Et après... [Deisui, encore et toujours]

Une bien drôle d’aventure… Je venais de vivre tellement de choses en si peu de temps que j’en étais encore un peu étourdie. Tout avait commencé avec une rencontre et un jeu. Juste un jeu, et puis tout s’était enchaîné si vite ! La milice, le passeur, l’auberge, les terres gelées, les ours, le ver de glace, le laboratoire… Et maintenant je rentrais dans ma forêt. Mais je n’étais plus seule. Avec moi cheminaient Catod, le chien humanoïde aux cornes de chamois, Khimeira, la chimère complète aux années de sagesse, et Deisui. Mon père. L’humain que j’avais transformé pour lui sauver la vie. Je n’aurais jamais pensé m’attacher autant à lui, mais maintenant il était tout simplement hors de question de le quitter. Et pas seulement parce qu’il devait s’adapter à son nouvel état.

Un loup attendait à l’orée de la forêt. C’était Futé, le jeune qui connaissait le mieux la forêt. Il avait dû nous voir ou nous sentir arriver de très loin et était venu nous attendre. Une fois à son niveau, je m’accroupis devant lui.

-Bonjour Futé. Je ramène des amis, ils sont comme moi et ils ont besoin d’un endroit pour vivre.

Il me répondit dans son langage, que tous ceux qui avaient une part de loup pouvaient comprendre :

-Bonjour Quart-de-Loup. Normalement il n’y a pas de problème pour qu’ils restent, mais je demande quand même à l’Alpha.

Il partit, nous laissant non pas seuls, mais avec les cinq autres loups qui étaient un peu en retrait, invisibles à nos yeux mais parfaitement détectables par nos autres sens.

-Venez, n’ayez pas peur. Ils sont avec moi.

Les loups sortirent de leur cachette et s’approchèrent, plus ou moins méfiants selon les cas. Je reconnus Rieur, Flèche et Sage, mais les deux autres ne me disaient rien, étrangement. Rieur vint me saluer à sa manière, c’est-à-dire en me poussant pour me faire tomber, se moquant de moi :

-Hé, Quart-de-Loup ! J’espère qu’ils ont plus d’équilibre que toi !
-Je te déconseille d’essayer, mon grand…

C’était toujours amusant d’être avec les loups de la meute, surtout Rieur, qui passait le plus clair de son temps à taquiner les autres.

Heureusement, le voyage se passa sans incident, et nous quittâmes petit à petit les terres des landes dévastées, retrouvant un climat quelque peu plus clément. La végétation et la faune semblant reprendre ses droits sur la terre jusque là aride, je me sentais bine plus à l'aise ici... Et surtout chaque pas fait en plus nous éloigner des ruines du complexe qui ne seraient, je l'espérais, plus jamais foulé...

Linda nous guidait à travers le pays ,afin de nous mener à sa forêt, moi même manifestant une grande curiosité. Selon ses dires je m'y étais déjà rendu, pour venir la chercher, mais je ne m'en souvenais guère. Par contre je me rappelais de toutes les fois où elle m'en avait parlé avec ferveur ,et c'était avec impatience que j'attendais de rejoindre ces bois.

Et je ne fus nullement déçu, les amples frondaisons des arbres semblait tendre leurs bras pour accueilli les chimères que nous étions et j'avais une impression rassurante...Et pourtant mon mal de crâne s'accrut comme si mes sens étaient à nouveau mis à rude épreuve, surtout au niveau de mon odorat, mon nez me paraissant comme sur le point d'exploser !  Néanmoins je m'efforçais de le dissimuler, surtout à la vue du loup qui nous attendait apparemment...

Et quel ne fut pas ma surprise que de le comprendre ! Je savais que Linda pouvait parler avec eux, mais à mon sujet... C'était vrai que j'avais une queue de loup maintenant, ça devait venir de cela. Je regardais les deux autres, me demandant s'ils comprenaient aussi...Et visiblement, non, ils paraissaient troublés en regardant Linda communiquait avec ce loup... Et je tiquais à la mention d'un détail, peu après que Linda nous dise de la suivre.

"Qui est cet Alpha ?"

Catod et Khimeira levèrent alors le regard vers moi, m’ayant visiblement compris sur leur part, et la plus ancienne dit alors d'une voix amusée.

"C'est vrai que tu as une part de loup, tu peux les comprendre maintenant, tout comme euxn ous comprennent quand on parle normalement, comme vient de le faire Linda....mais ta question est à propos, j'espère que cet Alpha ne voit pas d'un mauvais oeil les êtres comme nous.

