La Chasse Sauvage [Maud de Rehen]

L’atmosphère glaciale régnant dans cette partie de la forêt allait très bien avec l’atmosphère morose du groupe. Maud n’avait-elle pas compris qu’Eol avait fait de mauvaises interprétations ? Vesa se le demandait sincèrement, car elle savait que Maud pouvait avoir, sur certains points, des réactions déraisonnables... Ce qui était aussi le cas de Vesa, surtout quand elle pensait à sa sœur, Jinx. Mais, en l’état, Vesa avançait surtout prudemment, sentant le froid autour d’elle. La Chasse Sauvage était passée par là, et il était peu probable que le camp militaire se soit installé dans la forêt gelée. Il fallait avant tout le trouver, ne serait-ce que pour avoir de plus amples informations sur la région, et sur la position actuelle de la Chasse Sauvage.

Vesa était plus attentive, et avisa un carrefour avec un panneau de direction gelé... Et un spectacle macabre qui la fit frissonner. Eol glapit également sur place, et Vesa se dépêcha de poser une main devant ses yeux, afin qu’il ne voie pas ça. Un corps avait été crucifié sur une croix improvisée... Ou, plus précisément, une carcasse noircie et purulente, un corps qu’on avait carbonisé, le visage figé en une odieuse grimace, avant d’être gelé sur place. Une sorte d’avertissement macabre, qui laissait entendre que la Chasse Sauvage avait un certain sens du mélodrame.

« Je ne sens même pas de magie ici... C’est de la pure cruauté. »

Également choquée, Maud fut la première à réagir. Elle détacha le corps, qui tomba sur un sol gelé. Les chevaux devaient d’ailleurs avancer prudemment, afin que leurs fers ne glissent pas sur le givre. Ce paysage spectral, fait de givre, de gel, de grandes tâches de blanc, restait impressionnant, et Vesa n’intervint pas pour empêcher Maud de brûler le reste du corps, faisant fondre la glace avec sa puissante magie, offrant ainsi à la dépouille un repos éternel.

Vesa hocha doucement la tête, puis laissa Maud rassurer Eol. Cette séquence avait ébranlé le jeune homme, qui hocha doucement la tête. Vesa trouva le moment utile pour rompre la glace entre eux :

« Eol... Maud n’est pas responsable des agissements de son père. Tu ne devrais pas la juger pour ce que son père a fait, car elle n’a rien à voir avec lui. Comment peux-tu douter un seul instant que Maud ne soit pas une bonne personne ? Elle est une paladine ! Tu n’as donc jamais entendu parler des paladins ?!
 -  Mais je... »

Un peu confus devant ce sermon inattendu, Eol rougit en baissant la tête. Vesa soupira encore, agacée, lui faisant la leçon, ce qui était aussi une manière de leur permettre de se rapprocher en offrant à Maud l’opportunité de jouer la « gentille ».

« Tu vas présenter tes excuses à Maud, Eol ! Tout de suite ! »

Désormais, c’était à Maud de jouer...

« Je ne sens même pas de magie ici... C’est de la pure cruauté. »

« Une mise en garde... »

Quelques choses du genre… Il n’y avait rien de magique dans cette mise en scène macabre. Plus le temps passait, plus Maud avait l’impression qu’on tentait de les dissuader de continuer dans leur voie, de ne pas continuer, de ne pas faire plus de recherche… Mais hors de question de céder sous la menace. Hors de question de céder malgré les pressions. Maud n’était pas du genre à se laisser intimider, et au contraire, ce genre de comportement ne lui donnait qu’une seule et unique envie… Aller encore plus loin, pour arrêter ces fils d’immonde câtin sâle et leur agissements ! Et elle était presque sûre à 200 % que Vesa pensait la même chose qu’elle ! Mais, là, Vesa avait à penser à autre chose… Car visiblement, elle voulait crever un abcès avant que cela s’infecte, et franchement… Elle avait bien raison.

« Eol... Maud n’est pas responsable des agissements de son père. Tu ne devrais pas la juger pour ce que son père a fait, car elle n’a rien à voir avec lui. Comment peux-tu douter un seul instant que Maud ne soit pas une bonne personne ? Elle est une paladine ! Tu n’as donc jamais entendu parler des paladins ?!
 -  Mais je... »

Mon dieu ! Eol ne comprenait pas… Mais… Il se souvenait de toutes ses fois où il s’était fait frapper, toutes les fois où on lui avait dit qu’il n’était rien, de par sa nature même, de par ses origines, de par tout, bref… Maud était la fille de son père, elle était forcément… Enfin… Oui mais… Là, entrait en confrontation aussi bien son éducation que sa vénération… Et si elle était bien différente de son père en effet ? Après tout, elle était quand même… Comment dire… Enfin elle était une paladine, et les paladins, c’’étaient quand même l’exemple même de la vénération, c’étaient des gens de la Lumière, qui combattaient pour le bien… Et qui, sans elles, il serait encore perdu, et peut-être même mort à l’heure qu’il est… De suite, la peur et la déception envers Maud se changeait peu à peu en honte, en grosse honte et...

« Tu vas présenter tes excuses à Maud, Eol ! Tout de suite ! »

« Je…
-Je... »

Aussi bien Eol que Maud semblait choqué… Eol, on l’a dit, enfaite, il était gêné et se rendait compte de ce qu’il avait dit… Quant à Maud… Et bien elle commençait à comprendre. Mais bon sang, c’était tout con, mais oui, évidemment qu’il avait écouté « aux portes » ! Voilà qui expliquait tout, bon sang… Bordel, elle se sentait tellement idiote de ne pas avoir compris… Eol ne comprenait pas ce qui s’était passé, car bien évidemment, il n’avait jamais connu ça. Il avait l’impression d’apprendre ce que c’est la trahison, tandis qu’elle, elle savait ce que c’était… Maintenant qu’elle avait vu ce qu’avait fait son père à sa mère. Et bien, même si elle était d’accord à la base avec Eol… Et bien, elle n’aurait jamais pu rester comme son père après avoir découvert cela… C’est alors que…

« … Ahahahahahahahahahahaha ! »

Elle éclata de rire. Bon sang, après tant de tension, tant de stress, tant de tristesse, de choc… Bref, elle pensait à Vesa, qui faisait de son mieux pour l’aider à retrouver foi, elle pensait à Eol qui était sous le choc, bref… Bon sang, elle devait absolument régler ça. Elles étaient deux paladines chargés d’enquêter sur la Chasse Sauvage, elles avaient littéralement maintenant Ashnard, des kidnappeurs, la Chasse Sauvage… Et voilà qu’elle faisait chier tout le monde avec ces histoires de familles, et qu’elle commençait à faire trainer une odeur de Soap Opéra avec tout… Il fallait vraiment qu’elle règle ça, et vite. Et donc, elle savait qu’elle était la meilleure technique…

« Ma… mademoiselle !!!
-Je t’aime Eol, je t’aime Vesa ! »

CALIN SURPRISE ! Et ouais, alors que personne s’y attendait, enfin, surtout pas Eol et Vesa… Mais elle prit les deux dans ses bras, et déclara à quel point elle les appréciait. Je tiens à vous rassurer, le « je t’aime » avait des significations différentes suivant les deux. Elle appréciait énormément Eol comme un petit frère, et Vesa… Disons que leur relation était allé maintenant un peu plus loin que la simple amitié, comme pouvait confirmer un petit objet qui était encore dans les poches de notre chère Vesa… Mais si vous savez… Le baillon qui allait très certainement être utilisée dans quelques temps pour Maud cette fois… Bref, vous voyez parfaitement ce que je veux dire non ? Ainsi, elle déclara après avoir fait ce câlin :

« Ca va tellement mieux ! Eol, je te garantis qu’on va défoncer de l’être maléfique par dizaine, tandis que tu feras ta formation… Et tu sais quoi, petit gars... »

Ouais ! Maud venait de lâcher Vesa et Eol, et maintenant, était remotivé ! Elle sentait le Soleil lui redonner de la force, et franchement, maintenant, elle devait montrer de la force, et faire comprendre à Eol que tout le monde était en bonne relation ! Ainsi, elle déclara après avoir laissé un petit blanc :

« T’as intérêt d’être plus que tes origines, hein. Te surpasser. Quand tu seras un grand paladin, je veux me faire botter les fesses à l’entraînement par toi ! Et toi seul !
-Que je quoi euh... »

C’était un joli coup de Maud. Ainsi, Maud expliquait à Eol qu’il fallait allait plus loin que SES origines… Et le jeune garçon comprit qu’il devait voir plus loin que les origines. Enfaite, le plus gros soucis, c’est que jamais Maud n’aurait pu dire que les origines ne comptaient pas. Elle même considérait que le fait qu’elle était une Rehen était extrêmement important. Et elle savait qu’elle était bien la fille de son père… Eol, lui, comprenait qu’il devait voir plus loin… Et même s’il comprenait que Maud était plus que seulement la fille de son père, il savait que quand on allait découvrir le dit père… Maud allait devoir faire un choix. Il espérait qu’elle allait prendre le bon. Mais heureusement, ce n’était pas encore le moment de se soucier de cela… Et ainsi, il répondit, tout content, et fier du sale coup qu’il préparait…

« Oui madame !
-Allez, mauvaise troupe, on doit trouver ce camp. Les soldats ont forcément trouvé un lieu quelques part… ATTENDS COMMENT CA MADAME ?
-Protège moi Vesa !!! »

Les deux avaient retrouvés la forme, cela ne faisait aucun doute ! Eol, en rigolant, s’accrocha à Vesa, et les deux chevaux purent prendre la route à nouveau… Même si ce moment de détente avait permis à tout le monde de décompresser, il y avait encore la tension dans l’air… Mais plus à cause des membres du groupe. Non, la tension, c’était lié à ce qu’ils devaient trouver : le camp militaire. En espérant qu’il y en avait bien encore un. Comme l’avait très bien dit Vesa… Eol ne devait pas rester avec elles. C’était beaucoup trop dangereux. Il devait rester à l’abri. Car sérieusement… plus le temps passait, plus la menace était lourde… Et plus la menace était lourde… Plus les risques étaient grands. Bref, il n’y avait aucun doute, elles avançaient. Vraiment. Le danger était de plus en plus présent.

