je ne perds pas de temps une fois plantée devant elle.

" On va mettre les choses au clair une bonne fois : je vous aime pas. Vous me gavez depuis plus de vingt-quatre heures, et plus tôt on aura fini plus tôt je pourrais rentrer chez moi. Les Tekhanes ont renvoyé toutes les forces de Caelestis chez mémé. Je reste parce que j'ai une déserteuse à choper morte ou vive. Mais comme Rayka bosse pour Mastermind et comme j'imagine que tout ce bordel va les intéresser, je dois rester avec vous. Alors vous me doute où quand et comment. Le reste je m'en balance. "

Je lève un doigt pour marquer l'énervement déjà bien lisible sur mon visage.

" Et méfiez-vous ! La prochaine qui me cherche : je lui fous le feu au cul et je me barre. "

Merde ! Pourquoi il a fallu que je parle d'avoir le feu au cul ? Nika va sans doute pas laisser passer ça...

Terra Hero Team

Légion

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 91 jeudi 27 septembre 2012, 03:04:38

« Ah, au fait... J’ai récupéré un petit quelque chose aux cuisines... »

Nika tourna la tête, et vit Rozalia sortit un petit sachet comprenant quelques madeleines. Nika eut un léger sourire. Elle n’était pas sûre que ce soit la ration réglementaire au sein de l’armée, mais elle n’allait pas faire la fine bouche. Elle attrapa une madeleine et commença à la manger.

« Puisque tu me prends par les sentiments... »

Nika attrapa la madeleine et la mordilla. Ce fut à cet instant que Rinako débarqua devant elles, et son regard sérieux, sourcils froncés, donna à Nika l’envie de pouffer, tant il contrastait avec son tendre petit corps. Rozalia haussa les sourcils, et Rinako les invectiva alors, parlant d’un ton rapide, nerveux, excité. Rozalia se contenta de la regarder, tandis que Nika tenait dans la main sa seconde madeleine, jusqu’à ce que, visiblement, la Celkhane en pétard ait terminé son petit discours. A l’entendre, elle était presque forcée de voyager avec les deux femmes, faisant contre mauvaise fortune bon cœur. Rozalia savait très bien quelle était la cause de sa colère. Elle était frustrée... Frustrée et gênée. Parce qu’elle avait cédé aux avances de Nika, et parce qu’elle les avait repoussés en même temps. Sans doute avait-elle l’impression d’avoir rompu son serment de fière petite soldate celkhane, et elle était dans un tel état que Rozalia décida de ne pas lui parler de Rayka pour le moment.

« Et méfiez-vous ! La prochaine qui me cherche : je lui fous le feu au cul et je me barre. »

Les deux Héroïnes se regardèrent, et Nika avala une partie de sa madeleine. Rozalia lui tendit alors le sachet.

« Tu veux une madeleine ? »

Ce fut Nika qui intervint, avec son tact légendaire :

« Tu peux te casser, trésor, on n’a pas besoin de toi. »

Rozalia soupira, et décida d’agir rapidement, sachant que Rinako était plus fragile qu’elle ne voulait le laisser croire.

« J’ignore pourquoi tu nous en veux, Rinako, mais, si tu n’as pas confiance en nous, on ne peut pas voyager ensemble. Nous allons effectivement entrer dans la Fourmilière, et tenter d’offrir à l’Overmind la possibilité de reprendre le contrôle de la Fourmilière, afin de stopper ce conflit, et éviter que cette bombe n’explose. Comme tu t’en doutes, ce voyage ne sera pas une partie de plaisir, et, si tu te méfies de nous, tu seras plus pour nous une menace qu’autre chose... Et inversement. »

Le ton de Rozalia était à la fois calme, pédagogue, et ferme. Nika soupira et se redressa, puis s’éloigna. Elle avait d’autres choses à faire que rester avec cette peste arrogante, et Rozalia apprécia le geste. Le tempérament explosif de Nika pouvait poser problème. Réfléchissant rapidement, Redemption ajouta :

« Rayka ne fait pas partie de notre mission. A vrai dire, nos ordres de missions sont de nous replier, mais Nika est infectée... Et j’ai le sentiment que l’Overmind cherche à se servir d’elle pour reprendre le contrôle de la Fourmilière. Et... Je sais ce qui s’est passé entre toi et Nika cette nuit, Rinako. Elle ne me l’a pas dit, mais je ne dirigerais pas les Héroïnes si je ne savais pas  lire ce genre de choses. Je comprends donc que tu sois en colère... Nika l’est sans doute encore plus que toi, mais elle a un certain talent pour masquer ses sentiments... »

Rozalia eut un soupir, et se redressa.

« Nous allons nous séparer du groupe par une crevasse en hauteur que j’ai repéré ce matin en allant m’entraîner. Nous le ferons d’ici une heure. Ceci te laisse le temps de voir si tu veux venir avec nous ou pas. Et, dans l’absolu, j’aimerais que tu ailles à l’infirmerie. Demande à parler à Jill, c’est... C’est une Celkhane, et... Disons qu’elle pourra te donner de plus amples informations sur Rayka. Si tu veux poursuivre cette dernière, il vaut mieux que tu saches tous les versants de l’histoire, mais... Bah, après tout, tu fais comme tu veux. Tu veux qu’on te traite comme une grande personne, et c’est ce que je vais faire. »

Terminant son discours, Redemption donna quelques explications :

« Tu es un bon élément, Rinako, une bonne soldate... Même si ce n’est pas réciproque, je te respecte... Mais sache que je n’accepterais pas de voyager avec toi si je dois avoir des doutes sur ta fiabilité à notre égard. »

Et ce fut sur ces mots que Rozalia se retourna, et laissa Rinako là, sur la butte. Elle était désolée pour elle, mais elle ne pouvait pas non plus porter sur ses épaules toute la misère du monde. Rinako voulait qu’on la considère comme une grande personne, c’était son droit, mais elle allait comprendre que, pour être une grande personne, il fallait savoir encaisser en silence, et accepter sa frustration. Rozalia ne lui mentait pas quand elle disait que Nika regrettait cette nuit-là. Mais Nika n’était pas du genre à se confier, ou à ouvrir son cœur aux autres. C’était comme ça ; il fallait la connaître pour savoir que, derrière son allure désinvolte et insouciante, il y avait une femme qui prenait très au sérieux beaucoup de choses.
DC d’Alice Korvander.

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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 92 lundi 01 octobre 2012, 00:28:49

Y'a vraiment pas moyen avec ces deux-là ! Je sais pas. Soit on parle pas la même langue, soit c'est moi qui fait trop simple alors qu'elles aiment se compliquer la vie. Sur le coup j'ai bien envie de prendre Nika au mot et de me barrer. Mais je ne laisse que trop de chances à Rozalia de se rattraper. Bordel ! Comme si j'étais une gamine sortie de ses jeux vidéos ! Je suis sous-officier, l'esprit d'équipe ça me connaît ! Mais ces deux-là ne sont pas des équipières, juste deux touristes avec un plan foireux qui ne font que se foutre dans la merde en jouant les reines du bal à la sortie. Combien de fois je leur ai sauvé la peau en vingt-quatre heures ? Elles ne font que se reposer sur moi et les soldates qu'elles croisent. Elles traitent tout ce qui les entoure comme des sous-fifres et elles se permettent en plus de nous juger.

Je pourrais lui balancer tout ça si elle m'en laissait le temps. Mais de toutes façons elle doit déjà le savoir vu qu'elle lit dans les pensées. Et visiblement elle n'a pas plus d'égard pour moi que l'autre connasse, qui s'est empressée de trouver du monde pour soulager ses besoins de chatte. J'aurais pas dû perdre mon temps à venir leur parler. C'est ça, des héroïnes ? Tant mieux pour elles, moi je suis une militaire. J'en fais un peu qu'à ma tête parfois mais ce n'est pas pour la gloire. Je suis formée à agir seule ou en équipe, pas à trainer des boulets explosifs aussi dangereux qu'elles. Tant pis, qu'elles retournent se papouiller en attendant leur créneau.

Et sur quelques dernières notes de condescendance bien assommante, madame se barre. Pas la peine de répliquer. Elle veut le dernier mot comme tous ceux qui sont venus avant ? Je les lui laisse. Et je me retourne aussi en déployant la crosse de ma mitraillette. Je ne dois rien aux Formiens ni aux Tekhanes. Je me fous royalement de la triste histoire de Rayka. Les rapports douteux ne sont rien de plus que des rapports douteux. Si je la chope vivante elle aura une chance de s'expliquer, sinon je ramènerais ses plaques et les cadavres resteront dans le placard à balais du gouvernement. Leur fameuse copine, sans doute celle qui m'a chopé avec son tampon de dymérite, n'est pas là sous les ordres de Caelestis. J'en aurait été informée pendant mon contact. Alors qu'elles se démerdent entre elles.

En fait je suis la dernière Celkhane à des centaines de kilomètres à la ronde. Je suis seule, et je dois bien avouer que je me sens trahie après tout ça. J'ai la rage en marchant vers la sortie du camp, mais je me sens aussi libérée d'un poids. J'ai un objectif, carte blanche pour y parvenir, ni soutien ni entrave. J'ai une arme avec pas mal de réserve, mes pouvoirs sont revenus, je suis reposée et nerveuse, pleinement consciente. J'élimine dans ma tête tout ce qui ne compte plus. Il ne reste que moi, ma cible et ces tunnels. Mastermind va sans doute encore essayer de m'en faire voir mais il ne m'aura plus avec le fantôme de ma mère. Elle est morte depuis assez longtemps pour que je me fasse une raison, et tout ce qui s'est passé depuis hier n'a fait que me le prouver.

Je ne me laisse retarder par les gardes que le temps de leur dire que je suis en mission spéciale pour Caelestis, et que je me fous royalement de leur mission-suicide. Pour moi cette bombe n'est qu'une échéance. Je devrais encore me soucier que tout ce bordel soit un piège et que Mastermind veuille récupérer cette arme de destruction massive. Honnêtement je n'arrive plus à me sentir concernée. Je mettrais tout ça dans mon rapport une fois revenue. Pour l'instant je m'enfonce dans les tunnels encore sûrs et fourmillants de patrouille, que j'évite pour ne pas avoir à me justifier encore. Les Tekhanes sont assez grandes pour s'en sortir sans les Celkhanes ? Très bien. On lutte contre les esclavagistes, pour les bestioles on ne fait que donner un coup de main. Les Zéroïnes peuvent s'en tirer sans moi ? Encore mieux. On a rien à faire ensemble et je suis pas mécontente d'avoir enfin les mains libres.

