Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Inaccessible... (Terminé)

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William Dolan

E.S.P.er

Inaccessible... (Terminé)

mardi 10 août 2010, 15:46:41

       Maitre Dolan avocat et directeur du plus grand cabinet de droit pénal de Kyoto était très ennuyé. C'était évidement un homme débordé qui considérait les loisirs comme une perte de temps. Un temps précieux qui devait être optimisé en permanence. C'est pour cette raison qu'une invitation à aller à une représentation d'une étoile montante de la chanson ne l'enchantait guère. Il ne connaissait même pas cet artiste et ne savait même pas s'il devait en parler au masculin ou au féminin. Il y a cependant une chose qu'il ne devait pas faire, c'est esquiver l'invitation car elle venait d'un important client qu'il était préférable de ne pas vexer. Autre petit détail : il lui fallait une cavalière. En effet, le spectacle était plus une sorte de réception qui réuni tout le gratin de la ville lors d'un événement très particulier ; l'arrivé en ville de la star. Heureusement pour William ce problème n'en était pas vraiment un.

       -Mademoiselle Saori? Demanda l'avocat penché sur l'interphone de son bureau. Venez je vous prie.

       William eut droit en guise de réponse au grincement de la poignée qui annonçait l'ouverture imminente des deux imposants battants en chêne qui lui servaient de porte. La secrétaire personnelle de Dolan entra dans la pièce en jetant un coup d'œil aux divers meubles en bois vieillis et à l'immense bais vitrée qui donnait une vue d'ensemble de la ville qui s'étendait en contrebas. Du 47e étage la vue était assez impressionnante. Lorsqu'elle eut fini sa rapide inspection, la jeune fille s'approcha du bureau en noyer beige et décocha un sourire éclatant à son employeur.
       Niji Saori était une belle jeune femme un peu extravertie avec de longs cheveux noirs typiquement asiatique et une petite frimousse qui rayonnait le bonheur et la joie de vivre. Elle agissait comme un vrai catalyseur de sourires. Dolan lui-même ne put s'empêcher de lui retourner un sourire vaillant et l'interrogea de son habituel timbre sérieux.

       -Dites-moi, avez-vous quelque chose de prévu après-demain soir? Je dois aller à une réception et j'ai besoin d'une cavalière.

       Le ton et la franchise de Dolan ne laissait aucun doute sur le sujet, il ne s'agissait pas d'une tentative de séduction et la demoiselle le savait parfaitement. En deux ans qu'elle est à son service, elle n'a jamais eu à souffrir de propositions déplacées ou d'avances subtiles. C'est donc très confiante qu'elle fit mine de repasser son agenda de la semaine dans sa tête avec une concentration feinte, puis elle reprit un air radieux.

       -Ça me va, mais tenez-moi éloignée du champagne, l'avertit-elle.

       Le rire de Dolan mit un point final à la conversation et Niji s'en retourna amusée d'avoir réussit à arracher un sourire à son patron si solennel.

       -Ça, c'est fait, murmura-t-il pour lui-même lorsque la porte se fut refermée derrière une longue crinière de cheveux ébènes.

***

       Un léger crissement du disque de frein de la berline annonça à maitre Dolan qu'ils étaient arrivés à bon port. Comme pour corroborer cette hypothèse, la portière arrière de la voiture s'ouvrit ; d'abord pour mademoiselle Saori qui avait opté pour une longue robe noire satinée, accompagnée de mitaines en velours noir également. Puis, ce fut au tour de Dolan de sortir. Il ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil à son reflet qui ondulait sur la carrosserie lustré de la voiture. Il était habillé d'un costume noir aux reflets émeraude. Il semblerait que cela mette ses yeux en valeur... pourquoi pas.
       William offrit tout naturellement son bras à la jeune fille qui gardait un air hautain et impérieux. Elle le prit avec lenteur et ils avancèrent vers l'entrée du magnifique théâtre de la ville. Il s'agissait d'une immense bâtisse qui imitait le style des palais occidentaux de l'époque classique. Grande façade de pierre blanche piquetée d'imposantes fenêtres à croisillons. La porte d'entrée haute de deux fois la taille de l'avocat était toute en bois incrustée de kanji en or. Cette splendide introduction laissait deviner un intérieur aussi prometteur car on entrapercevait les milles lumières des lustres en cristal qui éclairaient le marbre rose et blanc jusqu'à le rendre éblouissant.
       William jeta un bref regard vers sa cavalière qui regardait droit devant elle, avec un air légèrement ennuyé comme il sied à une femme raffinée et habituée au luxe. L'avocat riait sous cape car il savait parfaitement que la jeune fille brulait de sauter dans tous les coins pour inspecter tout ce qui brille. Elle faisait un effort car elle l'accompagnait. Bien que Saori ne soit pas du tout une femme de luxe, son don pour l'adaptation donnait parfaitement le change.

       Un buffet attendait les convives qui arrivaient en flot continu dans la salle de réception. Dolan dut saluer plusieurs personnes haut-placées ; divers magistrats, le préfet et son épouse grassouillette, deux ou trois sénateurs qui semblaient intéressés par ses services, et bien sûr le client qui l'avait invité. Hatori, un chef de famille Yakusa, mais dont la richesse et l'influence lui permettaient de se montrer sans complexe parmi le gratin de la ville. Lorsque toutes les salutations prirent fin et que le flot d'arrivants se fut tari, les gens furent priés de rejoindre l'amphithéâtre. Ce dernier était de loin le plus impressionnant avec ses fauteuils en velours rouges, ses chandeliers en argent et l'immense fresque peinte sur le plafond. Hatori insista pour avoir l'avocat à ses côté lors de la représentation. William et sa compagne se laissèrent donc trainer jusqu'à un balcon privé d'où on pouvait voir la scène avec un angle presque parfait.

       Quelques murmures, un discours ennuyeux mais malheureusement obligatoire, et enfin, les lumières disparurent pour laisser celles qui éclairaient la scène, seules source de lumière dans tout la pièce. La représentation commençait.
« Modifié: vendredi 03 septembre 2010, 09:42:55 par William Dolan »

Jessica Hale

Invité

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Re : Inaccessible...

Réponse 1 mardi 10 août 2010, 17:17:23

Le Japon… Un pays pour lequel Jessica avait toujours eu un intérêt limité. Elle ne connaissait rien à la culture japonaise et ne s’y était jamais penchée outre mesure. Pire, elle ne parlait pas un mot de cette langue qu’elle trouvait aussi archaïque que l’allemand. La différence avec l’allemand cependant c’est qu’elle avait dû l’apprendre à l’école. Curieusement, aussi disgracieuse ait pu paraître ce langage à la rouquine, le parler s’était avéré extrêmement aisé pour elle. Chacun ses dons. Certains résolvent des équations en x et imaginaires compliquées, Jessica elle avait un don avec tout ce qui sortait de sa bouche. Forte de cela, peut-être se serait-elle avérée excellente au parler japonais mais… La vérité est qu’elle n’en avait rien à faire. Ses préoccupations étaient à un degré bien différent. Quand on avait son train de vie, personne ne pouvait le lui reprocher. Une jambe croisée sur l’autre, le coude appuyé sur une table et le menton dans la paume, les yeux de Jess se perdaient dans la nuit noire dans laquelle le jet privé au bord duquel elle était évoluait.

Coupant court à ses pensées, une de ses assistantes, une jeune femme d’environ son âge, aux cheveux châtains frisés, s’approcha d’elle et se racla discrètement la gorge. Crier avec Jessica était parfaitement inutile. Elle-même usait toujours de tons doux pour s’exprimer. Sauf quand elle se mettait en colère. Dans ces rares occasions, rien ne serait retenir sa voix, plus puissante qu’elle n’y paraît, ses cris et la diarrhée verbale qui peut s’écouler de sa bouche. Mais à l’heure actuelle, alors que son avion n’allait pas tarder à atterrir, elle était calme et posée, comme presque toujours.

-Miss Hale ? Nous n’allons pas tarder à nous poser. J’ai eu Fitz au téléphone il y a quelques minutes, le temps est maussade et notre retard a découragé les journalistes. Vous ne serez pas importunée en arrivant.

Cette nouvelle fit discrètement soupirer la vedette. Elle en était satisfaite. L’un dans l’autre, pour elle c’était pareil. Elle n’avait jamais empêché quiconque de la prendre en photo, étant quelqu’un de plutôt accessible. Ca les empêchait de la harceler pour des clichés et elle avait encore une once d’intimité. Ca, toutes les stars d’Hollywood ne pouvaient s’en vanter. Encore que ça ne soit pas le terrain d’évolution de la jeune femme. Elle vivait humblement, avec un certain confort c’était certain, mais elle n’était pas du genre tape à l’œil. Si ses biens coûtaient chers, ils restaient toujours raffinés et élégants, loin du style rococo des nouveaux riches, comme elle. D’un geste lent et calculé, devenu une habitude, elle rejeta sa longue chevelure dans son dos.

" Parfait. Merci beaucoup Julia. "

Son assistante s’éclipsa et Jess tira son poudrier de son petit sac à main, qu’elle conservait sur le siège à côté d’elle. Alors qu’elle se remaquillait légèrement, l’avion entamait sa descente. Elle ignorait pourquoi, mais elle présentait que son séjour risquait d’être mouvementé.



Quelques plus jours plus tard, il ne s’était rien passé de notable. Sa première représentation dans le pays avait lieu dans quelques heures et elle n’était pas prête. Pas prête, ça voulait dire pas maquillée, pas coiffée, pas habillée. Elle ne pouvait pas sortir en chemise de nuit, c’était parfaitement impossible… Quelle idée avait-elle eu d’accepter d’aller boire du saké avec cet homme… Ce Yakuza ou elle ne savait trop quoi, jusqu’à une heure avancée de la nuit… Il avait dû déchanter en recevant la main de la sulfureuse rouquine dans la figure après des allusions qui n’étaient pas de son goût. Toujours est-il que le matin même, elle avait reçu un magnifique bouquet de Lys blancs et l’assurance qu’il serait son plus fervent admirateur à la soirée qui se déroulerait le soir même. Les fleurs avaient terminé leur vie par la fenêtre. On n’achetait pas Jessica Hale. Perchée sur ses escarpins, qui faisaient presque partie d’elle tellement elle les chaussait, la vedette faisait les cent pas. Le problème n’était pas ce qu’elle comptait porter pour le show. Elle porterait la même robe que d’habitude, enfin l’un de ces modèles, tous identiques. Le problème était comment allait-elle s’habiller pour sortir et aller jusqu’au théâtre ?
Excédée, elle envoya valser les dernières robes qu’il restait dans sa malle et s’assit sur l’un des fauteuils en osier blancs de sa suite. Elle sortit son fume-cigarettes et s’en alluma une, faisant tourner l’élégant tube légèrement entre ses doigts. Elle avait des coups de fil à passer.



