Please, help ? [Deisui Kichigai]

Dans le Bois aux Loups, la meute dormait paisiblement. Toutes les créatures de la forêt étaient profondément endormies. Et parmi ces créatures, il y en avait quatre qui se détachaient assez de l’ambiance générale. Quatre chimères, hybrides d’animaux divers et variés. Et l’une de ces chimères, la plus âgée et la plus jeune à la fois, n’avait plus sa mémoire intacte. Difficile donc de prévoir ce qui allait se passer dans quelques instants, puisqu’il n’avait probablement aucun souvenir de ce pourquoi il s’était engagé…

Dans un bruit étouffé, un nuage de soufre prit la place qui lui revenait dans l’obscurité ambiante. Quand il se dissipa, il y avait devant Deisui Kichigai deux hommes, dont un qui avait un bras devant son visage et foudroyait l’autre du regard.

-Debout, Deisui, tu as du boulot." Asséna le démon sans état d’âme.

-Eh, laissez-lui au moins le temps de se réveiller, le pauvre…"

Talok soupira mais patienta, les bras croisés. Son expression faciale laissait entendre qu’il n’avait aucune envie d’attendre. Ce qu’il fit tout de même, et une fois que la nouvelle chimère fut debout il l’examina attentivement.

-T’as une queue maintenant ? Ça te va bien. Les cornes aussi.

-Ce sont des bois, je pense.

-On s’en fiche ! Ce que vous pouvez être agaçants, vous autres humains, avec vos détails insignifiants. Bon, si tu es réveillé mon gars, tiens. Ton premier contrat avec l’Ordre. Comme tu peux le voir, on a attendu que tu aies fini tes trucs personnels avant de te recontacter."

Il lui tendit une enveloppe marquée du sceau de l’Ordre de la Croix du Sud, une croix multicolore qui semblait  totalement tirée du chapeau. Pendant ce temps le jeune homme qui l’accompagnait fouilla dans la poche de sa veste et en sortit un objet typiquement terrien : un stylo à bille. Avec un bloc-notes. Il tourna quelques feuilles, traça un tout petit trait comme s’il tenait le compte de quelque chose, puis rangea le tout dans sa poche. Il se tourna ensuite vers Deisui avec un sourire navré.

-Désolé, je crois pas qu’on pourra lui apprendre les bonnes manières un jour. Un démon reste un démon, j’imagine."

Cela faisait... Longtemps que nous avions été accepté par la meute des loups, des semaines, des mois, je ne sais plus trop. Au fur et à mesure que le temps s'écoulait j'en perdait de plus en plus la notion, au profit de mes sens bestiaux qui s'aiguisaient, tout comme les parties animales de mon corps. La queue s'était légèrement allongée et les bois avaient pris un peu d'ampleur, bien que ce ne soit pas encore suffisant pour me gêner dans ma traque... Et à vrai dire je m'en souciais bien peu. J'étais heureux ici, au côtés des animaux et de mes pairs... Et surtout aux côtés de ma fille, ma petite fille, que je protégerai contre tout ce que ce monde pourrait déployé pour la meurtrir... Et c'était justement que, alors que tout le monde dormait mes sens étaient encore en éveil derrière mes yeux clos. De fait je réagis promptement quand, avant de voir quoi que ce soit, je sentis une odeur familière. Je ne savais pas ce que c'était, ni même d'où elle m'était familière, mais j'étais certain d'un détail, elle signifiait une chose... Danger !

Ainsi je me relevais soudainement, mes mains se portant sur mes lames, toujours à mes flancs et que je conservais même si elles ne me servaient guère pour la chasse, cherchant alors du regard la source de cette puanteur, le posant finalement sur deux hommes dont la vision m'interpella et m'arracha un grondement. Comment avait il pu arriver ici sans que je ne les perçoive avant ? Était il vraiment de simples humains ? Je ne saurai le dire, mais alors que j'allais m'adresser à eux pour leur signifier de quitter notre territoire, ils m'interpellèrent, rien d'étonnant en soit, si ce n'étaient qu'ils usèrent de mon prénom alors que je ne les connaissais pas... Enfin... si... Leurs visages m'étaient familiers, vaguement, mais je n'avais dû faire que les croiser. Perturbé par cela je ne réagis pas alors qu'il commentait mes attributs, qui, je le savais par Linda, n'étaient pas là avant. ils me connaissaient donc d'avant... Mais cela n'était pas réciproque, de fait alors qu'il me parlait de contrait, d'ordre mon regard se fit plus sévère et d'un geste de la main je balayais la missive qu'il me tendait en grondant.

"Je n'ai rien à faire avec vous... Je ne sais pas qui vous êtes, ni comment vous me connaissez, mais toujours est il que désormais je dois rester dans cette forêt et protéger les miens."

