Tout le repérage et la surveillance, Sarah l’avait déjà accompli quand Jim était au repos. Elle savait déjà tout de Taunton sans s’y être promenée, grâce aux cartes satellites de l’armée. Elle avait utilisé l’ordinateur intégré à sa combinaison pour étudier Taunton, ses recoins, ses rues, ses ruelles, ses impasses, ses toits... De cette manière, en cas de problème, elle pourrait s’évader plus facilement, et, de manière générale, pouvoir repérer plus facilement les éventuels tireurs d’élite. La Ghost avait fait tout ce qu’il fallait faire, et s’il n’y aurait pas eu Raynor, elle aurait passé l’après-midi à s’entraîner dans le désert, par habitude. Raynor réfléchissait, ayant probablement oublié que Sarah lisait dans les pensées des autres. Pour elle, c’était naturel, instinctif. Les Psykers lui avaient appris à compartimenter ses pensées, mais n’avaient pas réussi à filtrer les messages qu’elle recevait. Ses pouvoirs psychiques étaient trop élevés pour ça, et, à défaut de pouvoir empêcher son esprit d’être un boulevard recueillant les pensées des autres, elle avait appris à les compartimenter, à séparer ce uqi relevait de
ses pensées des
leurs. Un long travail de méditation, que Sarah faisait encore fréquemment, quand son esprit commençait à être envahi par un trop-plein de pensées parasites. C’est aussi pour ça qu’elle était prédestinée à être une Ghost, car une Ghost mettait instinctivement un écart entre elle et le reste. Agoraphobe, Sarah ne supportait pas d’être au milieu de la foule, car il y avait alors tout simplement trop de pensées parasites. Même maintenant, après sa formation au sein des Psykers, puis de la Ghost Academy, elle était encore sensible à ce genre de perturbations psychiques. Taunton était donc pour elle un endroit particulièrement agréable, car dénuée d’une grosse population.
Jim finit par opter pour l’accrobranche, tout en encourageant Sarah à vraiment se détendre :
«
Et un conseil de vieillard Sarah. Quand tu prends des vacances, essaie d'en profiter. C'est quand même con de gâcher tes moments de loisir à penser aux autres. Si tu t'fais jamais plaisir, t'auras que des regrets à ressasser quand t'auras mon âge. Faut qu'ten profites un peu. T'es jeune et belle mince ! Drague, sors en boîte, ris, lâche-toi, trouve-toi quelqu'un de spécial juste pour toi. Sois un peu égoïste et fais c'que t'as envie un peu. Si les autres peuvent pas tout suivre, ben c'est pas grave, du moment qu'tu t'éclates la moindre. »
Elle le regarda pendant quelques secondes, mais ne dit rien, restant pensive et silencieuse.
*
Des vacances...*
Les congés payés n’existaient pas chez les Ghost. Quant à un amant... Ce serait très difficile, là encore, à cause des pouvoirs psychiques de Sarah. Il fallait que son amant soit parfait, et ce dès le début, car, si elle dormait avec quelqu’un, elle partageait ses rêves, ses désirs, ses fantasmes, et pouvait ainsi instantanément savoir à qui elle faisait affaire... Sarah, en réalité, avait peur des autres, peur de s’attacher, car tout lien pouvait se résulter par des conséquences psychiques terribles. Son enfance au sein du monastère des Psykers avait été marquée par de multiples incidents psychiques, quand ses pouvoirs psioniques la dépassaient totalement, donnant lieu à des tempêtes cérébrales redoutables... Des choses que Sarah n’avait pas du tout envie de revivre.
Le duo rejoignit donc le parc, et, encore une fois, Sarah paya l’entrée. Il y avait essentiellement des familles, voire des adolescentes tekhanes, des étudiantes venant s’amuser dans les Badlands. Ils enfilèrent des baudriers, voyant les multiples arbres, les ponts suspendus entre les arbres, les tyroliennes... Le parc se composait de plusieurs parcours, allant de la simple promenade entre les arbres à un parcours d’aventure. Ce fut une femme qui se chargea de mettre leurs baudriers, puis se livra à un petit cours rapide avec d’autres individus, afin de leur expliquer comment le baudrier fonctionnait, et la nécessité qu’il y avait à s’attacher à la ligne de survie sur les parcours. Sarah écouta, tout en sentant, comme souvent, quelques pensées salaces tournées vers son postérieur.
Elle commença avec Raynor par un parcours facile, histoire de se mettre en jambe. Les ponts suspendus étaient parfois assez longs, et oscillaient facilement quand on sautait dessus, ce que beaucoup d’enfants s’amusaient à faire. Ils allèrent ensuite devant un parcours plus risqué, avec de simples fils de fer filant entre les arbres, des cordes à attraper, des rondins de bois suspendus qui remuaient rapidement, et quelques tyroliennes. Sarah, de fait, s’amusa énormément sur les tyroliennes, se jetant dans le vide. Elle avait l’habitude d’en faire à l’entraînement, ou même en mission. Une fois, elle avait fait de la tyrolienne entre les toits de deux gratte-ciel, à Tekhos Metropolis, afin d’atteindre une position d’où elle pourrait assassiner une femme d’affaires. Le vent sifflait le long de ses cheveux, et elle recourba les jambes en s’approchant de l’arbre, heurtant un énorme matelas de mousse plaqué contre le tronc d’arbre.
Heureuse, elle se détendait, et passait un superbe après-midi !