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Dans l'une des bourgades près de Nexus, l'agitation grandissait petit à petit alors que les coups de quatorze heure retentissait dans le clocher, cœur du village. Ce dernier comptait une bonne vingtaine de maisons regroupées autour d'une grande place faisant office de marché et utilisée également pour les déclarations des dirigeants. Ainsi, ce centre était un point de passage obligatoire pour ces fermiers et artisans préférant le calme de la campagne comparé à la fourmilière que pouvait être Nexus. Aujourd'hui, les gens se rassemblaient pour un événement qu'ils attendaient tous avec impatience : le marché d'esclave ! Quoi de mieux que de la main-d'oeuvre gratuite pour s'occuper des vastes champs à leur disposition ? En effet, ce village prospère était complètement encerclé de terres fertiles fournissant un apport conséquent en nourriture à Nexus et ses environs. Il était donc évident pour certains marchands d'esclaves de faire une halte dans ce lieu avant d'épurer leurs "stocks" dans la grande cité nexusienne.
Tout se déroulait pour le mieux ! Quelques transactions se réalisaient, certains comptaient leurs pièces d'or bien gagné tandis que d'autres rangeaient leurs marchandises. Alors que la vente touchait à son terme après des heures d'enchères, un paysan remarqua une cage drapée dans la charrette d'un des marchands qui était sur le point de partir. Ce dernier avait déjà exposé ses biens mais en aucun cas le petit curieux n'avait remarqué cette cage ou ce qu'elle contenait. Son intérêt le poussa à tirer sur l'immense tissu et révéla une belle jeune femme à moitié endormie. Surpris, il interpella son possesseur.
"Hola ! Vous partez déjà ? Pourquoi n'avez-vous pas présenté cette charmante créature ?"
L'homme sursauta, il était bien trop occupé à ranger ses affaires. Troublé dans un premier temps, il se rapprocha de son interlocuteur pour me prendre connaissance de ce dont il parlait. Un certain malaise s'installa lorsqu'il vit la cage sans son drapé et il se massa la nuque en répondant péniblement.
"Oh... Elle... Et bien... C'est-à-dire que....
- C'est une commande ?" Insista le curieux.
"Oh non, non... Pas du tout... C'est juste que... Et bien.. Vous savez... Vous êtes surtout des fermiers par ici aloreuh.... Je m'étais dis que... Et bien... Vous comprenez ?..."
Visiblement en colère, c'est de la sorte que se présenta le fils du maire, lequel alla tout de suite voir son père pour qu'il force le marchant à lui offrir cet esclave pour réparer le tort qu'il avait subit. Oui, oui... Le fiston à son papa se vexait très facilement. Et puis, il avait de grands projets pour le village un fois que son père ne sera plus là : fini les grands champs, bienvenue les lotissements et les établissements de loisirs en tout genre !
Ce début de scandale ébouillanta progressivement la totalité de l'attroupement réuni pour cette vente d'esclave. De nombreuses questions fusaient dans tous les sens et perçait le brouhaha de la dispute : "de quel droit peut-il avoir un esclave gratuit ?", "comment je vais faire pour nourrir ma famille si on me prend une esclave que j'ai payé ?", "quelqu'un aurait des chips ?!"..... C'était cette jeune femme qui avait osé poser cette question. D'ailleurs, ce fut la seule qui réussit à attirer l'attention de tout le monde. L'esclave s'était alors levée et tout le monde pouvait contempler sa prestance mais... surtout... son esprit maléfique (http://orig05.deviantart.net/f12a/f/2011/226/8/d/concours_bible_manga_dofus_by_predatorias-d46jvpx.png). Un sourire carnassier se dessinait sur son visage tandis que sa tête se penchait sur le côté. On aurait dit que ses yeux allaient sortir de ses orbites tellement ils étaient menaçant. Son aura glaça le sang de la majorité de l'assemblée...
D'autant plus frustré par l'audace de cette esclave, le fils du maire se dirigea à nouveau vers le chariot qui transportait la cage pour s'y dresser et ainsi, surplomber tout le monde.
"Puisque c'est ainsi que cette... GARCE a décidé de se présenter... Je propose qu'elle devienne notre nouvelle et première attraction touristique : un vide couille public ! Nous l'installerons ici-même et les autres esclaves seront responsables de son état de santé et devront prendre sur leur pitance pour en prendre soin chacun à leur tour ! Je lance également des enchères pour déterminer le premier ordre de passage car j'ose espérer que vous êtes tous d'humeur à essayer ce corps magnifique ! De plus, dans un élan de générosité et pour montrer ma bonne foie... Nous reverserons une partie des bénéfices de cette vente à notre bien gentil marchand qui nous a apporté cette impertinente salope ! Faites sonner vos pièces mes amis !"
Particulier mais efficace, ce discours relança l'ardeur et cette gaieté chez les participants à l’événement qui s'exclamait déjà pour avoir l'une des premières places. Seul le marchand était tiraillé par cette situation... Lui seul savait ce que tout le monde ignorait... Lui seul savait ce qu'il allait se passer... Lui seul savait de quoi était capable cette esclave une fois réveillée... Lui seul... pouvait... vivre à présent. Oui !.. Vivre... s'enfuir... C'était la seule solution, le seul espoir pour éviter... Il profita de ce nouvel engouement pour se diriger vers l'extérieur de la ville. Dans sa précipitation, il bouscula une dame qui ne semblait pas être venue pour acheter ou vendre quoique ce soit... Mais avant même qu'elle ne puisse finalement se décider à agir, l'homme effrayé fit également tomber une lampe à huile sur un tas de foin que des paysans avaient laissé traîné à l'écart. Le feu prit à une vitesse folle et se propagea de maison en maison à cause de la chaume des habitations. Cet enfer encercla alors très rapidement la place du village, emprisonnant tous ceux qui n'avaient pas été assez rapide pour fuir ! En effet, les habitants n'avaient pas réfléchi à deux fois en voyant ce malheureux spectacles et la panique causa un massacre. Tout le monde se bousculait et ne pensait qu'à une chose : survivre. Cet égoïsme monumental condamna ainsi la majorité, seuls quelques chanceux parvinrent à quitter la place avant que les flammes fermèrent toutes les issus.
Désespoir, peur, tristesse, tant de sensations négatives transpiraient de ces âmes prises aux pièges. Les cris, les pleures et les crépitements des flammes avaient remplacé les récentes chamailleries et les marchandages. À travers tout ces bruits de malheur, un rire grandissant parvenait à percer et bientôt, personne n'était capable de ne pas y prêter attention. Malsain, machiavélique, diabolique même... Une personne se délectait de ce feu d'artifice : l'esclave dans sa cage.
Navlys explosait de joie. Cette souffrance, ce malheur... Sram aurait été fier d'elle ! Bien au chaud dans sa cage, elle observait les bâtiments et les quelques infortunés brûler. Voir toute cette désolation lui procurait un plaisir immense... qui ne tarderait pas à bientôt laisser place à de l'ennui...
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Estinal était une petite ville connue pour avoir une forte trésorerie, essentiellement grâce à son marché, et au fait que l’échevin en charge de la ville (ou maire, selon une appellation plus moderne) était le beau-frère d’un riche esclavagiste. Estinal s’était donc imposée comme un carrefour esclavagiste, mais uniquement de multiples denrées venant des campagnes nexusiennes. Ici, la guerre contre Ashnard était bien éloignée, et, si les Estois devaient parfois répondre au ban et à la conscription en envoyant des hommes et des femmes se battre, de manière générale, la paix régnait ici. Les paysannes couchaient avec les riches bourgeois venant de Nexus pour y passer des vacances le long du lac ou des marécages, les sorceleurs passaient rapidement, et, en grimpant depuis la plus haute colline proche, on pouvait voir, au loin, les murs de Nexus.
C’est près de cette ville qu’Esperanza approchait, sans son cheval, qu’elle avait laissé auprès d’un maréchal-ferrant. La ville, en effet, était découpée en plusieurs quartiers, séparée par des villages, des hameaux, ou des champs. Des enfants jouaient dans les champs de tulipes, les fermiers veillaient sur leurs vaches, quand ils ne reluquaient pas le cul de la puissante femme. Esperanza, avec sa taille, et sa tenue, passait difficilement inaperçue.
*Je me rapproche...*
Sa cible était un esclavagiste qu’elle traquait depuis Tekhos : André de Grand-Pré. Un Nexusien, un esclavagiste redoutable, qui vendait des esclaves auprès de criminels tekhans afin que ces derniers les utilisent, soit comme esclaves sexuels, soit comme donneurs d’organes. Un individu sincèrement peu recommandable, qu’Esperanza entendait bien tuer. Or, d’après ses sources, de Grand-Pré avait un manoir à proximité, un imposant domaine. Il avait aussi des affaires dans la cité-État, mais on disait qu’il préférait se reposer dans son manoir, loin des turbulences et des troubles sociaux qui régnaient dans la ville.
La jeune femme rejoignait donc le marché quand elle vit un homme préoccupé, fuyant à vive allure... Qui la tamponna.
« Hey ! »
Déstabilisé, l’homme s’excusa hâtivement, mais, dans la bousculade, avait laissé tomber une lampe à huile, qui tomba sur une botte de foin attenante à une écurie, avec des barils de vin à côté...
*Oh non !*
Les tonneaux de vin explosèrent, et la déflagration souffla Esperanza, l’envoyant dans des buissons, sur le bas-côté.
...
Elle entendit des cris, des hurlements, ainsi qu’une forte chaleur, et, quand la femme rouvrit les yeux, ce fut pour voir qu’un incendie ravageait Estinal, et que des alarmes résonnaient, le long de clochers et de tours. Esperanza se redressa donc, en voyant les flammes devant elle... Puis bondit sur le côté, évitant des branches d’arbres enflammées. La jeune femme éternua, entourée par les flammes, et fila vers l’avant, en bondissant en avant, avant de rouler sur le sol, pour se redresser, et se rapprocher de la place.
Les villageois s’étaient regroupés, et elle se dirigea vers les cages des esclaves, en entreprenant de les libérer.
« Allez, vite ! Sortez de là avant que le feu ne vous atteigne ! »
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Quelle extase ! Des flammes plus hautes que les battisses, des corps brûlant se roulant par terre, l'agitation de quelques chevaux encore attelés... Tout ce chaos formait le plus beau des spectacles pour Navlys ! Qui l'aurait cru ? Cette jeune disciple de Sadida au tempérament si calme, si aimante et attentionnée... Son voyage l'avait transcendé. Cette altération de son âme rendait chaque rencontre plus importantes les unes que les autres et la pauvre eu le malheur de se retrouver avec un démon peu de temps après son arrivée sur Terra : il n'y avait pas plus mauvais cas de figure pour la douzienne. Son corps était maintenant presque entièrement constitué de Stasis, l'énergie "maléfique" du Krosmoz. Ainsi, elle n'avait pas simplement basculé pour l'avatar de Sram... Elle était désormais habitée par un Shushu !
Vous vous demandez peut-être ce que c'est, hum ? Bon, alors je vais tâcher de faire simple. Imaginez quelqu'un de mauvais, quelqu'un qui tue pour le plaisir, qui vole parce que c'est drôle ou encore qui dit des gros mots comme on dirait "bonjour". Votre première pensée envers cette personne, c'est qu'elle est méchante, même très méchante ? Un Shushu représente à lui seul un bon petit million de ces personnes. Oui, oui, un million de fois pire. Ce sont des démons de la pire espèce qui se lie à un corps pour leur offrir plus de pouvoir. Le plus terrible, c'est qu'ils se nourrissent d'âmes ! Autant dire qu'il est alors impossible de se réincarner comme il est commun de le faire dans le monde des Douze... Une fois absorbé par un Shushu, votre seul espoir c'est l'intervention d'un héro suffisamment fort pour vaincre ce monstre ! Et ce n'est pas une mince affaire...
La situation était parfaite pour Navlys. Enfin, le Shushu Navlys, ou de Navlys, c'est un peu compliqué... Appelons-la Nomed. La situation était donc parfaite pour Nomed : du feu, des pleures, des morts. Tout ce qu'il faut pour gagner en puissance en dévorant ces pauvres âmes sans défense, sans l'un Douze pour rétablir l'ordre, sans héros... Ou presque. Une splendide femme rousse à la tenue très aguicheuse semblait prendre les choses en main et commençait par libérer les quelques esclaves invendus de leurs cages pour leur éviter une mort certaine. Nomed cessa alors de rire. Contrariée, son regard devint noir tout le temps qu'elle fixait cette dame. L’héroïne se rapprochait de plus en plus de la prison du Shushu qui réfléchissait à un plan, une approche, un moyen de faire encore plus de carnage... Pour se faire, elle aurait déjà besoin d'être libérée de ses entraves : des menottes imbibées de magies au niveau des poignets et des chevilles pour l'empêcher d'utiliser n'importe lequel de ses pouvoirs. Ainsi, la démone fit tout son possible pour changer l'expression sur son visage afin d'être la bonne et inoffensive esclave qu'elle était sensée être. C'était une difficulté presque insurmontable pour elle qui devait aller à l'encontre de son instinct dominateur et chaotique.
*bruit de serrure* (http://s1download-universal-soundbank.com/mp3/sounds/3308.mp3)
Tellement concentrée pour avoir l'air inoffensive, Nomed n'avait pas remarqué que la femme était arrivée à sa cage. Elle aurait aimé avoir un peu plus de temps mais elle espérait que son effort allait payer...
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« Au secours !
- Regroupez-vous dans l’église, elle est en pierre ! »
Paniqués, les villageois avaient délaissé les esclaves… Mais pas Esperanza. L’incendie avait pris de manière incroyable, ce qui, en soi, se justifiait aussi par le fait que l’air était sec actuellement. Il suffisait donc d’une étincelle pour que le feu parte. Là, un incendie épais régnait dans la zone, et Lady Rawhide libéra plusieurs nekos, portant ses deux Colts autour de sa ceinture. Avec son justaucorps rose et ses longues bottes roses et blanches, Esperanza était une silhouette détonante.
« Filez dans l’église, vite ! »
Les cloches continuaient de sonner au loin, annonçant l’incendie, et les nekos, en regardant brièvement Esperanza, filèrent ensuite vers l’église, au milieu de villageois et d’esclavagistes paniqués. Esperanza ne les regardait même pas, ce qui fit que, quand elle arriva à hauteur de la cage de Nomed, elle s’empressa de l’ouvrir, et constata la présence de menottes en la faisant sortir.
« Ne bouge pas, ma chérie…
- Non ! hurla un garde. Ne la libérez pas ! »
*PAN !*
Sans même écouter l’homme, pétrie de sa version manichéenne des choses, opposant les méchants esclavagistes à d’innocents esclaves, Esperanza avait vise les menottes, et venait de tirer dessus avec, ébréchant les menottes, qu’elle retira ensuite.
« Allez, dépêche-toi, file… »
Elle ne se méfiait pas, elle n’avait aucune raison de le faire.
Mais les gardes, eux, savaient ce qu’était cette femme, et pourquoi ils lui avaient mis des menottes…
Explosive, la situation risquait de vite devenir infernale.
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Cet incendie était vraiment du pain béni pour la Shushu. La panique qu'il installait rendait tout le monde inconscient et hâtif... Ainsi, lorsque la magnifique héroïne arriva devant Nomed, elle ne remarqua même pas tout l'effort qu'elle faisait pour être "normale" et "innocente". Nomed pu alors la contempler de plus près alors qu'Esperanza s'occupait de ses entraves : une splendide chevelure rouge (sa couleur préférée), des jambes à croquer et cette poitrine... délicieuse. La démone pensait désormais la tuer en dernier, voire même l'épargner... Après tout, c'est elle qui était sur le point de la libé...
*PAN !*
Le son de la délivrance ! Ce soudain coup de feu fit réatterrir Nomed qui s'était perdue dans ses pensées. Désentravée, elle pouvait de nouveau tout faire et la seule chose qui lui venait en tête était : tuer. Son sourire carnassier réapparu progressivement sur son visage rempli de démence. Elle se rapprocha de sa sauveuse qui était sur le point de partir pour s'occuper des dernières personnes en détresse et lui susurra à l'oreille :
« Merssssssi....... héahah... AHAHA... AHAAHAHAHAHAHA ! »
Son rire diabolique était de plus en plus fort alors que son corps disparaissait progressivement, devenant presque totalement invisible. En une fraction de seconde, tout ce que pu voir Esperanza était une sorte d'ombre onduler très rapidement vers l'Église. Le bain de sang était sur le point de commencer...
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Esperanza avait libéré cette jeune femme, et, alors qu’elle se rendait vers la dernière cage, elle entendit cette dernière la remercier… Mais avec une voix qui n’avait rien d’angélique. Elle se retourna alors, et vit la silhouette devenir spectrale, avant de se rapprocher de l’église. Lady Rawhide cligna alors des yeux à plusieurs reprises, en se mettant à réfléchir rapidement. Autour de l’église, plusieurs arbalétriers venaient d’approcher, accompagnés par des hallebardiers et quelques spadassins.
*Je crois que j’ai fait une connerie, là…*
Elle se dépêcha de libérer le dernier prisonnier, puis entendit les gardes parler entre eux :
« Tuez-là ! Vite !
- On ne la voit pas ! »
Plusieurs carreaux d’arbalètes jaillirent vers l’emplacement approximatif du monstre. Esperanza les vit se planter dans le sol, et observa sur le sol, voyant les déplacements de poussière là où la femme passait. Rawhide avait beau être habillée comme une bimbo, elle était loin d’être une femme idiote et inconsciente. Elle sortit donc son fouet dans une autre main, et le lança vers la curieuse créature sombre. Le fouet vint s’enrouler autour de l’un de ses bras, et elle brandit son arme vers le bout du fouet.
« Ne bouge pas, ou je te tire dessus ! »
Toujours accorder aux gens le bénéfice du doute… Peut-être que cette femme avait juste peur des soldats ? Mais, honnêtement, Esperanza en doutait…
Ce qui expliquait pourquoi elle la ciblait avec son pistolet…
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Nomed se rua à une vitesse hallucinante au niveau des gardes, lesquels essayaient tant bien que mal à la contrer. Malheureusement pour eux, ils manquaient clairement d'entrainement et d'expertise sur ce genre de créature. La Shushu prit alors au hasard sa première victime à la gorge qui se raidit de terreur. Elle le lança contre un mur avec une violence surhumaine. On vit alors une énergie noir se concentrer là où Nomed devait se trouver. On aurait dit une sorte de trou noir mais il n'aspirait rien. Au bout de quelques secondes, un faisceau noir s'extirpa de ce siphon et perfora le cœur du pauvre garde....
À cet instant, Espéranza réussit à lui attraper un bras. La démone tourna aussitôt la tête vers l'attaque et se mit à sourire en entendant les menaces de sa sauveuse. Son visage devint progressivement visible, affichant un sourire carnassier à vous glacer le sang. Nomed ne la craignait pas. Aussi forte soit-elle, cette splendide rousse n'avait pas la moindre chance face à elle. Néanmoins, sa provocation lui avait donner envie de jouer avec elle.
« Qu'attends-tu ? Tire donc ! As-tu peur de me manquer et de blesser ces cadavres ambulants ?! Un peu de courage que diable ! Je veux voir du sang.... »
Les gardes autour d'elle hésitaient en ayant vu leur camarade se faire avoir aussi facilement... L'un d'entre eux pris ses jambes à son cou mais certains semblaient tout de même aider cette justicière. Son défi mis en place, Nomed attrapa le fouet et tira d'un coup sec pour faire basculer son adversaire. Elle ignorait désormais totalement les vermisseaux sous équipé. Était-ce une erreur ? La belle aventurière avait-elle eu le temps de tirer ? Peu importe, ils paieront tous...
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Les lenteurs et les hésitations d’Esperanza à réagir avaient déjà coûté la vie à un garde, la créature faisant preuve de magie noire pour le tuer. Lady Rawhide ne pouvait que se sermonner, en comprenant que les liens ayant entravé cette créature devaient probablement abriter de l’obsidienne, ce cristal si précieux et si efficace, permettant de lutter contre les pouvoirs magiques. Esperanza tenait la créature avec son fouet, tandis que les gardes, surpris et décontenancés, hésitaient sur la marche à suivre, contemplant le cadavre de leur camarade.
L’être infernal nargua alors Esperanza, qui serra les dents.
« Tu l’auras voulu ! »
Fermant un œil, Esperanza cibla la créature, et fit feu. La femme s’était entraînée à manipuler les armes à feu quand elle était esclave, dans les profondeurs des mines où elle était obligée de vivre comme une forçat pour les salopards qui l’exploitaient, elle et les autres esclaves. Les mineurs s’entraînaient sur les radcafards, ou sur les monstres plus dangereux qui peuplaient les mines Autrement dit, Esperanza ne bénéficiait pas d’un talent inné pour les armes à feu, mais elle avait, pour elle, un long entraînement.
C’est ce qui fit que son tir fit mouche... Mais traversa l’air, pour aller ricocher contre un mur, tandis que son fouet perdait de sa souplesse.
« Que... ?! »
À sa grande surprise, la balle n’avait pas touché sa cible... Et ce parce que cette dernière s’était déplacée !
« Elle va nous tuer ! paniquait pendant ce temps l’un des gardes.