Mais alors que je parlais mon regard se porta sur le... L'étrange objet qu'avait la personne la moins bavarde me ... Troubla à nouveau. A le fixer ma tête me faisait mal. Ce n'était pas une arme pourtant, pas un couvert c'était... Autre chose... Ça sert à écrire je crois et ça ne vient pas d'ici. Cette même personne prit d'ailleurs à son tour la parole et un de ses résonna dans mon esprit. Démon... Oui C'était ça l'odeur que j'ai senti, ayant précédé leur arrivée, l'odeur d'un démon. Cela je le savais avant pourtant, alors pourquoi je n'arrivais pas à y penser ?! J’étais en tout cas un peu perdu, et ça se voyait. Cela ne m'empêcha pas pour autant d'appuyer mes propos.

"Et vous n'avez rien à faire là... Vous devriez partir avant que la meute ne s'en prenne à vous !"

Problème. Gros, gros, gros problème. Deisui les avait oubliés. Avant même qu’il n’ouvre la bouche ça se lisait sur son visage malgré l’obscurité : il ne savait pas du tout qui se tenait devant lui. Il n’avait certes jamais rencontré le jeune humain, mais le démon, lui, il le connaissait bien, comment avait-il pu l’oublier aussi facilement ?

-Wow… Wow, wow, wow. Dis donc, c’est un sacré beau trou de mémoire que tu as, mon pauvre ! Tu te souviens même pas de moi ? Bon, écoute, inutile de déranger ta chère meute pour nous, de toute façon on va repartir vite. Et tes copains hybrides doivent le savoir puisqu’ils se sont même pas réveillés pour nous accueillir, même en montrant les crocs.

-Talok, vous devriez vous taire, l’interrompit l’autre.

Il avança vers Deisui, lentement pour ne pas paraître menaçant, mais en le regardant bien droit dans les yeux.

-Je propose de rester calmes pour l’instant. Vous êtes amnésique, n’est-ce pas ? C’est sûrement un effet secondaire de la transformation, apparemment ça fait ça à presque tous ceux qui sont passés par là.

Quand il fut à moins d’un demi mètre, il tendit le bras pour toucher le front de Deisui.

-Je peux vous faire vous souvenir de nous. Le reste, je le laisse enfoui si vous voulez, je ne vais pas m’amuser à regarder toute votre vie.

En même temps qu’il parlait, les souvenirs perdus concernant l’Ordre de la Croix du Sud, du contrat qu’il avait signé (Talok était venu le voir un soir où il était vraiment ivre, juste pour rire) et de ce à quoi il s’était engagé. Étrangement, il ne pouvait pas y échapper, il ne pouvait pas reculer, pas se défaire de ces deux doigts qui le touchaient à peine et pourtant réussissaient à fouiller sa mémoire. Un autre souvenir revint: le moment où Linda l’avait transformé pour lui sauver la vie.

-Ah, je vois… Vous avez eu de la chance, la pauvre aurait pu vous tuer dans sa panique. Mais bon, ce n’est pas le cas, tant mieux !

Il retira sa main, recula et sourit…avant de se laisser tomber dans les bras du démon, épuisé.

-Vous êtes pas croyables… Toujours à tester vos limites juste pour le spectacle.

Non en effet, je ne me souvenais pas de celui qui avait été désigné comme démon, et nommé ensuite Talok, pas plus que je ne visualisais son camarade, c'était une juste constatation... Au moins aussi intelligente que sa proposition de ne pas déranger la meute qui avait sans doute mieux à fiare que de régler la question de ces intrus. Cependant alors que je m'attendais à les voir reculer ou disparaître aussi soudainement qu'ils paraissaient être apparus, il n'en fut rien. Au contraire même, un des intrus, celui dont j'ignorais le nom s'avança, lentement, sans arme apparente et en soutenant mon regard, une attitude qui n'avait rien de menaçant en soit, mais qui néanmoins m'éveillait des soupçons, m'amenant à commencer à dégainer mes lames.

"N'avance pas plus..."

Mais il persista, prenant la parole tout en marchant, parlant d'amnésie, et de ma transformation... Comment savait il exactement ce qui m'était arrivé ? Je l'ignorais et la chose me surpris, assez pour lui laisser le temps de finir s'approcher. Ce ne fut que quand il tendit le bras vers moi que je réagis. C'en était trop ! Qu'il recule maintenant ou périsse ! Mais mes lame étaient à peine à moitié dégainées que son doigt atteignit mon front et que, mû par une force que je ne m'expliquais pas je m'interrompais brusquement, incapable davantage, n'entendant que de façon flou ce que me dit mon interlocuteurs... Avant de voir rapidement, dans un défilement d'image confus des images qui semblaient ne jaillir de nul part, mais que je comprenais être des événements passés... Et de ces moments je revis ce qui était advenu, ce qui avait fait de moi ce que je suis aujourd’hui, et la perte de ces mémoires...