Que dire quand on avait l’impression d’être la plus mâture du groupe ? Vesa n’était pas vraiment sûre de comprendre ce qui venait de se passer entre Eol et Maud, si ce n’est... Qu’ils semblaient être réconciliés. L’un avait mal compris, et l’autre avait également mal compris. Un simple malentendu, qui se termina par un moment des plus gênants, un câlin collectif organisé par la belle Maud, qui ne manquait décidément pas d’idées pour calmer le jeu. Une fois la situation revenue à la normale, Eol grimpa de nouveau avec Maud, un large sourire sur les lèvres, et Vesa secoua la tête, avant de prendre le devant du duo, en fronçant légèrement les sourcils :

« Tâchez tout de même d’être vigilants, l’endroit est dangereux... »

Eol hocha vigoureusement la tête, ouvrant ensuite grand les yeux, comme pour détecter d’éventuelles pièges. Vesa continua à suivre le sentier, frissonnant doucement en sentant la température continuer graduellement à descendre. Ce froid n’était pas normal, il était le fruit de la Chasse Sauvage. Locbourg était de plus en plus proche, et le trio rejoignit un pont en bois gelé surplombant une rivière également gelée. Vesa aperçut alors l’orée du village, voyant quelques maisons en cendres.

« Locbourg... »

Vesa étendit son cercle de perception, et fronça les sourcils en reconnaissant des silhouettes. Elle fit alors signe du doigt sur ses lèvres d’obtenir le silence, et s’écarta de la route. Elle dissimula son cheval derrière des buissons, et sauta à terre, puis ordonna à Eol de rester en retrait, et de ne surtout pas aller sur la route. Cette précision faite, Vesa se mit à s’avancer prudemment, au milieu des arbres. Elle aperçut quelques champs ravagés, ainsi que les premières maisons du village.

Très rapidement, la femme comprit ce qui se passait en ayant, entre les arbres, une vue sur la grand-place du village. Elle se pinça les lèvres de colère en constatant que les hommes de la Salamandre étaient là, et pillaient les rares maisons encore debout.

« Ces chiens ne respectent rien... »

Irritée, Vesa se laissa descendre à l’arrière d’une maison, dans une cour, et rapprocha prudemment, Maud l’accompagnant.

« Merde, on s’les gèle ici !
 -  Il faut qu’on prenne tout ce qu’on peut avant l’arrivée des patrouilles...
 -  Et ces statues de glace, putain !
 -  La Chasse Sauvage ne repasse jamais deux fois, nous n’avons rien à craindre ! »

Vesa cherchait un bon angle pour les attaquer, mais elle espérait aussi retrouver le Professeur. Après tout, elle avait un compte à rendre avec ces sales types, qui les avaient capturées toutes les deux, et avaient bien failli les faire souffrir plus que de raison... L’heure de la douce justice allait bientôt sonner !

Bien entendues qu’ils allaient faire attention ! Elle était paladine quand même, elle faisait soin de faire attention à la route, et aux dangers potentielles ! Après tout, c’était de son devoir de faire en sorte que Eol ne finisse pas mort et bouffer par des loutres. Oui, des loutres. Supots de Satan ! Bref, quoiqu’il en soit, les deux femmes avançaient. Leur objectif ne devaient être plus très loin, mais malheureusement, elles ne voyaient toujours pas de camp militaire. Elles approchaient désormais plus de Locbourg que d’un éventuel camp, ce qui provisionnait que du mauvais pour la suite. Surtout que le froid n’était clairement pas naturel ! Bref, cela ne voulait dire qu’une seule et unique choses… Et qu’on soit clair, le pire était malheureusement déjà arrivé… Elles n’avaient rien pu faire, et ne pouvaient rien faire à part constater cela…

« Locbourg... »

« Ciel... »

Il ne restait plus rien. Enfin, si, des ruines… Et des charognards. Mais pas les bêtes, qui elles au moins ont du mérites. Non, ils ne restaient que les hommes, les pires. Une fois les chevaux et Eol cachés à l’abri, Maud et Vesa partirent alors vers les ruines. Bien entendue, pas à découvert… Après avoir arrivé vers le village, elles purent inspecter les alentours, et voir que l’ensemble se faisait allègrement pillé. Relativement bien cachée derrière une maison, elles étaient invisible, et Maud surveillait derrière Vesa, au cas où un homme ou une femme arrivent dans les angles morts de la vision de Vesa. Cela pouvait toujours arriver et… Bah, il faut faire attention. C’était dans ce genre de cas qu’on finissait mal, et mieux valait être préparée. Elle avait échappée une fois aux hommes de la Salamandre, ce n’était pas pour se faire recapturer peu de temps après… Cela, c’était sur et certain.

« Ces chiens ne respectent rien...
- Merde, on s’les gèle ici !
 -  Il faut qu’on prenne tout ce qu’on peut avant l’arrivée des patrouilles...
 -  Et ces statues de glace, putain !
 -  La Chasse Sauvage ne repasse jamais deux fois, nous n’avons rien à craindre ! »

On sentait que malgré cela, les hommes n’étaient pas rassurés du tout, et qu’ils avaient peur que cela ne soit pas tout à fait vrai. Qu’on découvre que… Bah, si enfaite, elle repasse, genre là maintenant… Bref, voilà, ce genre de crainte qui évidemment faisait flipper les gens dans le groupe, et sans doute, faisait qu’ils n’étaient pas aussi efficace que d’habitude. La Chasse Sauvage les traumatisaient, cela se sentaient, ils ne faisaient pas du tout les fiers. Pourtant, ils avaient tous l’air de combattant aguerrit, cela, cela ne faisait aucun. Malgré leur talent, Maud savait bien qu’elles n’arriveraient pas à les vaincre si tous se mettaient contre eux… Et encore pire si elles perdaient l’avantage que si elles, elles savaient qu’ils étaient là, et bien, l’inverse n’était pas vrai.. Heureusement, il se passa quelques choses qui allait sans doute donner l’avantage… Même si en apparence, c’était mauvais signe !

« Je vais pisser, je reviens.
-Ok, si tu peux crever par la même occasion ahahahah !
-Ouais, c’est ça enculé !
-Allez va pisser ivrogne ! »

On sentait tant de raffinement dans ses propos… Et le pire, c’est qu’ils trouvaient ça drôle ! Non mais vraiment ! Vraiment drôle ! Bref, l’homme… S’approchaient des deux femmes ! Là, elles avaient deux choix, elles pouvaient fuir ou se mettre ailleurs… Mais Maud remarqua que tous les hommes se remirent à s’occuper de leur pillage, et plus personne ne s’intéressait au pisseur, ni même se concentrait sur ce dernier… Bref, c’était l’ocassion rêvée ! Elles ne devaient pas partir, mais faire très attention… Car le moindre faux pas, la moindre erreur, et c’était foutu. Et elles étaient dans la merde jusqu’au coup. Ainsi, le mec avait déjà baissé son pantalon, et était prêt à pisser tranquillement derrière la dite maison… Il se disait que c’était bon, il allait faire son affaire tranquillement quand soudainement…

« Coucou mon beau. Je te conseille de pas crier, si tu veux pas mourir, émasculé, rapidement et… »

Maud avait tiré d’un coup l’homme dans leur cachette. Très vite, elle utilisa le poids de son propre adversaire pour qu’il se retrouve à terre, après lui avoir déjà donné un bon gros coup de coude dans la machoire… Outch ! Ce n’était pas du genre à faire du bien ce genre de gros coup ! Mais c’était bien pire ce qui allait se passer… Car en effet, il se retrouva non seulement à terre… Non seulement à terre à cause d’une femme… Mais en plus, cette femme se permettait de positionner sa lance… Sur ses couilles à l’air. Il avait le froc baisser, et son engin était menacé par une lance bien trop ornée pour que cela soit deux mercenaires… Qui étaient ces deux femmes, et surtout… Qu’elles ne veuillent pas le castrer ! Il avait une trop belle bite pour la perdre ainsi ! Maud termina alors sa phrase, offrant un grand sourire…

« Douloureusement, ok mon coeur ? »

Les petits surnoms affectueux étaient tous là évidemment juste pour l’énerver et le foutre en rogne… Mais l’homme obéissa, car il avait bien plus peur de perdre sa virilité que sa vie. Parfait ! L’avoir, cela allait permettre aussi bien à Maud que Vesa d’en savoir plus… Genre où était les principaux chefs, qui dirigeaient exactement l’expédition, combien il y avait d’homme… Bref, ce mec qui était furieux allait être très utile aux deux femmes… Tant que Maud faisait bien attention de menacer sa virilité. Il ne savait peut-être pas qu’il avait affaire à deux paladine… Et pire, que leur équipe avait réussi à capturer les deux paladines il y a peu de temps… Pas de chance qu’elles se soient libérés… Oh, et qu’elles n’étaient pas contente. Mais pas contente du tout. Mais bref, nous allons bien voir ce qui allait se passer…

Vesa avait de base un compte à rendre à ces types, ces gens qui les avaient enfermés, humiliés, et avaient menacé de leur faire bien pire. Ces gens sans vergogne qui s’étaient rendus ici. Que cherchaient-ils donc ? Après le passage de la Chasse Sauvage, il n’y avait plus rien à Locbourg. Tous les objets de valeur avaient gelé, et il était donc impossible que leur présence ici soit purement vénale. Ils cherchaient nécessairement autre chose. Était-ce lié à l’assassinat brutal du Baron qui travaillait pour eux ? Vesa n’avait évidemment pas oublié cet épisode, et cherchait encore à recoller les morceaux, à assembler ensemble les différentes pièces du puzzle. La Salamandre, la Chasse Sauvage, Locbourg… Et même les parents de Maud. Plus elles avançaient dans cette quête, et plus celle-ci les dépassait.

