«
Alors, tu es heureuse de sortir un peu ? -
Oui, Princesse, confirma Cathy,
mais j’aurais préféré qu’Andrew soit avec moi… -
Et bien, si Andrew n’avait pas fait l’erreur de dévaster les cuisines pour trouver à manger, il ne serait pas de corvée pour toute la journée répliqua Alice en soupirant.
Tu ne vas quand même pas bouder, si ?! -
Je… Je ne peux pas bouder sur vos genoux, Princesse… »
Alice se contenta de sourire, et regarda par l’une des fenêtres de la calèche qui, tranquillement, l’amenait vers un village. Prenant un peu plus d’indépendance, Alice avait décidé de se rendre dans l’un des principaux bourgs d’un royaume libre, pour affaires. Ce royaume ne risquait pas de rester éternellement libre avec la présence d’Ashnard, mais une guerre pouvait être évitée. C’était un royaume assez spécial, où le Roi était élu de manière démocratique par des électeurs spéciaux, eux-mêmes élus par chaque bourg. Un système curieux, qui intriguait un peu Alice. Elle se promenait aujourd’hui, et avait décidé d’aller là-bas pour honorer une fourniture d’armes à l’intention de son royaume. Les forges de Sylvandell produisaient des armures et des armes solides et efficaces, conçues pour trancher la cuirasse solide des dragons. Partant de là, bien des royaumes prisaient ses armes, mais Sylvandell ne pouvait en fournir à tout le monde. Uniquement à l’Empire, et aux États autorisés. Cet État-là figurait sur les listes autorisées, suggérant donc qu’il serait bientôt annexé à Ashnard.
Alice aurait bien aimé monter à cheval, galoper un peu, mais elle avait du abandonner cette idée quand l’une de ses dernières nekos avaient demandé à venir. Il s’agissait de
Cathy, une neko qui avait été offerte à Alice par les sœurs jumelles Karistal, pour célébrer son mariage avec Sakura. On lui avait également fourni un neko, Andrew, et les deux nekos étaient relativement inséparables. Discrets et obéissants, ils assistaient dans les tâches ménagères du château, essoraient les armes, nettoyaient les écuries, préparaient à manger… Andrew était un bon cuisinier, mais aussi assez intrépide, surtout quand il s’agissait d’épater certaines servantes, et il avait plus ou moins dévasté les cuisines. Andrew était donc puni, et Alice avait accepté d’amener Cathy avec elle.
Sa tête posée sur ses genoux, la neko ronronnait tendrement, Alice grattant son crâne, entre ses deux oreilles. La Princesse avait toujours aimé les chats, et ne pouvait donc qu’aimer Cathy. Elle était clairement son animal de compagnie, mais cette situation ne gênait nullement Cathy, au contraire, qui avait, selon elle, une superbe Maîtresse. Les chariots entrèrent dans le village, allant sur une place où plusieurs individus influents du village se trouvaient là. Il y avait notamment le bailli, le prévôt, et le seigneur local. Alice descendit, suivie par Cathy, qui avait un collier autour du cou. Sur ses quatre pattes, la neko finit par s’asseoir sur les fesses, observant ce curieux monde.
«
Chère Princesse, vous avoir à Épervine est un immense honneur ! »
Épervine était le nom de la ville. Depuis la cité, on pouvait voir, au loin, les montagnes de Sylvandell. Elle était à proximité d’une forêt.
«
Le plaisir est partagé, seigneur répondit Alice avec un léger sourire.
-
Le temps que nous procédions à l’inventaire des armes, je ne saurais que vous encourager à visiter notre belle ville, Princesse. Le moulin d’Épervine est une attraction touristique, mais vous pouvez aussi voir le Pont-Amour, qui… -
Je vous remercie, noble homme, mais je crois que je vais laisser le flair de ma neko me guider… Rassurez-vous, je vous retrouverais à temps. »
Disant cela, la Princesse se retourna, et laissa Cathy avancer. Cette dernière avançait rapidement, heureuse d’être à l’air libre, et s’approcha d’un jardin, reniflant ce qui se passait. Elle s’approcha des fleurs, se faufilant à l’intérieur, pourchassant des papillons, et Alice lâcha sa laisse, sachant très bien que cette dernière ne s’enfuirait pas. Alice, de son côté, s’appuya sur une rambarde, observant ce qui se passait. Des fermiers passaient à proximité, la regardant, elle, ainsi que la masse énorme qui se trouvait à côté d’elle.
«
Il fait bon, non ? -
Hodor » confirma ce dernier.