Quand ce déferlement fut fini, je parus pour le moins troublé, n'accordant pas le moindre regard au responsable de la chose alors qu'il s'effondrait, semblant regard dans le vide tout en rengainant mes armes, réfléchissant  àce que j'avais vu. Ils m'avaient aidé à atteindre mon objectif, et je m'étais engagé en échange à les aider... Mais en même temps... Qu'avais je maintenant à faire de leurs idéaux ? Pourquoi devrai je m'acquitter d'une dette à l'égard d'individus tel que ce méprisable démon ? ... Mais je me souvenais, je me souvenais que leurs idéaux étaient justes, que dans le fond j'avais les mêmes et je ne sais pas pourquoi l'idée de leur refuser mon aide me révulser désormais, mais tout comme celle de la leur accorder, car cela signifiait une chose... Et mon regard se tourna , se posant vers Linda, alors que l'amertume se faisait de plus en plus pressante dans mon esprit.

"Je comprends... Je me souviens... Mais je ne peux pas vous aider... Je ne peux pas ... Je ne peux pas abandonner une nouvelle fois ma fille. Tu comprends cela Talok ? Je sais que vos objectifs sont purs, mais je ne veux pas la perdre, pas encore une fois."

Mes souvenir étaient peut être flous, confus, mais même ces révélations je me souvenais d'une chose dans mon passé, cette sensation de perte, d'abandon horrible, d'un père ayant perdue sa fille et surtout de la souffrance qui m'avait accompagné durant plus de dix ans. Je ne voulais pas revivre cela. Or en la délaissant, je risquais de la perdre, même avec la meute pour la protéger ,alors je ne pouvais aider l'ordre, à moins que...

"... Sauf bien sûr si vous veillez sur elle pendant mon absence. Dans ce cas je ferai ce que vous me demanderez... Dans la limite du raisonnable, bien sûr. Ah, et comme toute chasse mérite son dû, je souhaite qu'en plus votre... Ami, déterre ce que j'ai perdu dans mon esprit, tout. L'ignorance est peut être un cadeau, mais maintenant que... Je me souviens de certaine chose et le doute... Le doute est pire que tout..."

Méfiant, il avait de quoi l’être. Après tout, de parfaits inconnus étaient apparus devant lui par magie démoniaque, l’un d’eux était justement un démon et l’autre se permettait de venir trop près. Le trouble, ensuite. Tout à fait légitime et même logique. Quoi de plus perturbant pour un amnésique que de retrouver ses souvenirs d’un bloc ? Et quels souvenirs…

Par chance Deisui ne prit pas trop mal cette intrusion et accepta même de discuter de son engagement, mettant sur le tapis le problème de sa « fille » retrouvée. Talok soupira et leva les yeux vers la cime des arbres.

-La perdre, tout de suite… Eh, tu pars pas pour si longtemps que ça, hein ! Mais bon, si ça peut te faire dire oui d’accord, on s’occupera de ta fifille pendant ton absence. Pas moi, j’ai mieux à faire, mais je lui trouverai une nounou dès que tu seras en route.

Pendant ce temps l’autre s’était redressé et, immédiatement, écarté à trois pas du démon. Il se rapprocha tout de même de ce dernier pour lui tirer l’oreille, un air blasé sur le visage.

-Bon sang, mais vous allez arrêter d’être chiant, oui ?! Vous pouviez pas tout simplement lui dire « d’accord on va s’en occuper » ? Pfff…

Il revint vers Deisui et reprit son sourire. Un sourire discret mais chaleureux. Et derrière lui Talok se foutait ouvertement de sa gueule et faisait des grimaces, mais eut malgré tout la délicatesse de leur foutre la paix et de rester muet.

-Vous voulez donc, si j’ai bien compris, que quelqu’un s’occupe de la demoiselle, et que je vous rende toute votre mémoire, c’est bien ça ? Pour le premier point c’est largement faisable, l’autre idiot va s’en charger, un des rares points sur lesquels on peut lui faire confiance si j’ai bien compris. Le deuxième point par contre… Je préfère éviter, déjà parce que ça me fatigue, ensuite parce que je vois tout ce que vous voyez et il y a des choses qui ne regardent vraiment que vous. J’en sais déjà un peu trop je pense…

Un regard noir et amer fut la réponse que j'offris sur le champ à Talok, la conditions qu'il tournait en dérision étant bien celle qui n'était pas négociable ! Une nounou ? Soit, mais il faudrait alors une nounou à même de la défendre contre tout les dangers de cette forêt, et plus encore, ainsi qu'à même de s'intégrer parmi la meute ce qui serait sans plus compliqué que ce qu'il semblait le considéré ! Néanmoins je n'eus pas le temps de lui répondre par d'acerbes remarque, que son compagnon, qui semblait avoir repris quelque forces, fit exactement ce que je souhaitais faire au fond de moi. A la fois envieux et reconnaissant mon regard se tourna vers lui, tandis qu'il me souriait, un sourire que j'essayais de lui retourner alors que je comprenais que c'était avec lui qu'il me fallait négocier !