- On l’a déjà emprisonné une fois, on peut le refaire ! Récupérez de l’obsidienne, ça l’empêchera d’user de ses pouvoirs magiques ! »
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Nomed fut déçue de voir qu'elle avait mal estimé la longueur du fouet, rendant son action bien inutile. Néanmoins, son piège réussit à merveille ! Sa réapparition momentanée était en réalité la matérialisation de son double : une illusion parfaite de son apparence pour tromper l’œil. La balle tirée fusa donc au travers, dispersant ce leurre pour révéler l'impact sur le mur de l'église. La stupeur et l'angoisse gagnèrent en intensité et puis... plus rien.
La Shushu avait profité de l'effet de surprise pour escalader le bâtiment qui était le centre de l'attention. Ne se manifestant plus pour faire monter la pression, elle observait de sa position avantageuse. Qu'allaient-ils donc faire ? Qu'allait-elle donc faire ?... En effet, cette jeune femme la passionnait. Elle était si belle, si confiante et aimante... Toutes ces qualités donnait une terrible envie à la démone de dévorer cette âme juteuse. Mais avant cela, elle voulait jouer ! Pourquoi se priver de s'amuser quand ses proies étaient si inoffensives ? Pour se faire, la première phase était l'observation ! Mais qu'Esperanza ne s'imagine pas se réfugier dans cette église... Ce serait dommage de mettre un terme à ce jeu qui venait de commencer !
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« Saisissez-là !
- Qu’est-ce que c’est que cette chose ?! »
Les gardes étaient un peu déboussolés par les évènements, ce qu’Esperanza, en réalité, pouvait comprendre sans trop de problèmes. Ils veillaient simplement sur un marché d’esclaves quand incendie avait éclaté... Et, au milieu des flammes, une pin-up armée de pistolets avait entrepris de libérer les esclaves, dont une sorte d’ectoplasme noirâtre qui avait tué un garde, et qui était dissimulée quelque part. Les gardes ne savaient donc pas trop quoi faire de Lady Rawhide, car, malgré l’ordre de leur sergent, personne ne vint l’arrêter. Nerveux, les soldats regardèrent autour d’eux, cherchant la trace de la silhouette. Faisant suite à l’ordre du sergent, plusieurs gardes étaient partis vers la proche caserne, afin d’aller chercher des coffres abritant des cristaux en obsidienne.
Esperanza, elle, observa les hommes face à elle. Elle avait sorti son épée, tenant dans une main son Colt, et dans l’autre un sabre.
« Vous avez libéré ce truc !
- Qu’est-ce qui vous a pris de vendre une telle chose ?!
- C’est un marchand qui l’a amené, pas nous ! grogna le sergent. Et il a fallu que vous débarquiez ! Vous êtes quoi, exactement ? Une pute idéaliste ? »
Esperanza grogna, mais ne releva pas l’insulte, en regardant les toits autour d’elle. L’incendie continuait à faire rage, mais, de l’autre côté, on s’affairait déjà à l’éteindre, des seaux d’eau tentant d’étouffer les points de départ de l’incendie, en attendant l’arrivée de mages pour l’éteindre plus efficacement. Lady Rawhide savait que la créature noirâtre était là, quelque part.
Les gardes envoyés dans la caserne, au nombre de trois, revinrent alors, traversant la place, l’un d’eux tenant un coffre en bois abritant les cristaux. Ils étaient à l’intérieur, et avaient la capacité d’annuler, dans leur champ proche, tout effet magique. En l’état, ils semblaient être la meilleure arme de défense contre cette créature. Toutes les garnisons nexusiennes avaient des cristaux en obsidienne, nécessaires pour assurer la sécurité publique.
Et Esperanza, elle, était proche de l’église, regardant prudemment autour d’elle, attentive et vigilante... Elle sentait que cet ectoplasme les guettait, quelque part dans l’ombre...
*Évite de te faire choper...* s’encourageait-elle.
Son objectif était d’appréhender cette chose, et de la maîtriser.
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Telle une gargouille, Nomed était accroupi au sommet de cette église pour se délecter de ce suspens pesant. Elle ne prêta pas attention aux gardes s'éloignant, trop focalisée sur... "cette pute idéaliste" ? Elle aimait bien ce surnom. Le sergent venait de gagner une place dans son ordre de massacre, quelle chance ! La démone se lécha alors les lèvres en gardant en tête ces mots. Il était indéniable que le corps de cette femme l'attirait et son assurance en faisait une proie particulièrement agréable à chasser. Tout ceci ne fit que renforcer son humeur joueuse et son appétit sexuel prit peu à peu le dessus sur celui des âmes. Cependant, elle ne pouvait pas consommer ce trésor ici et maintenant... La shushu détestait être déranger et il risquait d'être difficile de prendre du plaisir tout en éliminant chaque obstacle à sa débauche.
Sa réflexion se faisant plus profonde pour trouver une solution idéale à son dilemme intérieur, ce n'est que lorsqu'Esperanza se trouvât tout proche de l'église que Nomed décida d'agir. Elle n'avait pas trouver de plan ni quoique ce soit pour réduire à néants tous ces problèmes. Son corps ne s'activait que par ses pulsions et cette merveille s'approchant autant était la goutte de trop. La démone glissa alors furtivement à la verticale sur le mur du bâtiment et arriva en un instant juste derrière le motif de sa hâte. Dans une discrétion la plus totale, Nomed humecta le délicat parfum de Lady Rawhide qui l'enivra tellement que sa main vint se loger directement entre les cuisses de la rousse...
Esperanza, étant en alerte depuis plusieurs minutes à présent, n'eut pas une seule seconde d'hésitation et se retourna pour trancher de son épée ce qui aurait pu se trouver derrière elle, braquant son colt par la même occasion. Vif et rapide, le geste si féroce ne permit à la démone que se pencher en arrière. Ce contorsionnent si soudain permit à un collier de se révéler d'entre sa poitrine dont la chaîne fut trancher net par la lame aiguisée de l'héroïne. Un grand flash lumineux noirâtre se libéra du bijoux tandis que Nomed se mit à genoux en hurlant de douleur. Ses mains se crispaient sur son visage et elle se contorsionnait dans tous les sens par l'atrocité de ses maux. De la fumée violette sortait de son corps pour rentrer dans le pendentif dans un terrible sifflement d'horreur. Ce spectacle étrange et hors du commun ne dura que quelques dizaines de secondes qui parurent une éternité pour s'arrêter dans un calme totale, brisé par le collier qui tomba finalement au sol dans un bruit sourd.
La shushu était partie, libérant ainsi le corps de Navlys sous les traits du Dieu Sram (http://img11.hostingpics.net/pics/464045bloggif56a29fddc4851.png). Vêtement, physique, tout avait changé et il y avait même deux dagues accrochées à un bandeau de tissu autour de sa taille. Allongée sur le sol, la jeune femme était inerte, respirant à peine. D'un air innocent, la jeune femme semblait souffrir dans son sommeil : elle venait de ressentir tout ce que les âmes gobés par la démone avaient pu subir. De son côté, le collier dégageait une affreuse énergie maléfique. Toute la fumée violette qui s'était infiltrée à l'intérieur semblait bouger dans le joyaux au centre du pendentif. Il n'y avait aucun doute possible : le mal persistait dedans. Alors que les gardes s'approchaient certainement pour récupérer leur dû maintenant qu'il ne restait que l'incendie comme problème, que fallait-il faire de tout ceci ?
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Esperanza avait conscience de la difficulté de la situation. La magie était une force dont il fallait se méfier. Dans les Badlands, elle avait déjà eu affaire à la magie, notamment dans de vieux temples, ou dans les profondeurs de certaines mines. Elle avait affronté des crapules et des criminels se battant avec des gemmes magiques de protection, qui formaient comme des boucliers, ou lançant sur elle des langues de feu. Mais, somme toute, la magie était moins présente dans les Badlands qu’à Nexus, car Tekhos était un État prônant la supériorité de la technologie sur la magie. Ici, face à cet ectoplasme, Lady Rawhide était donc dans un terrain qui lui était peu favorable. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle allait perdre sa contenance. Elle regardait autour d’elle, sentant la présence de cet esprit maléfique… Puis elle sentit une présence dans son dos, ainsi qu’une sorte de tentacule se rapprochant de ses cuisses, et son épée frappa presque instantanément, preuve de ses réflexes aiguisés.
Esperanza trancha quelque chose, et bondit prudemment en arrière, en pointant son pistolet sur…
*Hein ?*
La surprise de Lady Rawhide fut de taille en voyant une espèce de fumée noire qui se concentrait dans un pendentif, révélant, sous ce dernier, une étrange silhouette rappelant les tenues de danseuses exotiques papuannes. Médusée, Esperanza vit la femme tomber sur le sol, avec le médaillon qui semblait vibrer étrangement.
« C’est elle ! Elle a repris son apparence normale !
- Tuez-là ! Vite ! »
Un arbalétrier visa le corps endormi de la femme, et le fouet de Lady Rawhide claqua vite, déviant l’arbalète, le carreau allant se nicher dans le sol. Surpris, les gardes la regardèrent.
« Que signifie ceci ?! s’énerva le sergent. Elle vous aurait tué !
- Elle était possédée… J’ai vu ce spectre noir retourner dans ce médaillon.
- Balivernes ! Vous l’avez juste fatigué, voilà tout ! Si elle se réveille, elle nous tuera tous !
- Ou alors, vous libérerez ce spectre en la tuant… »
Plus que de susciter la pitié du sergent, Esperanza comptait sur sa sagacité. Fallait-il vraiment libérer cette créature, au risque de la voir, de nouveau, s’en prendre à eux ? L’homme hésita un peu, puis regarda ses hommes.
« Vous avez bien l’obsidienne ?
- Oui, Sergent !
- Alors, remettez-lui des menottes, et mettez-là dans un endroit isolé de l’église. »
Esperanza les laissa faire, étant, elle aussi, circonspecte. Qui était donc cette femme ? Et, en attendant, elle devait se protéger de l’incendie, elle aussi, qui était un autre problème majeur. Elle retourna donc dans l’église, en voyant les gardes soulever le corps endormi de leur adversaire, pour l’attacher dans le caveau situé sous l’édifice religieux.
« Vous comptez me dire qui vous êtes ? demanda alors le sergent.
- Une simple voyageuse…
- Hmmm… Vous savez que je pourrais vous faire arrêter ? C’est de votre faute, après tout, si cette créature nous a attaqué.
- Je n’ai fait que sauver des personnes qui, autrement, allaient mourir brûlées. Ce n’est pas moi qui ait ramené cet être. »
Son impression initiale se confirmait : ce sergent était un imbécile sexiste, qui ne devait probablement pas supporter d’avoir été secouru par une femme. Mais, et il le savait, il n’avait pas les moyens de se heurter à Lady Rawhide, pour le moment.
« Très bien… Mais je vous conseille de vous tenir à carreaux, et je vous défends d’aller voir la prisonnière, j’irais l’interroger en personne dès qu’elle sera consciente. »
Esperanza acquiesça, tout en se retenant bien de lui dire qu’elle n’avait jamais été très douée pour suivre les ordres…
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Complètement sonnée, Navlys n'émergea que quelques dizaines de minutes plus tard. Elle était clairement dans les vapes, pire qu'un personne ayant abusé de drogues illicites. Ses yeux s'ouvrirent lentement et sa vue complètement floutée ne lui permettait pas de prendre conscience de son espace. Il y avait du gris surtout, du marron et puis... du rouge et du rose... Ces deux couleurs bougeaient et semblaient plus proche que le reste. Sa tête oscillait toute seule et lorsqu'elle voulut se frotter le front, elle réalisa que ses mains étaient bien trop lourdes pour que sa faible force actuelle ne parviennent à soulever ses bracelets métalliques. Son regard s'attarda sur ces derniers et son incompréhension était d'autant plus marqué sur son visage. Elle bougeait les poignées en essayant de comprendre, de se souvenir... Mais rien.
Navlys n'avait pas entendu tout ce qu'on aurait pu lui dire pendant ce temps, si bien qu'elle s'efforça tant bien que mal à murmurer :
« Où... où suis-je ?... Qu'est... passé ?.... Mal... J'ai... mal... »
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L’incendie serait bientôt maîtrisé, ce qui, en d’autres termes, signifiait que les gardes allaient vite recevoir des renforts, et que Lady Rawhide, elle, serait bientôt dans l’embarras. La jeune femme n’avait guère envie de s’éterniser dans ce village, mais elle n’avait pas non plus envie de laisser la femme possédée entre les mains de ces imbéciles. Elle voyait, dans la nef de l’église, les regards suspicieux des multiples réfugiés, quand ils n’étaient pas lubriques. Avec sa tenue rose et courte, Esperanza était une véritable beauté. De base, elle était déjà très belle, mais il est vrai que, avec cette tenue, sa beauté semblait gagner un stade supplémentaire. Nerveux et agités, les gardes surveillaient l’accès à la crypte, dans laquelle ils avaient enfermé la femme, tandis qu’Esperanza, de son côté, finit par se convaincre qu’elle devait faire quelque chose, et qu’elle ne pouvait pas laisser la jeune femme finir entre de mauvaises mains.
Lady Rawhide s’éclipsa donc, atterrissant dehors, et fit le tour de l’église. Trouver une entrée annexe ne fut guère difficile, et les gardes étaient trop occupés à gérer l’amont de réfugiés pour s’occuper de la jeune femme. Esperanza ouvrit donc une porte à la dérobade, et s’avança dans une partie isolée de l’église, poussiéreuse, avec de multiples toiles d’araignées. Il y avait plus d’un accès à la crypte, et elle emprunta une échelle, descendant en contrebas, dans l’obscurité d’un caveau.
Poursuivant sa marche, la jeune femme approcha finalement de la cellule de la femme, et croisa son regard. Esperanza avait enflammé une torche pour se repérer, et son regard croisa celui de la jeune femme, perturbée.
« Vous allez bien ? »
La femme semblait épuisée, et Esperanza reprit rapidement :
« Vous pouvez m’appeler Lady Rawhide, ou juste Rawhide. »
Elle se rapprocha de la femme, l’observant à travers les barreaux :
« Qu’est-ce qui s’est passé dehors ? Vous… Vous avez été ensorcelée ? »
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Sa vision s'éclaircissait lentement, lui offrant ainsi la vue de cette héroïne pour le moins aguicheuse. Ses yeux clignaient de la même façon qu'une personne qu'on venait de droguer, sa mine faisait vraiment peine à voir. D'une certaine manière, l'avatar de sram semblait tout même contente de voir quelqu'un : après tout, elle ne s'était pas trompée en s'adressant à elle ! Néanmoins, les paroles de cette dernière n'était qu'un bourdonnement incompréhensible. Sa méfiance naturelle l'identifia donc parmi ses ennemis, attendant de voir ce qu'elle ferait pour elle. Pour l'heure, Navlys était incapable de se déplacer ni de formuler une quelconque réponse excepté par chance lorsqu'elle se décide à parler de sa voix terriblement faible comme à l'instant :
« Aidez... moi... »
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Le sergent avait rappelé les gardes surveillant la cage, car il fallait s’occuper des réfugiés. En tendant l’oreille, Esperanza pouvait les entendre. Le caveau donnait sur des cryptes, mais elle était proche de l’escalier menant à la nef. Depuis cette pièce, un petit couloir menait vers une autre pièce, avec l’escalier qui se trouvait là. Esperanza était donc vigilante, tout en se rapprochant de la femme. Fatiguée et affaiblie, l’espèce de danseuse orientale demanda alors de l’aider. Lady Rawhide s’en mordilla les lèvres, bien consciente de la dangerosité de la situation. Si elle venait la libérer, elle risquait de se heurter aux gardes... Non, elle s’y heurterait avec certitude. Mais, d’un autre côté, Esperanza s’était toujours battue pour la justice, en estimant que, parfois, la loi ne protégeait pas le droit, mais déviait de ses objectifs initiaux, si tant est qu’on puisse considérer que la loi avait pour but de respecter ce qui était droit.
Ainsi, après quelques hésitations, Esperanza se rapprocha. La serrure était solide, avec un crochet, mais elle était une spécialiste du crochetage. Il fallait bien cela, quand on exerçait sa vie.
« Reprends des forces, je vais ouvrir la cellule... »
Au risque de déclencher une autre crise ? C’était bien le propre de l’Homme de réitérer les mêmes erreurs, mais Esperanza était sûre que quelque chose avait changé, et que cette femme avait été possédée. Mais, en attendant, il fallait vite la mettre à l’abri, avant que les gardes ne réveillent cette créature de cauchemar. Dehors, l’incendie était en train de se calmer, car plusieurs mages étaient finalement arrivés, et déclenchaient d’efficaces sorts d’Eau et d’Air pour étouffer l’incendie et disperser les flammes. Les dégâts, somme toute, furent plutôt limités, mais Esperanza n’avait plus le temps de tourner en rond et d’attendre.
Elle ouvrit donc la grille, tout en entendant des bruits de pas.
« Surveillez la prisonnière, je ne veux aucune surprise, surtout que l’autre femme a disparu ! » avait tonné la voix du sergent.
Esperanza se mordilla les lèvres.
*Merde... Dépêche-toi, ma vieille !*
Elle acheva d’ouvrir la porte, puis attrapa la femme, et sortit... Pour voir un garde face à elle, les yeux écarquillés.
« ÉVASION !! hurla-t-il. ALERTE ! ALERTE !! »
Esperanza se mordilla les lèvres, et s’empressa de fuir, filant dans les couloirs sinueux de la crypte.
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Qu'est ce qu'elle était pathétique ! Toute molle, bougeant à peine. D'ailleurs, si elle n'avait pas les yeux entrouverts et les lèvres mollement articulées avec des bras se dressant sans trop savoir comment, Navlys avait carrément la tête d'un cadavre fraîchement tué. Elle faisait peine à voir et ça nous faisait presque de la peine de la voir ainsi. Mais qu'elle se bouge le cul putain ! C'est pas comme si elle venait de se faire éclater ! Si ?... Ah... Elle est aussi faible que ça ? Quelle déception. On aurait cru qu'elle en avait plus dans le ventre que ça. Et l'autre qui vient encore la libérer.... Sérieusement ? Elle n'a pas autre chose à foutre de ses journées ? Comment ? Sauver des gens c'est ce qu'elle fait au quotidien ?... Oui bon ça va hein ! C'est pas écrit sur son...sa...poit.... humhum.. bref...
Elle crocheta la porte et rejoignit le cad... et rejoignit Navlys pour la secouer un peu en espérant qu'elle se réveille. Esperanza n'avait visiblement pas le temps et la souleva aussitôt en passant un des bras de la sram par dessus son épaule pour la guider vers la sortie. D'un autre côté, si elle avait pris le temps de raconter sa vie au légume pour attendre que la femme devienne plus énergique alors que des gardes rôdaient forcément dans un coin, ça aurait un foutu scandale ! Et quand on parle du loup, on en voit la queue...
Alors que l'héroïne quittait les lieux avec sa victime, elle fit face à un type qui se mit à beugler. Un peu plus et il se pissait dessus, on parie ? Non ? Vraiment ? Dommage. En tout cas, il cria si fort que la sram se senti menacer et, consciemment ou non, rendit invisible son corps et celui d'Esperanza avec sa magie. Cela ne prit qu'une fraction de seconde... Un nuage de fumé bleu sortant de nulle part et pouf ! Disparut ! Partie les deux femmes ! Comme par magAÏEEE !... Oui bon d'accord, c'était nul. Le garde cria de plus belle :
« DISPARU ! ELLES ONT DISPARU ! FAITES ATTENTION !! BLOQUEZ LES ISSUES ! »
C'était une église... Certes elle avait un cachot, mais de là à se transformer en prison carcéral, ça serait étonnant et plutôt comique ! Quoiqu'il en soit, cet élan magique semblait avoir revigoré légèrement Navlys qui murmura quand même difficilement :
« Sors-nous de là... Ils nous voient pas... Et.. merci... »
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Esperanza, sur le coup, ne réalisa pas spécialement qu’elle était devenue invisible, parce qu’elle était occupée à partir. Le garde resta près de la cellule, hésitant à la poursuivre... Avant de choisir de rester prudemment en arrière, sans rien dire, en attendant les renforts. Plutôt être fou, que de se lancer, seul, dans ce caveau sinueux. Esperanza s’avança donc avec la femme, qui semblait reprendre du poil de la bête, en se mettant à lui parler, d’une voix certes affaiblie, mais en prononçant plus de syllabes que tout à l’heure.
« Oui, c’est mon objectif... »
Lady Rawhide fila sur la droite, et descendit des marches, qui la conduisit vers une crypte cylindrique, avec de multiples tombes, où elle déposa alors la femme, soucieuse de lui laisser le temps de reprendre ses esprits. En tournant la tête vers le couloir, elle pouvait entendre des bruits de pas précipités. Esperanza venait de ruiner toutes ses chances de partir d’ici tranquillement. Retrouver André de Grand-Pré allait clairement devenir compliqué, maintenant, et elle se retourna vers la femme.
Visiblement, la femme aux vêtements bleus reprenait des forces, et Esperanza, tout en restant attentive aux bruits de pas venant de la crypte, se retourna vers elle.