Mes pouvoirs me semblent même un peu différents. J'esquive facilement les patrouilles : je les sens à travers la terre à des dizaines de mètres à la ronde. Je n'avais jamais atteint une puissance comparable à celle que j'ai développé hier au camp des mercenaires, pas consciemment du moins. Quelque chose a changé, je le sens. les vibrations de la terre ne me quittent plus depuis que je me suis réveillée, pas plus que les mouvements de l'air. Je n'ai pas à me contrôler ou me concentrer, c'est tout simplement parfait. C'est peut-être d'avoir pété un câble, ou pris une telle dose de dymérite alors que j'étais gonflée à bloc ? Les deux ? je verrais une fois à la base, en attendant ça m'arrange bien.

Je trouve Rayka, je la capture ou je la bute, je rentre livrer ce que j'aurais ramené et me faire débriefer. Ensuite je prends plus long bain de ma vie en rattrapant mes épisodes de "Celkhan Maiden" en VOD. Et je tire la chasse sur tout ce bordel en attendant ma prochaine mission. Si mes amies réfugiées savent où je suis elles doivent se faire un sang d'encre, et les filles de l'orphelinat, je préfère ne même pas y penser.

Terra Hero Team

Légion

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 93 mardi 02 octobre 2012, 02:26:25

Nika et Rozalia n’eurent pas à attendre trop longtemps l’arrivée de Rinako, car elles la virent partir seules. Les sentinelles tekhanes tentèrent bien de l’arrêter, mais sans effort. Le visage de Rinako était aussi fermé que le cul d’une nonne, et elles décidèrent de ne pas s’en occuper. Après tout, elle n’appartenait pas aux corps d’armées celkhanes.

« Tu l’as vraiment mise en pétard... » lâcha Rozalia avec un léger sourire.

Nika haussa les épaules. Le sort de cette petite conne fanatique lui était bien indifférent. Quelqu’un prêt à se sacrifier sans réfléchir pour son pays n’était pas pour Killer une personne intéressante, mais une cinglée bonne à enfermer. Rozalia en profita pour lui parler de Rayka, lui expliquant que Rayka, à la base, était une Celkhane assez semblable à Rinako... On comprenait dès lors mieux les hésitations de Redemption à lui parler ouvertement de Rayka ; la magicienne aurait du mal à accepter de se faire comparer à elle. D’après Ghost, Rayka était une fille d’esclaves, qui avait été sauvée lors d’un commando celkhan, et s’était retrouvée à l’Archipel volant. Elle avait dès lors accepté de rejoindre les commandos celkhans.

« Elle était extrêmement talentueuse lors des missions d’entraînement, et d’une inébranlable détermination. Pour le Conseil, Rayka était un très bon élément, un modèle, et elle fut utilisée lors des programmes militaires de rapprochement entre Tekhos et Caelestis. Elle fut l’une des rares Celkhanes à pouvoir diriger une brigade tekhane. »

Rayka avait mené des missions d’infiltration pour le compte de Caelestis, allant dans des harems sordides, tuant des esclavagistes, et travaillant aussi pour les Tekhanes. Elle avait permis la libération d’une scientifique tekhane dans un bunker contrôlé par des raiders. En bref, Rayka était un excellent élément. Une Celkhane-modèle, qui avait ensuite rejoint une mission  spéciale confiée par le Conseil.

« C’était une mission assez particulière... L’escouade était dirigée par Angela Swedan, un Capitaine qui est toujours au sein de l’armée celkhane. Il s’agissait d’une opération d’infiltration et de reconnaissance dans un domaine forestier. Les Celkhanes devaient s’infiltrer dans une ville jouxtant le château d’un seigneur vampire qui traitait ses sujets avec cruauté, et les vendait comme esclaves. »

Rozalia soupira en fermant les yeux. La mission était d’obtenir des informations sur le château, le seigneur vampire, mais il y avait eu des complications... Les Celkhanes avaient été repérées par le seigneur vampire, qui avait envoyé sur elles ses monstres et ses puissants gardes. Les Celkhanes s’étaient enfuies dans la forêt, sous le feu ennemi, avec pour mission de rejoindre un point d’exfiltration dans les montagnes. Le problème était que, durant leur escapade du château, l’une des Celkhanes s’était blessée à la jambe, et avait besoin de soins et de repos. La sacrifier était impossible pour Swedan, et le commando choisit donc de se réfugier dans une petite ferme isolée au milieu de la forêt.

« La ferme était tenue par un homme et ses deux fils... Et c’est là que les choses ont commencé à dégénérer... »

Nika hocha la tête, mais Rozalia n’eut pas le temps d’en dire plus, car, au même moment, Ashley vint vers elles. Elle offrit un sourire étincelant sur Nika, mais sans aller jusqu’à lui faire une accolade. Elle restait une soldate, après tout, et une soldate ne se laissait pas aller à ce genre de choses. C’était... Irresponsable, professionnellement parlant.

« Je venais vous avertir que nous allons bientôt partir...
 -  Vous pensez vraiment y arriver ? demanda Rozalia.
 -  Je comptais vous poser la même question... »

Touchée. Rozalia eut un léger sourire. Croisant les bras, Ashley précisa quelques informations complémentaires :

« Vous savez, j’ai déjà participé à des missions bien plus difficiles que celles-ci... Alors, oui, nos chances de survie sont faibles, mais ce n’est pas pour autant que nous allons nous retirer. Nous disposons d’un équipement très évolué, de pointe, nous sommes nombreuses, et bien organisées... L’ennemi est fort, mais nous aussi... Et il ne faut pas se leurrer, la situation actuelle ne peut plus durer... Notre stratégie de confinement atteint ses limites. La Fourmilière est de plus en plus forte. »

Nika ne dit rien, et hocha la tête.

« De plus, j’espère que vos agissements pourront nous aider...
 -  Comment ça ? demanda Rozalia.
 -  D’après ce que j’ai compris, la Fourmilière est déchirée entre les Formiens qui sont restés fidèles à l’Overmind, et ceux qui sont hostiles à ce dernier. Si vous arrivez à redonner à l’Overmind le contrôle, les Formiens se battront entre eux, et nous pourrons plus facilement installer la bombe.
 -  Je vois... On se rendra donc mutuellement service... » résuma Redemption.

Ashley hocha la tête, et Nika se mit à parler :

« Prends soin de toi, Ashley... »

L’intéressée eut un léger sourire, et haussa les épaules. Inutile de s’en faire pour elle.

« Moi, je suis au milieu d’une armée. Honnêtement, c’est vous deux, les cinglées... Vous... Et cette Celkhane... Elle est partie vers les lignes de front, je ne donne pas cher de sa peau. »

Ashley n’était pas très loin de la vérité... Mais ce n’était plus du ressort des deux Héroïnes.

« Je regrette sa décision, avoua Rozalia, mais c’est ainsi. Si nous la retrouvons, nous lui viendrons en aide... »

Rozalia, toutefois, en doutait... Et, plus elle y réfléchissait, plus elle se demandait si Rinako n’était pas, sans s’en rendre compte, manipulée par Mastermind... Si ce dernier n’avait pas attisé sa fureur et son fanatisme pour la forcer à quitter Nika... Nika était infestée par l’Overmind, ce qui leur offrait une forme de protection mentale contre les agissements de Mastermind... Mais ce n’était pas le cas pour l’intrépide Celkhane, qui était livrée à elle-même.

Les Formiens grouillaient autour de Rinako. Innombrables. Invisibles. Mais présents. Une horde toute entière qui avançait sous elle, sur elle, à côté d’elle, le long des murs, leurs innombrables pattes grouillant autour d’elle, au fur et à mesure qu’elle avançait. Mais aucun ne l’attaquait. Ils étaient là sans être là, et alors que Rinako avançait, le décor autour d’elle évolua. Un vent frais vint secouer ses cheveux, et la terre laissa progressivement place à de l’herbe... Et ce fut ensuite l’Archipel celkhan qui se matérialisa devant elle... L’une des nombreuses pelouses de l’Archipel, où on pouvait voir de petites Celkhanes jouer, avec un homme assis sur une chaise... Un homme qui semblait indifférent, et avait un étrange costume, des gants en argent, et buvait du thé. Une silhouette indiscernable. Mastermind.


Lentement, l’homme se redressa, alors que les Celkhanes qui jouaient à l’esclavagiste et à l’esclave s’arrêtèrent, en voyant un point brillant au loin, un point qui se rapprochait de plus en plus. Le point se rapprochait de plus en plus, et on put brièvement distinguer la forme d’un vaisseau. Un vaisseau en feu, qui se rapprochait du bouclier celkhan, et se ruait droit vers la pelouse. Les Celkhanes hurlèrent, mais sans succès. Le petit vaisseau s’écrasa avec fracas sur le bouclier, et la bombe qui se trouvait à l’intérieur se libéra alors. Les ondes traversèrent le bouclier, et filèrent tout droit vers l’Archipel, soufflant les Celkhanes comme des fétus de paille dans des hurlements de douleur figé, avant de toucher Rinako...

L’illusion disparut ensuite, et il ne resta plus dans l’esprit de Rinako qu’une phrase, qui disparut tout aussi rapidement qu’elle était arrivée :

« Donnez-moi ce que je veux... Et je m’en irais. »
DC d’Alice Korvander.

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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 94 vendredi 05 octobre 2012, 20:42:02

Il y a une seconde encore, j'étais dans un tunnel formien à trotter à contre-courant de hordes de monstres qui fonçaient vers la guerre. Et d'un coup je suis sur Caelestis. J'ai encore ma mitraillette et je ne me prive pas de la braquer dans tous les sens. Mais la pointe vite vers le... truc qui se lève de la chaise. C'est ça, Mastermind ? Vaguement un mec, avec une tronche de couille en miroir poli ? Les gamines qui jouent comme le reste du décors sont à peu près convaincants, mais un mec sur Caelestis... Enfin, un mec comme celui-ci. Je baisse mon arme pour lui faire face. Sans lui planté au milieu, le tableau aurait pu me troubler. C'est une illusion, je le sais et il ne fait rien pour que je l'ignore. Alors quoi ?

J'aperçois les gamines derrière lui. Elles ne jouent plus, elles avancent en regardant quelque chose dans le ciel. Je tourne la tête pour voir le missile. Mes yeux reviennent à l'homme sans visage, noirs et menaçants. Alors c'est une menace. Se servir de ma mère n'a pas si bien marché, donc il va au plus simple. Plutôt décevant de la part d'un soi-disant super-cerveau. J'en reviens au missile qui ne tarde pas à s'écraser sur le bouclier... Et soudain une onde balaie tout, les gamines en premières lignes, et m'arrive dessus.

Dans la seconde je suis de retour au tunnel. Il fait toujours aussi sombre, ça vibre de partout et de la poussière tombe du plafond. Envolée, le soleil, l'herbe et les enfants qui jouaient. Envolée la tronche de vibro funky ringard. Il ne reste que sa voix mais je n'y répond pas. Je repars au pas de gymnastique. Rien à cirer de rien. Rayka est la seule clé que je vois. La petite chienne de chasse perso de Mastermind, la mieux placée pour donner des infos de gré ou de force. En plus il est bien gentil, ce con, mais comment je suis sensé deviner ce qu'il veut. Je sais qu'il y avait une bombe à énergie dans la vision qu'il m'a montré, et je suis peut-être conne mais il y en a justement une dans ces tunnels. Quand les Tekhanes se seront faites réduire en pièces il faudra bien quelqu'un pour la récupérer.