Essayant donc de faire fi de la mascarade du démon par dessus son épaule, j'écoutais attentivement ses propos, hochant pensivement la tête à ces derniers, parfois grimaçant, mais sans l'interrompre d'aucune façon. Enfin il conclut sur une phrase qui m'interloqua un peu. De quoi pouvait il parler, aussi loin que je pouvais m'en souvenir son intrusion ne m'avait fait revenir aucun secret dérangeant ou personnel, hormis peut être le fait que Linda soit responsable de ma transformation, et encore... Enfin balayant finalement cette remarque d'un haussement d'épaule je m'intéressais bien plus à ses propos quant à mes conditions, auxquels je répondis, d'une voix tout de même quelque peu méfiante.

"Je vois... Tant pis pour le second point, c'était plus de l'ordre du "bonus", et vu comment vous avez réagi pour les quelques souvenirs que j'ai de vous c'était peut être un peu trop demandé... Quoi qu'il en soit par contre je ne démordrai pas du premier point, et si vous je vous crois, j'avoue être quelque peu sceptique concernant cet autre idiot, et la façon dont vous avez parlé de la confiance qu'on peut lui accorder, à vous écouter il semble être sous vos ordres, mais qu'en même temps vous ne savez rien de lui, ce qui n'est pas très rassurant !"

Désignant brièvement le démon, toujours en train de faire le guignol, je concluais néanmoins mes propos sur une note plus positive.

"Quoi qu'il en soit je veux bien faire votre besogne, mais je ne la commencerai qu'une fois que j'aurai une garantie pour ma fille ! Dès lors... Vous n'aurez rien à craindre, j'ai toujours mené mon travail à bien."

Du moins de ce que je me souvenais et ça ne faisait pas beaucoup...

Ce qu’il y a d’amusant avec Talok, c’est que c’est un démon humain. C’est-à-dire que ses traits de caractère sont ceux des deux races à la fois. Il est ainsi capable de moquerie plus ou moins méchante, de fourberie, de trahison, mais aussi de gentillesse et même de compassion. Ce mélange improbable est dû à son long exil sur Terra, dont il n’a strictement rien à foutre puisque selon lui les autres démons sont tous des brutes sans cervelle ou des serpents sans honneur. Tout ça pour dire que le pauvre Deisui avait, vraiment, vraiment beaucoup de chance d’être tombé sur lui et pas sur un de ses congénères, sinon son regard noir lui aurait valu un châtiment bien senti. Tout comme son interlocuteur qui se permettait des familiarités que nul n’oserait en connaissant la nature de Talok. Non, bien loin de les punir, ce dernier préférait largement les taquiner et se payer leur tête. Plus constructif qu’une punition qui les inciterait à arrêter.

C’est pourquoi il continuait de faire l’imbécile derrière son collègue, imitant muettement les paroles des deux hommes avec des mimiques exagérées et ridicules. Il s’amusait comme un petit fou et n’avait cure des remarques et regards qu’il pouvait recevoir.

-Sous ses ordres ?! s’étrangla-t-il en s’interrompant brusquement. Jamais de la vie ! Je ne suis sous les ordres de personne, non mais oh ! Oh, et puis zut, vous n’êtes pas drôles tous les deux, j’ai compris, je vais chercher quelqu’un. Des préférences pour la garde d’enfant ?

Deisui eut à peine le temps de donner une réponse que déjà le démon retourné à sa forme naturelle était reparti dans un nuage de soufre.

-… Non, il n’est pas sous mes ordres. De ce que j’en sais, il obéit au chef uniquement pour tromper l’ennui. Mais apparemment il fait son travail correctement. Je ne sais rien sur lui, c’est vrai, mais je fais confiance à mes supérieurs.

Le jeune homme ressortit son bloc-notes et son stylo, réfléchit quelques secondes et traça deux autres traits à la suite de celui de tout à l’heure.

Haussant les épauels face à la protestation du démon je fus au final quelque peu soulagé de le voir partir. Non pas que je le craignais, mais la discussion allait pouvoir se dérouler sans se préoccuper de ses mimiques et simagrées ! M'intéressant donc bien plus à l'interlocuteur restant je lâchais un léger soupir quant à son explication concernant le démon, ce à quoi je répondais avec un soupir.

"Si je retiens une chose des démons avec les souvenirs qui m'ont été rendues c'est qu'il faut toujours se défier d'eux... Ils peuvent être très docile, certes, mais il ont toujours des objectifs, qui peuvent sembler se limiter à de l'amusement, mais qui en vérité peuvent avoir bien plus de conséquences."

