Le combat contre la cocatrix avait dû attirer de nombreux miliciens, vu les cris terrifiants que la bestiole avait poussé lors du combat. C’était un monstre terriblement puissant, un mastodonte, une force de la nature, et ses cris avaient dû résonner dans toute la forêt. Or, les miliciens savaient qu’aucun des leurs ne serait assez idiot pour se réfugier dans le nid de la cocatrix, et la seule explication était donc que les réfugiés y soient. Autrement dit, Esperanza pouvait les entendre venir, les chiens aboyant furieusement. L’un d’eux s’élança même vers elles, un affreux berger allemand avec une tête effrayante. Esperanza n’eut pas d’autres solutions que de lui tirer dessus, l’abattant d’une balle en pleine tête. Dans un jappement plaintif, la bête s’écroula mollement sur le sol, poussant un faible couinement en sentant la vie la quitter. Rawhide n’y prenait aucun plaisir, mais la survie était à ce prix.
Ses tirs étaient extrêmement précis, et elle atteignit un arbalétrier au bras. Il fallait bien qu’elle les blesse, car, autrement, les soldats prenaient de l’assurance, se rapprochant lentement d’elles.
*
Impossible de leur tourner le dos sans risquer de me recevoir une flèche… Quelle chiotte !*
Que faire, que faire ? Les hypothèses se multipliaient dans la tête de la jeune femme quand, la surprenant, la «
iop » (quel nom !) alla la soulever.
«
Hey, que… ? »
Navlys lui indiqua juste de bien s’accrocher, puis, au milieu des tirs, la jeune femme se mit à courir à toute allure, fonçant comme une flèche. Surprise, Esperanza constata qu’elle pouvait atteindre une vitesse ahurissante, et, bien vite, les flèches et les carreaux de leurs attaquants ne furent plus qu’un lointain souvenir, Navlys venant très rapidement à les distancer pour foncer à toute allure. Une vraie flèche qui s’enfonça dans la forêt pendant un certain temps, rien ne semblant l’arrêter. En revanche, Esperanza sentit, à plusieurs reprises, des feuilles ou des branches lacérer son corps, la faisant gémir…
…Puis, au bout d’un moment, le duo sortit à l’air libre, atterrissant dans une sorte de grande plaine, en pleine campagne, où Navlys relâcha la femme. Esperanza tomba sur le sol, au milieu des fougères, et, en se relevant, avisa également la présence d’une ferme à proximité, au milieu de buttes et de petites dunes verdoyantes :
Un spectacle assez impressionnant, donnant à Esperanza l’impression d’avoir fini au cœur du trou perdu du monde. Navlys, elle, était épuisée, et Esperanza, fort heureusement, n’avait que des blessures superficielles. Elle se retourna vers la femme en entendant son ventre gargouiller. Sa tenue de
cow-girl lui serait très utile, car il faisait relativement chaud. On était, après tout, en plein milieu de l’après-midi, et il n’y avait pas énormément de nuages dans le ciel.
«
C’est dangereux. Je te l’ai dit, Navlys, nous sommes poursuivies… Mais, d’un autre côté, j’ignore totalement où nous sommes, et la région est dangereuse et vaste. »
Autrement dit, s’aventurer à l’aveuglette dans un tel endroit était suicidaire. Elle s’approcha donc lentement de la ferme. Un moulin à vent était là, tournant sur place, et elle vit plusieurs enclos. La ferme était visiblement une grande exploitation agricole, avec une écurie, plusieurs granges. Les enclos abritaient une porcherie, des poulets, ainsi que des vaches… Et même des Chocobos. Il y avait également, dans un coin, un potager.
Prudemment, Lady Rawhide se rapprocha, entendant du bruit dans l’écurie.
«
Non, c’est dangereux, là-bas ! Il doit y avoir une émeute, ou je ne sais quoi… -
Tu ne vas tout de même pas m’imposer de rester ici ! se scandalisa une voix féminine.
J’ai envie de faire un tour de Chocobo ! -
C’est trop dangereux, la forêt est agitée. -
La forêt est grande, et le village est bien trop éloigné ici ! Tu crois que c’est la Scoia’tael ? C’est ridicule, ils ont été chassés il y a des semaines ! -
Oui, et ils reviennent toujours ! Ce que je dis, c’est que c’est dangereux, et on ne peut pas se permettre de prendre ce risque, Lauren. »
L’intéressée sembla profondément agacée par cette réponse, et sortit alors de l’écurie, étant, de ce fait, proche de Navlys et d’Esperanza.
Lauren était une fermière au look très particulier…