Je lui fis un maigre sourire. Je devais avouer ne pas être rassuré par cette histoire d'Alpha. Certes il avait accepté Linda, puisqu'elle était ici en sa demeure, mais la perspective de devoir obéir ne me plaisait guère, pas plus que de dépendre à nouveau de la volonté d'autrui...

Mais il était hors de question car alors cinq loups nous entourèrent , à mon grand étonnement. cela ne semblait pas le cas de mes compagnons qui avaient dû les sentir alors que mon nez m'était encore des plus douloureux. Pour autant il en fallait de peu pour que mes réflexes n’interceptent de peu l'ombre qui se jetaient sur Linda. Une part de moi, le père me criait de ne pas le laisser approcher de ma fille, mais une autre, plus raisonnable, ou plus compréhensible des jeux des loups me retint à temps, m'amenant à me détendre, alors que je comprenais qu'il ne s'agissait là que d'un jeu.

Ainsi je pus entendre la pique qu'il lança à ma fille, et je lui répondis, dans un rire.

"N’essaye pas avec moi ! je risquerai de faire un bien piètre opposant vu mon état !"

Je partis dans un faible rire, mais les deux autres chimères paraissaient inquiètes...C'était vrai qu'elles détonnaient quelques peu avec les loups, et elles devaient être des plus préoccupés pour leur intégration, j'essayais alors de les rassurer.

"Ne vous en faites pas... Linda va s'en occuper."

Amis  à vrai dire je n'étais pas beaucoup plus rassuré... D'autant plus quand je vis les loups s'écarter pour laisser venir autrui, Futé ? ...Ou bien cet alpha qui allait décider de notre sort ?

Au milieu des terres arides des contrées du Chaos se dressait une forêt. Dans cette forêt vivait une meute de loups, et on raconte que ces loups étaient dirigés par une créature étrange, que l’on nommait l’Impératrice Louve. C’est totalement faux. Il n’y aura jamais d’Impératrice Louve, seulement une hybride tolérée par la meute, même pas intégrée. Mais ça me convenait parfaitement. Les loups étaient mes amis. Nous nous faisions confiance mutuellement.

Aussi lorsque Futé était parti, je savais d’ores et déjà que je pouvais compter sur lui pour plaider ma cause auprès de l’Alpha. De ce fait je pouvais sourire et jouer un peu avec Rieur, sous l’œil des quatre autres loups et de mes trois compagnons chimériques. Khimeira avait vu juste, les loups nous comprenaient parfaitement, et de même mon père et moi les comprenions. Catod aussi devait saisir le sens, au moins partiellement, de ce que disaient les loups. Après tout, chiens et loups sont des cousins proches.

-L’Alpha est le chef de la meute, c’est le loup le plus dominant. Il me respecte tant que je ne cause pas de problèmes.

Rieur me sauta alors dessus et je dus m’interrompre pour le repousser. Les jeux des loups ressemblent parfois à des bagarres, mais il n’y a jamais rien de dangereux.

Il s’écarta alors, imité par les quatre autres. Futé revenait. Et il n’était pas seul : il était accompagné par l’Alpha. Restant assise par terre, je le regardai arriver, mais pas dans les yeux, ce qui aurait été très mal vu.

-Tu veux que les autres restent avec toi, Quart-de-Loup ?
-Oui. Ils n’ont pas d’endroit où aller, ils sont seuls, comme moi quand je suis venue la première fois. Je promets qu’ils ne causent aucun problème à la meute.

La difficulté quand on parle avec les loups, c’est qu’ils ne comprennent pas la notion de futur. Ils vivent dans l’instant présent, et regardent éventuellement le passé, mais jamais ne se tournent vers l’avenir. L’Alpha s’assit en face de moi et pencha la tête sur le côté.

-Tu es sûre ? Il y en a un qui sent l’humain, un qui sent la proie, et l’autre qui fait peur.

Ah oui, évidemment. Catod était un chien, il n’était pas considéré comme égal aux loups, et pour le reste il tenait effectivement plus de la proie. Papa n’était pas une chimère depuis assez longtemps, il était encore trop humain, et Khimeira pouvait bien sûr paraître effrayant à n’importe quelle créature. En dépit de cet obstacle je ne me démontais pas :

-Je sais. L’humain n’est pas tout à fait fini, il est au tiers loup, la proie est principalement un prédateur, et celui qui fait peur est d’une grande sagesse. Ils ne sont pas dangereux pour la meute et peuvent parfaitement s’intégrer, il faut juste leur laisser une chance.