Plusieurs heures plus tard, au théâtre, la crise avait été résolue. Les invités commençaient à grignoter et à boire, elle-même mettait la dernière touche à son maquillage, rouge à lèvre carmin, identique à celui de sa robe, et fard à paupière bleu pour rehausser l’éclat de ses yeux. Gants violets et escarpins rouges, ça lui avait valu le surnom de Dame en Rouge. Peu importait. Avec l’aide de Julia, qui l’aida à ajuster le bustier de sa robe et à la faire remonter suffisamment pour qu’elle englobe sa poitrine généreuse et ne descende pas suffisamment bas pour dévoiler le haut de ses fesses, Jessica termina pile à l’heure ses préparatifs. Un dernier coup de brosse dans sa chevelure flamboyante et, tandis que tout les spectateurs rejoignaient leurs sièges, Jessica laissait partir son assistante. Elle reviendrait la chercher quand la première partie du spectacle serait sur le point de se terminer. Quant à elle, la star fit brûler un peu d’encens et d’opium, ça permettait de la détendre et de faire s’envoler le trac.
La première partie consistait en une série de fables, censées divertir le public, le faire rire et bien le disposer à l’égard de la deuxième partie. Tout ce qui précédait son show ne dépendait pas de Jessica, et bien souvent elle ne prenait même pas la peine de regarder. C’était à ceux qui la payaient de tenir leurs invités, elle s’était toujours acquittée de sa tâche avec zèle et professionnalisme, et généralement, elle pouvait se vanter de sauver les meubles. De toute sa carrière, les critiques qu’elle avait reçues n’avaient émanées que de critiques réputés pour ne préférer que les groupes aux sons saturés. Et encore, ces critiques avaient été moins désobligeantes que prévues, sans doute à cause de sa plastique.
Toujours est-il que c’était à présent son tour. Les lourds rideaux de velours rouge s’étaient fermés sur les derniers comiques et Jessica était montée sur scène d’un pas nonchalant, alors que les musiciens s’installaient rapidement, elle-même prenait possession de son micro. Un micro à l’ancienne, comme elle l’avait réclamé, sans ajout de son, sans triche. Sa voix serait pure, juste amplifiée. Point de retouches.

Le silence se fit à nouveau dans la salle. Nul besoin d’annonce, son nom était sur le programme. Contrebasse et autres instruments aux sons graves et suaves, rejoints par quelques cymbales épars se firent entendre. Petit effet imaginé par Jessica, des nuages tourbillonnants de fumée, adipeuse, lents… Comme la fumée d’encens ou de cigarette s’élevèrent de la scène et d’autours. Les rideaux s’ouvrirent sur une chanteuse rousse au fard à paupière bleu, dans une robe rouge scintillante, fendue jusqu’à la cuisse et perchée sur des escarpins vertigineux. A l’exemple des instruments, sa voix était suave, sucrée, mais claire. Particulièrement douce à entendre.

" You had plenty money, 1922
You let other women make a fool of you...”

Plantureuse, sulfureuse dans son attitude et dans les regards qu’elle lançait à son public anonyme, Jessica remplissait parfaitement son rôle. Plusieurs chansons furent interprétées ce soir là, pendant lesquelles le public pu apprécier la clarté de sa voix dans les aigus et sa sensualité dans les tons plus graves, ainsi que certains mouvements de son corps qu’elle donnait l’impression de maîtriser à la perfection. Les déhanchés ne l’effrayaient pas, bien au contraire, et jamais elle ne se montra maladroite sur ses escarpins. Une force de la nature.
Finalement, les rideaux se baissèrent à nouveau, derrière Jessica, alors que la musique se faisait de plus en plus ténue. Elle-même tenait une dernière note, les mains ancrées sur les hanches et sa jambe découverte par la fente de sa robe ramenée légèrement devant l’autre, telle la pin-up qu’elle était. Le show s’acheva sur le retrait de la jeune femme, qui ondulait nonchalamment des reins, alors que les musiciens terminaient sans le secours de sa voix. Elle n’était pas connue pour faire languir le public en lui réclamant des rappels, quand elle avait terminé, c’était finit, comme le cas présentement. Aussi descendit-elle de scène pour regagner tranquillement sa loge.

William Dolan

E.S.P.er

Re : Inaccessible...

Réponse 2 mardi 10 août 2010, 18:57:58

       Un rire contrôlé et maitrisé sortit de la gorge de William Dolan alors que le comique sensé amusé la foule finissait une plaisanterie qui avait réussit à déridé l'avocat de par sa véracité. C'était osé car il se moquait de son public et visiblement ce n'était pas au goût de tout le monde. Le juriste jeta un coup d'œil à la dérobé au Yakusa assit à côté de lui. Celui-ci avait une mine renfrogné et ne tentait plus de masquer son impatience. Il attendait visiblement le clou du spectacle, contrairement à Dolan qui faisait pour mauvaise fortune bon cœur, essayant d'apprécier le spectacle dans son intégralité. Puis enfin, l'atmosphère changea. Les lumières se tamisèrent et les lourds rideaux rouges s'ouvrirent sur la diva de la soirée. William resta bouche bée devant une telle splendeur. Pour sa défense on pouvait objecter qu'il s'attendait à tout, sauf à ça. Sa voix douce s'éleva dans la salle, magnifiquement transmise par l'acoustique irréprochable de l'amphithéâtre. Ce serait mentir que de dire qu'il ne la désirait pas ardemment, comme tout les hommes présents dans la salle, mais il savait très bien que ce n'était pas possible. Elle était... inaccessible. Puis, du coin de l'œil, William avisa que sa cavalière le regardait avec un sourire moqueur. Vexé, le charme se brisa et il fit la moue. Il put ainsi observer les autres spectateurs. Tout comme lui précédemment, ils étaient totalement subjugués par la beauté de la chanteuse, tandis que leurs épouses leurs lançaient des regards courroucés qu'ils ne voyaient même pas. Hatori qui était assis prés de lui, souriait bêtement, les yeux fixés sur la scène.
       Ce ne fut que lorsque la dernière note cessa de raisonner dans la salle que la foule semblait sortir de sa torpeur. William qui avait retrouvé ses esprits depuis longtemps s'était déjà fait une opinion objective sur la chanteuse. Ce qui était sûr c'est qu'elle savait se servir de son corps et de ses charmes pour se hisser au rang des divinités, bien au-dessus des pauvres mortels dont William se sentait plus que jamais membre. Quand à savoir ce qu'elle valait vraiment... ce n'était pas ses oignons.

       -Elle n'est pas si inaccessible que cela, déclara Hatori qui semblait lire dans les pensées de l'avocat. J'ai moi-même pris un verre avec cette charmante jeune femme et je dois dire que ce n'est pas un si bon coup qu'on pourrait le croire.

       Le rire gras du Yakusa s'éleva et mourut prématurément lorsque les deux hommes croisèrent leurs regards. Celui de Dolan expliquait brièvement qu'ils n'étaient pas "potes de lycée" et que ce genre de remarque n'avait pas sa place dans les rapports professionnels qu'ils entretenaient. Cependant, le puissant Yakusa ne se laissa pas impressionné pour autant.

       -Elle vous a taper dans l'œil, maitre? Demanda-t-il avec un sourire goguenard.

       -C'était une agréable soirée et je crois qu'il est temps qu'elle se termine, rétorqua l'intéressé d'un ton aussi cassant que rigide.

       Dolan se leva, immédiatement suivi par Saori qui lui jetait des coups d'œil inquiets. Son inquiétude était superflue car l'avocat n'était pas en colère. Il abhorrait simplement la vulgarité sous toutes ses formes et la compagnie de ce gangster était devenu plus que déplaisante. Le couple descendit donc des loges et s'apprêta à regagner le hall de réception lorsqu'il fut rattrapé par le Yakusa.

       -Allons maitre Dolan. Nous n'allons pas nous quitter en si mauvais terme, le morigéna-t-il. D'autant plus que je vous ai prié de venir dans le but de faire plus ample connaissance. Faites-moi l'honneur d'une dernière coupe.

       Malin. Hatori avait vu juste. Se fâcher avec un client aussi important n'était pas une bonne chose et c'était parfaitement inutile. Sans quitter son air renfrogné, William acquiesça et suivit le bonhomme qui souriait de toutes ses dents.

       -Aaaaah, voilà qui me met du baume au cœur. Vous êtes comme le berger de mon business et ce serait idiot qu'on se boude. Restons entre hommes. Les femmes n'ont qu'à s'occuper toutes seules.

       Cette dernière remarque s'adressait visiblement à la cavalière du Yakusa et à Saori qui disposèrent docilement. Cette dernière adressa à William un clin d'œil qui semblait lui souhaiter bonne chance et elles disparurent avec la foule de convives qui regagnait le hall.


       Dolan accompagna le Yakusa sans un mot. Hors de question qu'il s'humilie à lui demander leur destination. Il avait opté pour un masque d'impassibilité et avait pris la décision qu'il se fichait éperdument de tout. Les deux hommes remontèrent le flot des invités jusqu'à ce qu'ils ne croisent plus âme qui vive. Dolan supposait qu'ils allaient dans un salon privé où les hommes influents se réunissaient pour finir la soirée en toute intimité. Bien entendu, il se fourvoyait.

       -Nous allons passer voir la vedette, l'informa le Yakusa. Nous pourrons lui adresser nos félicitations pour ce show plus que réussi.

       -Je n'ai que peu d'engouement pour l'idolâtrie, répondit le juriste d'une voix morne.

       Le Yakusa ne semblait pas saisir la tournure de phrase alambiquée qu'avait utilisé l'avocat car il poussa de nouveau un rire digne d'un hippopotame en rut. Puis, le Yakusa avisa une jeune femme aux cheveux châtains frisés qu'il avait déjà vu au côté de la diva. Il l'interpela et lui fit signe de s'approcher.

       -Je suis Hatori Enzo et voici William Dolan, annonça le Yakusa. Serait-il possible de s'entretenir avec Jessica? Je suis certain qu'elle acceptera de me voir.

       Le ton suffisant du Yakusa arracha un nouveau soupir à l'avocat qui se demandait, à juste titre, dans quel pétrin il avait mis les pieds.
« Modifié: mardi 10 août 2010, 19:05:44 par William Dolan »

Jessica Hale

Invité

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Re : Inaccessible...