Par extension en chopant Rayka je court-circuite Mastermind. Vivante elle balancera peut-être, morte elle ne pourra plus servir à ce monstre. Tout le monde a l'air de lui trouver des excuses, personne ne veut piger qu'elle est jugée d'avance. À moins que le grand méchant buveur de thé n'ait été dans le coup depuis le début, c'est on ne peut plus clair. Elle avait peut-être de bonnes raisons de trahir, mais elle s'est vendue aux Ashnardiens. Elle a piégé et tué des commandos entiers, frayé avec toute la vermine qui veut notre peau. Les esclavagistes, les trafiquants, les rebelles tekhans... Quelque soit son histoire, elle doit répondre de ses actes.

Je finis par m'arrêter, un peu essoufflée. J'étends ma lampe en me faufilant dans un boyaux étroit. Il y a de la lumière plus loin dans le tunnel, et des voix. Je me planque et j'attends. Difficile de distinguer clairement les impressions avec toute la vermine qui fait trembler le sol... Un véhicule, léger... Trois personnes à pied... Ils lambinent, ils doivent chercher quelque chose...

" Elle est sûrement morte, je vois pas pourquoi on s'emmerde.
- Parce que la patrouille l'a pas retrouvée hier.
- Elle a dû se faire ramasser par les Tekhanes, ou se faire bouffer par des Formiens.
- Le Commandant Lochtis a dit d'ouvrir l'œil au cas où elle revenait. Cette petite salope a rasé notre camp de base.
- Alors pourquoi on lui a pas collé une balle dans la tête en partant ? "

Intéressante question à laquelle personne de répond. je suis en train d'appliquer la méthode dans l'ordre suivant : canonnier, chauffeur, et les trois glandus de gauche à droite. J'avoue que ça passe près une fois ou deux, mais l'effet de surprise aidant je les étale tous les cinq. Et j'en profite pour jeter un œil au flingue bizarre du meneur, avec des galons de caporal mal cousus sur sa veste. Magnétique mais le chargeur est étrangement long...

" Fait chier ! "

Je laisse tomber l'arme et le magasin. Des aiguilles d'obsidienne, cerclées de métal. Cette salope de Rayka a l'air d'avoir retenu la leçon. Et si Mastermind veut toujours que je serve ses plans, alors la chienne prend beaucoup de liberté avec les ordres de son maître. De toutes façons j'avance droit vers un piège depuis que j'ai quitté le camp. Je chope une gourde pour boire un bonne rasade, et roulez jeunesse ! Pas facile de manœuvrer une tout-terrain dans ce tunnel, mais je ne mets pas longtemps à le retourner. Il y a un affichage tête haute sur le pare-brise, derrière les traces de sang. Un plan qui va me mener droit à Rayka. Alors je fonce.

" Équipe 3 ! Au rapport ! Pourquoi vous faites demi-tour ? "

Merde, la radio ! Si je réponds pas je suis grillée. Heureusement qu'il y avait une femme dans l'équipe, avec le bruit du moteur et du vent je ferais peut-être illusion. Je prend le micro en poussant l'accélérateur à fond, mon regard allant du plan au tunnel. Faudrait pas que je me vautre.

" On est tombés sur une équipe Tekhane !
- Quoi ? Si près ?
- On s'est fait embusquer ! On a rien vu venir ! Moins trois ! J'ai un blessé ! Il pisse le sang, faut que je revienne ! "

Pas de réponse ?

" Le mot de passe. "

Au moins j'aurais essayé.

" Dites à Rayka qu'elle a le choix : elle fait ses valises ou ses prières. "

Au temps pour la finesse. Et ils ont sans doute un moyen de pister les véhicules. Il faudra que je largue celui-là, en attendant ça m'économise des forces et du temps. Plus qu'à trouver un embranchement... Et espérer que je tomberais pas nez à nez avec une horde de monstres.

Terra Hero Team

Légion

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 95 samedi 06 octobre 2012, 20:42:27

« Euh... Nika ?
 -  Ne fais rien de stupide…
 -  Nika, je ne suis pas sûre que ce soit une…
 -  Elles ne nous veulent aucun mal.
 -  Ce n’est foncièrement pas l’impression que j’ai d’ici... »

Difficile de lui en vouloir. Leur marche avait rapidement été compliquée. Le long d’une grotte sombre, les deux Héroïnes étaient tombées sur de nouveaux Formiens, près d’un cocon. Il y avait d’énormes toiles d’araignées un peu partout, des œufs, et, naturellement, de grosses araignées velues qui s’avançaient tout autour d’elles, les encerclant dangereusement. Rozalia tenait son arc, prête à dégainer, mais Nika lui avait fait signe de ne rien faire. Il y avait bien une cinquantaine d’araignées, de taille variable. Elles étaient d’une laideur repoussante. Outre les pattes classiques et la forme arachnide, elles avaient des espèces de longs poils sur le dos, et des pinces crochues à l’avant. Il s’agissait indéniablement d’araignées particulièrement laides, et le simple fait de les voir de si près donnait à Rozalia des frissons d’horreur. Fort heureusement, elle n’était pas particulièrement arachnophobe. Lentement, Nika se rapprochait, et fléchit un genou devant l’une des araignées.

Killer ne parla pas, mais communiqua par pensée. L’Annexien continuait à agir en elle, et elle ne tarda pas à parler à voix haute, précisant à Rozalia ce qui se passait :

« Ces Formiens sont fidèles à l’Overmind.
 -  Super...
 -  Ils peuvent nous conduire au centre de la Fourmilière en évitant les défenses de Mastermind.
 -  Et je suppose que refuser leur invitation n’est pas au programme ?
 -  Si ces araignées voulaient nous tuer, répliqua une Nika excédée, elles l’auraient fait depuis longtemps. Écoute, je sais bien que tout cela est étrange... Même pour moi... Mais, si on les laisse, on n’entrera jamais dans la Fourmilière. J’ignore ce que Mastermind a fait à l’intérieur de ce truc, mais il a l’air de contrôler pas mal de choses. Il doit exister de petits passages étroits que seuls les Formiens connaissent. »

Rozalia se mordilla les lèvres. Ce truc était complètement différent, mais Nika avait raison. A elles seules, cette mission était une véritable opération-suicide. Elles n’atteindraient jamais ce qu’elles recherchaient sans l’aide de l’Overmind... Mais ça ne lui plaisait pas pour autant. Comme rebrousser chemin n’était plus une option, Rozalia finit par hausser les épaules.

« Comme nous avons fait l’amour, les araignées sentent sur toi mon odeur... C’est pour ça qu’elles n’ont pas tenté de te violer.
 -  De me... ?! Parfois, Nika, je trouve que tu parles trop...
 -  Parfois seulement ? »

Rozalia croisa les bras. Rien qu’à l’idée d’être violée par ces trucs, elle en avait envie de vomir. Elle imaginait leurs pattes se faufiler en elle, leurs pinces... Un haut-le-cœur s’empara d’elle, et elle ferma les yeux. Il n’y avait que Nika pour fournir ce genre de détails croustillants. Comme quoi, l’utile pouvait parfois rejoindre l’agréable, et les araignées se mirent à avancer.  Elles étaient nombreuses, très nombreuses, et, sans Annexien pour les guider, difficiles à contrôler. Nika savait que sa position était instable. Les Formiens sentaient en elle l’odeur de l’Annexien, mais savaient aussi que cette femme n’était pas un Annexien, mais une délicieuse créature, excitant leurs hormones. Le pire était à craindre, mais se battre, pour le moment, était une perte de temps. Nika pouvait sentir le doute tirailler les insectes géants. Certains voulaient leur sauter dessus, et d’autres préféraient rester fidèles aux instructions.

Redemption, de son côté, essayait de ne pas vomir devant ce spectacle. Les araignées grouillaient tout autour d’elle, et elles avançaient le long de conduits étroits et tortueux, évitant des stalactites qui pointaient dangereusement, formant de redoutables griffes en suspension. La jeune femme n’était nullement rassurée par tout ce qu’elle voyait autour d’elle, et sa dague énergétique la démangeait. Le groupe continuait encore à marcher, quand les araignées s’agitèrent. Des images affluèrent dans la tête de Nika.

« Elles se méfient... Et elles ont faim... Il y a... Un campement d’humains à côté...
 -  Les Tekhanes ? »

Ce serait étonnant, vu que ces dernières étaient en arrière. Nika secoua d’ailleurs négativement la tête. Si ce n’était pas les Tekhanes, il ne pouvait s’agir que d’une seule autre faction : les mercenaires de Rayka. Le groupe approchait du campement, s’avançant dans d’étroites galeries. Nika et Rozalia devaient s’accroupir, et voyaient, depuis des trous dans la paroi, le camp. Il y avait de nombreuses tentes, et des véhicules de combat. Des individus avec des combinaisons de lance-flammes, des chars, et de nombreux hommes.

« Malgré la démonstration de force de Rinako, ils sont encore nombreux... »

Depuis cette position, Rozalia pouvait les voir ouvrir des caisses, et parvint à entendre quelques bribes de conversation :

« La Celkhane arrive !
 -  Pourquoi on est obliges d’utiliser des balles tranquillisantes ? Ça n’a pas de sens ! »

L’homme secoua la tête négativement.