Je me demandais brièvement si le terme de respecter n'était pas plutôt un euphémisme pour celui de tolérer, mais en somme je comprenais qui était l'Alpha. C'était le meneur de la meute en somme, et donc celui qui allait en effet décider de notre sort... Et il ne tarda par ailleurs  pas à arriver, plus massif que ses congénères, il avait aussi une façon de se déplacer qui le distinguait des autres, sans même parler de l'attitude que ces derniers avaient à son égard. Je remarquais également la manière dont Linda le regarda, comprenant rapidement ce qu’elle faisais et je l'imitai, tout comme les deux autres.

Le meneur alla droit au but , interrogeant ma fille sur ses intentions, qu'elle confirma bien sûr. Elle tenta également d'argumenter pour notre défens,e mais je pourrai comprendre que le loup ait du mal à le croire. C'est vrai que nous n'avions pas une allure des plus rassurantes, et encore moins familières... A mes côtés j'entendis Catod qui ne put retenir un léger grognement quand il sut qu'il avait été qualifié de proie, à travers al traduction que fit Linda, mais il sut le réprimer, sous mon regard et celui de Khimeira. Il fallait à tout prix éviter de susciter la méfiance !

A nouveau ma fille avait pris notre défense, mais pour être accepté parmi ses animaux j''estimais qu'il fallait agir par nous même, et ainsi je pris la parole, regardant l'Alpha sans croiser ses yeux.

"Mon changement est ... Récent, mais je pense que mon odeur ne tardera pas à s'altérer, et si cela ne vous suffit pas, faire mes preuves ne me dérange guère..."

Ça ne serait pas la première fois...Et je fus rapidement imité par Catod. Bon sang, même après le voyage je n'arrivais pas à m'y faire quant à le voir ainsi parler le langage humain.

"Si vous le souhaitez je peux aussi confirmer les dires de notre guide dès que vous le désirerez..."

Mais Kimeira parut alors...Songeuse. Je ne pensais pas qu'elle se soit offensé du fait qu'elle soit considéré comme effrayante, c'était de toute façon le cas et elle le savait très bien ! Je la regardais avec curiosité, et elle prit alors la parole,d'une voix grave.

"Il en sert à rien que je fasse les mêmes promesses, mais je vais me monter honnête avec vous... Si je vous fais peur, cela n'ira pas en s'arrangeant au fil des saisons, et il en ira de même pour les autres... Notre héritage va les affecter, et si vous nous accepter maintenant il faudra aussi accepter ce que nous deviendrons... Quitte vous le dire, autant le faire maintenant."

Cette dernière nous était davantage adressé qu'aux loups, Catod et moi même affichions la même surprise. Était ce là la seule chose, ce projet qu'elle avait évoqué au laboratoire ? Cela se tenait après tout le scientifiques voulaient des créatures parfaites et l'évolution était al seule manière de l'atteindre, mais que cette dernière se poursuive même après leurs expériences...Cette perspective m’effraya malgré moi, et ce malgré ce qu'elle ajouta par la suite.

"Mêmes s'ils seront sans doute harmonieux que je ne le suis, vu leurs origines..."

Elle nous adressa un sourire qui se voulut rassurant, mais c'était raté avec son apparence, sans même compter que j'étais encore tétanisé, craignant le pire.

L’Alpha me regardait et m’écoutait avec attention, comme toujours. Il écoutait toujours ce que j’avais à dire, car mon esprit hybride me permettait de raisonner comme une humaine autant que comme une louve. Ainsi quand je donnais un conseil, il était souvent avisé, et de ce fait j’avais gagné le respect de la meute.

Le silence n’eut pas le temps de s’installer après mes paroles. Faire leurs preuves… Ils en avaient de bonnes ! Bon, au moins ils faisaient attention à ne pas regarder l’Alpha dans les yeux, en tant que « solitaires » ça aurait engendré plus de problèmes qu’autre chose. Et c’est alors que Khimeira plomba l’ambiance en nous annonçant l’avenir qui nous était réservé. Ô joie… Mais je le savais déjà. Ou plutôt je m’en doutais. Par contre la peur des deux autres était très facilement perceptible par mes sens de loup.

-Que disent-ils ?

Je me tournai à nouveau vers l’Alpha. Le problème du futur, bien sûr… Il n’avait compris que le sens très global de leurs paroles. Et encore…

-Ils…hem… parlent de ce que nous ne sommes pas, mais que nous devenons. C’est une particularité du langage des humains, ils ont du mal à parler comme les loups, mais je leur apprends.

