« Je n'ai qu'à demander une faveur à mon contact au ministère de l'immigration. Nous ferons une demande de naturalisation pour la réfugiée politique que vous êtes. Quelques pots de vin ou des menaces pour les plus honnêtes de ces messieurs les magistrats, des procédures aussi inutiles qu'ennuyantes et vous obtiendrez la nationalité japonaise avec les papiers qui vont avec »
Marine tourna brusquement la tête vers lui, surprise. Au vu du regard vert de William, lui, l’observait depuis quelques minutes. Elle ne s’attendait pas à cette réponse. Qu’il puisse l’aider, elle l’espérait mais de là à verser des pots de vin ou menacer, il y avait deux poids, deux mesures. Et puis, des pots de vin, elle se doutait que ce genre de magistrats ne devait pas se contenter de quelques yens. Quand aux menaces, elle n’en était pas particulièrement fan.
« Alors je crains de ne pas avoir de papiers avant longtemps, William. Je n’ai pas les moyens de payer ce… genre de transactions et il est hors de question que vous payiez à ma place. Pour les menaces, je préférerai faire sans. S’il n’y avait eu que cette solution, même si elle ne plait pas, à la limite, mais je ne me vois plus faire ce genre de choses – elle haussa les épaules et lui sourit – C’est gentil à vous d’avoir voulu m’aider. Tant pis pour les papiers, je me débrouillerai, je l’ai toujours fait, je continuerai. J’arriverai toujours à gagner un peu d’argent d’une manière ou d’une autre et puis, il m’en reste encore un peu »
Elle essayait de plaisanter et de le rassurer. Elle ne voulait pas qu’il puisse s’inquiéter pour elle. Elle arriverait bien à trouver quelque chose. Du moins, elle l’espérait mais inutile de causer plus de soucis au jeune juriste.
Le vent glacé souffla sur eux brusquement. Marine resserra sa cape sur elle. Puis elle sortit ses mains et souffla dessus pour les réchauffer. Ils allaient finir congeler avec ce vent froid.
Il devait bien être neuf heure, peut-être plus. Marine se sentit brusquement fatiguée. Ça lui arrivait souvent. Ses nuits étaient trop agitées pour être reposantes et le fait de se réveiller tôt n’arrangeait rien. Elle savait aussi que ça ne durerait pas mais elle devait bouger un peu. Elle regarda William, le sourire toujours aux lèvres.
« Dites-moi, William, ça vous dirait de boire un café avec moi ? Si vous voulez toujours de ma compagnie. Après je vous laisserai retourner auprès de vos clients »
Curieusement, alla avait envie qu’il accepte. Décidément, sa compagnie lui devenait de plus en plus agréable.