Cependant finissant mes propos à ce sujet par un haussement d'épaules, je n'en continuas pas moins de parler, mais ur un tout autre sujet abordant les questions importantes, trois plus précisément. Ainsi, le bras croisés, je l'invitais à me suivre nous éloigner quelques peu de Linda et de mes congénères, à l'opposé de la position de la meute ,afin de m'adresser à lui plus sereinement.

"Bon... Maintenant j'aurai quelques questions à vous poser, car vous connaissez mon nom, je connais celui de Talok, mais le vote me reste un mystère, et généralement quand mes employeurs font des secrets pareils ce n'est pas bon signe ? Plus important aussi, j'ai dis que j'acceptais votre mission, mais en même temps puis je savoir en quoi elle consiste ? Car même si j'ai dis que je le ferai, ma parole est une chose assez fragile... Dans le sens où je ne la tiendrai pas si la dite mission consiste à massacrer des enfants ou que sais je ,même si connaissant votre ordre j'en doute et enfin.. C'est quoi ces traits que vous faites dans votre carnet, vous essayer de vous rappeler quelque chose ? Dois je craindre que vous ayez des troubles de la mémoire pire que les miens ?"

Riant alors, plaisantant bien sûr quant à ses peu probables troubles mémorielles je n'en attendais pas moins chacune de ses réponses de pieds fermes et en particulier celle concernant la sale besogne dont j'allais devoir m'acquitter

Dans l’absence de réponse, impossible de savoir qui Talok allait ramener… Tant pis, ils verraient bien dans quelques minutes, quand il se ferait une joie de les asphyxier pour signaler son arrivée sulfureuse. (cette phrase n’a aucun sens et témoigne de mon niveau décroissant d’écriture. Je me hais)

[Point de vue : Jim] (oui, l’humain, pour les étourdis)

Alors que je rangeais carnet et stylo, Deisui Kichigai me fit comprendre qu’il voulait parler en marchant. Je le suivis donc et écoutai attentivement ses questions. Des questions pertinentes et légitimes, bien entendu, et j’aurais dû penser à les anticiper. Mais évidemment, étourdi comme je suis, je ne pense jamais à anticiper les bonnes questions. Son rire après sa tirade n’avait rien d’inquiétant en soi, mais inexplicablement je n’étais pas rassuré. Peut-être était-ce dû à la vision de ces crocs que j’avais entr’aperçus dans sa bouche… Breeef ! Inutile de s’attarder là-dessus, je devais répondre maintenant.

-Je vais répondre dans l’ordre croissant de difficulté, hein. Je m’appelle Jim Balor. Je viens de…loin, et je suis encore un peu perdu dans v…votre pays, alors j’ai besoin de repères. Et bizarrement, compter les moments où le démon se comporte comme tel m’aide à ne pas être complètement paumé. Je sais, je suis bizarre.

Je soupirai. Je n’avais pas compris moi-même en quoi tenir le compte des « instants clichés » m’aidait à m’y retrouver un peu mieux, mais il se trouve que c’était plutôt efficace, alors autant continuer. Et puis ça faisait passer le temps.

-Concernant la mission… C’est Talok qui a l’enveloppe où elle est détaillée, mais je peux déjà vous dire que de ce que j’en sais il n’y a aucun enfant à tuer. Au contraire.

Me vint alors l’idée de chercher directement l’information, par magie. J’eus donc quelques secondes de blanc, figé, le regard dans le lointain. Ma recherche terminée, cligner simplement des yeux me fit revenir à la réalité.

-Ah oui, ça me revient ! Nous devons aller libérer une créature à l’apparence enfantine, c’est pour ça que j’avais un doute. Elle est actuellement chez un collectionneur de raretés, ce serait sa dernière acquisition. La…semaine dernière, oui c’est ça.

Ce fut sans la moindre protestation qu'il me répondit, une attitude que j’appréciais à vrai dire, même s'il parut un peu troublé par la mienne. Ne m'attardant cependant pas davantage sur ce point je me concentrais sur ses propos, acquiesçant pensivement à ces derniers... Et ne pouvant parfois retenir quelques grimaces. Non pas que ses propos étaient déplaisant, injurieux ou que sais je, mais l'évocation de ses origines lointaines me faisait tiquer, je ne savais même pas pourquoi ! Était ce parce que c'était aussi mon cas, sans que je m'en souvienne ? Impossible de vraiment le savoir... Mais c'était sur cela que je me focalisais, même s'il était vrai que sa façon de conserver ses repères était de plus étranges !

"En effet... Car bon pour ma part c'est plus ce genre de chose bizarre qui me perd quelque peu, alors les noter ne le ferait que davantage !"