Réponse 3 mardi 10 août 2010, 19:48:38

Une fois retirée en coulisses dans sa loge, Jessica commença par ôter ses gants. Avec lenteur, tirant sur le tissus délicat, doigt après doigt, jusqu'à ce qu'il glisse de son épaule sur toute la longueur de son bras et quitte ses mains. Sur le corps de la chanteuse, pas de tâches de rousseurs malgré le roux de ses cheveux. Pas de grains de beauté non plus. Pas de cicatrices. Témoin manifeste de l'enfance calme et dorée qu'elle avait eue. Elle ne cherchait pas à le cacher ou à le nier. C'était ainsi et elle l'acceptait bien volontiers, après tout, qui se serait plein d'avoir été couvé? Pas elle tout cas qui apportait un intérêt tout particulier à son confort.

Sa main, désencombrée de son gant, se glissa dans ses cheveux et les rejeta dans son dos. Pendant son show, comme elle l'avait demandé, les employés de l'établissement avaient apporté toutes les fleurs dont on la couvrait généralement. Elles arrivaient soit avant, soit après mais Jessica refusait catégoriquement qu'on les lui apporte en mains propres. Elle trouvait ce genre de pratique déplacée. Aussi demandait-elle à ce que les fleurs qu'on lui offrait soient entreposées dans une autre pièce et qu'on les lui apporte toutes pendant qu'elle n'était pas dans sa loge. Pour celle qu'elle ne recevait qu'une fois la représentation terminées, elles étaient mises au frais et attendaient le lendemain ou directement envoyées à sa chambre d'hôtel. Ce soir là, comme les autres, les roses rouges avaient plu. Et comme toujours, Jessica s'interrogeait. Etait-ce sa robe ou la couleur de ses cheveux qui privaient les hommes d'un peu d'originalité? Elle aimait les lys et les orchidées, qu'elle trouvait plus distinguées. Sans doute raison pour laquelle le Yakuza, à qui elle l'avait dit, s'était empressé de lui en faire livrer. Répugnant personnage. C'était dommage de devoir dire toujours aux hommes quoi faire pour charmer les femmes... Ils n'avaient plus d'originalité, plus d'initiative... C'était d'un triste.

Tel un papillon, elle voletait de bouton de rose en bouton de rose cependant, toujours curieuse de savoir quel bouquet aurait le parfum le plus voluptueux. Afin de le garder avec elle, bien entendu. Elle était complètement inconsciente du fait que le grossier personnage de la veille, accompagné d'un ami à lui venait d'accoster son assistante. Assistante qu'elle attendait patiemment afin que cette dernière l'aide à dégrafer sa robe...

Mais pour le moment, Julia était à cent lieues de penser à la robe de son employeuse. Elle afficha un air surpris en reconnaissant l'homme qui avait emmenée boire Jessica et contre qui cette dernière avait pesté pendant tout le trajet du retour à l'hôtel. Comme l'avait dit le bouquet, il était revenu. Et dans cette expectative, Jessiva avait tout prévu. Se dégageant doucement de l'étreinte de la main du Yakuza, Julia fit un pas en arrière et se racla la gorge tout en sortant un petit carton blanc où des lignes étroites à la calligraphie soignée, d'un autre temps mais évidemment manuscrite, étaient imprimées.

-Monsieur Hatori... Mademoiselle Hale vous fait savoir que... Votre saké était délicieux et qu'elle en reconsommerait volontiers, mais qu'elle préfèrerait ne plus jamais boire que de l'horrible piquette plutôt que de repasser un seul instant en votre compagnie. Elle vous fait savoir qu'elle ne prétend pas avoir la délicatesse de vos rockets pour vous flatter comme il se doit, aussi elle me prie de vous dire que vous êtes le plus grossier personnage qu'il lui ait été donné de rencontrer et qu'elle a particulièrement apprécié les fleurs que vous lui avez fait parvenir écrasées sur le bitume. Sur quoi elle vous souhaite une bonne soirée et une bonne continuation, et que dans le cas où vous consentiriez à lui faire parvenir un peu de votre saké, vous connaissez visiblement l'adresse de son hôtel.

Affichant un air neutre, se moquer aurait été trop flagrant, Julia s'inclina légèrement avec respect devant les deux hommes et disparut, faisant glisser un micro devant sa bouche où elle chuchota qu'elle avait bien lu le carton de Miss Hale et qu'il fallait à présent faire signe aux gardes de la sécurité de se tenir prêts, le cas échéant. Quant à elle, l'assistante tourna au coin d'un couloir, toqua trois fois à la porte de la diva et y entra, un clic significatif se faisant entendre à peine la porte s'était-elle refermée.

Jessica afficha un petit sourire envoyant revenir son employée.

William Dolan

E.S.P.er

Re : Inaccessible...

Réponse 4 mardi 10 août 2010, 23:16:06

       William s'était trompé. Pour une fois il fallait bien l'avouer. Il faut dire aussi que c'était mal parti donc on ne pouvait que s'attendre à ce que la fin soit mauvaise également. Nous parlons ici de la soirée bien évidemment. Elle était absolument parfaite et très réussie. Dire que l'avocat pensait s'ennuyer ferme. Cette femme l'avait totalement éblouie, tant les yeux que l'esprit. Par contre, elle manquait – de l'avis de Dolan – cruellement de... tact. Il est vrai que Hatori est un grossier personnage, libidineux et antipathique, mais comme le "toon" évite de se moquer de la "trempette", la chanteuse aurait dû s'abstenir de railler le gangster. Certes, la comparaison n'est pas parfaite mais c'est la seule qui venait à l'esprit de Dolan alors qu'il observait, avec un plaisir dissimulé, le visage du Yakusa passer par tout un panel de couleurs à dominante rouge/violet. A certains passages "croustillants" de la lettre, William s'attendait même à ce qu'Hatori frappe la jeune fille pour la faire taire. Ce n'était pas tant le fait d'être humilié par une femme qui était gênant. Non. Le plus gênant c'est que Dolan en soit témoin et c'est cela qu'Hatori ne pouvait ni ignorer, ni pardonner.

       Oh! Il faut également rappeler que si le gangster piquait une crise de nerf et se mettait à casser tout ce qui l'entourait, Dolan n'avait aucune intention d'essayer de le calmer. Non seulement parce qu'il n'en tirerait aucun bénéfice et ensuite parce que les gardes qui regardaient la scène d'un œil méfiant y arriveraient bien mieux que lui. Cependant, la colère de l'homme humilié n'éclata pas, comme l'aurait parié Dolan. Le peu d'estime qu'il avait pour lui fut alors légèrement augmentée, car cet homme n'était pas un imbécile. Il s'agissait d'un chef de famille Yakusa qui a réussi à fédéré nombre de criminels sous ses ordres. De la petite frappe, jusqu'au tueur à gage. C'est pour cette raison qu'il ne pouvait pas en rester là.

       -Oui, je connais l'adresse de ton hôtel, murmura-t-il pour lui-même.

       Ces mots avaient été soufflés avec un calme alarmant et si bas que seul l'avocat avait pu l'entendre. Le Yakusa faisait bien sûr référence à la dernière phrase qu'avait prononcé l'assistante. Une décharge d'angoisse parcourue la colonne vertébrale du juriste alors qu'Hatori tournait les talons non sans avoir jeté un dernier regard assassin vers la porte où la secrétaire avait disparue. William haussa un sourcil devant sa propre réaction. Cette affaire ne le regardait absolument pas. Il n'avait donc aucune raison de s'inquiéter pour cette diva qui ne devait sans doute pas stresser pour un sou.
       Avec un peu de chance Hatori allait essayer de la tuer ou bien de lui faire peur. Qu'il réussisse ou non, il aurait surement besoin d'un avocat vu qu'il se fera prendre. En effet, la colère est mauvaise conseillère surtout dans le milieu du crime. Quelle chance pour sa carrière! Cette affaire serait sur-médiatisée et le prestige du cabinet Dolan s'en verrait décuplé. C'est sur ces pensées égoïstes que William tourna lui aussi les talons saluant les vigies qui soulagées d'avoir échappées à l'affrontement, regardaient toujours Dolan avec une certaine méfiance.
       Ses bonnes résolutions de ne pas se mêler de ce qui ne le regardait pas et de simplement ramasser la bonne fortune qui tombe à ses pieds ne dura que deux ou trois pas. Sa bonne humeur disparut alors qu'il se rendait compte – à son grand damne – qu'il avait une conscience. Il fit une nouvelle fois demi-tour et vint se mettre au niveau d'un garde du corps.

       -J'aimerais échanger un mot avec... la diva, fit-il avec une petite hésitation car il ne connaissait même pas le nom de la chanteuse. Je suis l'avocat de l'homme qui vient d'être publiquement humilié. Pourriez-vous lui demander si elle accepte de m'accorder une audience?

       Le ton de l'avocat était mielleux et les mots coulaient avec une politesse excessive. William gratifia le garde d'un sourire condescendant qui avait pour but de l'inciter à ne pas oublier la différence de statut social qui existe entre lui et son interlocuteur.

       -Je ne pense pas que mademoiselle Hale veuille vous recevoir, répondit l'homme en fronçant les sourcils.

       -En effet, c'est très probable, acquiesça le juriste sans bouger pour autant.

       Voyant que l'avocat ne semblait pas disposé à laisser tomber, il lâcha un "Je vais voir ce que je peux faire" accompagné d'un grognement et se dirigea vers les appartements de l'artiste.

« Modifié: mardi 10 août 2010, 23:35:26 par William Dolan »

Jessica Hale

Invité

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Re : Inaccessible...

Réponse 5 mercredi 11 août 2010, 10:53:42

Le sourire que Jessica affichait face à Julia était celui d'une mante religieuse, celui d'une femme à la forte tête qu'il ne fallait pas s'aviser de contrarier. Julia la connaissait, pour travailler avec elle depuis plus de deux ans maintenant, et elle savait très bien que la chanteuse était plus maligne qu'elle n'en avait l'air. Elle ne connaissait rien à la mafia ni aux mœurs japonais, pour elle, un homme devenait dangereux à partir du moment où il posait sa main sur sa cuisse sans y avoir été invité au préalable. Et ces hommes là, peu importe leur fonction, méritaient bien l'humiliation que Jessica leur faisait subir. Pire encore lorsqu'après s'être pris une claque ils allaient colporter les pires ragots la concernant à leurs amis, qui souvent sont également des hommes dangereux. Mais qu'ils rient et se tamponnent la panse comme des porcs qu'ils étaient, la chanteuse avait son intégrité et sa conscience pour elle.

