-Rouge rougeheuu, est la vie ; quand de leurs gorges, elle s'écoule ~ Vaelh avait abandonné Silke peu de temps après être entré dans les camps d'entraînement, ne la suivant pas sur les créneaux. Il errait d'un pas candide de chemin en chemin, sa petite mélodie décalée résonnant entre les pierres et sous les fenêtre
-Pâle pâleheuu, est leur peau ; quand de leurs forces, ils sont vidés ~Grâce à un couteau qu'il avait dérobé sur la route, Vaelh nuançait son chant d'un insupportable grincement contre la pierre. Il laissait derrière lui toute une piste d'étrange petites encoches, lesquelles dessinaient, à certains endroits, des nœuds plus complexes
-Déééchirants déchirants ; sont leurs pleurs quand les têtes roulent ~Le Démon esquissait parfois un pas de danse, un merveilleux sourire aux lèvres. A le voir ainsi, aussi joyeux, on l'aurait naturellement suivi pour s'amuser avec lui, ne serait-ce que pour chantonner, se dandiner... Parfois, il croisait une âme inquiète dans le fort. Il parvenait à faire s'afficher sur leurs visage un air perplexe, voir même un sourire. A condition qu'on entende pas les paroles de sa mélodie.
-D'uuuun beau blanc d'un beau blanc ; sont leurs crânes, lorsque broyés ~Peu à peu, le chant du mâle changea en quelques chose de plus ésotérique, et de bien plus envoûtant. Les sons que produisait sa gorge vibraient dans l'air, jusqu'aux tympans de quelques chanceux qui passaient la, les laissant troublés.
Il lui fallu un long, long moment, mais Vaelh était parvenu à laisser ses graffitis singuliers sur tout le périmètre du château, chargeant l'atmosphère de sa langoureuse mélopée. Soigneux, il avait même laissé une toute petite goutte de son propre sang au centre des marques les plus complexes.
La première phase était achevée.
Dans tous Beaulierre, si des mages particulièrement sensibles étaient concentrés, ils purent sentir qu'une importante magie se mettait en branle. Un grand sortilège se chargeait, qui permettrait de... Communiquer avec un destinataire éloigné. Très, très éloigné.
Les préparatifs de Vaelh ne servaient qu'à ça. Joindre quelqu'un. Ou plutôt... Quelque chose.
Mais tout n'était pas encore prêt.
L'Incube rôdait toujours, en quête de chair fraîche cette fois. Rares étaient les femmes qui allaient seules ou même avec leurs amies à cette heure, dans une telle situation. Mais il trouva quand même.
*
**
Annaelle était une jeune femme avec un avenir prometteur. Elle avait percé dans l'étude de la magie pour mieux comprendre celle qu'utilisait les druidesses autour de Beaulierre, mais n'était pas mage elle même. Son érudition l'avait fait gravir les échelons et avait permis d'accumuler une belle somme de connaissances. Ce soir, elle avait entendu un chant, sous sa fenêtre. Elle n'avait pas compris les paroles, mais la voix qui les prononçait était la plus belle qu'elle ai pu entendre jusque là.
Lorsqu'elle avait penché la tête pour voir quel pouvait bien être le damoiseau qui fredonnait ainsi, elle n'avait trouvée qu'une ruelle vide. Désespéramment vide... Il y régnait un silence triste, douloureux, qu'Annaelle devait combler. Au plus vite.
Elle sortie de chez elle sans réfléchir d'avantage, elle qui était pourtant si réfléchie. Elle ne savait pas ce qu'il lui arrivait, mais était sûr d'une chose : elle voulait entendre chanter à nouveau.
Sur sa route, elle remarqua les petits dessins gravés à la surface de la roche. Elle y fit courir ses doigts, jusqu'à ce qu'un engourdissement singulier -et plutôt agréable- lui remonte le long du bras. Puis, au bout de quelques instants, elle échoua sous une arche où les gravures enchevêtrement avec une stupéfiante sensualité, formant de plus grosses runes, qui elles même composaient de plus vastes schéma.
De la magie.