« Abruti ! Rayka veut l’offrir au Grand Patron ! Ce dernier ne veut pas sa mort.
 -  C’est pourtant elle qui...
 -  Tu comprends pourquoi elle a hurlé cette nuit. Le Grand Patron ne veut pas de sa mort, il veut qu’on la lui amène. »

C’était justement ce à quoi Rayka s’effectuait. Elle savait que Rinako venait de se faire repérer, et elle lui envoya un message, sur la radio que la jeune femme venait d’utiliser :

« Rinako ? Tu n’as aucune chance contre nous, tu dois bien le réaliser... Nous sommes mieux équipés, plus nombreux, et nous savons à quoi nous avons affaire... Cependant, il semblerait que j’aie quelque peu négligé les ordres de mon supérieur... Tu l’as impressionné, et il veut te voir, te parler... Nous seuls pouvons te guider à lui, car les Formiens nous laisseront passer. Nous avons des munitions chargées de dymérite, Celkhane. Si tu t’approches, nos tourelles de défense te dégommeront... Et, quand bien même tu arriverais à nous vaincre, penses-tu sincèrement réussir à traverser toute seule les défenses de la Fourmilière ? Peu importe la manière dont on retourne l’équation, Rinako, tu n’y arriveras pas toute seule ! Tu veux voir celui que tu appelles Mastermind et le confronter ? Tu veux me libérer de son emprise ? Je peux te mener directement à lui, dans son repaire, et tu pourras lui parler. »

Rayka se tut un peu, reprenant son souffle, et reprit :

« Pourquoi crois-tu qu’il se soit adressé à toi à plusieurs reprises, hein ? Il te veut... Cesse donc ta croisade ridicule, et rends-toi. Il a les moyens de te faire passer pour une traîtresse, Rinako, et tu le sais aussi bien que moi. Tu sais que cette opération va foirer ! Et, quand une bombe à neutrons se baladera dans la nature, les Tekhanes auront besoin d’un bouc-émissaire ! Quand bien même tu arriverais à sortir d’ici, à réussir ta mission, tu serais une traîtresse à ta Nation. Les Celkhanes te traqueront comme elles m’ont traqué ! Accepte l’invitation de Mastermind ! Comme preuve de ma bonne foi, indique-moi un lieu de rendez-vous, et je m’y rendrais. Seule, et sans arme. »

Après ce que Rayka avait vécu cette nuit, elle pouvait tout à fait affirmer ça. Parfois, la mort était préférable à la vie.
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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 96 mardi 09 octobre 2012, 04:24:06

Ces tunnels n'en finissent pas, et les marqueurs sur l'affichage tête haute sont encore tous hors-champs. Je fonce pied au plancher, forçant sur le volant chaque fois que je décolle du siège pour que la pédale ne quitte pas le sol. Et c'est peut-être la vitesse qui me fait ça mais mon cerveau turbine comme jamais. Je ne suis plus sûre de rien, pas même de ce que je pense. Pour une deuxième sortie sur le terrain il faut dire que je suis plutôt gâtée, et avec cette ordure de télépathe dans l'équation tout est remis en question. S'il peut faire parler le fantôme de ma mère ou me montrer Caelestis, il peut sans doute se montrer encore plus insidieux.

Je blinde comme je peux les piliers de ma volonté. Première vérité inébranlable : ma mère est morte, elle n'est plus de ce monde, elle ne reviendra pas. Ça fait mal de devoir me concentrer là-dessus, mais c'est ce que j'ai de plus profondément ancré dans le cœur et la tête. Deuxième vérité inébranlable : je suis une Celkhane. Je suis né Celkhane, j'ai vécu et je vivrais jusqu'au bout en tant que telle. Et prêté un serment que ma mère est morte pour tenir : dédier ma vie aux autres femmes, toutes celles qui souffrent et risquent la mort, celles qui résistent ou se rendent. Celles qui ont besoin de moi vivre ou survivre, gagner ou garder leur liberté. Qu'importe les épreuves et la résistance qu'on m'oppose, qu'importe qu'on me comprenne ou non, qu'importe la reconnaissance ou les médailles. J'ai rivé ma vie dans un plateau de la balance, et je mourrais avant de m'en laisser arracher... mais une fois morte je ne pourrais plus me battre, alors je survivrais d'une manière ou d'une autre.

Maintenant que je suis ici, seule face à ce qu'une armée entière ne pourrait pas accomplir, c'est tout ce qui me reste. Et ça ne rend la tâche que plus grande. Rayka me fait plus de peine qu'autre chose. Difficile de croire que cette femme si obsédée par les moindres désirs d'un monstre a fait la fierté de mon armée. Dire qu'après sa défection le fossé s'est creusé à nouveau entre les Celkhanes et les réfugiées. Elle n'est pas aussi détestée que pour une blessure d'orgueil, mais parce qu'elle traumatisé toute la nation. Caelestis a vacillé dans le ciel en apprenant qu'une réfugiée devenue l'une de ses protectrices les plus célèbres avait trahi et était passée à l'ennemi. La peur d'être suspectées pour les réfugiées, celles d'être frappées au cœur pour les Celkhanes.

Pour celle qui comme moi passaient depuis leur enfance chaque moment libre auprès des réfugiées, la blessure a été plus profonde encore. Mais ma hiérarchie ne m'a jamais laissé que le droit de me venger, pas de comprendre. Et ce qu'elle fait de son côté est inexcusable. Quelques soient les raisons qui ont abouti à la mort de ses sœurs d'armes lors de sa dernière mission, Rayka s'est vendue aux Ashnardiens. Elle a choisi son sort quoi qu'elle en dise en se mettant à traquer nos commandos en mission et en formant les esclavagistes à leurs tenir tête. Alors rien ne changera mes plans à son égard : morte ou vive.

Mais je ne peux sacrifier à cette femme les milliers de Tekhanes qui vont se faire tailler en pièces. Ici je semble être la seule à vouloir agir pour empêcher ça. Et c'est bien mon rôle, non ? Tout Terra se fout complètement du sort des esclaves, il n'y a que Caelestis pour prendre les armes. Et on ne recule pas face à l'ampleur de la tâche, on se relève et on avance, on lutte jusqu'au bout. Et quand on a dépassé toutes les limites, on continue. Alors il faut que je trouve un moyen : Rayka morte ou vive, Mastermind neutralisé, autant de survivantes Tekhanes que possible, et la foutue bombe... Mais Mastermind n'est au mieux que la moitié du problème. Il y a aussi l'Overmind qui n'attend que de reprendre le contrôle total et toutes nous tuer. Sans compter les Zéroînes qui n'ont visiblement pas la moindre idée de ce qu'elles foutent depuis le début.

J'attrape la radio, d'après le plan de l'affichage tête haute, je suis presque arrivée.

" Désactive tes tourelles, Rayka. Ton maître sera sans doute pas content que tu lui amènes un cadavre. "

J'arrête la bagnole avant la grande salle indiquée par le plan. Puis je descend pour finir la route à pied, en tenant mon arme bien haut au-dessus de ma tête. Puisque je ne peux pas frapper, je dois chercher l'ouverture.

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 97 mardi 09 octobre 2012, 10:40:20

« Qu’est-ce qu’on fait ? » demanda Rozalia.

La question à mille crédits... Les araignées s’agitaient de plus en plus, le lien de soumission les empêchant de laisser libre cours à leurs pulsions étant de plus en plus étiolé, de plus en plus instable. Et la présence d’autres individus compliquait encore plus la chose. Pour les Formiens, un bon Annexien aurait du attaquer ces créatures, qui étaient bien trop proches de la Fourmilière. Que leur commandant ne donne pas l’ordre les troublait énormément, et elles hésitaient de plus en plus. Les Formiens étaient des créatures loyales, mais également dominées par des pulsions primaires, et ces deux sentiments se balançaient. C’était comme diriger une meute d’animaux sauvages ; il fallait montrer qu’on était le plus fort pour les contrôler... Et on n’était pas le plus fort quand, face à un ennemi, on préconisait de se planquer.

Nika, cependant, ne tenait pas à attaquer. Sans les araignées pour les guider, la progression vers Mastermind serait impossible. Elle sentait que ce dernier ne savait pas qu’elles étaient là, car il était préoccupé par Rinako, et par l’autre Celkhane, Rayka. Il y avait quelque chose de bizarre en elle, même Nika parvenait à le sentir. Elle n’avait pas encore abattu toutes ses cartes, et Rozalia ne lui avait pas encore expliqué toute l’histoire... Et même Ghost ne savait pas tout. La version officielle présentait pour elle des lacunes, des failles inexplicables par rapport à la mentalité de Rayka. Mais il n’y avait jamais eu de contre-enquête. Le Conseil s’était contenté de la version de Swedan, sans creuser plus loin. D’autres avaient creusé, fouiné, fait des recherches, retourné sur le terrain, et c’était à partir de ces investissements personnels que Ghost avait pu reconstituer une version différente, en trouvant des éléments qui ne concordaient pas. Le Diable est dans les détails, et ce proverbe n’avait jamais été aussi vrai.

« Le mieux est de continuer...
 -  Tu sais aussi bien que moi qu’elle ne pourra pas affronter toute cette puissance de feu ! riposta Rozalia.
 -  Elle a choisi son chemin ! On ne peut pas se permettre de l’aider, elle doit se démerder. »

Rozalia soupira, regardant à nouveau la cour en contrebas. Ils étaient nombreux, armés, et bien équipés. Des mercenaires ; ils étaient une véritable armée. Rinako se ferait mettre en pièces si elle tentait le forcing. Mais Nika avait raison... La priorité était la mission : stopper ce psychopathe qui se cachait dans la Fourmilière, et éviter un carnage. Plus le temps passait, et plus Rozalia avait l’impression que cette histoire ne finirait pas bien. Elle voyait mal un merveilleux happy end, mais espérait pouvoir au moins sauver les meubles.

« Alors, en route... » lâcha-t-elle, résignée.

Il était totalement impossible d’amener Rinako. Elle était une pelote de nerfs sur le point d’exploser ; le contrôle déjà faible que Nika avait sur ces bestioles s’effacerait complètement si elle les rejoignait. Il fallait se faire une raison. C’était difficile à admettre, mais c’était clairement la meilleure chose à faire. Les Héroïnes reprirent donc leur route.

Pendant ce temps, à l’entrée de ce camp improvisé, les tourelles automatiques se pointèrent vers la forme solitaire qui avançait. Elles l’avaient en joue, mais ne tiraient pas. Plusieurs gardes étaient à l’entrée, et des viseurs rouges éclairaient le corps de Rinako, remuant sur elle, glissant. Des tireurs d’élite dissimulés sur des promontoires rocheux la tenaient également en joue. Le message était clair. Je te tiens, tu me tiens par la barbichette... Rayka était exposée. Il aurait été possible de la tuer avant que la cavalerie n’ouvre le feu, mais sa mort serait la seule chose que Rinako puisse faire avant d’être transformée en gruyère. Rayka portait une lourde verte, et ses yeux semblaient fatigués. Des cernes noires indiquaient qu’elle avait peu dormi, mais elle était toujours consciente.

« Il est temps d’y aller, Rinako. Juste toi et moi... Au milieu d’une armée de Formiens. »

Pas de salutations, Rayka allait droit à l’essentiel. Elle se retourna, et se mit à marcher, s’aventurant dans le camp, les gardes laissant passer la Celkhane. Rayka ne disait rien, mais elle titubait parfois, et un œil observateur aurait pu voir des gouttes de sueur perler sur son corps. Elle n’avait aucune trace d’ecchymose, aucune blessure, mais c’était comme si elle ressortait d’une séance de bastonnage. L’ancienne Celkhane s’approcha d’une espèce de tram particulier. Il était fait de végétaux.

« Il nous conduira tout droit au repaire de mon Maître... Et je suppose qu’Il te donnera le droit de me tuer... C’est pour ça que tu es venue, n’est-ce pas ? Que tu as choisi de rester dans cet enfer ? Alors, sois rassurée. Tu pourras bientôt accomplir l’heureuse et juste vengeance des Celkhanes... Pour autant qu’une vengeance ait jamais été juste. »

Le monorail se mit à démarrer. Il n’y avait aucun rail, mais il était traîné par de longues membranes sur le plafond, et filait à travers des conduits.

