Lorsque cette femme s'était approchée de lui pour lui signaler qu'il lui avait pris quelque chose et que c'était maintenant son tour, il avait cru qu'elle allait le gifler. C'était idiot mais ce fut la première chose qui lui traversa l'esprit. Quelle fut sa surprise lorsqu'elle l'embrassa! Ça n'avait duré que quelques secondes, pas assez longtemps pour que William ressente autre chose que de la surprise. Elle s'était retirée avant qu'il puisse savourer ce moment. C'était donc ça un baiser volé...
Il la regarda s'en aller. Pour une fois l'orateur s'était fait mouché par ce baiser qui lui avait sapé toute sa répartie. Mais il était aux anges. Chaque respirations étaient plus délicieuses les unes que les autres. Chaque secondes passées sur cette terre étaient un don du ciel. Il ne s'était pas senti aussi joyeux depuis... jamais en fait. Il n'a jamais ressenti ça. Quoiqu'il en soit, c'est agréable.
* * *
-Quel genre de fleurs monsieur Dolan ? demanda une voix féminine à travers un interphone.
Dolan pianota sur son bureau en noyer tandis qu'il réfléchissait à la question de sa secrétaire. Une question plus vitale qu'elle n'y paraissait au première abord. Puis la réponse lui apparut comme une évidence.
-Des fleurs d'un ton orangé conviendront parfaitement, répondit Dolan en se penchant machinalement sur l'interphone. Faites les parvenir à l'adresse indiqué je vous prie.
-Bien monsieur Dolan.
Il est 10h57, nous sommes le 15 janvier. Le cabinet Dolan est en pleine ébullition et commence à peine à se remettre de la disparition de William qui n'a pourtant durée qu'une demi-journée en tout. Dolan était furieux. Des erreurs avaient été commises, des clients avaient été négligés et surtout des profits ont été perdu parce que les imbéciles que Dolan emploie ne sont pas fichu de se débrouiller sans lui pendant quelques heures. A la surprise générale, personne n'avait été mis à la porte. Un acte de grande bonté -ou de stupidité- qui était dû à son état guilleret depuis qu'il avait laissé Marine à l'hôtel, il y a de cela presque deux jours. Cependant, ce nouvel état d'esprit ne l'avait pas empêché d'incendier ses associés qui, d'après Dolan, manquaient d'initiative et de bon sens.
William n'avait pas pu voir Marine durant cette journée de Saint Barthélemy dans le cabinet Dolan. Il avait dû corriger les idioties de ses juristes et rattraper le travail qu'il avait délaissé. Mais il comptait bien se rattraper ce soir. Sa secrétaire était en train d'envoyer une invitation écrit de sa main avec les fleurs qui allaient de pair, cela va de soi. Il n'avait pas prévu qu'elle refuse même si l'hypothèse était on ne peut plus plausible.
Le juriste lui avait écrit un mot où il proposait de l'emmener diner dans un restaurant. Connaissant Dolan, elle devait se douter qu'il ne s'agissait pas d'un fastfood, aussi il n'avait pas cru nécessaire de le préciser. L'invitation était pour le soir même mais vu que celle-ci devait partir d'un moment à l'autre, elle le recevrait bien assez tôt. Bien sûr, Dolan avait égaillé le billet avec de petites personnalisations qui lui était propre ; comme l'assurance qu'il ne ferait plus l'erreur de lui proposer du vin comme le Fronsac et quelques références à un certain philosophe qui devait se retourner dans sa tombe en ce moment même.
Cependant, l'avocat directeur de cabinet avait beaucoup de travail pour l'instant. Il chassa Marine de son esprit et se replongea dans les procédures juridiques. Mais tandis qu'il attribuait des textes de loi à des preuves imaginaires, il ne pouvait s'empêcher de penser à cette jeune fille rousse qui était surement en train de dévorer des montagnes livres à la bibliothèque municipale.