Hodor… Le seul terme que ce demi-géant savait dire. On l’appelait donc communément Hodor, et il était le garde du corps d’Alice. Une véritable montagne de douceurs, un demi-géant immense aux mains énormes, qui veillait consciencieusement sur Alice, même si cette dernière avait tenté de lui fausser compagnie à bien des reprises. La Princesse le regarda en souriant. Une immense masse, qui faisait plus de deux mètres. Hodor avait été récupéré dans une forêt assez sauvage par le royaume de Sylvandell, et n’avait trouvé son utilité qu’en protégeant solidement Alice. Depuis le temps, elle lui avait aussi trouvé une autre fonction, plutôt sexuelle. A cette idée, Alice se rappela sa chaude soirée avec Tasha, la tireuse d’élite de Tekhos.
Plongée dans ses pensées, Alice entendit soudain Cathy pousser un hurlement hystérique. Dans sa précipitation, cette dernière s’était glissée derrière une maison en bois. Intriguée, Alice courut voir ce qui lui arrivait, et s’arrêta en voyant un spectacle assez austère. Sur le sol, un neko était roué de coups par plusieurs hommes, près d’un chariot. Dans une robe de marchands, un homme avec une calvitie prononcée ordonnait aux hommes de le battre et de le rouer de coups.
«
Je ne tolère pas qu’on abîme mon matériel, lâcha l’esclavagiste.
-
Prends ça, saloperie ! Ça t’apprendra à vivre ! -
On voulait être libres, hein ?! Tu vas voir ce que c’est, d’être libre ! »
Ils étaient un petit groupe de mercenaires. Alice fronçait les sourcils en se rapprochant, sentant Cathy se ruer derrière elle.
«
Princesse, ils lui font mal !!! »
L’un des mercenaires avait sorti un fouet, et Alice se rapprocha. Cette dernière ne portait pas de robe, mais une tenue sylvandienne typique, à savoir un pantalon en cuir avec une tunique. Elle porta la main vers sa dague accrochée à sa ceinture, une belle dague en acier valyrien, ornée de bijoux.
«
Arrêtez ça ! lâcha Alice d’un ton autoritaire.
-
Simple correction envers un animal de compagnie rebelle, répliqua l’esclavagiste.
Ceci ne concerne en rien une paysanne… Poursuivez, Messieurs, je vous prie… »
Dans le chariot, il y avait une bâche qui recouvrait partiellement une série de cages avec des nekos. Les joues rouges, Alice s’avança vers l’un des mercenaires.
«
Je vous ordonne de… -
Va jouer à la poupée ailleurs ! »
Énervé, le mercenaire brandit la main, s’apprêtant à l’abattre sur la joue de la Princesse, mais sa main fut arrêtée en plein geste. Hodor écrasa sa lourde patte sur son poignet, et poussa un rugissement terrifiant avant de projeter le mercenaire d’un mouvement subit. Ce dernier s’envola en poussant un hurlement, et s’écrasa violemment contre le chariot, brisant un essieu, faisant légèrement chavirer le chariot. Réagissant rapidement, un autre mercenaire sortit un arc, visant Hodor. Alice retint un cri, alors qu’une flèche en fer siffla, et frappa Hodor à l’épaule.
«
Hodor ! » rugit ce dernier.
Le demi-géant chancela, la flèche plantée dans l’épaule gauche, et la retira rapidement, avant de la briser entre ses doigts. Des grondements sinistres s’échappaient de ses lèvres. Le mercenaire avec le fouet tenta de le fouetter, mais Hodor le gifla. Sous la puissance de l’impact, le mercenaire roula sur le sol sur plusieurs mètres, faisant une série de tonneaux avant de rester par terre, la tête dans la terre, inanimé. L’archer, de son côté, avait brandi une autre flèche, mais Hodor bondit vers lui, chargeant comme un taureau. Un puissant coup d’épaule frappa l’archer au ventre, enfonçant ses poumons dans sa poitrine. L’archer s’écrasa sur le sol, piétiné par Hodor, et on entendit les craquements de ses os exploser sous le contact du demi-géant.
Alice, de son côté, était allée voir le neko blessé. Hodor poussa un autre grondement, mais les mercenaires préfèrent s’enfuir. L’esclavagiste, blême, s’était caché derrière son chariot, espérant que ce monstre ne viendrait pas lui sauter dessus. Bien qu’il ne soit qu’un simple demi-géant, Hodor n’en disposait pas moins d’une force colossale.
«
Nous allons le conduire au temple du coin… -
Ça ne se passera pas comme ça ! J’ai des appuis, vous savez ! »
Alice ne se donna même pas la peine de lui répondre. Le neko était léger comme une plume, et Cathy était morte d’inquiétude, levant la tête vers cette boule de poils qui semblait inconsciente. La Princesse remonta vers le temple, afin de lui prodiguer les soins nécessaires.