« Navrée pour l’inconfort, ce moyen de transport n’a pas été conçu pour des humanoïdes. »

Le monorail continuait à filer dans l’obscurité, jusqu’à ralentir lentement... Et par approcher de sa destination. Quand il sortit de l’obscurité, Rinako et Kayla étaient enfin dans la Fourmilière, et même plus loin que ça. Elles semblaient flotter au-dessus d’une immense mer infinie, bleuâtre, et, au centre, trônait une structure indescriptible. Une forme géométrique noirâtre qui semblait en mouvance permanente.

« Admire cela, Celkhane. Rares, très rares, sont les humains, et même les Formiens, qui ont pu voir cette structure. Nous approchons du Triangle de Verre, dans les profondeurs les plus éloignées de la Fourmilière, là où les règles normales ne s’appliquent plus. »

Plus on se rapprochait du sol, et plus on pouvait voir que la mer se détachait par endroits, formant des ilots rocheux et désertiques, couverts d’une texture formant comme un mélange entre le sable et la cendre.


Le monorail finit par s’ouvrir en deux, et les deux femmes tombèrent plusieurs mètres en contrebas, se recevant sur le sol. Les parois du Triangle semblaient remuer, comme si elles étaient vivantes, organiques. Rayka se releva, et retira sa veste. Elle portait un débardeur assez court, et on pouvait voir, sur son dos, un spectacle assez sinistre : une série de cicatrices anciennes, très anciennes, qui avaient visiblement été récemment rouvertes. Les plaies étaient rouges, à vif, et, si le débardeur cachait bien l’essentiel de son dos, elle avait des cicatrices un peu partout, et en nombre conséquent. La douleur devait être terrible.

« Ne t’amuse pas à les compter, il y en a 77. Elles sont mon châtiment pour toutes mes erreurs passées... »

Rayka n’en dit pas plus, et se mit à marcher, s’avançant vers le Triangle.
DC d’Alice Korvander.

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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 98 mardi 09 octobre 2012, 14:27:41

Pas besoin de la tuer, vu son état même moi j'aurais qu'à souffler dessus pour la mettre au sol. Et c'est clairement pas moi qui l'aie mise dans cet état. Une esclave. Elle a mal servi son maître et en a pris pour son grade. C'est ça, où elle a eu les yeux plus gros que le ventre cette nuit. Toutes les deux au milieu d'une armée de Formiens ? Sans aller jusqu'à me dire que j'ai vu pire, hier j'ai pas été loin du compte. En fait depuis que je sortie du vaisseau transport j'en ai pris plein la gueule, de tous les côtés et de toutes les façons possibles. Bien sûr j'ai failli mourir, et plus d'une fois, mais contre ça j'ai pu me défendre.

Les Formiens veulent me tailler en pièces, mais eux, au moins, ils ferment leurs gueules. Quelque part il y a un équilibre : on fonce dans le tas et on se bat, les derniers debout ont gagné. J'aurais dû en rester à ça. Mais il a fallu que je me laisse convaincre par ces deux connasses qui n'ont pas arrêté de se foutre de mon sens du devoir alors qu'elles en profitaient, de railler sur mon âge et mes capacités alors que je faisais tout pour sauver leurs culs et leur mission foireuse. Et quand mon tour est venu de demander, elles m'ont envoyée sur les roses l'une après l'autre. Par-dessus le marché, Mastermind me vole ma mission par la bouche de Rayka.

" Tu me saoules. "

Même lui me prend pour une gamine. Il va me refiler son jouet à bousiller ? De plus en plus décevant. C'est pas le tout de lire dans la tête des gens, faut arriver à piger ce qu'on voit. Il veut me faire marcher à la menace ou me soudoyer avec une vengeance expéditive ? C'est insultant. Je laisse la justice aux bureaucrates et aux religieux, ceux que ça concerne. Et ce n'est pas moi que je vengerais si je la tue, alors il faut le faire dans les formes. On m'a assez reproché mon engagement envers ma nation et mon armée, il serait temps que j'assume. Dans un cas comme celui-là la vengeance ne suffit pas. Je suis pas une arriérée qui règle tout par la violence et se dit que ça merde parce que c'est comme ça. Je suis pas non plus un mec qui sort les baloches pour se rassurer.

Pas ici, ni maintenant. À moins que ça vienne sur le tapis en toute logique, après tout elle m'a bien emmerdé avec ça hier.

" Ouais, une cabine de téléphérique en racines c'est pas le pied. Merci pour mes courbatures. "

Serre les dents, ma fille. De ce côté-là, par contre, j'ai vu pire. Parce qu'on est entraînées jeunes tout le monde s'imagine que nos manœuvres sont des rando pédestres pour gamines pourries-gâtées. Et il faut croire que ces conneries ont la vie dure, parce que malgré tout ce que j'ai fait ce matin on me traitait encore comme si je sortais du centre aéré. S'il y avait eu de quoi me faire une combinaison de combat intégrale, et un casque pour aller avec, je crois que finalement ça m'aurait arrangée. Tout le monde m'aurait vu comme un petit soldat, petit mais soldat. Au lieu de ça je suis trop jeune, frêle et mignonne pour avoir le droit de l'ouvrir.

Et la sortie scolaire arrive devant le monument formien qui devrait me couper le souffle. D'accord c'est impressionnant, c'est gros et je m'attendais pas à ça dans un nid de bestiasses. Mais c'est super-moche, en parfait accord avec le contexte bien glauque. En plus c'est la gerbe : ça remue de partout. Le cœur de l'ennemi. J'ai moins envie de m'extasier que d'y foutre le feu pour faire sortir Mastermind à découvert et le rôtir. Puisqu'on est pas nombreux à s'être ramenés, il faudra bien que je tente ma chance.

" J'ai toujours eu du bol... "

Les racines se déploient soudain en Rayka se casse la gueule. Les règles normales ont beau pas s'appliquer, il y a de l'air et je peux encore me laisser glisser dessus pour arriver en douceur. J'arrive juste derrière elle au moment où elle découvre son dos. Alors voilà comment il la tient. Voilà tout ce que ce connard est capable de faire et qu'il a déjà tenté avec moi : rouvrir les vieilles blessures. Mais les miennes me donnent de la force. Celles de Rayka l'affaiblissent

Soixante-dix-sept entailles pour ses erreurs passées. Encore faut-il savoir de quelles erreurs on parle. D'ailleurs si je caresse ma broche, ce n'est pas pour me rassurer.

" Puisque t'en parles... "

Je me demande si elle pige ses erreurs au fur et à mesure. La première a été de me tourner le dos, je frappe du pied derrière son genoux. La deuxième a été de me dévoiler sa faiblesse, je cogne droit entre les omoplates pour l'envoyer face contre terre. Et la dernière de m'avoir scié les nerfs avec un flot de conneries sans queue ni tête. J'écrase son épaule d'un genoux en lui tordant le bras.

" Maintenant tu vas cracher le morceau ! Qu'est-ce qui s'est passé cette nuit-là ? Et du concret ! Sinon c'est pas compliqué : suicide ou pas je me casse d'ici ! Je vous laisse tous vous démerder entre tarés ! Je rase tout sur mon passage ou j'en crève, mais ton connard de maître devra se démerder sans moi ! "

J'accentue légèrement la torsion de son bras. C'est ce qu'il y a de bien avec les blocages articulaires : pas besoin d'être aussi balèze que l'adversaire pour le tenir.

" Vas-y ! T'arrêtes pas de te plaindre mais tu donnes pas des masses d'infos ! Alors parle, bordel ! Qu'est-ce qui s'est passé avec Swedan et ces putains de fermiers ? Magne-toi avant que je change d'avis ! Et crois-moi : si je veux me barrer c'est pas toi qui pourras me retenir ! "

Parce que je vais pas la buter. Je prendrais ses plaques, je lui cramerais les pieds, et je laisserais le détail pour la vermine. De toutes façons sans moi elle ne sortira pas vivante de ce trou à merde. Elle ne me suivra pas de son plein gré, et elle est trop lourde pour que je la porte. Mais si Swedan a manqué à son devoir il faudra que je m'occupe d'elle en rentrant, avec la version de Rayka enregistrée ce sera plus facile.
« Modifié: mardi 09 octobre 2012, 14:38:04 par Rinako Yukimitsu »

Terra Hero Team

Légion

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 99 mardi 09 octobre 2012, 15:31:18

Soixante-dix-sept marques. Soixante dix-sept indélébiles blessures. Les premières que le bourreau lui avait infligées, les seules qu’elle n’avait jamais voulu que les chirurgiens lui retirent. Elle le sportait sur son corps, ces marques, car ils lui rappelaient qu’elle avait franchi la ligne, atteint le point de non-retour... Ce point où on réalise qu’il n’y a pas de fond dans la descente, que le trou n’est pas un puits, mais un abîme sans fond. On essayait tous de se persuader en se disant qu’une chute se termine un jour, et qu’on peut ensuite remonter, mais c’était un leurre. On tombait sans arrêt dans la vie, depuis qu’on naissait. C’était ainsi. On était né pour tomber, jamais pour monter, né pour chuter, pour être humilié, battu, insulté, pour souffrir, pour pleurer, pour être frustré, pour être bercé de fausses illusions, pour être nourri par de faux espoirs... Parfois, on arrivait à ralentir la chute en s’accrochant à des parois, à des interstices, mais, au bout d’un moment, le bout de bois se rompait, et la chute, interminable, se poursuivait. Il n’y avait qu’un seul fond, une manière de souffrir. Placer le canon dans la gorge, bien au fond, jusqu’à sentir le métal froid, et avoir envie de vomir, puis appuyer sur la gâchette. Combien de fois Rayka avait-elle fait ce geste ? Senti le métal froid dans sa bouche ? Et tenter d’appuyer sur la gâchette... Mais ça aurait été faire preuve de lâcheté, ça aurait été fuir ses responsabilités. Elle méritait de chuter, elle méritait de tomber, de continuer encore à tomber, à s’enfoncer sous les couches les plus profondes de la souffrance et du désespoir. La mort était la seule chose qu’elle attendait de la vie.

Rinako l’avait plaqué au sol, lui hurlant dessus, et, si la douleur était bien là, elle n’était rien, comparée à celle que Rayka avait ressenti cette nuit.