Puis, à mes compagnons :

-Les loups ne comprennent pas la notion d’avenir. Ils ne vivent que dans le présent. Parler au futur ne fait que les embrouiller.
-Tes compagnons sont étranges, Quart-de-Loup. Je ne crois pas qu’ils peuvent vivre avec la meute comme toi, ils ne peuvent pas s’adapter assez bien.
-Laissez-leur une chance ! Ils sont déboussolés, ils ne savent pas, ils ont juste besoin d’un peu de temps.

Je commençais à avoir un peu peur. Je ne voulais pas qu’ils se fassent jeter hors de la forêt, et encore moins juste à cause d’une maladresse de langage. Ça ne serait pas juste.

Et merde... Je connaissais la formule qui disait "même la ruse la mieux ourdie peut nuire à son créateur", j'en avais même mains fois user à mon profit. Cependant ici ce n'était pas la ruse qui nous nuisait, mais la sagesse et le savoir, et ça c'était bien la première fois que cela  s'avérait problématique. Nous le vîmes bien à l'attitude des loups que les derniers mots de Khimeira les avisent irrité, mais ce fut Linda qui nous expliqua en quoi...Et cela ne s’avérait nullement dû aux futurs qu'on évoquait, mais a u fait qu'ils ne percevaient pas l'avenir comme nous. J'avais beau savoir que les animaux vivaient au jour le jour je ne pouvais m’empêcher d'être étonné quant au fait qu'ils ignorent cela, ainsi qu'énervé face à leur méfiance pour un détail aussi anodin.

Et puis ça pouvait paraître ridicule, mais parler d’adaptation pour moi revenait à évoquer le futur alors le loup Alpha avait beau jeu de nous juger ainsi. Ainsi alors que Khimeria nous regardait d'un air désolé et que Catod était encore rendu confus par ses révélations je m'avançais d'un pas vers l'alpha, afin de prendre la parole d'une voix claire et déterminé.

"Laissez nous alors chasser dans ces bois, nous laisser une chance de vous montrer que nous en sommes capable... Et vous donner l'opportunité de confirmer vos dires à notre égard si vous avez raison."

Mon regard se tourna vers mes deux congénères... Eux mêmes n'étaient jamais sortis du laboratoire, mais Khimeira était sage, et en tant qu'animal à l'origine Catod ne devrait avoir aucun mal à s'adapter à ce nouvel environnement. Quant à moi même... J’avais perdu nombre de souvenirs construit, mais je me souvenais par contre de tout mon savoir faire, et ça ne serait pas la première fois que je survivrai au sein de la nature.

Mon regard sa tourna vers mes compagnons. Nous devions leur prouver que nous sommes capables de subsister par nous même ici, de fait nous allions devoir ramener une proie... Mes sens sont encore étourdis, mais Catod serait de toute manière le plus à même pour suivre une piste, une fois un gibier trouvé, Khimeira se chargerai de le rabattre, il n'y avait pas un animal paisible qui ne fuira pas devant toi... Pendant ce temps Catod et moi attendrions afin d'abattre les plus belles proies.

Confiant en cette idée j'attendais la rpéonse de l'Alpah, les bras croisés, attendant sa réponse à ma requête

J’avais envie de m’arracher les cheveux pour les manger, pour ne pas hurler. Je n’avais réussi qu’à leur attirer des ennuis alors que j’essayais de les aider ! J’étais vraiment nulle, et totalement inutile… Je ne voyais pas du tout comment nous sortir de cette situation dans laquelle je nous avais mis. Encore une fois, c’était ma faute, j’avais entraîné mes compagnons dans ma chute. Quelle idiote j’étais…

Mon père s’avança alors vers l’Alpha. J’espérais qu’il ne s’enfoncerait pas encore plus que je ne l’avais fait, nous n’avions vraiment pas besoin de ça… Chasser ? Pas de chance, dans cette forêt nul ne chassait sans l’accord de l’Alpha ou le mien, mais cette fois je n’avais aucune autorité. Pourtant, c’est vers moi que le loup tourna son regard.

-Tes compagnons sont plus courageux que toi.
-Je n’ai jamais prétendu l’être… Que décidez-vous ?

Il me regarda, puis regarda chacune des trois autres chimères. Il les jaugeait. Il évaluait certainement les chances de réussite.

-Tuez trois proies. Pas des lapins, plus gros. Trois proies et c’est oui.