*Tu ne dois pas oublier que toi et Maud êtes juste là comme éclaireuses, Vesa. Le Chapitre ne t’a pas demandé de régler à toi toute seule cette situation…*

Idéalement, il fallait retrouver l’armée, afin de disposer d’un moyen de contacter Haven, et de savoir quand les renforts arriveraient. Vesa n’était pas du genre à aller contre la hiérarchie, à désobéir aux ordres, sauf quand ça impliquait sa sœur, Jinx… Mais il n’y avait pas de Jinx ici. Ici, il n’y avait que le froid, la désolation, et des bandits qui patrouillaient. L’un d’eux, justement, s’écarta du lot, ayant une envie pressante, ce qui fut l’occasion pour Maud de concevoir un traquenard. Vesa aurait bien été tentée de commencer d’abord par faire du repérage, notamment pour savoir combien d’ennemis il y avait précisément… Mais c’était mal connaître Maud que de croire qu’elle pourrait faire preuve de patience ! Elle avait envie de se venger de ces types, et voyait là une bonne opportunité de le faire.

Vesa se pinça donc nerveusement les lèvres en la voyant s’approcher de la ruelle. Les deux femmes se tenaient dans le jardin, et Maud passa à l’attaque. À proximité, Vesa s’apprêtait à la soutenir, mais Maud s’en sortit plutôt bien, et amena l’homme dans le jardin. Celui-ci regarda les deux femmes. Il avait une mine débonnaire, une cicatrice partant de la commissure gauche de sa bouche, déformant hideusement son visage. De manière perverse, Maud ciblait son sexe avec sa lance, ce qui fit doucement soupirer Vesa dans son coin.

« C’est quoi c’bordel ? Vous êtes qui, putain ?! »

Vesa se rapprocha de lui.

« C’est nous qui posons les questions !
 -  Va t’faire enculer, sa… »

La paladine le frappa à son tour, et l’homme s’écroula au sol, après un coup de poing dans le ventre qui lui coupa la respiration. Après tout, Vesa portait son armure, et son gantelet métallique pouvait faire très mal, comme ce malandrin venait d’en faire l’amère expérience.

« Saint-Dieu de bordel !! »

Vesa le renversa encore, et posa son pied sur son torse.

« Qu’est-ce que vous venez faire ici ?!
 -  Hnnngnn, bordel…
 -  Qu’est-ce que vous venez faire ici ?! » répéta Vesa.

Serrant les dents, elle enfonça son pied sur le torse de l’homme, lui bloquant la respiration.

« Haaaa… Mi-Mission du Professeur, haaaa…
 -  Le Professeur ?
 -  J’en sais rien, de ce qu’on branle ici, merde ! Le Professeur veut qu’on récupère les cadavres… »

Vesa restait perplexe. Qu’est-ce que le Professeur comptait bien faire des cadavres ? Elle allait encore interroger leur prisonnier quand des bruits de pas se firent entendre. Le temps qu’elle tourne la tête, deux bandits supplémentaires venaient de faire irruption dans la ruelle, et écarquillèrent les yeux de stupeur en voyant les deux paladines… Puis se mirent à hurler.

« ALERTE ! LES PALADINS ! ALERTE !! »

Vesa grommela à voix basse, puis frappa encore son prisonnier au visage, l’assommant pour le coup, et dégaina son épée.

« Après tout… Autant régler ça à l’ancienne ! » s’exclama-t-elle, brusquement enhardie par l’adrénaline et par le flux de magie qu’elle générait dans ses veines.

Puis elle se catapulta en hauteur, rejoignit le toit de la maison, et sauta encore, faisant un saut prodigieux qui l’amena avec violence et fracas au milieu de la grand-place du village, renversant au passage plusieurs des hommes de la Salamandre.

« Je vous offre l’occasion de vous rendre, ou vous passerez par le fer ! » s’exclama-t-elle.

Sans guère de surprise, les bandits optèrent pour la seconde solution, et se ruèrent vers Vesa…

Maud avait très envie de se venger, on allait pas le cacher… Et disons qu’elle adorait cette position où elle dominait complètement cet homme. Elle le tenait en respect, et s’il voulait pas perdre sa masculinité… Bref, si elle devait y réfléchir un tant soit peu… Elle avouerait que dans ce qu’elle avait fait, il y avait un côté « j’assume ma vengeance ». Ouais, il faut bien l’avouer. Mais voilà, cela allait permettre aux deux femmes d’en savoir plus, en ne perdant pas trop de temps ! Ouais, il fallait bien l’avouer, Maud n’avait que peu envie de laisser Eol trop longtemps tout seul. Une mauvaise surprise était si vite arrivé que… Ouais, elle préférait ne pas trop y penser. Bref donc… L’homme en allant pisser avait offert donc une parfaite occasion de se venger, et donc… Elle profitait de l’occasion ! C’était normal après tout !

Vesa prit la suite de l’interrogatoire, Maud prenant un rôle beaucoup plus secondaire. Elle lui avait même offert un beau gros poing dans la gueule, que notre chère Maud n’avait qu’une envie après avoir vu ça, applaudir ! Car après tout, cela avait été un très beau coup porté, cela ne fait aucun doute sur ce point ! Bref, quoiqu’il en soit, l’homme était complètement dominé, et Vesa le contrôlait totalement ! Ouhlala, pensa discrètement Maud, si Vesa commençait à agir comme ça dans une soirée, elle n’allait pas tenir longtemps, cela ne faisait aucun doute… Alors, si vous voulez savoir, non, elle n’avait aucune honte de penser à cela, alors qu’elle ferait mieux de se concentrer… Ouais, c’est notre chère Maud ! Elle ne change guère dans ce genre de situation…

« Haaaa… Mi-Mission du Professeur, haaaa…
 -  Le Professeur ?
 -  J’en sais rien, de ce qu’on branle ici, merde ! Le Professeur veut qu’on récupère les cadavres… »

Des… Cadavres ? Etait-ce un but de nécromancie ? Ou de la profanation de cadavre ? De la nécrophagie ? De la nécrophilie ? De l’alchimie ? Elle supposait qu’on pouvait faire beaucoup de choses avec des corps humains, mais à part la nécromancie qui lui venait de suite en tête, elle n’en savait… Et bien pas plus… Surtout que « récupérer les cadavres », cela sous-entendait presque que… Tous les cadavres y passaient. Donc… Bah vous devinez que cela faisait poser encore plus de questions à Maud. En tout cas, pour Maud, cela ne voulait dire qu’une seule et unique choses… Ils faisaient quelques choses d’inacceptable ! Il fallait rendre les derniers hommages à ces victimes de la Chasse Sauvage, et absolument pas les… Faire quoique ce soit avec ! Rien que l’idée de récupérer ses cadavres pour en faire quelques choses la dégoûtaient… Et l’énervaient au plus haut point !

« ALERTE ! LES PALADINS ! ALERTE !! »

« Putain ! »

ET MERDE ! Deux nouveaux venus ! Leurs ruelles étaient pourtant bien cachés, mais malheureusement, les deux hommes avaient choisi… Soit de vérifier si leur pote allait bien, car il mettait trop de temps pour simplement uriner… Soit ils avaient décidé de fouiller ici, pour récupéré… Elle ne savait pas trop, soit des richesses soit également des cadavres. Bref, quoiqu’ils en soient, elles étaient maintenant repéré ! Et bordel, elle pouvait même pas émasculer l’homme en lui disant qu’il l’avait bien mérité… Premièrement car il n’avait finalement rien dis, et avait donc respecté le contrat… Et deuxièmement, Vesa l’assomma d’un bon coup dans la gueule, ce qui évidemment veux dire que bah… On ne peux donc pas s’amuser ce soir ! Dommage ! Ainsi, Vesa déclara avec assurance !

« Après tout… Autant régler ça à l’ancienne ! »

« Ouah ! »

Elle fut impressionnée par le saut de Vesa. Sérieux, malgré son armure, elle était tout autant agile qu’elle ! Et ouais, c’était toujours la différence entre Vesa et Maud, l’une avait une armure, et l’autre était seulement bah… Euh… En vêtement ! Qui mettent bien en valeur sa poitrine et ses fesses, d’ailleurs, je dis je dis rien. Bref, la tenue de Vesa n’empêchait nullement cette dernière d’impressionner tout le monde par ces capacités physiques ! Maud avait l’habitude, mais pour les bandits… Ceux-ci restèrent bouche légèrement entreouverte, ne se rendant même pas compte que ce qu’avait fait Vesa l’avait permis de sortir de la situation qui pouvait être problémaitque… D’ailleurs, celle-ci était maintenant place du village, et déclara :

« Je vous offre l’occasion de vous rendre, ou vous passerez par le fer ! »

Maintenant au centre du village, Vesa attira toute l’attention, et toute l’agro du groupe. Là, c’était sûre, ils étaient tous concentrés sur la paladine, et sérieux, ils en oublièrent presque Maud, qui était toujours dans la ruelle. Bref, pour Maud, c’était un motif d’inquiétude… Après tout, Vesa, contrairement à elle, n’avait pas sa régénération… Donc, si elle se prenait un coup mortel, elle risquait de mourir ! C’était elle qui devait aller dans le danger aussi vite, étant donné qu’elle risquait bien moins… Et surtout, qu’elle pouvait se prendre autant de coups qu’elle veut, étant donné qu’elle était immortelle ! Mais bref, c’était ainsi, Vesa avait prit la décision… Et dans un sens, c’était la bonne, car ça les débloquait ! Rester coincer, cela n’aurait été pas bon pour les deux femmes, qui auraient pu vite être handicapée par l’étroitesse de leur milieu.

Les hommes se remirent de ce qu’ils avaient vu auparavant, et tentèrent de foncer rejoindre donc leurs coéquipiers… Mais c’étaient qu’ils avaient, avec tout ça, oublier Maud ! Et ouais, une paladine qui saute ainsi, cela vous fait oublier qu’il en avait une seconde. Donc littéralement, elle usa de sa lance pour qu’ils se ramassent par terre, tel un crocher. Et elle leur fila un coup du manche de leur lance dans le crane. Pour les assommer… Je ne dis pas que l’un des deux étaient peut-être mort à cause d’un choc extrêmement brutal à l’arrière du crane… Mais vous imaginez un peu le truc… Bref, Maud arriva alors vers la place du village, tentant donc de rejoindre le plus rapidement possible sa coéquipière. L’un des brigands déclara alors :

« Attention, elles sont deux ! Elles sont deux les salopes ! »

De suite l’homme se mangea un manche de lance dans les dents, lui cassant certainement une ou deux dents, avant qu’il s’effondre la gueule en sang. Maud ne rigolait pas. Mais genre pas du tout. Comme dit précédemment, en venir aux morts, c’étaient inacceptable. Encore, si c’étaient des non-humains qui étaient morts… Ok, là, elle comprendrait, c’est sûr… Mais là, c’étaient des humains, des membres de leur propre espèces, et ils… Ils… Ils ne leur offraient même pas une sépulture décantes… Bref, Maud était pas contente du tout contre ses hommes… Et donc ils allaient payer non seulement pour ce qu’elles avaient subis… Mais en plus ils allaient payer pour ce qu’ils étaient entrain de faire.