Riant doucement, je n'en étais pas moins attentifs quant à l'évocation de la mission, m'arrachant un soupir alors que je comprenais que tout était entre les mains de ce démon... mais alors que je paraissais un peu plus négligeant je sentais une soudaine tension traverser mon corps à l'évocation de ce qu'il savait ,et en particulier sur ce "au contraire". Allait il s'agir de protéger des enfants ? Voilà une idée qui alors éveillait en moi une certaine colère, non pas à l'égard de l'ordre, mais de celui ou ceux impliqués dans le danger courus par les enfants... Certes il était courant que dans la nature les enfants soient la proie des prédateurs, mais de par mon instinct paternel, et d'autres sentiments que je ne pouvais qualifier, la simple idée de lever la main sur un enfant m'horrifiait, et que quelqu'un d'autre le fasse m'énerver au plus haut point... Et les précisions qu'il m'apporta ne firent rien pou m'apaiser, si elle avait une une apparence enfantine cela devait être parce que cette créature, justement, était un enfant pou ceux de sa race, entre les mains d'un individu sans scrupule. Un collectionneur oui... Mais qu'il s'agisse d'exploiter la dite créature ou de la garder sous verre ses exactions n'en étaient pas moins abjectes pour moi.

"Considérer alors votre mission comme accomplie... Mais peut être pas de la façon dont vous le souhaite..."

Et j'avais beau faire de mon mieux pour me dominer, ma hargne se sentait à travers ma voix. Le travail serait peut être fait ,mais cela risquerait fort d'être à ma manière...

Inexplicablement, Deisui semblait troublé par la mention de mes origines que je gardais secrètes. Son trouble fut communicatif. D’où est-ce qu’il venait, lui, pour réagir comme ça ? Qu’est-ce qu’il avait vu ? Bien sûr, il n’aurait pas pu me répondre si je le lui avais demandé directement, aussi tins-je ma langue sur ce détail. J’aurais tout le temps de m’y attarder plus tard, par exemple en demandant à des gens qualifiés comme cet « Invisible » dont on me rebattait les oreilles. S’il était si efficace il ne devrait pas avoir de mal à me trouver l’information que je voulais si je ne pouvais pas le faire moi-même.

L’autre moment gênant fut quand il annonça que la mission était accomplie. Je n’aimais pas ce ton, oh Seigneur, je ne l’aimais pas du tout… Une très brève fouille des pensées de surface de mon interlocuteur, c’est-à-dire des pensées tellement fortes qu’elles en deviennent presque audibles, me renseigna sur la signification réelle de ce ton meurtrier. Je secouai la tête.

-Pas de meurtre si on peut l’éviter. Apparemment c’est la règle. On ne tue pas si ce n’est pas obligatoire. Parce qu’on n’est pas des assassins, ou quelque chose comme ça, je n’ai pas très bien compris. Aus-

M’interrompant en plein milieu de ma tirade, un nuage de soufre noir envahit l’obscurité ambiante. Aussitôt je mis mon bras devant mon visage pour ne pas en avoir trop dans les bronches. Satané démon… Un trait de plus à mettre dans mon carnet, sûrement.

[Point de vue : Ran]

Pourquoi avais-je accepté la demande de Talok déjà ? Ah oui, par ennui. Eh bien je le regrettais déjà. À peine avais-je eu le temps de dire « moi » qu’il s’était transformé et m’avais planté ses trop longues griffes dans le bras en essayant de l’attraper. Me dire de venir n’était donc pas suffisant ? Ensuite vint la téléportation. J’étais prévenu, je savais que c’était ignoble et qu’on n’en ressortait pas indemne la première fois. Mais ça ne m’empêcha pas de tomber à genoux, les poumons intoxiqués par cette horreur, toussant et crachant tout ce que je pouvais pendant que le démon se moquait de moi :

-Ah là là, fragiles humains… Allez, debout gros nul ! Même le nouveau a tenu mieux que toi.

-Facile à *kof kof* à dire…

Je finis tout de même par me relever, ma tête tournait encore un peu mais ça allait. Essuyant les larmes qui perlaient au coin de mes yeux je repris vite contenance.

-Bah voilà ! Tu vois quand tu veux !

Je lui jetai un regard noir et sifflai d’un ton acide :

-Tais-toi ou je te fais un trou dans la gorge.

A peine ai je évoqué l'accomplissement de la mission que je sens un étrange malaise de la part de mon interlocuteur. N'est ce pas ce qu'il souhaite ? Un fruit pourri serait il lové au sein de l'ordre ? Non... Ce n'est pas cela, de ce que je sais, de ce qui m'a été rappelé l'ordre ne se laisserait pas berner par quelqu'un se dissimulant aussi mal ! Enfin j'en ai rapidement la réponse à ses propos, et je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils face à ces derniers. Ne tuer qu'en dernière nécessité ? Je ne pense pas une seconde que leur adversaire ait les mêmes scrupules, et même qu'une leçon qui ne soit pas aussi définitive suffit à les empêcher de commettre leurs exactions, au contraire même, certains ne deviendraient que plus déterminés ! Seulement je n'ai pas le temps de lui répondre, ni même lui de finir sa phrase, que déjà un nuage qui commençait à devenir familier apparaît tout près de nous, et là mon interlocuteur se défend, l'instinct prend le dessus chez moi et ainsi je bondis souplement en arrière pour m'en éloigner, avec un léger grondement incontrôlé...