« Alors, et si tu me disais toute l’histoire, hum ? Qu’est-ce que c’était que cette forme noirâtre qui nous a attaqué tout à l’heure ? Une malédiction, c’est ça ? »
Esperanza avait toujours accordé le bénéfice du doute aux gens, et, même maintenant, elle était convaincue que les évidences n’étaient pas aussi simples que ça, et que cette forme noirâtre était une sorte de possession, ou de malédiction.
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Au moins, elles étaient sur la même longueur d'onde : partir d'ici rapidement. Toutefois, le petit tour et la fumée ne sembla pas avoir été remarqué par l'héroïne qui s'enfonça dans les cryptes... Mais bon, sortir devant tout le monde sans que personne ne bronche, ça aurait été trop simple ! En arrivant dans un espace plus vaste, Esperanza déposa Navlys pour lui poser des questions et, accessoirement, qu'elle se reprenne un peu plus. Franchement, la sram venait d'utiliser sa magie alors faire celle qui ne peut pas bouger... Faut arrêter cinq minutes de prendre les gens pour des bouftouts... Mais la jeune femme continuait ! Elle se frotta le front et avait le visage crispé de douleur quand elle articula :
« On pourrait... en parler plus tard ?... Quand on sera en sécurité... par exemple... Tout ce que je peux... te dire pour l'instant... c'est que c'est en rapport... avec les démons... Mon sort d'invisibilité... ne dure pas éternellement... Dépêchons-nous de sortir... »
Tant bien que mal, elle parvint à se relever. Pff, chiquer. Navlys se rapprocha de la rouquine pour terminer ses mots :
« Je pense pouvoir marcher... mais pas courir... Quelle est la sortie la plus... rapide ? »
Rhalala, et dire qu'elle a l'air sincère. On y croirait presque hein ? Comment ? Elle est vraiment mal en point ?... Soit vous voulez me faire passer pour un idiot, soit vous ne vous rendez pas à quel point Sram peut être perfide... Ah bah tiens ! Vous voyez, on a raison ! Pourquoi est-ce que Navlys prend discrètement l'une de ses dagues, hum ? Sournoise, déloyal, machiavélique, les avatars de Sram sont la traîtrise incarnée ! On l'avait bien dit ! Mais nan. "Oh regardez la pauvre qui a mal, elle a besoin d'aide, vite on va l'aider" ET BIM ! Un coup de dague dans... un rat ? La dague avait frôlé Esperanza et Navlys, l'air de rien, se dirigea vers sa victime pour récupérer son arme avant de se retourner :
« Alors ?... On y va ?... »
Va pour cette fois... Mais nous t'avons à l’œil.
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Un sort d’invisibilité ? Surprise, Esperanza regarda autour d’elle, mais ne vit aucun miroir, seulement une flaque d’eau à proximité. Elle se rapprocha, et constata, avec surprise, qu’elle ne voyait pas son reflet dans l’eau. Prodigieux ! La magie... Elle était impressionnante, et la femme lui expliqua sommairement que cette histoire était liée à des démons, mais qu’elle n’avait pas envie d’en parler maintenant, préférant focaliser ses efforts sur la suite.
« Très bien... »
La femme lança soudain une dague qui frôla Lady Rawhide, et se planta dans un rat, surprenant cette dernière.
*Qu’est-ce que ça veut dire ?*
Est-ce qu’elle avait vraiment eu raison de libérer cette femme ? Ah, Esperanza et sa grande naïveté ! Son nom était vraiment bien choisi... Elle continuait toujours à avoir espoir dans les autres, même quand, comme en l’espèce, cet espoir était mal placé. Lady Rawhide se demandait donc si cet espoir n’avait pas été mal placé avec cette femme, qui lui indiqua alors d’y aller. Esperanza fronça les sourcils, restant silencieuse et inerte pendant quelques secondes, avant de s’avancer également, convaincue que, désormais, elle allait devoir jeter un œil méfiant sur elle.
Le duo retourna dans la crypte, une série de couloirs étroits reliés entre eux avec des pièces plus grandes, mais Esperanza mit la femme en garde, alors qu’on pouvait voir les torches des gardes qui brûlaient dans le couloir.
« Ils ont de l’obsidienne... Ton sort ne nous protègera pas à courte portée. Mieux vaut passer entre leurs lignes. »
Les soldats se déplaçaient prudemment, mais la crypte était relativement labyrinthique, ce qui amenait Esperanza à étouffer le bruit de ses pas, et à devoir marcher précautionneusement...
Vers la sortie...
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Strike ! Touché ! But ! Panier ! En plein dans le mile ! Un rat de moins, un ! Qu'est ce qu'elle détestait ces rongeurs ! Un tempérament bien étrange pour un avatar de Sram : ces ombres avaient pourtant l'habitude des égouts et de leur faune si dégoûtante. Peut-être était-ce dû à sa nature unique ? Quoiqu'il en soit, l'animal n'était plus un problème et Navlys pouvait maintenant se concentrer sur ses vrais ennuis : les gardes. Accompagnée de sa camarade de fortune, la sram retourna sur ses pas jusqu'à ce que celle-ci lui parle d'obsidienne. Elle ne comprenait pas le rapport entre ce minéral inoffensif dans son monde et son sort, ce qui lui fit froncer les sourcils, songeuses. Toutefois, Esperanza lui avait sauvé la vie et était en train de l'aider à s'échapper... Comment douter d'elle ? Les deux femmes poursuivirent donc en aillant ce facteur en tête, se déplaçant telles des félines approchant de leurs proies. Tout à coup, Navlys saisit le bras de la rousse et lui fit signe de ne pas faire de bruit. La disciple avait eu une idée et se concentra pour un nouveau sort qu'elle expliqua avant de lancer :
« Attend un peu... Je vais faire un double... Et les attirer... Ils seront moins nombreux comme ça... »
La sram se mit aussitôt à la tâche en liant ses mains devant sa poitrine et en fermant les yeux. Gardant les mains ainsi, elle posa les pousse dans le creux de ses seins et aplatit lentement ses paumes sur son corps, ses mains dégageant une légère lueur magique. Navlys appuya visiblement très fort sur son torse, levant sa poitrine qui tomba lorsque ses mains longèrent ses côtes. Une fois arrivée aux hanches, ses bras se levèrent brusquement et un double totalement identique à elle apparut dans un faible nuage de fumée blanchâtre. En un signe, l'invocatrice se fit comprendre et sa création s'éloigna discrètement.
« On repart... dans dix secondes. »
Navlys semblait sûre d'elle mais ce nouvel effort la fatigua : elle haletait. On pouvait clairement voir que ça la gênait. Crispée, frustrée, Navlys bouillonnait intérieurement : comment rester discrète avec une chienne en chaleur ?! Plus elle y pensait et plus son souffle était saccadée, ça ne présageait rien de bon. La jeune femme déglutit, ferma les yeux et tenta de se reprendre pendant les quelques secondes qu'elle avait imposé. Dix secondes. Dix secondes qui lui parurent aussi longues que dix minutes. Sa respiration redevenait plus calme et son bras vint se poser sur l'épaule d'Esperanza. Son regard brûlait d'envie de lui dire, de lui demander une faveur. Mais il était sûrement trop tôt... Comment réagirait une personne normale à qui on demanderait de vous assommer si on fait trop de bruit pour pouvoir s'échapper plus facilement ? Cette question lui traversant l'esprit, la sram se contenta de faire un signe de tête vers un couloir.
« Par là ? »
Au même moment, on entendit raisonner plus loin :
« LÀ ! LA PRISONIÈRE ! Aaah ! Je t'aurais ! Venez par-ici les gars ! »
Le double semblait faire son effet et la précipitation résonnait dans la crypte. Le calme plat avait cédé aux attroupements massifs de gardes, les bruits s'éloignant clairement des deux jeunes femmes. Très proche pour certains, on aurait dit que le sol tremblait ! Comment ça on exagère ?... Tiens, même Navlys eut la trouille et tira sur le bras d'Esperanza pour l’aplatir dans un enfoncement, se serrant contre elle alors que des gardes passaient devant leur couloir sans les voir. Inattention, manque d'obsidienne, excellente réaction de la sram ? Tout ce qui importait, c'est qu'elles n'étaient pas détectées.... et qu'elles étaient très collées serrées. La disciple n'y prêtait pourtant pas attention, guettant les mouvements de leurs poursuivants en regardant dans la direction des bruits. Ses yeux se posèrent ensuite sur la rousse, lui sourit et s'écarta pour la tirer de ce trou inconfortable.
« Désolé, je t'ai pas fait mal ? »
Même si elle aurait aimé prendre le temps d'avoir la réponse, Navlys reprit vers la sortie d'un pas de velours, veillant à ce qu'Esperanza la suive... pour qu'elle passe devant et lui indique la route !
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La diversion... Une technique très efficace pour s’évader, surtout avec la magie. Le caveau se composait d’une série de couloirs parallèles et de pièces en forme cylindrique. Il y avait de multiples endroits où se cacher, mais aussi de multiples endroits où se faire repérer. Et Esperanza ne voulait pas tuer d’innocents. Ces gardes étaient nerveux et idiots, mais ils ne méritaient pas la mort. Dans leur malheur, les deux femmes avaient la chance que les murs du caveau soient bien solides, empêchant ainsi les goules de s’y infiltrer. C’est ainsi que, alors que Lady Rawhide réfléchissait à un moyen de s’enfuir, que sa partenaire lui exposa une stratégie alternative, en créant, magiquement, un double d’elle-même, et s’en servit pour disperser les gardes.
« Bonne idée ! »
Est-ce qu’elle pouvait lui faire confiance, finalement ? La question continuait à la tarauder. Elle ignorait qui était cette femme, et elle n’avait pas oublié cette dague, qui avait filé très près d’elle... Bien trop près. Et, plus le temps passait, et plus elle se demandait si le caractère mystérieux de Navlys ne dissimulait pas une forme de schizophrénie latente. C’était une magicienne, et Esperanza avait des préjugés sur la magie, estimant que la magie avait des effets négatifs sur la stabilité mentale de leurs utilisateurs.
Le duo fila ainsi vers la sortie, mais des bruits de pas se firent entendre, et, sans pouvoir réagir, Esperanza sentit Navlys l’attraper, et la plaquer dans un renfoncement. La femme heurta le mur, et sentit la jeune Navlys se blottir contre elle, tandis que les gardes passèrent rapidement, probablement attirés par les bruits.
« Non, grogna ensuite Rawhide quand Navlys l’aida à sortir, y a pas de mal... »
Le duo s’avança ensuite, jusqu’à rejoindre l’entrée qu’Esperanza avait emprunté, mais cette dernière était bloquée par des gardes en hauteur.
« ’Chier... Okay, on progresse... »
Esperanza s’avança lentement, jusqu’à entendre des bruits de pas en approchant d’une grande pièce cylindrique. Il y avait un garde, seul, un hallebardier. Rapidement, Lady Rawhide posa un doigt sur ses lèvres, intimant à Navlys de rester silencieuse, puis s’approcha de l’homme. Furtive et discrète, elle s’approcha... Puis le frappa à la tête avec un caillou. Son heaume le sauva d’un violent traumatisme crânien, mais l’homme s’écroula malgré tout lourdement sur le sol.
« Il y a une sortie par là où il est venu... »
Elle marcha par là, et grimpa des marches en pierre qui l’amenèrent au cimetière à l’arrière de l’église. La forêt était accessible, et Lady Rawhide entreprit de s’y rendre, espérant chèrement avoir ainsi semé ces maudits gardes...
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Lady Rawhide répondit que ce n'était rien avant de reprendre la tête du duo. Elles étaient toute proche de la sortie maintenant mais quand Esperanza reconnu l'entrée qu'elle avait prise, ce sont surtout les gardes postés devant qui retinrent son attention ! Il était donc impossible de passer par là, surtout avec le sort d'invisibilité qui commençait à disparaître. Les deux femmes auraient pu tenter d'y aller si la magie persistait en pariant sur le nombre insuffisant d'obsidienne pour que chaque garde en soit équipé, mais là... Il n'y avait pas d'autre alternative que de trouver un autre passage pour ne pas se faire repérer.
Très vite, la paire arriva dans une nouvelle pièce sécurisée cette fois-ci par un unique soldat. Navlys prit une dague en main lorsqu'elle vit sa collègue lui demander le silence par la gestuelle. Sa main relâcha donc l'arme et la jeune femme se mit à couvert tout en l'observant se charger de la situation. L'action de l'héroïne fut brève et en deux temps, trois mouvements, le garde était inconscient, étalé au sol. La sram fut très satisfaite mais loin d'être surprise : ce n'était peut-être pas elle lors des péripéties en surface, mais Navlys avait assisté à tout, totalement impuissante. Elle avait donc tout naturellement une totale confiance en Esperanza et visualisait plus ou moins ses capacités. Cette broutille mise de côté, cette dernière remarqua qu'il y avait très certainement une sortie dans cette direction.
« Je l'espère... »
La fatigue commençait à la décourager. C'était étrange. Son état, aussi bien physique que mental, semblait varier à chaque instant. En ce moment, la jeune femme respirait de nouveau difficilement et des gouttes de sueur ruisselaient sur son visage : se reposer lui ferait surement le plus grand bien. Et alors que l'héroïne continuait, le duo sortit enfin des cryptes et repéra une forêt où se réfugier pour échapper définitivement aux gardes. Pour l'heure, se sentir en sécurité était une priorité absolue ! Néanmoins, la forêt n'inspirait pas confiance à la sram... Trop de mauvais souvenirs dans cet environnement lui forgea une profonde méfiance envers la nature. En vérité, il n'y en avait qu'un seul, mais il était de taille : c'est le lieu de rencontre qui scella son destin avec celui du Shushu. Navlys se manifesta donc d'une voix tremblante en espérant que l'aventurière pourrait lui proposer une autre alternative.
« A-Attend... Je préférerais éviter la forêt... Si possible... Elle... Ce lieu... Il ne m'inspire pas confiance... Et j'aimerais pas redevenir comme ce que tu as dû affronter toute à l'heure... »
Elle laissa planer un certain silence avant de reprendre.
« Je t'ai dit que mon état qui a fait tant de dégâts était lié aux démons... Pour être plus exacte, c'était un Shushu... Des démons liés à des objets qui prennent possession du corps de leur utilisateur... Je n'ai jamais rien voulu de tout ça... Mais... Il y a maintenant plusieurs mois... Je n'étais pas ainsi... J'étais encore différente... Je ne sais pas ce qui m'arrive mais... Non, on verra ça plus tard, la forêt... Il y a plusieurs mois donc... J'étais dans une forêt, similaire ou non, cela n'a pas d'importance à mes yeux.... C'était un foyer provisoire et, un matin, des hommes sont venus. Un en particulier. Ils me cherchaient, moi, alors que je venais d'arriver. Je n'avais créer aucun lien avec des gens, je m'étais simplement réfugier dans cette forêt ou j'avais pris plaisir à vivre... Mais ils étaient venus pour moi. Nous nous sommes battus... J'ai perdu... Ils m'ont enlevé... Ils m'ont... »
La jeune femme se crispa avant de poursuivre :
« fait des choses... ça m'a transformé et... ce Shushu est apparu également... Et s'est très vite approprié mon corps... »
Sa voix s'accéléra, paniquée :
« Je ne comprend toujours pas comment, ni pourquoi... Je ne comprend même plus qui je suis vraiment... mais... Je n'ai jamais rien voulu de tout ça et je ne veux pas que ça recommence... S'il te plait... évitons la forêt... Ce lieux est maudit.... »
Sa respiration saccadée s'était aggravée par l'angoisse, ses sueurs se multiplièrent et des larmes commençaient à perler sous ses yeux rouges chargés d'émotions. Navlys avait peur, elle était terrorisée à l'idée de retrouver ces plantes et ces arbres. La jeune fille n'arrivait plus à tenir les barrières émotionnelles imposées par Sram et retournait dans son tempérament si enfantin sans que cela ne change son apparence. Elle avait besoin de quelqu'un pour la réconforter alors que ses jambes la lâchèrent, tombant ainsi assise par terre alors que ses mains venaient tenir son visage larmoyant.
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La forêt était leur seule échappatoire pour Lady Rawhide. Il n’y avait tout simplement pas d’autres options. La ville avait partiellement brûlé, et il y avait des gardes partout, sans compter que toute la garnison locale devait maintenant les rechercher, et, quand ils comprendraient que la crypte était vide, ils étendraient rapidement leurs recherches au périmètre entourant l’église. Navlys lui avait expliqué qu’elle avait peur de retourner dans la forêt, parce que c’était là qu’elle avait été capturée. Les explications de la femme n’étaient pas très claires, relativement confuses, mais Esperanza en déduisit une chose essentielle : le problème ne venait pas de la forêt en elle-même, amis des gens qui lui étaient tombés dessus.
« Une forêt n’est pas plus maudite qu’une crypte, ou qu’autre chose. »
Il existait des forêts maléfiques, mais le maléfice venait souvent de sorcières, ou de créatures rôdant à l’intérieur. En l’état actuel des choses, cette forêt n’était pas hantée.
« Et nous n’avons pas d’autres solutions. Tout le village en a après nous. Si on reste ici, ils vont venir et nous prendre, et on ne peut pas fuir par les routes non plus. »
En réalité, toutes leurs options semblaient, en ce moment, être compromises… Sauf fuir par la forêt. Ainsi, et peu importe par quel côté on tournait les choses, la fuite en forêt était, pour Lady Rawhide, la seule chose à accomplir. Néanmoins, avant de faire cela, elle avait le sentiment que Navlys avait besoin d’être rassurée. Néanmoins, il était difficile de dire, en l’état, si elle était sérieuse, ou si ce n’était une sorte de jeu bizarre, et incompréhensible pour l’aventurière.
Fléchissant les genoux, elle posa ainsi une main réconfortante sur son épaule :
« Écoute, tu n’as pas eu de chance, mais, si on reste là, ils vont te capturer… Tu n’as pas à t’en faire, je te protègerai dans cette forêt. Tu peux me faire confiance, non ? »
Le temps, néanmoins, leur était compté, car, plus elles discuteraient ici, et plus les gardes risquaient de débarquer, et de se mettre à fouiller ce cimetière…
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Cette main réconfortante la fit relever la tête. Toute cette pression lui donnait une sale mine mais en voyant l'assurance d'Esperanza, Navlys renifla et se reprit tout doucement. La rousse dû se contenter d'un hochement de tête comme réponse et la jeune femme demanda son aide pour se relever. Son regard se tourna vers la crypte et le village avant de fixer la forêt. Elle ne voulait vraiment pas y aller... Mais cette fois, elle n'était pas seule. Sa salive avalée, l'avatar de Sram se dirigea avec sa sauveuse vers la forêt.
Celle-ci n'avait rien de particulier en apparence, et probablement aussi en réalité mais, bon, on ne sait jamais ce qui peut arriver... Des arbres, des buissons, de la mousse, pour l'instant, tout était parfaitement normal. Le silence n'y régnait pas pour autant, bien au contraire : les feuillages étaient bercés par le vent, les oiseaux chantaient, des écureuils glapissaient et des branches craquaient. Normal, deux femmes marchent en forêt et même en faisant attention, il était difficile de ne pas marcher par inadvertance sur une brindille ou quelque chose de plus gros. Sauf qu'à un moment, le bruit ne venait pas de sous leurs pieds. Le premier réflexe de Navlys fut de saisir sa dague mais à peine en main, le craquement se transforma en brouhaha se rapprochant dangereusement. Quelque chose était en train de charger vers elles !
Regardant rapidement autour d'elle, l'avatar de Sram chercha un endroit où surprendre peu importe ce qui allait arriver. Cependant, alors qu'elle allait se mettre derrière un arbre, la chose sortit des fourrés : un sanglier ! Il n'avait pas l'air content du tout mais en voyant que le danger n'était pas si impressionnant que cela, Navlys se chargea de l'animal en une fraction de seconde. Il courrait en ligne droite, rien de plus simple à esquiver. La jeune femme le fit en tournant sur sa droite dans un mouvement proche de la danse. Ses vêtements légers cachèrent brièvement la vision du sanglier en passant devant ses yeux, mais il était déjà trop tard : une dague se planta en pleine nuque du mammifère alors que la disciple se mettait à genoux. En se relevant, elle retira son arme d'un coup sec et essuya la lame sur la fourrure avant de se tourner vers Lady Rawhilde.
« Tu avais raison mais... Pourquoi nous a-t-il chargé dessus ? C'est étrange, nan ? »
Une fois le sang retiré de sa dague, Navlys la rangea et se rapprocha de son amie en enjambant l'animal. La présence d'Esperanza la rassurait, mais cette événement l'inquiétait tout de même. Elle avait besoin de savoir la suite, ce que la rousse avait en tête maintenant.
« On va s'enfoncer encore ? C'est quoi ton plan ? Je te dois la vie et je t'en suis très reconnaissante mais... Je n'aime pas avancer dans le noir. »
Elle termina sa phrase en grimaçant et en se grattant la nuque. La jeune femme semblait tellement innocente malgré ses capacités meurtrières qu'elle avait montré à plusieurs reprises. Son état changeait du tout au tout. Un danger ? C'était l'excellente assassin et tueuse. Une accalmie ? Cette fois, la fillette se manifestait.