« Vas-y ! T'arrêtes pas de te plaindre mais tu donnes pas des masses d'infos ! Alors parle, bordel ! Qu'est-ce qui s'est passé avec Swedan et ces putains de fermiers ? Magne-toi avant que je change d'avis ! Et crois-moi : si je veux me barrer c'est pas toi qui pourras me retenir ! »

Rayka ne put s’empêcher de glousser, et lâcha, acerbe :

« Te barrer ? Rinako, putain ! Tu veux qu’on te considère comme une adulte, mais tu continues à raisonner comme une attardée ! Tu sais ce que ça signifie, de grandir, ma jolie ? Ça signifie comprendre une vérité très simple... On est tous des putains d’esclaves, Rinako. Caelestis, Ashnard, peu importe les noms qu’on leur donne, ce sont tous des bourreaux qui nous envoient nous sacrifier pour des causes qui ne nous concernent pas, pour des problèmes qui ne nous concernent pas, pour des situations qui existaient avant notre naissance. Tu crois sincèrement pouvoir te barrer ? Oh putain, mais sois réaliste ! Tu es au cœur de la Fourmilière ! Tu n’auras pas le temps de faire trois pas que tu seras en pièces détachées ! »

Le sol se mit soudain à vibrer sous leurs corps, et des formes apparurent alors autour des deux femmes. L’espèce de pierre qui se trouvait là évoluait, se modifiait, grossissait, et, peu à peu, cinq ou six golems se mirent à les entourer, et poussèrent Rinako sans ménagement. Ryaka entreprit alors de se relever, tandis que les golems disparaissaient. Ce fut désormais à Rayka de toiser la femme.

« Retiens cela, leçon d’une ancienne Celkhane à une autre... Notre seule véritable liberté, c’est de choisir le meilleur maître possible. Le jour où tu auras compris cela, Rinako, alors tu pourras enfin te considérer comme une adulte. Maintenant, arrête tes conneries, et suis-moi. Tu veux connaître les réponses, hein ? Savoir ce qui s’est passé dans cette putain de ferme ? Savoir pourquoi j’ai trahi mes sœurs jurées pour des esclavagistes ? Tu veux comprendre l’inexcusable ? Pourquoi j’ai tué des Celkanes ? Les réponses sont là-dedans. »

Elle désigna du doigt le Triangle. Rayka cracha un peu de sang sur le sol, et se mit ensuite en marche. Tandis qu’elle s’avançait, le sol devant elle évolua, et une espèce d’escalier noirâtre se forma. Elle avança, et atteignit une espèce de plate-forme faisant penser à un manège. Il y avait devant elle une espèce de petit tram, comme les longs chariots des montagnes russes. Rayka grimpa dans la nacelle.

« C’est parti, Rinako... Un tour dans le Bolid’ ! »

Lorsque les deux femmes furent à bord, le train se mit à démarrer, lentement, et le décor autour d’elle changea. Rinako voulait des réponses, elle allait les avoir... En direct... Le train s’enfonçait dans une espèce de belle forêt éclairée, et s’arrêta près d’une ferme.

C’était une belle journée pour Tom. L’ancien bûcheron n’avait plus les forces de couper le bois pour le vendre au marché. Couper le bois, mine de rien, c’était très fatigant. La hache était lourde, et il fallait porter les morceaux de bois dans le chariot, puis le conduire au marché, et rester toute la journée à essayer de vendre aux bonnes gens du bourg des morceaux de bûche pour l’hiver qui s’annonçait. Bien sûr, il aurait pu engager un charretier, mais Tom préférait plutôt former Jonah, l’un de ses fils. Le plus jeune, mais aussi le plus robuste, contrairement à Miles. Miles était un bon petit gars, mais il était incapable de soulever une hache, et il était, comme le Vieux Jones aimait à le dire quand il venait partager une bonne bouteille avec eux, un intellectuel. Il s’occupait donc de la ferme, des plantations, et des vaches, et c’était, en toute logique, à Jonah, qu’il reviendrait de s’occuper de la scierie.

Tom était fier de sa famille, et il y songeait en revenant chez lui, poussant avec ses puissants bras un chariot rempli de morceaux de bois. Tom était épuisé, et savait qu’il ne pourrait pas faire cet exercice encore bien longtemps. Il avait des cheveux grisonnants, des points de côté de plus en plus fréquents, mais il fallait bien que quelqu’un aille couper le bois pour qu’on se réchauffe. L’hiver s’annonçait particulièrement rugueux, et il allait devoir batailler dur auprès du prévôt pour que ce dernier autorise l’envoi d’une milice afin de chasser les loups. L’an dernier, il avait perdu la belle Berthe et la grosse Marthja à cause de ces saloperies. Et ce n’était pas Boule-de-Bois, leur chien, qui était beaucoup moins combatif depuis la mort d’Élizabeth (paix à son âme) qui allait les protéger. Il se contentait d’aboyer à la mort. Tom eut encore une brève pensée pour sa défunte femme. Elle lui manquait tant, parfois. Quand il priait le Seigneur à la messe, il espérait qu’elle était heureuse là-haut, près des Anges et des Saints. Il était impossible qu’elle ait été ailleurs qu’au Paradis, le révérend le lui avait assuré. Une bonne femme, dévouée et fidèle. Une sainte innocente qui ne s’était donné qu’à un seul homme. Une brave fille de fermières. Une violente grippe l’avait emporté.

Alors qu’il rentrait chez lui, il entendit Boule-de-Bois hurler à la mort. Ce n’était pas les hurlements joyeux qu’il poussait parfois, mais des hurlements, comme si qu’un putain de loup rôdait dans le coin. Tom eut soudain une peur bleue pour ses fils, et se mit à courir rapidement, abandonnant son chariot. Un incendie, peut-être ? Non, il aurait senti le feu, et il faisait trop froid pour cette hypothèse. Il atteignit l’arrière de la grange, et Boule-de-Bois avait, dans un couinement, cessé d’aboyer. Il contourna la grange, filant vers l’entrée de la ferme... Et sursauta en voyant ses deux fils cloués au sol, Miles serrant les dents, Jonah tremblant comme une feuille.

« Mais qu’est-ce que... ?! »

Au-dessus d’eux, il y avait deux femmes dans des armures noirâtres, qui pointaient sur eux de drôles d’engins... Tom connaissait suffisamment le monde étranger pour comprendre qu’il s’agissait d’armes à feu, et il entendit alors du bruit derrière elle. Les femmes portaient des casques recouvrant leurs visages.

« J’en déduis que vous devez être leur père, n’est-ce pas ?
 -  Ne... Ne nous faites pas de mal ! s’exclama l’homme. Écoutez, j’ai de l’argent dans...
 -  La ferme, mâle ! Nous ne sommes pas venues pour vous voler, mais pour nous réfugier ! »

Se réfugier ? Il n’y comprenait rien, et restait interloqué. Une autre femme apparut, et elles ôtèrent alors leurs casques. Celle qui venait d’apparaître était Rayka... Mais une Rayka différente, plus jeune, plus séduisante, avec une longue chevelure noirâtre et finement noué en une queue-de-cheval.

« Votre seigneur nous pourchasse, expliqua Rayka, et mes camarades et moi réquisitionnons cette ferme, le temps de nous y réfugier.
 -  Je... »

L’homme se reçut alors un coup sur la tempe, et tomba au sol. Rayka fronça les sourcils, et Swedan, avec une belle chevelure blonde, posa sa botte sur la tête de l’homme.

« T’es sourd ou quoi, espèce de singe ?! Ton seigneur, ce gros taré qui écorche des femmes, nous pourchasse, et ratisse toute la forêt ! Alors, on va se planquer chez toi le temps que ça se calme !
 -  Mais...
 -  Ta gueule ! rugit Swedan. Sache que ce sera encore plus déplaisant pour moi que pour toi. La seule vue d’un mâle me donne envie de vomir, alors je te conseille de pas jouer aux cons, le débris ! On se réfugie chez toi, et vous êtes nos otages le temps que ça se calme dehors, et qu’on puisse mettre les voiles ! »

Swedan était violente, nerveuse. Elle connaissait les mâles ; il fallait les dompter rapidement, les dresser pour qu’ils comprennent qui était le patron.

« Okay, okay, mais ne nous faites pas de mal ! réussit à bafouiller le fermier.
 -  ’Fais pas le con, et il ne t’arrivera rien ! »


L’image disparut ensuite, se brouillant, et la nacelle reprit son avance, lente, suivant un rail, avançant au milieu de l’obscurité. Rayka ne disait pas un mot, se replongeant dans ses souvenirs. Les réponses venaient, mais, pour que Rinako comprenne, il fallait être exhaustif.

« J’aurais du agir tout de suite, au lieu d’attendre... commentait Rayka. Mais tu es bien placée pour le savoir, non ? On ne conteste pas les ordres d’un supérieur au sein de l’armée. »

Bien loin de là, Nika et Rozalia, elles, continuaient à avancer. Le plafond se mit soudain à trembler violemment, et elles s’arrêtèrent, interdites.

« Ça a l’air de barder là-haut...
 -  Les Tekhanes vont faire tout ce qu’elles peuvent pour que les Formiens se concentrent dans la plaine, plutôt que de descendre. C’est drôle à dire, Nika, mais je crois que nous sommes ici à l’abri... Plus ou moins... »

Le long couloir tremblait dangereusement, la poussière se mettant à tomber autour d’elles. Les Tekhanes devaient balancer tout ce qu’elles avaient. On pouvait entendre d’ici les coups sourds des explosions, des BOM-BOM lointains, véritables défis à l’imagination. Nika espérait qu’il y aurait des rediffusions à la télé. Le spectacle avait l’air de promettre !
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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 100 mardi 09 octobre 2012, 18:26:01

Plus on avance plus cette femme me fait pitié. Finalement c'est pas compliqué : elle est dépressive. Si elle croit que les tas de gravats me font salir ma culotte elle se goure lourdement. J'ai des pouvoirs affiliés à la terre, et si je n'en fait pas l'étalage c'est parce que les golems disparaissent aussi vite qu'ils sont apparus et parce que je n'ai pas encore eu ce que je veux. Et puis c'est pas des monticules de caillasses qui vont me rattraper une fois en l'air. Je ne dis pas qu'une monstrueuse volée de saloperies ne viendra pas me courser en vol, mais je brûle aussi. Scarface veut se rassurer en se disant que j'ai pas le choix ? C'est d'autant mieux. On verra comment elle réagit quand on lui coupe les ailes.

Je suis plus à une volée d'insultes et d'opinions merdiques près. Je crois que la mienne est faite : cette femme n'est pas une Celkhane, elle n'en a sans doute jamais été une, et je vais pas me torturer la tronche pour elle. C'est une meurtrière, tout ce que je veux savoir c'est à quel point elle est coupable. Alors direction le manège. Je m'appuie dans un coin les bras croisés et je regarde.

Le pauvre paysan qui trime, le chien qui gueule puis qui couine, les garçon au sol tenus en respect : jusque là rien de si choquant. Puis Swedan, et la connaissant : toujours rien de choquant. Cette salope est androphobe au dernier degré. On est connues pour nos opinions très tranchées sur la gente masculine, mais on est pas des sauvages. Pas toutes. Et sur le terrain, un civil reste un civil. On vient pas pour leur défoncer la tronche, on se bat aussi pour qu'ils pigent que l'esclavage est une saloperie. Mais bien sûr, moi je fais partie des pauvres connes qui ont trop de principes. Et pas des chieuses qui ferment leur gueule au lieu de relever leur supérieure.