Et Julia était toujours impressionnée par cette force de caractère. La femme rousse s'approcha de son assistante qui, quant à elle, affichait un sourire plus timide et plus discret et lui tendit un autre carton, où la même petite écriture était encrée.

"Voici l'adresse de notre nouvel hôtel. Laissez mes affaires là-bas, demandez à ce qu'elles soient mises sous scellé, nous les reprendrons en partant. Quant aux fleurs, envoyez les là-bas."

Le numéro de la chambre de la star était également noté sur le coupon, sans son nom du moins. Une adresse, deux numéros de chambres. Un 8 près de celui de Jessica et un 7 près de celui de Julia. L'assistante hocha la tête en signe d'acquiescement et se mit à chuchoter dans son micro, avant d'aller s'emparer d'une petite boîte en bois sur la coiffeuse de la loge. Jessica quant à elle se tint au milieu de la pièce. Elle allait lui désigner les bouquets qu'elle souhaitait emporter avec elle quand on frappa à sa porte.

"Qui est-ce?"

Nul besoin de crier pour que sa voix suave porte au travers. De l'autre côté, elle entendit celle de l'un des chargés de la sécurité. Elle avait perdu son nom, mais elle se souvenait qu'il lui avait apporté un thé un peu plus tôt. C'était un homme gentil et serviable. Il lui semblait qu'elle l'avait engagé depuis peu celui-ci... Quoiqu'il en soit, il déclina son identité et informa la diva de la demande de l'avocat. La bouche pulpeuse de la rousse s'étira en un petit sourire alors qu'un de ses sourcils se hissait.

"Son avocat? Déjà? Intéressant."

Comptait-il l'assigner en justice pour humiliation publique? Voilà qui avait le mérite d'être drôle et original. Jessica fit signe à Julia de reposer la boîte et de sortir.

"Je te ferai appeler quand il sera parti."

En attendant, elle se savait libre de prendre un peu de repos si elle en avait envie, mais elle préféra aller passer des coups de fil pour être certaine que tout se passerait bien à l'hôtel, et puisque Miss Hale avait envoyé promener un Yakuza, elle appela afin de prévenir la sécurité dudit hôtel, qui se mit d'emblée aux aguets. Quant à elle, la chanteuse s'assit sur la chaise rembourrée, recouverte de velours rouge, devant sa coiffeuse, face à la porte, et croisa la jambe du côté dont la robe était fendue sur l'autre, ce qui eu pour effet de la dévoiler sur toute sa longueur. Mais ça, c'était une habitude pour la jeune femme.

"Faîtes le entrer."

Demanda-t-elle au garde du corps qui attendait patiemment dans l'embrasure de la porte, laissée ouverte après la sortie de son assistante. Quand William Dolan passa la porte de la loge de la vedette, dont la porte se referma sans un bruit derrière lui, sous les soins du chargé de sécurité qui veillait de l'autre côté de la porte, la jeune femme rousse s'allumait une cigarette, qu'elle consommerait à l'aide de cet accessoire si élégant des années 20 et 30, un fume-cigarette, qu'elle tenait délicatement entre le majeur et l'index.

"Bonsoir Maître. On dit bien Maître au Japon également pour désigner les avocats au moins?"

Confesser son ignorance à propos de la culture nippone ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle espérait également qu'il parlait anglais, autrement ils auraient besoin d'un interprète. Elle ne se leva pas pour le saluer, pas plus qu'elle ne l'invita à s'assoir. L'estime qu'elle avait pour cet homme était légèrement plus haut que celui qu'elle avait pour le Yakuza, mais comme ils faisaient affaire ensemble, la différence entre les deux était minime. Et puis de toutes façons, il n'aurait pu s'assoir nulle part. Tous les fauteuils et toutes les tables à l'exception de la coiffeuse et de sa chaise étaient recouverts de fleurs. Et au milieu de ce parc floral, Jessica attendait les paroles du Maître avec une certaine nonchalance, qui la caractérisait, un sourire en coin et une main posée négligemment sur son genou alors que l'autre laissait se consumer sa cigarette en volutes de fumée...


William Dolan

E.S.P.er

Re : Inaccessible...

Réponse 6 mercredi 11 août 2010, 14:54:27

       A vrai dire, William s'attendait à se faire jeter. Ainsi, sa fierté mise à mal lui aurait permis d'étouffer sa conscience dans une douce amertume, puis il serait parti l'esprit léger. Et oui, chez William la tromperie et la manipulation s'applique d'abord à soi-même. C'est pour cela que l'appliquer aux autres devient ensuite un jeu d'enfant. Mais passons outre les innombrables qualités de Dolan pour en revenir au présent.
       William entra donc dans la loge de l'artiste, ou plutôt la serre florale, car les bouquets tapissaient presque entièrement l'endroit. Cependant, il n'y avait qu'une seule fleur qui l'intéressait ici. Les mires vertes de l'avocat glissèrent sur celle-ci détaillant avec politesse ce qui faisait sa splendeur, tout en esquivant à la perfection "ce sur quoi on ne doit pas s'attarder". En effet, il fallait la regarder, et non pas feindre l'indifférence comme le ferait la plupart des hommes qui croient obtenir l'intérêt des dames en les ignorants. C'est une question de politesse. Lorsqu'une dame prend tellement de temps à se faire belle, la moindre des choses est de lui faire comprendre qu'on apprécie son travail, ne serait-ce que par un simple regard. Cette règle de la bienséance – si importante pour Dolan – respectée, il se permit de rendre son salut à la dame.

       -Ma dame, fit-il en inclinant doucement la tête. C'est en effet mon titre. William Dolan avocat en droit pénal.

       L'anglais de William était – épargnons-nous une modestie feinte – absolument parfait. Il faut dire qu'il était sensé venir d'Angleterre, donc il avait mis un point d'honneur à perfectionner son anglais jusqu'à l'accent travaillé du parfait dandy de Cambridge. En lui révélant sa profession il lui annonçait également qu'il ne venait pas en tant que porte-parole de son client car le pénal n'a rien à voir avec la diffamation. C'était toute fois un peu trop subtil pour que mademoiselle Hale le capte au vol. Il en avait conscience et ne le considérait pas comme acquis. Quand à l'ignorance de la dame pour les mœurs japonnais ça n'avait pas d'importance pour lui, mais ça en aura pour elle car la mentalité nippone est tout de même très différente que celle d'occident. Cela lui réserverait sans doute quelques surprises dans le futur. Bonnes ou mauvaises.

       -Le spectacle était magnifique, annonça-t-il prosaïquement, conscient de la banalité de ses propos.

       Son regard se perdit un instant sur les divers bouquets qui égaillaient la loge comme s'il était vraiment intéressé par les fleurs. Puis, ses yeux verts revinrent se poser sur elle, les sourcils légèrement arquée, un faux air candide peint sur le visage.

       -Oh! Votre show était lui aussi très réussi mais je parlais plus particulièrement de la lettre que votre assistante à eu la délicatesse de lire à haute voix pour que tout le monde en profite.

       William agrémenta sa phrase d'un sourire fugace qui se mêla bien vite avec son expression habituelle. Vint ensuite un léger soupire, comme s'il compatissait sincèrement à l'envie irrésistible qui avait pris la jeune fille au moment d'écrire cette missive.

       -Je peux deviner les raisons qui vous ont motivées mais la mafia japonaise est puissante dans ce pays. Contrairement, aux autres nations, elle fait partie intégrante de notre société. Je voulais donc vous mettre en garde et vous inviter à trouver une solution.

       Le ton de Dolan n'avait rien de menaçant. Il n'avait pas à l'être d'ailleurs. Ce n'était que des conseils et des avertissements que la dame pouvait choisir d'ignorer sans mal. Pourtant, ce qu'il lui avait appris sur la mafia japonaise était tout à fait vrai. Les Yakuzas sont parfaitement intégrés à la société. Ils sont même à l'honneur lors de la grande fête de Sanja Matsuri et certains lieux leur sont clairement interdit. De plus, les noms des grand chefs de famille sont publiquement connu. Tout cela pour dire qu'il est toujours délicat d'entrer dans un nouveau pays et d'y faire des vagues. Différence rime avec prudence.

Jessica Hale

Invité

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Re : Inaccessible...

Réponse 7 mercredi 11 août 2010, 17:26:03

C'était une habitude, bienséance ou non, de se faire regarder pour Jessica. Alors pendant que William faisait le tour du "propriétaire", avec une certaine réserve cependant qui l'empêcha de prolonger son inspection au niveau de sa poitrine ce qu'elle apprécia, la chanteuse en profita pour crapoter sa cigarette avec un air tranquille. Manifestement, elle se ne sentait pas menacée et ne chercherait pas à jouer les timides ou les divas offensées. Après tout, elle s'assumait parfaitement tout comme elle assumait les tenues près du corps qu'elle mettait. C'aurait été une insulte aux femmes languissantes d'avoir de telles formes que de ne pas mettre les siennes en valeur. Alors qu'ils abreuvent tous leur regard si ça les chante, tant qu'ils n'essaient pas d'y mettre la main sans son accord.

Quant à savoir s'il était avocat pénal, s'il s'occupait des divorces, s'il était procureur... Jessica ignorait tout de ces subtilités, et à vrai dire elle s'en moquait royalement. Pour elle, un avocat était un avocat. Point. On avait des démêlées avec la justice ou des comptes à régler au barreau avec quelque opposant, on avait recours à ses services. S'il était bon, on le payait bien, s'il était mauvais il était remplacé. Une logique simple et claire, appliquée par elle, qui n'avait pas d'avocat attitré comme l'avait ce Yakuza mais il fallait aussi dire qu’elle n’avait encore jamais eu besoin des services d’un Maître alors… Et elle ne comptait pas commencer aujourd’hui, différent avec ce prétentieux de mafieux ou pas.

L’annonce de son nom et de son emploi, de ce fait, ne provoqua aucune réaction chez la rousse qui laissa juste sa cigarette se consumer en paix. Les yeux bleus verts de la jeune femme étaient bel et bien posés sur lui, l’un d’entre eux du moins puisque l’autre était recouvert par une mèche de cheveux, mais son visage restait impassible. Elle attendait la suite. Et la suite… La déçu. Plate, banale. Un commentaire passe partout à propos de sa prestation. Elle leva discrètement les yeux au ciel, se demandant s’il n’avait prôné être l’avocat de son opposant que pour se retrouver dans sa loge. Lorsque ses mires se posèrent à nouveau sur l’avocat, elle était déjà en train de réfléchir à la façon de le jeter dehors d’une façon mémorable. Il coupa court cependant à ses tergiversations internes en déclamant une autre phrase, après avoir fureté du regard dans sa loge. Qu’espérait-il trouver ici ? Etait-ce un de ces tordus, qui venaient lui voler des objets pour les revendre sur le net ?