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À vrai dire, pour Esperanza, la question ne se posait même pas. Si les gardes leur mettaient le grappin dessus, ce serait le cachot assuré ! La forêt était donc le seul moyen de fuite possible, en sachant que, vu que Navlys avait tué, les gardes ne les laisseraient pas partir si facilement. Il fallait donc se hâter, et, fort heureusement, l’énigmatique femme sembla revenir à la raison, puis le duo fila dans la forêt. Esperanza menait la marche, et s’avança le long de sentiers. La forêt n’était pas très dangereuse. Oh, il y avait bien des animaux sauvages, mais fort peu. L’incendie avait, de plus, dû faire fuir la plupart des bêtes. Le duo vit quelques arbres noircis, mais les mages avaient bien fait leur travail, étouffant le brasier avant qu’il ne devienne un incontrôlable feu de forêt. Le duo s’avança donc, longeant des rochers élevés, jusqu’à entendre des bruits de sabots. Esperanza s’arrêta sur place, saisissant les Colts accrochés dans son dos, à hauteur de sa ceinture (donc, de ses fesses, en réalité), mais Navlys réagit plus rapidement, et se rua vers le sanglier, avant de le tuer à l’aide d’un mouvement d’esquive rapide, qui n’était pas sans rappeler celui des toréadors... Puis elle planta sa dague dans sa nuque, et, à la surprise de Rawhide, qui connaissait la férocité de ces monstres, vit le sanglier s’écrouler sur le sol.
Les deux femmes se regardèrent ensuite brièvement, Navlys exprimant sa curiosité à l’idée que cette bête les attaque.
« Le sanglier est un prédateur. La Nature n’a besoin d’aucune autre explication pour prendre la vie. Mais je pense que l’incendie a dû le paniquer, il a dû nous prendre pour des ennemis... »
Difficile à savoir, car Esperanza ne parlait pas le sanglier, et elle entendit des bruits de voix et de pas.
« Ils nous poursuivent... »
Entre-temps, Navlys lui avait demandé quel était son plan, et Esperanza la regarda silencieusement. Le soleil commençait à se coucher, et les gardes étaient repérables par leurs torches, qui brillaient dans l’obscurité.
« Mon plan ? Mon plan, c’est de partir d’ici, et de les semer... Tu crois que j’ai eu le temps de réfléchir à autre chose ? J’ignore tout de cette région, ou presque. »
Esperanza reprit ensuite sa route, plus rapidement, n’ayant guère envie de discuter, en se disant que le hurlement mourant du sanglier avait dû attirer les gardes. Et, effectivement, quelques instants après cette scène, les gardes se rapprochèrent, inspectant le cadavre de la bête.
« La plaie est récente... Elles ne peuvent pas être loin, nota un soldat en s’agenouillant.
- Poursuivez la battue ! Ne laissez pas ces sauvages s’échapper !! »
Quand les soldats se déplacèrent, Esperanza et Navlys s’enfonçaient dans la forêt, jusqu’à atteindre le lit d’une rivière, qu’Esperanza se mit à suivre. Arriveraient-elles à s’enfuir ?
Ou allaient-elles de Charybde en Scylla ?
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L'héroïne avait répondu plutôt sèchement à la jeune fille avant de se hâter dans leur fuite. Navlys avait-elle dit ou fait quelque chose qui le lui plaisait pas ? La disciple ne sût quoi répondre et baissa la tête en la suivant. C'était la faute du Shushu, pas la sienne. Cette pensée tournait dans tous les sens, tentant de se convaincre de son innocence. Jamais elle n'aurait fait cela d'elle même, jamais elle n'aurait tué pour le plaisir, déclencher ce feu pour voir ces visages paniqués... Ce n'était pas si mal tout qu'on de fait ? Si... si... ça l'était... En êtes-vous sûr ? Ces gens étaient des esclavagistes... Ils emprisonnent, maltraitent et tuent des personnes pour leur simple confort. Ce ne sont pas des bienfaiteurs mais des bourreaux. Les exterminer revient à écraser les cafards d'un grenier : rudimentaire mais efficace.... Cela reste pourtant un meurtre.
Plus que ses propres pensées, Navlys était prise dans un conflit interne où Sram tentait de s'imposer dans ce corps si fragile. Le démon qui avait permis la création du Shushu fit beaucoup plus de dégâts à sa pauvre âme qu'on aurait pu le croire. En effet, le dieu de la mort et de la tromperie était rarement soutenu par le reste des Douzien. Toutefois, sa liaison avec le Shushu instaura le doute au plus profond de son esprit. Ses différents caractères n'étaient sûrs de rien... Il était vrai que ces gens n'étaient pas la bonté incarnée mais le châtiment fût bien trop sévère et impulsif. Et cette confusion profitait évidemment à Sram.
Suivant en silence, s'attardant parfois en se perdant dans ses réflexions, Navlys suivait Esperanza. Cette dernière était trop occupée à chercher une échappatoire pour remarquer le tourment de l'avatar. Assez rapidement, le duo arriva à une rivière et la rousse se mit à la longer mais pas la disciple qui resta fixe face à cette eau. Elle réfléchissait, se retourna vers la ville puis regarda lady Rawhide. Sa bouche s'ouvrit, mais leur dernière conversation la dissuada de parler à nouveau. Navlys hésita à refaire un double pour troubler les pistes mais elle se ravisa et se pressa pour rattraper son retard sur la rousse.
Plus loin, une petite cabane en bois au bord de la rivière attendait notre duo. Visiblement déserte, elle pouvait très bien être utilisé par les bûcherons de la ville... ou par une sorcière. L'atmosphère entourant cet endroit était très particulier dans le sens où l'illusion et la réalité se trouvait sur une frontière difficilement détectable. Voyaient-elles des bûches ou des jarres ? Des copeaux de bois ou des potions ? Ce qui était sûr, c'est qu'il n'y avait personne. Pour l'instant...
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Le ton d’Esperanza était effectivement sec, mais ce n’était pas spécialement à l’encontre de Navlys, plutôt à cause du fait que les deux femmes étaient actuellement dans une drôle de position. L’armée les traquait, et Esperanza était donc sous tension. De plus, elle aidait une femme dont elle n’était toujours pas sûre de la loyauté, ayant encore, en tête, l’épisode de la crypte, où la femme avait manqué de peu de la poignarder. Plus globalement, Lady Rawhide avait des questions en suspens, et, tant qu’elle n’en aurait pas les réponses, elle serait donc... Nerveuse. Elles remontaient donc le lit de la rivière, quand Esperanza, en tendant l’oreille, entendit les aboiements de chiens.
*Merde, ils vont pister nos odeurs...*
Elle n’avait pas vu Navlys tenter de lui proposer quelque chose, étant, en l’état actuel des choses, trop occupée par s’assurer qu’aucun archer ne débarquerait pour les occire. Elles s’avançaient donc, et finirent par rejoindre une sorte de petit cabanon le long de la forêt. Un endroit abandonné, et qui avait commencé à pourrir. Inutile d’espérer se cacher là-dedans, mais, en se rapprochant, Esperanza put voir qu’il ressemblait à une sorte de hutte de chasseur.
« Hum... Remontons par là. »
S’il y avait une structure ici, c’est que, peut-être, il y avait autre chose plus loin ? En suivant cette idée, Lady Rawhide se mit à avancer le long des arbres, adoptant une démarche rapide, tout en essayant, autant que faire se peut, de masquer ses traces. Cependant, la femme avait plus l’habitude du désert que d’étouffantes forêts, de grands espaces chauds, plutôt que ces endroits clos où des branches d’arbres venaient continuellement vous fouetter le visage.
Lady Rawhide finit par grimper une colline, avec un dénivelé de plus en plus élevé, jusqu’à réussir à contourner cette butte, pour voir, au-delà des arbres, un ancien manoir abandonné.
« Et ben ça... »
C’était une structure en pierre partiellement détruite, clairement abandonnée, avec de la végétation qui poussait dedans. Esperanza vit que l’entrée principale était inaccessible à cause d’un éboulement, et, après avoir fait le tour de la propriété, nota la présence d’une poutre en hauteur. Avisant cette dernière, elle lança son fouet, et ce dernier alla s’enrouler autour de cette dernière. Tirant un peu dessus, elle constata que la poutre était solide.
« Okay... On va se cacher là... J’espère que les chiens ne nous pisteront pas. Je vais grimper d’abord. Si ça supporte mon poids, ça supportera aussi le tien, Navlys. »
Esperanza se mit donc à grimper, et constata, au grand bonheur, que la poutre tint bon. Après un peu d’escalade, elle se hissa sur la poutre, puis invita Navlys à la rejoindre.
L’avantage de ce manoir, c’est qu’ils avaient un point de vue dégagé sur toute la région.
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Sans trop de surprise, c'est l'héroïne qui brisa le silence du duo en arrivant près du cabanon. Elle n'y jeta qu'un rapide coup d’œil et préféra l'ignorer pour indiquer qu'il valait mieux continuer, surement une sage décision. Navlys se contentait de suivre sans broncher. Tout ce qu'elle avait entreprit d'elle-même depuis maintenant plusieurs mois c'était toujours soldé par des échecs ou des conclusions malheureuses. Confier son destin à une parfaite inconnue lui semblait être la meilleure option pour arranger ça... Mais bon, ne soyons pas mauvaise langue ! Celle-ci s'était montrée extrêmement généreuse depuis leur première rencontre et il y avait peu de chance que cela change. Sauf que c'était un avatar de Sram à présent et, par conséquent, le simple concept de la confiance... n'existe pas. Même s'appuyer sur leur dieu était quelque chose d'absurde à leurs yeux. Certes ils le vénéraient et utilisaient son pouvoir, mais lui demander de se charger d'un problème ? Autant demander à Enutrof de partager ses kamas ! La complicité devait être ce qui se rapprochait le plus de la confiance mais pour ça, il fallait des intérêts communs et, pour le moment, Navlys n'avait pas la moindre idée des intérêts d'Esperanza. La jeune disciple, en bonne sram qu'elle était, se méfiait donc à présent. Le dieu de la mort et de la fourberie l'emportait sans le moindre problème sur les onze autres dans son corps frêle et instable.
Durant cette réflexion pour le moins obscur, Lady Rawhilde s'était aventurée au sommet d'une colline que Navlys surmonta peu de temps après. Elles y virent cet imposant manoir de pierre, à moitié en ruine. Ce lieux émerveilla le cœur de l'avatar ! Quoi de mieux que pour un sram que de se dissimuler dans une vieille bâtisse dégradée ? Probablement le cimetière que les deux femmes avaient abandonné, mais ce dernier était compromis et ce manoir convenait parfaitement à la situation ! Le duo s'y approcha sans la moindre hésitation, nous évitant ainsi une longue et terrible description de l'endroit. Aaah, quel plaisir !* Plus sérieusement, l'entrée obstruée poussa Esperanza à utiliser son fouet pour grimper vers un accès plus en hauteur. Avant d'entamer l'escalade, l'héroïne signala son inquiétude au sujet des chiens qu'elles entendirent plus tôt.
« Il y a peu de chance qu'ils aient une piste. Je ne me souviens pas avoir vu un chien sentir mon odeur et, à moins que tu aies fait tomber quelque chose, ils n'ont aucune chance de.... »
À cet instant, elle se souvenu de la bague, celle qui était à l'origine de tout ceci, celle qui l'avait transformé en Shushu. Navlys serra le poing et ne put s'empêcher de l'abattre contre le mur en pierre le plus proche en laissant échapper un juron. Sa colère absorbait la douleur du choc mais elle fit tout de même danser ses doigts pour calmer ses articulations. Ils avaient au moins son odeur et c'était amplement suffisant pour les traquer, à moins que ce ne soit l'odeur de la Shushu ? La sram ne le savait pas à cet instant mais, du fait de son déséquilibre corporel, chacune de ses formes avaient belles et biens chacune des caractéristiques différentes. Ainsi, même si la Shushu s'était greffé sur l'avatar de Sram, ce n'était pas le corps de la disciple mais celui de la démone ! Par conséquent, les chiens ne sentaient pas ce que les gardes aimeraient retrouver et, s'ils avaient une piste, leurs meilleures amies allaient les conduire totalement à l'opposé des deux jeunes femmes ! Mais ça, elle ne pouvait en avoir conscience.
Navlys cherchait une alternative mais, il n'y en avait pas dans l'absolue. Elle se retourna alors vers Esperanza sans terminer sa phrase. La réalité la rattrapant, sa main intacte se mit à masser celle endolorie par son énervement tandis que son regard se posa inévitablement sur le fessier musclé et bien en forme de l'héroïne. Ses rondeurs et sa tenue affriolante captivait totalement la jeune sram qui ne s'humecta les lèvres malgré elle. Envoûté quelques secondes, la disciple secoua la tête pour se reprendre lorsque Lady Rawhilde atteignit son but. C'était son tour à présent. Navlys ne perdit pas plus de temps en pensées obscènes et attrapât le fouet pour conclure cette escalade. Toutefois, elle gardait à l'esprit cette vue généreuse en oubliant son inquiétude vis-à-vis de la bague de Shushu.
Une fois toutes deux en haut, le duo put constater l'état assez déplorable de l'endroit. Extrêmement poussiéreux et rempli de toiles d'araignées, il y avait au sol un tapis qui devait être rouge avant d'être recouvert des cendres et des saletés qui volèrent pendant plusieurs dizaines voire centaine d'années autour de ce manoir. En suivant du regard ce tissu délabré, leurs regards pouvaient se poser sur quelques meubles luxueux en chêne, certains encore intacts et seulement sales mais majoritairement endommagés. Les deux femmes se trouvaient dans un long couloir qui menait à l'aile Est du bâtiment. En se positionnant vers là où elles étaient grimpées, ces deux partenaires d'infortunes avaient derrière elle un autre couloir, plus difficile d'accès à cause du trou béant par lequel elles avaient pu arriver ici. Rien d'insurmontable mais il fallait tout de même sauter avec un peu d'élan pour arriver de l'autre côté, l'éboulement en contrebas ne permettant pas d'escalader et bouchant simplement la pièce sous cet autre couloir. La voie naturelle était donc de se diriger vers l'Est du manoir via ce couloir où elle se trouvait à l'extrémité. Navlys laissait une nouvelle fois sa sauveuse prendre l'initiative en se contentant d'observer le lieux, évitant autant que possible de poser son regard sur la cowgirl. Se faire charmer aussi facilement était indigne de Sram mais... La disciple était incapable de chasser cette image de sa tête et s'efforçait de ne pas y penser en portant une attention très particulière, presque troublante, pour les toiles d'araignées.
* Je tiens à préciser que c'est simplement une blague ! ;D J'adore faire des descriptions même si j'ai parfois un peu de mal à les lire (et aussi à les construire D: )
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Indifférente aux œillades de Navlys sur sa croupe (et il était vrai qu’Esperanza avait un fessier des plus magnifiques), Lady Rawhide l’aida à grimper, puis elles se mirent à marcher, inspectant ce manoir abandonné. Le temps l’avait érodé, faisant s’effondrer plusieurs parties de couloirs, ou des morceaux de murs. Esperanza menait la marche, toujours sans savoir que Navlys en profitait pour se rincer l’œil, et elles enjambèrent un trou dans le sol, puis continuèrent à marcher.
Les poutres en bois avaient été attaquées par des insectes nuisibles, termites, charançons… Il se dégageait ainsi de certaines pièces une forte odeur de moisissure. Esperanza s’approchait d’un escalier à l’est, et constata vite qu’il était effondré vers le bas.
« Bon… On grimpe, alors. »
Grimper, ça semblait être la meilleure option, ce qui les amena près d’une porte grinçante et défoncée à coups de haches. Esperanza la poussa, et vit une ancienne chambre, qui semblait visiblement être la pièce la mieux en état… Mais également vide. Il restait quelques commodes, et on avait balancé les tiroirs sur le sol, prenant manifestement tout ce qui avait de la valeur, ne laissant plus qu’une pièce vide, avec un plancher qui grinçait nerveusement sous leurs pas. Néanmoins, depuis les fenêtres, Esperanza avait une bonne vue sur la région, et, alors qu’elle observait, elle serra les dents en voyant une patrouille qui se rapprochait.
« Merde, ils sont là… »
Elle s’abrita instinctivement, comme si les gardes pouvaient la voir depuis le sol. Un chien était avec eux. La patrouille observa silencieusement lez manoir, avant que d’autres soldats n’approchent, et ne commencent à faire le tour. Ils parlaient à voix forte, mais Esperanza avait du mal à les entendre.
« … ‘Pas… ‘Er… Ruine…
- ’Gereux… »
Ils firent encore le tour, puis repartirent, tandis que les chiens aboyaient et grognaient. Lady Rawhide en avait même retenu son souffle, mais, en les voyant s’écarter, un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres. Visiblement, ils avaient estimé le manoir trop dangereux pour se risquer à s’y aventurer. Cependant, ce que les gardes savaient, et non Lady Rawhide, c’est que ce manoir abritait aussi, sur son toit, un nid… Et la cocatrix (http://thewitcher3.fr/data/xengallery/1/1510-b82764ec62caa53deb112e18ce589a79.jpg) qui y avait posé ses œufs, et qui était actuellement en train de chasser, n’aimait guère les visiteurs imprévus.
Mais ça, Esperanza l’ignorait, et elle se retourna vers Navlys.
« Bon… Je crois qu’on est tranquilles pendant un petit moment. On va pouvoir discuter, toi et moi… »
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Sauter, grimper, enjamber... Cette ruine était digne d'un parcours du combattant ! En plus de ça, l'odeur infecte de moisissure planait partout où les jeunes femmes s'aventuraient. D'une certaine manière, ce n'était pas plus mal pour Navlys : cette senteur l'aidait à chasser ce désir mal placé compte tenue de la situation. Le duo arriva dans ce qui s'apparentait à une chambre qui fût plus ou moins épargnée comparée au reste de la demeure. En regardant par la fenêtre, Esperanza put voir une patrouille qu'elle signala et Navlys l'imita donc pour éviter de jouer avec la chance. Même si elles étaient potentiellement hors de vue, il ne valait mieux ne pas prendre de risque. Les hommes ne restèrent pas très longtemps et, après avoir fait le tour du bâtiment, ils repartirent en suivant leurs chiens qui avaient visiblement trouvé autre chose. Ces derniers ne pouvaient pas réellement pister avec certitude les demoiselles. Si les gardes avaient utiliser la bague de Nomed, c'est vrai une bien triste surprise qu'ils risquaient de se diriger...
Cependant, la cowgirl et l'avatar n'était pas au courant de ce détail, ni de l'existence d'un cocatrix dans ces ruines... À son retour, les choses risqueraient d'être tendues mais pour l'heure, Esperanza voulait discuter sérieusement. Autoritaire et pleine d'assurance, elle fixait Navlys qui se massa la nuque, visiblement gênée et embêtée par la situation. Après une petite grimace, elle prit brièvement la parole.
« Je comprend et c'est normal... Mais je ne suis pas sûre de pouvoir répondre à tes questions. J'en ai moi-même des dizaines sur ce qu'il m'est arrivé... Tout ce que je veux, c'est rentrer chez moi... »
Chez elle... Lorsqu'elle fit cette allusion, le doute s'installa en elle et ses yeux se froncèrent. Avait-elle seulement une maison ? Navlys, avatar de Sadida, oui, évidemment. Son clan, sa famille et son monde l'attendait. Mais qu'en était-il de cet avatar de Sram ? En changeant de corps et de comportement, ses souvenirs s’altéraient également et tout ce qui remontait à avant son arrivée sur Terre était flou. Ce n'était pas les souvenirs de cette disciple, mais de celle qu'il y avait avant, la disciple de Sadida. En tant que sram, son histoire avait commencé après s'être faite capturée. Par conséquent, elle n'avait aucun point d'appuie, aucun but particulier si ce n'est de survivre. Navlys cligna des yeux face à cette réalisation et secoua légèrement la tête, n'ayant entendu que la fin de ce qu'Esperanza lui dit pendant ce temps de réflexion. Confuse, elle tenta d'articuler.
« Je... Excuse-moi... Tu veux bien répéter ?... »
Réfléchir était difficile dans sa situation et la menace du cocatrix pourrait bien mener l'avatar vers une nouvelle transformation... Idiot et combatif, les deux signes distinctif d'un iop en puissance. Cela sauverait probablement les deux aventurières de ce danger sans trop de contre-partie... Mais quelle serait la réaction d'Esperanza face à un nouveau changement ? Comment se comporterait également Navlys avec cette nouvelle identité ? C'était difficile à prévoir... Mais si une chose était sûre, c'est que ce corps instable prendrait les traits du dieu Iop si une riposte musclée était impérative pour sauver quelqu'un d'un danger imminent.
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Converser avec Navlys n’était pas vraiment simple, vu qu’elle esquivait toutes les questions, derrière des réponses vagues, réponses qui, pour Esperanza, avaient tout des excuses rapidement trouvées. Elle resta donc silencieuse, et observa encore par la fenêtre, assise contre le mur. Il allait falloir attendre un peu, probablement jusqu’au soir, où les patrouilles commenceraient à se calmer. Pour l’heure, sortir était trop dangereux. En soupirant, Lady Rawhide appuya sa tête contre le mur, et ferma les yeux, en tentant de reprendre son souffle, et de trouver comment tuer le temps... Puis Navlys lui demanda alors de « répéter », et, surprise, Esperanza rouvrit les yeux.