De toutes façons, Swedan est en taule à l'heure qu'il est. Sur le plan moral, venant de cette connasse rien ne peut m'étonner. Et tout me pousse à prendre ce que je vois avec beaucoup de réserves. Rayka est instable, et ces images sortent sûrement de sa tête.

" Envoie la suite. "

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 101 mercredi 10 octobre 2012, 00:04:03

« On était quatre. »

Tandis que le train filait dans l’obscurité, Rayka énumérait la liste des Celkhanes présentes :

 - Angela Swedan, leur Capitaine. Une femme forte, connue pour avoir des opinions tranchés, et qui n’aimait pas particulièrement les hommes. Son père violait sa femme et sa grande sœur, et elle avait donc des raisons de se méfier d’eux et de leurs pulsions.

 - Rayka. Elle était alors une Celkhane dévouée et fidèle, une redoutable guerrière.

 - Lana Sukumiku. Lana était la plus jeune des Celkhanes, qui vouait une forte adulation pour Sweden, qu’elle considérait comme une héroïne depuis l’épisode du ranch dans le canyon, où Sweden avait réussi à sauver une mission commando mal partie, en libérant de nombreux esclaves, et en neutralisant tout un trafic d’esclavages impliquant des raiders.

 - Kira Sutchumi. Spécialiste en armes blanches et infiltration, elle était la spécialiste du quatuor, une femme intelligente, qui savait conserver son sang-froid, et qui s’occupait de la logistique.

« A cette époque, les stratégies de base des commandos celkhans prévoyaient généralement l’usage de quatre unités. Trop, c’était prendre le risque de se faire repérer, et moins, c’était le risque d’avoir droit à une mission-suicide. Sweden nous dirigeait, et il ne nous appartenait pas de discuter ses ordres. Ça ne m’avait jamais posé problème ; j’étais une militaire, je savais où était ma place. Servir, et obéir. Réfléchir quand c’était nécessaire, mais respecter la hiérarchie et le commandement. Ne pas discuter les ordres. Tu sais ce que c’est. »

Le manège commença à lentement s’arrêter, et un autre souvenir déferla.

Le soleil se couchait faiblement dans la forêt, et Tom, tremblant, était dans le salon, en train de mettre du bois dans la cheminée, sous le regard vigilant de Rayka. Elle portait son fusil d’assaut devant elle, et était assise sur le canapé. Les Celkhanes étaient maintenant là depuis cinq jours, mais les patrouilles se poursuivaient. Kira était partie en exploration, et les Celkhanes attendaient son rapport. Rayka avait le visage fermé, observant sans rien dire l’homme. La relation entre les Celkhanes et les fermiers était des plus tendues. Les Celkhanes ne les appréciaient pas, et les fermiers étaient trop peureux pour faire quoi que ce soit, pour tenter d’agir. Tom tremblait nerveusement, et Rayka finit par se racler la gorge.

« On ne vous fera rien, vous savez... » lâcha-t-elle.

Le fermier âgé ne répondit pas, et Rayka se mordilla les lèvres, avant de répondre.

« Nous ne sommes pas les méchantes dans cette histoire, poursuivit Rayka. Croyez bien que je suis désolée de vous imposer ça, mais nous agissons dans l’intérêt du bien commun. »

Swedan se trouvait à l’étage, et Rayka était intimement convaincue, à l’époque, de ce qu’elle disait. Certes, ce n’était pas bien de kidnapper des gens, mais elles le faisaient pour la bonne cause, pour venir à bout des esclavagistes, pour lutter contre l’esclavage et ces pratiques barbares et avilissantes. Elle en était alors persuadée. Tom ne dit rien, empilant les bûches, et démarra le feu en empilant des morceaux de papier usagés, les roulant en boule pour démarrer le feu. Ce fut à cet instant que Rayka entendit des coups sourds, suivis de craquements, et de pleurs venant à l’étage. Elle se retrouva, en même temps que Tom, et il fut le premier à monter à l’étage. Miles était dans la grange, à nourrir les bêtes, alors il ne pouvait s’agir que de Jonah... Swedan avait du aller le voir, et il entendit alors l’enfant pleurer.

« Oh non... » soupira Rayka.

Elle s’avança à la suite de l’homme, et entendit des hurlements. L’enfant pleurait, et se reçut un autre coup, un choc sourd, qui le fit taire... Ou, du moins, le fit cesser de pleurer, puisqu’il se contentait désormais de lentement gémir, blessé et prostré.

« Mais qu’est-ce qui vous a pris... ?!
 -  Ta gueule ! »

Un autre coup sec, et, en grimpant à l’étage, Rayka vit le père à terre, après s’être reçu un coup de crosse. Il se reçut ensuite un coup de pied en pleine tête, et Rayka s’approcha. Elle dévisagea froidement Swedan.

« Que se passe-t-il ? »

Swedan ne répondit rien, crachant sur le sol, tandis que le père, sonné, blessé, tentait de se relever. Angela sortit alors son arme de poing, un pistolet, et le pointa sur la tempe de l’homme, en vociférant, les dents serrés :

« Toi, salopard, tu bouges pas, ou je t’explose !
 -  Capitaine ?!
 -  Restez en-dehors de ça, Caporal !
 -  Mais...
 -  Discuteriez-vous mes ordres ?! »

A ces mots, Rayka se raidit, et secoua la tête. Elle se sentait raide. Elle avait posé une question stupide. A cette époque, elle savait déjà ce qui se passait. Comment aurait-elle pu ne pas savoir ? C’était limpide, tellement évident... Mais il était tellement plus simple de se retourner, et de fermer les yeux, d’oublier ce visage larmoyant, ce nez qui saignait, ce regard plein de haine. Dès cet instant, Rayka avait su... Mais elle n’avait rien fait. Non. Elle s’était retournée, et avait descendu les marches, essayant de ne pas entendre les coups sourds et répétés.


« Je n’ai jamais compris pourquoi Swedan avait frappé ce gosse... Ou, du moins, j’essayais de me persuader que je ne le savais pas. Elle s’était contentée de dire que le marmot tentait d’envoyer un corbeau annoncer que les Celkhanes étaient ici... Quelle excuse bidon... Les Celkhanes ne nous apprennent pas à aimer. On nous apprend à tuer, à haïr l’ennemi, à contrôler notre rage. La plupart de nos soldates sont d’anciennes captives, des femmes qui ont souffert des traumatismes, et on ne nous apprend pas à vivre en les oubliant. On nous apprend à les utiliser pour se battre, pour trouver une motivation de se battre. Swedan a vu son père violer et torturer sa sœur. »

Il était évident que la proximité avec des hommes la rendrait folle, et attiserait sa haine et sa rage... Tout comme le fait de devoir fuir, d’être coincée dans une ferme misérable, à se cacher d’hommes. Le train, quant à lui, reprenait sa silencieuse progression. Le Bolid’ continuait son tour sans personne pour le stopper.

« On a fini par les enfermer dans la cave, et on les nourrissait avec des gamelles, en les enchaînant. Comme des chiens. Swedan affirmait qu’on ne pouvait pas faire confiance à des mâles qui essayaient de se carapater, ce que l’un des fils du fermier avait réellement essayé de faire. Lana l’avait surpris en train de s’enfuir par les champs, et il avait reçu une correction sévère. »

Le train continuait à s’enfoncer, descendant une longue pente.

« Et puis, deux ou trois jours après, on a reçu des informations. Une patrouille ennemie a approché de la ferme... On les a capturés, et ils nous ont parlé d’un convoi d’esclaves qui était en route le long d’un canyon. Sur une carte, le responsable de la patrouille, pensant probablement que cela l’épargnerait, nous a indiqué sa localisation précise. On a hésité, et on a décidé d’agir. Le seigneur local était un vrai pervers, un malade, et on ne pouvait pas laisser tous ces esclaves, des individus que ses hommes avaient récupéré en pillant des villages, ramener chez lui. On a exécuté les patrouilleurs. On devait rationner les provisions, et trop de prisonniers pouvaient poser des problèmes. »

Rayka retint son souffle. Cela faisait des années, mais elle s’en souvenait encore comme si c’était hier.

« On est parties à l’aube pour trouver le convoi, et sauver les esclaves. Notre baroud d’honneur avant de rejoindre le point d’exfiltration... Ils avançaient le long d’un canyon, les gardes se tenant en hauteur. Ils avaient des caravanes, des chameaux, des dromadaires, et des hommes armés. Il y avait des familles entières qui avançaient dans le canyon... Hommes, femmes, enfants. Ils n’étaient pas enchaînés. Un luxe inutile, pensions-nous ; ils étaient coincés dans le canyon, et des chaînes auraient ralenti le convoi. »

Elle soupira à nouveau, et finit par dire ce à quoi Rinako devait s’attendre, sentant son corps trembler.

« Ils étaient... Ils étaient soixante-dix-sept. 77 esclaves. »

*
*  *

« Je dirais qu’on approche...
 -  Je dirais surtout que cette grotte ressemble à toutes les autres grottes qu’on a déjà pu traverser depuis...
 -  Depuis quand c’est moi l’optimiste et toi la pessimiste ?
 -  Depuis que tu t’es liée d’affection pour ces choses arachnoïdes ?
 -  Allons, je suis sûre que tu les adores !
 -  Je préférerais me faire prendre par un troll plutôt que d’être touchée par l’une de ces indescriptibles horreurs.
 -  Quelle poétique comparaison ! Non, vraiment, tu tiens tant que ça à me faire dégueuler ? »

Rozalia soupira, n’ajoutant rien. Inutile d’envenimer encore plus les choses. Tout était déjà bien assez compliqué comme ça. Les grondements et les explosions étaient toutefois de plus en plus fortes, et il était probable que Nika se fonde là-dessus pour affirmer que la Fourmilière était proche. Ce n’est pas que Rozalia était claustrophobe, mais elle préférait volontiers un autre décor que ce sinistre conduit étroit où on risquait à tout moment de se faire mal.

Lentement, aux sons des explosions, Rozalia entendit d’autres bruits... Des sons étranges, comme... Comme des milliers de pattes qui remontaient. Un grondement sourd, irrépressible, de plus en plus intense, qui, sans qu’elle ne puisse se l’expliquer, lui donna des frissons. Elle trembla un peu, et vit alors un rayon de lumière obstruer de temps en temps apparaître. Nika s’avança de ce trou dans la paroi, et regarda dehors...