La deuxième phrase de William Dolan n’eut pas plus d’effet sur la chanteuse, qui n’affichait toujours aucune expression distincte. Elle ne lui rendit pas son sourire, se contentant de mettre sa main devant sa bouche et de toussoter légèrement, afin de l’inviter à poursuivre et aussi pour lui montrer que pour le moment… Il l’ennuyait. Croyait-il qu’elle n’avait que cela à faire ? Ecouter des commentaires à propos de son show, qui ne comportaient aucune critique constructive, et des palabres concernant ces éclats ? Assurément, non. Elle espérait qu’il allait rapidement entrer dans le vif du sujet, autrement elle se montrerait encore moins aimable qu’à l’accoutumée. Lui faire perdre son temps était une chose qu’elle pouvait pardonner d’une tierce personne, mais d’une personne au service d’un homme qu’elle ne pouvait souffrir non. Et, enfin, il lui délivra la raison de sa présence dans cette pièce privilégiée qu’était la loge de Jessica. Une chanteuse qui haussa un sourcil. Qu’était-ce exactement ? Des menaces ? Une invitation à la prudence ?

Avec lenteur, elle porta à nouveau son fume-cigarettes à ses lèvres, tout en jaugeant l’avocat. Après en avoir inspiré une maigre bouffée, elle l’expira par la bouche, ne consentant à se faire entendre qu’à la suite de ces gestes.

"Je n’ai pas la moindre envie de m’intégrer dans la société japonaise."

Voilà qui était dit. Jessica était une américaine, et elle n’avait que faire des mœurs nippons.

"Vous savez Maître… Ma culture en matière de culture japonaise est vraiment limitée. Je connais Hiroshima, Nagasaki, les Geishas et les marques de technologies qu’ils font parvenir jusqu’à nous, ainsi que quelques petites notions concernant les mafieux mais hors mis ça, ça s’arrête là. … Correction. Je connais aussi certains de leurs sushis, sashimis et autres makis. Bref. Ce que j’essaie de vous dire, c’est que d’après les films que j’ai pu voir, je suis au courant qu’on ne peut aisément rire des chefs de mafias et sans doute, si j’avais été japonaise, je ne me serai pas permis de railler ce cher Hatori. Le fait est que je suis américaine, de ce fait un peu tête brûlée. En particulier avec les messieurs incorrects. Hatori a eu ce qu’il méritait, si vous étiez ici pour obtenir des excuses, je suis navrée de vous dire que vous repartirez sans."

Elle n’allait pas faire l’erreur de lui dire qu’elle avait engagé des gardes du corps et autres systèmes de sécurité quand même. C’aurait été le bouquet. De toutes façons, son séjour au Japon serait très court. Hatori aurait besoin de se presser s’il voulait tenter quelque chose contre elle, et se presser c’était échouer. Elle était donc modérément inquiète.

"C’est très aimable cependant d’avoir pris la peine de me proposer une solution à l’amiable. Seulement, connaissant votre employeur, je doute que nous parvenions à nous mettre d’accord. Ce porc ignoble n’acceptera que les faveurs perverses et il est hors de question que je lui fasse cadeau des miennes."

En parlant du Yakuza, le regard de la chanteuse s’était enflammé, mais sa voix gardait toujours ce timbre doux et suave, jamais son ton ne montait ni ses gestes ne se faisaient crispés. Elle restait toujours égale à elle-même.

William Dolan

E.S.P.er

Re : Inaccessible...

Réponse 8 mercredi 11 août 2010, 22:09:05

       La désinvolture avec laquelle la diva traitait son hôte en aurait exaspéré plus d'un. Seulement, William était habitué aux femmes mondaines et ne s'en formalisait pas plus que ça. Les caprices, les pics et attitudes hautaines – en résumé tous les défauts les plus horripilants propre à la gente féminine – ne l'affectaient que très modérément. En fait, il est plus facile de supporter une telle femme lorsque le seul objectif qui occupe l'esprit est de respecter les règles subtiles de la galanterie. Cela évite de trop faire attention aux expressions et aux sous-entendus de la dame, même si on les perçoit. La galanterie permet également d'apposer une distance appréciable entre l'homme et la femme canonisée en tant qu'objet fragile et délicat dont la manipulation requiert de nombreuses règles sophistiqués. C'était le petit secret de Dolan pour garder un sourire poli face à miss Hale.
       Le fait qu'elle ne connaisse absolument rien à la culture japonaise n'était pas dérangeant en soi. Ça ne faisait qu'une Gaijin de plus et avec la mondialisation, ce n'est pas cela qui manque. De plus, le fait que la star se désintéressait du Japon ne le vexait pas puisqu'il n'en était pas originaire, comme son nom le laissait sous-entendre. Le problème était qu'elle avait publiquement insulté l'équivalent d'un parrain de la mafia et William ne savait pas encore si c'était du courage ou de l'ignorance. Dans le deuxième cas, tout n'était peut-être pas perdu, mais en premier lieu il fallait d'abord lever les incompréhensions éventuelles.

       -Je suis pas venu en tant que médiateur, miss Hale, rappela William. Monsieur Hatori ne sait même pas que je suis venu vous voir donc des excuses seraient bien superflues. Il m'a simplement paru bon de vous mettre au courant des mœurs japonais. J'ai bien compris qu'ils ne vous intéressaient pas, mais ils pourraient être la cause de... désagréments.

       William insistait peut-être mais il voulait être bien sûr que cette femme comprenne qu'Hatori ne pouvait faire autrement que de répondre à l'insulte qui lui a été fait. Le danger était réel. Il reprit donc après une courte pause, permettant à la diva d'assimiler ses propos. Ses mires vertes étaient fixées sur celles azur de la jeune femme et n'en bougeaient plus.

       -L'honneur est quelque chose de très important pour les japonnais, poursuivit-il. En particulier pour les Yakuzas qui se prennent un peu pour des samouraïs modernes. En l'humiliant – qui plus est devant moi – vous lui avez fait plus de tord que vous ne pensez. Je veux simplement m'assurer que vous avez compris qu'il ne va pas peut-être se venger. Il le fera.

       Il gratifia la demoiselle d'un léger sourire contrit tout en hochant légèrement la tête. Cela, toujours dans le but de lui faire comprendre que ses propos n'étaient que des conseils et des avertissements, mais en aucun cas des menaces. Il devait aussi se protéger lui-même. Si William partait en la laissant penser qu'il est de mèche avec le yakuza, cela pourrait lui être préjudiciable.
       Finalement, il se décala légèrement vers la porte pour signifier que son départ était imminent et que la dame n'aurait bientôt plus à souffrir de sa présence. Il attendit la réponse qu'elle allait lui fournir, que ce soit une bravade, un remerciement, une invitation à partir, ou même les trois d'affilé. Ensuite, il s'en irait, car il estimait en avoir terminé et brulait de mettre un terme à cette soirée qui – il faut bien l'avouer – s'était légèrement améliorée vers la fin.

Jessica Hale

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Re : Inaccessible...

Réponse 9 jeudi 12 août 2010, 14:58:28

D'abord, Jessica délia ses jambes. Tout comme Dolan, elle gardait ses yeux braqués sur lui. Perdre une miette des déclarations de l'avocat aurait été vraiment dommage. Si elle-même lui avait assuré le divertissement pendant la soirée, il assurait l'after. En son fort intérieur, bien que son visage n'exprimait jamais qu'un intérêt relativement poli, Jessica était hilare. L'avocat d'un Yakuza qui trahissait son employeur pour prévenir une femme qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam d'éventuelles représailles de la part de ce dernier. Oui, le tableau avait de quoi la faire rire. Elle ne savait rien au sujet de ce Maître, mais ce qu'elle savait au sujet du mafieux japonais, c'est qu'il s'entourait rarement d'incapables. Alors c'est que ce jeune homme devait être relativement efficace, pour ne pas dire intelligent. Alors pourquoi être venu la prévenir? Quel était son intérêt?

Encore un point méconnu de la chanteuse, mais en vérité, elle s'en moquait. Pour être honnête, la seule réaction que son visage trahit pendant la plaidoirie de l'avocat fut un sourire en coin lorsqu'il mentionna les samouraïs modernes. Ridicules selon elle. On n'avait pas idée de mourir, de se suicider pour une chose aussi relative et sujette à controverse que l'honneur. C'était stupide, si on n'était pas satisfait de son sort ou de ses actes, on partait ailleurs ou autre mais mettre fin à sa vie était vraiment quelque chose de risible. En même temps, venant d'une américaine, certes pas extrême et convaincue, elle restait catholique avec des pratiques relatives. De ce fait, s'il y avait bien un pécher à ses yeux, c'était le suicide. Elle en venait même à se demander les raisons pour lesquelles on l'avait poussée à venir se produire dans ce pays d'hommes à l'esprit étroit... On avait bien tenté de lui faire découvrir un peu de la culture locale dans le jet, trié quelques mangas sur le volet, mais... Comment dire... Ca l'avait tout simplement rendue malade. Ecoeurée serait le mot juste. Déjà que le peuple nippon n'avait pas beaucoup de crédibilité à ses yeux, mais feuilleter une bande dessinée (outre le fait qu'elle se lise de gauche à droite, de cela elle se moque éperdument) peuplée de personnages aux caractères stéréotypés, filles ou garçons, et pour les unes avec des seins défiant toute rationalité n'avait aucun, mais strictement aucun intérêt. Pire, c'était extrêmement pervers. Elle savait que les japonais étaient ceux dans le monde à le moins faire l'amour. Et bien si le faire plus souvent leur évitait de dessiner ce genre d'absurdités, l'estime qu'elle avait pour eux aurait peut-être monté d'un cran.

En tous cas, elle était pour l'heure face à un William Dolan prêt à s'en aller. Elle éteignit sa cigarette donc et se leva, ancrant une main sur sa taille et attendant poliment qu'il dispose. Elle ne contait rien lui répondre, préférant garder ses réflexions pour elle. Pas même de merci, puisqu'elle ignorait encore si sa démarche méritait des remerciements. Etant donné qu'elle ne pouvait pas le cerner, ni lui ni ses objectifs, il n'aurait droit à rien de plus.

