tu te demandes ce qui c'est passé
Un gros bordel xD Il y a eu je ne sais combien de types qui se sont planchés sur le script, l'ont écrit, réécrit, re-réécrit, et ce dans tous les sens... Il y a au moins cinq réalisateurs différents qui se sont succédé en se refilant le bébé. De plus, il fallait aussi convaincre Sigourney Weaver, qui n'aL'idée originelle du film, par exemple, était de virer Ripley, afin de se concentrer sur Hicks, le soldat qui avait accompagné Ripley dans le précédent opus. Le scénario a été réécrit ensuite par William Gibson, car la Fox voulait conserver Ripley, estimant que c'était le personnage central de la saga (et ce alors que Sigourney Weaver ne voulait plus participer à la saga, déçue du rôle de son personnage dans le deuxième volet), puis par Éric Red, David Twohy, Vincent Ward, puis finalement David Fincher. Chaque réalisateur avait développé son propre projet de scénario :
- Idée de base : un film centré sur Hicks, dans lequel Ripley n'apparaît pas, et qui aurait permis d'approfondir l'histoire de la Weyland ;
- Idée de William Gibson : un film centré aussi sur Hicks, et dans lequel lui et Bishop apprendraient que la Weyland a mené des expériences sur les Aliens afin d'en créer de nouveaux. Une des idées de ce script, et qui a été conservée, est celle des code-barres tatouées sur la nuque ;
- Idée d'Eric Red : virage à 180°, le nouvel opus devait, suivant ce script, se dérouler dans un petit village provincial américain, protégé par un dôme. Ce script a été un fiasco total auprès de la production ;
- Idée de David Twohy : c'est avec Twohy que le script définitif se forme, car il imagine un monde-prison appartenant à la Weyland-Yutani :
- Idée de Vincent Ward : c'est avec Ward que la dimension religieuse du film apparaît, car il imagine que le vaisseau de Hicks et de Ripley s'écrase sur une petite planète avec un monastère. Plusieurs des idées de ce script se retrouveront dans le film, comme la tension sexuelle des hommes face à une seule femme. Il était aussi prévu, dans le script de Ward, que l'Alien soit perçu par les moines comme une sorte de punition divine pour leurs péchés ;
- Idée de David Fincher : le film actuel.
Et le développement du film a également été un bordel monstre. Le script a été remanié alors que le film était en train de tourner. Tandis que l'équipe filmait une scène, juste à côté, les monteurs étaient en train d'installer une autre scène, etc...
Il y a eu un très bon article d'Allociné là-dessus, justement :
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18637203.html?page=7.
Certains passages parlent d'eux-mêmes :
Une première expérience qui va se révéler des plus douloureuses pour le cinéaste. A ce titre, ce dernier brille d'ailleurs par son absence dans le formidable documentaire "Wreckage & Rage : the Making of Alien 3" (disponible en version longue sur le Bu-ray), qui revient sur la production chaotique du film, les mésententes entre les producteurs et les scénaristes, les patrons du studio, et le réalisateur, parachuté à la tête d'un nouveau volet d'une saga qu'il admire pourtant plus que tout. Mais il a aussi l'arrogance de sa jeunesse et du milieu duquel il vient. La Fox comptait sur son inexpérience cinématographique et une certaine docilité de sa part. Fincher quant à lui souhaite aussi marquer de son empreinte ce nouveau volet de la saga et se hisser selon ses propres termes au niveau des deux précédents opus. "Nous avons débuté les prises de vues avec seulement quarante pages de scénario" dira-t-il plus tard, l'une des rares fois où il acceptera d'évoquer le tournage; "les modifications nous parvenaient à un rythme tel que le lendemain de la réception des pages sur notre fax, nous mettions les scènes en boîtes. C'était de la démence". Fincher est pris dans la spirale du gigantisme, d'une préparation insuffisante, et des échéances financières. "Fox n'avait guère l'opportunité de trouver le juste langage pour s'adresser à moi, question de degré de confiance. Car qui suis-je ? Juste un type de vingt-huit ans, réalisateur de spots publicitaires et de clips pour Paula Abdul. Ma crédibilité se limitait à cela. J'avais un film à tourner, et des tas de problèmes à résoudre. J'aurai aimé balancer les 50 millions de dollars et tout reprendre à zéro. Un jour, David Giler, l'un des responsables de la production, s'est emporté lors d'une réunion. Il a sorti "Pourquoi lui faites-vous confiance ? Ce n'est qu'un marchand de chaussures !" et il avait raison. Je ne suis qu'un vendeur de pompes" déclara amèrement le cinéaste.
Des propos terribles, si l'on songe que Giler est censé épauler le réalisateur face aux dirigeants de la Fox. Un climat tellement tendu que lui-même voit d'ailleurs ses rapports avec le studio se dégrader à grande vitesse. "Les producteurs exécutifs sont en quelque sorte les hommes de mains d'un grand studio" expliqua Giler. "Ceux-ci, frustrés de ne pas voir scénaristes et réalisateurs prendre en compte leurs mauvaises idées, essaient d'influencer au maximum un tournage. Malheureusement, un producteur doit toujours négocier avec ces types. Ils constituent la plus grande calamité du cinéma américain actuel. On ne peut même pas dire qu'ils se comportent en espions, rapportant les moindres faits et gestes du réalisateur à leur supérieur hiérarchique, mais carrément en ennemis, mettant le plus possible de bâtons dans les roues". Ambiance...
Tout ça fait que le rendu final est donc très décousu, et que le scénario présente quelques incohérences...
Il était aussi prévu qu'un "
Alien 5" soit réalisé par David Cameron, mais, quand ce dernier a vu AvP, il a été tellement dégoûté par cette daube qu'il a choisi d'abandonner ce projet >_<
15h38