« PAR LE SOLEIL ! GLOIRE AUX RE… A L’ASSAULT ! BRILLE DE MILLE FEU ! »

Elle avait failli faire honneur à sa famille, alors que… Et bien, elle commençait à avoir des doutes sur sa famille. Bref, de nouveaux les hommes se concentrèrent sur Maud, qui venait… Et bien par derrière vu leur position. De suite, ils furent désavantagé par l’allonge de la guerrière, qui n’hésitait pas à les harceler avec sa lance. Impossible de la toucher cette salope, elle et sa lance… En tout cas, Maud était encouragée par la présence de Vesa, et se souvenait de son combat contre le Spectre de Midi. Elle avait le Soleil avec elle, et donc… Elle incanta le plus possible, usant de ces connaissances en magique… Et de suite, sa magnifique lance devint écarlate, renvoyant bien plus violemment les rayons du soleil… Bref, les troufions de bandits qui se concentraient sur elles avaient maintenant bien mal yeux, et étaient bien aveuglés… Une aubaine pour l’autre combattante !

Bondissant au milieu du troupeau, Vesa déploya son épée. Face à une paladine de l’ordre d’Haven, les malandrins étaient désemparés. Cette fois, Vesa ne se laisserait pas piéger, et tournoya sur place. Dans son dos, un massier ventripotent armé d’un fléau l’abattit sur la jeune femme, qui pivota brusquement sur place, évitant le fléau, et frappa l’homme sur le flanc, faisant couler le sang de ce dernier dans un hurlement de douleur. Un autre la visa avec un arc, mais, au même moment, une lance le transperça. Maud venait de se joindre à la bataille, et Vesa sourit brièvement. La femme n’était pas juste une amante, elle était une paladine redoutable aussi, aussi agile et rapide que Vesa.

La paladine bondit brusquement en avant, usant des capacités magiques de son armure pour bondir sur plusieurs mètres. Elle se déplaçait à une grande rapidité, et lança de sa main une boule de feu, enflammant un autre bandit. Un autre l’attaqua avec une épée, et leurs lames s’entrechoquèrent. Vesa tint bon, et le repoussa, puis déploya sa main. Une onde d’Air jaillit de sa paume, et le souleva du sol, l’envoyant rouler le long du sol.

« Arrêtez ça, vous n’avez aucune chance, misérables !
 -  Crevez, salopes ! »

Furieux, les bandits ne se retenaient plus, comptant sur la force du nombre. Deux lanciers s’élancèrent sur elle, et elle se replia à nouveau, tandis qu’un autre bandit, utilisant d’un talisman magique, lança sur elle des arcs électriques. Le talisman s’illumina dangereusement, et les éclairs fusèrent vers Vesa. Fort heureusement, son armure magique absorba une bonne partie des éclairs, mais déstabilisa Vesa, ce qui laissa à un lancier l’occasion de foncer vers elle... Pour voir sa tête sauter hors de son corps, grâce à l’arme de Maud.

N’ayant pas le temps de la remercier, Vesa, se concentra, et regroupa les éclaires du talisman magique devant elle, formant une boule magique bleuâtre, électrique. Elle se concentra, faisant crépiter la magie autour d’elle, et repoussa la boule, qui frappa de plein fouet le magicien en herbe, l’envoyant voler sur une dizaine de mètres.

Depuis une plateforme, un arbalétrier tira alors sur Vesa. Le carreau heurta son armure, la renversant, mais ne se planta pas en elle. Elle grogna sur place, et allait contre-attaquer... Quand une flèche transperça le crâne de l’attaquant.

*Qu’est-ce que... ?*

Des trompettes se firent alors entendre, ainsi que des bruits de sabot... Et Vesa vit des cavaliers nexusiens arriver de l’autre côté du village, rentrant par la grand-rue, fauchant avec leurs lames les bandits, tandis que des archers nexusiens les soutenaient en courant également, abattant les bandits.

« L’armée, c’est l’armée !
 -  Foutez le camp, bon Dieu ! »

Ils se mirent alors à courir, paniqués, cherchant à fuir le plus vite possible...

Le combat était sanglant, cela ne faisait aucun doute. Ni les brigands, ni les paladines ne semblaient faire preuve de pitié, et Maud, plus que Vesa même, attaquait bien souvent pour tuer. Faut dire, contrairement à Vesa, son style de combat était bien plus offensif, bien plus lié à sa lance… Hors sa lance était là pour tuer. Bref, le combat ainsi continuait, sans la moindre hésitation, et aucun des deux camps ne semblaient avoir spécialement l’avantage. En effet, il fallait bien imaginer que cela soit Maud ou Vesa, il y avait une différence de niveau absolument incroyable. Les deux paladines étaient bien plus doués que les brigands… Mais ces derniers l’emportaient sur le nombre, et espéraient qu’ils arriveraient à buter « ses salopes », comme ils disaient, en les submergeant par le nombre...

Et cela ne marchait pas. Enfin, si, que cela soit Maud ou Vesa, les deux avaient pris des mauvais coups… Maud avait la cuisse ouverte, et un carreau d’arbalette dans le bras gauche, qui l’empêchait de bien manier sa lance. Cela faisait un mal de chien, mais heureusement son don l’empêchait de tomber vraiment en trop mauvais état. Elle devait tenir, car elle était celle qui se soignait automatiquement… En gros, si elle se prenait des mauvais coups, ce n’étaient pas trop grave… Contrairement à si Vesa prenait des mauvais coups ! Et là, elle n’avait pas envie que Vesa soit blessée gravement… Enfaite, elle n’avait jamais eu envie de voir Vesa blessée… Heureusement, la situation se débloqua :

«  - L’armée ! C’est l’armée !
- Foutez le camp bon dieu ! »

« CHAAAAAAAAAAAAAAAAARGEZ ! »

De suite, les bandits comprirent qu’ils fallaient mieux ne pas rester ici… Contrairement aux paladines qui elles, maintenant, étaient en position de force. Et ouais, tout d’un coup, la situation n’était plus du tout la même. Dans un premier temps, les hommes commençaient à se faire canarder de loin par trois ou quatre archers à cheval, qui tiraient en rafale, sans même faire arrêter les chevaux… on sentait que c’étaient des professionnels, des gens qui avaient l’habitude de manieur leur monture dans ce genre de situation, et surtout de ne jamais faire stopper la monture avant le moindre ordre dans le sens d’un arrêt… Mais maintenant que vous avez vu ça… Arrivait le plus important…

Car ses hommes eux ne faisaient que cribler de flèches les plus réticent à rester dans le rang… Car très vite, ce fut la charge. Une véritable charge brutale et efficace comme on les aime. On sentait que les cavaliers étaient des professionnels, et donc… Que les différents bandits n’avaient absolument aucune chance… D’ailleurs, on ne va pas le cacher, ils se faisaient véritablement massacrer les uns après les autres, sans avoir absolument aucune chance… C’était un véritable massacre, et les rares à survivre commençaient déjà à être capturés… Ainsi, la bataille fut presque terminée alors qu’elle avait à peine commencer… Bordel, niveau efficacité, il n’y a pas de doute, ils ne font pas semblant !

« Mademoiselle, merci de votre intervention ! Sans vous, nous n’aurions pas pu faire une charge aussi victorieuse ! »

Ce fut un commandant à la moustache et barbe imposante qui déclara cela à Vesa ! Messire Guy de Mâlebranche, membre de l’armée depuis bien longtemps, et qui, anecdote véridique, ne s’était jamais rasé depuis sa première victoire ! Je vous rassure, il faisait bien tailler celle-ci, et on racontait qu’il y avait une seule et unique chose qui comptait autant que sa barbe et sa moustache… La victoire en combat ! Oh, et l’honneur en combat ! Oh et la sureté de ces hommes… Oh, et la réussite de ses missions… Bon, ok, il y avait beaucoup de choses qui comptaient autant que sa moustache, mais quand même, il aimait beaucoup sa moustache ! Quoiqu’il en soit, en temps que dirigeant, il discuta un peu avec Vesa de la situation, tandis que Maud, pendant ce temps là, elle… Elle parlait avec quelqu’un d’autres...

« Henri ?! Sérieux, t’es ici ?
-Maud, mais bordel, le hasard fait bien les choses. »

Le monde est petit ! Les deux personnes ici présente, un jeune homme âgé d’un peu avant la trentaine d’année, avec un arc de chasseur, et un cheval, commença à papoter avec Maud de tout et de rien, de leur enfance, d’anecdote personnel… Bref, pendant que la discussion sérieuse avait lieu d’un côté entre Vesa et Guy, et bien, entre Henri, nom du chasseur, et Maud, visiblement, cela discutait avec grand plaisir comme deux amis qui ne s’était pas vu depuis longtemps… Et donc, qui étaient bien content de ce revoir… Et enfaite, cette image était parfaite, car il fallait bien comprendre qu’ils étaient… Littéralement deux amis qui ne s’étaient pas vu depuis longtemps. D’ailleurs, au bout d’un moment, Maud remarqua que visiblement la discussion entre le capitaine et Vesa avait fini, donc…

« Attends, je te présente Vesa ! Vesa, Henri, Henri, Vesa... »

Présentation rapide et efficace de la part de Maud qui présenta les deux. Henri sauta de son cheval, et s’inclina légèrement devant Vesa, avant que Maud reprenne la parole :

« Henri est un ancien garçon d’écurie de chez moi !
-Messire Guillaume a vu en moi un bon ranger, archer à cheval, il m’a donc formé et m’a permis de monter à l’armée. Mes hommages, paladine... »