On frappa à la porte, et cette dernière s'ouvrit. Une tignasse frisée se présenta, et entra après avoir reçu l'assentiment de la star, donné en un coup d'oeil. Fréquenter Jessica pendant un temps relativement long permettait à quelqu'un d'attentif et de dévoué comme Julia de savoir en un clin d'oeil ce qu'elle voulait. Elle revint donc près de son employeur et reprit la boîte en bois en sa possession, l'ouvrant pour en tirer une épingle à la tête de laquelle on notait la présence d'une perle blanche. En synthétique bien sûr. Jessica avait des goûts de luxe, mais le sens des réalités. Se désintéressant désormais de l'avocat, elle en revint à ses fleurs.

"Celui-ci me plaît beaucoup."

Elle lui désigna un bouquet somptueux, où Julia piqua l'épingle dans la tête de l'une des roses rouges, laissant juste en dépasser la perle. Ceux avec perle iraient chez elle, ceux sans resteraient ici. C'était simple et élégant. Rejetant ses cheveux dans son dos, elle désigna encore quelques bouquets à son assistante.

William Dolan

E.S.P.er

Re : Inaccessible...

Réponse 10 jeudi 12 août 2010, 18:10:28

       William sortit de la pièce en fermant délicatement la porte derrière lui. Il eut droit à un regard furtif de la sentinelle qui avisa que le visage de l'avocat était insondable et de ce fait, s'en désintéressa. Un peu fatigué mais la conscience tranquille, William se retira. De son point de vue, il n'avait pas du tout trahi la confiance du Yakuza. Il n'avait fait qu'inciter la diva à s'excuser en lui annonçant qu'il y aurait des répercussions dans le cas contraire. En fait, il avait même agit dans le sens d'Hatori. C'est du moins ce dont l'intéressé sera convaincu si l'avocat devait lui avouer son entrevue avec miss Hale. L'art de l'argumentation n'avait pas de secret pour lui. Quand aux véritables motivations du juriste, ça ne regardait que lui.

       Le reste de la soirée s'était passé sans incident notable. Il n'avait pas revu Hatori qui semblait avoir déserté le théâtre et notre avocat préféré avait simplement récupéré sa secrétaire qui s'approchait dangereusement des bouteilles de champagnes mises à la disposition des convives. William l'avait ensuite raccompagné chez elle puis avait été se coucher, bien loin des évènements qui se déroulaient alors que le sommeil l'envahissait.

***

       Le flux de voiture était toujours aussi dense devant le magnifique palace de Seikusu. L'hôtel le plus luxueux de Kyoto et qui avait vu passer beaucoup de vedettes ainsi que toutes les personnes qui ont les moyens de dépenser plus de 100.000 Yens ( ~1000 €) pour une nuit. Il s'agissait d'un bâtiment imposant dont le style japonais était tout ce qu'il y a de plus cliché. Un toit en tuile noir formant un cône à base carré qui s'évasait pour remonter légèrement. De gracieux piliers en bois rouge supportaient ce toit imposant dont les bords dépassaient dangereusement des murs en chaux blanc. Quoiqu'il en soit, l'édifice semblait tenir debout. Pour l'instant...
       Une voiture mêlée au flot anonyme qui circulait devant le palace ralentie légèrement. Sans doute des touristes émerveillés qui se laissaient un peu plus de temps pour se repaitre des merveilles architecturales japonaises. Il s'agissait d'une vieille Toyota grise dont les vitres étaient fumées. La voiture ré-accéléra et se glissa dans une des innombrables ruelles qui jouxtaient le boulevard, à deux pâtés de maisons de l'hôtel de luxe. Quatre hommes sortirent de l'auto garée à la va-vite et en double file. De toute façon, il y avait peu de chance que des gens se plaignent car la plupart aurait préféré faire un peu de marche à pied plutôt que de demander aux quatre gaillards s'ils avaient l'obligeance de pousser leur engin. C'était des armoires à glace, très grands pour des japonais et très imposants. Enfin, ces derniers n'avaient pas l'air de touristes. Smoking noir pour tous et des faciès aussi avenant qu'une porte de prison fermée.

       -Y'avait un match de baseball ce soir, grommela l'un deux en ouvrant le coffre.

       -Tu verras le résultat sur le net, Nobu, rétorqua un autre qui surveillait la ruelle pourtant déserte.

       Le dénommé Nobu renifla pour exprimer son mécontentement et tira trois sacs à dos du coffre de la voiture qu'il ne prit même pas la peine de refermer. Il en lança un au plus jeune du groupe, qui transpirait abondamment sous l'effet du stress, en l'avertissant d'un "Attrape!" amusé. Le sac fut rattrapé en catastrophe par le jeune homme dont les yeux s'écarquillèrent de terreur à l'idée de faire tomber la précieuse marchandise par terre.

       -T'es vraiment trop con, s'insurgea-t-il une fois qu'il se fut remit de sa frayeur.

       Ce commentaire fut aussitôt suivit de l'hilarité générale tandis que Nobu passait les deux derniers sac à ses compères. Bientôt, les trois Yakuzas avaient hisser les sacs sur leur dos et attendirent le dernier débriefing qui s'assurait que tout le monde avait bien compris le plan.

       -Lorsque vous pouvez entrer dans l'hôtel, toi – fit-il en désignant le plus jeune – tu n'auras qu'à me bipper sur mon portable et je me chargerai de la diversion. Vous faites le boulot, vous essayez de pas vous faire choper et quoiqu'il arrive, vous ne trahissez pas la famille, résuma brièvement Nobu.

       -Si ça se trouve on fait ça pour rien, répliqua le plus jeune. Elle sera dans l'hôtel au moins? Moi si j'étais elle et que j'avais manqué de respect à sir Hatori, je serais en train de me planquer dans un trou de souris.

       -Ouais, mais t'es pas elle, fit un Yakuza à la voix grave et profonde. On sait qu'elle a changée d'hôtel à la dernière minute et une star, ça ne passe pas inaperçue. Moi je te dis qu'elle est là-dedans.

       Suite à ces paroles réconfortantes, Nobu fit un signe de tête et la troupe approcha de l'hôtel. Sans un mot, ils se séparèrent à l'angle du boulevard qui donnait sur le splendide édifice. Les trois porteurs de sacs à dos bifurquèrent dans une allée qui passait derrière le bâtiment, loin de ses projecteurs et du long tapis rouges déroulé sur toute la longueur du trottoir ; l'entrée principale. Ça, c'était la destination de Nobu qui s'y dirigea avec un air décontracté. Il prit racine à quelques pas de la porte d'entrée et ne bougea plus, sous les regards méfiant des gardes qui étaient beaucoup plus nombreux que d'habitude. Cependant, le Yakuza ne faisait rien de mal et pour le quidam, il semblait attendre quelqu'un.
       Nobu n'eut pas longtemps à attendre. Au bout d'une petite demi heure, il reçu un appel. Après une brève vérification du numéro, il rangea le portable dans sa poche et s'approcha de l'entrée de l'hôtel à vive allure. Les gardes s'interposèrent immédiatement en prétextant que tout l'hôtel était réservé pour la nuit.

       -J'veux voir Jessica, hurla Nobu en tentant de forcer le barrage humain qui l'empêchait d'entrer. Je suis son plus grand fan. J'veux juste la voir au moins une fois.

       Les vigiles habitués à ce genre de forcenés le repoussèrent avec mépris. Bien que ce genre de paparazzi soit énervant, ils n'étaient pas bien dangereux. Erreur, car celui-là savait se battre. Nobu décocha un crochet du droit au vigile qui tentait de le repousser avec une condescendance évidente. Le coup parfaitement exécuté assomma son adversaire pour le compte. Ainsi, commença un combat de rue bruyant et mémorable. Entre les coups qui pleuvaient sur lui et ceux qu'il donnait à l'aveuglette, Nobu s'accorda un sourire de dément en voyant toujours plus de gardes sortir de l'hôtel pour aider leurs camarades.

       Pendant, ce temps. Le trio de Yakuza avait réussi à pénétrer dans le bâtiment par la porte réservée au personnel. Bien entendu, cette porte était protégé par un digicode, mais il avait suffit d'attendre qu'un employé sorte pour foncer et la retenir, d'où la nécessité de synchronisation avec Nobu. Par soucis du détail, l'infortuné employé avait été assommé proprement. Il s'ensuivit un léger mouvement de panique parmi les majordomes, les cuisiniers et les femmes de ménage qui se préparaient à rentrer chez eux. La vue de trois hommes en smoking noirs qui couraient, en chargeant les portes de service comme un troupeau de buffles suffit à les figer sur place, tandis que les rares vigiles présent dans les espaces réservé au service se faisait balayer. Sans qu'aucun ordre ne fut donné, le trio se sépara, partant chacun de leur côté. L'un d'eux pu facilement se glisser dans les cuisines, sans prêter attention aux maitres cuisiniers outrés. Il trouva enfin ce qu'il cherchait ; le local où était entreposé les bombonnes de gaz ainsi que les arrivés des tuyaux d'alimentation des gazinières. D'un geste vif, il sortit un des cocktails Molotov que contenait son sac à dos. Il alluma la mèche et l'éclata contre les conduites de propane. Le pyromane prit ensuite ses jambes à son cou en  lançant le restes de ces cocktails au hasard tandis qu'il faisait retraite. Il se moquait bien de ses camarades qui étaient parti eux aussi incendier des endroits stratégiques de l'hôtel et ne pensait qu'à sortir de là.

       Dehors, le combat s'était terminé sur la cuisante défaite de Nobu. Derrière un voile de sang, il parvenait tout de même à sourire tandis que des lueurs dansantes s'élevaient à travers les fenêtres du palace. Il avait réussi à mettre hors d'état de nuire au moins trois ou quatre vigiles avant de se faire submerger par le nombre. Par contre, il n'entendit pas les sirènes des pompiers qui retentissaient au fond du boulevard. Nobu s'évanouit, fier de son sacrifice réussi qui avait permis de laver son honneur souillé au cours de son échec il y a un mois lors d'une mission. Il savait parfaitement que la prison l'attendait, mais rien n'est plus important que le pardon d'Hatori-sama. C'est ça l'honneur d'un Yakuza...
« Modifié: vendredi 13 août 2010, 12:33:43 par William Dolan »

Jessica Hale

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Re : Inaccessible...