Cela avait été une réaction inconsciente, et même exagérément hostile, ce qui se lisait aisément dans mon regard, mais je ne tarde pas à me ressaisir alors que j'observe le nouveau venu et le fameux démon ! Cependant le premier semble avoir peu apprécié la dite téléportation, ce qui amène à une pique de la part du démon d'où découle une brève joute verbale, se concluant sur une menace pour le moins.... Éloquente. Cependant ces conflits ne me concernaient nullement, contrairement à l'attention que ces va et viens pourrait attirer ! Ainsi j'essaye dattirer leur attention, tout du moins celle de l'humain, par un raclement de gorge avant de prendre la parole.

"Bienvenu dans ce qui est désormais ma demeure... Si on a oublié de vous le dire je me nomme Deisui, et quelque soit votre nom, j'ose espérer que vous n'êtes paslà gratuitement et que vous pourrez m'en dire davantage sur cette fameuse mission..."

D'ailleurs j'avoue que je ne comprenais tout simplement pas pourquoi ils n'avaient pas commencé par là ! En envoyant la personne qui en savait le plus, au lieu de passer par des intermédiaires... Peut être un soucis de hiérarchie... Ah c'était sans doute pour ça qu'aussi loin que je m'en souvienne j'ai toujours travaillé seul.

"C’est décidé, plus jamais je n’adresse la parole à ce démon !"

Non mais sérieusement… Cette satanée créature commençait vraiment à me sortir par les trous de nez ! Et si je n’avais pas remarqué les deux présences à côté de nous il y a longtemps que je lui aurais planté ma lame dans l’œsophage, pour lui apprendre à se moquer. Mais nous n’étions pas seuls. J’allais donc devoir attendre. J’écoutai la brève tirade de…la créature étrange qui se tenait face à moi, puis m’inclinai poliment, comme je le faisais devant toute personne inconnue, sauf quand je jouais certains rôles.

-Enchanté, Deisui. Je m’appelle Ran. Talok m’a expliqué que vous vouliez quelqu’un pour…surveiller votre fille pendant que vous irez casser une gueule ou deux.

J’avais l’impression qu’il se méprenait sur la raison de ma venue, aussi mettre les choses au clair de cette façon me paraissait approprié. Et pendant que je parlais j’aperçus du coin de l’œil le démon, redevenu humain, sortir une lettre de sa poche pour  la tendre à Deisui.

-C’est ça, les détails sur ta mission. C’est pas à lui qu’il faut demander. Étourdi.

[Point de vue : Jim]

À peine étaient-ils arrivés qu’il se battaient déjà… Était-ce une sorte de malédiction qui entourait les démons, ou au moins celui-là, et qui les forçait à s’engueuler avec tous ceux qu’ils touchaient ? Ridicule.

Ran… J’avais entendu parler de lui. Un comédien dont les talents n’étaient plus à prouver, et qui était, paraît-il, le meilleur bluffeur de tout Terra. Meilleur ou pas, il ne bluffait de toute évidence pas en proférant sa menace. Je n’étais donc pas le seul à avoir le culot d’affronter verbalement Talok. Rassurant.

Voyant ce dernier tendre une lettre, j’utilisai mon pouvoir pour la lire. Ça ne coûtait rien de relire une…quatrième fois ? l’ordre de mission.

"Il y a environ une semaine, un collectionneur du nom de Simon Steelman, vivant près de la frontière entre Tekhos et les terres sauvages, faisait l’acquisition d’un nouvel « objet » : une créature vivante. D’apparence, c’est une petite fille aux ailes de papillon, mais il semblerait qu’elle soit plus âgée qu’il n’y paraît. Steelman prévoit de donner une fête pour se pavaner avec sa nouvelle possession.
Objectif : Libérer la créature. Autorisation évidente de casser tout ce que vous voudrez, mais l’assassinat doit rester la dernière option à envisager. Nous ne voulons pas nous faire une réputation de meurtriers."

Avec la signature de  notre chef en bas de page. Il avait une drôle de façon d’écrire, ce bonhomme, mais au moins il était clair dans ses propos.

-Bon, bah voilà… Au moins c’est clair.