Ces paroles enlevèrent une partie de l’énorme rocher de culpabilité qui m’écrasait, pour la remplacer par une once d’espoir. Catod pouvait sûrement chasser, s’il était un chien sauvage. Khimeira…je ne savais pas. Et mon père était mercenaire, c’était à peu près la même chose que chasseur, par certains aspects. Ils pourraient s’en sortir.

-Chassez près de la rivière, il y a plus d’animaux là-bas !

Merci Rieur, ça allait effectivement les aider de savoir ça, même si c'était une simple question de logique. La rivière au milieu de la forêt était bien l’endroit où ils trouveraient le plus facilement du gibier intéressant. Probablement des cerfs, et s’ils avaient de la chance (ou de la malchance, c’est selon) il y aurait des sangliers.

Un léger sourire me vint aux lèvres quand il parla de courage. Voilà qui était bon signe !  Enfin, à condition bien sûr que chez les loups le terme de courage ne soit pas synonyme de témérité ou de folie, mais à voir l'apaisement de Linda, malgré l'insulte qui lui était faite, j'en doutais grandement. Pour être honnête la manière dont l'alpha eut de lui parler me crispa un peu, mais je savais qu'il aurait été folie que de le manifester de quelques manières que ce soit. Ainsi, au lieu de cela, j'écoutais avec attention ses brèves indications, et un sourire confiant me vint alors aux lèvres. Juste trois proies, plus grosses que des lapins, donc cerf, daim, sanglier feraient l'affaire, au contraire des oiseaux et je ne parlais pas des poisons. Cela devrait être faisable, car en grande équipée ce n'étaient pas des lapins qui nourrissaient tout le monde et ainsi j'avais déjà eu l'occasion de m'initier à la traque aux grands gibiers.

Je me retournais alors vers mes compagnons afin de leur communiquer ce qui avait été dit. Catod acquiesça vivement, sans grande surprise, il était sans doute le plus habitué à la chasse, quant à Khimeira cela ne semblait pas vraiment la déranger. Après tout même si elle n'était pas un excellente chasseuse sa carrure nous empêcherait d'avoir à craindre sanglier et autres bêtes dangereuses... Et puis nous étions trois, avoir trois prises par nous même sans la moindre limite de temps ne serait qu'un jeu d'enfant !

D'autant plus qu'un des loups eut l'amabilité de nous donner une piste, certes il s'agissait là de toute façon d'une piste de base, n'importe quel chasseur savait qu'il finirait par trouver du gibier près d'une rivière ! Néanmoins je le remerciais d'un signe de la main, et disait de la même façon au revoir à ma fille alors que nous sortions du cercle des loups, dans une direction précise.

J'avais fini par m'habituer à mes sens et ainsi je pus entendre le bruit de l'eau couler non loi, ce que Catod me confirma. ainsi nous progressâmes face au vent par rapport à la rivière afin que notre odeur ne soit pas perçu des animaux y buvant, au contraire des leurs pour nous ! Ainsi pour en trouver je me fiais à mon odorat,j jusqu'à ce que je tombe sur une piste qui piquait droit vers la rivière, dont nous restions distant d'une cinquantaine de mètres alors que nous progressions. Je ne reconnaissais pas exactement ces traces et mes compagnons ne furent incapable, mais elles étaient fraiches. Nous avions donc toutes les chances de tomber sur un animal, voir même plusieurs !  Néanmoins avant de la remonter je demandais à Khimeira de passer de l'autre côté de la rivière, son rôle serait de rabattre les animaux sur Catod et moi, car il ne servirait à rien qu'on les trouve, mais qu'ils soient trop véloces pour qu'on puisse leur mettre la main dessus !

Ainsi Catod et moi remontâmes la piste, jusqu'à atteindre la rivière, apercevant enfin notre gibier, et guettant le signer de Khimeira

L’Alpha n’avait que très moyennement apprécié la remarque de Rieur, mais il ne le montra pas. Moi, je le savais, parce que j’étais ici depuis plusieurs années et que je connaissais assez bien la meute. Je savais repérer les petites nuances d’attitude que personne d’autre ne pouvait voir.

L’épreuve était facile en soi, il fallait seulement espérer qu’ils auraient un peu de chance avec eux pour la réussir au mieux. J’étais donc confiante en les regardant partir. Mais bon, à la réflexion, rien ne m’empêchait de donner un coup de main l'air de rien… Ainsi je partis approximativement dans la même direction que mes compagnons, bien qu’un peu à l’écart pour qu’ils ne me repèrent pas.