Réponse 11 samedi 14 août 2010, 14:12:19

Après le départ de l'avocat, Jessica ne s'était pas pressée. Elle avait plusieurs doutes, mais son coup devait fonctionner. Prêcher le faux pour avoir le vrai, voilà sa façon de procéder. Et en cela, l'aide et la fidélité de ses employés de longue date était inestimable. Elle ne jouait pas les divas avec eux, les payait comme ils le méritaient, et elle aimait à leur rappeler qu'ils étaient humains et non des robots, et que s'ils avaient besoin d'une chose ou d'une autre, ils pouvaient demander sans détours. Oui, avec les gens qu'elle côtoyait, elle était bien différente de la femme qu'elle était pour le monde. Ca lui permettait aussi d'avoir confiance en un petit panel de personne et de ne pas tomber dans la paranoïa, ce qui est assez difficile quand les paparazzi vous courent après, que vous craignez de les retrouver sur votre chemin à chaque coin de rue. En l'occurrence, Jessica n'avait pas à craindre cela. La seule chose qu'elle imposait à son entourage professionnel, c'était de respecter une certaine réserve avec elle, comme un employé observe une certaine retenue avec son employeur. Ils pouvaient discuter, mais ils n'avaient pas gardé les cochons ensemble. De ce fait, elle attendait un certain respect, le même qu'elle leur accordait, et jusqu'à présent il n'y avait aucun incident notable à relever.

Pour des coups comme celui-là, c'était très important la fidélité. C'avait été une idée de Julia, qui avait le don de toujours s'imaginer le pire. Jessica envisageait même de la pistonner pour devenir scénariste. Alors elle s'était dit, un peu méfiante et friande de films de gangsters, il faut l'avouer, que le Yakuza avait le bras suffisamment long pour faire espionner la femme rousse qui l'employait. De ce fait... Elle avait des choses à faire.

Les bouquets furent choisis et expédiés à l'hôtel prévu par la star, star qui fut ensuite aidée à se déshabiller par sa zélée employée, qui avait dégrafé sa robe et l'avait emballée dans un papier de soie avant de la glisser dans une housse en plastique. Les gants et les escarpins avaient subi le même sort, et Jessica quant à elle passa une longue robe bleue pastel, qui relevait la couleur de ses yeux, élégante jusqu'aux bout des ongles, comme toujours. La confrontation avec l'avocat l'ayant suffisamment distraite pour la soirée, elle voulu rentrer directement à l'hôtel pour prendre un bain et se délasser.

Alors qu'elle avait quitté le théâtre, par devant. Certains avaient attendu pour la voir sortir et cherchaient désespérément à obtenir un petit gribouillis alors la star le leur offrit, assorti d'un sourire, et s'engouffra dans la berline grise, discrète, qui lui servait de voiture, aux vitres teintées. A l'intérieur, on procéda à quelques changements. Le chauffeur fut transvasé à l'arrière et Jessica prit le volant. Envieuse d'être indépendante quoiqu'il arrive, elle avait tenu, malgré son succès grandissant, à passer son permis de conduire. Chose qui lui fut très utile ce soir là. Silencieuse, le moteur se faisant à peine entendre aussi fort que le ronron d'un chat, la voiture démarra et Jessica suivit les indications de son assistante. Aux détours de quelques rues, elles déposèrent le chauffeur, maintenu à l'écart de la discussion des jeunes femmes, à l'instar du garde du corps de la rousse embarqué lui aussi dans la berline, par une vitre insonorisée, il n'avait pu rien entendre. Une fois l'étranger déposé, ils repartirent. S'ils se rendirent à l'hôtel où Jessica avait réservé sa nouvelle chambre? Non, bien sûr. Julia avait tanné Jessica pour ne pas qu'elle y mette les pieds. Alors la rousse s'était rendue à ses recommandations.

Et la berline se gara au pied de leur premier hôtel, selon Julia l'endroit où le Yakuza ne la chercherait plus. Rien n'était moins sûr de l'avis de la rousse mais bon. La tête couverte d'une étole bleue, accordée à sa robe, Jessica et ses employés descendirent de voiture, laissant la berline aux soins du voiturier. Elle réclama, une fois à la réception, une suite différente et des chambres pour son garde du corps et son assistante. Le reste de ses employés était déjà à l'hôtel que Jessica avait réservé. Inconsciente de leur mise en danger, elle gagna sa nouvelle chambre, récupéra ses affaires et se fit couler un bain. En allumant la télé, elle se sentit mal.

Les pompiers tentaient de maîtriser un incendie monstrueux. Son coeur se mit à battre rapidement dans sa poitrine. Et les gens qu'elle y avait envoyés? Fébrile, elle prit son téléphone et composa leurs numéros tour à tour. Les téléphones sonnaient, mais personne ne répondait. Jusqu'à ce que...


- Miss? C'est vous?

"Johakim? Vous allez bien? Que s'est-il passé?"

- Je vais bien miss, j'ai juste une petite bosse. Je ne sais pas ce qu'il y a eu, ils nous disent qu'il s'agirait d'une fuite de gaz dans les cuisines. Les autres vont bien, ils sont dans les véhicules des pompiers. C'est Louis le plus amoché, il a un bras de brûlé mais compte tenu des dégâts, j'imagine que ça aurait pu être pire... Heureusement que vous n'étiez pas là.

Il fut suffisamment intelligent pour ne pas lui demander où elle se trouvait. Elle baissa les yeux et enfouit son front dans sa paume. Ce pays était un pays de dégénérés... Voilà ce que c'était! Sentant une haine sourde monter insidieusement en elle, elle s'enjoignit à rester calme, respirant silencieusement mais à grandes goulées. Très bien. Il allait voir de quoi Jessica Hale était capable. Après quelques mots supplémentaires échangés avec son responsable des effets, elle raccrocha et alla se glisser dans l'eau chaude de son bain à bulles. Les cheveux relevés en un chignon sur sa tête, malgré l'eau qui tentait de délier ses muscles, elle ne parvenait pas à se détendre. Son cerveau, parfaitement éveillé, cherchait un moyen adéquat de rendre la pareille à ce cinglé...

Saisissant à nouveau son téléphone, elle envoya un sms à Julia, qui devait déjà dormir à cette heure-ci. Elle consulterait le message à son réveil, ça n'était urgent que pour le lendemain. "Trouvez moi le numéro de l'avocat s'il vous plaît. Ty."
Elle reposa le combiné et se laissa glisser dans l'eau, poussant un profond soupir. Pays de cinglés... Si elle avait su, elle n'y aurait jamais mis les pieds... Misérables Japonais... Une bande de psychopathes, dangereux à enfermer, voilà ce qu'ils étaient...


William Dolan

E.S.P.er

Re : Inaccessible...

Réponse 12 samedi 14 août 2010, 21:49:15

       William sortait tout juste de sa douche. Vêtue d’un simple boxeur noir, il regardait les informations du matin sur son téléviseur tout en frictionnant sa chevelure noire dans l’espoir qu’elle sèche. On parlait d’un incendie qui avait sévit dans le centre de Kyoto. Apparemment, il s’agirait d’un incendie criminel… Criminel ? Voilà qui devient beaucoup plus intéressant. William jeta négligemment la serviette trempé sur une chaise et se précipita sur le téléviseur pour augmenter le volume. Blablabla… 4 morts dont une vingtaine de blessés… Blablabla… Deux hommes arrêtés par les forces de l’ordre. Le juriste se rapprocha du téléviseur alors que la télé montrait des images du palace en train de bruler, puis il y eu un rapide portrait des deux hommes prit par la police. Un sourire naquit sur les lèvres du juriste alors que Dolan reconnaissait l’imbécile qu’il avait fait sortir de prison il y a un mois. Nobu… C’était un homme d’Hatori. A partir de là, ce n’était pas compliqué d’imaginer pourquoi le Yakuza avait voulu mettre le feu à un palace le soir de son humiliation. Pourtant, la presse ne parlait pas de Jessica Hale. Ce qui aurait pu confirmer sa théorie. Ce petit détail le gênait mais il ne voyait pas d’autre explication à l’incendie que la fameuse vengeance d’Hatori.

       William avait à peine fini de s’habiller que son portable se mit à sonner. Il vérifia rapidement qui l’appelait et répondit avec bonne humeur. C’était le Shingiin du clan d’Hatori. Il s’agissait du titre donné au conseillé juridique d’une famille de Yakusa. Nul doute qu’il voulait que Dolan s’occupe de leurs deux hommes qui s’étaient fait arrêtés. Bien entendu, William promit de faire tout son possible mais c’était un odieux mensonge. Il allait déléguer cette tache aux avocats qui travaillaient pour lui. En effet, il est hors de question que Dolan s’occupe lui-même d’une affaire perdue d’avance. Nul doute que les employés de Dolan feraient parfaitement leur travail et réduiraient les peines à leur minimum, mais William ne pouvait pas participer à une affaire aussi peu importante et si difficile. Maitre Dolan ne perd jamais un procès. C’est une question de réputation, pas d’égo.

       Durant une bonne moitié de la matinée William sélectionna les quatre avocats qui allaient défendre les hommes d’Hatori. Il les avait réuni dans son bureau pour les briefer brièvement et les consoler d’avance, car il s’attendait à ce que le résultat ne soit pas très favorable. Les hommes qu’avait envoyés Hatori étaient des Kamikazes. Ils savaient qu’ils partaient au casse-pipe avant même de se lancer.

       -Je propose que l’on plaide coupable. On mettra en avant leur enfance difficile, déclara l’avocat que Dolan avait désigné comme plaidoyer lors du procès.

       -Oh, je n’ai aucun doute sur le fait que tu feras pleurer le jury, Ajima, mais épargne-nous leur dossier scolaire s’il te plait, plaisanta William en le coupant avant qu’il ne déclame toute sa plaidoirie dans son bureau.

       Les trois autres hommes de lois s’esclaffèrent suite à la boutade de leur employeur. William lui-même se permit un petit sourire et les invita à se mettre au travail. Dolan était un patron agréable qui ne méprisait pas ses employés tant que ceux-ci n’oubliaient par leur place et la hiérarchie. A peine, la porte se fut-elle refermée derrière le petit bataillon d’avocats qui quittait de son bureau que l’interphone de son bureau retentit. Maitre Dolan se permit de souffler pendant trois ou quatre sonneries et consentit enfin à répondre.

       -Mademoiselle Saori ? Demanda-t-il d’un ton las.

       -J’ai reçu un appel de l’assistante de mademoiselle Hale, maitre. Elle souhaite vous contacter si vous le permettez.