Il attrapa alors la main de Vesa, il lui offrit un baise-main. Maud fit un sourire au jeune homme, puis à Vesa. On sentait que le fameux Henri avait bien… sept-huit ans de plus que Maud, montrant encore plus que Maud était la jeunette dans le trio, la plus jeune de l’ensemble… Bref, on put remarquer qu’à la base, il voulu prendre la main de Vesa avec sa main gauche… Mais se ravisa finalement, pour la prendre avec sa main droite… Bref, cela était sans doute un détail sans importance. Quoiqu’il en soit, donc, Vesa pouvait comprendre pourquoi Maud semblait connaître ce jeune homme… Maud souriait aux deux, sembla bouder très rapidement quand elle se rendu compte qu’elle était la plus petite du trio… Et soudain, claqua sa paume en déclarant :

« Oh, faut qu’on retrouve Eol ! Je reviens… !!!
-Eh, euh, attends ! »

Il ne put rien faire ! Vesa aurait pu le prévenir mais Maud était maintenant Maman-Grande Soeur, et donc, Henri passait après, bien après quelqu’un d’aussi important qu’Eol ! Et ouais, elle ne voulait pas laisser le jeune homme seul comme ça ! En plus, il fallait chercher donc les chevaux, qui avaient sans doute eux aussi envie de revenir ! L’avantage, c’est qu’Eol et les chevaux étaient ensemble, donc, on ne risquait pas de ce dire : « Mais bordel, j’en ai trouvé un, ou sont les autres ? » ! Nope, là, c’était bon… Mais bon, revenons à notre scène… Cela faisait qu’Henri après avoir été présenté très rapidement à Vesa, et bien… Se retrouvait seul avec elle ! Il commença donc à déclarer, le tout de façon quelques peu… Maladroite disons…

« Donc… Euh… Tu bosses avec Maud c’est ça ? »

Il semblait gêner par le fait de se retrouver tout d’un coup seul avec la paladine. Machinalement, il cachait bien sa main gauche, gantelé, celle qu’il utilisait pour tirer à l’arc. On pouvait même  remarquer que mystérieusement, il n’avait pas la même cache sur sa main droite, comme s’il tentait de cacher quelques choses… Bref, c’était quand même chelou comment il faisait très attention que Vesa ne puisse rien voir de cette main ! Boah… Bon, là, je dois vous dire que c’était sans doute rien, un tic, mais vous devinez bien que cela fonctionne comme un fusil de Tchekov ! Quoiqu’il en soit, il regardait régulièrement si Maud ne revenait pas… Mais la fameuse paladine n’était pas encore revenue, cherchant toujours le fameux Eol… Bref, notre chere Henri était donc assez gêné, et regardait rapidement la fameuse Vesa, ne disant rien de plus, attendant qu’elle parle plus, si elle voulait lancer la discussion. Espérons qu’elle retourne voir le capitaine !

La charge de cavalerie fut aussi impressionnante et violente que rapide et efficace. Quelques bandits tentèrent bien de contre-attaquer, mais un cavalier lança un javelot, qui transperça le corps du bandit. Les autres cavaliers se déployèrent rapidement, leurs épées frappant les ennemis, leurs puissants chevaux protégés par des côtes de maille les heurtant au passage. Les Nexusiens firent bien quelques prisonniers, et traquèrent les fuyards, les abattant à bonne distance. En quelques minutes, la bataille venait de se terminer, et Maud rangea son épée dans son fourreau en voyant les Nexusiens entourer la zone. Difficile de voir en elles des menaces, car elles portaient leurs armures flamboyantes, arborant les insignes du Griffon, un ordre de paladins réputé auprès de l’armée.

Maud les  salua donc, et se retrouva rapidement en compagnie du capitaine menant le régiment, Sire Guy de Mâlebranche.

« Mes salutations, Capitaine !
 -  Mes hommages, Paladine ! »

De manière générale, les paladins étaient des individus très respectés par les soldats. La paladine esquissa un léger sourire, tandis que Sire de Mâlebranche résuma brièvement la situation. Il lui expliqua que le campement militaire était à quelques lieues d’ici, et que la région était en grande difficulté. Avec l’avènement de la Chasse Sauvage, il y avait eu quelques révoltes paysannes dans certains villages, et une recrudescence de monstres.

« En réalité, nous sommes dépassés, reconnut Mâlebranche. Il y a des rapports sur plusieurs villages abandonnés attaqués par les goules, et le gouverneur de la région, le Baron Strenger, n’est pas des plus accommodants.
 -  Vous n’avez pas établi votre commandement à Perchefreux ? »

Perchefreux était la capitale de Velen, car elle abritait le manoir du baron Phillip Strenger, celui qu’on surnommait « Baron Sanglant », en hommage aux multiples jacqueries qu’il avait réprimé dans la violence. Un homme qui dirigeait la région d’une main de fer, et dont le règne était contesté. Les villageois accusaient le Baron d’être à l’origine de la présence de la Chasse Sauvage, affirmant que ses péchés avaient attiré les monstres, le mauvais œil, le regard maléfique des Dieux anciens. Mâlebranche n’était pas le commandant en charge des opérations militaires, mais son avis de capitaine n’en était pas moins éclairé. Il menait un régiment de cavaliers, et avait pour mission de sécuriser les différents villages abandonnés.

Vesa lui parla en retour de la Salamandre, ainsi que des nobles rebelles, évoquant ainsi le décès de Guillaume de Montferrat. Mâleblanche hocha doucement la tête. Une patrouille devait justement se rendre dans ce village.

« D’autres régiments doivent arriver. Velen est en état de siège, d’autant que nos éclaireurs rapportent que des mouvements de troupes ashnardiennes ont lieu à l’est... »

Vesa comprit qu’elle allait devoir se rendre au campement militaire, et sans doute à Perchefreux, afin de rencontrer ce fameux baron. La situation politique locale était très tendue, mais tout cela ne la renseignait pas outre mesure sur la Chasse Sauvage. Maud lui présenta ensuite un membre du régiment, qui était un ancien écuyer, Henri, un jeune homme qui était un archer. Toute heureuse, Maud ne tarda pas à les abandonner, et fila chercher Eol. Vesa se retrouva donc seule avec Henri, et se racla doucement la gorge.

Le jeune homme fuyait son regard, rougissant benoîtement.

« Vous venez de la région de Maud, c’est bien ça ? » demanda-t-elle subitement.

Elle n’attendait pas vraiment de réponse, car elle se dépêcha d’enchaîner par une autre question, qui, elle, n’était pas rhétorique :

« Que pouvez-vous me dire sur le duc Guillaume III de Rehen ? Et sur sa femme ? »

Bon sang de bonsoir ! Pourquoi Maud avait décidée de partir maintenant ! Et ouais, que voulez-vous… Pour Maud, il était très important de bien s’occuper d’Eol, et le rassurer. Tout s’était bien passé, et le jeune homme allait être rassurer, s’il voyait bien qu’une personne vienne le retrouver… Cela montrait bien qu’il n’avait pas été oublié… Et que surtout, il n’y avait pas eu de soucis. Car Eol était vraiment très stressé, vu ce qu’il s’était passé : C’était la Chasse Sauvage qui avait intervenu dans la région… Bref, quoiqu’il en soit, donc Maud s’occupait tranquillement d’Eol, loin de là… Et bien, notre fameuse chasseur, lui était bien emmerdé, car il était tout seul… Donc, il fallait qu’il se concentre sur son interlocutrice, et qu’il continue de… De cacher tranquillement sa main… Visiblement, il y avait quelques choses…

« Vous venez de la région de Maud, c’est bien ça ? »

« Hein heu... »

Il fut surpris, et de suite, il sursauta ! Mais genre le bon gros sursaut, celui qui vous empêche de parler pendant un moment, le temps qu’on retrouve ses esprits. Enfaite, vous comprenez bien la situation… Le fameux Henri était concentré sur quelques choses… Et cela l’avait empêché de se concentrer véritablement sur les déclarations de Maud. Surtout qu’il n’eut absolument pas le temps de reprendre ses esprits à temps… Car Vesa enchaîna directement. Visiblement, elle n’avait pas spécialement envie de le faire réfléchir, et avait envie d’avoir des réponses spontanés. C’était malin. Après tout, la reflexion pouvait aisément poser soucis dans des réponses vraiment intéressantes. C’est comme ça qu’on trouve les mensonges... Quoiqu’il en soit, donc, Vesa demanda tranquillement et en toute innocence.

« Que pouvez-vous me dire sur le duc Guillaume III de Rehen ? Et sur sa femme ? »

« Heu oui, je... »

Il connaissait bien le duché des Rehen. C’était une terre riche et très importante, et donc, le duc Guillaume III de Rehen avait un contrôle important. Surtout qu’il était loin de la capital, ce qui permettait une grande liberté par rapport à l’état. Oh bien sur, il fallait faire très attention à rendre des comptes… Car l’État de Nexus n’était pas du genre à laisser passer des soucis de gestion. Bref, les Rehen avaient un contrôle sur leurs terres, et bien souvent, les habitants du duché avait de grandes connaissances sur la personne qu’il était. Ou vraiment ? En effet, il cachait de nombreuses choses… Donc, quoiqu’il en soit, ayant suffisamment repris ses esprits, il fut discuter et surtout… Répondre aux questions, ce qui était le plus important dans la situation donnée… Et donc, il déclara avec sincérité...