« Hum ? Tu te mets à entendre des voix ? »
Elle n’avait rien dit, ce qui lui rappela de se montrer prudente envers cette femme, dont elle ne savait rien. Lady Rawhide lui avait accordé le bénéfice du doute, parce que, du fait de son passé, elle se méfiait des autorités légales, qui étaient souvent à même de faire de l’abus de pouvoir. La regardant silencieusement, elle finit par parler, en se disant que, en se confiant, cette jeune femme arriverait peut-être enfin à sortir de sa coquille... Même si elle avait l’air légèrement cinglée.
*D’un autre côté, venant d’une fille qui se déplace en tenue de strip-teaseuse, ce jugement peut être mal placé...*
Esperanza se lança donc :
« Je m’appelle Esperanza, Navlys... Je suis une esclave en fuite, qui s’est révoltée contre ses maîtres en les tuant lors d’une révolte d’esclaves. Toute la vie, je n’ai connu que la servitude, dans une mine à ciel ouvert. »
Assise contre le mur, elle avait fini par retirer son chapeau, le posant à côté d’elle, et observa encore la forêt.
« J’ai toujours eu envie d’explorer le monde, et, plus que ça, de lutter contre cette injustice que j’avais subi. Voilà pourquoi je suis Layd Rawhide. Une femme qui lutte contre l’exploitation, et toute forme d’injustice. Et c’est pour ça que je t’ai sauvé, parce que j’avais le sentiment que tu n’étais pas responsable de ce qui s’était passé dans ce village... »
Se taisant ensuite pendant quelques secondes, elle finit par rajouter :
« Et j’espère bien ne pas m’être trompée... »
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Folle ? Navlys ? Très certainement. Esperanza lui fit remarquer qu'elle n'avait rien dit pendant son délire interne. Était-ce son esprit qu'elle avait entendu ? Ou bien quelque chose de plus malveillant ? Le cocatrix se rapprochait vers son nid et son instinct de survie jouait des tours à la Sram. Mais ça, c'était un autre problème qu'elle ne pouvait avoir conscience.
Lady Rawhide se présenta alors à la jeune sournoise, écoutant son passé avec attention. L'esclavage n'existait pas dans son monde et ce concept lui avait été présenté de la plus horrible des façons en devenant l'une d'entre elles pendants ces derniers mois. La belle femme révolutionnaire poursuivait, soulignant son désir d'aventure et de soulèvement. Elle termina son récit sur les récents événements, s'interrogeant subtilement sur les intentions de Navlys qui baissait la tête. La petite s'en voulait terriblement de tous ces meurtres mais dans le fond, son esprit tentait de lui persuader que ce n'était pas si grave... La sram redressa son visage pour répondre timidement :
« Je... Je n'ai jamais voulu faire ça... Tuer des gens... C'est pas moi... Je ne me reconnais plus depuis... depuis plusieurs mois... J'ai l'impression de ne plus savoir qui je suis... J'ai mal à la tête, je pense à des tonnes de choses... Je ne comprend rien ! Tu dois me croire quand je te dis que je ne voulais pas tout ça ! Tout ce que je veux... tout ce que je veux c'est... C'est rentrer... Oublier tout ça... Toute cette horreur et... »
Elle ne termina pas sa phrase en entendant un grincement venant de derrière. Tout en se retournant, Navlys attrapa ses dagues avant de s'agenouille pour se dissimuler. Le bruit recommença et, maintenant très attentive, la sram leva la tête en comprenant que quelque chose se trouvait au dessus. Jetant un regard vers Esperanza pour lui faire signe de ne faire aucun bruit, la disciple commença à utiliser sa magie pour... *KRAAAK*
Le plafond s'effondra soudainement sous la puissance du cocatrix qui se rua vers Navlys, propulsé dans un mur et tombant certainement dans l'inconscience à cause de la violence du coup. Le monstre se tourna ensuite vers Esperanza pour pousser un cri vigoureux, voulant clairement l'effrayer maintenant que son effet de surprise n'existait plus. L'animal n'allait pas tarder à s'attaquer à l'ancienne esclave !
Bien enfoncée dans un trou fraîchement creusé par son corps, l'avatar bouillonnait intérieurement. La douleur était intense, mais c'est sa fierté qui avait pris le plus chère. Ses muscles se crispaient, ses traits se transformaient progressivement... L'esprit du Dieu Iop réclamait vengeance ! D'ici à quelques minutes, la puissante guerrière (http://img4.hostingpics.net/pics/305497bloggif56a273e583b6a.jpg) se réveillerait pour ne faire qu'une bouchée de la volaille. Espérons que sa camarade tienne le coup pendant ce temps...
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Esperanza venait de se confier, visiblement pour tenter d’amorcer un rapprochement entre les deux femmes, pour briser la glace. Après avoir fui la milice et les gardes, ce moment lui semblait en effet être propice, d’où le fait qu’elle se confie. Elle ne ressentait aucune gêne, par ailleurs, à évoquer son passé. Esperanza était une esclave en fuite, et ce nom, elle n’était même pas sûre que ce soit son nom de baptême. Lady Rawhide, par exemple, était le nom d’un personnage qu’elle avait lu dans des strips et des bandes dessinées. Un personnage de fiction qui datait d’il y a quelques dizaines d’années, une espionne tekhane qui se faisait passer pour une strip-teaseuse, à une époque où, craignant une invasion ashnardienne, Tekhos avait rempli les Badlands de casernes et de bunkers. Sans trop savoir pourquoi, Esperanza avait fantasmé sur cette icône de la pop culture, celle d’une femme qui n’avait pas froid aux yeux, indépendante et talentueuse, qui réglait les problèmes à coups de Colt. Elle avait finalement choisi de copier son modèle, en voulant être autre chose qu’Esperanza, en voulant porter un autre symbole que celui d’une esclave en fuite : celle d’une figure de liberté et d’indépendance, de justice et d’insoumission à des lois injustes.
Lady Rawhide était née, et elle sillonnait maintenant le monde à la recherche des injustices à vaincre. Voilà ce qui expliquait sa présence ici. Navlys, elle, ne tarda pas à confesser, en indiquant qu’elle était confuse, qu’elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait en ce moment. Son désarroi avait l’air sincère, et, assise au fond de la pièce, Esperanza commença à entrouvrir les lèvres, comme pour tenter de lui dire quelque chose, de la rassurer... Mais le plafond se mit alors à trembler et à se craqueler dangereusement.
« Que... ?! »
C’est alors qu’une sorte d’immense poule verdâtre débarqua, et Lady Rawhide sentit son cœur manquer quelques battements en reconnaissant une cocatrix. Avec une tête de coq, des ailes de chauve-souris, et un corps visqueux évoquant celui d’un serpent, la cocatrix était une sorte d’abomination surnaturelle, créature folklorique, redoutée à Nexus, et qui était très territoriale. Visiblement, elle avait dû installer son nid ici, et renversa Navlys.
« NAVLYS !! »
Esperanza tenta de se rapprocher d’elle, mais la cocatrix lui hurla alors dessus, tout en faisant trembler le sol. Esperanza pointa alors son pistolet, et tira quelques coups de feu, mais la cocatrix la chargea, et le plancher s’affaissa.
Esperanza fut poussée à travers une fenêtre, et tomba en contrebas, roulant sur le sol, dévalant un talus, avant d’entendre des chocs sourds. La cocatrix venait de défoncer le mur, et atterrit sur le sol, au milieu de bris de verre et de morceaux de plâtre, et hurla encore sauvagement. Lady Rawxhide se releva, et tira à nouveau. Les balles atteignirent la cocatrix, la faisant hurler de rage, son sang coulant sur le sol, mais sa peau était épaisse. Ses ailes se déployèrent alors, et elle fondit sur la jeune femme, qui bondit sur le côté, évitant ses dents acérées, qui mordirent l’herbe.
Cependant, la queue du monstre la frappa sur les flancs, la faisant rouler sur le sol dans un grognement de douleur. Le monstre se rapprocha ensuite, et le pied d’Esperanza heurta le menton de la bête, octroyant à la jeune femme quelques précieuses secondes pour se redresser, et courir à l’abri, soit au milieu des arbres. Elle s’abrita derrière un tronc d’arbre, et tira à nouveau, la poudre fumant autour du canon de son pistolet. La cocatrix chargea à nouveau, et heurta violemment le tronc d’arbre, amenant Esperanza à se replier vers une autre position.
*Quelle chiotte, tu parles d’une galère !*
Pour le coup, Esperanza était tombée sur un ennemi des plus redoutables, et était surtout sans nouvelle sur l’état de Navlys...
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Le corps de Navlys finit par changer et envelopper les traits de Iop. Toute en puissance, la guerrière se réveilla en baillant avec un air particulièrement stupide. La sieste fut bonne mais le lit aurait put être plus douillé ! Se servant de sa grande force, elle s'extirpa sans grande difficulté puis fit quelques étirement pour réveiller ses muscles fraîchement acquis. C'était comme-ci tout était normal ! Les gravas ne faisaient que l'amuser, ses douleurs étaient un prétexte pour s'entraîner et elle semblait avoir totalement oubliée Esperanza et le poulet qui lui avait fait ça... jusqu'à ce que dernier ne signal à nouveau sa présence !
Le combat intense ne pouvait être sans bruit et ce défis rendit la iop bien heureuse : elle avait besoin de se défouler ! Récupérant son épée, venant des dagues qui changèrent également pour correspondre au nouveau corps, la combattante bondit vers l'origine de l'agitation. Sa magie la fit arriver en un éclair à l'orée de la forêt où plusieurs arbres tombés témoignaient de la fureur de la bête. Ce spectacle excita terriblement l'avatar qui courra dans la direction du cimetière végétal, arrivant rapidement vers la créature. Navlys avait l'avantage de la discrétion, mais c'est une iop désormais et les iops, ça frappe fort de face !
« Hey gros tas d'plume ! Viens voir par là ! »
Tout en beuglant ses menaces, Navlys se frappait le torse avec son poing libre et remarqua une femme plus en hauteur, affrontant très clairement la bête.
* Super ! Une spectatrice ! *
Gonflée à bloque par cette nouvelle, elle ne remarqua pas le monstre qui chargea de nouveau contre elle pour l'envoyer valser. Cependant, l'avatar disposait d'une force et d'une résistance bien supérieur ! Au dernier moment, la disciple braqua son épée devant elle pour se protéger, creusant la terre avec ses pieds sur quelques mètres à cause de la force du monstre. La iop ricana et brandit son arme dans la direction du cocatrix.
« Bien essayé ! Mais je vais te montrer comment on fait ! YAAAAH !!! »
La guerrière se mit à courir vers la bête qui commença à battre des ailes. Cette avancée semblait vraiment ridicule mais plus Navlys se rapprochait et plus une sorte d'aura lumineuse l'enveloppait, accélérant drastiquement sa vitesse ! Une fois que celle-ci recouvrit son corps, elle bondit dans la direction du monstre qui s'envola juste assez pour que la iop passe en dessous. Dans sa lancée, la guerrière abattit une demi-douzaine d'arbres avant de s'arrêter. Elle se secoua la tête en rigolant et se retourna pour voir le monstre tourner de nouveau son attention vers la jeune femme en hauteur.
« Ah non ! ça va pas s'passer comme ça ! »
Prenant son épée à deux mains, elle dirigea la pointe vers le bas pour la planter dans la terre. Concentrée, sa magie opéra tandis qu'elle criait puissamment, craquelant la terre avec des gerbes de lumières en sortant. Ce séisme magique se dirigeait droit sur le monstre et se termina dans une grande explosion avec un rocher qui s'éclata contre le flanc du cocatrix. Maintenant gravement blessé avec toutes les balles qu'Esperanza avait pu lui mettre, l'animal tituba un moment, permettant à Navlys de se rapprocher à vive allure. Une fois à portée, la iop bondit encore, montant assez haut dans le ciel et abattit sa lame en plein torse. Son mouvement fut suivit quelques instants après par une gigantesque épée de lumière qui assomma la créature.
Vaincue, la bête gisait au sol. L'avatar de iop se redressa et posa son épée sur son épaule après l'avoir essuyé, prenant la pose fièrement. Elle ricanait intérieurement et s'attendait à recevoir toute sorte de louange pour cette prouesse, sans ce rendre compte du carnage qu'elle venait d'occasionner. Après tout, il fallait faire les choses avec style pour impressionner ! Mais qu'allait-être la réaction de lady Rawhilde face à cette nouvelle personne ?...
-
Quel choc ! Ce monstre était une vraie plaie, costaud, rapide, et résistant. Esperanza était comme David face à Goliath, mais, contrairement au mythe, un seul tir de son lance-pierre n’avait pas servi à terrasser le monstre. La jeune femme se remit à courir, tirant à nouveau, et la cocatrix chargea encore, bondissant en hauteur, enjambant Esperanza pour atterrir joyeusement devant elle. Lady Rawhide s’arrêta sur place, manquant trébucher, et le visa à nouveau, puis appuya sur la gâchette.
*CLIC !*
Vide ! Le chargeur était vide !
*Et merde...*
La cocatrix se rapprocha en hurlant, et le fouet d’Esperanza jaillit alors, venant s’abattre sur sa tête, dans un claquement sonore, le bang supersonique de l’extrémité du fouet venant atteindre la joue de la bête. Cependant, la cocatrix se contenta d’un hurlement courroucé, et battit à nouveau des ailes, puis bondit en avant. Ses dents claquèrent dans le vide, contraignant Esperanza à fléchir les genoux, son corps se retrouvant sous la tête du monstre. Les plumes de la bête heurtèrent son corps, et elle roula sur le sol, déstabilisée par le choc. Cependant, plutôt que de s’arrêter, Esperanza roula davantage, ce qui lui permit d’éviter l’une des pattes du monstre, qui s’enfonça violemment dans le sol.
Elle se releva alors, et la cocatrix chargea en avant. Sa tête heurta le torse d’Esperanza, à hauteur de ses seins, et elle fila en arrière, heurtant un tronc d’arbre, poussant un petit cri de douleur. La cocatrix fut alors attirée par une mystérieuse femme, qui n’avait pas la voix de Navlys. Les yeux dans le vague, Esperanza entendait vaguement des bruits, le son d’un combat, mais, quand elle commença à se rétablir, la première chose que son regard vit fut son Colt, qui gisait sur le sol, près d’elle.
*Hmmm...*
La cocatrix hurlait furieusement, mais ses cris de rage devenaient peu à peu des hurlements de douleur. Esperanza saisit son arme, et ouvrit le barillet, puis, en soupirant, glissa six balles dedans, avant de le refermer dans un claquement, et de se redresser.
C’est ainsi qu’elle vit une mystérieuse femme en tenue bleue enfoncer une énorme épée dans le corps du monstre, l’épée transperçant le dos de ce dernier, faisant hurler la cocatrix de douleur. Enfin, l’invincible monstre sembla se coucher, et s’écroula sur le sol, avec l’énigmatique guerrière se tenant dessus, prenant ensuite une pose triomphante.
*Qui est cette nana ?*
Étonnée, Esperanza se rapprocha un peu d’elle.
« Qui... Qui es-tu ?! »
Elle avait envie de retrouver Navlys, mais, d’un autre côté, il y avait cette nouvelle femme, qui venait de débarquer de n’importe où. Esperanza restait donc vigilante, surtout étant donné qu’elle était une fugitive.
La jeune femme ne pouvait évidemment pas se douter que cette femme était Navlys.
-
S'attendant à un tonnerre d’applaudissement et des louanges de remerciement, la guerrière forma une bosse avec son dos tout en réalisant l'une des plus grosses moues possibles, totalement déçue de cette question. Se présenter, quelle horreur ! Tout le monde devrait connaître son sublime talent et l'élogier partout sur le globe ! La iopette attristée par cette question se retourna en soupirant vers la dame qui s'était rapprochée. La regardant droit dans les yeux, elle ouvrit la bouche pour commencer à se présenter avant de se heurter à un sacré dilemme... C'était quoi son nom déjà ?! Elle fronça les sourcils en détournant le regard avant d'avoir un sursaut de clairvoyance la faisant lever son index vers la jeune femme qu'elle observait de nouveau. Mais... nan... Ce n'était pas ça. La combattante saisit alors son menton et fléchit ses genoux pour se concentrer en s'accroupissant. Réfléchir... Le genre de chose que les iops ne faisaient jamais ! Et la guerrière arriva très vite à une conclusion surprenante ! Elle se redressa d'un bond, toute souriante et se... présenta :
« Je me m'appelle pas ! Et toi ? »
Complètement innocente, Navlys n'avait pas l'air de se rendre compte de son idiotie. Face à la surprise immanquable d'Esperanza, elle enchaînât sur des explications.
« Je m'en souviens plus en fait... Je crois que c'est en rapport avec des navets ou un nalinéa... P'tet même un narvalo ou un nalignement... Mais bon, c'est pas important hein ? Tout ce qui compte, c'est que j'ai éclaté l'machin ahaha ! T'en as pensé quoi d'ailleurs ? Pas mal hein ? J'lui ai mis un gros chac et ensuite un boum pour finir sur le ksing ! C'était cool hein ? »
La iopette mimait ses mouvements en ricanant dans une désillusion absolue. Mais tout ce qui se dégageait de ses paroles, c'était sa profonde stupidité. Mise à part ça, l'avatar semblait fort sympathique ! Maintenant lancée, Navlys continuait de parler en racontant des prouesses très certainement inventées à base de dragon et de coup d'épée où elle était l’héroïne, bien évidemment. Mais au bout d'un moment, elle posa subitement ses mains sur les épaules de Lady Rawhide et pencha la tête sur le côté.
« ça va au fait ? T'as pas l'air dans ton assiette ! Le poulet t'as fait mal ? J'sais pas soigner mais j'peux porter ! Tu veux un truc ou un machin ? On peut aller cherche de l'aide aussi, doit bien y avoir un péquenaud pour guérir les bobos... Ils adorent les forêts ces cons. Ouais, j'les appelle comme ça parce qu'ils m'engueulent à chaque fois que je pars m’entraîner. Soit disant que "je suis un danger pour la faune et la flore locale"... Pfff... Comme si j'allais faire du mal aux muets. En plus, ils voient des forts où y'en a pas et ils savent même pas le dire comme il faut ! Il leur faudrait des cours.... »
Et elle était repartie... Ses paroles n'avaient presque pas de sens et renforçaient simplement son ridicule mais sa bêtise ne lui venait pas du tout à l'esprit. Ce n'était peut-être pas si mal d'être en compagnie d'une sram ? Au moins, son silence évitait ce débit extraordinaire d'idioties !
-
*Mais qu’est-ce que c’est que ce délire ? Est-ce que je suis en train de rêver ?*
Devant ses yeux ébahis, une espèce de boule de nerfs venait de débarquer... Non, un vrai moulin à paroles, qui se mit à lui parler de multiples exploits guerriers contre des manticores, des dragons, des golems, avant de bondir devant elle, et de continuer à parler. Incapable d’en placer une, Esperanza avait déjà raccroché depuis longtemps, et cherchait, en réalité, juste à trouver une seconde pour en placer une. Elle avait jeté quelques regards vers le manoir effondré, mais sans voir Navlys. De plus, la manière dont cette femme s’était présentée, en lui disant que son nom ressemblait à « Navlys », laissait entendre que la jeune femme était plus compliquée que prévue. Esperanza avait pensé que Navlys avait été victime d’une espèce d’ensorcèlement, de maléfice, mais la réalité semblait être ailleurs... Car elle pensait bien que cette jeune femme en tenue bleue était Navlys.
Comment ? Pourquoi ? Par quel miracle ? Ça, Esperanza était incapable de le dire, mais elle finit néanmoins par réagir, en finissant par poser une main sur la bouche de la femme, la coupant dans tout le laïus qu’elle disait.
« STOP ! » intima-t-elle ensuite.
Esperanza soupira pendant quelques secondes, puis retira sa main, en poursuivant rapidement :
« Tu es... Navlys ? Je... Je ne comprends pas comment c’est possible. »
Esperanza était confuse, et la regarda ensuite, incrédule.
« Je n’arriverais jamais à me faire la magie... Co... Comment c’est possible ?! »
La jeune femme n’y comprenait clairement rien !
-
Navlys accompagnait ses longs récits extraordinaires de mimiques comiques accentuant encore son ridicule comme le bouffon cherchant à amuser son seigneur avec ses poèmes épiques tournés à l'humour. Toutefois, Esperanza se souciait d'avantage de tous les problèmes qu'elle rencontra aujourd'hui et la iopette commençait sérieusement à l'agacer. Alors que la guerrière poursuivait son récit sur la fois où elle affronta le minotot en le saisissant par les cornes, l'héroïne fit en sorte de mettre fin à ce délire en mettant sa main devant l'émetteur de paroles de la combattante. Surprise, elle écarquilla ses yeux privés de pupilles et cessa ses gestes exagérés pour se concentrer sur son interlocutrice. C'en était trop pour Lady Rawhilde et, après un bref soupire, elle commença ses questions et signala son incompréhension :
« Tu es... Navlys ? Je... Je ne comprends pas comment c’est possible.
- Aaaah oui voilà ! C'est ça ! Merci ! S'exclama alors l'avatar.
- Je n’arriverais jamais à me faire la magie... Co... Comment c’est possible ?!