       Le ton était formel et William en était excessivement satisfait. Elle aurait pu devenir plus familière suite à cette soirée mais il n'en était rien. Niji était vraiment une employée d’exception parfaitement accordée à sa personnalité. Quand au contenu de son annonce, cela n’avait rien de réjouissant. C’était même très inquiétant que la cible raté d’Hatori essaye de le contacter. Cependant, il était curieux de savoir pourquoi la diva l’appelait et ce serait très grossier de ne pas lui faire bon accueil.

       -Et bien, vous n’avez qu’à lui dire de passer au… Commença-t-il avant de s’interrompre. Oubliez ce que je viens dire et dites lui que je serais ravi de converser avec mademoiselle Hale. Donnez-lui directement le numéro de mon portable.

       La secrétaire lui assura que ses directives seraient suivies et raccrocha le combiné. William avait failli faire une grosse erreur. Une femme qui vient d’être la cible d’un assassinat n’allait surement pas se déplacer jusqu’à son bureau. Ou avait-il la tête ? A force de voir tous les événements sous forme d’opportunité et de procès, cela lui faisait perdre prise avec la réalité.
« Modifié: dimanche 15 août 2010, 13:01:28 par William Dolan »

Jessica Hale

Invité

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Re : Inaccessible...

Réponse 13 mercredi 25 août 2010, 14:48:51

Quel doux contact que celui d'un peignoir en mousse, chaud, et sentant le frais... Oui, vraiment cette douceur était inégalable. Même les hommes ne parvenaient pas à lui faire ressentir ce genre de choses. Ou bien peut-être était-ce qu'elle n'était jamais tombé sur des hommes aptes à le faire? Elle l'ignorait, et à l'heure actuelle c'était le cadet de ses soucis. Comment pouvait-on penser aux hommes alors qu'un espèce de psychopathe sans pitié cherchait à vous tuer? Oh c'est simple quand on est une femme. On peut réfléchir à quantité de choses à la fois, pensées fugaces pourtant bien ancrées dans la mémoire.

Une serviette blanche nouée autour de ses cheveux roux, des pantoufles de mousse passées sous ses pieds, Jessica Hale arpentait avec lenteur le salon de la suite qu'elle occupait dans le palace de Tokyo, un bras enserrant son ventre et l'autre ayant le coude posé sur lui, tenant un fume-cigarette au bout duquel se consumait l'une d'elle. Il fallait quelle fasse relativement vite, elle avait une sainte horreur des jeux de chat et de souris, des jeux de cache-cache et autres du même genre. C'était très agaçant.

Un soupir agita sa poitrine alors qu'elle écrasait sa cigarette à moitié consumée dans le cendrier de verre le plus proche, et s'orientait plutôt vers le petit meuble d'entrée, sur lequel était son portable.


"Julia? Voudrais-tu monter m'aider à me préparer s'il te plaît? Je te remercie."

Elle raccrocha et attendit patiemment que son employée arrive. Jessica faisait tout pour paraître parfaite en toute occasion, et si elle se savait détentrice d'une certaine beauté naturelle, elle n'était pas dupe et n'ignorait pas qu'elle ne parviendrait en rien à la sublimer seule. Raison pour laquelle elle avait souvent recours à Julia. Quand cette dernière passa la porte, elle salua la star et lui signifia qu'elle était en ligne. L'oreillette bluetooth de son téléphone enfoncée dans son oreille. Jessica lui offrit un verre de perrier et s'installa sur le canapé, attendant patiemment que la conversation se termine. Lorsque ce fut le cas, l'employée s'excusa de son comportement, remercia son employeur pour le verre d'eau et l'informa d'avoir obtenu le numéro de l'avocat. Cette nouvelle arracha un sourire à la difficile rouquine, qui décida de régler cette histoire en priorité. Aussi retourna-t-elle chercher son téléphone et composa-t-elle le numéro que lui dictait son assistante. Elle ne prit pas la peine de se mettre en numéro caché, de toutes façons ça n'avait aucun intérêt. Il était avocat, pas groupie.

Une sonnerie, deux sonneries... Enfin il décrocha.


"Mr Dolan? Bonjour, Miss Hale à l'appareil... J'aurai besoin de vous rencontrer si vous n'y voyez pas d'objection..."

Le rendez-vous fut placé sur l'heure du déjeuner. Un restaurant chic mais surtout largement fréquenté, un endroit publique fréquenté par des gens de tous pays et tous horizons, mais surtout d'hommes et de femmes aux postes très importants, qu'il ne valait mieux pas faire exploser sous peine de voir le Japon investit de forces armées massives de divers pays. Jessica avait choisi cet endroit pour deux raisons. D'abord, la sécurité et l'assurance d'avoir droit à un déjeuner paisible. Et ensuite, étant américaine, les sushis et autres makis lui sortaient déjà par les yeux. Elle avait une envie folle de pâtes... Plat italien, certes, mais l'Italie était toujours plus proche des US que le Japon, non? Toujours est-il que le lieu de rendez-vous ainsi que l'heure furent fixés puis les téléphones raccrochés. Ce n'est qu'à partir de là que Julia pu s'atteler à préparer son employeuse.

William Dolan

E.S.P.er

Re : Inaccessible...

Réponse 14 mercredi 25 août 2010, 23:59:00

       Une berline noir s'arrêta devant le restaurant choisi par la diva. Il s'agissait d'un large bâtiment à un seul étage fait en pierre grise. Caché par la façade, une terrasse qui mordait sur la mer était ouverte pour les jours où la météo était clémente. Et justement, aucun nuage ne venait concurrencer le bleu du ciel qui liait tous les horizons. William avait donc réservé une table en terrasse pour profiter du beau temps. C'était la première fois qu'il allait dans ce restaurant que mademoiselle Hale avait choisie elle-même. L'avocat n'avait pas rechigner même si cela l'ennuyait qu'on le voit avec elle, mais pas au point de refuser l'invitation. En fait, il voulait surtout éviter d'attirer l'attention des journaux people, pour une raison évidente de confort de vie. Cependant, c'était sans doute inévitable lorsqu'on côtoyait Jessica Hale.
       Le chauffeur de la berline descendit de la voiture pour ouvrir la portière passager. Dolan s'en extraya et jetant un coup d'œil circulaire au restaurant. Il était vêtu d'un simple costume. "Simple" voulait seulement dire qu'il n'avait rien d'extravagant... hormis son prix. Un majordome habillé d'un costume blanc qui rappelait celui du capitaine de "la croisière s'amuse", s'inclina à son passage alors qu'il franchissait la porte. Dolan fut aussitôt pris en charge et n'eut pas à donner son nom pour qu'on le conduise à la table qu'il avait réservée. La terrasse était très agréable. Une légère brise chargée d'iode venait atténuer la domination du soleil de midi. De nombreuses plantes grimpantes recouvraient des pergolas et des tonnelles qui offraient un peu d'ombre et d'intimité aux clients. Au fond, la terrasse se terminait pas une balustrade de style classique en pierre reconstituée et donnait directement sur l'océan parsemé de moutons dus à la brise.
       William s'assit à la table qu'on lui indiqua. Chaises en fer forgé qui allait parfaitement avec la décoration globale du restaurant, recouvertes d'un coussin pour ne pas être incommodé par la rigidité du métal. La table n'était pas surchargée en décoration et Dolan en fut ravi car il sortait déjà son ordinateur portable de son attaché-case. Il n'aimait pas rester oisif et comme il était arrivé un peu en avance, il avait largement le temps de s'avancer dans sa plaidoirie en attendant miss Hale.

       Tout en tapant sur sa machine, il tentait de prendre une petite longueur d'avance sur l'entrevue imminente. Mademoiselle Hale ne lui avait pas demandée de la rencontrer parce qu'elle avait été charmée par l'avocat. Ce dernier avait une haute estime de lui-même mais il y avait des limites. Ce qu'elle lui voulait était plutôt de nature à l'inquiéter. Peut-être voulait-elle atteindre celui qui a essayé de la tuer à travers lui. C'est ce qu'il ferait s'il était à sa place. Soudoyer l'avocat de son ennemi ça pouvait faire mal à condition qu'on y arrive. Ou bien, peut-être que William allait faire face à une femme terrorisée qui lui demanderait quoi faire pour préserver sa vie. Alors Dolan pourra lui sortir un banal mais ô combien jouissif: "Je vous l'avais bien dit!". Malheureusement, cette éventualité n'avait de réalité que dans les fantasmes de l'avocat. Sa voix au téléphone n'avait pas semblé déformée par la peur. Mince! Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui vouloir dans ce cas?

       -Monsieur, désirez-vous un apéritif pour patienter? Entonna une voix mielleuse à côté de lui.

       -Certes, répondit l'intéressé sans pour autant cesser de travailler. Un Martini, je vous prie.

       Un bref courant d'air sur son oreille lui apprit que le serveur était parti et les cliquetis des touches de son clavier redoublèrent d'intensité. Même si l'avocat ne savait pas en quoi il serait utile à la diva, il ne s'était pas gêné pour en apprendre plus sur "l'accident" qui était à l'origine de ce rendez-vous. Il y avait eu des morts et des blessés. Comme le nombre de garde présents sur les lieux étaient plus important que d'habitude, Dolan présumait que le surplus venait des gardes employés par la diva. Il y avait donc de grandes chances que plusieurs de ses employés soient mort ou blessés. Cela avait de quoi la mettre en colère... ou lui faire peur, cela dépendait de la nature de cette jeune fille qu'il ne connaissait pas pour l'instant. Ensuite, les Yakuzas qui avaient fait le coup étaient tous en disgrâce. Hatori les avaient envoyé sciemment dans les bras de la police. La question était de savoir s'il souhaitait simplement faire une pierre deux coups, c'est à dire attaquer Jessica et se débarrasser de Yakuzas incompétents, ou bien s'il souhaitait réellement la mort de la diva et continuerait ses attentats jusqu'à ce qu'il y arrive. Dolan n'avait pas la réponse à cette question. Cela dépendait de l'intensité de la colère d'Hatori. Peut-être que c'était ça l'objet de leur rencontre au restaurant. Peut-être que miss Hale voulait savoir si cet attentat serait le dernier.

       -Voici, monsieur.

       Le serveur posa le verre de Martini à côté de l'ordinateur portable et se retira en saluant. C'est du moins ce que supposait William puisqu'il ne semblait pas enclin à le regarder. Il le remercia tout de même pas un léger signe de main et porta la boisson à ses lèvres en soupirant d'aise.
       La question maintenant c'était de savoir combien de temps de retard allait avoir la diva et combien de Martinis réussirait-il à s'envoyer derrière la cravate en l'attendant.


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