Oups ! J’étais pas bien placé pour lire, il allait sûrement se douter de quelque chose… Ah non, c’est vrai que sur Terra je peux parler de mon pouvoir sans crainte. Du mal à m’y faire…

Ainsi, si je suivais bien ses propos, c'était sur cet homme qu'il me fallait compter pour veiller sur Linda durant mon absence... C'était difficile de juger entièrement les talents d'un individu sur sa seule apparence, mais il n'avait pas une dégaine d'amateur, et je savait l'ordre assez honnête pour ne pas que la présence de cet individu se retourne contre moi, ce qui serait de toute façon une mauvaise idée de sa part, puisque ce serait s'attirer la fureur de la totalité des loups de cette forêt que de s'en prendre à Linda ! Cependant j'étais toujours dans le flou le plus total en ce qui concernait ma mission, un flou dont me sortit le démon, en me tendant une lettre, mais avec de tels propos que je lui répondais avec un grondement en prenant le papier.

"Excuse moi de ne pas savoir que vous transmettez vos ordres par missive..."

Plus important cependant que ce manque de politesse était le contenu de la lettre elle même. Ainsi donc la tâche qui m'incombait était de voler au secours d'une créature particulière qui avait récemment été capturé, rien de surprenant donc lorsque l'on connaissait les idéaux de l'ordre... Mais toujours par ces derniers, un détail m'irrita quelque peu, à savoir la confirmation du fait que je ne devais pas tuer le coupable de cet acte... Mais à quoi bon alors sauver cette créature si c'était pour que son ancien maître s'en approprie une autre ? Au final cela ne servait à rien, et il y a en vérité une seule façon de régler la question définitivement... Mais bon cela semblait hors de question et dans le fond cette affaire me concernait assez peu, si ce n'était à l'égard de la dette que j'avais à l'égard de l'ordre. Enfin alors que je repliais la lettre je fus interrompu dans mes songes par l'interpellation du dénommé Jim, qui m'étonna alors, connaissant le contenu de la lettre alors qu'au vu de sa position cela aurait dû être impossible... Enfin je m'en moquais finalement, il avait dû le recevoir avant moi sans doute, rien de plus.

Finalement, je finis par me retourner vers Talok et le dénommé Ran, avant de reprendre la parole, assez sèchement.

"Bon je devrai pouvoir faire quelque chose avec ces informations... Je partirai donc à l'aube vers Tekhos... Mais j'avoue que j'aurai quelque questions. Avec... Les souvenirs qui m'ont été rendues, je me rappelle que les femmes de Tekhos sont plutôt... autoritaires avec les hommes. De fait serait il possible à votre avis de compter sur leur soutien pour libérer une femme, fut elle non humaine, de l'emprise d'un homme dans un territoire qui jouxte le leur ?"

L'idée était risquée oui, mais si elle pouvait être mise en application, diable, elle me faciliterait grandement la tâche !

Apparemment Deisui Kichigai « approuvait » Ran puisqu’il ne fit pas de commentaires et ne posa aucune question sur sa capacité à gérer sa fille. Bon, c’était déjà ça de gagné, hein ! Par contre, pour la bonne entente avec le démon c’était définitivement cuit…

-Pas tous, mais le gamin a dû t’en parler pendant que j’étais pas là.

-Hé ! Je suis pas un gamin, triple buse !

-C’est ça… Tu veux un bonbon ?

Je coupai court à cette conversation ridicule qui n’aboutirait à rien. J’ai 26 ans, merde, pas 10 ! Je suis peut-être pas un exemple de virilité et de maturité, mais j’ai quand même pas à ce point l’air d’un gosse, si ? Par contre… Venant de lui, cette histoire de bonbon ne me rassurait pas du tout, allez savoir pourquoi… Bref ! Pas important pour l’instant. Je pris mon carnet et ajoutai un trait, que j’avais oublié de mettre plus tôt.

Deisui lut ensuite la lettre, etc., et évoqua une possibilité qui nous fit réfléchir tous les trois. Enfin, surtout les deux autres, pour ma part je connaissais très mal Tekhos.

-Mmh, y a de l’idée…

-Mais si ce n’est pas clairement sur leur territoire, on peut être sûrs qu’elles ne lèveront pas le petit doigt. Et puis, ça impliquerait d’obéir aux ordres d’un homme, je ne crois pas qu’il y ait dix Tekhanes dans le monde qui y soient disposées.

Ah ? Dommage. Ça avait pourtant l’air d’une bonne idée, à la base. Du soutien aurait été apprécié, mais si elles refusaient d’office de se bouger le cul pour nous donner un coup de main…

-Bon, eh bien il semblerait que ce ne soit pas possible ! On va devoir se débrouiller à deux.

-C’est ça. Moi je vous laisse, j’ai d’autres chats à fouetter. Amusez-vous bien !

Il disparut dans son foutu nuage de fumée. Un jour je le tuerai. Un jour…

-Un jour j’aurai la peau de ce démon.