Un très bref élan de crainte la traversa, vite réprimé par de la fascination. Il y avait là des forces en action qu'elle ne connaissait pas. L'atmosphère elle même était... Lourde. Chaude. Au centre de ce nœud d'ésotérisme, Annaelle se sentait... Vivante. Elle avait conscience de son environnement et de son corps comme jamais avant. La simple brise du soir qui s'échoua sur la peau la fit frissonner de plaisir tandis que ses âme s'égarait dans un océan de spéculation sur l'origine du sortilège en action, lourdement nuancé par quelques fantasmes qui s'imposaient à elle.
C'est alors que des mains puissantes l'attrapèrent par la taille, et que des crocs foncèrent vers sa gorge.
Elle ne cria pas. Au fond d'elle, à un niveau inconscient, elle savait que depuis qu'elle avait mis les pieds là, elle n'était plus qu'une proie. Qu'elle allait finir en une ruine méconnaissable. Elle n'esquissa pas le moindre mouvement, son corps devenu faible. Si faible. Heureusement, les mains de son prédateur la tenait en place, et ses crocs ne laissèrent sur sa gorge qu'une discrète empreinte. Et la voix revint.
-Enfin, nous sommes seuls.Le cœur de la jeune femme manqua d'éclater d'euphorie tant la joie provoqué par la présence du chanteur de tout à l'heure fut vive. L'atmosphère corrompue qui s'était infiltré jusqu'à son âme l'avait sensibilisé à un tel point.
-Dis moi, ma tendre... tu te masturbes quand tu n'as plus que tes fantasmes en tête ?En temps normal, une telle question aurait valu une gifle à quiconque l’aurait posé. Elle, se toucher ? Tabou ! Mais... C'était le chanteur qui demandait. Et pour lui, rien que pour l'entendre une seule fois de plus, elle aurait fait n'importe quoi. Un gémissement d'affirmation lui échappa
-Ah... Très bien. Tu sais, je meurs d'envie de te voir le faire ; Devant moi. Le ton lascif du mâle derrière elle fit fondre sa raison. Annaelle n'existait plus. A la place se tenait une enveloppe saturée de magie rose, prête à tout. Et déjà trempée.
-Fais le pour moi. Ici. Si tu es encore plus belle que ça lorsque tu jouis, tu m'auras tout entier.Il ne lui en fallu pas plus pour se laisser tomber à genoux, se déshabiller maladroitement, et commencer son œuvre.
Ses plaintes de plaisirs accompagnèrent l'Incube dans sa retraite. Et la scène se reproduisit à d'autres endroit, cinq fois de plus.
Vaelh était connecté à "Ça".
*
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Le Démon retrouva Silke peu après en avoir fini. Il repéra sa crinière rousse au travers d'une fenêtre, manquant de la confondre avec la flamme des fourneaux de la forge.
En silence, mais sans chercher à se cacher, le bellâtre entra d'un pas lent et scruta l'endroit.
-Alors, c'est pour bientôt, hm ?La question n'invitait à aucune réponse. Il s'approcha d'un mur sur lequel reposait des armes de facture humaine, tristement simples mais d'une qualité relative, il fallait l'admettre. Il en pris une, laissant son doigt glisser sur le plat de la lame pour en déguster la froideur.
-Tes émotions bouillonnent en toi, et elles te troublent. N'importe qui pourrait le sentir. Il pivota, l'épée en main, et s'approcha de Silke.
-Tu penses que tu peux avoir Raven avant moi ? Dit-il dans un sourire provocateur.Il n'eut rien besoin d'ajouter : Vaelh comptait faire la course avec quiconque voulait la tête de Raven. La fierté des participants était en jeu.
-Sincèrement, je pense que je vais gagner. Aucun d'entre vous n'est plus rapide que moi.Il leva doucement son arme, tout en s'approchant d'avantage, avant d'en poser délicatement la pointe contre le sternum de sa camarade. Il ne semblait pas hostile lors de la manœuvre ; juste distrait, et vaguement satisfait.
-Jusque là, je me suis bien amusé. Merci, l'Amazone. La choqua-t-il, véritablement avenant pour la première fois. Que pouvait-il vraiment avoir en tête ?
Il fit glisser sa lame sur la peau de Silke avec une certaine sensualité, jusqu'à ce qu'elle repose entre sa poitrine, traçant sur son passage un sillon glacé.
-Hé. Envie de jouer à un jeu le temps que la scène se mette en place ?