« Je viens en effet de la région des Rehen. J’étais un simple enfant d’écurie, quand Guillaume de Rehen a vu mes talents à l’arc ! »

En effet, Guillaume III n’avait pas hésité à sortir des gens de la fange, quand il avait l’impression que ses personnes étaient… Intéressantes. Cela était important pour lui, car ça permettait d’avoir un véritable noyau dur de personnes qui avaient entièrement confiance en lui. Et qui donc obéissaient aveuglement à ses ordres… Et qui laissaient passer certaines choses, même quand ils savaient que cela n’était pas acceptable… Voir qui entraient dans ses choses. Quoiqu’il en soit, on comprenait vite que Henri avait donc une admiration sans borne pour le fameux Guillaume III de Rehen, et qu’il lui devait tout. Le jeune homme était aussi un proche de Maud, en plus, donc, cela n’aidait pas à la situation… Quoiqu’il en soit, il continua alors son discours, toujours aussi appréciatif pour son ancien maître…

« Je lui dois tout, et je suis pas peu fier, je vais le dire clairement. C’est un homme sage et avisé, ça ne fait aucun doute... »

Voilà. Hors quand on connaissait un peu le duc, on devinait bien que ces déclarations de registre laudatif, à la limite de l’hagiographie étaient lié à son histoire personnel… Mais le soucis, c’est que… Comment avoir des renseignements viables et intéressants, quand la personne en face te sort des banalités inintéressantes, et surtout, qui ne t’aident en rien… ? Bonne question. Peut-être en prenant l’inverse des déclarations… En tout cas, la position pour Vesa était inconfortable : d’un côté, elle avait Maud qui avait clairement peur de son père, et qui donc n’osait pas tout dire… Et de l’autre, on avait Henri, qui admirait sans aucune hésitation l’homme… Oh bon sang de bonsoir… Elle allait pas avancer avec tout ça, ou alors, avec une lenteur d’un escargot rumatisant… Heureusement :

« Sa femme… Elle est pas morte il y a quelques années ? Si, je me souviens d’un truc ! »

Ah ! Enfin quelques choses ! Enfin, il y allait avoir quelques choses… En effet, vous avez bien compris, dans un premier temps… Les déclarations étaient celle qu’avaient tout le monde. D’ailleurs, enfaite, dans le grand public, on savait même pas trop enfaite. Qu’était-il arrivé exactement à la femme de Guillaume de Rehen ? Maladie ? Morte d’une cause naturelle, en tout cas, tout le monde s’accordait sur ce point. Mais comment ? Le fameux Guillaume III de Rehen avait si bien porté le deuil en apparence que personne n’avait cherché à en savoir plus… Et cela tombait mal, car là, Vesa voulait en savoir plus… Heureusement, le petit renseignement qu’allait donner Henri, et bien, cela pouvait être le renseignement qu’il fallait pour mieux comprendre la situation :

« Il y a eu un moment bizarre, ou Maud avait été terrifié par quelques choses, c’était lié à sa mère, mais c’était après sa mère… Je me demande si elle a pas cru voir le fantôme de sa mère ou un truc du genre… »

Voilà. Maud avait bien vu un « fantôme », mais pas exactement ce qu’on pourrait penser. Disons qu’elle avait vu sa mère. Bien en vie. Mais dans quel état ! Sa mère était maintenant rien de plus qu’un onahole vivant, qui servait régulièrement à son père… Bref, la paladine savait la vérité, et Vesa devait arriver à l’apprendre de Maud, si elle voulait comprendre toute l’histoire. Bref, Henri avait ainsi la piste… Pendant ce temps là, on pouvait entendre des bruits de sabot… C’était Maud qui revenait, avec les chevaux, et qui racontait -elle, pas les chevaux hein- l’histoire du combat au jeune Eol, qui avait des étoiles plein les yeux, surtout en voyant tout ses militaires… Oh… Oh… ? Cela allait peut-être plus facile qu’on le croyait de le laisser chez les militaires, car visiblement, ce dernier était vraiment heureux d’en voir autant… Enfin un peu de chance, si vous voulez mon avis !

Tout en poursuivant leur mission ici, leur quête sacrée, Vesa n’oubliait pas ce qu’elle avait entendu au sujet du duc de Rehen, et de la possible implication du duc dans le crime organisé. Il y avait là un mystère qu’il fallait régler, car il semblait, d’une manière ou d’une autre, lié à leur quête. Et, même sans cela en tête, Maud était sa camarade, une consœur. Elle se devait aussi de l’aider, car il lui semblait de plus en plus évident que quelque chose de sinistre avait eu lieu chez les Rehen. Las, le jeune archer ne put guère la renseigner. Bredouillant et cafouillant sur place, il ne s’attendait sans doute pas, à la base, à ce qu’une paladine vienne l’importuner, ce qui expliquait sûrement la confusion de ses réponses. Henri lui expliqua donc... Quasiment rien, si ce n’est, et ce fut sans doute là le seul élément que Vesa retint, que Maud avait vu un jour le « fantôme » de sa mère.

*C’est bizarre... Quand Maud m’a parlé de sa mère...*

Elle lui avait dit que son père l’avait « réduit à »... Et Vesa se souvenait encore clairement de l’émoi dans les yeux de la femme, de la panique en elle, ainsi que de ce sentiment de révolte. Qu’avait-elle voulu dire par là ? Que son père avait tué sa mère ? Qu’elle avait vu cela ? C’était une infraction grave. Clairement, Vesa ne pouvait pas faire l’impasse là-dessus, convaincue d’avoir soulevé un lièvre, d’avoir vu quelque chose de grave concernant le père de Maud.

Vesa comptait interroger davantage Henri sur les circonstances de la mort de la mère de Maud, mais, au même moment, l’intéressée revint, et Henri en profita pour s’écarter un peu, visiblement gêné de devoir parler de ça. Eol était ravi de voir tant de soldats, et Vesa ne tarda pas à expliquer à Guy de Mâlebranche la situation.

« Je vois... » déclara-t-il sur un ton sombre, et quelque peu fataliste.

Les orphelins étaient malheureusement fréquents dans des régions sinistrées comme Velen. La guerre ne faisait pas que des ravages sur les champs de bataille, mais aussi dans les régions limitrophes, qui se vidaient en soldats, qui perdaient leurs ressources, et devenaient alors plus vulnérables aux attaques de monstres, ou même aux intempéries climatiques. Vesa précisa qu’elle voulait qu’on rapatrie Eol à Haven, afin qu’il soit dans un orphelinat.

« Et que voulez-vous que j’y fasse ? »

Il aurait été possible de ramener Eol à Haven par le biais de convois, mais elle savait que cette solution ne plairait, ni à Eol, ni à Maud.

« Je vous demande de le garder au camp. Dès que nous en aurons fini, nous le ramènerons avec nous à Haven. »

Guy hocha la tête, puis haussa les épaules.

« Comme vous voulez. »

Le capitaine ordonna ensuite à ses hommes de se préparer à lever le camp. Plusieurs soldats resteraient ici pour monter la garde tandis que Guy et les autres retourneraient au campement, afin de demander à une équipe de mages de se rendre sur place. Vesa indiqua donc à Eol qu’ils allaient au camp, ce qui ne manqua pas de l’enthousiasmer, tandis qu’elle observait silencieusement Maud, repensant aux explications d’Henri.

*Mais pas maintenant...*

Vesa grimpa sur son cheval, et laissa Eol avec Maud, qui l’abreuvait de questions sur les soldats, et sur les armes qu’ils utilisaient.

« Et ça, c’est quoi ? Ça sert à quoi ? Et ça ? Et ça ?! »

L’un des cavaliers sonna dans son cor, puis les cavaliers se replièrent.

Il fallut une bonne demi-heure pour rejoindre le campement, dont les fortifications externes étaient visibles. Le drapeau nexusien flottait à plusieurs endroits. Tout en s’approchant du camp, situé au milieu d’une plaine, Vesa vit que des soldats et des ouvriers étaient occupés à creuser des tranchées, ou des fosses septiques afin d’y enterrer les cadavres de multiples monstres qui pullulaient encore dehors, travaillant pour sécuriser le campement.

Et Vesa n’oubliait pas ce qu’elle avait en suspens avec Maud...

Dès qu’il put, Henri s’éclipsa. Il profita du fait que d’un côté, Maud revenait, et de l’autre, et bien, Vesa était partis discuter avec quelqu’un d’autre, c’est à dire, Guy de Mâlebranche. Visiblement, la discussion l’avait rendus très mal à l’aise, cela ne faisait aucun doute. C’était surprenant de voir un Ranger, archer à cheval, d’ailleurs, en proie à tellement de tic, tel son reflexe de cacher sa main, le fait qu’il avait la voix tremblotante… Bref, c’était fortement surprenant. Surtout pour quelqu’un dans sa vie, c’est littéralement devoir être parfaitement calme, étant donné que bah euh… Il tire des flèches ! Et à cheval bon dieu ! C’est pas super facile, je vous le rappelle… C’est genre même hyper dur, si vous voulez savoir. Mais passons sur ce point. Bref, de toute façon, reconcentrons-nous sur Maud et… Eol vu qu’il était de retour !

Maud était ainsi de retour, et avec Eol, mais aussi les deux chevaux, qui selon Eol, avaient été extrêmement calme. Tant mieux ! Maud et Eol parlèrent ensemble durant tout le trajet, Eol posant questions sur questions. Le jeune homme, depuis sa cachette, avait pu voir la charge héroïque des soldats sur le village, et donc, avait énormément de questions sur ses dits soldats. Tant mieux pensa Maud ! Cela montrait qu’il ne serait pas trop choqué par le fait qu’il allait se retrouver avec eux, et donc, allait abandonner pour le moment, les deux femmes. Une fois arrivé sur les lieux précédents, Maud n’eut pas le temps de vraiment souffler. Les soldats se préparaient déjà à retourner dans leur campement, et Vesa avait tout organisé à propos d’Eol, avec le chef des soldats. Tant mieux ! Qu’est-ce que Vesa était efficace.

Durant tout le voyage, Eol posa de nombreuses questions à Maud. Mais pas d’inquiétude, étant donné que la fameuse Maud se faisait un plaisir de discuter avec lui, en lui expliquant tout. On avait du mal à croire qu’il y a encore une ou deux heures, il ne voulait plus parler à Maud. Comme souvent avec Maud, on avait l’impression que tout cela n’avait jamais existé, que c’était le fruit de l’imagination des gens présents… L’avancée ne fut ainsi pour Maud pas très long, au contraire, elle eut l’impression qu’ils étaient à peine partis, quand ils arrivèrent sur le lieu de campement. Celui-ci, situé dans une plaine -cela étonna Maud-, était déjà en position défensive, les hommes tenant à améliorer la poliorcétique du lieu…

« Mesdames vous êtes des invités d’honneurs ! Vous pouvez rester autant de temps qu’il vous faudra, avant de repartir pour votre quête ! Vous avez le droit à cette tente, et nul ne dois vous déranger ! »

Le camp était d’un sérieux et d’une organisation appréciable. On sentait que cela ne rigolait pas du tout du côté des soldats de Nexus, qui étaient capable de montrer une rigueur fort appréciable dans l’art non seulement de la Poliorcétique que de l’organisation interne et externe ! Le camp était aussi propre, et bien rangé, montrant aux yeux de Maud un certain manque de fantasy, mais quand même… Maud invita Vesa à entrer dans la tente, pendant qu’elle s’occuperait de tout, c’est à dire des chevaux et d’Eol. Vous vous souvenez il y a longtemps, quand Maud avait dit qu’elle serait la plus adorable des « maid » pour Vesa, quand celle-ci avait été blessé par le Dragon ? Et bien, elle montrait qu’en effet, pour toutes ses taches subalternes, et bien, Maud comptait bien s’en occuper ! Et elle n’acceptait pas les discussions, étant donné qu’elle fonça alors le faire, sans laisser à Vesa le temps d’en parler.

