Amélie pensait que la dernière question de Thalia était rhétorique et n'appelait donc pas de réponses. De plus, elle n'avait pas trop envie de se pencher une nouvelle fois sur son passé, après avoir passé un bon mois à essayer de l'oublier. Elle était donc passé sur un autre sujet, en lui demandant la confirmation que Timson était Erwan. Sa réponse ne se fit pas attendre :
Oui. J’ai tendance à désigner les gens par leurs noms de famille. Les frères Timson, c’es Erwan et Raphaël. Contrairement aux apparences Erwan est l’ainé. Un chouette type, un peu trop dans sa bulle. … Ne lui dis jamais que j’ai dit ça. Il est allergique aux compliments, ça le transforme en tomate. Il est mignon quand il est gêné, ce pauvre garçon… finit-elle avec un sourire, ce qui ne laissa pas la place au doute dans les sentiments qu'elle avait envers Erwan. Elle lui rendit son sourire. C'était un noble sentiment, qu'elle-même connaissait depuis un peu plus d'une semaine. Au début, c'était plus un sentiment d'appartenance, qui est devenu un véritable amour naissant pour celle qui l'a épaulée, qui l'avait hébergée et qui lui avait rendu sa liberté. Mais parler d'elle à ce moment aurait paru un peu égoïste. Elle ne voulait pas gâcher le sourire que lui offrait Thalia, et elle enchaîna sur ce sujet :
Je le connais pas beaucoup... La dernière fois, il était à l'agonie. D'ailleurs, sa blessure va bien ? Je ne suis pas une bonne...
Elle s'interrompit en entendant le bruit d'une bagarre.
Juste après avoir fini son verre, le barman lui fit remarquer :
Dites donc, vous avez une sacrée descente !
Elle répondit par un rot tonitruant, contrastant totalement avec toute féminité possible. D'ailleurs, elle s'en fichait totalement, demandant au barman de lui apporter un nouveau verre. Celui-ci était un peu plus compliqué à terminer par contre. Elle n'en était qu'à la moitié lorsqu'elle entendit à nouveau ce barman :
Le pauvre, on a vraiment l’impression qu’à chaque fois qu’il y a un pépin c’est pour sa pomme...
Hmmm ?...
A vrai dire, elle n'était plus trop en état de formuler une pensée cohérente avec ce qu'elle faisait. En effet, Lucy supportait très mal l'alcool. Lorsqu'elle entendit les bruits de combats, des anciens souvenirs refirent surface. Des souvenirs qu'elle ne voulait pas revoir. Il fallait absolument qu'elle arrête ça ! Elle se mit debout, marchant d'un pas un peu incertain vers la source du bruit, écartant les spectateurs avec ses vecteurs, jusqu'à faire face à un véritable mur. Un cercle s'était formé autour des belligérants, et la diclonius se fit un plaisir de virer quatre personnes qui étaient juste en face d'elle, les faisant tomber à la renverse autour d'elle alors qu'elle continuait d'avancer. Elle vit alors Raphaël et un autre mec en train de se fritter. Les pensées plus très claires, elle se saisit de chacun d'eux par le col avec ses vecteurs, avant de les écarter et de les surélever de trente bons centimètres par rapport au sol.
Ehy ! Vous z'allez pas vous battre main'nant ? z'êtes amis nan ?
Elle les regarda tour à tour d'un air un peu vide. A vrai dire, elle était en train de faire de gros efforts pour trouver un moyen de les calmer. Et elle réussi, au bout d'une dizaine de secondes, à trouver la solution :
Allez, z'allez me faire un gros calin, hein ? Et pas de...
Les deux hommes se sentirent alors libérés. Ils tombèrent au sol. Lucy, quant à elle, tombait également, pile entre les deux hommes. Trois secondes plus tard s'échappa un ronflement sonore de sa bouche.
Me dis pas qu'ils vont se battre ?
Amélie voyait Raphaël faire face à un autre homme, qui semblait être un peu saoul. Non, carrément saoul en fait. Un mur se formait entre elle et les combattants, ce qui l'empêcha de voir la scène. Mais cela ne l'empêcha pas, à peine quelques secondes plus tard, de les voir être surélevés par rapport au sol, et à entendre Lucy beugler.
Je reviens...
Elle se leva et se fraya un chemin parmi les spectateurs, jusqu'à voir Lucy, en plein milieu du cercle, tenir écartés les deux hommes, essayant de parler. Ni une, ni deux, elle leva la pointa du doigt pour utiliser le même sort de sommeil qu'elle avait déjà utilisé plus d'une fois sur elle. Elle fit à haute voix, surpassant les réactions de surprise des autres :
Elle est juste endormie. Quand elle est comme ça, il vaut mieux pas chercher à faire quoi que ce soit d'autre... Quelqu'un peut l’amener dans une chambre s'il vous plaît ?
Voyant qu'on s'occupait d'elle, la Neko se sentit soulagée, et retourna à la table où se trouvait Thalia. Dès qu'elle l'aperçut, cela eut un moment de flottement. Son pendentif se trouvait sur la table. Elle fit encore trois pas avant de s'arrêter totalement. Comment avait-elle pu lancer un sort sans utiliser de magie ? Amélie se mit à courir vers la table avant de saisir le collier et de regarder attentivement le bijou. Il n'y avait aucune irrégularité, signe qu'elle ne l'avait pas utilisé. Mais... Impossible ! Elle le reposa et tenta de se téléporter, sans succès. C'est en relevant les yeux qu'elle comprit comment cela avait pu être possible, et le contact entre les deux femmes lui revint à l'esprit. Thalia lui avait transféré une assez forte dose de magie pour qu'elle puisse lancer ce sort. Bouche bée, toujours debout face à la table, elle regarda l'ESPer pendant bien une quinzaine de secondes avant de murmurer Whoah...
Elle se rassit.
Tu... Tu... M'as assez donné de magie pour lancer un sort... Hallucinant...