« Oh putain… »  s’exclama-t-elle devant ce qu’elle avait sous les yeux.
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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 102 jeudi 11 octobre 2012, 19:44:58

" Arrête de chialer, t'es pitoyable. "

Pas la peine de cacher que j'ai les nerfs en pelote. Fini de prendre des gants. Qu'elle me rentre dans le lard si elle ose, mais cette connasse n'a eu de fierté que quand elle me croyait incapable de me défendre. Et elle a sans doute trop peur de se faire taper sur les doigts par son maître.

" L'ex-colonelle Angela Swedan est en isolement haute sécurité à Eternum. Elle crèvera de vieillesse dans une cellule, pour l'exemple. Parce qu'elle a voulu abandonner trente-cinq garçons pendant une mission d'intervention-récupération. Et quand sa jeune lieutenante a objecté et l'a relevée de son commandement elle a failli la tuer. "

Je décroise les bras pour me cramponner au bord de la nacelle contre lequel je suis appuyée. Qu'est-ce que j'ai envie de lui coller une branlée en disant tout ça ! Au corps à corps je suis de taille. J'ai été entraînée à me battre par tous les moyens contre des mecs ou des créatures qui seraient largement plus grandes et fortes que moi. Bien sûr je me la jouerais pas à mains nues devant un Orc, mais une femme ne me fait pas peur.

" Sort un peu la tête de ton cul, Rayka. Swedan, toi et beaucoup d'autres : vous étiez pas des Celkhanes. Vous auriez jamais dû avoir une arme entre les mains, ni un grade supérieur. Mais il n'y avait personne d'autres. Aujourd'hui la nouvelle génération fait le tri, et les fruits pourris comme vous on les chope pour les épingler sur le mur de la honte. Caelestis a été fondée sur un principe simple : protéger toutes les femmes, libérer tous les esclaves et mettre fin à l'esclavage. C'était déjà vrai à ton époque et tu t'es engagée à mourir pour ça s'il le fallait. Mais de ce que j'ai vu t'as été bien contente de l'oublier parce que Swedan avait plus de galons. C'est ça ta trahison. "

J'en ai plein le dos qu'on me prenne pour une gamine écervelée alors que toute ma vie est un combat sans fin. Un combat dont je n'ai pas à rougir à la face du monde même si le principe a l'air naïf.

" Tout ce qui m'intéresse dans ton histoire, c'est de savoir si j'aurais d'autres culs à botter en rentrant. Je veux savoir qui a fait quoi, et qui doit tomber. Traduction : les Celkhanes d'aujourd'hui font le ménage jusque chez elles. Alors envoie la suite, et commence à te faire à l'idée que je vais t'envoyer squatter la cellule voisine de celle de Swedan. "

J'espère que tu vois tout ça, Mastermind. Si tu crois que tu peux me retourner aussi facilement qu'elle, tu vas être déçu... Mais c'est peut-être pour ça que t'as besoin que je m'approche autant ?

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 103 vendredi 12 octobre 2012, 11:17:06

Elles y étaient. La Fourmilière, une sorte d’immense dôme, était devant elles. Il y avait un vaste précipice entre la grotte où elles se tenaient et la surface étrange de la Fourmilière, et des milliers de Formiens grimpaient le long des parois. Nika vit ainsi passer devant le trou d’où elles observaient la région des araignées géantes, des arachnoïdes, et d’autres créatures grimper. Il y eut ensuite des séries d’explosions, probablement des obus et des missiles envoyés par les Tekhanes Les projectiles explosaient contre la surface de la Fourmilière, révélant alors une espèce de couche lisse, mais Nika pouvait voir quelles couches supérieures se reformaient rapidement. Toute la zone tremblait, et on pouvait entendre les coups de feu et les bruits de la bataille. Nika se retourna alors vers Rozalia.

« Je dois y aller seule. »

Rozalia secoua la tête.

« C’est une...
 -  Rozalia, tu le sais aussi bien que moi; je suis la seule capable de rentrer dans la Fourmilière. Si tu y vas, les autres Formiens t’attaqueront.
 -  Alors, je fais quoi, moi ? soupira-t-elle.
 -  Retrouve Ashley, et assure leur fuite. Je vais essayer de neutraliser Mastermind avant qu’il ne soit trop tard... »

La manière dont Nika le disait signifiait clairement que, pour elle, il était trop tard. Peu importe ce que leur ennemi avait en tête, elle était de plus en plus convaincue qu’il avait déjà eu ce qu’il voulait. Le jeu n’était pas équitable : il avait toutes les bonnes cartes en main. C’était comme faire une partie de tarot face à quelqu’un qui avait une triple poignée. On ne pouvait rien faire d’autre que compter les points qu’il accumulait en serrant les fesses, et en essayant de sauver tant bien que mal quelques misérables têtes. Rozalia secoua la tête.

« Sois prudente, Nika...
 -  On se retrouve au bunker.
 -  Tu as intérêt. »

Nika ne répondit pas, et continua à suivre les araignées. Lorenza eut un dernier regard pour le chaos qui se déchaînait dehors, et choisit un autre chemin, se dépêchant de rejoindre le convoi.

*
*  *

« Ça ne sert à rien... Tu t’obstines à juger sans comprendre. Pour avoir le droit de juger quelqu’un, Rinako, il faut commencer par comprendre ce que ladite personne a fait, ce qui l’a motivé... Et, pour cela, il faut déjà savoir ce que cette personne a fait. Toi, tu ne sais rien, et tu te refuses à comprendre. J’en ai assez de toi et de ton arrogance. Tu penses sincèrement pouvoir m’arrêter ? Nous arrêter ? Et tu penses sincèrement que j’ai trahi Caelestis ? »

Rayka était écœurée. Sa patience était à bout. Elle opta pour un autre ton, résigné et battu :

« Ma mission consistait à t’emmener au Triangle. J’aurais du l’écouter quand il m’a dit que ça ne servirait à rien, que tu étais trop complexée par ton jeune âge pour comprendre Tu ignores tout ce qui se passe autour de toi, Rinako. Tu continues à croire que je souhaite la ruine de ton Archipel, alors que j’ai du accepter d’être une traître pour préserver Caelestis. Mais peu importe... Tu veux jouer à la justicière ? Tu veux sauver le monde ? Lutter contre les méchants et les envoyer au trou ? T’y connais rien, Rinako Yukimitsu... Et il est trop tard pour ça. »

Rayka disparut alors, se transformant en cendres qui s‘envolèrent au vent. Et le train, subitement, s’accéléra énormément, le simages défilant si vite à droite et à gauche qu’on ne pouvait les comprendre... Un cayon désertique où une fumée blanchâtre dangereuse s’envolait vers le ciel... Une scène intense dans une cave... Un œil qu’on crevait avec un fer rouge... Et le train, toujours, filait rapidement, fonçant vers une espèce de fenêtre qui se rapprochait rapidement. Une sortie ! Lorsqu’il l’atteignit, le train se volatilisa, et Rinako tomba sur le sol, atterrissant dans une espèce de grotte avec de nombreux piliers. Aucune sortie apparente dans cette grande pièce... L’entrée par laquelle elle était venue n’était plus que de la paroi. Une présence sombre se mit alors à descendre le long des piliers. Un Formien très étrange, qui semblait également agressif, qui se mit à atterrir sur le sol. Il était grand, et sa forme était indescriptible, tant elle était chaotique :


La Chimère semblait avoir quatre bras, deux longues ailes, plusieurs yeux bleuâtres, plusieurs jambes, et un long corps serpentin avec une queue énorme. Son torse se mit à luire d’une intense énergie violette, et il en largua une puissante onde de choc, extirpant de son corps ses émanations magiques, puis envoya des boules de feu violettes vers Rinako.
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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 104 mercredi 24 octobre 2012, 15:44:42

" Franchement c'était bien la peine de l'ouvrir pour dire ça ! "

Je crois que je deviens un peu dingue. Rayka se désagrège sous mes yeux et la première chose que je pense c'est que j'ai parlé trop fort. La deuxième c'est que je suis encore en train de me faire pourrir le cerveau par l'autre boule à facette ! Si c'est le cas la nacelle est convaincante, parce que je manque de passer par-dessus bord quand elle se met à filer. Je vois des fusillades, des explosions et je ne sais pas trop quoi d'autre. Ça s'enchaîne et j'ai du mal à garder les yeux ouverts à cause du vent.

Je n'ai pas le choix, de toutes façons. Je suis piégé ici, que ce soit réel ou non, alors je dois prendre les choses comme elles viennent. Et la première c'est le sol. Je me fais bazarder par terre comme un tas de caillasse trimbalé par un wagonnet. Je me relève vite. C'est grand, c'est sombre, et...

" Bordel de merde ! "

C'est occupé par ce qui est sans doute la plus énorme, informe et infâme saloperie que j'ai vue de ma vie ! Illusion ou pas elle a l'air très fâchée de me voir arriver. Ça m'étonnerait que ce truc soit Mastermind, donc par-dessus le marché je me suis encore faite avoir ! Je jette un coup d'œil pour voir mais je suis prise au piège, même le tunnel du train a disparu. Il va falloir jouer la montre en attendant de trouver comment attaquer. Je n'ai même plus d'armes, seulement mes pouvoirs, et ce truc ne va pas me lâcher. Déjà il me crache des saloperies enflammées dessus.

Je pars en courant sur la côté, puis je me mets à sauter. Vive le vent, je file rapidement autour de la pièce, entre les colonnes. Toujours pas de sortie et ça ne fait que ralentir le monstre. Il va falloir que je me batte, reste à espérer qu'il ne résiste pas au feu, parce que je me vois mal sortir un souffle assez puissant pour soulever ce truc dans une pièce si encombrée. Et je n'ai pas non plus la terre pour m'aider, je ne sais pas ce qu'il y a sous mes pieds.

Je m'arrête derrière un pilier. Feu de la main gauche, vent de la droite que j'amène au-dessus des flammes. Je dois faire vite et bien, ce qui n'a rien de simple dans une telle situation. J'étouffe les flammes dans un courant d'air tournant. L'explosion ne lui fera peut-être pas grand mal, il vaut mieux que je tape où il faut. Soudain la gueule hurlante du monstre arrive sur ma droite. Je libère ma petite bombe magique qui file droit entre les crocs pour éclater. À voir le backdraft on pourrait croire que ce truc crache du feu. Je profite du souffle pour reprendre de la distance, puis je repars à entre les colonnes.

Ce gros enfoiré est sur son terrain. Malgré sa masse impressionnante et tout ce qui dépasse de son corps, il n'a aucun mal à suivre. mais je ne peux pas simplement voler dans un environnement comme celui-ci, trop d'obstacles. Même si leurs nombre diminuent. En dépassant une colonne j'entends un gros choc derrière moi, ce n'est qu'en changeant de direction que je vois de quoi il était question : il a éclaté un pilier. Il s'est aussi dégagé le champ pour me bombarder encore. J'esquive, je fuis, et je risque un coup d'œil de temps en temps pour chercher la faille.


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