Eol partit alors avec le cuisinier du camp, qui promit de bien s’occuper de lui. De toute façon, quand il croisa le regard de Maud, il devina que si le jeune homme allait pouvoir travailler à la dur pour eux, et bien, hors de question de le traiter comme un vulgaire esclave, car sinon, ça serait une lance qu’il recevrait directement dans le cul. Maud ainsi, était sûre que tout allait bien se passer… Et elle fit un bisou sur le front d’Eol, lui ebouriffa les cheveux, et lui promis qu’elles iraient le revoir avant de partir… Hors de question de laisser cette fripouille partir. Eol sembla sur le point de lui dire quelques choses, mais se ravisa, et fit seulement un signe de main. Le jeune garçon avait voulu parler à propos de ce qu’il avait entendu … Mais il préféra laisser cela en secret… Pour le moment…

« Pfiou, je suis fourbue ! »

Maud venait d’entrer dans la tente, où Vesa se trouvait… Et fit quelques pas… Avant de s’effondrer sur l’un des lits. Entre les confessions du matin, puis, les discussions, puis la chevauchée, les découvertes macabres, le combat, de nouveau de la chevauchée… Bon sang, cela faisait beaucoup, et cela ne faisait aucun doute que les deux femmes devaient être fatigués ! Surtout qu’elles avaient dormis dans un contexte peu reposant, et qu’en plus, elles avaient… Pas mal… Fait autre chose que dormir ! Et ouais, les vilaines ! Bref, en tout cas, on pouvait pas dire qu’elles avaient menés une journée inutile ! Elles avaient réussis à trouver un endroit pour Eol, et surtout… Et bien, elles avaient avancés dans leur mission, ce qui était quand même le plus important, et Maud récapitula cela justement…

« Mais il n’y a pas de doute, on avance. La Chasse Sauvage se rapproche de nous, ou plutôt l’inverse, et l’enquête va vraiment pouvoir commencer. »

Et encore, elle n’avait pas tout dit ! Les découvertes des deux femmes ne s’étaient pas seulement contenté de cela… Elles avaient aussi appris sur le professeur et ses volontés… Les corps. Les corps des victimes de la Chasse Sauvage. Pourquoi cela… Maud se posait beaucoup de question. Elle savait que dans le duo avec Vesa, elle était souvent les muscles, tandis que Vesa était plutôt le cerveau… mais quand même, cela posait énormément de question… Pourquoi donc des corps ? Qu’est-ce que cela apportait… Rah bon sang ! Elle était certes l’élue du Soleil et tout ça, mais elle n’arrivait pas à comprendre des choses aussi simple ! C’était frustrant ! Il y avait sans doute une raison, mais pourquoi ? Heureusement pour son cerveau, son attention fut pris par… Quelques choses d’autres !

« Ouah, on a même des vrais lits ! Portatif, certes, mais de vrais lits ! »

Elle venait de remarquer ! Bon, elle tenta de le cacher, mais elle regrettait un peu le fait qu’il y avait ici deux petits lits portatifs, et non un seul lit pour elles deux. Elle tentait de le cacher, car bon, c’est quand même pas terrible de faire genre qu’elle a déjà envie de préparer le fait que ce soir… Enfin… Elle seraient tranquille comme l’a dit Mâlebranche donc… Bref, elle devait rester sérieuse. Surtout que depuis le début, elle passait quand même souvent pour la « gamine », ou plutôt la « pas sérieuse » dans le duo ! Heureusement qu’elle était une excellente combattante, ça faisait qu’on la prenait un peu au sérieux quand même… Surtout qu’il y avait des choses sérieuses à discuter… Entre tout ce qui se passait, la Quête était loin d’être terminée, et elles avaient encore énormément à faire, cela ne faisait aucun doute…

Le camp militaire était assez grand, et bénéficiait d’une bonne organisation. Il y avait un camp supérieur, au centre, un peu surélevé par rapport au reste, qui abritait les tentes de commandement. Pour le reste, Vesa vit tout ce qu’il y avait à voir : plusieurs auberges, des armureries, des sergents qui patrouillaient, une arène locale... Des tranchées avaient été creusées tout autour du camp, et il y avait, ici et là, des tourelles en bois avec des sentinelles. Les gardes se promenaient rapidement, et il n’y avait pas de poivrots dormant au sol. Il fallait croire qu’elles étaient arrivées à un mauvais moment. Vesa savait très bien que la discipline était le maître mot dans les camps, et il y avait souvent des périodes de relâchement... Mais, après tout, la tension était palpable. La présence des Ashnardiens, l’arrivée de la Chasse Sauvage... Des chariots étaient en déplacement, transportant du matériel, tandis qu’il existait toute une partie du camp occupée à recevoir les civils, que ce soit des réfugiés, des bûcherons ou des chasseurs amenant des biens... Ou des taverniers locaux. L’armée nexusienne disposait d’un droit de réquisition des ressources, et avait dû envoyer des cavaliers dans les villages locaux pour réquisitionner des ressources. Soit les villageois s’exécutaient spontanément, soit ils prenaient le risque de voir un détachement militaire arriver pour mener une inspection approfondie.

Vesa se déplaça encore, et les deux femmes commencèrent par déposer Eol à une grande tente locale, faisant office de taverne. Les cuisiniers sur place acceptèrent volontiers d’avoir un commis pour les aider, puis le duo se dirigea ensuite vers le campement supérieur. Une grande table se trouvait au centre du campement, protégé par un auvent, et plusieurs militaires s’y trouvaient... Dont l’homme en charge du campement, et que Vesa reconnut. C’était le Commandant Tregor Mahan, un soldat expérimenté, un haut-officier ayant accompli ses classes militaires avec brio.

« Mesdames, l’armée est honorée d’avoir le soutien de deux Paladins de l’Ordre du Griffon à son aide. »

Sa voix était calme, posée, transpirant d’une autorité naturelle acquise au cours des années. Vesa et Maud récapitulèrent rapidement toutes les informations qu’elles avaient, puis Mahan leur montra une énorme carte sur la table. Il y avait ici et là des figurines qui avaient été posées.

« Nous nous trouvons à l’ouest... Là-bas, tout à l’est, dans la forêt, il y a des ruines elfiques ancestrales, Est Tayiar. Au-delà de ces ruines, la frontière. Ici, tout au nord, il y a Novigrad. D’après nos informations, les Ashnardiens ont établi position à l’est. Des patrouilles impériales remonteraient à travers la forêt vers Est Tayiar, tandis que leurs campements se situeront plutôt sud-est.
 -  Et Perchefreux ? »

Mahan désigna un point central, près d’une rivière qui découpait Velen en deux. Novigrad était d’ailleurs bien au nord de cette rivière, mais au sud, sur une île, il y avait Perchefreux.

« Le Baron de Perchefreux n’est pas le plus cordial des nobles locaux. Je dois aller le voir prochainement. Maintenant... La Salamandre agit sur place, et est sur les traces de la Chasse Sauvage. On dit que le Professeur travaille pour un ancien mage impérial renégat, qui a été banni de sa confrérie pour des arts magiques occultes... Azar Javed. »

Le nom ne disait rien à Vesa.

« Il a une affinité naturelle pour le Feu, mais est aussi un redoutable alchimiste. Il a travaillé sur les mutagènes utilisés par les sorceleurs, et a été banni et proscrit quand les autorités impériales ont découvert qu’il menait des expériences sur les soldats, et que le seigneur local de la province où il exerçait était un pantin à son service. Les services de renseignement soupçonnent même qu’il ait pu se rendre un temps à la jungle maudite de Zerrikania. En tout cas, c’est un individu très dangereux, et j’imagine que le Professeur cherche ces corps pour lui. Sa présence dans la région n’augure rien de bon. »

Vesa ne put qu’acquiescer.

« Notre mission consistait à ouvrir la voie, et à informer le chapitre de l’étendue de la menace ici. Au vu des éléments en notre possession, nous allons contacter notre ordre pour que des renforts viennent. Vous disposez d’un mégascope ? »

Cet instrument magique permettait de pouvoir se téléporter, mais aussi de communiquer avec d’autres orbes. C’était plus rapide que d’envoyer des pigeons voyageurs. Mahan acquiesça doucement sur l’existence de cet appareil, mais leur avertit que, eu égard à la présence de la Chasse Sauvage, il ne pouvait pas garantir le bon fonctionnement du mégascope.

Le Commandant poursuivit ensuite :

« Novigrad est également en état de tension. Velen est son principal importateur de ressources premières, et, avec les monstres qui pullulent, la ville approche d’une situation de disette. Bref, la situation est sous tension, alors, si vous pouvez appeler des renforts, ce ne sera clairement pas de trop. »

Sur ce point, Vesa ne pouvait qu’être d’accord.

Pas de repos pour les guerrières ! Elles n’eurent le temps de rester dans la tente très longtemps. Finalement, Maud fut levée, et accompagna Vesa qui ne sembla pas avoir de réaction particulière à ce qu’avait dit la paladine aux cheveux mauves. Il faut dire, il y avait quand même bien plus important pour le moment, on le devinait sans façon. Bref, donc, le repos ce n’est pas maintenant, et les deux femmes allèrent donc dans une tente bien plus importantes que toutes les autres tentes, une tente pour les gouverner tous, mais heureusement, elle n’était pas là pour dans les ténèbres les lier ! Car bon, on parle quand même de paladins, pas de méchants du Seigneur des Anneaux ! N’est-ce pas ? Ouais, vous avez bien deviné.