Je savais que l’Alpha ne me suivait pas, pas plus que les autres loups du « comité d’accueil ».Ils étaient tous repartis vaquer à leurs occupations. Pour certains d’entre eux, ça consistait certainement à espionner les trois intrus. Oh, mais ils ne resteraient pas intrus bien longtemps… Mes talents de pisteuse me permettraient de trouver les meilleures proies. Comme cet énorme sanglier là-bas… Oui, il ferait parfaitement l’affaire.

Très discrètement, je me plaçai de façon à ce que l’animal ne sente pas ma présence. Le vent ne me trahissait pas, le bruit de mes pas était presque inexistant. Quand je fus assez près de lui, un grondement menaçant le convainquit de prendre la fuite…droit vers la rivière. Mission accomplie. En voilà un qui ne vivrait plus bien longtemps. Ce que ça peut être bête, un sanglier !

Supposant (à raison) qu’il y avait suffisamment de belles proies qui étaient déjà à la rivière, je m’y dirigeai tranquillement pour observer la suite des événements. Mon énorme sanglier faisait une cible parfaite, et l’Alpha serait sûrement plus que ravi de le voir mort, plutôt qu’un autre plus petit. Plus les trois proies seraient grosses, mieux ce serait.

Alors que nous attendions le signal de Khimeira, j'observais attentivement chacune des créature présentes au bord de la rivière. Ceux qui en profitaient actuellement étaient un groupe de biche accompagné d'un grand cerf mâle. A voir ses bois ce dernier était assez vieux, peut être trop pour constituer une prise intéressante et il s'agissait en tout cas d'un individu qui devait avoir l'habitude de protéger sa troupe...Sauf qu'il serait dans tout les cas incapables de tenir deux fronts à la fois , et que son attention serait tourné vers Khimeira alors que Catod et moi terrasserions deux des plus belles biches présentes.

Et soudain le signal survint... Mais pas tel que je l'escomptais ! Au lieu de jaillir des fourrés, Khimeria n'apparut pas mais de sa position commentèrent à retentir des craquement, des grondements puissants et bestiaux qui amenèrent les cervidés à relever la tête, tout leurs sens en éveil. Catod voulut alors bondir, mais d'un geste de la main je lui fis signe d'attendre. Ce n'était pas le bon moment et nous ne pourrions de toute façon pas aider notre comparse.

Qui finit par jaillir en un violent roulé boulé à travers les fourrés, semblattn se battre avec une masse de poil ruant et se débattant, mais qui bien que massive faisait pitié à voir en comparaison de l'imposante chimère qui paraissait prendre le dessus sans grand mal ! Mais je ne pouvais guère m'attarder sur cela, voyant la menace se manifester la troupe commença à s'égailler, droit sur nous... Or ce que je n'avais pas prévu c'est que le mâle dominant les suive ! Enfin c'était logique, la menace potentielle était déjà au prise avec un adversaire, cela ne servirait à rien de l'attendre. Seulement nous allions devoir maintenant gérer avec cela...Enfin moi, car il nous fallait bien trois proies, pas deux et j'ignorais quel serait les aptitudes de Catod pour faire face à un adversaire. Ainsi ma voix claqua sèche, alors que les animaux approchaient.

"Catod ! Essaye d'attraper une des femelles ! Je m'occupe du cerf !"

Il acquiesça alors que Khimeira continuait à se battre avec son adversaire, je m’élançais en avant, lames dégainées et droit sur le cerf, mais prêt à me fendre, pour éviter sa charge qu'il n'interromprait pas pour moi et le frapper en même temps... Ainsi je me trouvais à une dizaine de mètre de lui, sous les arbres, alors qu'il était lancé dans une course effrénée, les jambes campées, je me tenais prêt... Mais à ma grande surpris il s'arrêta net, et me toisa.Il parut renifler alors l’air...Et il prit la parole.

"Tu nous ressembles... Mais tu n'es pas ici pour contester ma supériorité. Pourquoi me chasses tu ? Pourquoi te ranges tu aux côtés des prédateurs."

 Bon sang, je ne pus m'empêcher de porter une main à mon front, mais je compris vite. Tout comme je pouvais comprendre les loups, je pouvais comprendre les cerfs et celui là avait dû le sentir. Soupirant je me contentais d'une réponse brève, et sans doute vide de sens pour lui.

"Les mystères de la nature..."

Et sans plus attendre je m'avançais vers lui. Bon sang....Ce n'était qu'un animal alors pourquoi diable mes mains tremblaient elles maintenant ?