- De quoi ? Questionna à son tour Navlys, toute aussi confuse... Aaah mes attaques ? C'est classe hein la lumière de partout ? C'est pas si dur que ça en fait ! Il suffit de se concentrer et de se servir de l'énergie du coeur, expliqua-t-elle en frappant son poing au niveau de ce muscle. Après... Si tu demandes pour autre chose... J'en ai pas la moindre idée ! Comme je t'ai dit, je comprend pas tout ce qui m'arrive moi non plus...»
La iop termina avec une moue dubitative. Étrangement, elle semblait se souvenir de leur conversation dans le manoir alors qu'elle avait eu lieu pendant que Navlys était encore une sram... Tout ceci n'avait aucun sens ! Ce mélange d'éléments liés et déliés formaient un tout incompréhensible, illustrant parfaitement le déséquilibre total de l'âme de la disciple, de son essence. Mais contrairement à l'ancienne version, cela ne la gênait absolument pas et Navlys poursuivit.
« C'est pas trop mon truc, comprendre. Moi j'aime me battre ! J'te propose un truc : tu comprends à ma place et j'te protège. T'as pas l'air fortiche et.... Mais j'y pense... T'as pas froid en étant habillée comme ça ? J'sais pas faire du feu, faudrait demander aux bergers... 'Fin... ça va ? »
La guerrière se massa la nuque, s’inquiétant un peu pour la jeune femme. Son regard ne pouvait transmettre se sentiment mais la position de ses sourcils et sa nouvelle moue pouvait le suggérer. Toutefois, l'affrontement causa un sacré grabuge et, même si les gardes de la ville ne serait pas intervenu par peur du Cocatrix, ils avaient l'habitude d'aller jeter un œil à l'étendue des dégâts une fois le calme revenu. Le duo s'attardant près du cadavre de la bête, la rencontre entre les forces de l'ordre et les jeunes femmes risquaient d'arriver dans les prochaines minutes vu qu'ils patrouillaient déjà dans la zone pour les retrouver !
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Trop de trucs bizarres lui étaient tombés dessus aujourd’hui. Navlys était visiblement, non pas une femme maudite, mais une sorte d’étrange Polymorphe. Esperanza avait entendu parler de ces rares individus, des ESPers capables de changer de forme, d’apparence. Elle avait toujours vu cela comme une sorte d’illusion d’optique, mais, visiblement, chez cette femme, ces transformations allaient au-delà de la simple cosmétique. Navlys ne changeait visiblement pas juste d’apparence, c’était comme si elle avait, en elle, des personnalités intégrales différentes, aussi bien physiquement que personnellement. Esperanza en était sincèrement confuse, alors que cette Navlys-là, elle, semblait aussi immature que bourrine, en lui expliquant que la seule chose qui comptait, c’était de se battre.
Pour le coup, Navlys avait rabattu le caquet de Lady Rawhide, qui observait encore cette drôle de créature en se demandant sur quel genre de démon elle avait bien pu tomber. Il y avait tout d’abord eu cette forme malfaisante, en suite une sorte de danseuse orientale, et, enfin, cette guerrière bourrine qui avait l’air de se moquer comme d’une guigne des interrogations sur sa propre existence.
« Je… Je saurais pas dire si ça va, honnêtement… Je ne comprends rien à ce qui se passe. »
Dire qu’elle était juste venue ici pour vaincre un esclavagiste… On peut dire que, entre-temps, sa mission avait très largement évolué, et elle allait bien au-delà de ce que Navlys, initialement, avait prévu. La jeune femme s’humecta les lèvres pendant quelques secondes, avant de reprendre.
« Co… Comment tu fais ça ? Et je ne parle pas de tes performances guerrières ! Mais… Comment tu fais pour… Pour te transformer ? Tu… Tu n’as aucun souvenir de… De nous ? L’incendie dans le village ? La fuite dans la crypte, puis dans la forêt ? Tout ça, vraiment, ça… Ça n’évoque rien pour toi ?! »
On pouvait clairement sentir la surprise et la confusion dans le ton indécis que Rawhide employait. Elle ne comprenait rien à ce qui se passait… Ou, plutôt, si elle comprenait que Navlys pouvait changer d’apparence, elle ne comprenait pas comment cette dernière faisait, ni même qui elle était vraiment.
« Qu’est-ce que tu es comme créature, Navlys ? »
-
Abasourdie, Esperanza semblait plus préoccupée par la nature de ce qu'était Navlys plutôt que de sa santé et il y avait de quoi ! Une jeune énergumène prenant différentes formes au cours de la même journée avec chacune montrant des comportements physiques et psychologiques différents... Les interrogations étaient bien évidentes ! Malheureusement pour elle, les réponses risquaient de ne pas venir tout de suite tandis que le dialogue reprenait entre les deux femmes après une petite pause de réflexion.
« Je… Je saurais pas dire si ça va, honnêtement… Je ne comprends rien à ce qui se passe.
- Ah bah si ce n'est que ça... En fait, j'ai pris mon épée et PAF ! Dans son dos ! Et après je me concentre et fiuhwizzzsbam ! Une grosse épée qui l'éclate avec ma magie ! C'est cool hein ?
- Co… Comment tu fais ça ? Et je ne parle pas de tes performances guerrières ! Mais… Comment tu fais pour… Pour te transformer ? Tu… Tu n’as aucun souvenir de… De nous ? L’incendie dans le village ? La fuite dans la crypte, puis dans la forêt ? Tout ça, vraiment, ça… Ça n’évoque rien pour toi ?! »
Pendant que Lady Rawhide terminait son enchaînement de question, la iopette plissa les yeux en fronçant les sourcils. Elle avait une vague idée de ce qu'était en train de lui raconter cette inconnue mais, de son point de vue, l'étrangère aux cheveux rouges ne pouvait absolument pas être au courant de cela ! Comment savait-elle l'objet du rêve que la combattante venait de faire alors qu'elle s'était assoupie plus tôt dans la journée à cause du trop gros bouftout qu'elle mangea avant de partir à l'entraînement ? Surprise, aucune animosité ne se dégageait d'elle, il n'y avait aucune raison d'en avoir à vrai dire... Navlys était convaincue qu'une simple pichenette pouvait briser les os de cette femme. Cette révélation l'amusait beaucoup en fait et lorsque son interlocutrice s'excita sur la fin en haussant le ton, la iop ne put s'empêcher de libérer un grand rire exagéré.
« AHAHAHA ! C'est génial ! Tu sais lire les pensées et voir dans les rêves ! Je sens qu'on va bien s'amuser toute les deux, enchaîna-t-elle en parlant très fort et en tapotant l'épaule d'Esperanza d'une force incontrôlée.C'est pas dans mon habitude de dormir pendant l'entrainement mais oui, j'avoue, j'ai piqué un petit somme avant de venir dans le coin et de me faire enfoncer dans le mur par ce truc. D'ailleurs, c'est bizarre, mais la fin de mon rêve, j'arrivais dans ces ruines étranges... M'enfin, c'est qu'un rêve ! L'important, c'est qu'on s'est bien éclaté à lui exploser sa face à ce poulet mal luné ! Ahaha ! »
Hébété, l'aventurière aux cheveux de braises reprit un bref moment de considération en entendant ce délire. Confuse, elle osa tout de même poser une autre question :
« Qu’est-ce que tu es comme créature, Navlys ?
- Hein ? Bah... ça se voit pas ? Je suis une iop ! T'as dû prendre un coup sur la tête toi nan ? Baaarf, c'est pas grave ! Un p'tit dodo et t'auras les idées en place hein ?! ça m'fait penser tient... T'as pas envie d'aller à l'auberge qu'on se pose un peu ? J'ai drôlement faim moi et j'boirais bien une ou deux bières pour fêter ça ! »
Joyeuse et pleine de vie, Navlys fit rétrécir son épée sans la moindre explication pour Esperanza et la coinça à sa ceinture. Plus libre de ses mouvements, la iopette passa son bras sur les épaules d'Esperanza assez fermement pour lui redonner un peu d'aplomb et commença à la guider vers le village. C'est à cet instant que le bruit d'une patrouille parvint aux oreilles des deux femmes, accompagnés par quelques aboiements de chiens. Les gardes se rapprochaient et Navlys prit cela comme une bonne nouvelle :
« Ah... J'crois qu'on m'a entendu... Avec un peu de chance, ce sont des miliciens qui viennent voir si le monstre est mort... Pour pouvoir donner une récompense ! Chic chic chic ! J'vais faire une pierre deux coups ! En plus ça tombe bien, je retrouve plus ma bourse ! On va pouvoir bien se remettre à la taverne toutes les deux ! J'espère que ça paye bien, j'ai vraiment trop la dalle ! »
D'autant plus heureuse, Navlys presse le pas dans la direction des bruis.... Mais Esperanza sait très bien que c'est en réalité une très mauvaise nouvelle...
-
C’était à en avoir une migraine carabinée. Qu’est-ce qui était donc en train de se passer devant elle ? Loin de calmer son désarroi, Navlys, sous sa nouvelle forme, lui avoua être surprise d’être tombée sur une télépathe.
*Q-Quoi ?!*
Que venait-elle encore de lui sortir ? Incrédule, Esperanza ne savait même plus quoi dire, alors que la femme, visiblement totalement insouciante, et inconsciente de ce qui réellement se tramait, envisageait maintenant d’aller à une auberge. Rawhide ne fut, à ce stade, même plus surprise de voir la femme faire rapetisser son immense épée, la faisant arriver à la taille d’un glaive, qu’elle put accrocher à son ceinturon. Il y avait ici, tout simplement, trop d’éléments en suspens et incohérents pour que la femme puisse le comprendre. De ce qu’elle arrivait néanmoins à saisir, Navlys semblait avoir, en elle, plusieurs personnalités, chacune avec des pouvoirs et des mentalités variables. Il ne s’agissait pas juste d’une personnalité différente au sens clinique du terme, mais d’une schizophrénie beaucoup plus poussée, comme si « Navlys » était, en soi, un réceptacle à âmes, chaque âme entraînant un changement physique et mental.
Restait donc une question fondamentale… Est-ce que tout cela était le fait d’une seule personne, qui s’appellerait Navlys Sruk, ou est-ce que « Navlys Sruk » était une sorte de réceptacle pour plusieurs âmes ? De ce que Rawhide savait, la schizophrénie, dans le sens d’une psychose, induisait toujours, outre plusieurs personnalités, une personnalité dominante, principale. Le schéma-type était celui d’une forte personnalité marquée par le « sur-moi », que le sujet symbolisait par l’image d’un parent, et d’une personnalité marquée par le « ça », soit, d’un côté, une personnalité très autoritaire et intransigeante, et, de l’autre, une personnalité recherchant le plaisir. Des figures exacerbés, mais Rawhide reconnaissait volontiers que cette approche était très caricaturale. Est-ce que c’était le même schéma qui s’opérait avec Navlys Sruk, ou est-ce qu’il y avait, là-dedans, tout simplement un puissant sort magique à l’œuvre ?
Toutes ces questions ne trouveraient guère de réponses face à la iop, qui avait l’air de se moquer comme d’une guigne des problèmes évidents.
*Elle pense s’être endormie, mais elle n’est pas surprise de se réveiller en plein combat, face à une cocatrix ? Et très probablement dans un endroit bien différent de là où elle croit s’être assoupie…*
Comment ne pas voir, là-dedans, la preuve d’un trouble mental significatif ? Esperanza ne savait donc plus quoi en penser quand elle entendit des aboiements et des bruits de pas.
*Merde ! La Milice !*
Navlys, guère étonnée, proposa alors de les rejoindre, et Esperanza posa une main sur son épaule, afin de la retenir.
« Non, c’est nous qu’ils recherchent ! Je t’ai aidé à t’évader après ton spectacle dans le village, tu te rappelles ? Ce n’était pas un rêve, Navlys, je ne suis pas télépathe, c’est la réalité ! Il faut fuir d’ici, et vite ! »
Le combat contre la cocatrix avait dû attirer les miliciens, et Esperanza fila dans le sens inverse, entraînant Navlys avec elle.
« Là ! Ici !
- Elles ont tué ce monstre…
- Ce sont des sorcières, elles nous tueront ici si nous les laissons s’échapper ! »
Des arbalétriers se mirent à les viser, et plusieurs carreaux fusèrent, dont un vint se loger dans un tronc d’arbre à côté d’Esperanza.
« Merde… »
Sortant son pistolet de sa ceinture, elle se retourna, et fit feu, non pas pour toucher, mais pour contraindre les miliciens à s’abriter, ce que ces dernières firent, non sans cesser de les attaquer de loin avec leurs arcs et leurs arbalètes.
« Allez, on décampe ! » réitéra Esperanza à l’attention de Navlys.
-
Aaaah la schizophrénie... Cet état si particulier entraînant très souvent une maladie n'avait pas que des désavantages si on prend un point de vue différent du commun des mortels. Imaginez toutes les possibilités ! Une personne passant de l'enquêteur privé méticuleux et perfectionniste se transformant en danseuse étoile, un guérisseur se changeant en moine, le soldat en fermier : serait-ce pour autant une catastrophe si tout ceci était régulé ? Qui n'a jamais rêver de vivre plusieurs vies, d'être à la fois aventurier et artiste, érudit et marchand ? Navlys représentait cette magie merveilleuse à la perfection. Son voyage brutal trans-dimensionnel brisa le lien entre son corps et son âme tout en recueillant une flopée supplémentaire, chacune cherchant maintenant à s'affirmer chez ce petit bout de femme encore immature. En tant que douzienne, ses transformations en fonction de l'âme dominante à un instant donné avaient tout de la sorcellerie pour quiconque en subirait l'expérience. Actuellement, Esperanza en faisait les frais sans qu'elle ne puisse rien y faire. Malheureusement, le temps des interrogations arrivaient à son terme. Pendant que Navlys guidait gentiment sa nouvelle amie, la milice se rapprochait dangereusement mais l'aventurière tenta de raisonner la iop :
« Non, c’est nous qu’ils recherchent !
- Quoi ?
- Je t’ai aidé à t’évader après ton spectacle dans le village, tu te rappelles ?
- Hein ?
- Ce n’était pas un rêve, Navlys, je ne suis pas télépathe, c’est la réalité !
- Sérieux ? Mais...
- Il faut fuir d’ici, et vite !
- Fuir ? Un iop ne fuit pas il combwaaah »
Sans pouvoir terminer sa phrase, Esperanza la tira dans la direction opposée et se mit à courir avec la guerrière. Les gardes constatèrent rapidement l'étendu des dégâts en s'exclamant si fort que les deux femmes n'avaient pas le moindre mal à comprendre ce qu'ils disaient. L'un d'entre eux les compara à des sorcières, ce qui révolta Navlys :
« Sorcière ?! Moi ?! J'vais t'en foutre des sorcières ! Lâche-moi que j'lui défonce sa gueule à ce..»
* SHTONNNG *
Une flèche se planta non loin des deux femmes, accompagnées de ses frangines furieuses. Lady Rawhide répliqua aussitôt avec son pistolet que la iopette regarda en écarquillant les yeux.
* Waaaah ! En plus elle sait utiliser les bidules des steamers ! Trop coooool ! *
Les balles et les flèches s'échangèrent sans grand succès, les soldats faisant bien attention de se mettre à couvert et ralentissant ainsi leur progression. Il fallait partir et Esperanza le signala de nouveau à la jeune femme qui avait tant changé dans ces quelques heures. La combattante aurait préféré tout exploser de nouveau mais elle se résigna dans un soupire.
« Bon... D'accord... Accroche-toi bien ! »
En deux temps, trois mouvements, Navlys prit la belle rousse dans ses bras en serrant bien fort pour éviter qu'elle ne tombe. La guerrière accéléra la cadence en atteignant une vitesse digne d'un cheval au galop. Concentrée, la iop esquivait arbres et branches avec aisance, sautant parfois d'un tronc à l'autre en abîmant au passage la végétation. Sa magie instable l'empêchait de maîtriser pleinement sa puissance et il lui arrivait donc parfois d'appuyer trop brutalement sur l'écorce, le faisant plus ou moins exploser en fonction des capacités qui se libéraient de son corps. Bientôt, la cowgirl perdit de vue leurs poursuivants sans qu'elle ne puisse faire entendre à Navlys ses intentions : la iop était bien trop concentrée et la contraction de ses muscles pour maintenir sa cadence et déjouer les obstacles la forçait à pousser quelques gémissements bruyant et désagréables.
Le duo quitta ainsi l'épaisse forêt au bout d'un long quart-d'heure pour arriver dans une vaste plaine verte. Navlys décida finalement de mettre un terme à sa course effrénée en apercevant cette zone et s'arrêta difficilement après une dizaine de mètres pour ralentir. Elle lâcha ensuite Esperanza sans la moindre attention, la faisant tomber par terre si elle ne s'y attendait pas. La iop avait besoin de reprendre son souffle : elle haletait avec une expression encore plus ridicule que d'ordinaire avant de se laisser aller en arrière pour que ses fesses fassent la rencontre avec le sol. Au bout d'une minute, elle remarqua au loin un troupeau et ce qui ressemblait à une ferme.
« Pfiuuh... ça faisait longtemps dis-donc... C'est cool que t'ai bien tenu... ça m'arrive de perdre des gens.... des fois... Navlys ne put s'empêcher de sourire en levant son bras vers ce qu'elle venait de remarquer. On pourrait aller là bas nan ?... J'espère qu'ils font du lait.... Et j'ai toujours une de ses dalles moi... Rholala... »
Encore un brin essoufflée, c'est son ventre qui se manifesta dans un gargouillis capable de faire trembler le sol ! Elle se massa le ventre en faisant la moue pour finalement se tourner vers Lady Rawhide et voir ce que ce voyage intensif lui avait fait...
-
Le combat contre la cocatrix avait dû attirer de nombreux miliciens, vu les cris terrifiants que la bestiole avait poussé lors du combat. C’était un monstre terriblement puissant, un mastodonte, une force de la nature, et ses cris avaient dû résonner dans toute la forêt. Or, les miliciens savaient qu’aucun des leurs ne serait assez idiot pour se réfugier dans le nid de la cocatrix, et la seule explication était donc que les réfugiés y soient. Autrement dit, Esperanza pouvait les entendre venir, les chiens aboyant furieusement. L’un d’eux s’élança même vers elles, un affreux berger allemand avec une tête effrayante. Esperanza n’eut pas d’autres solutions que de lui tirer dessus, l’abattant d’une balle en pleine tête. Dans un jappement plaintif, la bête s’écroula mollement sur le sol, poussant un faible couinement en sentant la vie la quitter. Rawhide n’y prenait aucun plaisir, mais la survie était à ce prix.
Ses tirs étaient extrêmement précis, et elle atteignit un arbalétrier au bras. Il fallait bien qu’elle les blesse, car, autrement, les soldats prenaient de l’assurance, se rapprochant lentement d’elles.
*
Impossible de leur tourner le dos sans risquer de me recevoir une flèche… Quelle chiotte !*
Que faire, que faire ? Les hypothèses se multipliaient dans la tête de la jeune femme quand, la surprenant, la «
iop » (quel nom !) alla la soulever.
«
Hey, que… ? »
Navlys lui indiqua juste de bien s’accrocher, puis, au milieu des tirs, la jeune femme se mit à courir à toute allure, fonçant comme une flèche. Surprise, Esperanza constata qu’elle pouvait atteindre une vitesse ahurissante, et, bien vite, les flèches et les carreaux de leurs attaquants ne furent plus qu’un lointain souvenir, Navlys venant très rapidement à les distancer pour foncer à toute allure. Une vraie flèche qui s’enfonça dans la forêt pendant un certain temps, rien ne semblant l’arrêter. En revanche, Esperanza sentit, à plusieurs reprises, des feuilles ou des branches lacérer son corps, la faisant gémir…
…Puis, au bout d’un moment, le duo sortit à l’air libre, atterrissant dans une sorte de grande plaine, en pleine campagne, où Navlys relâcha la femme. Esperanza tomba sur le sol, au milieu des fougères, et, en se relevant, avisa également la présence d’une ferme à proximité, au milieu de buttes et de petites dunes verdoyantes :
(http://img110.xooimage.com/files/8/2/a/chocobo-farm-ffvi...erelease-4eb6783.jpg)
Un spectacle assez impressionnant, donnant à Esperanza l’impression d’avoir fini au cœur du trou perdu du monde. Navlys, elle, était épuisée, et Esperanza, fort heureusement, n’avait que des blessures superficielles. Elle se retourna vers la femme en entendant son ventre gargouiller. Sa tenue de
cow-girl lui serait très utile, car il faisait relativement chaud. On était, après tout, en plein milieu de l’après-midi, et il n’y avait pas énormément de nuages dans le ciel.
«
C’est dangereux. Je te l’ai dit, Navlys, nous sommes poursuivies… Mais, d’un autre côté, j’ignore totalement où nous sommes, et la région est dangereuse et vaste. »
Autrement dit, s’aventurer à l’aveuglette dans un tel endroit était suicidaire. Elle s’approcha donc lentement de la ferme. Un moulin à vent était là, tournant sur place, et elle vit plusieurs enclos. La ferme était visiblement une grande exploitation agricole, avec une écurie, plusieurs granges. Les enclos abritaient une porcherie, des poulets, ainsi que des vaches… Et même des Chocobos. Il y avait également, dans un coin, un potager.
