Dans l'une des bourgades près de Nexus, l'agitation grandissait petit à petit alors que les coups de quatorze heure retentissait dans le clocher, cœur du village. Ce dernier comptait une bonne vingtaine de maisons regroupées autour d'une grande place faisant office de marché et utilisée également pour les déclarations des dirigeants. Ainsi, ce centre était un point de passage obligatoire pour ces fermiers et artisans préférant le calme de la campagne comparé à la fourmilière que pouvait être Nexus. Aujourd'hui, les gens se rassemblaient pour un événement qu'ils attendaient tous avec impatience : le marché d'esclave ! Quoi de mieux que de la main-d'oeuvre gratuite pour s'occuper des vastes champs à leur disposition ? En effet, ce village prospère était complètement encerclé de terres fertiles fournissant un apport conséquent en nourriture à Nexus et ses environs. Il était donc évident pour certains marchands d'esclaves de faire une halte dans ce lieu avant d'épurer leurs "stocks" dans la grande cité nexusienne.
Tout se déroulait pour le mieux ! Quelques transactions se réalisaient, certains comptaient leurs pièces d'or bien gagné tandis que d'autres rangeaient leurs marchandises. Alors que la vente touchait à son terme après des heures d'enchères, un paysan remarqua une cage drapée dans la charrette d'un des marchands qui était sur le point de partir. Ce dernier avait déjà exposé ses biens mais en aucun cas le petit curieux n'avait remarqué cette cage ou ce qu'elle contenait. Son intérêt le poussa à tirer sur l'immense tissu et révéla une belle jeune femme à moitié endormie. Surpris, il interpella son possesseur.
"Hola ! Vous partez déjà ? Pourquoi n'avez-vous pas présenté cette charmante créature ?"L'homme sursauta, il était bien trop occupé à ranger ses affaires. Troublé dans un premier temps, il se rapprocha de son interlocuteur pour me prendre connaissance de ce dont il parlait. Un certain malaise s'installa lorsqu'il vit la cage sans son drapé et il se massa la nuque en répondant péniblement.
"Oh... Elle... Et bien... C'est-à-dire que....
- C'est une commande ?" Insista le curieux.
"Oh non, non... Pas du tout... C'est juste que... Et bien.. Vous savez... Vous êtes surtout des fermiers par ici aloreuh.... Je m'étais dis que... Et bien... Vous comprenez ?..."Visiblement en colère, c'est de la sorte que se présenta le fils du maire, lequel alla tout de suite voir son père pour qu'il force le marchant à lui offrir cet esclave pour réparer le tort qu'il avait subit. Oui, oui... Le fiston à son papa se vexait très facilement. Et puis, il avait de grands projets pour le village un fois que son père ne sera plus là : fini les grands champs, bienvenue les lotissements et les établissements de loisirs en tout genre !
Ce début de scandale ébouillanta progressivement la totalité de l'attroupement réuni pour cette vente d'esclave. De nombreuses questions fusaient dans tous les sens et perçait le brouhaha de la dispute : "de quel droit peut-il avoir un esclave gratuit ?", "comment je vais faire pour nourrir ma famille si on me prend une esclave que j'ai payé ?", "quelqu'un aurait des chips ?!"..... C'était cette jeune femme qui avait osé poser cette question. D'ailleurs, ce fut la seule qui réussit à attirer l'attention de tout le monde.
L'esclave s'était alors levée et tout le monde pouvait contempler sa prestance mais... surtout... son esprit maléfique. Un sourire carnassier se dessinait sur son visage tandis que sa tête se penchait sur le côté. On aurait dit que ses yeux allaient sortir de ses orbites tellement ils étaient menaçant. Son aura glaça le sang de la majorité de l'assemblée...
D'autant plus frustré par l'audace de cette esclave, le fils du maire se dirigea à nouveau vers le chariot qui transportait la cage pour s'y dresser et ainsi, surplomber tout le monde.
"Puisque c'est ainsi que cette... GARCE a décidé de se présenter... Je propose qu'elle devienne notre nouvelle et première attraction touristique : un vide couille public ! Nous l'installerons ici-même et les autres esclaves seront responsables de son état de santé et devront prendre sur leur pitance pour en prendre soin chacun à leur tour ! Je lance également des enchères pour déterminer le premier ordre de passage car j'ose espérer que vous êtes tous d'humeur à essayer ce corps magnifique ! De plus, dans un élan de générosité et pour montrer ma bonne foie... Nous reverserons une partie des bénéfices de cette vente à notre bien gentil marchand qui nous a apporté cette impertinente salope ! Faites sonner vos pièces mes amis !"Particulier mais efficace, ce discours relança l'ardeur et cette gaieté chez les participants à l’événement qui s'exclamait déjà pour avoir l'une des premières places. Seul le marchand était tiraillé par cette situation... Lui seul savait ce que tout le monde ignorait... Lui seul savait ce qu'il allait se passer... Lui seul savait de quoi était capable cette esclave une fois réveillée... Lui seul... pouvait... vivre à présent. Oui !.. Vivre... s'enfuir... C'était la seule solution, le seul espoir pour éviter... Il profita de ce nouvel engouement pour se diriger vers l'extérieur de la ville. Dans sa précipitation, il bouscula une dame qui ne semblait pas être venue pour acheter ou vendre quoique ce soit... Mais avant même qu'elle ne puisse finalement se décider à agir, l'homme effrayé fit également tomber une lampe à huile sur un tas de foin que des paysans avaient laissé traîné à l'écart. Le feu prit à une vitesse folle et se propagea de maison en maison à cause de la chaume des habitations. Cet enfer encercla alors très rapidement la place du village, emprisonnant tous ceux qui n'avaient pas été assez rapide pour fuir ! En effet, les habitants n'avaient pas réfléchi à deux fois en voyant ce malheureux spectacles et la panique causa un massacre. Tout le monde se bousculait et ne pensait qu'à une chose : survivre. Cet égoïsme monumental condamna ainsi la majorité, seuls quelques chanceux parvinrent à quitter la place avant que les flammes fermèrent toutes les issus.
Désespoir, peur, tristesse, tant de sensations négatives transpiraient de ces âmes prises aux pièges. Les cris, les pleures et les crépitements des flammes avaient remplacé les récentes chamailleries et les marchandages. À travers tout ces bruits de malheur, un rire grandissant parvenait à percer et bientôt, personne n'était capable de ne pas y prêter attention. Malsain, machiavélique, diabolique même... Une personne se délectait de ce feu d'artifice : l'esclave dans sa cage.
Navlys explosait de joie. Cette souffrance, ce malheur... Sram aurait été fier d'elle ! Bien au chaud dans sa cage, elle observait les bâtiments et les quelques infortunés brûler. Voir toute cette désolation lui procurait un plaisir immense... qui ne tarderait pas à bientôt laisser place à de l'ennui...