Alice trouva assez facilement le sommeil, mais se réveilla de temps en temps, ou eut du moins la sensation de se réveiller. Elle entendit vaguement les soupirs et les gémissements des deux femmes occupées dans la baignoire, mais se rendormait généralement assez vite, si tant est qu’elle ne se souvint de pas grand-chose. La Princesse se contenta de dormir, sentant le dragon lové sur elle, sa tête posée entre ses seins, soufflant lentement sur l’un de ses seins. Elle ne sentit pas plus Tinuviel la recouvrir. Quand cette dernière en eut fini avec Lorna, le concert était terminé, et on n’entendait plus grand-chose dehors. La nuit s’était abattue, et un ciel étoilé brillait fièrement dans le firmament. La Princesse, elle, dormait paisiblement, et sentit le dragon remuer sur elle. Il se redressa, et mordilla la peau d’Alice. Aucune réaction notable. Le dragon souffla, et recommença à la mordre. Dans l’escalier, quelqu’un montait lentement, veillant à ne pas faire trop de bruit, dans la pénombre. Le dragon mordit encore.
« Hunn… » soupira faiblement la jeune femme.
Le dragon sentait quelque chose qu’Alice ne sentait pas, une menace indicible, et mordit à nouveau la douce peau de la Princesse, un peu plus fort. Celle-ci poussa un petit cri en se redressant légèrement.
« Mais qu’est-ce… ?!
- Kssss… !
- Mais où est-ce que je suis ? » songea Alice.
La mémoire lui revint rapidement, et elle secoua la tête, étouffant un bâillement. Le dragon la mordit à nouveau, et elle protesta.
« Veux-tu arrêter tout de suite ! le réprima-t-elle.
- Kssss ksss ! continua ce dernier, têtu.
- Mais qu’est-ce que tu as ? soupira-t-elle. Nous irons demain matin dans les terres des dragons. Maintenant, dors, vilain dragon, et laisse-moi me reposer », murmura-t-elle.
Alice bâilla à nouveau, mais le dragon continuait à sautiller sur le corps de la Princesse, dressant ses prémices d’ailes en grommelant. La porte s’ouvrit alors très légèrement, et le dragon bondit, bondissant si fort qu’il chut sur le sol.
« Arrête ça tout de suite ! » siffla la jeune Princesse.
La porte s’ouvrit alors pour de bon, et la Princesse tourna la tête. Un reflet lunaire éclaira la lame d’une dague, et elle réprima un cri de terreur en voyant deux hommes entrer.
« V’là ce putain de dragon… marmonna l’un des deux.
- Et une poupée au passage… »
Les deux hommes s’avancèrent silencieusement, en ricanant. Les voyant, le bébé dragon se mit à grogner, et Alice essaya de se calmer.
« Qui… Qui êtes-vous ?
- On vient pour le dragon, expliqua l’un des hommes. Le Drow nous a d’mandé de le récupérer, mais j’crois qu’on va bien s’amuser avec toi… »
La panique monta dans l’esprit de la Princesse, qui n’en laissa toutefois rien paraître, et décida de parler d’une voix claire, alors que la moitié de son corps nu était visible, vu qu’elle était redressée sur le lit. Elle ne pouvait pas le savoir, mais ces deux hommes faisaient partie d’une bande de mercenaires, des raiders, des pirates qu’on trouvait généralement dans les contrées sauvages. Néanmoins, compte tenu de la proximité de Sylvandell avec ces régions hostiles, il arrivait parfois que des raiders passent par des dédales isolés pour entrer dans les baronnies. Le Drow, soit un elfe noir, était le responsable de ses opérations, consistant à voler un œuf de dragon. S’infiltrer dans la terre des dragons était un exercice particulièrement difficile, et dérober un dragonnet tout autant, mais il avait réussi. Les Drow étaient connus pour réussir à s’infiltrer dans les endroits difficiles, mais il n’avait pas réussi indemne. Les dragons l’avaient repéré, il y avait eu une poursuite, et il avait lâché le bébé dragon, réussissant à survivre en passant par le lac de Sylvandell. Le bébé dragon était parti dans l’eau, atterrissant dans la forêt, où il avait fini par éclore. Tout cela, Alice l’ignorait, et, tout ce qu’elle voyait, c’était deux mercenaires. Le premier portait une arme blanche, et le second une arme à feu, un pistolet tekhan.
« Je vous conseille de vous rendre ! »
Les deux hommes rirent à cette idée, et elle vit le canon de l’arme pointé sur son visage. La détermination brûlait dans ses yeux, la peur hantait son cœur.
« J’crois pas, nan, ma poulette…
- Je vous aurais prévenus… riposta-t-elle.
- Chope le dragon, je surveille la poulette… »
L’homme avait son arme braquée sur la tête d’Alice, et l’autre s’approcha du dragon. Alice serrait nerveusement les poings, et le dragon bondit alors, le mordant au doigt. L’homme poussa un cri de surprise et de douleur, si bien que celui qui tenait le pistolet tourna furtivement la tête. Alice en profita pour bondir, tentant de renverser l’homme avec le couteau, mais elle se reçut une gifle de sa part, qui l’envoya, dans un hurlement, s’écraser sur le sol. Elle le vit avancer vers elle, avec la dague qui luisait.
« J’crois qu’il va falloir te dresser un peu, ma mignonne… »