Prudemment, Lady Rawhide se rapprocha, entendant du bruit dans l’écurie.
«
Non, c’est dangereux, là-bas ! Il doit y avoir une émeute, ou je ne sais quoi… -
Tu ne vas tout de même pas m’imposer de rester ici ! se scandalisa une voix féminine.
J’ai envie de faire un tour de Chocobo ! -
C’est trop dangereux, la forêt est agitée. -
La forêt est grande, et le village est bien trop éloigné ici ! Tu crois que c’est la Scoia’tael ? C’est ridicule, ils ont été chassés il y a des semaines ! -
Oui, et ils reviennent toujours ! Ce que je dis, c’est que c’est dangereux, et on ne peut pas se permettre de prendre ce risque, Lauren. »
L’intéressée sembla profondément agacée par cette réponse, et sortit alors de l’écurie, étant, de ce fait, proche de Navlys et d’Esperanza.
Lauren (http://orig01.deviantart.net/403f/f/2011/209/8/5/85f4da0563a3f558d4aa4f481806385a-d41y4zd.jpg) était une fermière au look très particulier…
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Esperanza se sentait visiblement à merveille. Peut-être pas à ce point mais, contrairement à Navlys, la femme se tenait debout en observant la jeune affamée dont le ventre avait capté l'attention. L'aventurière parlait encore de danger, de poursuite... Des futilités qui n’inquiétaient pas le moins du monde la combattante ! Tout ce qui l'intéressait à présent, c'est remplir son ventre pour repartir s’entraîner et taper sur tout et n'importe quoi. Grimaçante, elle se redressa pour suivre Esperanza qui menait la marche. Arrivant aux abords de la ferme, Navlys fut ravit de voir les différents animaux qui y étaient élevés ! Elle se voyait déjà en train de savourer un de ces magnifiques Porkass appelé cochon dans ce monde, accompagné par un de ces étranges Poolay. D'ailleurs, elle trouvait étrange de voir une créature si loin de l'île d'Otomaï mais cette idée ne lui traversa que brièvement l'esprit maintenant qu'elle avait aperçut une Dragodinde ! Voilà ce dont elle avait besoin ! Une bonne grosse Dragodinde fumé à la broche....
* Hmmm... Dragodinde.... Miam miam miam... On va se RÉ-GA-LER ! *
Ces Chocobos lui faisaient vraiment de l’œil mais Lady Rawhide veilla à la discrétion du duo et tira Navlys à l'abris quand des voix se firent entendre tandis que la iop bavait d'envie. L'échange entre deux personnes, pour le moment invisible aux deux femmes, ressemblait à une brève dispute sur les événements récents du quotidien de cette ferme. La fermière sortit finalement de l'écurie d'un pas pressé en passant non loin du duo. Voyant l'étrangère, Navlys n'en pouvait plus et lui fit un signe en l'interpellant, confiante sur sa gentillesse.
« Heyho ! Bonjour ! Souriante et pleine de bonne volonté, Navlys lui faisait coucou de la main en s'avançant vers l'inconnue. Votre ferme a l'air vraiment génial et ce serait vraiment super sympa si vous pouviez nous offrir un repas à moi et mon ami. Je...»
Elle n'eut pas le temps de poursuivre que son ventre refit un vacarme tonitruant. La iop sourit alors de plus belle en se massant la nuque, offrant une légère grimace d'amusement avec sa langue qui dépasse de la bouche. Pour Navlys, le danger n'était qu'un concept étrange et obscur qui n'avait pas lien d'être ici. Il était l'heure de manger et de se reposer !
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Simple fermière, Lauren faisait partie de cette jeunesse paysanne qui rêvait d’aller en ville. Si son grand-frère se voyait très bien reprendre l’exploitation agricole, Lauren, elle, en avait assez des bousins de vache, de l’odeur puante des porcs, de cette verdure interminable. Elle était une fille douée, suffisamment intelligente pour pouvoir candidater à de grandes universités, et se voyait très bien bénéficier d’une bourse s’étude pour Nexus ou pour Tekhos, même si Nexus était sa meilleure option. Portant un look qui faisait très tekhan, Lauren était une femme qui donnait des sueurs froides à ses parents, car elle sortait fréquemment dans des auberges et dans des tavernes, généralement afin d’obtenir des informations sur le monde, souvent pour s’envoyer en l’air. À ce stade, ses parents redoutaient surtout qu’un vagabond ne la mette en cloque. Ici, dans cette région paysanne et reculée, l’Ordre Immaculé avait une forte assise, et les relations sexuelles étaient mal vues. L’avortement était ainsi interdit, vu comme un crime religieux, mais Lauren était prudente. Elle prenait des pilules tekhanes, qui permettaient d’empêcher les « accidents » de parcours.
La jeune femme se rapprocha des Chocobos en soupirant, quand, faisant fi de toute prudence, Navlys se manifesta.
« Que… ?! »
Navlys eut à peine le temps de finir sa phrase qu’Esperanza entendit du bruit, et vit le grand-frère de Lauren débarquer, une carabine à la main.
« Qui êtes-vous ?! » hurla-t-il.
Les fermiers ne devaient pas avoir l’habitude de recevoir du monde, et Esperanza réagit vite. Son fouet claqua, et frappa la main du fermier, le faisant hurler de douleur tout en l’amenant à lâcher son arme.
« Haaa !!
- Jonas ! »
Esperanza écarta rapidement la carabine, puis observa le couple.
« Nous ne vous voulons aucun mal, nous nous sommes juste perdues dans la forêt !
- Merde, j’ai mal…
- Vous l’avez fouetté ! l’accusa soudain Lauren.
- Putain, putain, haa, ça fait super mal !
- Légitime défense, il nous menaçait avec une arme… »
Bref regard vers la carabine.
Le cran de sûreté n’avait pas été ôté. Esperanza se pinça les lèvres, puis haussa les épaules, et s’agenouilla à son tour.
« Montrez-moi ça… »
La blessure était très superficielle, et, quand Jonas vit qu’il avait sous le nez les énormes seins d’Esperanza, il sembla, tout d’un coup, aller mieux.
« Vous… Vous êtes qui ?
- Je m’appelle Esperanza… Et elle, c’est Navlys. Nous sommes de simples voyageuses qui se sont un peu perdues dans la campagne. Comme vous avez pu l’entendre, Navlys est affamée, mais nous sommes disposées à payer tout ce que nous consommerons. »
Lauren les regarda en clignant des yeux.
« Et bien… Euh… »
Elle était évidemment suspicieuse, mais haussa finalement les épaules.
« Sûr, pourquoi pas ? Désolée pour notre réaction excessive, nous recevons rarement du monde ici, mais… Oui,n on devrait vous donner à manger. Suivez-moi… »
Jonas se releva à son tour, continuant à tenir sa main, pendant que Lauren, de son côté, s’avançait vers la maison principale, probablement afin de leur offrir à manger.
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Il n'était pas rare de qualifier les iops d'inconscient et Navlys n'échappait en aucun cas à cette généralité. Pour elle, la ferme correspondait à un lieu accueillant rempli de gens charmants profitant de la vie en offrant volontiers le résultat de leur labeur en échange d'un service ou de quelques kamas. Ainsi, cet altruisme la poussa naturellement à se présenter dès qu'elle aperçut cette demoiselle mais son sourire laissa place à une belle surprise lorsque la guerrière vit la carabine se braquer vers elle avec l'homme qui se mit à hurler.
« Hola... Je veux pas de... »
Le claquement du fouet d'Esperanza termina sa phrase, suivit d'un cri de complainte et de l'exclamation de la jeune fermière qui se rua vers le blessé. Gênée par la situation, une moue grimaçante se dessina sur le visage de la iop tandis que Lady Rawhide expliquait leur situation. Très vite, elle remarqua que l'homme n'avait à priori pas d'intention de tuer compte tenu du cran de sûreté encore présent. L'aventurière se rapprocha donc pour soigner le mal qu'elle venait de causer sans raison. Navlys se gratta la nuque en se dirigeant à son tour vers le groupe mais observa plutôt ce qu'elle n'avait pu voir de la ferme pendant qu'Esperanza gérait cette broutille. Jetant un œil intéressé vers l'écurie, elle constata la présence de nombreux Chocobos, ou Dragodinde si on faisait le rapprochement avec le monde des douze. Toutefois, elle fût surprise de voir qu'elles avaient toutes des plumes. D'ordinaire, les Dragodindes sont totalement imberbe : une peau lisse et résistante sans que ce soit des écailles. Il existe plusieurs espèces bien évidemment mais les Dragodindes à plumes étaient extrêmement rare et en voir autant dans cette écurie convainquit alors Navlys que cette ferme était immensément riche ! En tout cas, si on se trouvait dans le monde des douze... Émerveillée par sa désillusion, elle entendit tout de même Esperanza se présenter et la iopette se tourna donc vivement vers le groupe pour apporter quelques précisions à son sujet :
« En fait, moi je suis plus une combattante ! Je suis une iop après tout ! J'étais partie m’entraîner dans la forêt mais je sais pas trop comment, y'a un gros poulet qui est venu de nul part et m'a balancé dans un mur... J'sais pas si ça vous est déjà arrivé de vous faire encastrer dans un mur... Mais ça fait sacrément mal ! Du coup, j'étais pas super contente alors j'ai pourchasser la volaille et j'lui ai fait sa fête ! D'ailleurs, c'est con... On aurait pu la prendre avec nous... ça aurait fait un sacré rôti... C'est dommage que les gaAÏÏeuh ! »
Une tape dans les cotes l'interrompit : la cow-girl n'avait pas trop envie de connaître la suite mais cela mit la puce à l'oreille de Lauren qui demanda des explications... Décidément, s'occuper d'une iop était terriblement compliqué dans des situations délicates comme celle où se trouvait notre duo. Se massant l'endroit de l'impact, Navlys resta silencieuse, boudant, tandis qu'Esperanza tentait de rattraper le coup !
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Esperanza et Navlys suivirent Lauren, et la iop s’empressa de relater le combat contre la cocatrix, ce qui égaya la surprise de Lauren... Mais Lady Rawhide se dépêcha de l’interrompre quand elle allait parler des gardes. Avec la tension assez forte qui régnait dans la ferme, Esperanza voulait éviter de jeter de l’huile sur le feu, mais son cri n’échappa pas à Lauren, qui les regarda en fronçant les sourcils.
« Hum... Que se passe-t-il ?
- Nous avons affronté la cocatrix, et... Ce combat a épuisé Navlys, et moi. »
Cet aveu sembla éclaircir les doutes de Lauren, qui, médusée, les regarda toutes les deux.
« Vous... Vous avez vaincu la cocatrix ?! »
Y voyant là une excellente diversion, Esperanza s’empressa de faire une judicieuse diversion :
« Je n’ai pas puf aire grand-chose, en réalité, c’est Navlys, toute seule, qui a fait ça... Je suis sûre qu’elle sera ravie de vous raconter ça autour d’un bon repas. »
Comme pour appuyer son geste, elle lui tapota l’épaule. Lauren acquiesça alors, tout en étant surprise. La cocatrix était le cauchemar des fermiers, car elle n’hésitait pas à descendre sur leurs élevages pour prendre des vaches, des moutons, ou des Chocobos. À plusieurs reprises, les fermiers étaient venus se plaindre auprès du seigneur, mais ce dernier avait refusé de recourir à l’utilisation de la garde, ces derniers ne voulant pas se faire massacrer contre ce monstre. Les fermiers avaient même commencé sérieusement à envisager de diffuser une annonce et de recourir aux services d’une guilde, voire d’un sorceleur.
Il fallait dire que la cocatrix était une sorte d’improbable abomination de la Nature, très grande, monstrueuse. Comment une si petite femme avait réussi à en venir à bout ? Lauren voulait assurément entendre cet exploit ! Elle s’empressa donc de rentrer, puis les installa dans une salle à manger, et leur amena rapidement une baguette, avant d’aller faire réchauffer de la viande.
« Alors... Navlys... Je n’avais jamais entendu parler des iops. Votre mystérieux peuple est-il donc si fort pour parvenir ainsi à venir à bout d’une cocatrix ? Pardonnez mon scepticisme, mais j’ai déjà vu cette bête. Elle était si immense que, la dernière fois qu’elle a attaqué notre ferme, elle a défoncé un toit en posant ses pattes, et ses hurlements m’ont poursuivi pendant des jours entiers... Et vous auriez réussi à la vaincre ? C’est un exploit incroyable ! »
-
Esperanza esquiva le malentendu en prétextant une fatigue de la iop, laquelle se sentant bien rabaissé par cet aveux ! Si elle n'avait pas envie d'engloutir une dragodinde entière à elle toute seule, Navlys aurait bien remis en place cette femme. Dire du mal d'elle devant une fan potentielle ? Pff, quelle sournoiserie ! Toutefois, Lauren sembla émerveillée par l'annonce de la mort de la cocatrix, ce qui n'échappa en aucun cas l'esprit aiguisé et mégalomane de la combattante. Celle-ci se mit à rire en se grattant la nuque pendant que Lady Rawhide expliquait que la iopette l'avait en réalité occis toute seule avant de prendre la parole en recevant l'encouragement de la belle aux cheveux rouges.
« Ahaha... ahah... ah... C'était trois fois rien en fait... vraiment... ahah »
La fermière eu la gentillesse de les installer dans une petite pièce possédant en son centre une table pour six avec les chaises l'accompagnant. Navlys s'y posa avec plaisir et tendit les bras pour accueillir la belle miche de pain que Lauren leur offrait. Vorace et affamée, la iop se mit à manger sans attendre dans un désordre presque gênant. Intriguée par les dires d'Esperanza, la fermière interpella la goinfre qui leva la tête dans sa direction, les joues gonflées comme un hamster.
« Alors... Navlys... Je n’avais jamais entendu parler des iops. Votre mystérieux peuple est-il donc si fort pour parvenir ainsi à venir à bout d’une cocatrix ? Pardonnez mon scepticisme, mais j’ai déjà vu cette bête. Elle était si immense que, la dernière fois qu’elle a attaqué notre ferme, elle a défoncé un toit en posant ses pattes, et ses hurlements m’ont poursuivi pendant des jours entiers... Et vous auriez réussi à la vaincre ? C’est un exploit incroyable !
- Connaichez pas les iops ichi ? Ch'est bijarre... Ch'est pas trop un peuple en fait, ch'est le nom de notre Dieu. Ch'est plus trop comment cha marche, ch'est pas mon dada le pourquoi du comment... Mais on ch'appelle chacun par le nom de chon Dieu : les crâs, les chacrieurs, les pandawas, les chrams, les iops... Tout cha quoi. Mais bon, chi tu connais pas les iops, ch'est impochible que tu connaiches le rechtes ! »
Navlys avale enfin et poursuit sans continuer d'engloutir le pauvre morceau de pain.
« Les iops, c'est les meilleurs ! On est les plus beaux, les plus forts, les plus sympas aussi ! Si faut cogner sur quelque chose, y'a que nous pour le faire bien comme il faut ! Alors oui bon d'accord... ta poupoule elle était un peu grosse pour une poupoule... Mais ça reste du poulet quoi ! Une bonne droite dans les gencives, un gros coups d'épées dans l'bides et un finish de beau gosse avec de la magie lumineuse qui explose.... Et PAF !! J'en ai fais une omelette !.... Mais bon... Je sais pas dans quelle région d'Amakna on est mais c'est carrément pas des gros calibres qui se trimbalent ici. Si la volaille vous embêtait toi et ton frangin, j'vous déconseille de faire un tour sur Frigost ou l'île de Sakaï ahahaha !... J'pourrais avoir à boire ? J'me prendrais bien... Euh.... nan... pas de bière... J'en ai encore mal au crâne de la dernière fois avec cet disciple du pandawushuka là... c'était quoi son nom déjà... »
Elle fait claquer ses doigts en se tenant le front et se redresse dans un éclair d'illumination.
« Pantagueule ! J'prendrais du lait du coup... Ou du jus... Je sais pas... T'as quoi à boire en fait ? »
C'était reparti, en demi-mesure... La faim et la soif l'empêchait de recommencer ses récits extraordinaires de "Navlys la destructrice de monstre" ! Probablement la meilleure nouvelle de la journée pour Esperanza qui côtoyait maintenant cette étrangeté depuis un bon moment déjà. Le repas arrivant toutefois à grand pas, le moulin à parole aux prouesses incroyables risquaient de se réenclencher pour le plus grand malheur des personnes à table...
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Quand Lauren amena tout un poulet, chauffé et recouvert d’une délicieuse sauce, Navlys se jeta sur les cuisses de poulet comme une affamée, gênant un peu Esperanza. Elle prit les haricots verts que Lauren amenait, et les mangea en prenant vite fait une cuisse, avant qu’il n’en reste plus rien. Comme si Navlys avait un trou à la place de l’estomac, elle se mit donc à parler en mangeant, dévorant les morceaux de pain, sous le regard étonné de Lauren. Difficile de comprendre ce que Navlys disait, si ce n’est qu’elle lui expliquait que les iops appartenaient à un peuple qui se définissait en fonction de leur croyance. Lady Rawhide, qui venait pourtant de Tekhos, et qui avait voyagé jusqu’à Nexus, n’avait jamais entendu parler d’eux. Les crâs, les pandawas, les iops… Tout ça ressemblait à des noms issus d’un conte pour enfants, et, silencieuse, elle se demanda si Navlys ne venait pas d’une île lointaine.
*Même si ça n’explique toujours pas comment cette femme fait pour changer de forme, ni qui elle est vraiment…*
Esperanza avait toujours en tête des questions gênantes sur cette femme. Qu’était-elle vraiment ? Que venait-elle faire ici ? Impossible d’avoir ces réponses avec cette iop, qui n’était pas du genre à se poser des questions trop compliquées. Autrement dit, il allait falloir provoquer une nouvelle forme, mais Esperanza ne savait pas trop comment faire. La op était apparue face à un péril imminent, nécessitant de recourir à une force physique, ce qui laissait sous-entendre que la créature changeait de forme en fonction des circonstances et des menaces. Mais une éventuelle prochaine forme serait-elle bénéfique, ou maléfique ? Tomberait-elle sur une forme avec laquelle elle pourrait discuter, ou sur la forme du sram, cet ectoplasme noirâtre qui était à l’origine de leurs troubles ?
Entre-temps, Navlys avait lâché la contrée d’où elle était originaire : Amakna. Encore une fois, ce nom ne disait rien à Esperanza, pas plus qu’à Lauren, qui ne savait pas vraiment comment réagir devant les fleurs que Navlys se jetait sur elle-même. La iop n’était clairement pas modeste, mais, à son corps défendant, elle avait tué un redoutable adversaire.
« Hum… J’ai du jus d’orange, oui… Nous le produisons nous-mêmes. »
Elle retourna dans la cuisine, laissant les deux femmes seules pendant quelques instants. Se penchant alors vers Navlys, Rawhide en profita pour lui glisser quelques instructions sommaires :
« Évite de trop parler du fait que nous ayons été attaquées par la garde, Navlys… Techniquement, nous sommes des fugitives, et… »
Esperanza n’eut pas le temps d’en ajouter plus, car Lauren revint avec une bouteille, deux verres, et les remplit.
« Pardonnez ma curiosité, Madame, mais vous avez parlé d’une région… Est-ce là d’où vous venez tous les deux ?
- Pas moi, non… Je viens de Tekhos, et j’étais en voyage quand j’ai rencontré Navlys. Elle a proposé d’être ma garde du corps, en insistant sur le fait qu’elle serait la meilleure dans ce rôle, et que personne, absolument personne, ne saurait lui arriver à la cheville. »
Esperanza lui fit un sourire légèrement ironique, sans trop savoir si Navlys le comprendrait.
« En tout cas, je n’ai jamais entendu parler d’Amakna… À quoi ressemble donc cette contrée ? Comment y accéder depuis Nexus ? Vous avez pris la mer pour venir jusqu’ici ? »
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Voyant la belle volaille préparée avec amour et accompagnée d'une sauce à faire tomber par terre le plus difficile des goûteurs, Navlys se lécha les babines dégoulinantes d'envies ! Ce plat avait l'air terriblement appétissant et, à peine déposé sur table, fut entamé de la manière la plus sauvage pour remplir ce ventre affamé. Après tout, c'était la première fois que ce corps prenait l'apparence du dieu des combats et la nourriture avait une place très importante dans cette culture : bien manger pour bien s’entraîner ! Ainsi, l'appétit de la guerrière ne devait pas être pris à la légère et Esperanza eu le bon réflexe en extirpant une cuisse pour son compte puisque le pauvre poulet ne tarderait plus à n'avoir que sa carcasse à afficher.