Une fois dans la tente, toute la fine fleur du camp était présente. On retrouva Guy de Mâlebranche, toujours là avec son épaisse moustache et barbe, mais il n’était pas ici celui en charge. Il n’était qu’un des hommes parmi tant d’autres, milieu d’ailleurs exclusivement masculin. Le commandant était un homme que Maud ne connaissait pas, un certain Trégor Mahan. Son âge semblait montrer qu’il avait une certaine expérience, et que c’était sans doute pas quelqu’un à prendre à la légère, en mode, « oh, ce n’est rien, c’est que lui ». Non, on sentait l’âge et l’expérience dans son corps et son esprit. Sans aucun doute qu’il avait autant de talent et d’expérience militaire que tout les autres soldats réunis ici. Et réunis dans les deux sens du terme. Bref, quoiqu’il en soit, ce fut lui qui prit la parole alors.

Après avoir apprécié la présence des deux paladines, le fameux commandant laissa les deux femmes expliquer un peu la situation. Ce que fit immédiatement Maud et Vesa. Devant des personnes aussi importante, la fameuse Maud n’en menait pas large. Eh beh ? Elle était où la Maud qui d’habitude faisait sa chaude, et qui faisait sa super forte ? Et ouais, quand il s’agit de le faire devant des créatures non-humaines ou du peuple, ça va, mais quand c’est des commandants, il y a plus personnes ! Ahlala… Bref, après cette discussion amorcée sur cela, ce futde nouveau Trégor Mahan qui reprit la parole, et solide comme un roc, commença à expliquer la situation, bien planté dans le sol, tel la cathédrale de Tréguier. (c’est rigolo, car Trégor, enfaite, c’est aussi le nom de la région de Tréguier… LOL)

Après avoir résumé un peu la situation géopolitique, le fameux chef de l’armée expliqua que le Professeur s’était associé avec un… Un… Un mage c’est ça ? Maud avait pas très bien compris, mais visiblement, c’était un mage renégat, du nom de Azar Javed. Ok… Elle allait jamais réussir à retenir les noms de tout le monde. Bon, visiblement, ce mage était un renégat, et c’était lui qui avait envie des corps pour les étudier, et faire je ne sais quoi avec. Maud ne savait pas, mais doutait fort peu que ce qui allait être fait avec ces corps soient de bonnes choses. Au contraire, sans doute qu’il fallait s’attendre au pire avec l’usage de ces corps… Bref, la situation était devenue sans doute trop… Complexe pour tout le monde : il fallait faire quelques choses. Et ce fut Vesa alors qui déclara :

« Notre mission consistait à ouvrir la voie, et à informer le chapitre de l’étendue de la menace ici. Au vu des éléments en notre possession, nous allons contacter notre ordre pour que des renforts viennent. Vous disposez d’un mégascope ? »

« Novigrad est également en état de tension. Velen est son principal importateur de ressources premières, et, avec les monstres qui pullulent, la ville approche d’une situation de disette. Bref, la situation est sous tension, alors, si vous pouvez appeler des renforts, ce ne sera clairement pas de trop. »

Ouais, la situation était sous tension, et tout pourrait facilement exploser en révolte, qui arrangerait personnes. Maud savait que la tension, la peur, la famine… Tout cela pouvait aisément amener des situations de guerre civile. Dire qu’elle n’était en effet venue que pour ouvrir la voie, et obtenir des informations ! Et elles étaient maintenant toutes deux mêlé à une histoire qui semblait bien plus grande qu’elle deux… Mais dont les deux semblaient intrasèquement lié. Bref, vous voyez un peu le style. Bref, quoiqu’il en soit, Maud aurait bien aimé que cela ne fasse pas trop de remous, et qu’elles puissent gérer cela toutes seules, mais là, il fallait avouer qu’elles étaient dépassés. Elles auraient besoin de renfort, sans aucun doute.

Ainsi, comme toujours lors des moments importants, Maud restait plutôt muette. Cependant, les différents soldats présents, un certain nombre repéra la « fille des Rehen », se demandant si c’était le Rehen lui-même qui avait envoyé sa fille. Beaucoup ne savaient pas que la fille des Rehen était une paladine, faut dire, le fameux Guillaume III de Rehen parlait très peu de sa fille. Bref, quoiqu’il en soit, Maud restait muette, et laissait Vesa le soin de conduire les négociations. Sans doute qu’elle pourrait parler si on l’appelait à parler, et évidemment, à se vanter légèrement, elle restait notre chère Maud de Rehen. Mais là, elle étant quand même… Un peu intimidée par le fameux Trégor, sans aucun doute… La jeune femme restait alors bien derrière Vesa, tenant sa fidèle lance, qui était un peu comme un doudou dans cette situation.

Maintenant, tout restait à faire : Il fallait profiter du Megascope. Le commandant Trégor Mahan avait confirmé la présence de cet outil en son sein, mais voilà, il fallait encore qu’elle marche ! Tant pis, sinon, Maud enverrait un pigeon voyageur, elle avait toujours utilisé cela, et cela marchait très bien… Evidemment, si le Megascope ne fonctionnait pas, étant donné que bah… Un mégascope, c’était quand même bien mieux ! Mais si la Chasse Sauvage rendait cet outil inutilisable, alors, cela ne servait à rien de compter là dessus. Bref, quoiqu’il en soit, la fameuse Maud de Rehen suivit donc Vesa… Sans aucun doute, celle-ci se dirigeait pour aller tenter le Megascope ! Oh, qui sait, peut-être que son professeur, Monseigneur Guy de Brosse, serait à l’appareil, qui sait !

Si le haut-commandement local comprenait surtout des hommes, l’armée nexusienne n’était pas aussi sexiste qu’on pouvait le croire. Il y avait certes eu des périodes historiques où l’Ordre Immaculé, sous des influences fanatiques, avait dénigré le sexe féminin, mais, dans l’ensemble, Terra était après tout réputée pour être une nation très féminine. Ainsi, ce ne fut pas Mahan qui conduisit les deux femmes au mégascope, mais une femme, la capitaine Laure Sinclair, une sorte de beauté virginale avec de courts cheveux bruns, et que Vesa reconnut.

« Vous... Vous êtes la Gardienne de Mavick, c’est ça ?
 -  Je suis honorée de voir que ma réputation résonne jusqu’aux oreilles des paladins de Haven, Mesdames ! »

Mavick était un petit fortin dans la campagne, qui abritait un temple religieux, lui-même construit sur un sanctuaire elfique chargé en magie. C’était une petite ville fortifiée, qui abritait des pèlerins. Sinclair était alors en charge de la garnison de Mavick, un poste sans grande importance, quand la ville avait été assiégée par des Orcs. Une Horde qui avait déferlé dans la région, menaçant de massacrer les habitants de Mavick, ainsi que les fermiers venus s’y réfugier. Laure Sinclair avait réussi à envoyer des corbeaux pour demander de l’aide, mais, le temps que l’armée arrive, la ville était tombée. Laure avait regroupé les villageois dans le temple, et avait puisé dans les anciennes ressources du sanctuaire pour générer un dôme magique, un bouclier qui avait protégé le temple des assauts orcs pendant plusieurs jours.

Elle était devenue la Gardienne de Mavick, et avait ensuite reçu une promotion, car son abnégation avait permis de sauver les villageois d’une mort certaine, ou de finir les esclaves des Peaux-vertes. Vesa pouvait sentir la bonté irradier dans le corps de Laure, et la suivit donc vers une tente. Un secteur plus tourné vers la magie, avec le megascope. Cet instrument était essentiellement utilisé par les mages, et il semblait peu probable de croire que cette opération militaire ne comprenait pas quelques magiciens. En s’approchant, Vesa reconnut d’ailleurs une magicienne et une autre magicienne devant une table. Elle les salua brièvement, avant qu’une autre personne ne la harangue :

« Alors, c’est vous les paladines ? »

La voix raillarde émanait d’une belle guerrière farouche, portant un bandana autour du front, la Sergente Anna Demoor, qui portait fièrement deux épées croisées dans son dos, à la manière des sorceleurs.

« Si fait, Madame, acquiesça Vesa.
 -  Vous ne m’avez pas l’air si impressionnantes que ça...
 -  Vous êtes la tête brûlée du coin, c’est ça ?
 -  Madame Demoor est chargée de nous protéger, glissa alors la magicienne bleue en se rapprochant. Avec la Chasse Sauvage, nous ne sommes jamais assez prudents, n’est-ce pas ? »

Vesa ne pouvait que confirmer cela, et indiqua qu’elle souhaitait contacter ses supérieurs en utilisant leur mégascope. La magicienne hocha doucement la tête.

« La présence de la Chasse Sauvage perturbe les réseaux magiques, il y a beaucoup d’interférences. Il faudra peut-être, je le crains, vous résoudre à utiliser les correspondances traditionnelles...
 -  Nous verrons bien. »

La jeune magicienne leur sourit encore, et se dirigea vers la tente principale. Il y avait beaucoup de livres à l’intérieur, ainsi qu’une table d’alchimie, des caisses remplies de matériel. Les mages et les alchimistes étaient une aide indispensable sur le champ de bataille, car ils fournissaient régulièrement des élixirs et des potions, tout en se renseignant sur les monstres locaux. La division magique du camp était donc assez grande, faisant aussi office de zone scientifique, avec des tentes médicales et des tentes mortuaires où les magiciens se livraient à des autopsies sur les cadavres récupérés.

Au milieu de la tente, Vesa reconnut le mégascope, une sorte d’étrange appareil composé de plusieurs pylônes. La magicienne récupéra dans un coffre des cristaux.

« Vous cherchez à contacter Haven, c’est ça ?
 -  Si fait.
 -  Nous avons leurs coordonnées runiques... »

Pour utiliser la fonction de contact du mégascope, il fallait utiliser des instruments de mesure pour contacter un autre cristal qui résonnerait avec deux du mégascope. C’est ce qui différenciait le mégascope du miroir de transport magique, car le mégascope pouvait se raccorder à bien d’autres instruments. Son utilisation était toutefois réservée, car il fallait tout de même avoir quelques compétences dans le domaine pour s’en servir... Sans compter qu’une mauvaise utilisation pouvait provoquer votre mort.

En tout cas, la magicienne mit en place les cristaux, provoquant un léger vrombissement, puis s’approcha de l’appareil permettant de commander le mégascope. Les runes s’illuminèrent alors, provoquant des séries d’éclairs entre chaque pylône.

Il n’y avait plus qu’à espérer que la connexion s’établisse...