Ce massacre fut interrompu par la soif, toute aussi grande, qu'il fallait à présent satisfaire pour éviter quelques désagréments. Gênée, l'hôte proposa son jus d'orange produit avec leurs fruits et partit quérir la boisson. Ce court laps de temps permit à Lady Rawhilde de conseiller Navlys sur ce qu'il était important de ne pas divulguer, laquelle la regardait sans trop d'expression. Des fugitives ? La iop n'avait absolument rien à se reprocher. Elle haussa tout de même les épaules, préférant faire plaisir à sa camarade plutôt que de se la mettre à dos. Une idole se doit de se faire aimer par son public et la iopette se considérait bel et bien comme une star remarquable. La discussion reprit avec le retour de la fermière qui versa le liquide dans deux verres avant de reposer la bouteille. Étant trois, Navlys pensa naturellement que Lauren avait compris les besoins démesurés de la combattante et prit directement la bouteille pour se délecter avec de grandes gorgées. Complètement décontenancée, la belle campagnarde posa de nouvelles questions :
« Pardonnez ma curiosité, Madame, mais vous avez parlé d’une région… Est-ce là d’où vous venez tous les deux ?
- Pas moi, non… Je viens de Tekhos, et j’étais en voyage quand j’ai rencontré Navlys. Elle a proposé d’être ma garde du corps, en insistant sur le fait qu’elle serait la meilleure dans ce rôle, et que personne, absolument personne, ne saurait lui arriver à la cheville. »
Le sourire de la cow-girl passa totalement inaperçu et Navlys répondit à son tour après un soupire de satisfaction, sa soif étant étanchée pour le moment.
« Pfiuuuh... Ouais c'est ça, je viens d'Amakna. Un p'tit coin sympa avec tout ce dont on a besoin à part de vrai défis... Y'a bien quelques prétendants comme le Chêne Mou ou le Dragon Cochon... Mais de vous à moi... Ils valent pas un clou !
- En tout cas, je n’ai jamais entendu parler d’Amakna… À quoi ressemble donc cette contrée ? Comment y accéder depuis Nexus ? Vous avez pris la mer pour venir jusqu’ici ?
- Hein ? Nexus ? C'est quoi ?... Aaah attend... Le chevalier figé à jamais ? J'avais toujours cru que c'était qu'une légende... Peuh ! Et dire qu'on a donné son nom à des bottes toutes pouraves.... Mais nan, j'ai pas pris la mer pour venir. J'aime pas trop le bateau. Je l'ai pris que trois ou quatre fois... Je préfère voyager en canon, c'est plus sûr ! Ou en zaap, c'est bien aussi.... Mais là, j'ai pris un portail je crois. Je m'en souviens plus trop bien. Et pis, quand j'y pense... ça m'fait mal au crâne... alors j'arrête. C'est chiant de réfléchir, trouvez pas ? M'enfin... C'est bizarre quand même que vous connaissez pas Amakna... Manquerait plus que vous me disiez que vous n'ayez aucune idée de qui est Alister !.... »
Voyant le regard interrogateur des deux femmes face à cette révélation, Navlys eu un sacré doute et ouvra grand ses yeux sans pupilles en enchaînant.
« Naaaaannnn.... Vous êtes sérieuses ? Le roi Alister ! Le roi d'Amakna ! ça vous dit rien du tout ?!.... Mais... Vous sortez d'où ?! Si je vous dis Astrub quand même, là, vous allez pas me dire que.... Si.... Vous connaissez pas non plus... Oooolalalalah mais où je suis tombée moi encore..... Vous, vous êtes pas passées par Incarnam... C'est obligé... En plus, t'as une tête bizarre pour une fermière... Elles sont pas comme ça d'habitude.... Plus grosses, rondes et grasses... Et toi, ton dieu doit être sacrément bizarre ! Mais bon... C'est pas grave, j'vous aime bien quand même ! Ahahaha ! »
Son long rire la fit pleurer et lui rouvrit l'appétit. La iop termina donc sans gêne le poulet et engloutit la fin de la bouteille de jus devant ses camarades se demandant certainement s'ils avaient bien fait de s'occuper de cette folle....
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La iop sembla peu à peu comprendre qu’elle était dans un endroit assez obscur, mais mit cela sur le dos des deux femmes. Esperanza, pour le coup, était plutôt ravie d’être tombée sur Lauren, car la présence de cette femme signifiait que ce n’était pas elle qui était en train de devenir folle, mais bien la chose face à elle qui semblait surgir d’un obscur endroit. Elle leur parla ainsi du Roi Alister, Roi d’Amakna, puis d’Astrub (qui évoqua à Lady Rawhide une marque de chewing-gum tekhan), ou encore d’Incarnam… Autant de termes barbares et incompréhensibles pour Rawhide, tandis que Navlys se remit à manger du poulet, visiblement fort peu troublée par l’idée d’être seule au monde.
« Hum… Et bien… Nous avions un Roi à Nexus, Liam Ivory, mais il est mort en mer il y a des années. Désormais, le royaume est dirigé par sa fille, Elena Ivory. Alister ne me dit rien, sans vouloir vous vexer…
- Auriez-vous une carte du monde, Lauren ? s’enquit alors Esperanza.
- Hum… Oui, mais… À quelle fin ?
- Et bien, ça me semble évident. Navlys pourra nous indiquer de quelle contrée elle vient. »
Lauren acquiesça, et leur dit de ne pas bouger. Elle fila à nouveau, et Esperanza l’entendit gravir des marches, filant vers les étages du manoir. Rawhide en profita pour observer à nouveau la femme, toujours aussi troublée. Ses questions étaient toujours là, car elle ne savait vraiment pas par quel angle aborder cette femme. Est-ce que sram était un autre peuple issu d’Amakna ? Était-ce là l’explication sur la nature confuse de Navlys ? Esperanza ne savait vraiment pas quoi en penser, mais avait le sentiment que, à force de nager dans l’obscur, elle allait bien finir par décrocher des réponses.
En attendant, elle observa un peu le mobilier. C’était vraiment une ferme reculée, avec quelques tableaux paysans montrant des paysages, une peinture murale faite de motifs floraux… Une vieille bâtisse, avec des poutres apparentes, et elle sortit de ses réflexions quand Lauren revint, tenant entre les mains un épais volume, que Lady Rawhide reconnut.
C’était « L’Atlas du Monde », un épais bouquin tenu par l’académie de Tekhos, et qui avait pour but de recenser tous les États connus, avec une fiche par État, recensant des informations synthétiques sur eux. Elle avait l’une des dernières éditions.
« Je… Je l’ai acheté à Nexus », se justifia-t-elle, en rougissant légèrement.
Il n’était pas difficile de comprendre, et son look le confirmait, que la jeune Lauren ne s’imaginait guère rester dans la ferme familiale pendant des années, et qu’elle se voyait probablement faire un grand voyage. L’atlas comprenait une grande carte, en format poster, que Lauren déplia, l’étalant au milieu de la table. On vit ainsi le massif supercontinent central de Terra, ayant, en ses extrémités, Nexus, Ashnard, et Tekhos. D’autres noms apparaissaient ici et là : Castelquisianni, Sylvandell, Edoras…
« Alors, où situeriez-vous Amakna ? Mon atlas ne mentionne pas votre royaume… »
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Quelle bonne idée que de faire venir une carte ! Les esprits seraient enfin fixé et tout le monde pourra comprendre que rien n'est à sa place sous un angle différent selon les protagonistes. En effet, la iop, bien que peu futé, verrai sans effort la différence entre le monde de douze et Terra. Cette révélation donnerait ainsi une première piste sur les origines de la guerrière et un semblant de réponse pour ses transformations : c'était une alien. Bien sûr, la plupart s'imagine tout de suite des petits bonhommes verts ou des êtres gluants, voire même des formes extraordinaires mais le terme alien signifie avant tout que c'est un être vivant étranger au monde connu ! Ainsi, Navlys remplissait parfaitement ce critère sans que cela n'avance d'avantage la compréhension de sa présence ici et ce ne serait pas elle qui allait l'expliquer !
Ayant bien mangée et bien bue, la combattante s'avachit sur sa chaise tout en s'étirant. La sieste suit généralement les repas copieux, même lorsqu'on n'est pas sadida ! La différence étant que les autres disciples passent moins de temps à roupiller pour digérer que ces créatures proches de la nature. Néanmoins, Navlys n'avait aucunement l'intention de snober ses camarades en sommeillant pendant qu'elles s'interroger à son sujet. Les questions, les réponses, les pensées, la réflexion... Tout ceci n'était pas son fort mais elle se devait de satisfaire son public. Ainsi, à moitié somnolente, elle restait éveillée et se redressa lorsque l'atlas fut déployé sur la table.
L'imposant ouvrage entretenu à la perfection devait être un vrai régale à parcourir et à étudier mais lorsque les yeux de la iop virent une telle masse, son crâne eu l'impression de se manger une épée divine ! Elle se massa le front en soupirant tout en déclarant :
« Rhololololo.... Y'a des gens qui sont vraiment frappés pour écrire et lire ce genre de.... Aaaaah ! Mais y'a des images ! Oooooh pis c'est sacrément bien foutu en plus.... Waaah.... J'aime presque tout machin là ! Et c'est la première fois que j'dis ça pour un.... Un... euh... truc ? Bref, s'en fout. »
Légèrement amusée, Lauren déploya pendant ce temps la grande carte du monde qu'elle présenta devant Navlys avant de lui demander de situer Amakna. Demander... quelque chose d'intellectuel... à une iop... Celle-ci eu d'abord un temps d'arrêt, suggérant que son cerveau infiniment petit venait tout simplement d'imploser mais ses yeux bien arrondies se mirent à cligner vivement avant de parcourir la carte. La guerrière se massa le menton, se gratta la tempe, posa son pouce devant la bouche, plissa les yeux, se leva pour se rasseoir avant de finalement se relever pour regarder la carte sous un autre angle... Quelque chose clochait mais elle restait silencieuse, une rareté. La carte qu'on lui présentait ne ressemblait à rien de connu pour elle. Enfin... si on prenait ce bout de terre et qu'on le collait à cet autre qui dépasse au sud, cela donnerait grossièrement un semblant de Pandala mais... C'était du bricolage. Le genre de stupidité qu'une iop était parfaitement capable de faire et qui justifiait ses différents mouvements : elle était en train de réfléchir pour faire une hypothèse sur l'emplacement d'Amakna en fonction de ce qu'on lui proposait... Mais bon, étant profondément idiote, elle n'arriva pas à trouver la moindre réelle concordance. Navlys se massa la nuque et afficha un sourire gêné avant de déclarer :
« Beeeeh.... J'trouve pas... Y'a bien des bouts qui m'font penser à Pandala, à l'île des Wabbits ou aux landes de Sidimotes mais... C'est quoi cette carte ? Je suis où en fait ? C'est quoi ce bordel ? Vous essayez de me faire une blague ? Vous êtes en train de vous foutre de ma gueule ? Vous me prenez pour une idiote, c'est ça hein ?! HEIN ?! »
Le ton montait clairement et la colère grandissait à vu d’œil. Leur débilité était connu de tous et personne ne pouvait la contester. Mais s'il y avait une chose à ne surtout pas faire, c'était de la signaler à un iop. Entre eux, ils pouvaient se faire ce genre de broutille sans qu'il n'y ai trop d'incidents mais... Sachant que pour rigoler, les iops étaient capables de pulvériser un village pour laisser libre cours à leur dispute ou lors de simples chamailleries... Il valait mieux éviter de ce les mettre à dos. Malheureusement, cette réalité enclencha ce processus au fort potentiel désagréable pour les deux femmes et toutes personnes se mettant face à sa colère. Navlys bouillonnait et ses cheveux commencèrent à onduler par sa rage qui concentrait son énergie. Bientôt, le sol se mettrait à trembler si Lauren ou Esperanza n'arriveraient pas à lui faire comprendre ce qu'elles voulaient vraiment avec cette carte. La fierté de la guerrière fut touchée et les conséquences d'un tel acte n'assuraient rien de bon pour l'avenir de cette ferme et de son entourage. Pourvu que la iop reprenne ses esprits !
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Lady Rawhide sentit Navlys s’énerver sur place, ce qui fit légèrement trembler la maison, confirmant les puissants pouvoirs de cette dernière. La iop compensait manifestement son absence d’intelligence par sa force, car, même malgré le fait établi, elle se mettait à s’énerver, et à penser que tout cela était un complot, une trahison.
« Mais... Non, c’est juste que...
- Tu dois te calmer, Navlys. Pour quelles raisons chercherions-nous à te piéger ? Ça n’a pas de sens. »
Esperanza avait la main sur son Colt, prête à tirer... Depuis le début de cette histoire invraisemblable, sa confiance envers Navlys restait extrêmement limitée. Elle ne savait pas qui était cette femme, et elle avait prouvé toute son instabilité, et même sa dangerosité. Dans un combat régulier, Esperanza se faisait peu d’espoir contre Navlys, mais là, à si courte distance, une balle la toucherait sûrement. Ensuite, quant à savoir si elle ferait du dégât... Esperanza préférait raisonner la iop plutôt que prendre un tel risque.
Ainsi, elle enchaîna rapidement :
« C’est la carte du monde, Navlys, il n’y a pas de trucages. Nous sommes ici, à Nexus.
- Je vous en prie, calmez-vous...
- Personne ne t’accuse de mentir, Navlys, mais je veux que tu comprennes que tu viens d’un autre endroit... Probablement d’un autre continent, situé de l’autre côté de la mer. »
D’une autre dimension, en réalité, mais ça, Esperanza ne pouvait pas le savoir. Lauren, en revanche...
« J’ai entendu parler de certains programmes, de... De Failles, des portails qui mènent d’une dimension à une autre. De ce que je sais, les Tekhanes ont mené des expéditions vers l’un de ces autres mondes, qui s’appelle Terreaufair. J’avais toujours été sceptique, mais... Ne serait-il pas impossible, Navlys que vous veniez vous-même d’une autre dimension ? »
Tout ça, effectivement, ressemblait à du projet délirant écrit par des journalistes en manque de papiers à vendre.
Sur ce point, Lauren avait cependant raison sur toute la ligne, mais il restait encore à ce que Navlys soit convaincue...
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Colère et puissance résumait parfaitement l'état éblouissant de la iop. Son désir d'anéantir des inférieurs brûlait en elle tel un volcan. Son sang en ébullition s'activait dans tout son corps pour alimenter ses muscles tendus par sa haine. L'aura magique commençait à apparaître lorsque Lauren évoqua les dimensions. Comment la guerrière n'y avait-elle pas pensé ?! Outre le fait que son cerveau avait la taille d'un petit pois, traverser des portails pour se frotter à des adversaires honorables dans l'une des douze dimensions divines faisait parti de son quotidien. Ainsi, suite à une légère inclinaison de la tête en entendant cette évocation, Navlys se calma aussitôt, comme si de rien n'était et s'exprima d'une voix extrêmement douce et reposée :
« Ah oui... Pas bête la bête... Mais je croyais qu'il n'y avait que douze dimensions parallèles à mon monde... Et comparé à Enutrosor ou Xelorium... ça ressemble beaucoup au monde des douze ici... Elle est pourrie votre dimension... »
Posant ses mains sur les hanches, la bouche de la combattante forma une grosse moue remplie de déception. Blasée, elle reprit tout de même pour en savoir d'avantage :
« Mais... Rassurez-moi... Le poulet de toute à l'heure... C'était qu'un petit monstre hein ? Dites-moi qu'il y a plus costaud. J'ai pas envie de m'ennuyer... Surtout que je sais pas où il est ce foutu portail pour rentrer chez moi... »
D'un regard suppliant, Navlys regardait tour à tour les deux femmes dans l'espoir d'avoir une bonne nouvelle, l'espoir d'un VRAI combat. La iop voulait se battre et tester son niveau à chaque instant. Elle n'avait peut-être pas la puissance pour se mesurer seule à chaque monstre du monde des douze ou des dimensions divines mais la guerrière aspirait à la perfection. Cette âme combative cherchait sans cesse à se surpasser en oubliant tous les risques possibles : progresser ou morfler, il n'y avait pas de demi-teinte. Tout iop n'était pas aussi extrême mais celle qui habitait le corps de cette disciple n'envisageait aucune autre alternative. De plus, l'idée de séjourner dans un monde où une créature terrifiante, pour des gens normaux, n'avait pas tenu plus d'une minute face à elle l’ennuyait terriblement...
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Esperanza sentit la situation se détendre quand Lauren évoqua les réalités alternatives, ce qui sembla en effet détendre Navlys presque instantanément. Un changement de comportement bienvenu, qui amena Esperanza à esquisser un léger sourire sur ses lèvres lorsque la iop, retrouvant des couleurs, demanda s’il existait un ennemi plus coriace, ici, que le « poulet » de tout à l’heure. Résumer la cocatrix à un poulet, c’était un peu gonflé, mais Esperanza comprenait. Navlys était forte, et c’était assez terrible. Esperanza voulait de la discrétion, de la prudence, car elles étaient encore traquées par les gardes, et, si jamais une patrouille arrivait ici, on aurait tôt fait de la retrouver. Avec son accoutrement, Lady Rawhide était loin d’être facile à masquer dans la foule, et elle voyait mal Lauren et son frère se heurter à la Milice pour deux femmes inconnues.
« Et bien... »
Lauren se pinça nerveusement les lèvres.
« Cette forêt est particulièrement profonde et ancienne. La cocatrix est une redoutable prédatrice, mais... On dit que, à l’orée des montagnes, et dans les profondeurs des bois, il existe... Un Wendigo. »
Rawhide ferma lentement les yeux, pesant le pour et le contre. En s’enfonçant dans les bois, les deux femmes fuiraient les miliciens, qui, tôt ou tard, arriveraient dans cette ferme. Mais un Wendigo... C’était effectivement bien au-dessus d’une cocatrix, et Esperanza n’avait pas spécialement envie d’en affronter une avec une partenaire aussi instable que Navlys Sruk, qui venait vraisemblablement d’une autre dimension.
« Mais... Ce serait suicidaire de l’affronter, le Wendigo ne s’aventure jamais dans nos terres, ou alors en des périodes hivernales particulièrement dures... »
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Suicidaire, c'était presque le mot parfait pour résumer le tempérament des iops ! Toutefois, on leur préférait le qualitatif téméraire compte tenu de leur étonnante réussite à sortir des situations les plus mal engagées. Si ton ennemi est toujours debout, c'est que tu ne frappes pas assez fort ! Une logique imparable pour ces guerriers qui pouvaient augmenter leur puissance à des niveaux dépassant l'imagination. Certains racontent que le dieu Iop avait même détruit toute une île en éternuant... Ses disciples étaient bien moins fort mais aspiraient tous à l'égaler, d'autant plus que les légendes parlent d'élévation au rang de dieu lorsque l'âme s'épanouit pleinement.
En tout cas, les indications de Lauren avait gonflé Navlys à bloc : elle claqua ses mains avant de les frotter vivement avec un sourire rempli d'excitation !
« Yaaah super ! J'adore quand on dit que c'est suicidaire mouahahaha ! On y va quand ? C'est loin ? ça r'semble à quoi ? Ce serait bête de frapper le mauvais machin... »
La disciple rassasiée voulait de l'affrontement, c'était sa raison d'être. Surtout que l'instabilité psychique de la jeune femme n'avait aucune raison de se manifester maintenant. Mais qui sait ce qui arrivera d'ici ce soir ? Après tout, une bière ou deux pourraient potentiellement attirer la déesse Pandawa, un jeu de carte ferait certainement surgir Ecaflip de sa litière, un immense amas de pièce d'or rendrait Enutrof complètement dingo... Tant de possibilités aux probabilités hasardeuses remettraient probablement en cause cette envie d'expédition sur ce "Wendigo" mais pour l'heure, c'était bien Iop au commande. Iop veut du combat !
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Fuir des miliciens en allant traquer le Wendigo, c’était… Atypique, pour ne pas dire complètement idiot. Avaient-elles seulement une chance de s’en sortir ? La iop était puissante, mais, de ce que Rawhide avait vu… Assez pour venir à bout d’un de ces monstres ? Lauren, elle, laissa passer quelques secondes, avant de consentir à donner quelques informations supplémentaires :
« Le Wendigo est un être entouré de légendes. On dit que ce sont d’anciens humains, qui se sont transformés en monstre en mangeant de la chair humaine. De ce qu’il ressort des témoignages des chasseurs et des bûcherons, notre Wendigo est une créature massive, plus grande qu’un ours, et on la dit doter de quatre bras proéminents. Bien sûr, je ne l’ai jamais vu en personne, et, contrairement à la cocatrix, elle sévit plutôt dans les profondeurs des bois, où elle se nourrit de biches. »
Il était tout aussi possible que cette bête n’existe pas, ou qu’elle soit partie. Toutefois, un Wendigo était, par définition, une créature très territoriale, vivant dans son secteur, et n’en partant que sous de rares conditions. Mais est-ce que les miliciens iraient les pourchasser jusque-là ? Chaque minute que les deux femmes passaient ici les mettaient de plus en plus en danger, et, maintenant qu’elle avait appris l’existence de ce monstre, Navlys ne semblait avoir qu’une envie : repartir.
Esperanza pouvait comprendre ça, et en profita donc.
« Nous ne voudrions pas nous imposer davantage, vous êtes déjà très aimable de nous avoir accepté.
- Vous ne me dérangez pas, mais… Enfin… Vous ne comptez quand même pas affronter le Wendigo ? »
La surprise de Lauren était compréhensible, et Lady Rawhide haussa les épaules. Perdu pour perdu…
« Je pense que ce serait un défi intéressant pour Navlys, oui… Et il faut bien que je la guide, ou elle se perdrait. »
Après tout, elles avaient quand même bien peu de chance de tomber sur un tel monstre… Non ?